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Réglementation de l'exploitation
et de la replantation des rotangs
aux Philippines: comment garantir la
durabilité de la ressource

F.O. Tesoro

Fiorentino Tesoro est Directeur du
Forest Products Research and
Development Institute, Laguna (Philippines).

Aux Philippines, l'exploitation des parterres de coupe de rotin est réglementée par des appels d'offres, des possibilités de coupe annuelle et l'imposition d'un dépôt spécial pour la replantation du rotin. Les cueilleurs individuels, les coopératives, les associations, les sociétés, les communautés autochtones et les propriétaires ou les administrateurs des industries de transformation du rotin peuvent soumettre une offre. Toutefois, les communautés autochtones ont la priorité sur les autres candidats dans les zones situées à l'intérieur de leur domaine ancestral. Les licences sont accordées pour une durée maximale de 10 ans.

Cependant, la durée limitée des licences d'exploitation du rotin n'encourage pas leurs titulaires à aménager la ressource dans une optique de durabilité. L'imposition de possibilités de coupes ne garantit pas non plus que la ressource sera gérée durablement. Les titulaires tendent à ramasser le plus grand nombre de cannes possible sans se préoccuper du volume des récoltes après expiration de leur licence décennale.

Pour supprimer cet inconvénient, il a été décidé de transférer tous les permis d'exploitation du rotin accordés dans les zones d'aménagement communautaire des forêts sous la juridiction et la gestion d'organisations populaires ou de communautés autochtones de ces zones. Ces communautés ont un droit de jouissance de 25 ans renouvelable sur la zone. Ce droit de jouissance prolongé et les avantages qu'en tirent les communautés les incitent à gérer les forêts de manière durable. Grâce à ce nouvel arrangement, les communautés de montagne peuvent aussi tirer les fruits des ressources de rotang situées dans leurs zones.

Bottes de rotin aux Philippines

- CIFOR/1854/B. BELCHER

D'autres mesures ont pour objet de garantir la durabilité, notamment l'institution d'une possibilité de coupe annuelle et l'obligation de replanter qui est faite aux titulaires des licences.

Pour garantir la replantation, ces derniers sont tenus de laisser un dépôt spécial s'élevant respectivement à 0,57 peso (0,012 dollar EU) pour les cannes de 2 cm de diamètre ou plus, et à 0,46 peso (0,010 dollar EU), pour les cannes de diamètre inférieur à 2 cm, par mètre linéaire récolté. Le titulaire de la licence peut se servir du dépôt pour faire effectuer les opérations de plantation par des entreprises du secteur privé ou par des organismes publics.

Toutefois, le dépôt spécial ne garantit pas que les plantations seront mises en valeur à l'intérieur de la zone exploitée ou ailleurs, sauf s'il est strictement spécifié que les licences deviendront caduques si les travaux de plantation ne sont pas entrepris au cours d'une année donnée. En l'état actuel des choses, les superficies replantées grâce au dépôt sont limitées. Dans une région, les dépôts spéciaux accumulés depuis 1991 s'élèvent aujourd'hui à plus de 25 millions de pesos (530 000 dollars EU), mais aucune plantation n'a été améliorée.

Il serait peut-être plus efficace de remplacer le dépôt spécial pour la replantation de rotin par une autre solution consistant à obliger les titulaires des licences à soumettre un plan de développement de la plantation, pour attester qu'une somme équivalant à un an de dépenses de mise en valeur de la plantation a été déposée dans une banque, et fournir une preuve qu'un contrat a été passé avec une tierce partie pour développer la plantation. La mise en valeur des plantations devrait être contrôlée et aucune licence d'exploitation du rotin ne devrait être maintenue l'année suivante, si la plantation prévue n'est pas déjà en cours.


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