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III/ SITUATION SPECIFIQUE DE QUELQUES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX VEGETAUX.

 

3.1/ Les PFNL du rônier

 

3.1.1/ Présentation du rônier

Nom Commun : Rônier

Famille : Palmeae Sous Famille : Borassoïdeae

Nom scientifique : Borassus aethiopum

Nom vernaculaire : Guiguiya (haoussa) ; Bêy (zarma)

Le Borassus aethiopum est un palmier héliophile à fût droit, renflé vers le sommet, lisse et gris. Les feuilles sont flabelliforme, en larges éventails et palmées. Les fleurs mâles sont en spadices ramifiées, tandis que les fleurs femelles ne sont pas ramifiées et plus courtes. Les fruits quant à eux sont ovoïdes ou globuleux, fibreux, aromatiques de couleur orangée quand ils sont mûrs.

La rôneraie la plus importante au Niger se trouve dans le Dallol Maouri et le long du fleuve à Gaya. Elle couvre une superficie de 30.000 ha.

En dehors de la production des lattes, le rônier est un arbre à multiples usages et les autres produits qu’il fournit sont tellement importants qu’on peut considérer que tout de l’arbre est utilisé.

Nous essayerons d'apprécier cette importance à travers les produits ou sous-produits du rônier notamment les fruits, le "miritchi", les fleurs mâles, les racines, les pétioles et les feuilles.

 

3.1.2/ Production et exploitation des fruits du rônier

Le fruit vert contient un jus doux qui se gélifie plus tard et qu'on consomme comme la noix de coco. Le fruit mûr dispose d'un mésocarde fibreux qui contient un liquide visqueux de couleur jaune et d'un goût très sucré. Ce jus sert dans la fabrication de la bouillie à base de mil ou est mélangé pour faire des galettes. La noix du fruit mûr est utilisée parfois comme amuse-gueule par les femmes.

Sur la base d'hypothèse des données d'inventaire de 1988 et de 1996, la rôneraie du Dallol Maouri compte environ 187.554 pieds femelles en production, celle du fleuve aurait 15.344 pieds femelles, soit un total de 202.898 pieds femelles productrices.

Selon les paysans, chaque pied fructifie tous les 8 mois pour donner 250 fruits environ soit une production totale de 50.724.500 fruits/an. On estime que 10 à 30% des fruits sont prélevés à l'état vert selon les régions soit entre 5.072.450 et 15.217.350 fruits. Ainsi, ce sont de 45.652.050 à 35.507.150 fruits qui arrivent à maturité. Le fruit mûr est vendu à 10 Fcfa sur le rônier soit un revenu de 50.724.500 à 152.173.500 F CFA / an pour l'ensemble de la rôneraie.

 

3.1.3/ Production et exploitation du "miritchi"

Il désigne, en langue Haoussa, l'axe hypocotyle du jeune rônier gorgé de réserve qui fait l'objet de culture spéciale en vue de la consommation. Le "miritchi" constitue un des produits du rônier dont la production permet à la plupart des ménages des villages riverains de la rôneraie de tirer un revenu substantiel. C'est un produit qui a un goût appréciable et son aspect lorsqu'il est cuit tend vers les tubercules de manioc. Il est transformé en farine pour la préparation de la pâte ou du couscous. Il est présumé aphrodisiaque.

Pour évaluer la quantité de Miritchi produit, on prend comme hypothèse, un fruit contient trois (3) graines environ.

Si tous les fruits sont consommés dans les environs de la rôneraie, on a donc un potentiel de 136.956.150 à 106.521.450 miritchi. En réalité, si on considère que sur les 90.000 hbts de la zone, seuls 3,65% produisent le miritchi (PAIGLR, 1993). On aura donc 3.285 producteurs. A l'intérieur de ces producteurs, on distingue trois (3) groupes :

Les petits producteurs 47% du total (Idrisa, 1997) soit 1.543 producteurs avec chacun une moyenne 1,4 sacs. Ce sont 1543 x 1,4 = 2.160 sacs qu'ils produisent (un sac contenant entre 700 - 1000 miritchi soit une moyenne de 850 miritchi). Leur production s'élèverai donc à 1.836.000 miritchi. Au prix de 25 Fcfa pièce c'est un revenu net de 45.900.000 F CFA qui est dégagé par ces producteurs.

Les producteurs moyens : ils représentent environ 25% des exploitants soit 851 exploitants. Avec une production moyenne par exploitant de 5,5 sacs, ce sont 4.680 sacs qui sont produits soit production de 3.978.425 miritchi et un revenu de 99.460.625 fcfa.

Les grands producteurs : il sont au nombre de 891 producteurs et produisent en moyen 8,25 sacs chacun soit un total de 7.350,75 sacs, de 6.248.137 Miritchi et un revenu de moyen de 156.203.425 fcfa.

Ce produit fait l'objet, de plus en plus d'une commercialisation au niveau régional vers les villes principales du Niger et au Nigeria. Le revenu est plus important à l'échelon régional. En effet, selon une étude menée en 1993, la valeur marchande de la quantité du "miritchi" vendu chaque semaine aux marchés de Kamba et Gunki (Nigeria) se chiffre respectivement à 1.500.000 F CFA et 1.225.000 F CFA. Ce chiffre rapporté à toute la période pendant laquelle on trouve du miritchi sur les marchés (trois mois), cette valeur va s'élever à 32.700.000 F CFA sur les deux marchés seulement. Et elle vaut dix fois plus à Kano (Nigeria). A cela, il faut ajouter la partie de la production non négligeable qui est écoulée vers l'intérieur du pays (Niamey, Dosso, Tahoua, Maradi etc.).

3.1.4/ Production et exploitation des fleurs du rônier

Après leur rôle naturel de pollinisation, les fleurs mâles constituent une valeur économique certaine à travers l'embouche et la fertilisation des champs. Ainsi selon Atta (1997), ce sont 15 à 155 fleurs par arbre et un poids moyen de 2,5 à 26 kg par arbre à chaque floraison qui sont produits. Mais il n'est presque pas possible de déterminer avec suffisamment de précision, la part exacte de ce produit dans la composition des revenus tirés. Toutefois à titre indicatif, selon les témoignages des producteurs, on peut dire que les fleurs mâles sont pour au moins 50% à la base du revenu tiré de l'embouche (PAIGLR, 1993).

 

3.1.5/ Production et exploitation des racines, des pétioles et des feuilles

Le rônier à travers les racines, les feuilles et les pétioles, fournit une matière première abondante aux fabricants d'engins de pêche (nasses) et de meubles. Ainsi à titre d'exemple, le compte d'exploitation d'un artisan qui travail pendant 14 mois de fabrication des meubles se présentera comme suit (Amadou, 1996) :

 

Tableau N°18 : Exemple de compte d'exploitation d'un fabriquant de meubles en pétiole

(Source : Enquête).

Charges d'exploitation

Montant

Produits de vente

Montant

Frais de transport récolte

Achat de pointes

Achat de vernis

Petit outillage consommé

Taxe de marché

Patente

84.000

35.000

12.000

10.000

84.000

6.500

52 chaises à 1500 FCFA

5 lits à 1 place à 6500 F

8 lits 2 places à 8000 F

21 tables à 2500 F

35 tabourets à 400 F

25 salons à 15000 F

78.000

32.000

64.000

52.500

14.000

375.000

Total

231.500

 

616.000

Revenu

384.500 F CFA

 

3.1.6/ Les contraintes

Malgré l'importance des produits forestiers non ligneux fournis par le rônier, des contraintes existent quant à la production et à la commercialisation. Il s'agit :

Des prix aux producteurs très faibles par rapport aux commerçants. Cela est une conséquence du manque de structure organisationnelle des producteurs du PFNL ;

De l'insuffisance de semences pour augmenter la production et la superficie exploitée en PFNL du rônier ;

Du manque de moyens de transport. Certaines exploitations sont très éloignées des axes d'écoulement du PFNL et le produit demande à être évacué à l'aide des charrettes ;

Des techniques culturales inadaptés conduisant à des pertes de production.

 

3.1.7/ Perspectives

Les perspectives d'amélioration de la filière de production / commercialisation passeraient par la mise en place de structures paysannes de commercialisation et l'amélioration des techniques culturales pour rehausser le gain du producteur. Des lieux de centralisation et de vente peuvent être ouverts pour des transactions plus organisées.

 

3.2/ Les Gommiers.

 

3.2.1/ Importance des gommeraies au Niger.

L'aire de distribution des gommiers au Niger se situe à la limite de la zone de culture dans la zone pastorale entre le 11ème et le 15ème parallèle.

Les peuplements les plus denses se trouvent dans le Manga (région de Diffa). Les conditions pluviométriques se situent entre l'isohète 200 et 300 mm. L'espèce la plus répandue demeure cependant l'Acacia senegal même si l'on note certaines formes d'associations avec des espèces comme Acacia laeta, A. tortilis, A. seyal, A. radiana. Dès lors, il n'est pas surprenant que l'on trouve la gomme issue des autres espèces telle que Combretum nigricans.

Les zones de production reconnues au Niger sont Téra dans le nord-ouest, le nord et l'est de Tessoua, le nord de Maradi, dans la vallée de la Tarka, puis toute la frange sud du pays allant de l'est de Zinder jusqu'à Diffa.

Au plan des opérations d'aménagement et de protection des gommeraies, les actions significatives entreprises datent de 1975-79 où l'on a procédé systématiquement, à travers le Projet Gommeraies Denses Naturelles, à la mise en défens pour une période de quinze (15) ans des peuplements d'Acacia senegal.

En revanche, la non-poursuite du projet n'a pas permis de déboucher sur des actions visant l'amélioration de la production de la gomme. Les gommeraies, laissées à elles-mêmes ont disparues ou dépéries.

 

 

Tableau N°19 : Les Gommeraies du Niger : Situation et superficie

(Source : I. Wata (1995) modifié et complété).

Département

Nom gommeraie

Superficie (ha)

Date de classement

Gouré

Gouré PK 15

Maja

Dalkori

Kaoutchoulou

Nogob

Guidio

Baraki

546

443

244

395

488

1.190

250

15/7/1976

15/7/1976

15/7/1976

15/7/1976

15/7/1976

14/6/1977

14/6/1977

Mainé Soroa

Goudoumaria

Malam Balmari

Kayetawa

Kodjéméri

Toubouroum

72

333

94

156

66

15/7/1976

15/7/1976

15/7/1976

15/7/1976

Diffa

Kalgounam

Gagamari

Malam Minari

Maiganari

281

86

410

132

15/7/1976

15/7/1976

15/7/1976

15/7/1976

Dakoro

Intuila

Guidan Moussa

Matoya

Bader

545

251

188

82

 

Totaux

 

6.252

 

 

3.2.2/ Exploitation, commercialisation et importance de la gomme au Niger.

La qualité de la gomme dépend de son origine. Ainsi on distingue :

Acacia senegal

Qui donnent une gomme arabique ou gomme dure

Acacia laeta

Acacia seyal

Acacia nilotica Qui donnent une gomme Talha ou gomme friable

Acacia radiana

Au Niger, la cueillette de l'exsudat naturel constitue la seule forme d'exploitation de la gomme. La période favorable se situe entre décembre et février, en pleine saison sèche froide. Au Niger, la gomme présente sur le marché est un mélange provenant de l'Acacia senegal, Acacia laeta, l'Acacia seyal, Combretum nigricans.

L'exploitation de la gomme était organisée, longtemps avant les indépendances, dans le Manga. Selon Watta (1995), il existait en 1938 treize (13) centres de vente dont les plus importants étaient Killakam, Djajiri, Goudoumaria et Kolonfordo pour la seule subdivision de Mainé soroa. La gomme du Manga provenant de l'Acacia senegal était reconnue comme étant de très bonne qualité et les exportations étaient estimées entre 1947 et 1950 à 3.965 tonnes soit une production annuelle moyenne de 900 à 1.000 tonnes principalement en direction du Nigeria via le port de Lagos.

Après l'indépendance vers les années 1960 - 1962, l'organisation de l'exploitation de la gomme était prise en charge par la Copro-Niger. La principale source d'approvisionnement était le Manga et les quantités présentées sur les marchés restent très variables et conditionnées par la pluviométrie notamment en l'absence de pratique de la saignée.

Tableau N°20 : Evolution de la quantité de gomme commercialisée par la Copro-Niger de 1972 à 1983 (Source : I. Wata, 1995).

Année

Quantité commercialisée (tonne)

Valeur correspondante (Fcfa)

Prix au Kg

(fcfa)

1972

835

58.252.000

65,7

1973

644

44.958.000

69,8

1974

185

14.296.571

77,2

1975

638

159.357.550

249,7

1976

466

   

1977

169

   

1978

277

62.711.750

226,0

1979

160

35.876.000

224,0

1980

80

22.422.500

280,0

1981

113

32.184.000

284,8

1982

62

20.212.500

331,3

1983

59

28.713.750

487,5

Le tableau N°20 ci-dessus donne une idée de la quantité de la gomme commercialisée de 1972 à 1983 par la Copro-Niger. Comme on peut le constater, les prix étaient relativement bas à l'époque et peu motivants.

Quelques années après l'extinction de la Copro-Niger, au profit de la privatisation, certains particuliers dont ASI (Achat Service International) récupèrent le marché et font aujourd'hui preuve d'un professionnalisme avancé.

Ainsi, la quantité de gomme (provenance Niger) commercialisée se présente ainsi qu'il suit :

 

Tableau N°21 : Evolution de la quantité de gomme commercialisée par ASI de 1990 à 1995 (Source : I. Wata, 1995).

Années

Quantité commercialisée

1990

1991

1992

1993

1994

1995

20 tonnes

20 tonnes

60 tonnes

120 tonnes

160 tonnes

200 tonnes

Les quantités inscrites dans le tableau ci-dessus ne prennent pas en compte la part du commerce informel dans les marchés locaux et avec les pays frontaliers.

Cette situation nous montre que la production commercialisée de la gomme s'est fortement effondrée quand nous savons que le Niger a produit 950 tonnes soit 1,6% de la production Afrique qui s'élève à 59.380 tonnes (UNSO, 1984). A ces 950 tonnes, il faut ajouter la gomme qui est écoulée au Nigeria, pays qui a exporté 2.500 tonnes au cours de la même année.

L'effondrement de la production de la gomme au Niger est surtout lié à la sécheresse de 1973 - 1974 qui a décimé presque toutes les plantations dans le Manga, mais aussi en partir aux difficultés de collecte à partir des intermédiaires sûrs et confiants du produit au niveau des peuplements de l'est du pays. Cela a amené l'ASI à concentrer ses efforts sur les seuls gommeraies de l'ouest (Téra plus précisément).

Cette entreprise exploite annuellement au Niger environ 160 tonnes. A cela, il faut ajouter 100 à 200 tonnes annuellement importées du Nigeria et du Tchad pour pallier l'insuffisance de la production nationale.

Les prix sont ainsi très variables localement (250 F/kg à 450 F/kg) en fonction des saisons (pluviométrie), des zones de collecte mais surtout de la qualité du produit.

Au Tchad et au Nigeria où la qualité est relativement bonne, les prix peuvent varier entre 800 et 2.500 F/kg. Rendu en Europe les prix se réfèrent à ceux fixés par le Soudan qui est le principal exportateur (90% de la production mondiale) généralement autour de 1.600 $/tonne. Ce prix reste aussi très fluctuant et principalement fonction des années de bonne et de mauvaise production.

 

3.2.3/ Tendances

Le peu d'intérêt accordé à la question comme en dénote les actions entreprises relègue le Niger au dernier plan des exportateurs. D'après Wata (1995), c'est seulement en 1994 qu'ont eu lieu les premiers tests de saignée qui ont permit d'obtenir entre 8 et 150 g d'exsudat par sujet. Or Von Maydell (1983), avance un rendement moyen de 250 g par arbre en raison de deux productions par an.

 

3.2.4/ Les contraintes

Les contraintes sont la cause réelle de la chute de la production. Elles sont surtout dues à :

Un vieillissement et la disparition d'unes grande partie des gommeraies suit aux sécheresses antérieures ;

Un désintéressement des villageois pour ce produit, compte tenu d'un prix d'achat peu rémunérateur.

 

 

3.2.5/ Perspectives

Le Niger dispose d'une bande sahélienne de plus de 2.500 km de long et de 150 à 200 km de large qui corresponde à l'aire principale des gommiers. Cette aire constitue à n'en point douter, un excellent terrain de production de la gomme arabique.

De plus, comme noté plus haut, il existe un circuit sûr des privés qui s'intéressent à la commercialisation. Avec ce regain d'intérêt, les producteurs commencent à planter d'importantes superficies en gommiers notamment Acacia senegal. Ainsi, pour augmenter la production, il faudrait comme l'a préconisé Wata (1995) :

Engager une prospection, découverte des gommeraies naturelles pour mieux comprendre leur envergure ;

Proposer des plans d'aménagement types de gommeraies selon le système d'exploitation en vigueur dans le milieu ;

Au plan de la recherche, réaliser des tests de provenance et de saignées qui doivent être poursuivis en terrain paysan pour à la fois convaincre et former les intéressés. Le pays doit en outre, disposer de laboratoire agrée capable d'effectuer les premières analyses de certification de la qualité du produit prêt à l'exportation ;

L'organisation de la collecte et de la commercialisation peut être laissée au soin des privés pour permettre le libre jeu de la concurrence et donc améliorés la qualité des prestations sur le marché international.

 

3.3/ Moringa oleifera

Nom scientifique : Moringa oleifera

Synonyme : Moringa pterygosperma Gaertk

Nom commun : pois quenique

Noms vernaculaires : El Maka ou Zogala gandi (Haoussa), Windi boundu (Zarma).

 

3.3.1/ Production, exploitation des produits usuels du Moringa

Le Moringa originaire d'Arabie et des Indes, est aujourd'hui largement répandu en Afrique de l'Ouest et en Asie du Sud, bien que tardivement introduit au Niger (peu avant les indépendances en 1960), la culture est aujourd'hui largement répandue, notamment le long du fleuve et dans les zones de bas-fond.

Les producteurs se procurent les semences dans leur propre verger ou chèrement au marché en raison de 800 F la tia (mesure équivalent à 2 dm3). Les difficultés d'approvisionnement en semences sont liées au prélèvement des fleurs par les paysans qui pensent que leur abondance sur la plante empêche la production de la biomasse foliaire. La culture s'étend sur toute l'année avec plusieurs récoltes. Le semis intervient en saison sèche avec un apport de fumure organique et chimique avant et après l'opération. On sème trois (3) graines par paquet à une profondeur de 1,5 cm. La levée intervient dans les conditions optimales trois (3) jours après. Après labour désherbage et apport continue d'eau, la première récolte intervient un mois après le semis. Ensuite, la fréquence des récoltes varie en fonction des saisons ; de deux à trois fois par mois en saisons de pluies, elle passe à une fois par mois en saison sèche.

Sa résistance à la sécheresse fait que même si elle n'est pas arrosée, la plante ne meurt pas. Dans ce cas, il n'y a pas de production foliaire et les paysans récupèrent les tiges dont l'écorce est utilisée pour ses fibres. Les souches subsistantes rejettent dès les premières pluies.

Le Moringa est une espèce à usages multiples :

* Les feuilles : les jeunes feuilles sont consommées crues ou bouillies et sont riches en acide ascorbique ou grillées (riches en fer, calcium et phosphore). Les feuilles bouillies à l'eau sont utilisées dans la préparation des soupes, sauces ou couscous en Afrique.

Les feuilles, les jeunes pousses, les inflorescences et les jeunes fruits sont appréciés par les espèces rumifères. Les feuilles sont un excellent fourrage de haute valeur nutritive.

La composition en pourcentage de matières sèches.

 

Tableau N°22 : Composition bromatologique des feuilles de Moringa

(Source : singh, 1982 flamboyant N°40 Déc. 96)

Protéines

15 à 20 %

Fibres

07 à 08 %

Calcium

03,5 %

Phosphore

0,3 à 0,5 %

* Les fruits : ils sont consommés cuits dans l'eau salée comme des haricots verts ou comme condiments conservés dans du vinaigre. Les fruits sont riches en protéines, en phosphore et ont une bonne teneur en calcium et en fer.

* Les graines sont consommées grillées comme celles d'arachide. Elles contiennent une amande qui donne une huile utilisée autre fois comme purgatif, mais comestible. Elles sont d'une haute qualité nutritionnelle. L'huile extraite, est d'une première qualité comestible, dense, très fluide, limpide et conservée longtemps sans durcir. La deuxième qualité est utilisée comme lubrifiant en horlogerie et pour fixer les parfums.

Les graines pilées sont aussi utilisées pour purifier l'eau. La procédure est la suivante : la poudre de la graine pilée est délayée dans l'eau puis remuée pendant une demi-heure dans un plat, puis on verse, le mélange dans le récipient qui contient l'eau à purifier. Il y a dépôt, au bout de 2 à 3 heures. On incline alors doucement le récipient pour en soutirer l'eau clarifier, en laissant au fond un culot. Cette eau ne présente selon Von Maydell (1983) aucun danger pour la santé.

En Inde, les gousses se mangent comme des haricots verts et sont exportées en boîte de conserve vers l'occident.

* Les fleurs du Moringa sont très prisées par les femmes et les abeilles tirent du nectar qui donne un miel purement parfumé et d'excellente qualité.

* Les racines : les jeunes racines sont consommées comme des légumes en Afrique Occidentale. Dès l'antiquité, les racines du Moringa oleifera étaient considérées comme un excellent antibiotique pour traiter des abcès. C'est aussi un anti-scorbut et un anti-ictère. Elles sont souvent employées dans la médecine populaire sénégalaise.

Les racines broyées servent de révulsif, mélangées à du sel, constituent un excellent anti-inflammatoire. Les racines tout comme les graines pilées sont utilisées pour purifier l'eau.

* La gomme qui provient de l'excudation de l'écorce lorsqu'elle est blessée, est utilisée comme condiment en Arabie et en Inde.

 

3.3.2/ Importance relative du Moringa oleifera

Le Moringa prend de plus en plus de l'importance au Niger et particulièrement autour du centre urbain de Niamey et dans la zone du fleuve. C'est une source de revenus mais aussi un appoint alimentaire, disponible presque toute l'année. C'est pourquoi, certains producteurs à Dembou (le long du fleuve), le surnomme "Aba Niaizé" littérairement "plus qu'un parent".

A superficie égale, c'est une culture qui rapporte plus que la plupart des cultures vivrières. Ainsi, selon une enquête que nous avons menée le long du fleuve, un jardin de 0,25 ha peut fournir en saison de pluie, 15 &a grave; 20 sacs par récolte et un jardin de un (1) ha produit en moyenne 70 sacs à une fréquence de 2 à 3 fois par mois. A cette période le prix du sac varie de 750 F à 1.000 F. Pendant le Ramadan, le prix monte jusqu'à 3.000 F voir 4.000 F le sac. En saison sèche, le rendement est faible et dépasse rarement 10 à 15 sacs par hectare et par mois, mais par contre le prix est plus intéressant entre 2.500 F à 3.000 F CFA.

Un producteur moyen peut donc produire entre 140 à 210 sacs par mois/ha. Au prix moyen de sac 1.125 F, il a un revenu mensuel de 157.500 F à 236.250 F CFA auquel il faut déduire certaines charges comme l'achat des semis, de la fumure, l'irrigation, le transport, la contre partie versée aux intermédiaires.

 

3.3.3/ Description de la filière consommation / commercialisation.

La culture du Moringa est pratiquée plutôt pour la vente, que pour l'autoconsommation. Les fleurs sont exclusivement destinées à l'autoconsommation. Les feuilles fraîches sont destinées à la vente et une partie à l'autoconsommation. Elles sont consommées cuites sous forme de salade ou mélangée avec du maïs ou du riz.

Les feuilles sont commercialisées fraîches. La production varie selon les saisons. Elles sont conditionnées dans des sacs en jute et acheminées au marché urbain à Niamey.

Les principaux clients sont les femmes venant des villages environnants. Certains producteurs font eux-mêmes le déplacement jusqu'au centre urbain.

Le circuit de commercialisation est relativement compliqué avant la destination du produit au marché. Le transport du produit est assuré par des charrettes lorsque le site est éloigné du fleuve en raison de 75 F/sac. De là, il est transporté à 50 F/sac en pirogue pour la traversée du fleuve, puis en voiture en raison de 100 F/sac jusqu'à Niamey. Une fois sur le marché, l'écoulement du produit est assuré par des intermédiaires qui sont généralement des femmes. Chaque intermédiaire perçoit 100 F sur chaque sac vendu.

Cette organisation permet aux producteurs de ne pas toujours se déplacer au marché pour vendre leurs produits. Ils confient simplement les produits aux transporteurs qui le remettent aux femmes intermédiaires chargées d'écoulement.

Dans la région de Maradi, les feuilles sont séchées et acheminées au marché de Niamey. Elles sont vendues soit en sac ou en tia. Le prix varie selon les saisons et surtout selon la durée de stockage. Ainsi, les feuilles nouvellement séchées, donc encore vertes se vendent mieux et plus chères que les vieux stocks. Le prix est de 100 cfa la tia et de 2000 F CFA le sac en jute.

Les revenus tirés de la vente des produits sont importants, un paysan nous a confié qu'il a pu financer son pèlerinage à la Mecque grâce aux revenus tirés de la vente du Moringa. Ces revenus leur permettent aussi d'acheter des vivres, de payer les salariés engagés, de se marier, d'acheter des intrants et des moyens de transport (vélos, motos, charrettes,...).

 

3.3.4/ Contraintes et perspectives

Un certain nombre des problèmes se posent quant à la production et la commercialisation du Moringa. En ce qui concerne la production, le principal facteur limitant est l'eau, car il faut arroser la culture huit (8) sur douze (12). Les champs sont souvent éloignés du fleuve et la nappe phréatique baisse au fur et à mesure qu'on s'éloigne du lit principal.

Pour pallier ce problème d'eau, les producteurs creusent des puits. Cette opération nécessite beaucoup de mains d'œuvre et le puits doit être refait après chaque saison des pluies.

Un autre frein à la production est l'attaque des ennemis de la plante. Les traitements se font à base du DDT ; mais ce produit coûte cher et n'est pas à la portée de tous. Au niveau de la commercialisation, les intermédiaires semblent mieux profiter des retombées de la culture que les productions eux-mêmes.

Cependant, le Moringa contribue largement à améliorer le niveau de vie des producteurs soit directement par consommation du produit, soit indirectement par les revenus générés sur la vente du produit. Toutefois, en faisant une comparaison avec les utilisations dans d'autres pays, on se rend compte que le Moringa est insuffisamment valorisé au Niger.

Aussi pour mieux valoriser les profits tirés de la plante, il faut :

Au préalable procéder à une vulgarisation des multiples avantages de la plante ; l'aspect purification de l'eau par les graines pourrait particulièrement toucher les paysans qui ont rarement accès à l'eau potable ;

 

 

à court terme :

* solutionner les problèmes d'appoint d'eau en essayant d'améliorer la confection des puits;

* identifier de façon précise les ennemis de la plante et trouver des produits phytosanitaires à la portée des paysans ;

* multiplier les moyens de transport, notamment les charrettes et les pirogues à travers des structures des crédits.

à long terme :

* mettre en place des systèmes moderne d'irrigation. On pourra par exemple creuser des canaux à partir du fleuve et utiliser des motopompes pour faire une irrigation à la raie ;

* organiser les producteurs en structures coopératives, ce qui leur permettra de faire des gros investissements (préparation des terrains, achats de matériels agricoles, mais aussi des fertilisants et produits phytosanitaires...) ;

* améliorer les réseaux routiers ruraux ;

* et enfin, la recherche doit s'atteler à la recherche d'une variété de Moringa plus résistante aux conditions climatiques, mais aussi aux ennemis naturels.

 

3.4/ Le Baobab

 

3.4.1/ Présentation du Baobab

Nom scientifique : Adansonia digitata

Famille : Bombacaceae

Nom commun : Baobab

Noms vernaculaires : Kuka (Haoussa), Koo nya (Zarma).

Arbre à fût énorme jusqu'à vingt (20) mètres de haut et à cime étalée ou assez ouverte. Les feuilles avec 5 à 7 folioles ovales sont alternes, digitées et longues pétiolées. L'écorce, de couleur gris violacée ou argentée est lisse. Les fleurs sont solitaires et pendantes avec de longs pédicelles. Les fruits sous forme de capsules sont blanchâtres et pubescents. (Von Maydell, 1983)

 

3.4.2/ Production, exploitation des produits usuels du Baobab

Le Baobab nous offre aussi un bel exemple d'arbre à usages multiples. On en consomme les feuilles, les jets, les écorces, les fleurs et les fruits. Les récoltes de ces différents produits se font selon les saisons.

En général, l'exploitation des produits fournis par l'arbre se fait de façon anarchique. On exploite tous les produits en fonction des périodes végétatives tous les ans. Cela a des conséquences néfastes sur la vie de l'arbre. Les opérations de récolte provoquent souvent des blessures sur l'arbre et l'expose ainsi à des attaques parasitaires. L'exploitation rationnelle consiste à prélever chaque année un peu de tout, en fonction des besoins. L'arbre n'est jamais complètement dépouillé de tous ses organes vitaux et peut ainsi poursuivre son développement normal.

Dans le cadre d'un aménagement, l'exploitation se fait de façon cyclique rationnelle ou intensive. La première année est consacrée à l'exploitation des feuilles, des écorces et des rejets. Au cours de la seconde année du cycle, l'arbre est laissé au repos pour qu'il puisse reconstituer ses branches. La troisième année on récolte les fruits et ainsi de suite. L'exploitation cyclique consiste donc en une rotation de l'activité d'exploitation des produits de l'arbre avec la phase de reconstitution des organes végétatifs de l'arbre.

Les feuilles : fraîches ou sèches, elles sont utilisées dans la préparation des sauces. Dans certaines régions du pays (Magaria - Matameye), l'arbre est entretenu plutôt pour ses feuilles que pour les fruits. Les feuilles sont aussi un fourrage de haute valeur nutritive et contient beaucoup de calcium et de fer. Sèche, elles sont souvent utilisées pour calmer la diarrhée des petits ruminants.

Les fruits : leur pulpe est comestible et riche en vitamine B1 et C. Dans certaines régions du Niger, la pulpe est mélangée à l'eau pour faire du jus ou pour la préparation de la bouillie du mil.

Les jeunes plantules et les racines des jeunes plants : se mangent comme des asperges.

 

3.4.3/ Circuit de commercialisation des produits usuels du Moringa

Le Niger n'est pas une grande production des PFNL du Baobab. Les zones de production se situent en partie dans le département de Gaya, la région de Maradi et le sud de la Région de Zinder. Pour l'essentiel, la production écoulée dans les marchés nigériens provient du Burkina Faso, du Bénin ou du Nigeria.

Les grossistes sont généralement des femmes, qui elles-mêmes achètent le produit auprès des enfants (pour les fruits) ou des propriétaires d'arbre (pour les feuilles). Le produit est d'abord acheté en petite quantité, puis conditionné et stocké avant d'être acheminé sur le marché. Un sac de feuilles sèches coûte entre 850 et 1000 fcfa ; un sac de 100 kg de "pain de singe" coûte entre 14.000 et 15.000 fcfa ; un sac de fruits coûterait entre 1.500 et 2.500 fcfa.

Chaque femme peut en vendre 15 sacs de feuilles sèche par marché de Niamey qu'elles fréquentent deux (2) à trois (3) fois par mois.

 

3.5/ Le Tamarinier

 

3.5.1/ Présentation du Tamarinier

Nom scientifique : Tamarindus indica

Famille : Caesalpinaceae

Nom commun : Tamarinier

Noms vernaculaires : Tsamia (Haoussa), Bossey (Zarma).

Grand arbre atteignant 30 m de hauteur et 1 m de diamètre. L'arbre présente une cime étalée, une écorce grise, très crevassée et écailleuse. Les feuilles sont alternes, pennées. Les fleurs sont jaunâtres à dessins rouges en grappes instables, de 3 à 5 cm de long, groupées ou en cime. Les fruits sont droits ou légèrement courbés, cylindriques, aplatis de 5 à 15 cm de long avec 1 à 10 graines brunes, luisante dans une pulpe brune ou rouge (Von Maydell, 1983).

 

3.5.2/ Usages du Tamarinier

Le tamarinier est un arbre à usages multiple au Niger :

Les fruits : Ils sont utilisés en alimentation humaine. Les fruits sont conservés sec, à l'abri des insectes. Le fruit mûr est aussi utilisé en cas d'affections intestinales, bilaires, d'empoisonnement et comme laxatif. Une compresse de pulpe de fruit combat les enflures, ajoutée à d'autres produits c'est un fortifiant pour le cœur et réduit la teneur en sucre du sang. La pulpe est utilisée dans les sauces et la fabrication des boissons rafraîchissantes.

Les graines : Dans certaines régions, les graines décortiquées sont consommées grillées ou cuites mais la valeur nutritive n'est pas confirmée.

Les feuilles et les fleurs : Elles sont consommées comme salade. Les fleurs sont très butinées par les abeilles pour la fabrication du miel. Les feuilles et les fleurs donnent un fourrage de haute valeur nutritive.

 

3.5.3/ Circuit de commercialisation des PFNL du Tamarinier

Le tamarin écoulé dans les marchés de Niamey provient de Torodi (Ville située à 60 km au sud-ouest de Niamey) ou des autres régions du sud du pays. Présentement, la production nationale est insuffisante pour couvrir les besoins du pays. Cela est dû à la disparition progressive de l'espèce suite à une exploitation abusive et aux conditions climatiques défavorables. Le tamarin est surtout importé du Burkina Faso ou du Nigeria.

Au Niger, la cueillette des fruits se fait lorsque ceux-ci sont parfaitement mûrs (vers le mois de janvier). Ils sont ensuite séchés et conditionnés dans des sacs. Le prix du sac de tamarin dépend des saisons. En saison froide pendant les cueillettes le sac coûte 5.000 fcfa tandis qu'en saison chaude ou à l'approche du ramadan, le prix remonte à 8.000 fcfa.

 

 

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