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10. PRESENTATION DES RESULTATS


10.1 Cartes d'aptitude des terres et légendes
10.2 Rapport d'évaluation des terres
10.3 Description des types d'utilisation des terres
10.4 Explication de l'estimation des classes d'aptitude des terres
10.5 Informations sur les systèmes d'utilisation des terres
10.6 Recommandations en matière d'aménagement
10.7 Améliorations majeures des terres
10.8 Description des impacts sur l'environnement
10.9 Analyse socio-économique
10.10 Résultats des études de base
10.11 Recommandations

Quelque complexes qu'aient pu être les méthodes employées dans l'évaluation des terres, les résultats doivent être présentés clairement et sans ambiguïté, dans des termes rapidement compréhensibles par le lecteur. Leur formation doit répondre aux objectifs de l'étude. Le but d'une évaluation des terres est de fournir des informations d'après lesquelles on décidera des mesures de planification et d'aménagement des terres; les résultats doivent donc être présentés de telle sorte que leur emploi en soit facilité.

Les principaux résultats d'une évaluation des terres concernent:

i. les types d'utilisation des terres: définitions et descriptions correspondant à la zone étudiée;

ii. l'aptitude des terres de chaque unité cartographique de terre à chaque type d'utilisation; les raisons de l'estimation y sont expliquées;

iii. une description des mesures d'aménagement correspondant aux divers types d'utilisation sur chacune des unités de terres pour lesquelles ils conviennent;

iv. des prévisions des conséquences de la pratique de chaque type d'utilisation sur chacune des unités de terre pour lesquelles ils conviennent; ces prévisions portent sur les extrants (production végétale, etc.), les coûts et les bénéfices, les incidences sur l'environnement et autres conséquences possibles.

En outre, si l'évaluation comprend des études de base des ressources (formes de relief, climat, sols, etc.), les données fournies par ces études constitueront un autre aspect des résultats.

Les résultats sont présentés sous la forme d'une ou de plusieurs cartes accompagnées d'un rapport en un ou plusieurs volumes.

10.1 Cartes d'aptitude des terres et légendes

Les cartes d'aptitude des terres sont plus utilisées que les rapports qui les accompagnent et leur légende doit être complète et compréhensible sans que l'on ait besoin de se référer au rapport. Les cartes d'aptitude des terres peuvent se présenter de deux façons:

i. soit une seule carte accompagnée d'une légende en tableau;

ii. soit une série de cartes d'aptitude, une pour chaque catégorie d'utilisation des terres; en outre, une carte récapitulative peut être utile dans certains endroits.

i. Carte accompagnée d'une légende en tableau

Une grande carte est tracée à l'échelle de base (ou à l'échelle la plus grande) de l'étude; elle montre les limites des unités cartographiques de terre, qui sont numérotées et reçoivent un nom. La légende désigne les aptitudes des terres sous la forme élémentaire illustrée dans le tableau 10.1.

Le tableau 10.2 donne l'exemple d'une légende, ou d'un tableau dans le rapport, fournissant plus d'informations directement utilisables par l'utilisateur ou illustrant les conclusions et les recommandations. La superficie y est donnée et les sous-classes y sont indiquées. En outre, si l'aptitude d'une unité de terre peut être relevée grâce à des améliorations particulières des terres, celles-ci sont mentionnées et l'aptitude potentielle des terres en résultant y est indiquée. Cette façon de présenter les recommandations et les prévisions attire immédiatement l'attention sur les terres qui réagiront bien à un investissement engagé dans des améliorations.

Tableau 10.1 - MODELE DE LEGENDE D'UNE CARTE D'APTITUDE DES TERRES

Unités de terre

Types d'utilisation des terres

A

B

C

D

E

etc.

1

S1

S3

S2

N2

NR


2

S2

S3

S1

S1

NR


3

S2

N1

S2

S3

S2


4

S1

N2

S1

S3

S1


5

N1

N2

S3

S

S3


etc.








Tableau 10.2 - EXEMPLE DE LEGENDE D'UNE CARTE D'APTITUDE DES TERRES

Unités de terre

Superficie en hectares

 

Types d'utilisation des terres

A

B

C

D

E

F

Agriculture traditionnelle améliorée

Céréali-culture mécanisée

Café, technicité moyenne

etc.

 

Maïs

Sorgho

Riz

1. Plaines d'Abuna

17 000

S2w/D/S1

S1

N2m

S1

N2m


2. Plaines de Bendo

1 500

S1

S1

N2m/I/S2

S2q

N2m


3. Plaine d'inondation de Canji

2 700

N1w/D/S2

N2w

S1

S3q

N2w


4. Collines de Dipithawa

9 900

S3e/T/S2

S3e/T/S2

N2m

N1q

S2m


5. Collines d'Escoco

15 500

N2e

N2e

N2m

N2q

N1m


etc.








Symboles des sous-classes d'aptitude des terres: e = risque d'érosion, m = disponibilité en eau, w = disponibilité en oxygène, q = possibilité de mécanisation.

Améliorations des terres: D = drainage souterrain, I = irrigation, T = terrassement.

Dans certains cas, il est intéressant de distinguer les coefficients d'aptitude attribués aux divers éléments: culture, aménagement et conservation (cette dernière indiquant l'intensité culturale tolérable) comme le montre l'exemple figurant au tableau 10.3. Ce procédé donne à l'utilisateur des éléments de décision plus directs que ceux que fournirait une classe d'aptitude générale. Cette méthode convient pour des études menées au niveau d'un projet ou des exploitations dans lesquelles le nombre des types d'utilisation envisagé n'est pas élevé.

TABLEAU 10.3 - EXEMPLE DE CLASSIFICATION DE L'APTITUDE DES TERRES D'APRES LES PARAMETRES CULTURE, AMENAGEMENT ET CONSERVATION - MOZAMBIQUE

Unité de terre

Classe d'aptitude des terres

Culture

Source d'énergie

Intensité culturale1/

Mais

Pomme de terre

Tournesol

Haricot

Soja

Tracteur

Boeufs

100%

66%

33%

1

S1

S1

S1

S1

S1

S1

S1

S1

NR

NR

2

S2

S1

S1

S1

S2

S1

S1

S2

S1

NR

3

S1

S2

S1

S2

S1

S1

S2

N

N

S3

4

S1

S2

S1

S2

S1

S1

S2

S3

S2

S1

5

S3

S2

S2

S2

S3

S2

S2

S3

S3

S2

1/ On suppose que si une terre possède une aptitude S1 pour une intensité de culture déterminée, l'évaluation ne s'applique pas (NR) pour une intensité plus faible.

Source Van Mourik et al. 1982.

Ce genre de légende en tableau permet de répondre à deux sortes de questions: quelles sont les meilleures utilisations pour l'unité de terre N°2; sur quelles unités de terre est-il possible ou préférable de pratiquer le type x d'utilisation des terres? On trouve la réponse à la première question en lisant le tableau horizontalement et à la deuxième question en le lisant verticalement, en colonnes. On peut ainsi voir dans le tableau 10.2 que l'unité de terre N°1 a une aptitude élevée à la culture du sorgho et également à la culture mécanisée de céréales; elle a une aptitude moyenne à la culture du maïs en raison d'un manque d'oxygène (défaut de drainage); elle est inapte à la culture du riz ou du café en raison d'un manque d'eau. Ces renseignements permettent au planificateur de constater que l'on peut consacrer cette zone à une production traditionnelle ou mécanisée de maïs ou de sorgho, avec une préférence pour le sorgho, le maïs étant possible si les débouchés commerciaux ou d'autres facteurs s'y prêtent. La situation peut ne pas être toujours aussi nette car l'évaluation quantitative peut montrer par exemple qu'une aptitude S2 à une culture de rapport élevé fournira un revenu net plus élevé qu'une aptitude S1 à une culture de plein champ.

Par contre, si le planificateur souhaite savoir dans quelles zones concentrer les efforts de vulgarisation pour améliorer la production traditionnelle du maïs, il verra que l'unité de terre N°2 se prête le mieux à ce projet.

La carte peut également comprendre une seconde légende montrant les ressources de base des unités de terre: formes de relief, climat, sols, etc.

ii. Cartes particulières d'aptitude

Ces cartes sont établies pour chaque type d'utilisation, sous la forme indiquée dans la figure 10.1. C'est un moyen très efficace pour que l'utilisateur volt du premier coup d'oeil quelles sont les zones très aptes, moyennement ou marginalement aptes, ou inaptes à une culture ou à un type d'utilisation donnés.

Les moyens financiers le permettant, ces deux formes de représentation devraient être utilisées. La carte principale sera tracée selon des normes cartographiques de haut niveau et imprimée en couleurs; le tirage sera beaucoup plus important que celui du rapport et la carte sera disponible séparément. Les cartes particulières d'aptitude peuvent être à échelle plus réduite; elles se présenteront sous la forme de fonds de carte en noir et blanc et (de préférence) les aptitudes des terres seront indiquées en sur impression unicolore. Ces cartes peuvent être insérées dans le corps du rapport.

Figure 10.1 - Exemple de cartes particulières d'aptitude des terres

Dans certaines études, les résultats comprendront aussi des cartes contenant des données sur les ressources de base des terres, telles que des cartes des formes de relief, sols, agroclimatologie, système de terre et éléments de système, utilisation actuelle des terres, etc.

Carte de synthèse

Il est quelquefois utile d'établir une carte qui résume, sous une forme simplifiée, les résultats de l'évaluation. Cette carte pourrait s'appeler "carte des possibilités de développement agricole" ou "carte des possibilités de mise en valeur des terres". Elle permet de donner aux responsables des politiques de haut niveau un aperçu rapide et non technique des résultats tout en offrant aux autres utilisateurs une présentation générale de la question. La carte des possibilités de développement agricole issue d'une étude de reconnaissance faite dans le centre du Nigeria en est un exemple (Hill et al. 1978/80).

On ne peut suggérer aucune méthode précise concernant l'élaboration d'une telle carte car ce qu'elle montre dépend des circonstances et des besoins locaux. La règle essentielle, cependant, est que la carte doit être claire et simple et aussi exempte que possible de termes techniques. Une étude de reconnaissance de l'Ethiopie a été résumée dans une carte des possibilités de mise en valeur des terres qui présentait les éléments suivants: possibilités concernant les cultures annuelles sur les hauts plateaux, cultures annuelles sur les basses terres, cultures pérennes sur les hauts plateaux, cultures pérennes de basses terres, élevage extensif, sylviculture, protection des forêts et autres mesures de protection, agriculture irriguée et conservation de la vie sauvage (Ridgway et al. sous presse).

10.2 Rapport d'évaluation des terres


10.2.1 Forme et contenu du rapport
10.2.2 Tableaux

10.2.1 Forme et contenu du rapport

Le rapport se divise normalement en trois parties qui s'adressent à des lecteurs différents:

i. Le sommaire s'adresse aux hauts fonctionnaires qui ont besoin de savoir comment les résultats de l'étude d'évaluation vont influer sur la planification et les politiques à suivre, mais n'ont pas le temps ou les compétences techniques nécessaires pour les étudier en détail. Le sommaire sera court et clair et comprendra quelques données quantitatives (par exemple "4 760 hectares ont une aptitude élevée à une production traditionnelle améliorée de maïs"). Les principales motivations des recommandations sont évoquées mais sans entrer dans tous les détails (par exemple, "les collines d'Escoco ne sont pas aptes à la culture de céréales en raison d'un risque grave d'érosion").

ii. Le texte principal s'adresse à une audience plus étendue: il intéresse particulièrement ceux qui s'occuperont de planifier l'utilisation des terres dans la zone étudiée. Bien que technique par son contenu, il doit pouvoir être lu de bout en bout sans que l'on se heurte à des détails techniques qui ne sont pas immédiatement utiles à la compréhension des résultats. Un grand nombre de renseignements peuvent être utilement présentés sous forme de tableaux.

iii. Les annexes s'adressent aux spécialistes qui ont besoin d'avoir des précisions techniques sur les méthodes utilisées. Elles peuvent contenir, par exemple, des détails sur l'évaluation du bilan hydrique, les données utilisées pour estimer les rendements agricoles, ou une analyse des fluctuations des données économiques.

Dans une étude relativement restreinte, ces trois éléments peuvent être rassemblés dans un seul volume. Il est souvent souhaitable de publier les annexes techniques dans un volume distinct, afin que le texte principal ne devienne pas exagérément volumineux. Dans une étude de plus grande envergure, il peut être préférable de publier le sommaire à part, dans un volume qui contiendra non seulement le sommaire et les recommandations mais aussi une version abrégée et simplifiée du texte principal. Si l'évaluation comprenait des études de base, il peut être bon de publier les résultats de ces études dans un volume séparé, par exemple, "Les ressources en terre".

Le tableau 10.4 donne un modèle de la table des matières d'un rapport d'évaluation des terres. La longueur relative des différentes sections, et parfois leur inclusion même, varieront en fonction des circonstances rencontrées dans la zone et au cours de l'étude.

10.2.2 Tableaux

On peut transmettre une grande masse d'informations sous une forme concise et comparative par le biais des tableaux. Les tableaux peuvent servir, souvent, à résumer les sections d'un ouvrage. Comme moyen de communication rapide avec le lecteur, les tableaux viennent se placer à égalité avec les cartes, ou juste après. Les tableaux récapitulatifs susceptibles de figurer dans un rapport d'évaluation des terres sont les suivants:

- utilisation actuelle des terres: superficie, rendements agricoles, production;
- types d'utilisation des terres: descriptions sommaires;
- unités de terre: descriptions sommaires (climat, formes de relief, sols, etc.);
- exigences des utilisations des terres (des cultures, des types d'utilisation);
- qualités des terres des unités de terre;
- analyse économique des systèmes d'utilisation des terres (coûts, bénéfices, rentabilité, etc.);
- mesures d'aménagement correspondant aux systèmes d'utilisation des terres;
- évaluation de l'aptitude des terres (comme dans la légende cartographique).
Tableau 10.4 - MODELE DE TABLE DES MATIERES D'UN RAPPORT D'EVALUATION DES TERRES

PREFACE

RESUME DES CONCLUSIONS ET DES RECOMMANDATIONS

CHAPITRE 1 - OBJECTIFS DE L'ETUDE

- Bases économiques actuelles
- Problèmes présents et futurs et besoins de développement
- Etudes antérieures, données existantes
- Origines de la présente étude
- Objectifs
CHAPITRE 2 - L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
- Climat, hydrologie, géologie, géomorphologie, sols, végétation, aspects particuliers
CHAPITRE 3 - L'ENVIRONNEMENT HUMAIN
- Population et peuplement
- Infrastructure et services
- Contexte social (par exemple, régime foncier)
- Agriculture et utilisation des terres actuelles:
par exemple:
cultures vivrières
cultures de rapport
élevage
sylviculture
etc.
CHAPITRE 4 - METHODOLOGIE
- Description de l'évaluation (calendrier, personnel, méthodes, etc.)
- Etudes de base des ressources en terres (s'il y a lieu)
- Prospections sur le terrain:
par exemple:
études des systèmes d'exploitation/agricoles
études des rendements agricoles
enquêtes sociologiques
enquêtes économiques
etc.
- Analyse et interprétation des données
CHAPITRE 5 - TYPES D'UTILISATION DES TERRES
- Méthodes utilisées pour définir les types d'utilisation des terres
- Différentes parties de la description
- Types d'utilisation des terres:
TUT A
TUT B
TUT C
etc.
(y compris tableaux récapitulatifs)
CHAPITRE 6 - UNITES DE TERRE
- Méthodes utilisées pour définir les unités de terre
- Différentes parties de la description
- Unités de terre:
UT 1
UT 2
UT 3
etc.
(y compris tableaux récapitulatifs).
CHAPITRE 7 - EXIGENCES DES UTILISATIONS DES TERRES ET QUALITES DES TERRES
- Exigences des utilisations des terres: méthodes de détermination, de sélection et de classement

- Besoins des cultures et des types d'utilisation des terres (avec des tableaux)

- Qualités des terres: méthodes d'estimation

- Qualités des terres des unités de terre (avec des tableaux)

- Données sur les rendements agricoles.

CHAPITRE 8 - APTITUDE DES TERRES
- Compatibilité: confrontation entre les exigences des utilisations des terres et les qualités des terres

- Améliorations des terres (s'il y a lieu)

- Incidences sur l'environnement (peuvent aussi être traitées plus loin, dans un chapitre à part)

- Analyse économique et sociale (considérations générales)

- Classification des aptitudes des terres

Ordres et classes d'aptitude des terres
Sous-classes d'aptitude des terres
Unités d'aptitude des terres (si elles sont utilisées)
CHAPITRE 9 - EVALUATION ECONOMIQUE
(Si une classification économique des aptitudes des terres a été employée, les résultats des enquêtes économiques détaillées seront présentées dans un chapitre distinct).
CHAPITRE 10 - RECOMMANDATIONS
- Systèmes d'utilisation des terres recommandés (avec différentes possibilités)
- Mesures d'aménagement
- Estimation des extrants et des autres avantages
ANNEXES (présentées dans un volume à part pour une étude de grande portée).
par exemple
- Données agroclimatiques et analyse
- Données pédologiques et analyse
- Données économiques et analyse
etc.
GLOSSAIRE

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE


Quand il y a une possibilité d'améliorer les terres, les tableaux présentant la classification des aptitudes des terres inclueront aussi bien les aptitudes actuelles que les aptitudes potentielles (section 9.2).

10.3 Description des types d'utilisation des terres

Les descriptions des types d'utilisation des terres n'occuperont probablement que peu de place dans les grandes études de reconnaissance. Par contre, dans des études plus détaillées, elles constituent un des résultats importants de l'évaluation. Ces descriptions sont précieuses à de nombreux égards; elles fournissent en particulier:

i. les précisions techniques nécessaires pour planifier l'utilisation des terres et fournir par la suite des conseils en matière d'agriculture;

ii. les éléments nécessaires pour analyser le rapport intrants/extrants, condition préalable de l'analyse économique; il suffira d'enregistrer les données quantitatives physiques de base, pour pouvoir réviser ensuite l'analyse économique en fonction des fluctuations des prix et des coûts relatifs.

En outre, des descriptions complètes des types d'utilisation des terres permettent d'effectuer d'autres genres d'analyses, par exemple le calcul de la disponibilité en main-d'oeuvre, la capacité de charge démographique, les besoins annuels d'engrais, etc.

On a vu plus haut un modèle de description des types d'utilisation des terres (tableau 4.1 et section 4.4). Au stade de la présentation des résultats, on peut cependant trouver des avantages à renoncer à ce plan rigide. La description de chaque type doit commencer par un compte rendu général, donnant assez de précisions que pour le lecteur, qu'il ait ou non une formation technique, sache exactement de quel genre d'agriculture il est question. Une partie des informations de détail, comme dans chacune des parties de la description, peut être présentée sous forme de tableaux comparatifs.

10.4 Explication de l'estimation des classes d'aptitude des terres

Il ne suffit pas de présenter les classes d'aptitude des systèmes d'utilisation des terres comme un fait accompli. Il faut donner les raisons de l'attribution de ces classes. La désignation de sous-classes est déjà un élément d'explication, mais il faut encore les commenter. Il n'est pas non plus suffisant de dire "les classes d'aptitude ont été attribuées en utilisant les méthodes décrites dans la section X.X."

On signalera à l'utilisateur de l'évaluation les traits saillants qui ont fait des aptitudes ce qu'elles sont. Cela peut se faire en étudiant la distribution de chaque type de limitation. On peut établir des cartes montrant la distribution de chaque limitation, par exemple, drainage, carences nutritives.

Cet exposé des motivations devient particulièrement important quand l'intention ou les espoirs du client ne se concrétisent pas; c'est-à-dire, quand on avait prévu de trouver de vastes étendues de terres aptes à une utilisation donnée et que cela n'est pas le cas.

10.5 Informations sur les systèmes d'utilisation des terres

Dans toutes les évaluations sauf les évaluations qualitatives simples, il est indispensable de mentionner ce que les classes d'aptitude des terres signifient en ce qui concerne les extrants et les besoins d'intrants. Ces renseignements donnent au planificateur des chiffres précis qui lui serviront de base pour établir des plans de mise en valeur, présenter des demandes de crédits, etc.

Ces renseignements portent sur les systèmes d'utilisation des terres, c'est-à-dire sur un ensemble combinant un type d'utilisation des terres et une unité de terre. Les classes d'aptitude constituent, à cette fin, une structure commode. Ainsi, pour le type d'utilisation consistant dans la "culture de maïs-arachide au moyen de méthodes traditionnelles améliorées" on fournira des informations sur des terres S1, S2 et éventuellement S3. Selon le type et le degré de détail de l'étude, on peut fournir des renseignements sur l'un ou l'autre des points suivants:

i. Critères physiques:
- Production physique par unité de superficie, par exemple rendements agricoles ou production de glucides exprimée en kilocalories. On peut faire des comparaisons entre des produits de même catégorie, par exemple: "céréales", ou d'après leur pouvoir énergétique exprimé en calories;

- production physique par habitant, selon le même procédé;

- incidences sur l'environnement, par exemple, taux estimatifs de perte de sol.

ii. Critères économiques:
- Revenu par unité de superficie, à plein rendement, d'après l'analyse des marges brutes;

- revenu par habitant, selon le même procédé;

- calcul du revenu du capital investi, valeur actualisée nette, rapport bénéfice/coût (sur une base commerciale ou sociale), taux de rentabilité interne, augmentation des bénéfices;

- besoins de main-d'oeuvre, besoins totaux et besoins en périodes de pointe.

iii. Critères démographiques et sociaux:
- Capacité de charge démographique, population par unité de superficie; parfois, capacité de colonisation de nouvelles terres;

- migrations.

Le tableau 10.5 montre comment ces informations peuvent être utilisées pour planifier l'utilisation des terres dans une zone située au centre du Malawi. Le système de terre de Thiwi appartient à ce type de terres marginales dont on s'emploie beaucoup à planifier la mise en valeur: climatiquement, ces terres se prêtent à des cultures annuelles, mais elles ont des pentes moyennes et des sols sableux peu fertiles. Ce sont les cultures annuelles qui produisent le revenu le plus élevé et font vivre le plus d'habitants à l'hectare (la densité de la population est un argument important dans cette région), mais elles ont un effet néfaste sur l'environnement car elles accélèrent l'érosion. A l'époque de l'étude, la culture du caféier n'était pas économiquement viable. L'élevage en ranch apporte un revenu par habitant plus élevé que la culture: il ne nuit pas à l'environnement, mais il est très désavantageux quant au revenu par unité de superficie et à la capacité de charge démographique. Les plantations forestières sont relativement intéressantes à tous égards. La décision la plus sage concernant cette zone est probablement d'en allouer une partie à une réserve forestière, ce qui aura l'avantage supplémentaire de répondre aux besoins d'un système de terre adjacent plus fertile et consacré à la culture, et de consacrer le reste à un type d'exploitation mixte, combinant la culture et l'élevage.

Le tableau 9.2 donnait un exemple de critères économiques calculés pour des types déterminés d'utilisation des terres sur des classes d'aptitude S1 et S2.

Tableau 10.5 - EXEMPLE DE RENSEIGNEMENTS CONCERNANT UN SYSTEME D'UTILISATION DES TERRES. MALAWI

Catégorie principale d'utilisation des terres

Type d'utilisation des terres

Revenu net à l'hectare Kwaca

Revenu net par habitant Kwaca

Densité démographique au km2

Impacts sur l'environnement
+ 0 -

Cultures annuelles

Avec élevage, aménagement amélioré, exploitations de 1,6 ha

113

36

312

-

Cultures annuelles

Sans élevage, aménagement amélioré, exploitations de 3,0 ha

50

30

167

-

Cultures pérennes

Café, aménagement amélioré, exploitations de 1,6 ha

-10

-16

156

0

Elevage en ranch

-

2,3

75

3

0

Forêts

Plantations de résineux

63

51

63

+

Source: Young et Goldsmith (1977)

10.6 Recommandations en matière d'aménagement

Les descriptions des types d'utilisation des terres incluent des recommandations en matière d'aménagement. De nombreux détails d'aménagement varieront cependant selon les classes et surtout les sous-classes d'aptitude, c'est-à-dire selon la nature des limitations. Ainsi, comparées à des terres du type S1, des zones classées S2n ou S3n (défaut d'éléments nutritifs) exigeront de plus gros apports d'engrais; des zones classées S2p ou S3p (limitation due aux ravageurs et aux maladies) nécessiteront des pulvérisations de produits chimiques ou le brûlage des résidus des cultures, etc.

Les recommandations en matière d'aménagement se rapportent principalement à trois chapitres de la description des types d'utilisation des terres: les pratiques agronomiques, les intrants matériels et les façons culturales. Il peut être commode à ce stade de combiner ces trois questions en une seule section intitulée "Mesures d'aménagement", en indiquant d'abord les pratiques qui sont communes au type d'utilisation sur toutes les classes de terres, puis en recommandant des pratiques d'aménagement modifiées ou supplémentaires pour les terres des différentes sous-classes.

Dans des études détaillées, ces renseignements ressortent des unités d'aptitude des terres qui sont, par définition, des étendues de terre nécessitant des mesures d'aménagement similaires.

On trouvera dans l'annexe B des exemples de recommandations détaillées montrant à quel niveau de précision on peut présenter les données agronomiques.

Les recommandations relatives à l'enseignement ont un caractère pratique. Les membres des services consultatifs agricoles s'en serviront pour fournir directement des avis aux exploitants, ou pour former du personnel de terrain. Les recommandations doivent donc s'adresser à cette catégorie de lecteurs et être rédigées dans un langage qui est à leur portée. Elles doivent aussi correspondre au niveau de technicité et aux ressources économiques qui prévalent dans la zone concernée. Il n'est donc pas réaliste de proposer des méthodes sophistiquées ou de suggérer l'emploi d'intrants entraînant de grosses dépenses dans des zones où les agriculteurs n'ont pas le niveau d'instruction ou les moyens financiers nécessaires.

10.7 Améliorations majeures des terres

Quand des améliorations majeures des terres sont jugées possibles, il faut que les zones pour lesquelles ces améliorations sont souhaitables soient indiquées sur des cartes. On en donnera, si possible, une description technique et, dans une évaluation économique, une indication de leurs coûts estimatifs.

Dans ces conditions, la classification des terres incluera une classification des aptitudes potentielles, c'est-à-dire de l'aptitude des terres aux usages indiqués après réalisation des améliorations majeures. Le tableau 10.6 donne un exemple de tableau incorporant les aptitudes potentielles. On fera aussi une estimation des gains potentiels de production résultant des améliorations.

10.8 Description des impacts sur l'environnement

On aura déjà tenu compte de ces impacts dans l'estimation des aptitudes à chaque type d'utilisation des terres; néanmoins, les résultats devront comporter une section décrivant l'ensemble des effets que les différentes actions possibles peuvent exercer sur l'environnement. La démonstration peut être complétée par des cartes distinctes montrant le risque d'érosion ou les intensités culturales acceptables. Les effets externes comme les effets sur le débit des cours d'eau ou la charge en sédiments, devront aussi être mentionnés ici.

10.9 Analyse socio-économique

La longueur et le degré de précision de cette partie du rapport sont très variables. Dans les évaluations quantitatives, elle se limite à des considérations générales d'ordre économique et social. L'analyse sera forcément faite en termes généraux, mais devra néanmoins souligner les conséquences découlant des modifications recommandées.

Dans des évaluations économiques, cet aspect occupera au moins un chapitre à lui tout seul. Comme pour les autres sujets, la présentation visera essentiellement à traduire les principaux résultats dans un langage clair et, autant que possible, non technique. On y justifiera les résultats et les recommandations, mais le détail des calculs pourra être relégué dans une annexe.

10.10 Résultats des études de base

En dehors de la présentation des résultats de l'évaluation proprement dite, il faut penser aussi à conserver sous une forme permanente et accessible les données de base rassemblées pour conduire l'évaluation. Ces données comprendront souvent une carte pédologique, ou une carte des sols et du relief, des données agroclimatiques et éventuellement des informations sur l'hydrologie, la végétation, etc., ou encore une étude des systèmes de terres et des éléments de systèmes.

Si la masse de ces données est importante, on les publiera dans un volume séparé et le rapport de l'évaluation lui-même n'en contiendra qu'un résumé.

Si les résultats de l'évaluation sont surtout présentés du point de vue économique - coûts, revenus et rentabilité - il importe particulièrement de mentionner les quantités physiques qui ont servi à calculer les coûts et les revenus. Cela permet de faire une réévaluation, et parfois de réviser la classification des aptitudes économiques, si les coûts et les prix relatifs varient.

10.11 Recommandations

L'évaluation des terres n'a pas pour rôle de dire à l'utilisateur ce qu'il doit faire. Elle présente une description raisonnée des conséquences, bénéfiques ou néfastes, de différentes lignes d'action. La prise de décisions concernant le développement est une démarche à part qui peut s'appuyer fortement sur les informations fournies par l'évaluation mais qui met en jeu également des préoccupations étrangères à celle-ci.

Tableau 10.6 - APTITUDE DES TERRES DES UNITES DE MISE EN VALEUR DES TERRES DANS LA REGION DU FLEUVE MANO, LIBERIA

Source: Van Mourik (1979)
Explication

Améliorations majeures

D:

drainage

Installation d'un réseau de drainage comprenant des fossés et des voles d'eau destinés à empêcher l'accumulation et l'inondation par les eaux de pluie, le ruissellement et la présence d'eau de mer, et à évacuer rapidement les eaux de pluie en excès sans provoquer d'érosion.


E:

lutte contre l'érosion

Introduction de techniques de conservation des sols: confection de terrasses, labour en courbes de niveau, culture en bandes, barrages dans les ravines, plantation de rideaux protecteurs, etc.


L'étude d'évaluation peut, toutefois, comprendre des recommandations. Souvent le mandat de l'étude prévoit que des recommandations soient formulées en tenant compte des besoins de développement identifiés. C'est bien entendu en fonction de ces objectifs que l'étude aura été planifiée et conduite. Il faudra cependant, au stade final, vérifier si les résultats de l'évaluation répondent aux objectifs. C'est ce qui apparaîtra dans les recommandations, dont chacune sera accompagnée d'un petit commentaire.

L'étude peut aussi avoir révélé la nécessité de prendre d'urgence des mesures dans certains domaines. Par exemple pour lutter contre l'érosion des sols ou pour conjurer une famine qui menace dans une zone surpeuplée. Même si le mandat de l'évaluation ne les mentionne pas, ces problèmes doivent être signalés aux utilisateurs, et des moyens suggérés pour y remédier.

La plupart des recommandations s'adressent à des utilisateurs, planificateurs ou responsables des politiques, qui ne sont pas des spécialistes. Elles doivent donc être rédigées dans un langage qui ne soit pas technique. Les principales recommandations sont réunies dans le sommaire qui se place au début du rapport d'évaluation.


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