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3. TENDANCES DE LA CONSOMMATION, DE LA COMMERCIALISATION ET DE L'EXPORTATION DES PFNL

Au niveau des communautés locales des zones forestières, le commerce des PFNL se fait sous forme d'échanges. Les échanges se font de deux manières (Nlegue, 1994, Debroux & al., 1998, Embolo, 1998):

· le troc qui s'effectue soit entre les Pygmées et les Bantous, soit entre les Bantous (Badjoué à l'Est). Les produits échangés peuvent être du gibier, des fruits et graines sauvages contre des produits vivriers, du sel, du tabac, des vêtements ou des ustensiles de cuisine;

· la vente formelle ou informelle (Tab. IX).

En matière d'utilisation, les PFNL sont utilisées de manière non formelle par les différents utilisateurs que sont: les tradipraticiens, les trafiquants, les commerçants locaux et artisans locaux. En dehors de cette utilisation non formelle. Il existe des structures qui exploitent et commercialisent et exportent certains PFNL de façon légale.

3.1. PLANTECAM, l'extraction et la commercialisation des substances végétales


L'organisme PLANTECAM dont le siège social se trouve à Douala a pour objectif l'obtention à base de plantes de matières de base et de principes actifs destinés plus particulièrement à l'industrie pharmaceutique et la Health Food. PLANTECAM réalise des extractions à partir de la matière végétale brute aussi bien dans son unité PLANTECAM installée au Cameroun, que dans son site de production PROSYNTHESE en France (Anonyme, 1997). Les principaux produits de PLANTECAM sont:

· l'extrait d'écorce de Pygeum africanum;

· l'extrait d'écorces de Pausinystalia yohimbe;

· la tabernosine extraite des graines de Voacanga africana;

· le Chlorhydrate de yohimbine, la vincamine et ses dérivés et l'ésérine. installée.

Comme produits secondaires, on peut noter des extraits de: Strophantus spp., Physostigma spp., Chrysanthellum spp., Iboga spp. PLANTECAM a pour clients toutes les industries pharmaceutiques, cosmétiques, diététiques, phytothérapeutiques, herboristériques.

3.2. HEVECAM et l'exploitation de l'hévéa


La firme HEVECAM (Hévéa du Cameroun) dans le Sud du Cameroun s'occupe de l'exploitation industrielle et de et de la commercialisation du latex d'Hevea brasiliensis au Cameroun. Elle dispose de milliers d'hectares de plantation d'Hévéa pour alimenter ses usines. Des données statistiques son disponibles au siège de ladite Société que nous aurions souhaité visiter pour en disposer. Nous n'avons pas pu le faire, faute de moyens logistiques et financiers.

3.3. La filière Voacanga


Jusqu'à ce jour, plus de 70 alcaloïdes ont été isolés des différentes espèces du Genre Voacanga (Leeuwenberg, 1985 cit. Woungly, 1986): tabersonine (alcaloïde majeur des graines de Voacanga africana), tetrahydroalstonine, yohimbine, pseudoyohimbine, 3-épi yohimbine, reserpine, polyneuridine, akuamidine, voachalotine, perivine, dregamine, tabernaemontanine, vobasine, voacarpine, perakine, voaphylline, minovincinine, lochnericine, beninine, A14 vincamine, cuanzine, decarbome thosyapocuanzine, ibogamine, coronaridine, ibogaine iboxygaine, voacangine, voacristine, voacryptine, voacamine, voacorine, voacamidine, deoxyrobtusine, vobtusine, voafoldine, voafoline, folicangine, amataine, quimbeline, 2 deoxy 3, oxovobtusine, 3-oxovobtusine, voafrine.

A cause de ces substances, des firmes pharmaceutiques portent un intérêt certain à ce genre, à l'exemple de la firme allemande Boehringer Ingelheim. Leeuwenberg (1985) cit. Woungly (1986) rapporte que plus de 400 tonnes de graines de Voacanga sont récoltées au Cameroun et exportées vers l'Europe. L'exploitation se fait par les paysans. La commercialisation est légale et surtout illégale.

3.4. Les PFNL consommés


Toutes les espèces végétales inventoriées au Chapitre II comme consommées par les populations locales sont vendues sur les marchés locaux. Certains de ces produits sont exportés vers les marchés gabonais, centrafricains, équato-guinéens, congolais et nigérians.

3.4.1. Les produits de consommation vendus dans les marchés locaux

Les feuilles de Gnetum africanum sont vendues hachées ou non hachées. 100 FCFA le paquet le tat lorsqu'elles sont hachées, et 100 FCFA le paquet lorsqu'elle ne sont pas hachées.

Les feuilles d'Aframommum spp. (Adjom), Ocimum basilicum (Messeb), Ocimum sp. (Ossim nnam) sont vendues en petits paquets de 100 FCFA ou 10 FCFA la tige.

Les écorces de Garcinia cola et Scorodophleus zenkeri sont vendues en morceaux. Les prix allant de 100 à 250 FCFA le morceau..

Les rhizomes de Zingiber officinale sont vendus 100 FCFA le tas.

Les fruits d'Elaeis guineensis (Palmier à huile) sont vendus 100 FCFA le tas. La pulpe est déjà produite de façon industrielle et est vendue 500 FCFA les 500g.

Le prix d'un fruit Cola acuminata,(Abel ou nia-abel en Beti, Cola dans le commerce), C. nitida (Abel goro en Beti, Cola dans le commerce), varie entre 10 et 100 FCFA.

Les fruits frais d'Irvingia gabonensis (Manguier sauvage) sont vendus 10 à 50 FCFA la pièce.

Les amandes de Ricinodendron heudelotii (Ndjansang) vendus 150 à 300 FCFA la boîte vide de 250g de lait concentré sucré Nestlé, communément appelées «cigarette» ou le verre de 25 cl.

Les amandes de Coula edulis (noisette) sont vendues 10 à 50 FCFA la pièce.

Les fruits de Tricoscypha arborea, T. acuminata, T. ferrugine sont vendus 10 à 25 FCFA la pièce.

Les fruits de Xylopia aethiopica (Bikui en Beti) , Aframomum meleguetta (Ndong en Beti), Aframomum sp (Mvonglo en Beti et Mbongo en Bassa) sont vendus 10 à 100 FCFA la pièce.

Les fruits d'Antrocaryon klaineanum sont vendus 10 FCFA la pièce.

Les fruits de Piper guineensis (Nkap en Beti, poivre dans le commerce) sont vendus 50 fCFA le tas. Ils sont atuellement transformés par l'industrie qui les vend soit à l'état brut, soi écrasés. Le pâque de 200g de brut produit industriellement coûte 150 FCA, celui de 250 g 500 FCFA, celui de 500g 1 000 FCFA.

Un gousseTetrapleura tetraptera (Apkwa enBeti, Essesse en Duala) est vendue 50 à 200 FCFA.

Le paquet de racines de la Rubiacées lianescentes est vendu à 100 FCFA.

Les graines de Monodora myristica (Medjock, Mendak en Bamiléké, Hikoma en Bassa, Pebe en Duala et Nding en Beti) sont vendus 10 à 25 FCFA la pièce.

Les graines de Bucholzia macrophylla (Mban en Eton) rapées et mélangées avec du citron vert et du piment sont vendues 50 à 100 FCFA la cuillerée.

Les graines de Garcinia kola (Niel ou Onye en Beti, Bitta cola en Pidgin) sont vendues 10 à 50 FCFA la pièce.

L'huile extraite des graines de Baillonella toxisperma, Butyrospermum parkii, Autranella congolensis, Omphalocarpom spp. et communément appelée huile de Karité est vendue 1500 à 2500 FCFA le litre.

La pâte d'Irvingia gabonensis est vendue environ 1 000 FCFA les 500g.

L'huile d'Allanblackia floribunda est vendue 1 000 à 1 500 FCFA le litre.

Pour ce qui est des Champignons c'est surtout les «Mbel messil  en Beti» ue l'on rencontre régulièrement dans les marchés. Le prix d'une tige varie entre 350 et 1500 FCFA.

Les larves de hanneton vendues 25 à 50 FCFA pièce.

Le prix des chenilles dépend de l'espèce. Les petites chenilles sont vendues le tas de 250 g environ à 100 FCFA. Les grosses chenilles sont vendues 10 à 50 FCFA pièce.

3.4.2. Les produits de consommation exportés

Les produits suivants sont exportés vers la Gabon, le Congo, le Nigéria, la république centrafricaine et la Guinée Equatotiale, et même l'Europe et les Etats Unis d'Amérique.

· Les feuilles de Gnetum africanum;

· Les écorces de Scorodophleus zenkeri et Garcinia Cola;

· Les rhizomes de Zingiber officinale;

· Les fruits de Cola acuminata, C. nitida , Xylopia aethiopica;, Aframomum meleguetta et Aframomum sp, Piper guineensis brut ou ecrasés 

· Les amandes de Coula edulis et Ricindendron heudelotii;

· Les gousses de Tetrapleura tetraptera;

· Le paquet de racines de est vendu à 100 FCFA.

· Les graines de Garcinia kola; Monodora myristica 

· L'huile extraite des graines de Baillonella toxisperma, Butyrospermum parkii, Autranella congolensis, Omphalocarpom spp;

· La pâte des amandes d'Irvingia gabonensis;.

· Les Champignons secs.

3.4.3. Le cas particulier de Gnetum africanum et Garcinia lucida

Gnetum africanum (Okok en zone francophone et Eru en zone anglophone) a toujours été sollicitée par la consommation domestique à cause de ses feuilles qui sont consommées comme met local. A ce titre, les feuilles de cette Gymnosperme lianescente sont vendues dans les marchés locaux, soit entières soit hachées.

Depuis le début de la décennie 90, G. africanum fait l'objet d'une exploitation intense et d'un commerce très fructueux vers l'extérieur. On peut ainsi rencontrer des camionnettes de marques Toyota (Hiace) pleine à craquer de tiges feuillées de G. africanum. On rapporte que ces récoltes sont exportées vers le Gabon et surtout les Etats Unis d'Amérique d'où l'on extrairait de l'alcool à partir des tiges et des feuilles.

Dans toute la zone forestière du Cameroun, les populations ont abandonnées l'utilisations des écorces d'autres espèces (Garcinia Cola, Aloum) dans la fermentation du vin de palme au profit de celles de Garcinia sp. 0 cause de cette situation, les écorces de cette espèce sont actuellement surexploitées au Cameroun. On rencontre régulièrement des sacs remplis d'écorce dans tous les marchés camerounais de la zone forestière.

Garcinia sp. qui est une espèce qu'on retrouve souvent sou forme de peuplements purs et dont les conditions de régénération sont encore mal connues. Compte tenue de l'exploitation abusive que l'on enfait, l'espèce est à l'heure actuelle menacée de disparition. En effet, des peulplements entiers ont été décimés parque les arbres ont vu leur tronc totalement écorché.

3.5. La filière rotangs


Comme Il a été signalé plus haut, Nzooh (1996) a identifié 9 espèces de rotangs dont 6 sont couramment utilisées dans la vannerie et par conséquent sont commercialisées: Calamus deëratus, Eremospatha macrocarpa, Eremospatha sp.2, Eremospatha sp.3, Laccosperma secundiflorum, et Oncocalamus mannii.

Les rotangs sont utilisés par les vanniers locaux pour la fabrication des meubles et ustensiles de maison: Chaises, canapés, salles à manger, fauteuils de la salle de séjour, lits, berceaux, garde-manger, étagères, classeurs divers, nasses, hottes, etc... Ces objets sont vendus au Cameroun ou exportés vers l'Europe et les pays voisins. Il existe des familles de vanniers de profession et de père en fils.

Le prix d'un rouleau de rotangs varie d'une localité à une autre. Il en est de même du prix des meubles en rotangs. Toutefois, le prix d'un salon en rotang (Un canapé, 4 fauteuils, un guéridon central et des coussins) peut atteindre et même dépasser 250 000 FCFA.

3.6. La filière ustensiles de cuisine et meubles


3.6.1. Le Raphia

Comme nous l'avons signalé plus haut, des meubles sont fabriqués à partirs des pétioles des palmes de Raphia. Ces différents meubles sont vendus soit localement soit écoulés vers les grandes villes. Des familles entières (axe Mblamayo -Yaoundé, dans le Centre) tirent l'essentiels de leurs revenus de la vente des meubles fabriquées à base des sous-produits du Raphia.

3.6.2. Les autres espèces

Nous l'avons vu plus haut (Chapitre II), des meubles et ustensiles de cuisine sont fabriqués avec du bois et des sous-produits d'autres espèces. Ces différents produits sont vendus dans les marchés locaux. Il existe des familles d'artisans fabricants de mortiers, pilons, manches diverses et autres et qui ne tirent l'essentiel de leurs revenus de la vente de ces outils. Les prix de tous ces produits varient d'une localité à une autre.

3.7. La filière Gibier et poisson d'eau douce


Le gibier est l'objet d'un commerce florissant vers les grandes villes. Il est vendu soit à l'état frais, soit à l'état boucané. Selon Debroux & Dethier (1993), le prix par kilogramme de gibier frais toutes espèces confondues est de: 254 FCFA dans les villages et 1 492 FCFA à Yaoundé. La viande boucanée quant à elle est de 287 FCFA le Kilo dans les villages et de 1 499 à Yaoundé. Parmi les Reptiles consommés, les crocodiles, les varans, les vipères et les tortues sont sollicités par le commerce.

Un exemple des prix d'achat de quelques espèces de gibiers sauvages dans différentes endroits au Cameroun est donné dans le tableau.

Tableau IX. Prix d'achat en FCFA de quelques espèces de gibier dans divers endroits du Cameroun (Debroux & Dethier, 1993, revu).

Produit

Malen

Petit village de la RFD

Somalomo

Chef lieu d'Arrondissement

Akonolinga

Chef- lieu de Départment

Yaoundé

Chef-lieu de Province

Céphalophe bleu entier frais

500

500

800

2 500-4 500

Athérure fraîche

500

500

1 000-2 000

3 000 -7 500

Pangolin frais

600-700

700-1000-2000

1 500-3 000

2 500-6 000

Singe Moustac frais

1 000

1 000

2 000-3 000

4 000-5 000

Crocodile frais

1 500-4 000

2 000-5 000

5 000-10 000

15 000-18 000

Gigot de Céphalophe frais

500

1 500

1 500-2 000

2 000-2 500

Gigot de Potamochère frais

1 000

1 000

1 500

6 000-10 000

Céphalophe bleu entier boucané

500

500

600-1 000

2 000-2 500

Gigot de Céphalophe boucanés

500-600

600-800

800-1 000

2 000-2 500

Gigot de Potamochère boucané

600-700

800-1500

1500-2 500

4 000-6 000

Quant au poisson Debroux & Dethier rapportent, qu'un poisson frais d'1,5 kg se vend en moyenne 500-800 FCFA dans les zones de pêche. Le prix d'un kg de silures revient à environ 2 726 FCFA, alors qu'un kg d'hétérotis revient à 2 465 FCFA.

3.8. La filière charbon de bois


Le charbon de bois fait l'objet d'un commerce florissant. Il existe des familles "Charbonniers" de père en fils qui tirent tous leurs revenus de ce produit. Le charbon de bois est vendu en sacs. Un sac de charbon de bois acheté directement au producteur revient en moyenne à 1 000 FCFA. Il est revendu par un grossiste aux "Bayam Sellam" dans les marchés des grandes villes à un prix moyen de1 700 FCA (Angoni, 1998).

3.9. Circuit de Commercialisation des PFNL au Cameroun


Les PFNL sont généralement collectées par les communautés locales. Ils peuvent être directement vendus au consommateur. Généralement, ils sont dabord achetés par des grossistes. Toutes fois certains en provenance du Nigéria peuvent rentrer dans le circuit de commercialisation au niveau des grossistes. Les grossistes les livrent soit:

· directement au consommateurs (cas exceptionnels);

· aux marchés gabonais, tchadiens, nigérians et centrafricains;

· aux «Bayam sellam» qui sont des revendeuses des marchés urbains;

Les «Bayam sellam les vendent définitivement au consommateur (Fig. 1).

Grossistes

Marchés gabonais, tchadiens, nigérians et centrafricains

« Bayam sellam »

Consommateur

Fig. 1. Circuit commercial des PFNL au Cameroun (Nlegue, 1996, revu).

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