Page précédente Table des matières Page suivante


9. COMPARAISON DE L'UTILISATION DES TERRES AVEC LES TERRES: AUTRES OPERATIONS COMPLEMENTAIRES


9.1 Introduction
9.2 Améliorations des terres
9.3 Impacts sur l'environnement
9.4 Analyse sociale et économique
9.5 Examen et vérification sur le terrain
9.6 Classification des aptitudes des terres

9.1 Introduction

Les résultats du processus de confrontation décrits dans le chapitre 8 donnent des indications sur la gamme des types d'utilisation des terres et sur les aptitudes éventuelles de chacune des unités de terres à ces types d'utilisation. Ces résultats provisoires doivent à présent être vérifiés dans le cadre des opérations suivantes:

- examen des améliorations des terres,
- analyse des incidences sur l'environnement, analyse sociale et économique,
- réexamen et vérification sur le terrain.
A la suite de ces opérations, on peut établir la classification définitive de l'aptitude des terres.

9.2 Améliorations des terres

On a déjà dit qu'il est possible d'élever les coefficients d'aptitude en modifiant les unités de terres (section 8.8). Ces modifications, qui influent sur les qualités des unités de terres, sont ce que l'on appelle des améliorations des terres. Elles sont de deux sortes.

Les améliorations mineures des terres sont celles qui n'ont que des effets relativement faibles ou provisoires sur la terre et que l'exploitant a généralement les moyens (techniques et économiques) de réaliser. Ainsi l'apport d'engrais artificiels est une amélioration mineure qui vient compenser une limitation liée à une carence en éléments nutritifs. La pratique quelquefois rencontrée qui consiste à faire de nombreux labours successifs est une amélioration mineure qui corrige la médiocre maniabilité d'un sol. Le manque d'eau peut être pallié par une irrigation d'appoint. Quand les exploitants eux-mêmes ont les moyens financiers d'installer des drains, cette mesure est considérée comme une amélioration mineure.

Dans le contexte de l'agriculture pluviale, les améliorations mineures des terres sont donc des mesures d'aménagement, soit récurrentes (labours répétés), soit ponctuelles avec investissements financiers mineurs (drains). Elles font donc partie des éléments qui caractérisent les types d'utilisation des terres. Pendant l'étude des compatibilités, on examinera en détail la façon de mieux adapter les systèmes agronomiques à l'état de la terre au moyen de techniques d'aménagement de ce genre. On incorporera toutes ces améliorations mineures aux descriptions des types d'utilisation des terres. Dans les études relativement détaillées, particulièrement celles qui sont menées au niveau des unités de terres, ces améliorations (élément du processus de compatibilité dans son sens large) sont un aspect important de l'évaluation.

Les améliorations majeures des terres sont des apports importants et non renouvelables qui peuvent modifier sensiblement et de façon raisonnablement durable les qualités des terres et dépassent normalement les moyens (techniques ou économiques) de l'exploitant. Les exemples les plus frappants ne concernent pas l'agriculture pluviale: il s'agit des périmètres d'irrigation.

Dans le contexte de l'agriculture pluviale, les améliorations majeures des terres sont moins courantes sans être, cependant, exclues: une vaste zone marécageuse pourra être améliorée grâce à un projet régional de drainage, des travaux de correction d'une rivière seront entrepris pour empêcher des crues destructrices. Certains investissements financiers mineurs qui, dans les pays développés, seraient assurés par les exploitants eux-mêmes exigeront parfois, dans les pays moins développés, l'intervention d'organismes gouvernementaux et apparaîtront donc comme des améliorations majeures. Les travaux de nivellement ou autres formes de modification du terrain nécessitant des engins de terrassement relèvent de cette catégorie.

Les améliorations majeures des terres exigent, par définition, d'être envisagées à l'échelle d'un projet. Quand on les entreprend, elles entraînent des modifications importantes des qualités des terres sur de vastes étendues et doivent donc être suivies d'une estimation des aptitudes, ce qui suppose une profonde révision de l'évaluation des terres. La classification de l'aptitude des terres basée sur une aptitude à des utilisations données après une amélioration majeure particulière s'appelle classification de l'aptitude potentielle des terres. Elle s'oppose à la classification de l'aptitude actuelle des terres, qui est une estimation des potentialités de la terre dans son état actuel.

Les cartes et les tableaux représentant les aptitudes potentielles et actuelles des terres doivent être établis séparément. Si une amélioration majeure ne touche qu'une petite partie de la zone à l'étude, on peut en tenir compte en définissant une aptitude conditionnelle (section 9.6.4). Les évaluations concernant l'agriculture pluviale aboutissent normalement à une classification de l'aptitude actuelle des terres.

9.3 Impacts sur l'environnement

Les effets que produisent les modifications de l'utilisation des terres sur l'environnement peuvent se diviser en deux grands groupes, qui se chevauchent partiellement:

- effets sur les terres sur lesquelles ont eu lieu les modifications;
- effets sur d'autres étendues de terres (effets externes).
Les effets les plus courants de l'agriculture pluviale sont l'érosion et la dégradation des sols. Ces deux phénomènes auront déjà été pris en compte à propos des exigences des utilisations et des qualités des terres LQ 24 "Risque d'érosion" et LQ 25 "Risque de dégradation des sols". C'est intentionnellement qu'on associe les besoins de protection contre l'érosion et contre la dégradation avec les autres exigences des utilisations des terres: c'est une façon de s'assurer qu'on n'y a pas seulement pensé après coup.

Il est néanmoins utile, dans les études d'évaluation de grande portée, d'entreprendre à ce stade un examen d'ensemble des risques d'érosion et de dégradation des sols, éventuellement en faisant appel à un spécialiste. Cela sert non seulement à vérifier que les besoins de conservation ont été évalués à fond, mais aussi à confirmer aux organismes extérieurs que cette question a reçu l'attention voulue. La protection de l'environnement est (comme la justice) un domaine dans lequel il est souhaitable non seulement que le travail soit fait mais aussi que cela se voit.

Les effets externes ne sont pas toujours pris en considération dans l'estimation des qualités des terres. Les effets sur l'environnement peuvent être, entre autres, les suivants:

- effets du défrichement des broussailles et augmentation du ruissellement sur le cours aval de la rivière;

- effets d'un excès d'engrais percolant dans les rivières et les lacs et entraînant une eutrophisation;

- effets sur la faune et la flore de la destruction ou de la modification de l'habitat, de l'interruption des parcours de migration ou de l'emploi de produits agro-chimiques;

- effets (aussi bien positifs que négatifs) sur les ressources récréatives.

L'estimation des impacts sur l'environnement est une tâche spécialisée, que ne couvre pas les présentes Directives. On peut consulter à ce sujet les ouvrages de référence (par exemple, Munn, 1975).

Comme pour nombre de techniques d'évaluation, quand il s'agira d'une étude de grande portée on fera appel à un spécialiste. Cela ne doit pas empêcher les responsables de l'évaluation de faire eux-mêmes, si nécessaire, de telles estimations car il n'y a rien de tabou dans ces techniques et qu'on peut arriver à des conclusions valables en appliquant son bon sens aux phénomènes physiques observés.

Si l'on constate que l'environnement risque de subir des effets économiques nuisibles, il convient de modifier le plan d'ensemble d'utilisation des terres résultant de l'évaluation pour combattre ces effets. Par exemple, on renoncera à mettre en valeur certaines zones qui abritent des espèces végétales rares, on réservera des couloirs de migration pour certains mammifères qui, tels que les éléphants, ont besoin d'accéder à des points d'eau ou à des zones de pâturage à différentes époques de l'année; on assurera l'entretien de sentiers de randonnée pour les loisirs.

9.4 Analyse sociale et économique1/


9.4.1 Introduction
9.4.2 Calendrier des études économiques
9.4.3 Sources de données
9.4.4 Analyse économique et financière
9.4.5 Considérations économiques et sociales générales
9.4.6 Analyse économique détaillée
9.4.7 Résultats de l'évaluation économique
9.4.8 Utilisation de critères économiques pour délimiter les classes d'aptitude des terres

1/ Certaines des informations contenues dans la section consacrée à l'analyse sociale et économique ont déjà été publiées par Dent et Young (1981). Nous tenons à remercier les auteurs et les éditeurs, George Allen et Unwin, d'avoir permis la reproduction de ce texte.

9.4.1 Introduction

Les combinaisons les plus prometteuses de types d'utilisations et d'unités de terres identifiées lors des essais de compatibilité s'appuient en grande partie, dans la méthode à deux phases, sur les coefficients physiques des qualités des terres par rapport aux exigences des utilisations. Le moment est venu de les soumettre à une analyse sociale et économique pour confirmer ou modifier leur aptitude d'un point de vue social, financier et économique.

L'analyse sociale et économique peut se faire à deux niveaux. A un niveau général, on considérera les effets d'éventuelles modifications des utilisations en fonction d'une série de facteurs qui sont, notamment, les marchés, la main-d'oeuvre, les transports, la population et l'acceptabilité sociale de ces modifications. Une analyse générale de ce type doit être comprise dans toute évaluation, même qualitative. Au niveau de l'analyse économique détaillée, on étudiera les combinaisons types d'utilisations/unités de terres du point de vue économique et financier, à partir des coûts et des prix. Dans les évaluations physiques qualitatives et quantitatives, on fera cette analyse économique sous une forme simplifiée, pour vérifier que les modes d'utilisation considérés comme appropriés sont financièrement viables. Dans l'évaluation économique quantitative, l'analyse économique détaillée constitue l'une des principales activités de l'évaluation.

A moins que le responsable de l'évaluation n'ait une formation économique, on fera appel, à ce stade, à un économiste de métier, ayant de préférence une expérience de l'évaluation économique des terres, surtout dans le cas d'études de grande envergure mobilisant une équipe importante. Si les crédits disponibles ne permettent pas de recruter un économiste, l'évaluateur devra entreprendre des enquêtes plus limitées, en particulier sur les coûts et les revenus des entreprises agricoles. Même sous une forme simplifiée, une analyse sociale et économique élémentaire de ce genre renforcera considérablement les résultats de l'évaluation.

Il ne faut pas confondre l'aspect économique d'une évaluation des terres avec l'analyse du rapport bénéfices/coûts d'un projet. Dans une évaluation des terres, l'analyse économique porte sur des systèmes d'utilisation des terres, c'est-à-dire sur des combinaisons de types d'utilisation/unités de terres. Dans une analyse du rapport bénéfices/coûts d'un projet, les résultats de l'évaluation économique des terres ne sont qu'un élément; tous les résultats sont réunis, puis soumis à une analyse conduite dans diverses autres perspectives qui dépassent le cadre de l'évaluation des terres.

9.4.2 Calendrier des études économiques

Il n'est pas souhaitable de repousser les études économiques jusqu'à l'achèvement de l'évaluation physique. La collecte de données économiques fiables est une activité qui prend du temps et l'étude des systèmes agronomiques s'étend, par la force des choses, sur une année au moins. On peut commencer à recueillir les données pendant que l'évaluation physique ou les études de base des ressources en terres sont en cours.

Il y a un autre avantage, outre le gain de temps, à mener de pair ces activités. Cela permet aux spécialistes des sciences naturelles et sociales d'échanger constamment des informations, ce qui rend leur action plus efficace: par exemple en dirigeant leurs efforts sur des cultures qui sont à la fois physiquement adaptées et faciles à commercialiser. C'est une façon de retrouver certains des avantages de la méthode parallèle.

9.4.3 Sources de données

Pour entreprendre une analyse économique, la première chose dont on a besoin, c'est de données fiables sur les intrants, les coûts et les prix.

Dans les pays développés, on obtient généralement ces renseignements en consultant les publications ou les archives du gouvernement. Les facultés d'économie rurale peuvent avoir en cours des travaux sur la gestion des entreprises agricoles. Dans les pays en développement, il peut parfois réunir une quantité considérable de données élémentaires, notamment des études sur les plans de culture. On peut avoir besoin, par exemple, de connaître les besoins de main-d'oeuvre par opération agricole et par mois (FAO, 1978). On trouvera dans Shaner et al. (1981) et FAO (1965) des renseignements sur les travaux de recherche consacrés aux plans de culture.

9.4.4 Analyse économique et financière

En guise d'introduction, il est nécessaire d'expliquer à l'intention du profane la différence qui existe entre analyse financière et analyse économique. L'analyse financière porte sur les profits ou pertes réels, exprimés en termes monétaires, de l'exploitant ou de l'entreprise. Tous les coûts et prix utilisés dans cette analyse sont ceux qui sont effectivement payés. L'analyse financière des entreprises agricoles a pour but de vérifier si l'agriculteur (ou autre producteur, coopérative par exemple) reçoit un revenu convenable. L'analyse économique porte sur le niveau de vie de la collectivité dans son ensemble, et peut tenir compte de toute une gamme de coûts et de bénéfices moins évidents, comme les subventions, les prix de soutien, les effets multiplicateurs sur l'emploi, etc. Par exemple, si le prix des engrais est subventionné dans le pays, l'analyse financière tiendra compte du prix que l'agriculteur aura effectivement payé, l'analyse économique tiendra compte également du coût de la subvention pour la collectivité.

Il y a en fait tout un éventail de possibilités depuis l'analyse purement financière, qui donne des résultats précis mais de portée limitée, à diverses formes d'analyses économiques plus globales, qui deviennent moins précises à mesure qu'elles élargissent leur champ d'action.

9.4.5 Considérations économiques et sociales générales

Les aspects répertoriés ci-dessous intéressent toutes les sortes d'évaluation. Ils auront été examinés lors des premières discussions, à la lumière des objectifs, hypothèses et contraintes de l'évaluation. Il faut maintenant les reconsidérer par rapport aux effets particuliers qui se produiraient si l'on modifiait l'utilisation des terres définie d'après les aptitudes physiques. Ces aspects sont notamment les suivants:

i. Marchés (locaux, régionaux, nationaux ou internationaux, selon le cas). Existe-t-il des débouchés commerciaux? Y a-t-il risque de surproduction si on propose un type d'utilisation donné sur des zones étendues?

ii. Main-d'oeuvre: on examinera ici l'ensemble de la main-d'oeuvre dont on dispose, compte tenu de la concurrence d'autres activités, de la croissance de l'offre de main-d'oeuvre, etc. Quelles sont, parmi les cultures recommandées, celles qui exigent beaucoup de personnel (riz, oignon)? Les besoins saisonniers de pointe peuvent-ils être satisfaits?

iii. Transports: si cet aspect n'a pas été examiné pendant l'étude de la qualité "localisation", on peut examiner quels sont les moyens utilisables pour transporter les intrants depuis leurs points de livraison et les produits vers les marchés locaux ou les ports travaillant pour l'exportation. Il est utile d'ajouter l'accessibilité existante ou potentielle des terres aux aptitudes initialement établies sans tenir compte de la localisation.

iv. Population: les modifications de l'utilisation des terres influeront généralement sur la densité de population d'une zone, quelquefois par l'installation ou le déplacement de personnes. Dans les pays en développement, la possibilité de faire vivre une population ou de coloniser des terres peut être un critère décisif concernant l'utilisation des terres.

v. Besoins de subsistance: dans les pays en développement, il faut voir si, outre la production que l'on escompte des types d'utilisation des terres, le système créé par les modifications proposées permettra de pourvoir aux besoins en bols de feu et bols d'oeuvre, en pâturages, ou autres besoins de subsistance d'un village.

vi. Régime foncier: dans les zones développées et sédentarisées, les régimes juridiques de propriété ou de jouissance des terres constituent fréquemment un obstacle majeur à la planification. Dans les pays en développement, certains droits coutumiers quasi juridiques, comme les pâturages communaux, peuvent a voir des implications tout aussi importantes.

vii. Groupes minoritaires: des modifications de l'utilisation des terres peuvent nuire aux intérêts de groupes minoritaires, par exemple de populations nomades.

D'autres considérations, d'ordre politique par exemple, peuvent influer sur les décisions finales. Bien qu'elles découlent en un sens des modifications des utilisations des terres, on peut raisonnablement penser que ces questions n'entrent pas dans le cadre d'une évaluation des terres.

9.4.6 Analyse économique détaillée

Il est tout à fait souhaitable d'inclure dans les évaluations des terres des données sur les coûts et les profits. Même dans les évaluations physiques qualitatives et quantitatives, on peut, après la première classification des aptitudes physiques, effectuer quelques analyses économiques générales éventuellement sous forme de sondages. C'est une façon de s'assurer que les aptitudes estimées correspondent, au moins dans les grandes lignes, aux réalités économiques.

Ces estimations économiques générales s'arrêteront nécessairement à l'analyse des marges brutes (voir ci-dessous) car les techniques d'analyse du rapport bénéfices/coûts ne se prêtent pas à une généralisation. Dans une évaluation économique des terres, l'analyse des coûts et profits doit, par définition, être effectuée plus en détail.

L'analyse économique des différentes formes prometteuses d'utilisation des terres sur des unités de terres données se fait en deux temps: premièrement, analyse des marges brutes; deuxièmement, analyse des flux actualisés.

L'analyse des marges brutes consiste à prendre le revenu annuel que l'exploitant tire de la vente des produits, à en soustraire ses coûts de production et ses frais généraux pour obtenir le profit ou la perte qui en résulte.

Le chiffre obtenu, soit la marge brute, peut être calculé par hectare, par habitant ou par ménage. Les classes d'aptitude peuvent être définies en marges brutes, par exemple S1 > 200 livres/ha, S2 > 100 livres/ha (voir section 9.4.8.). Ce n'est que par l'analyse des coûts et profits que l'on peut établir une limite précise entre S3 et N car, en ce point, il n'y a pas de changement brutal des caractéristiques physiques des terres ni de la croissance végétale, mais seulement une marge entre le profit et la perte. L'analyse des marges brutes est la meilleure façon d'établir l'aptitude des terres quand il n'y a pas d'investissements en jeu, car c'est une méthode relativement objective.

Quand de gros investissements entrent en jeu, comme dans les améliorations majeures des terres, il faut analyser cet investissement en comparant le coût initial des améliorations au gain de production des années à venir. Il n'y a pas qu'une seule façon de comparer les dépenses d'aujourd'hui et les gains futurs. La méthode consiste à réduire un coût ou un bénéfice futur en lui attribuant une valeur plus faible représentant sa valeur actuelle par une opération d'actualisation (à peu près l'inverse de l'intérêt, voir annexe G). Cette méthode est désignée sous le terme général de "analyse des flux actualisés".

i. Comparaison des intrants et des extrants

L'un des principes de l'évaluation des terres est que l'aptitude résulte d'une comparaison entre les intrants, ou en termes économiques les coûts, et les extrants, ou profits. Les intrants comprennent des facteurs de production matériels: engrais, semences, pulvérisations chimiques, carburant pour les tracteurs, etc. et des facteurs de production non matériels, comme la main-d'oeuvre. Les extrants comprennent les produits - ici, la production végétale - les services (installations récréatives) et autres avantages intangibles. La différence entre une bonne terre et une moins bonne terre pour une utilisation donnée s'exprime souvent de deux façons: soit par une différence des rendements agricoles si les deux zones sont aménagées de la même manière, soit par une différence entre les intrants requis (supplément d'engrais, drainage) pour obtenir des rendements similaires.

Une grande partie de cette comparaison doit nécessairement se faire en termes économiques étant donné qu'elle met en balance des quantités de nature différente. Pour pouvoir faire une analyse économique de ce genre, il faut préalablement estimer les intrants et les extrants en termes concrets: quantités d'engrais, heures de travail, rendements agricoles. Les données sur lesquelles se fonderont ces estimations auront été recueillies au cours de la mise au point des types d'utilisation des terres, particulièrement à propos des rubriques: main-d'oeuvre, énergie, mécanisation, pratiques agronomiques, intrants matériels, façons culturales, rendements et production. Ces données doivent être rassemblées pour servir de base à l'analyse des intrants-extrants. On s'apercevra probablement que l'on a besoin d'ajouter de nouvelles précisions à celles qui ont servi au départ à décrire les types d'utilisation, par exemple: heures/homme mensuelles de travail pour chaque opération agricole.

On trouvera parfois ces données sur place; sinon, on devra entreprendre des études des systèmes d'exploitation. Cela suppose un volume de travail considérable et les résultats sont assez complexes; mais ces tableaux des intrants et des extrants sont indispensables à l'analyse. On trouvera dans Diltz (1980) et Ruthenburg (1980) des exemples de ces tableaux.

ii. Analyse des marges brutes

Le but de l'analyse des marges brutes est d'étudier la rentabilité d'un système agronomique pour l'agriculteur. Pour ce faire, on considère d'abord différentes cultures ou activités agricoles, puis on les combine en systèmes agronomiques. La marche à suivre est la suivante:

1. Choisir les formes d'utilisation des terres, cultures ou autres activités, qui semblent les plus prometteuses au vu des résultats de l'évaluation physique des terres. Cette sélection peut consister à: (i) choisir les quelques catégories d'utilisation les mieux adaptées parmi les nombreuses utilisations considérées initialement pour chaque unité de terre; (ii) choisir seulement les unités cartographiques de terres les plus aptes à chaque catégorie d'utilisation; par exemple, décider de n'analyser que les terres des classes S1 et S2 ou d'inclure aussi les terres S3; (iii) décider de n'analyser que des niveaux d'intrants déterminés, correspondant, par exemple, à une technicité élevée ou moyenne (agriculture "traditionnelle améliorée" dans les pays en développement).

2. Estimer, en valeurs concrètes, les intrants renouvelables correspondant à chaque utilisation des terres choisie et à chaque classe d'aptitude. Cette estimation couvre aussi bien les intrants Matériels (semences, engrais, pesticides, outillage, carburant, animaux de trait, etc.) que les intrants non matériels, en particulier les besoins de main-d'oeuvre de chaque opération agricole. Les besoins d'intrants seront généralement plus importants dans les classes d'aptitude moins élevée et différeront entre sous-classes, ainsi des terres ayant une aptitude S2m (m = disponibilité en eau) nécessiteront une irrigation d'appoint, des terres S2n (n = disponibilité en éléments nutritifs) nécessiteront davantage d'engrais que des terres S1. Ce travail est celui qui prend le plus de temps; il faut souvent estimer des centaines de quantités et compiler de nombreuses pages de tableaux.

3. Estimer la production en termes quantitatifs physiques. Dans le cas de l'agriculture, cela veut dire estimer les rendements agricoles, ce qui est l'une des tâches les plus difficiles de l'évaluation des terres, mais elle est essentielle à l'analyse économique. Il faudra citer les sources dont proviennent les données sur les rendements (section 8.4.2). La prévision des rendements se rapportant à des sous-classes d'aptitude assorties de qualités des terres limitatives est une appréciation particulièrement subjective, à moins que l'on ne puisse établir et employer des modèles statistiques. Autrement, il faut formuler des hypothèses raisonnées pour toutes les combinaisons de type d'utilisation/unité de terre analysées.

4. Relever les prix de tous les intrants et produits, notamment des intrants matériels et non matériels et surtout les coûts de main-d'oeuvre. Il faudra généralement estimer les tendances futures des prix, particulièrement des prix relatifs des produits et des intrants, par exemple, les prix des produits agricoles comparés aux coûts des engrais et du carburant.

5. Estimer les coûts fixes des exploitations ou autres unités de production. Les coûts fixes sont ceux qui ou bien ne peuvent être imputés à une activité agricole précise (comme l'entretien des bâtiments agricoles) ou bien ne varient pas proportionnellement à la dimension de l'entreprise.

6. Analyser les marges brutes des exploitations ou autres unités de production en combinant les données résultant des étapes 1-5 dans l'ordre suivant:

- pour chaque activité correspondant à l'utilisation des terres choisie, par exemple, pour chaque culture prise séparément, combiner les intrants renouvelables et la production estimée avec les prix des intrants et des produits. La multiplication des intrants par leurs coûts donne les coûts variables. La marge brute d'une activité est le produit de la multiplication rendement x prix moins les coûts variables. A ce stade, on peut comparer différents assolements ou autres combinaisons d'activités, pour choisir les rotations les plus favorables dans le cadre du système agronomique et améliorer les types d'utilisation des terres;

- combiner les marges brutes de toutes les activités proportionnellement à la superficie de terre qu'elles occupent et soustraire les coûts fixes. On obtient le revenu net d'exploitation, c'est-à-dire le profit (ou la perte) de l'exploitant. Pour qu'un type d'utilisation des terres soit économiquement viable, il faut que le revenu net d'exploitation dépasse le revenu théorique fixé comme objectif.

Le tableau 9.1 donne un exemple de calcul de la marge brute et du revenu net d'exploitation, les détails étant réduits au strict minimum. On a pris trois unités de terres ayant un "sol fertile", un "sol sableux" et un "sol à drainage imparfait"; toutes ces unités de terre sont supposées avoir une pente douée et un climat de type savane tropicale propice aux cultures annuelles. On a pris en considération deux cultures, maïs et tabac, toutes deux pratiquées par de petits exploitants, avec un niveau de technicité moyen, un fort coefficient de main-d'oeuvre et un faible coefficient de capital. Le maïs est supposé nécessiter plus d'engrais que le tabac et, au cours du processus de compatibilité, on a estimé que le sol sableux exigeait plus d'engrais que le sol fertile. Moyennant ces niveaux d'intrants le rendement en tabac est identique sur les deux sols, mais celui du maïs est légèrement inférieur sur le sol sableux. Les rendements des deux cultures baissent considérablement sur la zone imparfaitement drainée, mais peuvent être les mêmes que sur le sol fertile si on installe le drainage; étant donné que les petits exploitants n'ont guère de moyens financiers, les travaux de drainage doivent être financés par des capitaux extérieurs et sont considérés comme une amélioration majeure des terres. Les semences, les produits chimiques de protection, la dépréciation de l'outillage et autres intrants apparaissent de façon abrégée sous les postes "coûts variables autres que les engrais" et coûts fixes; les coûts variables de la culture de tabac sont sensiblement plus élevés que ceux du maïs. Les marges brutes de chaque culture sont obtenues en soustrayant de la valeur de la production (rendement x prix) les coûts variables (engrais x prix, plus autres coûts variables).

Le tabac est la culture la plus avantageuse sur toutes les unités de terres mais dans le cadre d'une petite agriculture non mécanisée, le besoin de main-d'oeuvre représente une contrainte qui oblige à limiter à 1 hectare la superficie consacrée à cette culture. Le plan de culture envisagé est le suivant: sur une exploitation de 5 ha, on a 2 ha de maïs, 1 ha de tabac, 2 ha de jachère en rotation et 1 ha boisé. On obtient les marges brutes de l'exploitation en combinant les marges des deux cultures; on soustrait les coûts fixes pour obtenir le revenu net d'exploitation, pour l'exploitation et par hectare. Les marges brutes sont exprimées par hectare cultivé; le revenu net d'exploitation par hectare de la superficie totale.

Ces résultats peuvent s'interpréter de deux façons: quelle est la meilleure terre pour chaque culture, ou quelle est la meilleure utilisation pour chaque unité de terre. Si l'on prend les marges brutes, l'ordre d'aptitude des terres à la culture du maïs est:

sol fertile > sol sableux > sol imparfaitement drainé.

Pour le tabac, les sols fertiles et sableux donnent les mêmes profits tandis que le sol imparfaitement drainé, s'il est laissé en l'état, est inapte. Si l'on voulait définir les classes économiques d'aptitude des terres aux cultures d'après les marges brutes: S1/S2 = 200 livres/ha, S2/S3 = 100 livres/ha, S3/N1 = 50 livres/ha (pour tenir compte des coûts fixes), elles se répartiraient ainsi:


Maïs

Tabac

Sol fertile

S2

S1

Sol sableux

S2

S1

Sol imparfaitement drainé

N1

N1


Si l'on s'est fixé comme objectif un revenu de 250 livres par exploitation, on volt que l'exploitation de 5 hectares est tout à fait viable si le sol est fertile, mais que son aptitude approche de la marginalité avec un sol sableux.

Tableau 9.1 - EXEMPLE DE CALCUL DE LA MARGE BRUTE ET DU REVENU NET D'EXPLOITATION

Dans ce dernier cas, on pourrait imaginer d'augmenter la superficie consacrée au tabac aux dépens du maïs, d'où une augmentation des coûts de la main-d'oeuvre salariée. Ce plan de culture n'est pas viable sur l'unité imparfaitement drainée, dans son état actuel. Mais drainée, et en dépit d'une majoration des coûts d'entretien, cette terre pourrait devenir productive et rentable (théoriquement aussi avantageuse que le sol fertile) à condition de ne pas compter les coûts du drainage.

Le cas présenté ici considère une terre mal drainée, mais pourrait tout aussi bien s'appliquer à une autre limitation. Supposons, par exemple, que la limitation vienne du risque d'érosion; elle n'aurait que peu ou pas d'effets à court terme sur la production mais la culture du maïs et du tabac sur des terres non améliorées serait rejetée en raison de ses effets sur l'environnement et, à long terme, sur la productivité; on substituerait aux coûts des travaux de drainage les dépenses de capital et les frais d'entretien des mesures de conservation des sols, sans changer le principe des calculs.

Le tableau 9.2 donne un exemple tiré d'une étude faite aux Philippines. Les types d'utilisation des terres sont des combinaisons de cultures. Les rendements agricoles, le revenu brut et la marge nette par hectare sont calculés pour chaque culture séparément, puis combinés pour les différents types d'utilisation.

iii. Analyse des flux actualisés

L'analyse des activités d'utilisation des terres pour lesquelles les coûts des améliorations des terres et autres dépenses de capital ne sont pas importants par rapport aux dépenses de fonctionnement n'ira généralement pas au-delà de l'analyse des marges brutes. Si les dépenses de capital sont importantes, il faut pousser l'analyse au stade suivant de l'analyse des bénéfices/coûts, qui vise à mettre en balance les dépenses d'investissement et les gains que l'on en retirera dans les années à venir. L'analyse des flux actualisés ne s'applique normalement pas à des activités liées à l'utilisation des terres, mais seulement à des exploitations ou autres unités de production.

Dans cette méthode, le choix des paramètres à actualiser et les diverses hypothèses de prix sont des opérations compliquées et dépendent des buts de l'évaluation. A un extrême, ce qui intéresse un domaine privé est avant tout la rentabilité de l'entreprise; on fera donc, à ce stade, une analyse financière plutôt qu'une analyse économique et on utilisera un taux d'actualisation commercial ainsi que des prix réels, actuels et projetés. A l'autre extrême, pour un projet fondé sur de petites exploitations pratiquant surtout des cultures vivrières de subsistance, la rentabilité au sens strict a moins d'importance que les considérations sociales. Dans ce cas, on emploiera un taux d'actualisation social (en principe bien inférieur au taux commercial) et des prix fictifs pour certains intrants.

Pour mieux comprendre ce vocabulaire et les principes régissant le choix de la méthode on consultera les ouvrages de référence (par exemple Gittinger, 1972; Hansen, 1978).

Quelle que soit la méthode choisie, les résultats de l'analyse des flux actualisés peuvent s'exprimer dans les termes suivants:

- valeur nette actualisée: valeur actuelle des bénéfices moins valeur actuelle des coûts.

- rapport bénéfices/coûts: valeur actuelle des bénéfices divisée par la valeur actuelle des coûts.

- taux de rentabilité interne: taux d'actualisation auquel la valeur actuelle des bénéfices devient égale à la valeur actuelle des coûts.

Tableau 9.2 - EXEMPLE DE REVENU BRUT ET DE MARGE NETTE PAR HECTARE, PAR TYPE D'UTILISATION DES TERRES, NIVEAUX DE PRODUCTIVITE S1 ET S2, PRIX 1975, PHILIPPINES

Toutes les cultures pérennes sont en plein rendement. La marge nette est la valeur actuelle du revenu moyen moins les coûts d'établissement et de production sur la durée de vie de la plantation.

Source: FAO/PNUD, 1979
On peut utiliser ces mesures à des fins diverses: pour voir si une amélioration des terres est commercialement saine; pour voir si elle est "socialement" bénéfique, c'est-à-dire si elle sert la collectivité dans son ensemble; pour comparer les effets économiques des investissements sur deux ou plusieurs zones différentes; et pour comparer les effets économiques d'une amélioration des terres et ceux qu'on obtiendrait en laissant la terre dans son état actuel. L'analyse du rapport bénéfices/coûts est nettement moins objective que l'analyse des marges brutes car elle fait intervenir un certain nombre d'hypothèses plutôt arbitraires. L'analyse des flux actualisés commence par les six étapes de l'analyse des marges brutes décrites plus haut, auxquelles s'ajoutent les étapes suivantes:
7. Estimer les améliorations à apporter aux terres, en termes concrets, par exemple en mètres cubes de terre à déplacer, mètres de fossés de drainage à creuser. Les intrants servant aux améliorations des terres sont souvent la principale cause des différences de coûts entre les classes et les sous-classes d'aptitude; par exemple, des terres S1 peuvent ne pas nécessiter d'améliorations; des terres S2e (e = risque d'érosion) nécessitent la confection de diguettes; des terres S3e, la confection de terrasses; des terres S2o (o = disponibilité en oxygène) la pose de drains agricoles; des terres S3o, des travaux de drainage plus importants. Les améliorations des terres différeront aussi selon les modes d'utilisation pratiqués sur une même terre; par exemple, des cultures fourragères pérennes peuvent ne pas nécessiter de travaux physiques de conservation, la riziculture exige un nivellement du terrain mais pas de drainage, etc.

8. Formuler les hypothèses économiques nécessaires. Sur ce point, on procède différemment selon que l'on suppose que le coût des améliorations des terres sera ou non à la charge de l'exploitant lui-même. Dans les pays développés, on peut attendre de l'exploitant qu'il le rembourse avec l'aide de prêts bancaires; dans ce cas, l'analyse qui suivra sera basée sur les prix réels et le taux d'intérêt commercial. Dans les pays en développement, la collectivité, c'est-à-dire le gouvernement et l'institution financière, prendra ce coût en charge et les calculs économiques seront basés sur l'analyse du rapport bénéfices/coûts sociaux. Les hypothèses à formuler sont les suivantes:

- Les prix: prix "réels" ou prix "fictifs" reflétant le coût d'opportunité. En particulier, faut-il chiffrer le coût du travail fourni par l'exploitant et sa famille?

- Le taux d'actualisation "social": taux d'actualisation (l'inverse de l'intérêt) qui tient compte du coût d'opportunité sociale du capital. Il est de nos jours considérablement plus bas que les taux d'intérêt commerciaux. Le taux à employer peut être fixé par le gouvernement ou un organisme financier.

- La "durée de vie du projet": elle n'a rien à voir avec la date réelle à laquelle le projet est supposé se terminer; il s'agit plutôt de fixer une durée arbitraire, qui est généralement de 20, 30, parfois 50 ans; les bénéfices perçus après cette période sont exclus de l'analyse économique.

Ces hypothèses peuvent faire autant de différence en ce qui concerne la viabilité économique apparente d'une catégorie d'utilisation des terres que peuvent le faire les qualités des terres. Le taux d'actualisation "social" en particulier est une hypothèse tout à fait arbitraire; mais qui peut avoir des effets apparents prépondérants sur les résultats obtenus à propos d'utilisations comportant de grosses mises de fonds au départ, comme c'est le cas des programmes de remises en état des terres, ou des profits différés, comme dans le cas des cultures pérennes, ou des plantations forestières.

9. Répartir, par années, les flux correspondant aux intrants et à la production. On trouvera dans l'annexe G des tableaux indiquant les flux actualisés. Les dépenses de capital correspondant à de petites améliorations des terres peuvent être imputés à l'année zéro et donc ne sont pas actualisées. Pour des projets plus importants, les améliorations nécessitant des investissements en capital seront ventilées sur plusieurs années. Les bénéfices suivent généralement une progression, à mesure que de nouvelles terres sont mises en culture. Un équilibre est atteint quand les travaux d'investissement sont achevés, que les coûts récurrents et la production se stabilisent, donc que l'excédent net annuel de la production par rapport aux coûts est régulier.

10. Actualiser les coûts et les bénéfices. Calculer leurs valeurs actuelles et obtenir les paramètres de l'analyse bénéfices/coûts: valeur nette actualisée, rapport bénéfices/coûts et taux de rentabilité.

On peut maintenant procéder à de nouveaux affinements de l'analyse économique dont certains seront plus du domaine de l'appréciation du projet que de l'évaluation des terres. Une variante qui peut être particulièrement intéressante pour des terres marginales consiste à analyser les aptitudes en fonction de différents degrés de risque; par exemple, on refait les calculs économiques en prenant les estimations des intrants et de la production correspondant aux précipitations attendues une année sur cinq, ou une année sur 10, etc.

On peut illustrer ces méthodes en reprenant l'exemple des terres imparfaitement drainées du tableau 9.1 et en faisant une analyse bénéfices/coûts de l'amélioration des terres au moyen de travaux de drainage (tableau 9.3).

On estime à 500 livres le coût des travaux, et à 50 livres les dépenses annuelles d'entretien. On prend, à des conditions "sociales" plutôt que commerciales, un taux d'actualisation de 5 pour cent et la durée de vie présumée du projet est de 20 ans. On tire la valeur annuelle des bénéfices des marges brutes figurant dans le tableau 9.1; dans le cas du maïs, ce sont d'abord les bénéfices comparés à la non-utilisation de la terre; puis le surcroît de bénéfices obtenu par rapport à la marge brute sans drainage. Dans la partie B du tableau 9.3, on a le détail des calculs concernant le tabac, les premiers utilisant des coefficients d'actualisation annuels, les seconds utilisant la méthode plus rapide des tableaux de valeurs actuelles cumulatives.

Les résultats (partie C) montrent que, pour la culture du tabac, l'amélioration des terres au moyen de travaux de drainage se justifie bien, avec une valeur actualisée de 1 344 livres/ha et un rapport bénéfices/coûts de 2,2; en fait, le taux de rentabilité interne de 30 pour cent justifierait ces améliorations même sur la base de critères commerciaux. Pour le mais seul, le rapport bénéfices/coûts dépasse à peine l'unité et il ne serait pas justifié d'entreprendre des travaux de drainage pour cette culture seule. L'exploitation de cinq hectares n'est pas non plus une bonne proposition, les profits étant inférieurs à ceux du maïs seul en raison du surcroît de dépenses engendré par le drainage de la jachère comprise dans l'assolement. Pour que le drainage de ces terres se justifie, il faudrait faire une plus grande place au tabac dans l'assolement (ou à d'autres cultures de rapport élevé). Ce genre de modifications découle de l'étude des compatibilités, quand une analyse économique fait partie intégrante de l'évaluation.

9.4.7 Résultats de l'évaluation économique

Il convient de bien mettre en lumière trois caractéristiques de l'évaluation économique:

i. Elle se situe dans le temps. Les résultats varient selon les fluctuations des coûts et des prix relatifs. On peut minimiser les fluctuations à court terme en prenant la moyenne des prix sur une certaine période, mais il est difficile d'anticiper sur les tendances à long terme. Il n'y a pas moyen d'esquiver le problème, ce qui revient à dire qu'investir est une entreprise hasardeuse.

ii. L'analyse économique ne fournit pas une mesure seule et unique de l'aptitude des terres. Les marges brutes peuvent s'exprimer soit par habitant soit par unité de terre et donner des résultats contradictoires pour différentes catégories principales d'utilisation. Si l'on introduit l'investissement financier, l'analyse du rapport bénéfices/coûts fournit trois mesures différentes, dont chacune peut donner des valeurs très différentes selon le taux d'actualisation adopté, la "durée de vie du projet" et autres hypothèses.

iii. L'évaluation économique n'est pas seulement une affaire de calculs faits à partir de données précises; elle comporte aussi des hypothèses. La part des hypothèses est moindre dans le calcul des marges brutes, dans les analyses reposant sur des critères commerciaux et une main-d'oeuvre salariée; elle est plus grande dans l'analyse sociale bénéfices/coûts des investissements financiers effectués dans des pays en développement, dans un contexte de main-d'oeuvre familiale et absence d'un marché libre. En particulier, le taux d'actualisation "social" et la durée de vie du projet sont des valeurs arbitraires.

Tableau 9.3 - EXEMPLE D'ANALYSE DES FLUX ACTUALISES DE L'AMELIORATION DE TERRES IMPARFAITEMENT DRAINEES AU MOYEN DE TRAVAUX DE DRAINAGE

A. DONNEES

Unité de terre

Sol fertile, imparfaitement drainé

Améliorations

Drainage

Hypothèses économiques

Taux d'actualisation: 5 pour cent,


durée de vie du projet: 20 ans

Coût des améliorations (drainage):

Dépenses de capital

livres/ha

500

Dépenses récurrentes

livres/ha

50

Valeur annuelle des bénéfices

Tabac

livres/ha

198

Maïs (compare à la non-utilisation)

livres/ha

156

Maïs (sans les bénéfices du drainage)

livres/ha

120

Exploitation de 5 ha:

2 ha de maïs




1 ha de tabac




1 ha de jachère




1 ha de parcelle boisée

livres/exploitation

398



livres/ha

80


B. DETAIL DES CALCULS DANS LE CAS DU TABAC

i. En utilisant les tableaux des coefficients annuels d'actualisation





Valeur actuelle


Année

Coûts livres

Bénéfices livres

Coefficient d'actualisation

Coûts livres

Bénéfices livres

Bénéfice-coût livres

0

500

0

1,000

500

0

-500

1

50

198

0,957

48

189

141

2

50

198

0,907

45

180

135

3

50

198

0,864

43

171

128

:

:

:





20

50

198

0,377

19

75

56

20

-

-

-

1 123

2 467

1 344


ii. En utilisant les tableaux cumulatifs des valeurs actuelles


livres

Valeur actuelle des coûts récurrents, années 1-20 = £50 = 12,46 =

623

Dépenses de capital

500

Valeur actuelle des coûts

1 123

Valeur actuelle des bénéfices, années 1-20 = £198 x 12,16 =

2 467


C. RESULTATS



Tabac

Maïs
(comparé à la non-utilisation)

Maïs
(sans drainage)

Exploitation de 5 ha
(sans drainage)

Valeur nette des bénéfices

livres/ha

2467

1944

1296

992

Valeur nette des coûts

livres/ha

1123

1123

1123

898

Valeur nette actuelle

livres/ha

1344

821

123

94

Rapport bénéfices/coûts

rapport

2,20

1,71

1,11

1,10

Taux de rentabilité interne


30

21

9

8


En raison de son caractère incertain, et en partie artificiel, il ne faut jamais prendre l'analyse économique comme seul critère de décision en matière d'utilisation des terres. Par exemple, la production agricole ne peut pas toujours se justifier du point de vue strictement financier, pourtant les hommes auront toujours besoin de se nourrir. L'érosion des sols qui obligera à abandonner dans 30 ans la totalité de la zone du projet n'influe pratiquement pas sur le rapport bénéfices/coûts car le bénéfice actualisé à une date aussi éloignée est faible même à des taux d'actualisation "sociaux". Des variations des taux d'actualisation ou de la "durée de vie du projet" peuvent souvent influer davantage sur les résultats de l'analyse économique que des différences de qualité des terres. Il est parfois décourageant pour le pédologue de constater que, sur un mot de l'économiste, tout le dur travail qu'il aura accompli sur les perméabilités et les rendements végétaux peut être à refaire.

La seule chose à répondre est que l'analyse économique n'est pas le seul critère de l'aptitude des terres. Quand il est question d'investir, l'aptitude doit se justifier économiquement, mais pas seulement de ce point de vue.

9.4.8 Utilisation de critères économiques pour délimiter les classes d'aptitude des terres

Comme il est indiqué plus haut, dans les évaluations économiques, les limites qui séparent les classes d'aptitude des terres correspondent à des limites économiques, par exemple:

Classe d'aptitude des terres

Marge brute d'exploitation par hectare1/ (unité monétaire)

S1 Très apte

Plus de 200

S2 Moyennement apte

100 - 200

S3 Marginalement apte

25 - 100

N1 Actuellement inapte

Moins de 252/

N2 Définitivement inapte

-

1/ Basée sur les prix de 1982.
2/ Suppose que les coûts fixes sont de 25 unités monétaires par hectare.
Il convient d'indiquer l'année à laquelle se rapportent les coûts et les prix. Ce sera généralement l'année qui précède l'achèvement de l'évaluation, mais on peut utiliser aussi les prix prévus pour une année future.

En raison des hypothèses contenues dans l'analyse des flux actualisés, il est préférable d'employer les marges brutes comme base de classification des aptitudes des terres, quand c'est possible, c'est-à-dire quand des améliorations des terres ne sont ni indispensables ni onéreuses par rapport à la production annuelle. Les limites des classes d'aptitude correspondent à des valeurs de la marge brute par hectare, la limite S3/N1 étant placée au-dessus de zéro pour pouvoir inclure les coûts fixes. La classe N2, correspondant aux terres inaptes en permanence, n'a pas de limite économique supérieure, car ces terres auront été évaluées ainsi pour des raisons qualitatives.

Quand on envisage d'investir, il est toujours préférable de conduire au départ l'évaluation des terres en fonction de la capacité de remboursement, c'est-à-dire sur la base des marges brutes et des revenus nets annuels. Ce chiffre relativement ferme peut plus tard être soumis au processus moins objectif de l'actualisation du projet dans son ensemble plutôt que de zones de terre prises séparément. Il y a des cas, cependant, dans lesquels l'actualisation peut s'appliquer à des systèmes d'utilisation des terres.

Il faut souligner que le fait de fixer les limites des classes d'aptitude d'après les marges brutes ne signifie pas que c'est le seul critère qui soit entré en ligne de compte. Les systèmes d'utilisation des terres qui sont inacceptables pour des raisons écologiques ou sociales auront déjà été rejetés pour ces raisons et exclus de l'analyse économique détaillée. La définition des classes économiques d'aptitude implique que, outre l'intérêt qu'ils présentent par leur rentabilité, les systèmes d'utilisation des terres sont écologiquement et socialement acceptables.

Ajoutons un mot d'avertissement sur la précision apparente des limites des classes économiques. Elles sont en fait bien moins précises qu'elles ne le paraissent et ceci pour deux raisons:

i. Les chiffres des marges brutes ne tiennent pas compte des coûts cachés ni des bénéfices intangibles. Par exemple, dans un pays où les engrais sont fortement subventionnés les types d'utilisation des terres comportant de fortes applications d'engrais peuvent apparaître comme très rentables pour l'exploitant mais signifier des charges économiques pour le gouvernement.

ii. Comme tout agriculteur le sait, les marges brutes sont fortement conjoncturelles car les coûts des intrants et, plus encore, les prix des produits agricoles peuvent varier considérablement d'une année à l'autre. Par conséquent, ce sont non seulement les marges brutes absolues qui évolueront avec le temps, mais aussi la rentabilité relative des différents systèmes d'utilisation des terres.

Aussi les limites économiques des classes d'aptitude doivent-elles être retenues seulement comme une indication approximative de la viabilité économique ou financière.

9.5 Examen et vérification sur le terrain

La dernière étape de la classification des aptitudes est celle qui consiste à soumettre les aptitudes provisoirement établies à une vérification sur le terrain. L'équipe responsable de la classification appellera en renfort, si cela est possible, des techniciens en tous genres - "spécialistes des cultures" de passage, exploitants locaux, agronomes confirmés, etc. Elle pourra également inviter un représentant du gouvernement ou de l'organisation qui aura commandité l'évaluation. Cette équipe renforcée reconnaîtra le terrain et visitera les emplacements représentatifs. Le personnel responsable de la classification expliquera les raisons qui auront présidé à l'évaluation et celles-ci feront l'objet de discussions. Si nécessaire, elles seront modifiées, ce qui amènera à ajuster certains éléments de la classification. C'est la dernière fois que l'on peut employer le processus d'itération, qui a déjà été utilisé après les premières études des compatibilités et, en principe, à d'autres moments de l'évaluation.

La vérification sur le terrain sert à réexaminer, en tenant compte des effets combinés des qualités des terres sur tous les aspects du type d'utilisation, les classifications auxquelles on est parvenu en considérant les aspects séparément. Cette vérification est particulièrement importante quand on a traité une grande quantité de données de façon normalisée, sans pouvoir donc prendre en considération les interactions ou autres effets combinés. Un cas extrême se présente quand les données ont été traitées sur ordinateur ou au moyen d'un modèle de prévision; il faut alors reprendre attentivement les conclusions en faisant appel au bon sens ou au jugement si l'on veut éviter des erreurs graves.

9.6 Classification des aptitudes des terres


9.6.1 Ordres d'aptitude des terres
9.6.2 Classes d'aptitude des terres
9.6.3 Aptitude conditionnelle
9.6.4 Sous-classes d'aptitude des terres
9.6.5 Unités d'aptitude des terres

La dernière étape de la comparaison des terres avec leur utilisation consiste à assigner chaque combinaison unité de terre/type d'utilisation à une classe d'aptitude. Cette classification a d'abord commencé par l'étude des compatibilités (chapitre 8) puis elle a été modifiée à la lumière des indications fournies ultérieurement par les analyses (section 9.2-9.5).

La classification de l'aptitude des terres recommandée pour l'agriculture pluviale est identique à celle qui est donnée dans le Cadre. Elle comprend quatre catégories: ordre, classe, sous-classe et unité d'aptitude des terres. La structure de la classification est montrée dans la figure 9.1 et les définitions des ordres et classes d'aptitude sont données dans le tableau 9.4.

Figure 9.1 - Structure de la classification de l'aptitude des terres

9.6.1 Ordres d'aptitude des terres

Les ordres d'aptitudes indiquent sous la forme la plus simple si des terres sont aptes ou inaptes à un mode d'utilisation donné. C'est une combinaison des classes d'aptitude. Les ordres d'aptitude permettent de représenter, de façon simplifiée, sur des tableaux récapitulatifs et des cartes à petite échelle les zones où, par exemple, chaque culture peut ou ne peut pas pousser, ou les zones qui se prêtent à l'agriculture mécanisée.

9.6.2 Classes d'aptitude des terres

Les classes d'aptitude expriment les degrés d'aptitude. Le cadre proposait trois classes d'aptitude (élevée, moyenne et marginale) avec possibilité de ramener ce nombre à deux ou de le porter au-delà de trois si les circonstances l'exigent. Dans la pratique, la plupart des études ont prouvé que trois classes étalent suffisantes et il est donc recommandé d'adopter ce nombre, à moins d'avoir de fortes raisons pour en décider autrement.

On notera que la classe S3 (aptitude marginale) appartient à l'ordre S (apte). Elle n'est pas à cheval sur la frontière qui sépare les ordres, mais occupe la première rangée du côté positif de cette frontière.

Tableau 9.4 - DEFINITIONS DES CLASSES D'APTITUDE DES TERRES


Définitions

Ordres d'aptitude


Ordre S, apte

Terre sur laquelle la catégorie d'utilisation envisagée doit assurer des avantages justifiant les intrants nécessaires, sans comporter de risque inacceptable pour les ressources en terres.

Ordre N, inapte

Terre dont les qualités interdisent la catégorie d'utilisation continue envisagée.

Classes d'aptitude


Classe S1, aptitude élevée

Terre n'opposant pas de limitations sérieuses à la pratique continue d'une utilisation donnée, ou ayant seulement des limitations mineures qui ne peuvent réduire sensiblement la productivité ou les avantages et n'exigent pas un niveau d'intrants inacceptable.

Classe S2, aptitude moyenne

Terre présentant des limitations qui, globalement, constituent un obstacle moyennement grave à la pratique continue d'un certain mode d'utilisation; ces limitations réduiront la productivité ou les bénéfices et nécessiteront davantage d'intrants au point que les avantages globaux, bien qu'encore intéressants, seront sensiblement inférieurs à ceux de la classe S1.

Classe S3, marginalement apte

Terre présentant des limitations qui, globalement, constituent un obstacle important à la pratique continue d'un mode d'utilisation donné et réduiront la productivité ou les profits, ou exigeront tant d'intrants que la dépense ne serait plus que marginalement justifiée.

Classe N1, actuellement inapte

Terre ayant des limitations qui sont surmontables avec le temps, mais qu'on ne peut corriger en l'état actuel des connaissances à un prix acceptable. Ces limitations sont si graves qu'elles excluent la réussite de telle ou telle utilisation continue des terres.

Classe N2, définitivement inapte

Terre affectée de limitations si graves qu'elles interdisent toute possibilité de réussite de telle ou telle utilisation continue.

NR, sans objet

Terre qui n'a pas été évaluée pour une utilisation donnée car les hypothèses de l'évaluation excluent dès le départ cette utilisation dans la zone à l'étude.


9.6.3 Aptitude conditionnelle

La structure de la classification des aptitudes permet d'utiliser la phase "conditionnellement apte" dans certains cas limites pour condenser la présentation. Les circonstances dans les quelles on peut l'employer sont exposées en détail dans la section 3.2.5 du Cadre, circonstances restreintes car un emploi superflu risque d'induire en erreur les utilisateurs de l'évaluation. La principale occasion de l'introduire se présente quand une petite partie de la zone étudiée se prête à une amélioration majeure des terres, l'installation d'un réseau de drainage localisé par exemple. En principe, on préparera deux cartes, l'une montrant l'aptitude actuelle, sans amélioration des terres, l'autre indiquant l'aptitude potentielle si le drainage, ou toute autre amélioration, est réalisé. Néanmoins, si les terres affectées n'occupent qu'une petite superficie de la zone, il sera inefficace de préparer deux cartes. Il suffit, en l'occurence, d'ajouter sur la zone en question la mention conditionnellement apte, au lieu ou en plus du symbole de l'aptitude actuelle (par exemple, N2/Sc1, inaptitude actuelle due à une limitation de la disponibilité en oxygène, mais aptitude élevée sous réserve que des travaux de drainage soient effectués). La nature de la réserve doit être signalée dans la légende de la carte.

Dans les évaluations axées sur l'agriculture pluviale on aura rarement besoin d'employer l'aptitude conditionnelle.

9.6.4 Sous-classes d'aptitude des terres

Les sous-classes tiennent compte des types de limitation, comme le manque d'eau ou le risque d'érosion, par exemple.

Le nombre de sous-classes reconnues et les limitations considérées pour les distinguer varient d'une classification à l'autre, selon les objectifs visés. Deux principes fondamentaux gouvernent l'établissement des sous-classes:

- Etablir un nombre minimum de sous-classes permettant de distinguer, dans une même classe d'aptitude, les terres qui présentent des différences sensibles quant aux besoins d'aménagement ou possibilités d'amélioration du fait de limitations différentes.

- Le nombre de limitations utilisé pour construire le symbole d'une sous-classe doit être aussi restreint que possible. Une ou, à la rigueur, deux lettres devraient suffire. On n'utilisera si possible que le symbole dominant (celui qui détermine la classe); au cas où deux limitations ont le même degré de sévérité, on peut les indiquer toutes deux.

Un moyen commode de normaliser les lettres désignant les sous-classes dans une évaluation axée sur l'agriculture pluviale consiste à se référer aux qualités des terres qui causent la limitation. Le tableau 9.5 suggère les lettres à employer comme suffixes.

9.6.5 Unités d'aptitude des terres

Dans des études relativement intensives, conduites à une échelle détaillée, on peut subdiviser les sous-classes en unités d'aptitude. Elles sont désignées par un nombre inscrit à la suite du symbole de la sous-classe et séparé de celui-ci par un tiret, par exemple S2e-1, S2e-2, etc. On peut subdiviser une sous-classe en un nombre illimité d'unités. Dans les études de faible intensité couvrant de vastes étendues, on ne fera pas apparaître d'unités d'aptitude; la classification s'arrêtera au niveau des sous-classes.

Toutes les unités d'aptitude à l'intérieur d'une sous-classe ont le même degré d'aptitude au niveau de la classe et les mêmes limitations au niveau de la sous-classe. Elles diffèrent en ce qui concerne les caractéristiques de production ou les besoins d'aménagement. Ces différences peuvent provenir de légères variantes des conditions physiques: textures de sols superficiels différentes réclamant un aménagement différent, par exemple. Elles peuvent aussi avoir une autre origine: par exemple, différences de ressources financières des exploitations ou, à l'intérieur de l'exploitation, distance par rapport au corps de logis.

Tableau 9.5 - LETTRES POUVANT ETRE EMPLOYEES COMME SUFFIXES POUR DESIGNER DES SOUS-CLASSES D'APTITUDE DES TERRES

Qualité limitative

Lettre suffixe

1.

Rayonnement (ensoleillement)

u

2.

Régime thermique

+ c

3.

Disponibilité en eau

+ m

4.

Oxygène disponible pour les racines (drainage)

+ w

5.

Disponibilité en éléments nutritifs

+ n

6.

Capacité de rétention des éléments nutritifs

n

7.

Conditions d'enracinement

+ r

8.

Conditions influant sur la germination et l'établissement

g

9.

Effet du degré hygrométrique de l'air sur la croissance

h

10.

Conditions de maturation

i

11.

Risque d'inondation

+ f

12.

Aléas climatiques

c

13.

Excès de sels

+ z

14.

Toxicités

+ x

15.

Ravageurs et maladies

p

16.

Maniabilité du sol

k

17.

Possibilités de mécanisation

+ q

18.

Préparation de la terre et besoins de défrichement (végétation)

v

19.

Conditions d'entreposage et de transformation des produits

j

20.

Conditions influant sur le calendrier de la production

y

21.

Circulation à l'intérieur de l'unité de production

a

22.

Dimension des unités potentielles d'aménagement

b

23.

Localisation

l

24.

Risque d'érosion

+ e

25.

Risque de dégradation des sols

d

Note: Les symboles de qualités des terres les plus couramment utilisés sont précédés du signe +. Les lettres n et c sont utilisées pour deux qualités des terres ayant des liens entre elles.
On peut profiter de l'identification des unités d'aptitude des terres pour faire des recommandations détaillées concernant l'aménagement ou la planification des opérations pour tel champ ou telle exploitation. Sur l'espace correspondant à une unité d'aptitude les conditions des terres varieront peu, c'est pourquoi elles nécessiteront des pratiques d'aménagement identiques, réagiront de la même façon à l'aménagement et donneront des rendements analogues si on les traite de la même façon.

L'identification, la description et la cartographie des unités d'aptitude des terres sont très utiles dans les études détaillées dont les recommandations seront mises en pratique immédiatement, dans des zones d'agriculture intensive. Par exemple, dans des plaines alluviales plates, les classes et les sous-classes d'aptitude varieront peu sur des zones très étendues, mais l'expérience montre que l'aménagement et les résultats varient; c'est pourquoi les recommandations doivent être formulées pour des emplacements déterminés si l'on veut obtenir partout les meilleurs résultats. En cartographiant les unités d'aptitude des terres, on peut fournir aux services consultatifs des indications pratiques sur l'aptitude des différentes unités d'aménagement à divers plans de culture ou pratiques agronomiques.


Page précédente Début de page Page suivante