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3 - Commentaires critiques sur la liste

La liste obtenue des diverses sources citées plus haut présente des aspects étonnants. Ainsi, les peupliers du Paléarctique semblent souffrir de bien plus de dégâts d'insectes que ceux du Néarctique, du sud de l'Asie ou de l'Océanie.

Peut-être pourrait-on être tenté d'expliquer cette situation par une plus grande sensibilité des entomologistes des régions euro-méditerrannéene ou chinoise envers les dégâts d'insectes. Mais, plus sérieusement, une hypothèse avancée par M. Steenackers, président de la C.I.P., propose une base biologique pour expliquer ces différences.

Surtout dans la première de ces régions, et plus récemment dans la région chinoise, des plantations monoclonales se sont répandues très largement. En Europe occidentale, ces plantations ont commencé il y a environ une centaine d'années, délai qui pourrait avoir permis la prolifération de populations d'insectes dommageables. En Amérique du Nord et dans le sud de l'Asie, les peupliers sont presque exclusivement cultivés en populations (semi-)naturelles; en Amérique du Sud et en Nouvelle-Zélande, les plantations monoclonales sont d'introduction trop récente.

Si cette hypothèse, qui nous semble fort réaliste, se confirme, elle exigerait l'application stricte du principe de précaution : "in dubio, abstine". A l'avenir, il serait indispensable d'éviter les plantations monoclonales et de revenir à des techniques de culture plus proches de situations naturelles ou semi-naturelles. Un premier pas dans cette direction serait déjà de multiplier les plantations polyclonales, après avoir apporté une solution au problème de l'homogénéité de croissance et de caractéristiques technologiques des clones, ou en recourant à de petites mosaïques de peuplements monoclonaux. Ces populations artificielles de peupliers, établies en fonction des principaux déprédateurs et maladies de chaque région, devraient tendre à recréer un nouvel équilibre entre l'arbre et ses ennemis, tout comme le réalisent les populations naturelles.


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