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Signes cliniques

La durée moyenne de la période d'incubation varie de deux à six jours. Cette phase est suivie de l'apparition très rapide de fièvre (température rectale de 40 à 41 °C, voire plus). Les animaux touchés semblent très abattus, somnolents, et ont des poils hérissés qui leur donnent un aspect ébouriffé, notamment pour les races à poils courts. Un à deux jours après l'apparition de la fièvre, les muqueuses buccale et oculaire deviennent rouges (figure 1). Ces écoulements mouillent la face de l'animal (jusqu'à la mâchoire). Initialement, ils sont séreux mais deviennent très vite mucopurulents en raison de la surinfection bactérienne et prennent alors une couleur jaunâtre (figure 2). Ils sont alors tellement épais qu'ils collent les paupières entre elles ou obstruent les voies nasales, rendant la respiration difficile.

FIGURE 1: PPR chez une chèvre: muqueuses de l'œil congestionnées (rougeâtres)
Aspect rougeâtre de la muqueuse de l'œil (conjonctivite) au début de l'infection. Remarquer les larmoiements mucopurulents.

- PERMISSION DU DR W.P. TAYLOR

De petites zones grises localisées, résultant de la nécrose épithéliale, apparaissent sur les gencives, sur le coussinet dentaire, sur le palais, les lèvres, à l'intérieur des joues, et sur le dessus de la langue. Ces zones grises se multiplient, augmentent de taille, puis fusionnent entre elles.

FIGURE 2: PPR chez une chèvre: larmoiements et jetage purulents
Écoulements nasaux et oculaires dans un cas avancé d'infection par PPR. Les poils sont mouillés, les paupières sont collées et du catarrhe purulent bloque partiellement les narines.

- PERMISSION DU DR P.L. ROEDER

La paroi buccale change d'apparence et devient pâle e t parsemée de cellules mortes (figure 3) qui, parfois, forment une couche épaisse de matière crémeuse (figure 4). Si on les enlève, on découvre des lésions érosives superficielles.

FIGURE 3: PPR chez une chèvre: lésions récentes au niveau de la bouche montrant des zones de cellules mortes
Zones grises constituées de cellules mortes au niveau des gencives.

- PERMISSION DU DR W.P. TAYLOR



FIGURE 4: PPR chez une chèvre: lésions buccales plus avancées
La paroi de la bouche est complètement recouverte d'une couche épaisse de substance crémeuse. Des érosions peu profondes sont trouvées sous la couche de cellules mortes.

- PERMISSION DU DR P.L. ROEDER

Dans les cas les moins graves de la maladie, ces lésions peuvent passer inaperçues et un examen très approfondi est alors nécessaire pour les déceler. En passant les doigts sur la face interne de la joue et du palais, on enlève facilement le tissu nécrosé, nauséabond. Les foyers de nécrose peuvent être présents au niveau des muqueuses nasales, de la vulve et du vagin chez les femelles. Les lèvres sont généralement enflammées, fissurées et couvertes de croûtes (figure 5).

FIGURE 5: PPR chez une chèvre: lèvres gonflées et érodées
Les lèvres sont gonflées, enflammées, œdémateuses et montrent des zones d'érosion.

- PERMISSION DU PR T.U. OBI

À un stade avancé de la maladie, une haleine fétide se dégage de la bouche. Les animaux malades ont alors tendance à garder la bouche ouverte à cause de la forte douleur qu'ils ressentent.

Au cours des premiers stades de développement de la maladie, ou dans les cas un peu moins graves, la diarrhée peut ne pas apparaître. En général, elle survient deux à trois jours après le début de la fièvre (figure 6). Les matières fécales sont molles au début, puis deviennent de plus en plus liquides, d'odeur nauséabonde, striées de sang et elles renferment parfois des lambeaux de tissus nécrosés. Quand la diarrhée n'est pas apparente, l'introduction d'un coton tige dans le rectum peut révéler l'existence de matières fécales molles, pouvant contenir du sang.

FIGURE 6: PPR chez une chèvre: signes de diarrhée
Le train arrière est souillé de matières fécales liquides.

- PERMISSION DU DR W.P. TAYLOR

Les animaux malades ont alors une telle respiration que le mouvement de leurs parois thoracique et abdominale donnent l'impression qu'ils dansent. Dans les cas les plus graves, la respiration devient laborieuse, bruyante, et elle est accompagnée de l'extension de la tête et du cou, de la dilatation des narines et de la protubérance de la langue. À cela s'ajoute une toux grasse et douloureuse. Les signes de pneumonie sont évidents.

Ces animaux peuvent se déshydrater (les yeux s'enfoncent dans les globes oculaires) et la mort survient en général dans les sept à 10 jours qui suivent le début des signes cliniques, même si certains animaux guérissent après une longue période de convalescence.

La formation de petites lésions nodulaires autour du museau (figure 7) est une caractéristique de la maladie observée dans les cas avancés. La cause exacte de leur apparition n'est pas connue, mais elle est probablement due à une infection de Dermatophilus ou à une réactivation d'une infection latente d'un ecthyma contagieux. Elles peuvent être confondues avec l'ecthyma contagieux ou même avec la variole ovine/caprine et les femelles gestantes peuvent avorter.

FIGURE 7: PPR chez une chèvre: lésions nodulaires autour de la boucheDes nodules sont souvent observés dans les formes subaiguës d'infection dues au virus de la PPR.

- PERMISSION DU DR P.L. ROEDER

Dans un foyer de PPR, jusqu'à 100 pour cent des animaux du troupeau peuvent être touchés, et les taux de mortalité peuvent aller de 20 à 90 pour cent. Ces proportions sont généralement plus faibles dans les zones endémiques car la plupart des animaux les plus âgés ont survécu à des infections précédentes et sont protégés à vie.

En résumé, il faut penser à la PPR lorsqu'on observe une association des signes suivants:

Toute apparition de l'un ou de plusieurs de ces signes doit être considérée comme un cas de suspicion de la PPR.


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