Le bois de chauffe et le charbon de bois restent à Madagascar les principales sources d'énergie en milieu rural et en milieu urbain.
En milieu rural, le bois de chauffe est utilisé à des fins domestiques dont la commercialisation reste informelle. Les bois sont ramassés en forêts par les membres des ménages. Les artisans, les fabricants de briques, les producteurs de tuiles et des outils de transformation des produits agricoles utilisent également le bois de chauffe pour leur travail.
En milieu urbain, le bois de chauffe et le charbon de bois sont utilisés à des fins domestiques par des familles à revenu moyen. Ils sont utilisés également à des fins professionnelles (pâtisserie, établissement de restauration publique, boulangerie).
Des données sur le bois-énergie (la production et la consommation, les techniques de transformation, les espèces utilisées, les filières et les prix) existent au sein de plusieurs organismes mais d'une façon dispersée et disparate. De plus, les chiffres officiels sont relativisés par le fait que la part extrêmement élevée de l'exploitation illicite n'est pas prise en considération. Lors des ateliers organisés par la FAO (Gabon, Madagascar), il a été souligné que les statistiques sur le bois-énergie sont incomplètes.
En programme de partenariat avec le CE-FAO, une étude pilote sur le bois-énergie a été effectuée l'année dernière en vue d'améliorer la capacité de la DGEF et du Ministère de l'énergie à collecter et à gérer les informations sur le bois-énergie.
1.1 Au niveau de la demande en bois-énergie
Situation actuelle
Concernant les principales sources de données de consommation en bois-énergie, un éventail d'informations est disponible au sein de plusieurs organismes : DGEF, UPED, ESSA Forêts, Direction de l'énergie, Ministère des Finances, Ministère de l'industrie, Direction de la Douane, FOFIFA, Green Mad.
Pour la plupart, ces données sont éparpillées dans différents ouvrages, fiches d'enquête ou stockées dans des supports informatiques. Chaque organisme détenteur d'informations a son propre classement et effectue lui-même la mise à jour.
Etant donné la dispersion et la disparité des données au niveau des différents organismes et ministères, il y a souvent une différence entre les chiffres, ce qui illustre le manque de cohérence et la faible fiabilité des données.
Plusieurs méthodes de collecte ont été utilisées :
· estimation de la consommation à partir des données statistiques existantes
· élaboration d'un système d'enquête en zone urbaine et rurale qui consiste à faire des pesées quotidiennes au niveau d'une famille choisie comme échantillon représentatif de la population totale le plus souvent stratifiée (RANDRIANARIVONY 1987, RAHERIMANANTSOA, 2000)
· enquête questionnaire auprès d'un ménage choisi au hasard suivant une stratification bien définie ou bien par un choix d'échantillons pris dans un centre urbain ou rural et de demander aux consommateurs les quantités qu'ils utilisent (B.RAMAMONJISOA, 1991 ; RAZAFINDRALAMBO, 1985)
· évaluation de la consommation à partir des propositions de revenus consacrés à l'achat de combustible. Il s'agit de connaître le revenu moyen de chaque famille en fonction de sa catégorie professionnelle auquel sera déduite la part de revenu consacrée aux besoins domestiques en combustibles. La quantité consommée sera évaluée en divisant ce revenu par le prix du charbon sur le marché
· détermination de l'énergie utile et estimation par extrapolation : méthode utilisée par la Direction de l'Energie qui consiste à évaluer l'énergie utile pour chaque utilisation de combustible. La consommation totale est à calculer à partir de cet élément en déduisant l'énergie apportée par les autres types de combustible (électricité, gaz, pétrole).
Les lacunes à ces différentes méthodes sont :
· les enquêtes sont de petite envergure et se font
d'une manière ponctuelle faute de moyens humains et financiers
· la non
prise en compte des consommations en milieu rural qui ne transitent pas par
des circuits commerciaux échappant également à toutes méthodes de
quantification
· les chiffres obtenus par enquête ménage ne sont pas
fiables car souvent peu de consommateurs tiennent un cahier de
comptabilisation de revenu consacré au bois-énergie
· les enquêtes
effectuées en milieu rural sont très rares
· la détermination de l'énergie
utile est une méthode théorique différente de l'énergie effectivement utilisée compte tenu du pouvoir d'achat de chaque consommateur et des déperditions lors de l'usage du combustible.
Pour rendre l'information transparente et vérifiable, il faudrait, d'une part établir un réseau de collaboration et d'échange d'informations entre les différents organismes détenteurs et d'autre part, créer une base de données permanente sur le bois-énergie.
Pour améliorer la fiabilité des consommations, il faudrait mettre en place un mécanisme d'enquêtes permanentes auprès des différents consommateurs par secteur (domestique, ménage, industriel / commercial et autres), aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. Ce qui nécessite l'acquisition des moyens suffisants et adéquats et la motivation des agents de collecte de données. En outre, il faudrait prendre en compte les données échappant aux circuits commerciaux (ramassage libre de bois de feu pour les besoins quotidiens)
1.2 Au niveau de l'approvisionnement en bois-énergie
Situation actuelle
Une des sources principales d'approvisionnement en bois-énergie est les résidus (déchets, copeaux et branchages) d'exploitation des forêts d'eucalyptus ou de pins.
La quantité de charbon ou bois de feu produite par l'exploitant doit être mentionnée dans le permis et cahier de chantier de l'exploitant. La production en bois-énergie surtout en charbon, peut être consommée sur place ou vendue en milieu urbain ou en milieu urbain secondaire sur délivrance d'un laissez-passer au transporteur par le service forestier. En milieu rural, le bois de feu est le plus utilisé et l'approvisionnement se fait par ramassage de bois morts dans les forêts échappant aux circuits commerciaux.
Les principales sources de données d'approvisionnement en bois-énergie sont les rapports trimestriels et annuels des diverses ramifications des services forestiers à travers les permis de coupe et les laissez-passer délivrés. Des ouvrages ont été également élaborés en vue de montrer les données sur l'approvisionnement en bois-énergie à Madagascar.
La fiabilité des données n'est pas assurée à cause de l'insuffisance de contrôle des axes d'approvisionnement, des zones de production, des points de vente et des transporteurs effectués par le service forestier. En effet, les quantités produites et transportées ne sont pas vérifiées et l'on suppose que les chiffres donnés sur les permis sont souvent inférieurs à la réalité. De plus, les agents forestiers se fient aux déclarations du titulaire de permis ou de laissez-passer. Il y a également possibilité au transporteur d'utiliser plusieurs fois le même laissez-passer pour plusieurs transports.
Comme il a été dit auparavant, la procédure de collecte de données sur le bois-énergie repose entièrement sur les permis de coupe et laissez-passer délivrés par le service forestier. Ainsi, sur la base d'informations existant dans les permis de coupe et laissez-passer, les chefs triage font des rapports qui sont acheminés vers les cantonnements. De même, ces derniers font les leurs et les acheminent auprès des conscriptions des Eaux & Forêts (CIREF) qui les transmettent à leur tour auprès des Directions Interrégionales des Eaux & Forêts (DIREF) pour être centralisés au niveau du Service de la Statistique. Par ailleurs, des enquêtes questionnaires sur l'approvisionnement ont été effectuées auprès des points de vente aux centres urbains et aux centres urbains secondaires sur la base de sondage par échantillonnage (RAMAMONJISOA, 1991), et auprès des scieries pour les sciures de bois. Des enquêtes trafic existent par entretien auprès des transporteurs lors des comptages trafic ou dans les stations de véhicules de transport, et enfin par entretien dans les zones de production en bois-énergie.
Les principales lacunes de l'information concernant l'approvisionnement en bois-énergie sont :
· L'insuffisance des moyens matériels et humains du
service forestier pour mener à bien le contrôle des axes d'approvisionnement
et les zones de production.
· Les enquêtes ponctuelles et de petite
envergure effectuées auprès des producteurs et des transporteurs.
· La
rétention d'information au niveau de certains détenteurs
· La non capitalisation des informations existantes
Pour rendre l'information transparente et vérifiable, il faudrait :
· délivrer des permis par voie d'adjudication
·
maîtriser les circuits de commercialisation de bois-énergie
· créer une
base de données permanente pour chaque axe d'approvisionnement et chaque point
de vente
· capitaliser les données existantes
Pour améliorer la fiabilité des données d'approvisionnement, il faudrait effectuer :
· un contrôle effectif des permis de coupe et des
laissez-passer avec le chargement des transporteurs de bois-énergie
· une
enquête permanente auprès des points de vente et des transporteurs
· un renforcement des enquêtes trafic.
En partenariat avec la FAO, une étude prospective du secteur forestier malgache en 2020 a été effectuée durant le second semestre 2000 à partir de la situation actuelle,; l'étude a tenté de visualiser l'évolution probable des forêts, des industries forestières et des institutions dans les vingt années à venir, et d'évaluer les conséquences probables économiques, sociales et environnementales intéressant le secteur forestier.
Différentes politiques et stratégies nationales ont été élaborées en vue de pérenniser les ressources forestières à savoir :
· la politique forestière ayant pour finalité la
gestion durable des ressources forestières qui concilie leur préservation,
leur valorisation économique et le développement des populations
riveraines ;
· la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté
(SNLP) qui pourrait avoir une incidence importante sur l'amélioration globale
au cadre exogène du secteur forestier ;
· la politique de
décentralisation et de déconcentration qui pourrait avoir un effet positif en
conférant plus d'autonomie aux provinces et donc, plus de marge de manœuvre
pour la mise en œuvre de la politique forestière et des plans directeurs
forestiers régionaux ;
· Le plan d'action pour le développement rural
(PADR) ;
· La stratégie nationale de transfert de gestion des
ressources naturelles aux communautés de base (GELOSE).
Lacunes
Différentes contraintes subsistent pour la mise en œuvre de ces politiques et stratégies :
· la paupérisation de la masse engendrant
l'utilisation des combustibles moins coûteux surtout pour les ménages (charbon
et bois de feu)
· le taux d'accroissement démographique galopant entraînant
un décalage croissant entre les besoins sociaux économiques et les ressources
forestières susceptibles d'y faire face
· le rythme croissant des
dégradations forestières (feux de végétation et défrichement) jusqu'à limiter
l'initiative aux reboisements
· la non fiabilité des données sur la
consommation et l'approvisionnement
· la méconnaissance des superficies des
forêts exploitées pour le bois-énergie
Situation actuelle
Pour assurer la gestion durable des forêts, la politique forestière malgache a été élaborée et adoptée par le décret n° 97 1200 du 2 octobre 1997. Cette politique définit quatre grandes orientations qui sont :
· Enrayer le processus de dégradation
· Mieux gérer
les ressources forestières
· Augmenter la superficie et le potentiel
forestiers
· Accroître la performance économique du secteur forestier.
En particulier, la deuxième orientation recherche, dans une optique de développement durable, la meilleure adéquation possible entre les ressources et les besoins en produits forestiers, entre autres, le bois-énergie.
Des textes réglementaires régissant la gestion des exploitations forestières ont été élaborés :
· arrêté n° 12 702/2000 du 20/11/00 portant suspension
d'instruction de dossiers de demande de délivrance de permis d'exploitation et
de permis de coupe à titre onéreux
· arrêté n° 12 703/2000 du 20/11/00
portant création d'un observatoire du secteur forestier
· arrêté n° 12
704/2000 du 20/11/00 relatif à l'arrêt de toute activité extractive de
ressources ligneuses dans les zones sensibles.
Pour alléger la pression d'exploitation sur les forêts, un décret incitatif n° 2000-383 du 7 juin 2000 relatif au reboisement a été également adopté. Un arrêté d'application n° 8398-2000 du 5 septembre 2000 fixant les modalités dudit décret incitant les communes à effectuer des reboisements. En fait, ce sont ces communes, principales consommatrices et productrices de bois-énergie qui ont été responsabilisées à effectuer des reboisements.
En outre, la Direction de l'énergie est actuellement en train d'élaborer une politique de l'énergie.
Les lacunes sont situées dans l'application et le respect des textes réglementaires au niveau des collectivités décentralisées. La mise en œuvre de la politique forestière n'est pas encore effective, le transfert de gestion des ressources naturelles est encore à l'état embryonnaire et la politique de l'énergie en phase de conception.
2.2 Synergie institutionnelle
Situation actuelle
Au niveau de l'institut national de la statistique a été crée un comité de coordination des informations statistiques et économiques (CCISE) par décret n° 89 016 du 18 janvier 1989. Ce comité a pour mission :
· de définir les besoins de la République de
Madagascar en matière d'information statistique et économique et d'en établir
les priorités
· d'assurer la coordination des différents programmes
d'enquêtes et études statistiques et d'en contrôler l'exécution et la
réalisation
· d'intervenir dans tout domaine pouvant concourir à
l'amélioration méthodologique de la collecte et de l'exploitation des données
· de viser la publication ou la diffusion des données statistiques
relatant ou pouvant relater la situation économique et sociale du pays,
globale ou sectorielle.
La lacune réside dans le fait que le CCISE n'est pas
encore opérationnel depuis sa création, car les membres n'ont pas été motivés
à assurer les missions qui leur ont été assignées ; mais vu l'importance
que prennent actuellement les informations dans le développement national du
pays, l'INSTAT essaie de relancer et de redynamiser ce comité actuellement.
2.3. Planification
Les contraintes principales à la planification du bois énergie sont :
· l'incohérence et la non-fiabilité des données au
niveau des institutions responsables qui sont souvent handicapées par des
faibles ressources humaines et financières
· la faible priorité
généralement accordée aux informations en bois énergie
· les faiblesses
politiques et institutionnelles
· les capacités nationales non confirmées
pour la collecte et l'analyse des données en bois énergie
2.4 Perspectives
Les perspectives préconisées pour une meilleure planification du secteur bois-énergie sont :
· l'amélioration du système d'information
· la mise
en œuvre de la politique forestière et de la politique de l'énergie
· la
promotion de la recherche sur certaines espèces pour substituer celles les
plus exploitées actuellement.
· La capitalisation de la recherche sur la
technique et la technologie forestières.
Ismaïl TOURE,
Coordinateur projet Énergies Renouvelables,
Direction Nationale de
l'Énergie
1. STATUT D'INFORMATION
Demande et offre en bois-énergie
Situation actuelle: 1982 la première situation des ressources ligneuses du Miii a été faite par la FAO: étude régionale au niveau de treize (13) Etats de la sous-région «Disponibilités en bois de feu en région sahélienne de l'Afrique occidentale. Situation et perspectives ».
La superficie totale boisée a été estimée à près de 15,5 millions d'hectares - risques de déficit de bois de feu selon l'étude.
1987-1991- les potentialités forestières du Mali ont été dégagées par le PLRL avec plus de précisions: la situation s'est avérée moins dramatique, en particulier dans les régions sud du pays.
Superficie totale des formations ligneuses estimée à près de 33 millions d'hectares avec un volume sur pied d'environ 516 millions de m3 et une productivité pondérée sur l'ensemble du pays de près de 0.86m3/ha/an.
Disponibilité de l'information sur le bois-énergie : Jusqu'à la fin des années 1980 à la Direction Nationale des Eaux et Forêts - DNEF - Ministère chargé des forêts.
Sous forme de rapports techniques qui mentionnaient régulièrement les quantités de bois entrant dans les villes et le niveau des recettes du budget d'État sur l'exploitation de ce bois.
Pour établir les besoins des populations rurales et urbaines en bois-énergie, deux types d'enquêtes sont menées:
a) enquêtes filières des grandes et moyennes villes en 1985, 1990, 1992, 1995 et 2000. Recensement sur une période de 7 jours consécutifs et 24 heures sur 24, de toutes les entrées (principales et secondaires) de bois-énergie dans les villes considérées. Effectuées trois fois dans l'année (saison froide, saison sèche et chaude et saison pluvieuse) et avec une extrapolation sur l'année.
b) Enquêtes consommations domestiques en milieu urbain et rural. Auprès d'échantillons de ménages, d'artisans et d'autres consommateurs avec pesées de la consommation quotidienne (bois ct/ou charbon) et extrapolation des moyennes sur l'année. Menées dans le cadre d'études spécifiques et très souvent font l'objet de mémoires d'étudiants.
L'étude la plus détaillée et la plus récente en la matière est celle effectuée dans le cadre du Programme ESMAP en 1988 et a couvert cinq villes avec les échantillons suivants :
A partir du début des années 1990 : lancement de la Stratégie Nationale pour l'Énergie Domestique (SED): Réduire la demande et Accroître l'offre de combustibles ligneux- Agir simultanément sur l'approvisionnement, la consommation, le commerce et la demande de bois énergie.
Première phase:1996-2000
Dans le cadre de la SED, deux cellules d'exécution ont été mises en place en 1993. Il s'agit:
· Cellule Combustibles Ligneux (CCL), au sein de la Direction chargée des forêts, actuelle Direction Nationale de la Conservation de la Nature au niveau du Ministère chargé de l'Environnement;
· Cellule Énergie Domestique(CED), au sein de la Direction Nationale de l'Énergie au niveau du Ministère chargé de l'Énergie.
Aujourd'hui, toutes les données disponibles sur le bois-énergie au Mali sont stockées au niveau de ces cellules qui sont chargées de leur mise à jour.
A partir de 2000, la CED a été désigné comme point focal du Centre de Ressources et d'Etudes des Stratégies du secteur des Énergies Traditionnelles et de Substitution (CRETAS).
A partir de 1995, mise en place du Système d'information et d'évaluation permanent (SLEP).
Objectifs prioritaires du SIEP:
(j) comprendre la situation de façon à pouvoir intervenir le plus efficacement possible;
(ii) prévoir les évolutions futures de façon à réorienter et adapter les actions en fonction de ces évolutions.
Les résultats du SLEP sont publiés dans le bulletin semestriel en 1000 exemplaires (8 numéros déjà publiés).
Le SLEP dans sa version actuelle est composé de 13 modules dont:
5 modules lourds, prévus notamment pour fournir les informations et données nécessaires à l'élaboration et la révision périodique des Schémas Directeurs d'Approvisionnement principales villes en bois-énergie (SDA);
8 modules légers de suivi : suivi environnemental, suivi des prix en milieu rural, suivi des prix en milieu urbain, marchés ruraux, ventes de fourneaux améliorés, vente de réchauds à pétrole et à gaz, ventes de combustibles de substitution, et communication (formation, information et publicité).
Modèle d'impact, Globus, dont l'objectif est de fournir aux acteurs de la SED et à ses partenaires financiers un outil d'évaluation des impacts des actions menées. Globus est une modélisation sur 20 ans, conçue suivant trois principes:
· évolutivité,
· utilisation
de la moins mauvaise hypothèse possible, et
·
intégration aux outils de la SED.
Globus compare trois scénarios:
· le scénario de référence, correspondant à
l'évolution tendancielle du secteur énergie domestique sans intervention
publique significative;
· le scénario d'évolution
prenant en compte les actions menées dans le cadre de la Phase 1, mais sans
intervention ultérieure;
· et le scénario d'évolution
escomptée en poursuivant la mise en œuvre de la SED dans le cadre d'une Phase
2.
Le modèle a pu être validé sur les bassins de Bamako et de Ségou.
Six `panels' de consommateurs regroupant quelques 2000 ménages représentatifs des ménages des villes suivantes : Bamako (1000 ménages), Kayes, Ségou, Sikasso, Mopti, Gao et Tombouctou (150 ménages chacune).
Le suivi de ces `panels' permet à la CED de prendre le pouls des consommateurs et facilite les anticipations quant aux changements des habitudes.
La phase 1 de la SED a permis l'élaboration des Schémas Directeurs d'Approvisionnement des principales villes en bois-énergie (SDA) ; il s'agit des villes de Bamako, Ségou, Mopti, Koutiala, Niono de Kayes, Sikasso et Bougouni. Très avancés, ils seront finalisés courant 2001.
Le SDA: outil d'orientation, de planification et de suivi
Le SDA: base de rationalisation de la gestion des ressources ligneuses situées dans le bassin d'approvisionnement d'une ville et de la réorganisation nécessaire de la filière commerciale, d'exploitation, de transport et de distribution en ville du bois-énergie.
Le SDA définit les réorientations souhaitables des flux d'approvisionnement et identifie les zones d'intervention prioritaires
Le SDA permet de constituer une base de données statistiques et cartographiques nécessaires au suivi des zones d'exploitation forestière sur les plans écologique et socio-économique.
Au Mali, la quasi-totalité du bois-énergie consommé en milieu rural comme urbain provient des forêts naturelles. Cependant des plantations privées concourent à l'approvisionnement de certaines unités industrielles telles que les tabacs et allumettes, les sucreries, les céramiques etc.
Le domaine classé de l'État contribue également à l'approvisionnement des populations mais dans les conditions d'une gestion organisée ; il s'agit principalement de:
· Trois forêts classées autour de Bamako, exploitées
sous la responsabilité de l'Unité de Gestion Forestière (UGF),
· Forêts classées du cercle de Kita, à l'ouest de Bamako,
exploitées sous la responsabilité du Projet appuyé par le BIT/Norvège,
· Forêts de Dioforongo, à côté de Ségou.
Les informations sur la contribution des forêts classées exploitées sont éparses et ne sont pas stockées en un seul endroit, mais disponibles au niveau des structures en charge de ces forêts. Quant à la contribution des formations privées, l'information n'est pas disponible.
Lacunes:
Les données de base de la plupart des études sont celles issues des travaux du Projet d'Inventaire et de Surveillance Continue des Ressources Ligneuses au Mali (PLRL), qui se sont basés sur des images satellites datant de 1987-1991.
Les informations utilisées concernant des niveaux individuels de consommation sont issues d'études ponctuelles de précision et de fiabilité diverses. Les informations démographiques fiables dataient de plus de dix ans. En l'absence d'autres sources de données, les données des SDA et celles issues des enquêtes du SIEP/SED demeurent les plus fiables. Ces enquêtes sont généralement conjoncturelles (ponctuelles), donc les données ne peuvent être qu'une photographie de la situation du moment. A partir de 1995, le SIEP permet d'entreprendre des enquêtes (lourdes et légères) avec une certaine périodicité . Mais avec la fin des financements de la SED, ce travail est également ralenti ou arrêté. Il est nécessaire et important de procéder à l'actualisation de ces SDA en utilisant des images satellites plus récentes et en utilisant les données démographiques qui viennent de paraître (en 1999); ce qui permettrait la durabilité de l'information sur le bois-énergie. Il est également nécessaire de trouver les moyens d'assurer la fonctionnalité des cellules créées à cet effet, sinon ces cellules cesseront d'exister avec la fin des financements. Ceci est d'autant important que la CED est le point focal et CRETAS au Mali.
2. POLITIQUES, PLANIFICATION ET ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS:
Politique et législation
Situation actuelle:
La politique de l'énergie du Gouvernement du Mali vise à permettre l'utilisation rationnelle de toutes les formes d'énergies (traditionnelles et modernes) susceptibles de favoriser le développement humain, économique et industriel, et l'amélioration des conditions d'accès aux énergies modernes des populations -en particulier, les populations les plus démunies - à moindre coût, dans une perspective à long terme.
Un des axes principaux de cette politique - la sauvegarde des ressources forestières, notamment le bois-énergie, par une exploitation soutenable au profit des populations rurales.
En matière d'énergies traditionnelles, les orientations sont:
· la réduction de la demande de combustibles ligneux
(bois de feu et charbon de bois), en favorisant la diffusion des équipements
améliorés pour la cuisine, et en contribuant à la promotion dans les
conditions économiques de l'utilisation du gaz butane et du pétrole pour la
cuisine, et permettant la substitution à travers la valorisation des résidus
agricoles et végétaux;
· la mise en adéquation
progressive des coûts des combustibles ligneux avec la valeur économique de la
ressource, pour une meilleure protection des ressources forestières et une
modernisation des activités d'approvisionnement et de commercialisation du
bois de chauffe.
Lacunes:
· Réglementation et fiscalité forestières inadaptées:
relativement complexe, donc difficile à comprendre et appliquer, dans la
mesure où elle est définie par plusieurs textes - principalement trois lois,
un décret et trois arrêtés - dont aucun ne pose clairement le cadre global; en
conséquence le contrôle forestier inefficace,
· Manque
de motivation des agents du contrôle forestier,
· Elle
ne traite pas en profondeur la décentralisation, et tout le dispositif
réglementaire et fiscal local reste à définir.
Synergies institutionnelles
Situation actuelle
Depuis le début des années 1990, deux départements assurent conjointement la tutelle du secteur de l'énergie domestique.
· Le Ministère chargé de l'énergie à travers la
Cellule Énergie Domestique au sein de la Direction Nationale de l'Énergie,
pour le volet DEMANDE;
· Le Ministère chargé des
forêts à travers la Cellule Combustibles Ligneux au sein de la Direction
Nationale de la Conservation de la Nature, pour le volet OFFRE;
· Un Comité Directeur composé des deux directeurs
nationaux (Énergie et Conservation de la nature), orientent les activités des
deux volets.
· Depuis 1996, un Comité National de
Coordination du Secteur de l'Énergie Domestique (COSED), composé des
représentants de tous les intervenants dans le secteur se réunit au moins une
fois par an pour analyser et faire le bilan des actions menées dans le
secteur, faire au besoin des recommandations en vue d'améliorer la situation,
dans un rapport qu'il soumet au Gouvernement.
Le COSED est composé des représentants des services techniques en charge de l'énergie et des forêts, des professionnels du bois-énergie - PBE - (paysans producteurs de bois, transporteurs et commerçants de bois), des consommateurs, des ONG, services techniques indirectement impliqués, etc.
Lacunes:
Ancrage institutionnel de la SED inadapté et manque d'indépendance et d'autonomie de la structure de pilotage du projet.
Décentralisation non encore effective : la prise en compte de la décentralisation s'est donc limitée dans la plupart des cas au plan de la réflexion.
Manque de coordination des deux volets dans la conduite de certaines actions, telles par exemple les enquêtes dans le cadre du SLEP.
Planification
Comme souligné plus haut, le SDA est l'outil d'orientation, de planification et de suivi, base de rationalisation de la gestion des ressources ligneuses.
Les principales faiblesses et insuffisances à la planification du secteur bois-énergie sont :
· Insuffisance de données récentes sur la ressource
bois ;
· Coût assez élevé des images sur les
formations végétales ;
· Décentralisation pas
suffisamment prise en compte ;
· Divergence des
approches entre intervenants ;
· Faible implication de
la CED dans l'élaboration des SDA ;
· Prise en compte
insuffisante du changement de comportement de consommation dans les SDA.
1. Place de la forêt dans le territoire
Le Maroc s'étend sur une superficie totale de 71 millions d'hectares dont 10,4 % de terres arables, 77% de terrains de parcours et terres incultes, et 12,6 % de forêts et de formations assimilées.
Au dernier recensement en 1994, la population a atteint le seuil de 26 millions d'habitants, presque également partagés entre les villes et la campagne ( 12,6 millions d'habitants ou 48,5 % de la population totale virant en milieu rural).
Le PNB agricole varie entre 15% et 20% du PNB total du pays. Dans ce PNB, la contribution de la forêt qui n'a, à ce jour, jamais été publiée, est estimée à 5%. Mais cette donnée ne reflète que les résultats des ventes des produits forestiers recensés par les statistiques officielles. Elle ne tient nullement compte de l'importance de la forêt sur l'environnement et du rôle social qu'elle joue, en procurant aux populations vivant en forêt, ou à sa lisière, parcours et bois de feu.
2. Les principales formations forestières du Maroc
De part sa situation géographique privilégiée, l'océan atlantique à l'Ouest et la mer Méditerranée au Nord, ses chaînes de montagne du Rif et de l'Atlas, le Maroc présente une très grande diversité de formations végétales et arbustives, allant des acacias sahariens épars dans le Sud, aux belles cédraies du Rif et du Moyen Atlas.
L'inventaire forestier national réalisé en 1994 donne pour superficie du couvert forestier, la valeur de 8,9 millions d'hectares, dont 3,1 millions de nappes alfatières. Cette superficie forestière se répartit de la manière suivante :
Forêts naturelles |
Superficies |
Chêne vert |
1.364.100 |
Chêne-liège |
348.200 |
Arganier |
828.300 |
Acacia saharien |
1.128.300 |
Total Feuillus |
3.668.900 |
Cèdre |
131.800 |
Thuya |
607.900 |
Genévrier |
326.100 |
Cyprès de l'Atlas |
6.000 |
Pin |
95.160 |
Sapin |
6.000 |
Total Résineux |
1.172.960 |
Essences diverses |
72.040 |
Maquis |
900.000 |
Nappes alfatières |
3.155.700 |
Total |
8.969.600 100% |
Si l'on considère la superficie totale du pays qui est de 71 millions d'hectares, le domaine forestier occupe 12 % du territoire national, avec un taux de couverture forestière de 8 %. Ce pourcentage est faible au regard du taux de boisement moyen mondial qui est de 29%.
3. Approvisionnement énergétique du Maroc
Le Maroc, dont le niveau de consommation énergétique augmente rapidement (6 % par an sur la période 1961-1972, 3% par an entre 1981 et 1986, et 5,6 % entre 1990 et 1995), assure son approvisionnement en énergie à partir de deux filières.
Une filière conventionnelle :
qui met sur le marché les énergies conventionnelles comme le pétrole, le gaz, et l'électricité. Cette filière est caractérisée par la prépondérance des produits pétroliers. En 1995, plus de 6 millions de Tep de pétrole ont été consommés, soit 74% du total des consommations. Le charbon, l'électricité et le gaz naturel viennent loin derrière, avec respectivement 23 %, 28 % et 0,2 % .
Consommation |
Production | ||||
Type d'énergie |
1000 Tep |
% |
Type d'énergie |
1000Tep |
% |
Produits pétroliers |
6140 |
74 |
Pétrole et gaz naturel |
21 |
0,3 |
Charbon |
1970 |
23 |
Anthracite |
362 |
18,3 |
Électricité hydraulique |
160 |
2 |
Électricité hydraulique |
160 |
100 |
Électricité importée |
63 |
0,8 |
- |
- |
- |
Gaz naturel |
15 |
0,2 |
- |
- |
- |
TOTAL |
8348 |
100 |
Total |
543 |
6,5 |
Déficit énergétique |
-7805 Tep |
||||
Dépendance énergétique |
93,5% |
Le Maroc ne produit que 6,5 % de l'énergie conventionnelle dont il a besoin. Il est donc très fortement dépendant de l'extérieur pour son approvisionnement en pétrole, gaz et charbon. Cette dépendance énergétique qui était de 75 % en 1973 atteint 93,5 % en 1995.
Filière bois-énergie
Cette filière se décompose en deux sous-filières :
· Une filière commerciale qui met sur le marché le bois exploité et vendu sous le contrôle de l'Administration des Eaux et Forêts. Ce bois commercialisé officiellement ne représente qu'une faible partie de la consommation énergétique totale nationale, soit 2,2 % en 1987 et environ 3 % en 1991.
· Une filière informelle traditionnelle qui concerne toute la biomasse prélevée directement au niveau de formation naturelles (forêts, matorrals et steppes), et des champs (fruitiers, résidus de récolte), mais qui n'est pas comptabilisée dans les statistiques officielles. Il est difficile de connaître avec précision la valeur de ces consommations de biomasse du fait même qu'il s'agit de prélèvements qui échappent au contrôle des services forestiers et de la statistique.
4. Consommation de bois-énergie
La consommation nationale de bois de feu a toujours fait l'objet d'estimations diverses. Seuls les volumes cédés et contrôlés par l'administration sont maîtrisés. La méconnaissance du bilan de l'offre et de la demande de bois de feu d'une part, et la dégradation inquiétante du patrimoine forestier d'autre part, a amené le Ministère des Eaux et Forêts à procéder à un réexamen des bases de la politique énergétique biomassique.
C'est ainsi qu'en 1988 déjà , l'Administration des Eaux et Forêts a mené une étude pilote de consommation de bois de feu au niveau des établissements socio-économiques de la grande métropole de Casablanca qui a révélé une consommation de plus de 300.000 tonnes par an de biomasse, dont 75 % provenaient de la forêt.
A la lumière de ces résultats inquiétants, et dans le but d'élaborer sur la base de données fiables, des programmes d'action visant à atténuer ce phénomène de dégradation des forêts, le Ministère Chargé des Eaux et Forêts avait décidé de réaliser une étude de l'offre et de la demande en bois de feu sur l'ensemble du territoire national, dans le cadre d'un projet financé par la Banque Mondiale.
Cette enquête qui a été réalisée entre 1992 et 1994, séparément pour le milieu urbain et le milieu rural, a adopté deux approches d'étude.
· Une approche d'étude en milieu urbain qui s'est basée sur une stratification des établissements socio-économiques (bains publics, fours boulangeries, pressings, poteries, teintureries).
· Une approche d'étude en milieu rural qui s'est basée sur la stratification des ménages en prenant deux critères de classification :
· La distance de l'habitat des ménages par rapport au massif forestier (plus la distance est grande, plus la consommation est faible). Cette strate est subdivisée en 3 sous/strates : ménage habitant en forêt, ménage habitant à une distance 0 à 10 km, et ménage habitant à 10 km et plus.
· L'altitude à laquelle se trouve l'habitat des ménages. Cette strate a été subdivisée en quatre sous/strates (moins de 500 m d'altitude, entre 500 et 1000 m d'altitude, entre 1000 et 1500 m d'altitude, et plus de 1500 m d'altitude).
5. Résultats de l'étude
Cette vaste étude de consommation de biomasse au Maroc a permis d'aboutir à une estimation totale de 11,3 millions de tonnes de bois-énergie consommés chaque année, dont plus de 88 % en milieu rural. Cette consommation a été répartie entre les trois principaux types le combustibles, qui sont les bois provenant de la forêt, les bois des arbres fruitiers et la biomasse agricole (avec les déchets divers) de la manière suivante :
Bois de la forêt |
Bois fruitier |
Biomasse agricole |
Total | ||||
Tonnes |
% |
Tonnes |
% |
Tonnes |
% |
Tonnes | |
Milieu urbain |
887.982 |
70 |
230.789 |
18 |
155.030 |
12 |
1.273.801 |
Milieu rural |
5.078.866 |
51 |
1.920.404 |
19 |
3.030.186 |
30 |
10.029.465 |
Total |
5.966.848 |
53 |
2.151.193 |
19 |
3.185.216 |
28 |
11.303.257 |
Il découle de ce tableau que le secteur des ménages ruraux est le premier consommateur de bois- énergie, avec plus de 10 millions de tonnes par an, soit plus de 88%. Vient en deuxième position le secteur urbain avec 1.273.801 tonnes par an, soit 11,2%. La part de combustible venant de la forêt (5,97 millions de tonnes par an) ne représente que la moitié (53 %) des tonnages consommés chaque année au Maroc. En milieu urbain , cette part représente 70%. En milieu rural, cette part est légèrement plus faible (51 %) en raison de l'utilisation de la biomasse agricole.
Dans l'analyse du bilan de l'offre par rapport à la demande, seul le bois provenant de la forêt a été comptabilisé dans la demande. En effet, il est très difficile d'évaluer la quantité de bois de fruitiers et de biomasse agricole disponible, et par conséquent d'estimer l'offre en combustible que cela représente.
En se basant sur les résultats de cette étude, on constate par le bois, y compris son dérivé le charbon de bois, représente 30 % de l'énergie totale consommée au Maroc, estimée en TEP.
Type d'énergie |
Consommation (1000 Tep) |
% |
Produits pétroliers |
6.140 |
51 |
Charbon |
1.970 |
17 |
Électricité hydraulique |
160 |
1,3 |
Électricité importée |
63 |
0,6 |
Gaz naturel |
15 |
0,1 |
Bois-énergie |
3.617 |
30 |
Total |
11.965 |
100 |
6. Offre potentielle des forêts en bois-énergie
La production actuelle en « bois énergie » des peuplements forestiers, estimée sur la base des accroissements moyens annuels de bois de feu des principales essences forestières, de la biomasse du sous-bois et des milieux steppiques (alfa), s'élève à 3,25 millions de tonnes par an.
Comparée à la consommation totale annuelle de bois-énergie issu de la forêt, évalués à 6,35 millions de tonnes, le déficit est estimé à 3,1 millions de tonnes, de ce fait la demande globale de bois-énergie représente donc près de deux fois la possibilité de la forêt
Ce déficit est considérable et continue de mettre gravement en danger le capital ligneux sur pied qui est en pleine régression. Des dizaines des millions d'hectares de boisements naturels partent chaque année, ce phénomène étant particulièrement sensible en zones montagneuses où les populations plus enclavées sont les plus dépendantes des ressources forestières.
7. La stratégie nationale
Les enjeux du secteur bois-énergie ont conduit les pouvoirs publics à adopter une approche stratégique qui s'articule autour de trois axes principaux :
· Une parfaite coordination entre les différents intervenants, notamment le Ministère de L'Énergie et des Mines, le Ministère Chargé des Eaux et Forêts et le Ministère de l'Intérieur. Cette coordination doit également impliquer les professions consommatrices de bois-énergie au travers de leurs associations.
· L'intensification de l'offre de bois à travers les opérations de gestion, de production, d'aménagement et d'exploitation des ressources forestières, afin de mieux répondre à la demande des consommateurs, notamment dans le monde rural. Il va de soi que cette intensification devra respecter les principes de la gestion durable, sur la base d'un aménagement prévu des ressources.
· La recherche et la diffusion de technologies d'économie de bois-énergie aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain, tout en développant d'autres alternatives au bois en utilisant le gaz butane, l'électricité, mais aussi l'énergie solaire ou encore le bio-gaz.
La dimension de ce dossier requiert la recherche de financement pour la mise en œuvre des projets d'économie de bois-énergie, et l'élaboration des mesures incitatives et fiscales.
CONCLUSION
L'étude de la consommation de bois-énergie au Maroc, montre que plus de 50% des besoins en bois de feu des ménages ruraux et des établissements publics proviennent de la forêt. Avec la poussée démographique, la demande en bois-énergie continuera d'augmenter, ce qui se traduira par une forte pression sur la forêt marocaine.
Une planification énergétique en matière de bois-énergie, aussi bien régionale que nationale, est indispensable. Pour cela il est nécessaire d'établir une base d'informations fiables qui permettent d'obtenir une bonne description de la situation énergétique actuelle, et d'établir de bonnes prévisions pour le futur.
BIBLIOGRAPHIE
Programme Forestier National, Ministère Chargé des Eaux et Forêts, 1998
La consommation du bois de feu et son impact sur la forêt, Administration des Eaux et Forêts, 1994
Actes du Colloque national sur la forêt, Ifrane, 1996
1. STATUT DE L'INFORMATION
1.1 Demande en bois-énergie
Situation actuelle
Le Ministère du Développement Rural et de l'Environnement à travers la Direction de l'Environnement et de l'Aménagement Rural est compétent pour toutes les questions relatives à l'environnement, à la gestion des forêts et de l'offre ligneuse, à l'aménagement des eaux de surface et à la protection des sols.
Le Ministère de l'Hydraulique et de l'Énergie à travers la direction de l'énergie est compétent sur toutes les questions relatives à la promotion des combustibles de substitution, au développement des équipements solaires et éoliens pour les usages domestiques et l'utilisation rationnelle de l'énergie (diffusion des foyers à rendements énergétiques améliorés).
Les statistiques en bois-énergie sont peu connues et souvent contradictoires. Le matériel cartographique (cartes topographiques) est assez rare et généralement ancien. Les derniers inventaires forestiers remontent aux années 1980.
La seule source de référence aujourd'hui reste le Programme multisectoriel du lutte contre la Désertification (PMLCD) élaboré en 1991 sur la base du Plan Directeur de Lutte Contre la Désertification (PDLCD). Ce cadre stratégique localise pour l'essentiel des formations ligneuses au sud de l'Isohyète 150 mm occupant ainsi une superficie de 4.387 000 ha, dont 3785 000 ha de formations arbustives, 525.000 ha de formations arborées claires et 77 000 ha de formations arborées denses.
Les données sont classées et suivies au niveau des deux services centraux que sont : le Service de la Protection des Ressources Naturelles à la Direction de l'Environnement et de l'Aménagement Rural, et le Service de l'Énergie à la Direction de l'Énergie.
Les méthodes utilisées pour produire les données différent selon les deux institutions :
Pour la Direction de l'Environnement et de l'Aménagement Rural
· Les données primaires sont
produites par les délégations régionales du MDRE et transmises au Cabinet du
Ministre
· Les données concernant le bois et ses
dérivés sont transmises par le Cabinet du Ministre à la Direction de
l'Environnement et de l'Aménagement
· Les données
collectées par les missions de suivi et de contrôle de l'exploitation
forestière, initiées par la direction de l'Environnement et de l'Aménagement
Rural, sur instructions du Ministre ou sur demande spéciale de l'une des
délégations régionales sont directement traitées par le service compétent de
la Direction.
· Les données fournies par des consultants nationaux
ou internationaux, relatives au bois-énergie, sont directement transmises à la
Direction de l'Environnement et de l'Aménagement Rural pour étude et
avis.
Pour la Direction de l'énergie
Les données sur le bois-énergie sont contenues dans les études suivantes :
· Etudes (EMASP) réalisées en 1988
· Etudes (RPTES) réalisées en 2000/2001
Lacunes
· Sous-équipement en moyens humains, matériels
financiers et logistiques des services techniques chargés de la collecte et du
traitement des données sur le bois-énergie.
·
Lourdeurs administratives (Délégation - Wilaya - Ministère - Direction).
· Manque de coordination et d'informations entre les
différentes institutions et services techniques chargés de la collecte de
données.
Donc combler ces lacunes, c'est trouver ce qui doit être fait
1.2 Approvisionnement en bois-énergie
Situation actuelle
Les principales sources d'approvisionnement en bois-énergie sont pour la Mauritanie le bois mort des forêts classées et quelques massifs forestiers denses éparpillés dans les régions Est du territoire national.
Les données de base sur la production et consommation nationales sont les suivantes :
· Superficie des massifs forestiers et formations
ligneuses
· accessibles (soit 3,5 % du territoire
national) = 3.500.000 ha
· Production totale ou offre
nationale en bois = 560.000 m3 de bois
· Demande ou besoins du pays en bois = 1.327.000 m3
· Taux annuels
d'accroissement des forêts = 0,16 m3 par ha
· Consommation par tête d'habitant et par an = 0,6 m3 ou 600 kg de bois
·
Population nationale = 2.350.000 habitants
Les principales sources de données d'approvisionnement en bois-énergie proviennent de trois institutions nationales :
· La Direction de l'Environnement et de l'Aménagement
Rural
· La Direction de l'Énergie
· La Direction des Douanes (importations)
Les données proviennent des services techniques locaux pour ce qui est des deux premières institutions. Ces données sont peu fiables en raison du sous-équipement et du manque de coordination des services techniques concernés.
Pour ce qui est des données sur les importations, celles-ci sont assez faibles du fait d'une bonne surveillance des entrées du produit à l'intérieur du territoire et du suivi statistique des données par la Direction des Douanes qui dispose de cellules informatiques bien équipées.
Lacunes
Les lacunes sont les mêmes que celles citées au point précédent, et combler ces lacunes c'est trouver ce qui doit être fait pour rendre l'information transparente et véritable et améliorer la fiabilité des données d'approvisionnement.
1.3 Durabilité de l'approvisionnement
Situation actuelle
La Mauritanie couvre une superficie de 1.030.700 km2 aux deux tiers désertiques. Le couvert végétal, constitué de formations ligneuses arborées et arbustives à dominance Acacias, est par endroits maigre et épars . A l'action de la sécheresse s'ajoute celle anthropique que sous-tend une demande urbaine de bois et charbon de bois constituant l'une des principales causes de déboisement du patrimoine forestier déjà très fragilisé.
La superficie que couvrent les ressources forestières avoisine environ 4.387.000 ha dont 3.500.000 ha de massifs forestiers accessibles et objets d'une surexploitation forestière pour la satisfaction des besoins en bois et son dérivé le charbon de bois.
Avec un taux de déboisement estimé à 2,9% et un taux d'accroissement des forêts estimé à 0,16m3 / ha/an, la dégradation du potentiel ligneux est irrémédiable dans un horizon proche si des mesures urgentes et adéquates ne sont pas prises.
Lacunes
Les ressources forestières restent mal connues en l'absence d'inventaires du couvert végétal de l'ensemble. Des zones forestières
- L'absence d'études de productivité des différents types de formations ligueuses
- Les données existantes sont insuffisantes et demandent à être actualisées
2 - POLITIQUES, PLANIFICATION ET ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS
2.1 Politique et législation
Situation actuelle
En 1991, le gouvernement a approuvé un programme de maîtrise et d'économie d'énergie qui visait essentiellement les objectifs suivants :
· L'utilisation rationnelle de l'énergie au niveau de
l'ensemble des consommateurs
· La réduction de la
dépendance du pays vis-à-vis des produits pétroliers importés d'une part, et
la facture pétrolière d'autre part
· Une meilleure
utilisation des ressources nationales existantes (solaires, éoliennes et
ligneuses)
· Un choix approprié des équipements de
transformation
· La mise en place progressive d'une
institution de pilotage du domaine de l'économie d'énergie.
Ces objectifs étaient structurés selon cinq axes
stratégiques :
·
L'aménagement des formations ligneuses naturelles
· La
plantation du Prosopis juliflora
· Le reboisement villageois de production
· La diffusion des foyers améliorés en milieu urbain et
rural
· La substitution d'autres combustibles au bois
et au charbon de bois en milieu urbain et rural.
Au plan législatif plusieurs lois ont été promulguées et adoptées. Il s'agit notamment :
· De la loi portant code forestier
· De la loi portant code de la chasse
· De la loi cadre de l `environnement
· De la loi portant code pastoral
Lacunes
· Manque de données fiables sur les statistiques de
populations urbaines et rurales utilisatrices du bois, charbon de bois et gaz
butane.
· Manque de données fiables sur les
superficies reboisées annuellement et formations forestières aménagées.
· Difficultés à mobiliser les fonds nécessaires pour les
programmes nationaux de reboisement et de butanisation.
· Inopérationnalité des différentes lois adoptées par
manque de décrets d'application.
2.2 Synergies institutionnelles
Situation actuelle
Cette situation en Mauritanie reste encore marquée par l'absence d'une structure institutionnelle spécialement chargée du pilotage du secteur de l'énergie domestique. Une coordination informelle existe, regroupant plusieurs départements dans l'optique de la mise en œuvre d'une cellule ou unité d'énergie domestique. Cette orientation est encouragée par la Banque Mondiale dans le cadre de son programmes RPTES. En juin 1996, la Mauritanie fut admise au RPTES et en mai 1997, à travers une mission d'un consultant, le travail d'élaboration et de mise en place d'une stratégie « Énergie domestique » à commencé. Avec l'appui de la Banque Mondiale, il est envisagé de constituer une équipe nationale multisectorielle à l'instar de celles qui sont formées dans les cinq pays initiaux, pour engager les activités de revue des politiques au niveau du secteur « Énergies Traditionnelles ».
Le comité national sera présidé par la Direction de l'Énergie (DE) et la Direction de l'Environnement et de l'Aménagement Rural (DEAR) avec comme membres :
· la Direction du plan
· le
Secrétariat d'État à la condition féminine
· la
Direction de l'office mauritanien des Recherches Géologiques
· la Direction du génie militaire
· la Direction de l'Aménagement du Territoire
· la Direction des collectivités locales
· la Direction des Approvisionnements et de la
concurrence
· la Direction de l'artisanat
· Toute autre structure jugée compétente
Avec une mission de la Banque Mondiale en 1998, l'élaboration et la mise en place d'une unité d'Énergie domestique se poursuit, s'inspirant de ce qui a été mené dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest.
Le CILSS et l'Union européenne ont également approché les autorités mauritaniennes dans le cadre du PREDAS (Programme Régional de Promotion des Énergies Domestiques et Alternatives au Sahel). Les premiers résultats des études de ce programme existent sous forme de premier jet de texte qui a été validé au mois de mars 1998 à Bissau lors d'une réunion de PREDAS.
Lacunes
· On ne sait pas qui dispose de quelles informations
et comment mettre ces informations à la disposition des concernés ou
demandeurs.
· Absence d'une structure spécialisée
chargée des questions liées à l'Énergie domestique et facilitant l'élaboration
d'une stratégie dans ce domaine.
2. 3 Planification
Les contraintes principales à la planification du secteur bois-énergie semblent être :
· L'absence de données fiables sur le secteur
· L'absence de concertations et de coordination entre les
différents partenaires concernés par le secteur
· Le
manque de sensibilisation des décideurs au plus haut niveau
· Les difficultés à mobiliser des fonds importants pour
des programmes d'envergure.
Hamissou
GARBA
Ingénieur des Eaux et des Forêts
Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre la
Désertification
1. STATUT DE L'INFORMATION
1.1. Situation actuelle de la demande
1.1.1. Sources principales des données
Les principales sources de collecte d'informations en matière de demande en bois-énergie sont essentiellement les services de l'État à travers la Direction de l'Environnement, le Service des peuplements Naturels et d'Appui à la Gestion des Terroirs (DE/SPNGT) et la Direction de l'Énergie. Des projets comme le Projet Énergie Domestique (PED) et présentement le Projet Aménagement des Forêts Naturelles appuient les efforts de l'État dans ce sens en fournissant des moyens financiers et matériels dans le cadre des études filières.
1.1.2. Évaluation de la demande actuelle en bois-énergie au Niger
Pour avoir une idée du niveau de la demande en bois-énergie, il a été utilisé deux méthodes exposées ci-après.
a) Estimation de la demande en fonction des différents milieux :
Plusieurs enquêtes de consommation de bois-énergie ont été réalisées au Niger sur financement de divers projets : GTZ, FED, Projet Énergie II, etc. . Ces différentes enquêtes ont démontré que la demande de bois de feu est fonction de plusieurs paramètres, parmi lesquels le milieu (rural ou urbain) et la taille de l'agglomération. En 1989, pour la première fois, la cellule technique de Coordination Foyers Améliorés (C.T.F.E.D) a fait le point de ces enquêtes, ce qui a permis de standardiser comme suit la consommation de bois des ménages selon le milieu :
Grands centre urbains : 0.6 kg/personne/jour ;
Villes moyennes : 0,7 kg/personne/jour ;
Milieu rural : 0,8 kg/personne/jour.
Cette compilation reste l'unique référence pour les études effectuées depuis.
En considérant les chiffres du dernier recensement général de la population (RGP 1988) et sur la base de données sus-indiquées, les besoins en bois-énergie se présentaient comme suit en 1991, par département :
Tableau 1 : Besoins en Bois-Énergie Calculés en 1991
Département |
Besoins en
tonnes |
Besoins corrigés en tonnes (2) |
Agadez |
54.424 |
80.424 |
2 .047.784 |
2.312.784 |
Source : Plan National de lutte contre la Désertification (1991)
En corrigeant ces données calculées à partir de la population (colonne (1)) par la prise en compte des chiffres obtenus lors des enquêtes réelles de consommation au niveau des grands centres urbains, les besoins de bois de feu en 1991 sont donnés dans la colonne (2). Compte tenu de certaines questions que suscitent les données dans la colonne R.G.P, ces derniers chiffres (colonne (2)) nous paraissent plus réalistes : la demande totale du pays en bois-énergie pouvait donc être estimée à 2.312.784 tonnes pour les grands et moyens centres urbains cumulés, soit respectivement 78% et 22%. Cette demande croissant sensiblement au même rythme que la population (3.2% par an à l'échelle du pays), l'évolution se présenterait comme suit (Tableau n°2)
Tableau 2 : Évolution de la demande en Bois-Énergie
Années |
Besoins Ruraux |
Besoin Urbains |
Demande totale |
|
Tonnes |
Tonnes |
Tonnes |
Stères | |
1991 |
1.800.000 |
512.784 |
2.312.784 |
9.636.600 |
1992 |
1.857.600 |
529.193 |
2.386.793 |
9.944.971 |
1993 |
1.917.043 |
546.127 |
2.463.170 |
10.263.210 |
1994 |
1.978.389 |
563.603 |
2.541.992 |
10.591.633 |
1995 |
2.041.697 |
581.639 |
2.623.336 |
10.930.565 |
1996 |
2.107.031 |
600.251 |
2.707.282 |
11.280.343 |
1997 |
2.174.456 |
619.459 |
2.793.915 |
11.641.314 |
1998 |
2.244.039 |
639.282 |
2.883.321 |
12.013.836 |
1999 |
2.315.848 |
659.739 |
2.975.587 |
12.398.279 |
2000 |
2.389 955 |
680.850 |
3.070.806 |
12.796.024 |
2001 |
2.466.434 |
702.638 |
3.169.072 |
13.204.465 |
2002 |
2.545.360 |
725.122 |
3.270.482 |
13.627.008 |
2003 |
2.626.811 |
748.326 |
3.375.137 |
14.063.072 |
2004 |
2.710.869 |
772.272 |
3.483.142 |
14.513.090 |
2005 |
2.797.617 |
796.985 |
3.594.602 |
14.997.509 |
2006 |
2.887.141 |
882.489 |
3.709.629 |
15.456.789 |
2007 |
2.979.529 |
848.808 |
3.828.338 |
15.951.407 |
2008 |
3.074.874 |
875.970 |
3.950.844 |
16.416.852 |
2009 |
3.173.270 |
904.001 |
4.077.271 |
16.988.681 |
2010 |
3.274.815 |
932.929 |
4.207.744 |
17.532.267 |
Il y a lieu de rappeler que la particularité de ces chiffres est qu'ils n'intègrent pas la demande en bois de service et d'œuvre et ne prennent pas en compte l'effet de l'urbanisation.
b) Estimation de la demande à partir de la consommation globale annuelle
Selon une autre étude effectuée par la Banque Mondiale en 1994, la demande globale annuelle de bois par personne est de 293 kg, soit 1,22 stère, dont :
· 91%, c'est-à-dire 267 kg ou encore 1,11 stère,
correspondent au bois de feu sensu
stricto
· 9%, soit 26 kg ou encore 0,1
stère pour le bois de service.
Cette étude fixe à environ 240 kg le pois d'un (1) stère.
NB :
1. La Demande en bois-énergie I est la demande en bois-énergie sensu stricto, c'est-à-dire celle estimée sur la base de la demande unitaire de 267 kg/personne/an ;
2. La Demande en bois-énergie II est la demande en bois-énergie estimée sur la base de la demande totale (bois de feu et service) et uniforme (quel que soit le milieu) de 293 kg/an (soit 0,8 kg/personne/jour), étant entendu qu'en fin de compte le bois de service est en général également utilisé comme bois de feu. En conclusion, on peut constater que les chiffres de demande en bois- énergie calculés par les deux (2) voies sont grossièrement identiques.
Ainsi, la demande nationale en bois-énergie sera de l'ordre de 3,1 millions de tonnes, soit environ 12,916 millions de stères en l'an 2000. Si les tendances actuelles (évolution de la population et des besoins) se maintiennent, à l'horizon 2010, cette demande pourrait se situer à 4,248 millions de tonnes, soit 17,7 millions de stères. Ce qui est énorme en comparaison avec le capital forestier du pays et à sa capacité d'accroissement.
La proportion des quantités consommées dans les villes par rapport à la consommation totale augmente dans le temps. Mais, vu la prépondérance actuelle de la consommation rurale (78%), le faible revenu des ménages et le renchérissement des produits de substitution, il paraît très difficile d'envisager à court ou même à moyen terme de se passer de cette ressource énergétique. Le bois- énergie restera donc, pour longtemps encore, la principale source d'énergie des ménages nigériens.
Bois de service et d'œuvre
La consommation nationale de bois de service est importante, mais encore plus difficile à évaluer. Cette consommation a la particularité de s'intéresser quasi exclusivement au bois vert. Elle a été évaluée en 1990 à 113.000 tonnes par an (Projet énergie II : M.Hamadou dans Secteur économique bois au Niger). Remarquons que cette demande est intégrée dans l'évaluation de la demande en bois- énergie.
1.2 Situation actuelle de l'approvisionnement
1.2.1 Sources d'approvisionnement
Au Niger, les principales source d'approvisionnement en bois-énergie sont les forêts naturelles. Les plantations ne représentent qu'une très fine partie en terme d'exploitation en bois de chauffe.
Les formations naturelles comprennent les terrains forestiers primaires (forêts classées, gommeraies et espaces protégés primaires), les terrains forestiers marginaux (périmètres de restauration, jachères), les formations des terrains non forestiers (parcs agroforestiers).
Le Niger ne dispose d'aucun inventaire forestier exhaustif de l'ensemble des formations forestières. Plusieurs estimations ont été ainsi proposées, entre autres :
· En 1970, les superficies boisées étaient estimées
à 16.096.400 ha (Club du Sahel, 1981) ;
· D'autres
sources, FAO (1990) et Catinot (1991) ont estimé respectivement les
surfaces forestières (terrains forestiers marginaux ou non) à 10,5 millions
et 13 millions d'ha.
Les premiers travaux portant sur l'évaluation des ressources ligneuses ont été effectués par le projet Planification et Utilisation des Sols et des Forêts (PUSF) de 1982 à 1989. Ces travaux ont abouti à une stratification des massifs forestiers sur trois (3) niveaux :
· Terrains forestiers primaires : couvert > 5 %
de la surface ;
· Terrains forestiers marginaux :
couvert dégradé mais existant < 5 % ;
· Terrains
non forestiers : sans capacité biologique de production forestière.
Le Projet Énergie II (1989 à 1996) a, par la suite, entrepris des travaux qui ont porté sur l'évaluation du stock de bois de chauffe disponible sur pieds dans un rayon de 150 km autour des principaux centres urbains du pays (Niamey, Zinder, Maradi).
Plus récemment encore, une étude sur la vulnérabilité des formations forestières nigériennes aux changements climatiques (M. Hamadou et S. Gambo, 1999) a évalué la superficie des formations naturelles en 1994 à 5.741.917 ha. Le tableau qui suit donne les superficies des ressources forestières par région selon une étude faite par le Projet Utilisation des Sols et des Forêts (PUSF, 1993).
Tableau 3 : Superficie (ha) des ressources forestières naturelles par région
Régions* |
Forêts marginales |
Forêts primaires |
Total |
Tillabéry |
4.451.300 |
2.562.600 |
7.013.900 |
Total |
11.622.200 |
4.474.200 |
16.096 400 |
(Sources PUSF, 1983)
*L'étude ne concerne pas la région d'Agadez
1.2.2 Principales sources et méthodes de production des données
Elles proviennent du :
· Club du Sahel (1970/1980) : sur la base de
photographies aériennes.
· PUSF (1980/1987) :
sur la base de photographies aériennes et vérification de terrain,
inventaire dans quelques formations végétales.
·
PDAT Dosso (1986) : Inventaire et description des formations
forestières autour de Dosso.
· Projet Forestier IDA
(1986/1989) : Inventaire de la forêt de Faïra.
· Programme DFS (1986/1989) : Inventaire de la
forêt de Hamadidé.
· FAO (1990/1995) :
Réalisation d'étude dans le cadre du Programme Forestier Tropical.
· Projet Énergie II (1989/1996) : SDA, estimation
et description sur base de photos aériennes et satellitaires, inventaire
précis dans les MRS.
· UTA/DE : Cartographie et
vidéographie des formations forestières, nomenclature de l'occupation des
sols, diffusion d'informations forestières.
1.3 Durabilité de l'approvisionnement
Sur les plans scientifique et statistique, le développement de la SED constitue une voie de maîtrise des données à travers l'élaboration des schémas directeurs d'approvisionnement des centres urbains, des plans d'aménagement des massifs, l'autocontrôle et le suivi administratif de leur application ainsi que la poursuite des observations en matière de recherche-développement et la création d'une base de données environnementales.
Sur le plan socio-économique, on observe un réel transfert de la gestion des forêts naturelles aux ruraux. Des relations de cause à effet sont établies entre l'état de pauvreté des populations et la dégradation de l'environnement. Ce qui revient à valoriser l'arbre sur pied et les forêts en milieu rural, en créant un intérêt pour les ruraux autour de la ressource forestière (création de revenus monétaires). Les revenus générés ont permis d'accroître la capacité d'autofinancement des actions de développement local au niveau individuel et collectif. La professionnalisation du bûcheronnage permet la création de 2000 emplois environ par an, contribuant ainsi à réduire l'exode rural.
Sur le plan administratif et institutionnel, les acquis sont entre autres :
· L'ordonnance 92-037 du 21 Août 92 qui régit la SED :
· facilite l'organisation des ruraux autour de
l'exploitation du bois
· (légitimation du
transfert de gestion, accord des nouvelles prérogatives surtout le
recouvrement et l'acquittement des taxes, l'affectation d'une partie de la
taxe) aux ruraux,
· permet à l'administration
forestière de disposer des moyens financiers pour assurer le contrôle
forestier et le suivi général du développement de la SED (compte 3001).
· La formation des agents des services de
l'environnement sur la stratégie
· La création de
quelque 120 marchés ruraux de bois
· La promotion
des structures privées (ONG, associations et bureaux d'études) d'appui aux
populations rurales.
· La promotion et le
développement de la démocratie à la base, à travers le processus de création
et de renouvellement des bureaux des structures locales de gestion
· L'avancée considérable ou plutôt l'anticipation sur
le processus de décentralisation : la création d'organisations
villageoises avec les ressources financières nécessaires à leur
fonctionnement à l'image des collectivités territoriales existantes.
2. POLITIQUE, PLANIFICATION ET ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS
2.1 Politique et législation
La politique se résume par la Stratégie Énergie Domestique et ses quatre (4) piliers en ce qui concerne l'offre en bois-énergie :
· Schéma Directeur d'Approvisionnement en
bois-énergie ;
· Mise en place d'un système
d'exploitation contrôlé à travers les marchés ruraux de
bois-énergie ;
· Réforme législative et
réglementaire : révision de l'ordonnance 92-037 (système de quota,
professionnel de bois, système de taxation) ; adoption du code
forestier ;
· Contrôle et suivi administratif
du système d'exploitation.
2.2 Synergie institutionnelle
· Plusieurs projets sont en démarrage : PED,
PAFN, Projet Takeita.
· CNEDD avec la Commission
Énergie et Environnement Durable.
· Travail en
synergie entre le ME/LCD et le MME en ce qui concerne l'application de la
politique au niveau national et l'exécution des projets régionaux : PED
Sahel, PREDAS, RPTES Banque Mondiale, etc.
3. CONTRAINTES ET LACUNES IDENTIFIÉES
Les difficultés rencontrées en dépit des échos favorables de l'application de la SED au Niger, ont été décelées ou continuent de se poser.
D'une manière générale
Au niveau des techniques :
1) Connaissance insuffisante sur la dynamique des ressources forestières naturelles sur lesquelles sont effectués les prélèvements ;
2) Technique d'aménagement et plans d'aménagement à revoir, conformément aux résultats de certains travaux de recherche en terme de durée de rotation, hauteur de coupe pour certaines espèces, taux d'accroissement, quota d'exploitation.
Au niveau social et économique :
1) Système d'exploitation vu par les populations surtout en terme de profit ; souvent les aspects de durabilité de la gestion des ressources sont négligés ;
2) L'appropriation de la ressource forestière par les populations est souvent source de conflits ;
3) Les fonds d'aménagement générés au niveau des villages restent encore très dérisoires et ne permettent pas de grands investissements au profit des forêts exploitées ; des financements complémentaires sont nécessaires pour une bonne conservation de la ressource.
Au niveau des politiques et de la réglementation :
1) Politique fiscale qui ne suit pas les enjeux définis par la SED : cas des pressions sociales sur l'augmentation de la taxe en incontrôlé ;
2) Les textes restent inadaptés à la situation actuelle : le nouveau code forestier n'est par encore adopté pour permettre entre autres la valorisation du secteur forestier privé et communal ; certains aspects de la loi 92-037 sont à revoir ;
3) L'inefficacité du contrôle ; 30 % seulement malgré le dispositif mis en place ;
4) L'absence de textes statutaires et réglementaires reconnaissant les Structures Locales de Gestion n'a pas permis l'approbation des dossiers d'agrément des marchés ruraux.
D'une manière spécifique
Au niveau des Structures Locales de Gestion
· La faible connaissance des principes de l'action
coopérative ;
· Le non respect du jeu
démocratique dans le choix des élus locaux ;
·
Le cumul de fonctions ou la récupération du marché rural par une partie des
membres des Structures de Gestion ;
·
L'insuffisance de formation et d'encadrement ;
· La non prise en compte véritable de l'aspect genre
dans le fonctionnement des marchés ruraux ;
·
La non prise en compte d'autres sous-produits forestiers comme la gomme en
vue d'une diversification de la production ;
·
Les quotas annuels ne sont pas respectés au niveau de certains marchés.
Au niveau des Structures d'appui déconcentrées : services techniques, ONG, autorités administratives et coutumières
· Une méconnaissance de la SED et du contenu des
textes sur la commercialisation du bois ;
· L'irrégularité ou l'absence totale de suivi
administratif ;
·
La non mobilisation des fonds d'aménagement par les agents forestiers pour
le suivi du processus ;
· La passivité des autorités administratives
politiques et coutumières par rapport aux problèmes que rencontrent les
marchés ruraux.
4. PROPOSITIONS D'AMELIORATION
Sur le plan institutionnel, le renouvellement des structures locales de gestion s'impose pour garantir un bon fonctionnement du système d'exploitation ;
Pour un meilleur fonctionnement du système d'exploitation, il est important de donner une formation adéquate à tous les partenaires ;
Révision des plans d'aménagement ;
Pour assurer la pérennité des ressources, il est important d'intensifier les travaux de restauration dans des zones dégradées par l'implication des populations ;
La poursuite des aménagements participatifs des massifs forestiers et de l'exploitation du bois-énergie partout où cela est nécessaire par :
· Des efforts de protection de la régénération
naturelle, et du défrichement amélioré ainsi que la prise en compte des
domaines agroforestiers ;
· L'implication de tous
les intervenants (surtout les pasteurs) dans les étapes de conception et
d'élaboration des plans d'aménagement ;
· Des
actions de recherche développement bien identifiées et conduites pour une
meilleure connaissance de nos formations forestières ;
· La mise en place d'une base de données
environnementale régulière et efficace.
Les collectivités, les autorités coutumières et les élus locaux doivent être plus attentifs aux problèmes que rencontrent les acteurs ruraux ;
Les professionnels exploitant-transporteurs doivent respecter le circuit commercial édicté par la politique d'approvisionnement ;
· Bon partenariat avec les marchés ruraux et les
agents du contrôle ;
· Recherche d'une gestion
durable et pérenne de leur activité ;
· Respect
des zones de prélèvement.
Les producteurs ruraux ou marchés ruraux de
bois-énergie doivent :
· Participer à l'élaboration et s'approprier les plans
d'aménagement ;
· Respecter les textes
réglementaires et fiscaux sur l'exploitation.
Les services techniques déconcentrés doivent :
· Contribuer à la création et à l'encadrement des
marchés ruraux ;
· Contribuer à l'exécution et
au suivi des plans d'aménagement ;
· Assurer le
suivi administratif des marchés ruraux ;
·
Assurer le contrôle forestier ;
· Appuyer les
marchés ruraux dans la recherche de financements complémentaires ;
· Mobiliser les fonds d'aménagement des
collectivités.