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Diagnostic différentiel

La PPR est souvent confondue avec d'autres maladies causant de la fièvre et ayant des signes cliniques comparables. Cette confusion est d'autant plus facile à faire que la maladie apparaît pour la première fois dans une région. Pour les enquêtes, la façon dont la maladie évolue au sein du troupeau est aussi importante que les signes cliniques observés sur un seul animal (chèvre ou mouton). Les principales sources de confusion dans le diagnostic de la PPR sont:

Lésions buccales
Peste bovine, fièvre aphteuse, fièvre catarrhale du mouton (bluetongue) et ecthyma contagieux.

Difficultés respiratoires
Pasteurellose, pleuropneumonie contagieuse caprine (PPCC).

Diarrhée
Coccidiose, infestations par des vers gastro-intestinaux.

La pneumonie étant un signe clinique important dans la PPR, il va sans dire que la pasteurellose et la PPCC causent le plus de problèmes de diagnostic différentiel.

La pasteurellose est une maladie purement respiratoire des ovins et des caprins causée par la bactérie Pasteurella haemolytica. Des zones rouge pourpre, rouge foncé, fermes au toucher, sont observées au niveau des lobes antérieurs et cardiaques des poumons (figure 9). Il n'y a ni lésions buccales ni diarrhée. Le nombre d'animaux atteints par la maladie et qui meurent est généralement plus faible que dans le cas de la PPR, exception faite de certains cas observés dans des conditions spéciales de stress telles que lors d'une forte concentration d'animaux, par exemple le rassemblement d'animaux pour le commerce. Le problème de diagnostic différentiel se pose particulièrement avec les formes de PPR où les lésions buccales et la diarrhée sont absentes ou légèrement présentes. En utilisant des milieux de culture appropriés, les bactéries Pasteurella haemolytica sont facilement isolées à partir de prélèvements pulmonaires. Toutefois, l'isolement de la bactérie Pasteurella haemolytica des poumons des animaux malades ne confirme ni l'existence d'une infection primaire de pasteurellose,ni l'exclusion de la présence de la PPR (très souvent, la pasteurellose est une complication de la PPR). Les tests de diagnostic pour la détection du virus de la PPR doivent aussi être effectués dans tous les cas de suspicion de pasteurellose.

La pleuropneumonie contagieuse caprine (PPCC) est une maladie des chèvres (elle ne touche pas les moutons) causée par Mycoplasma capricolum subs. species capripneumoniae. Comme la PPR, elle est caractérisée par de la fièvre, des difficultés respiratoires et de la toux, mais elle n'est accompagnée ni de lésions buccales ni de diarrhée. À l'examen post-mortem, les lésions pulmonaires sont plus diffuses et un liquide fibrineux est trouvé dans la cavité thoracique. Des dépôts de fibrine couvrent les poumons et sont souvent attachés à la plèvre (figure 11). En cas de suspicion de PPCC dans les zones considérées à haut risque d'apparition de la PPR, il faut écarter la présence de cette dernière maladie par l'analyse de sérums des animaux présents dans les troupeaux convalescents.

Figure 11: Lésions typiques de pleuropneumonie contagieuse caprine (PPCC) chez la chèvre
Remarquer les dépôts fibrineux jaunâtres à la surface des poumons et leurs attachements à l'intérieur de la cage thoracique.

- PERMISSION DU DR P.L. ROEDER

La peste bovine a été décrite pour la première fois sur les petits ruminants en Asie. Elle apparaît en général chez les petits ruminants, uniquement quand ces derniers sont en contact avec des bovins ou des buffles atteints de cette maladie. En cas de suspicion de peste bovine chez les petits ruminants, il est nécessaire de réaliser des enquêtes sur toutes les espèces animales, présentes dans la région, qui sont sensibles au virus bovipestique. Dans le cadre du programme mondial d'éradication de la peste bovine (GREP), il est essentiel de faire la distinction entre la PPR et la peste bovine. En effet, au stade actuel, tout foyer de peste bovine, indépendamment de sa localisation, représente une situation d'urgence internationale. En cas de maladie, il faut alors avoir recours à un laboratoire spécialisé (voir ci-dessous). Les échantillons à envoyer au laboratoire pour le diagnostic de la PPR et de la peste bovine sont identiques dans les deux cas.

La fièvre aphteuse est plus fréquemment observée chez les ovins que chez les caprins. Les caractéristiques principales la distinguant de la PPR sont l'absence de problèmes respiratoires et de diarrhée, et la présence de boiteries très marquées. La mort subite des jeunes agneaux en l'absence d'autres signes cliniques est souvent observée dans la fièvre aphteuse. Les lésions buccales, lorsqu'elles sont présentes, sont généralement de très petite taille et difficiles à voir. La bouche ne dégage pas une odeur nauséabonde comme dans le cas de la PPR.

La fièvre catarrhale du mouton ou bluetongue, comme la PPR, est caractérisée par de la fièvre, du jetage, de la salivation et des lésions érosives dans la cavité buccale (figure 12). Elle diffère cependant de la PPR par la formation d'œdèmes au niveau de la tête, une coloration bleuâtre de la cavité buccale ainsi qu'à la jonction des sabots, par des parties déclives du corps, et par de la boiterie. La bluetongue est enzootique dans pratiquement toutes les régions où l'on rencontre la PPR. La maladie clinique n'est cependant pas observée dans les races locales de ces pays et ne se manifeste que sur les animaux exotiques. La présence d'anticorps bluetongue dans un seul prélèvement de sérum ne permet pas de confirmer le diagnostic de cette maladie et il est alors nécessaire de réaliser le diagnostic sur deux sérums prélevés à quelques semaines d'intervalle.

FIGURE 12: Fièvre catarrhale du mouton (bluetongue)
Remarquer la coloration bleue à la jonction des sabots. Les lèvres sont généralement enflées et bleuâtres.

- PERMISSION DE L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE DU COMMONWEALTH (CSIRO)

L'ecthyma contagieux ou dermatite pustulaire contagieuse peut être confondu avec certains cas de PPR (forme subaiguë) quand on observe la présence de nodules et de croûtes autour de la bouche. Il est notamment facile de se tromper dans les cas graves d'ecthyma contagieux accompagnés de lésions buccales et nasales. En l'absence de complication bactérienne, il n'y a ni nécrose de la muqueuse buccale, ni diarrhée, ni pneumonie dans l'ecthyma contagieux.


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