Previous Page Table of Contents Next Page


TRYPANOSOMOSES:
JUSTIFICATION POUR LE CONTROLE OU L'ERADICATION

D. Cuisance1

A la vue des facteurs socio-démographiques et des aléas climatiques, les spécialistes de l'élevage sont amenés à envisager les perspectives pour les 10 à 20 prochaines années. De nombreux facteurs laissent présager que l'élevage bovin, va se développer de façon importante dans les zones humides du fait des potentialités pastorales encore importantes, d'une demande et donc d'une rémunération attrayante de la viande par les marchés urbains en pleine explosion.

Le développement de l'élevage en zone humide a pour conséquence une amplification des problèmes de pathologie parasitaire et en particulier celui des trypanosomoses, dont les vecteurs essentiels sont les glossines.

Dans les zones sèches, les moyens de lutte (généralement les pulvérisations insecticides) étaient relativement bien maîtrisés et le choix d'une méthode et d'une stratégie était fondé essentiellement sur un bilan économique dressé pour les 10 à 20 ans qui suivaient le projet. Ces prévisions étaient basées sur une situation d'élevage relativement stable dans l'espace (zone sèche ou subhumide) et dans le temps. La lutte faisait appel uniquement à des services techniques compétents, maîtres de tous les postes d'achat et de dépense, pour aboutir en général à un objectif d'éradication.

Récemment, la situation change vite. L'évaluation économique reste importante mais combien difficile à dresser avec fiabilité dans des conditions pastorales mouvantes et imprévisibles. De plus, le choix d'une stratégie ne repose pas uniquement sur des critères économiques, mais aussi sur les possibilités réelles d'application des moyens de lutte, soit traditionnels soit très nouveaux, dans le contexte de l'Afrique tropicale humide.

Cet exposé concernera surtout l'évolution récente observée dans certains pays de l'Afrique occidentale et centrale pour tenter de dégager les éléments qui justifient le choix d'une stratégie de contrôle plutôt que d'éradication dans ce nouveau contexte.

1. OPTIONS DE LUTTE CONTRE LES TRYPANOSOMOSES

On rappellera brièvement les moyens à notre disposition pour lutter contre les trypanosomoses.

1 Vétérinaire entomologiste
IEMVT
Maisons Alfort
France

1.1 Lutte contre le parasite

1.1.1 Trypanocides et trypanopréventifs

Nous bénéficions en santé vétérinaire d'une gamme de produits trypanocides et trypanopréventifs efficaces et peu chers qui aboutissent à une suppression clinique de la maladie.

Actuellement dans de nombreux pays, l'éleveur a le choix entre la fuite devant la maladie ou l'emploi des chimiocuratifs ou des chimioprophylactiques. “L'élevage sous la seringue” est la méthode la plus utilisée, car elle est simple et économiquement rentable face à des pressions glossiniennes faibles ou moyennes.

Elle devient non économique sous fortes pressions en élevage traditionnel. Même en élevage moderne (ranching) avec du bétail amélioré, elle ne peut être qu'une mesure transitoire, car elle aboutit rapidement à une impasse : fréquence d'utilisation insoutenable et apparition de souches résistantes. La lutte contre les vecteurs devient indispensable (ranch CEZIET de Samorogouan au Burkina-Faso, ranch de Mkwaja en Tanzanie) pour maintenir ces élevages autour desquels les glossines se multiplient en général abondamment.

1.1.2 Bétail trypanotolérant et faune

Cette solution est un moyen naturel de vivre avec les glossines. Il mérite d'être promu et développé (F.A.O., ILRAD). Intéressant car il ne coûte pas cher, il porte cependant en lui des facteurs limitants : animaux de petites tailles, effectifs relativement faibles difficiles à développer rapidement, faible intérêt porté par les éleveurs traditionnels à ce bétail, etc… La faune représente une intéressante option de développement. Elle ne remplace pas l'élevage mais peut constituer un moyen de valoriser certains terrains de parcours, trop pauvres, ou trop infestés (zones marginales).

1.2 Lutte contre les glossines dans le domaine vétérinaire

1.2.1 L'éradication consiste à supprimer le ou les vecteurs de façon définitive si possible. Elle fait appel essentiellement aux épandages insecticides, soit terrestres, soit aériens sur les lieux de repos nocturnes ou diurnes des glossines par des services nationaux structurés et compétents. Les financements sont longs et lourds.

1.2.2 Le contrôle

Les moyens disponibles sur le terrain sont de deux types.

  1. les leurres attractifs, c'est-à-dire les pièges et les écrans.

  2. le bétail imprégné (ou “pièges vivants”) soit par des pulvérisations manuelles, soit par une immersion dans un bain, soit plus récemment avec les applications “Pour on”.

Tous ces moyens font appel en général aux pyréthrinoïdes de synthèse appliqués sur des lieux de repos temporaires des glossines (leurres ou bétails). Cette stratégie suppose un usage synchrone et généralisé. Sa durée est imprévisible. Elle est simple et peut être appliquée par les éleveurs.

2. INDICATIONS DE L'ERADICATION ET DU CONTROLE DES GLOSSINES

2.1. Eradication

Cette vision de la lutte a été privilégiée par les vétérinaires, car elle implique une intervention lourde, mais théoriquement unique aboutissant à une élimination des glossines et l'espoir de gain économique important sur de longues durées dans les zones assainies. (Jordan A., 1986)

En contre partie, elle nécessite:

  1. un maintien des résultats acquis, donc une pérennité de la protection (implantation de barrières artificielles, police sanitaire stricte, discipline de l'élevage etc…);

  2. une programmation sur plusieurs décennies (20 à 30 ans) pour atteindre de vastes surfaces, l'étendue étant une garantie de réussite technique et économique;

  3. des conditions climatiques favorables à une progression importante des équipes à chaque saison sèche et à une bonne efficacité des produits (rémanence dont la longueur dépend du rythme des pluies pour les pulvérisations terrestres; inversion des températures, régularité et force des vents pour les pulvérisations aériennes; nécessite de progresser à partir des limites de distribution des espèces);

  4. des services techniques compétents ayant une forte capacité d'organisation et de planification (phase préparatoire, phase opérationnelle, phase de surveillance ou de consolidation);

  5. une stabilité géographique de l'élevage pour que la stratégie d'éradication soit rentable;

  6. une garantie de financements réguliers sur de nombreuses années.

2.2 Contrôle

Cette stratégie est celle retenue dans la plupart des foyers de trypanosomoses humaines principalement ceux à T.b. gambiense où on associe un dépistage et un traitement des malades e une suppression temporaire des populations de vecteurs épidémiologiquement dangereux.

En médecine vétérinaire, cette stratégie a été généralement écartée car:

  1. le réservoir animal de trypanosomes pathogènes pour les bovins est immense et incontrôlable;

  2. jusqu'aux années 1970, aucune méthode de contrôle n'apparaissait utilisable à vaste échelle et de façon illimitée dans le temps;

  3. l'élevage était lié aux zones à faible pluviométrie où une éradication était faisable.

La stratégie de contrôle implique en effet d'agir en permanence. La pérennité de la lutte permet de maintenir les glossines à un très faible niveau de densité incompatible avec la transmission cyclique des trypanosomes ou à un seuil acceptable pour un usage modéré des trypanocides et des trypanopréventifs. Il est plus facile d'abaisser les densités de glossines de 95 p. 100 que de les éliminer totalement. Mais il est difficile d'appliquer une méthode sur de vastes surfaces et de façon indéfinie.

Ces deux contraintes ne peuvent être assurées par les services techniques seuls, mais peuvent être atténuées si:

  1. les méthodes sont suffisamment simples pour être utilisées par des non spécialistes, c'est-à-dire, les éleveurs eux-mêmes;

  2. les utilisateurs constatent un gain pour leur betail, donc sont intéressés ;

  3. les utilisateurs sont socialement assez structurés et organisés pour une action commune à vaste échelle.

La mise au point de pièges et d'écrans simples et l'avènement des pyréthrinoïdes ont certainement ouvert une nouvelle opportunité au moins pour le contrôle des glossines, peut-être pour leur éradication, ces méthodes pouvant être utilisées en zone sèche et en zone humide.

Le seul emploi des trypanocides et des trypanopréventifs conduit à plus ou moins long terme à une impasse médicale (résistance), technique (rythme des traitements) et économique (augmentation des coûts) en zone humide.

3. L'ERADICATION ET LE CONTROLE FACE A L'EVOLUTION DE LA SITUATION EN AFRIQUE

Au moins pour l'Afrique occidentale et centrale, on assiste à une évolution récente des situations locales de l'élevage bovin aboutissant à un nouveau contexte d'intervention.

3.1 L'aspect pastoral

3.1.1 L'élevage traditionnel

Les pasteurs sahéliens deviennent des pasteurs sudsoudaniens et pour certains, guinéens (cf. carte).

La dégradation des conditions de vie et de production dans le Sahel, la pression démographique et les évènements politiques ont accentué ces 20 dernières années un “glissement” assez rapide de l'élevage zébu vers les savanes humides (pluviométrie > 1000 mm; saison des pluies de 5 à 6 mois).

Cette “descente” n'est souvent plus suivie d'une “remontée” des éleveurs qui s'installent alors dans ces zones riches en pâturages et en eau. De plus, les pays d'accueil ont offert aux éleveurs des conditions attirantes pour leurs familles et pour leur bétail (couverture vaccinale plus ou moins gratuite; circulation des produits vétérinaires, marchés rémunérateurs, création de zones pastorales, etc…).

Ainsi, le cheptel de la Côte d'Ivoire a triplé en quelques années et la R.C.A. a vu son effectif zébu passer de 700 000 t. en 1970 à 2 500 000 têtes aujourd'hui. Les peulhs Mbororo côtoient les pygmées dans certaines régions !

Dans de nombreux pays, zébus et bétail trypanotolérant vivent ensemble.

Ce flux d'animaux est rapide et sa stabilité dans le pays d'accueil est imprévisible (problème d'intégration, de coutume, de pression des autorités administratives et coutumières etc…) même si la tendance semble être la sédentarisation.

Devant cet évènement “brutal”, les zones d'élevage ont souvent été définies hâtivement sans étude suffisante des charges acceptables et des pressions de glossines aboutissant dans certains cas à la perte des investissements consentis (zone agro-sylvo-pastorale de la Palé en Côte d'Ivoire).

Dans tous les cas, l'éleveur adapte sa stratégie (individuelle), soit par la fuite si les pressions pathologiques sont trop fortes, soit par l'usage de trypanocides et de trypanopréventifs qui constitue la technique la plus utilisée.

Mais ces contraintes en zone humide poussent les éleveurs à s'ouvrir à l'innovation par necessité, ce qui laisse espérer qu'ils ne soient plus seulement dépendants d'une intervention technique “externe” mais partie prenante d'une stratégie faisant appel à “des moyens techniques adaptés à leurs possibilités” (Boutrais J., 1991).

3.1.2 Elevage moderne

Dans cette partie de l'Afrique, les élevages en ranch sont encore rares.

Installés sur les meilleurs pâturages, profitant souvent d'une amélioration génétique de leur bétail, ces ranchs utilisent rationellement les trypanocides ou trypanopréventifs et lorsque cette stratégie tend vers l'échec, ils ont recours à l'imprégnation insecticide du bétail : ranch “La Pastorale” et ranch du Faro au Nord-Cameroun (Cuisance D., 1991 ; Boutrais J., 1991), ranch Mkwaja en Tanzanie (Gao M.K. et al. com. pers.), ranch et fermes du Kenya (com. pers.), ranchs CEZIET au Burkina-Faso (Bauer B. com. pers.). Le coût supérieur des pyréthrinoïdes est compensé par :

  1. une réduction de la consommation de trypanocides et de trypanopréventifs;

  2. un gain de fertilité et un gain pondéral;

  3. une conquête éventuelle de nouveaux pâturages.

L'emploi des pyréthrinoïdes (deltaméthrine, fluméthrine, cyperméthrine…) permet de lutter à la fois contre les tiques et contre les glossines (Wilson A., 1987; Bauer, B. et al., 1988) et peut être associé au piégeage comme cela est pratiqué dans le Nord-Est et l'Est du Zimbabwe (Hursey et al., 1987; Vale G., 1988).

3.2 L'aspect entomologique

Ce déplacement des éleveurs en zone humide fait qu'ils ne sont plus installés en limite des zones infestées (zone sahélo-soudanienne) mais qu'ils se retrouvent au milieu des zones infestées (zone soudano-guinéenne): une stratégie d'éradication peut difficilement être mise en oeuvre, car ne pouvant s'appuyer sur des zones indemmes.

Dans la plupart des cas, aucun isolement total n'est possible: l'installation de barrières peut tout au plus freiner les fortes réinvasions.

La brièveté de la saison sèche, l'importance des biotopes à traiter, leur proximité des eaux libres ne sont pas des facteurs favorables aux pulvérisations d'insecticides rémanents (durée limitée d'interventions, rémanence brève des produits, problèmes d'écotoxicologie).

Les variations climatiques entre saisons sont beaucoup plus atténuées:

  1. La pression glossinienne est moins dépendante des fluctuations saisonnières: le “challenge” est plus constant;

  2. les baisses de densité et le repli saisonniers des glossines savanicoles est faible, facteurs peu favorables au rapport surface traitée/surface récupérée.

Tout surpâturage concourre rapidement à un réembuissonement rapide et intense, donc à une couverture boisée très favorable aux glossines (cf. région de Meiganga et plateau de l'Adamaoua au Cameroun).

L'avancée en zone humide a également pour conséquence un contact croissant du bétail non seulement avec les glossines du groupe Morsitans, mais avec celles du groupe Palpalis. (G.f. fuscipes est l'espèce dominante dans les zones pastorales centrafricaines) et dans certaines situations avec celle du groupe Fusca (region de Mobaye, Bangassou en R.C.A.).

Enfin, les zones sub-humides et humides abritent souvent des parcs et réserves de faune qu'il convient de sauvegarder mais qui entretiennent de fortes populations de glossines vis à vis desquelles les stratégies de lutte possibles et acceptables sont toujours discutées.

3.3 Les services techniques de lutte contre les glossines

Les pays dotés de service de lutte compétents et pourvus de moyens importants sont rares (le Zimbabwe en est un remarquable exemple).

Dans de nombreux pays, ils sont désorganisés par la désaffection du personnel formé, la réduction des effectifs avec les réajustements structurels mais surtout l'effondrement des moyens matériels et financiers.

Dans les états à élevage récent, les services spécialisés sont en cours d'installation, mais sont généralement réduits.

Dans l'ensemble, il y a un désengagement de l'état pour les stratégies d'éradication. Celles-ci avaient parfois pour base des actions régionales entre plusieurs pays. Peu ont vu le jour, car les priorités n'étaient pas les mêmes pour chacun.

3.4 Financements nationaux. Bailleurs de fonds extérieurs

L'affectation de sommes parfois importantes à des campagnes d'éradication durant de nombreuses années n'a pû être maintenue au même rythme par les états affrontés à des difficultés économiques croissantes (retard, non paiement, difficultés institutionnelles, etc…).

De même, les bailleurs de fonds tendent à appuyer les initiatives privées des éleveurs et s'orientent plutôt vers des financements à court et moyen terme dans des projets de taille moyenne. S'ils sollicitent la participation financière des états, ils s'orientent également vers un transfert des techniques et des charges aux producteurs à la faveur de l'organisation des communautés d'éleveurs (associations, coopératives, groupements, etc…).

De plus, la privatisation de la santé animale est privilégiée par de nombreux bailleurs de fonds (Banque Mondiale, F.E.D., F.A.C. …) avec un souci de participation financière des éleveurs.

Cette orientation conditionne donc très fortement le choix d'une stratégie de lutte: celle-ci doit être économiquement supportable par le budget familial de l'éleveur.

3.5 Aspect économique

On a souvent tendance à ne retenir que le rapport coût/benefice comme critère de choix entre deux méthodes de lutte ou deux stratégies, mais il convient plus globalement de savoir s'il vaut la peine de lutter en priorité contre la trypanosomose et ensuite de classer sur le plan économique les méthodes techniquement applicables. (Tacher et al. 1990). Les bilans économiques sont dépendants des échelles de temps et de surface, des types d'élevage, des espèces de glossines, des races de bétail etc …

L'économie de la lutte contre les trypanosomoses animales a fait l'objet d'études approfondies dans des situations données, en particulier l'approche du rapport coût/bénéfice de différentes méthodes d'éradication et de contrôle (Tacher G. et al. 1987, 1990 ; Putt S. et al. 1989; Jahnke et al. 1987; Brandl F. 1988; Allsopp et Barrett, 1988).

Les tentatives de modélisation sont nombreuses mais exigent une somme de données souvent disponibles qu'en partie.

L'analyse des coûts peut être assez bien cernée lorsqu'il s'agit d'opérations réalisées par l'état (coûts fixes : infrastructure, administration, personnel ; coût variables : équipement, fournitures, fonctionnement…). Il l'est déjà moins lorsqu'il s'agit des éleveurs (achat de produits ou de matériel, paiement de services…) ou de collectivités.

L'analyse des bénéfices directs est relativement facile dans des élevages modernes (pertes évitées, paramètres de production, prix …). Elle est difficile en élevage traditionnel.

Les bénéfices indirects sont très difficiles à cerner, car touchant tous les aspects du développement et le manque de données fiables est fréquent (autosuffisance, impact écologique, création d'emplois, promotion sociale, utilisation de nouvelles terres …).

Par son coût et ses exigences techniques, l'éradication doit aboutir à une planification respectée de l'usage des terres libérées et le maintien des résultats conditionne la viabilité économique. Le contrôle est moins asservi à ces exigences. Le problème de réinvasion n'a pas les mêmes conséquences.

Mais l'aspect économique ne nous semble pas le seul critère de décision à prendre en considération, car l'animal n'a pas en Afrique seulement un rôle de produit économique. Selon Jahnke (1982), il a:

  1. une fonction de subsistance et d'alimentation;

  2. une fonction d'intrant (intrants culturaux et intégration à l'exploitation);

  3. une fonction de capital et de garantie;

  4. une fonction sociale et culturelle.

De plus, dans de nombreuses situations, l'installation des éleveurs en zone humide est une nécessité. Il n'y a plus de choix (effets climatiques, contraintes socio-politiques…). Le technicien doit identifier les raisons de l'adoption ou de non-adoption d'une méthode de lutte par l'éleveur (chimiothérapie ou prophylaxie souvent) que celle-ci soit promue par un service technique ou adoptée spontanément (emploi de pulvérisateurs individuels ou de formulations “Pour on” dans des cas récents au Cameroun, pièges en R.C.A., écrans en Ethiopie …). Il doit évaluer son efficacité réelle avec ses contraintes et ses risques.

Si cette méthode est efficace, fiable et adoptée par l'éleveur, on peut supposer qu'elle est “rentable” à ses yeux. L'étude des budgets familiaux pour cerner la part consacrée aux soins ou à la protection du bétail devrait être rapidement entreprise dans la perspective du transfert de certaines charges aux éleveurs. Cette étude est bien amorcée en R.C.A. (Lemasson et al. 1990).

En situation d'élevage amélioré (ranching), la rentabilité est primordiale et les modalités d'intervention sont beaucoup plus faciles à choisir et à adapter en fonction de l'apparition de nouvelles méthodes de lutte. La présence de “dip” offre l'opportunité d'utiliser les méthodes d'imprégnations du bétail (forte densité animale, régularité des traitements, gestion de parcours, etc…) et de tirer facilement un bilan économique précis.

Si l'éradication nécessite des coûts initiaux lourds avec théoriquement des coûts de maintien réduits (ils le sont rarement), le contrôle des vecteurs est caracterisé par des coûts initiaux faibles mais imposés pour des durées indéterminées à la manière de la chimiothérapie et de la chimioprophylaxie.

Les charges financières de l'éradication étaient supportées par l'état, celles du contrôle seront largement transferrées aux éleveurs.

3.6 Pression des écologistes

Les épandages insecticides restent mal vus par l'opinion mondiale. De plus, l'éradication fait appel à des organochlores employés souvent sous forme rémanente (gouttelettes de diamètres : 150 m) avec des risques d'accumulation pour certains (D.D.T., Dieldrine).

Les pyréthrinoïdes pourraient leur être substitués, mais les coûts sont multipliés par 2 à 4 pour les traitements terrestres (Holloway, 1990). De plus, ces produits ne semblent pas atteindre d'aussi longues rémanences.

Les “anciens” insecticides sont condamnés et les “nouveaux” sont beaucoup trop chers pour une efficacité parfois discutable aux doses jugées acceptables par les écologistes. Le choix est favorable aux méthodes de contrôle (piégeage, bétail imprégné) qui n'ont pas ou peu d'effets secondaires sur les espèces non cibles.

4. PRINCIPAUX ELEMENTS DE DECISION

Certains pays ont probablement encore une latitude de choix entre l'éradication et le contrôle. Beaucoup se trouvent dans une situation de non-choix.

4.1 Volonté d'agir

Quel que soit le contexte d'intervention, il apparaît indispensable qu'il y ait une volonté d'intervention fermement exprimée par les responsables politiques du ou des pays concernés (projets régionaux) qui doivent définir avec les responsables techniques les priorités:

  1. les trypanosomoses sont-elles une contrainte majeure?

  2. s'agit-il de développer un élevage traditionnel existant, d'accueillir de nouveaux arrivants, de favoriser un élevage intensif?

A cette volonté des dirigeants doit s'ajouter la volonté des éleveurs eux-mêmes. Longtemps tenus à l'écart des décisions, les éleveurs doivent manifester leur volonté et leur intérêt à la mise en oeuvre d'une lutte. Leur motivation dépend de la contrainte pathologique subie. L'attitude de l'éleveur est primordiale dans la mise en oeuvre des méthodes “alternatives” (contrôle) et importante dans le maintien des zones assainies (éradication).

4.2 Facteurs du choix

4.2.1 Choix entre stratégies

Celui-ci est dépendant de la faisabilité technique (espèces de glossines, relief, conditions climatiques, etc…) de l'acceptabilité au plan écologique et de l'intérêt socio-économique. L'éradication est étroitement dépendante des possiblités d'intervenir (progresser suffisamment en saison sèche, obtenir une rémanence des produits sur la végétation, disposer de services techniques importants) et de maintenir l'acquis. Cette stratégie peut rester viable dans les zones à longue saison sèche, à élevage planifié et amélioré, disposant d'équipes techniques spécialisées importantes pouvant compter sur des financements lourds et réguliers sur 10 ou 20 ans. Bien que difficile à réaliser, une intervention à échelle régionale est souhaitable.

Ces conditions deviennent très rares.

Le “bond” de l'élevage en zone humide modifie la faisabilité technique: devant l'impossibilité d'isoler une zone, l'éradication n'est plus envisageable avec les moyens de lutte disponibles dans l'état actuel de distribution des glossines.

Seule une stratégie d'abaissement des densités apparait envisageable, car elle est compatible avec:

  1. un isolement impossible;

  2. des saisons sèches qui s'amenuisent;

  3. des espèces de glossines à écologie différente;

  4. des interventions dispersées dans le temps et dans l'espace;

  5. une irregularité des financements;

  6. des services techniques réduits ayant un rôle d'organisation plutôt que d'execution;

  7. les soucis des écologistes.

En contre-partie, elle n'aboutit pas à la disparition des glossines, mais au maintien du fléau à un bas niveau, et elle doit aussi être maintenue sur une durée imprévisible avec le risque de lassitude et de démotivation inhérent aux méthodes répétitives.

De plus, un des facteurs de décision est le rôle dévolu aux populations qui agiront avec la supervision d'un service technique. Celui-ci demeure indispensable. La prise en charge technique et financière d'une opération de contrôle par les éleveurs est souhaitable car indispensable. De plus, elle est motivante pour les bénéficiaires. Utopie ou réalisme ? Des exemples récents (Cameroun, Côte d'Ivoire, R.C.A., …) montrent que, face au “péril glossinien”, les éleveurs se mobilisent, s'organisent et participent activement à la protection de leur bétail.

4.2.2 Choix entre méthodes de contrôle

Entre les deux grandes méthodes de contrôle des glossines (piégeage et imprégnation du bétail), le choix sera conditionné en particulier par:

  1. la disponibilité locale en produits (fabriqués ou importés);

  2. leur simplicité et leur applicabilité (densité, rythme d'entretien, etc…);

  3. leur coût (charge revenant à l'éleveur et à l'état).

Les pièges et les écrans peuvent être fabriqués localement. Leur usage et leur entretien est simple, mais la densité d'implantation sur un territoire pastoral est-elle compatible avec l'activité journalière d'un éleveur et avec ses possibilités financières ?

Pour des glossines de savane (G.m. submorsitans) en Adamoua (Cameroun), l'emploi de 5 écrans/km2 est hors de portée des éleveurs Foulbe ou Mbororo dont la surface pâturable est de 30 à 100 km2 selon les saisons (Cuisance, Boutrais, 1991).

En R.C.A., pour des glossines riveraines (G.f. fuscipes), le piégeage des abreuvoirs semble une solution techniquement et financièrement acceptable par les éleveurs Mbororo (Cuisance et al. 1989, Gouteux et al., Blanc et al., à paraître). La protection par des pièges de troupeaux imprégnés (Bayticol N.D.) est également prise en charge au Burkina-Faso (région de Satiri) (Bauer B., com. pers.).

Dans certains pays, l'organisation et la mise en place des moyens de contrôle des glossines sont pris en charge totalement par les Services techniques sans participation des populations. (Côte d'Ivoire, Zimbabwe, Zambie …). L'efficacité technique est excellente mais le problème se pose du maintien de ces dispositifs qui exigent des moyens importants en véhicules et personnels.

Les populations qui sont les premières bénéficiaires de ces actions, doivent être incitées à participer. Cette participation (installation, surveillance, entretien, achat) est à moduler selon les situations locales.

Parmi les imprégnations insecticides du bétail, le choix sera fonction des installations existantes et des densités de bétail (minimum de 10 animaux/km2), si les bains sont nombreux et géographiquement bien distribués, il suffit de changer l'organophosphore par un pyréthrinoïde pour avoir une action à la fois contre les tiques et contre les glossines. Le rôle des éleveurs est alors capital (fréquence et régularité des passages, passage de tout le bétail, ajustement des concentrations etc…).

C'est la solution des propriétaires de ranchs. Le coût plus élevé des pyréthrinoïdes est largement compensé par la chute des consommations de trypanocides et par les gains de productivité (Poitevin, com. pers.).

Dans certaines régions du Cameroun et du Burkina-Faso, les éleveurs au contact des cultivateurs, utilisent des pulvérisateurs manuels. Le résultat est fonction du comportement de la population (usage en masse ou non, niveau de transhumance …), de l'appui des services techniques (fourniture en insecticides, en pièces détachées, information et sensibilisation, etc…).

Les formulations “Pour on” sont particulièrement séduisantes (Schoenefeld, 1988). Elles permettent de s'affranchir des installations lourdes (“dip”) ou légères (pulvérisateurs) et d'être efficaces contre plusieurs espèces de glossines en toutes saisons. De plus, elles sont très prisées par les éleveurs, beaucoup plus motivés pour appliquer un insecticide sur leur animal que sur un support artificiel comme un piège.

Il semble que certaines formulations “pour on” offrent de longues rémanence et donc un espacement des applications rendant cette méthode moins onéreuse (Bauer B., com. pers.)

Ces méthodes de contrôle se complètent facilement (barrière d'écrans et bain du bétail au Zimbabwe) et s'intègrent facilement avec les méthodes d'éradication (épandages insecticides) (Vale G., 1988).

Si le volet “vulgarisation” auprès des éleveurs et des agro-éleveurs n'a jamais été important avec les méthodes d'éradication, il devient capital avec les méthodes de contrôle, car celles-ci sont dépendantes des comportements individuals (motivation, accessibilité, mobilité …) et surtout communautaires (organisation sociale, rapports avec l'administration, autorités coutumières …).

A chaque situation d'élevage, les services techniques devront adapter la méthode de lutte en fonction du contexte humain (systèmes de production, budgets familiaux, typologie, attentes des éleveurs). Le niveau de prise en charge financière ne pourra être établi qu'après recueil de ces informations de base. En R.C.A. les dépenses annuelles moyennes par famille d'éleveurs Mbororo sont de 36 600 CFA (122 US$ environ) pour les produits vétérinaires (troupeau moyen = 125 têtes) (Lemasson C. et al. 1990) Les moyens de lutte contre les trypanosomoses doivent rentrer dans cette somme.

5. CONCLUSION

Justification pour le contrôle ou l'éradication ? Il appartient à chaque pays de choisir sa stratégie en fonction des situations entomologique, climatique, bioécologique et socio-économique qui sont multiples.

L'idéal demeure l'éradication des glossines, mais déjà techniquement et économiquement difficile à obtenir dans les pays équipés et entrainés2, elle devient impossible dans les autres cas, en particulier dans les zones humides où seul le contrôle des densités de glossines constitue un objectif réaliste en fonction des moyens techniques actuellement disponibles.

Le “glissement” des éleveurs en zone humide pousse les services techniques à changer de stratégie face à une situation d'élevage mobile et imprévisible, une situation entomologique complexe et contraignante, des financements nationaux et internationaux difficiles à mobiliser et un souci de protection de l'environnement.

Dans ce contexte, le choix devient difficile et forcément limité.

A notre avis, deux choses sont encourageantes:

  1. les éleveurs soumis aux conjonctures socio-économiques sévères et aux contraintes pathologiques croissantes en zone humide manifestent une volonté de participer. L'éradication exigeait une technicité mettant à l'écart les éleveurs. Le contrôle offre la possibilité aux éleveurs d'être partie prenante d'une campagne;

  2. grâce aux récherches récentes menées grâce à des financements nationaux et internationaux (BIRD, C.E.E., F.A.C., O.D.A., etc …) dans plusieurs pays (Zimbabwe, Burkina-Faso, Côte d'Ivoire…) et grâce aux nouveaux pyréthrinoïdes et aux formulations nouvelles de plusieurs firmes chimiques, deux grands moyens de contrôle des glossines sont potentiellement opérationnels pour l'élevage en zone humide (piégeage et applications insecticides sur le bétail) car accessibles directement aux éleveurs traditionnels.

A défaut de vivre sans glossines, il faut vivre avec peu de glossines pour alléger un élevage “sous la seringue”.

2 Selon Ford (1976) et Jordan 91986), les tsé-tsé ont été éradiquées avec succès de 1,5 p. 100 des surfaces infestées en Afrique.

DOCUMENTS CONSULTES

Allsopp (R.), Barrett (J.C.). Perspectives on the insecticidal control of tsetse flies. KETRI/KVA Workshop on Regional Development and Implementation of Tsetse Control Strategies in Eastern Africa with emphasis on Targets and Traps, Mugugua, Kenya, 7–8 mars, 1988

Bauer (B.), Petrich-Bauer (J.), Pohlit (H.), Kabore (I.). Effets de la flumethrine pour-on contre Glossina palpalis gambiensis (Diptera, Glossinidae). Trop. Med. Parasit. 1988, 39

Blanc (F.), Gouteux, (J.P.), Cuisance (D.), Pounekrozou (E.), Le Masson (A.), Ndokoue (F.), Mainguet (M.), D'Amico (F.), Le Gall (F.). La lutte par piégeage contre Glossina fuscipes fuscipes pour la protection de l'élevage en R.C.A. III. Vulgarisation en milieu Mbororo. (à paraître).

Boutrais (J.). Les populations pastorales et les glossines en Adamaoua (Cameroun). République du Cameroun. Banque Mondiale, Février 1991, 64 p.

Brandl (F.E.). Economics of trypanosomiasis control in cattle. Farming Systems and Resource Economics in the Tropics. Vol. 1 Wissenschaftsverlag Vauk Kiel, 1988, 220 p.

Cuisance (D.), Gouteux (J.P.), Cailton (P.), Kota-Guinza (A.), Ndokoué (F.), Pounékrozou (E.), Demba (D.). Problématique d'une lutte contre les glossines pour la protection de l'élevage zébu en R.C.A. IIIè Conférence Internationale des Entomologistes d'expression française. Gembloux (Belgique), 9–14 juillet 1990.

Cuisance (D.). Glossines et élevage en zone humide. Réunion SOLAGRAL. Ministère de la Coopération, Juin 1990, 6 p.

Cuisance (D.). Lutte contre les glossines dans l'Adamaoua (Cameroun). Bilan de situation et recommendations. République du Cameroun. Banque Mondiale, Février 1991, 53 p.

Douati (A.). Projet de lutte contre la trypanosomiase animale et les vecteurs. Rapport de présentation. République de Côte d'Ivoire, Ministère de l'Agriculture et des ressources animales, 1990, 19 p.

Ellis (P.R.). General principles of cost/benefit analysis for animal Health Programmes in Developing countries. Expert consultation on cost/benefit for animal health programmes in developing countries. F.A.O., Rome (Italy), 10–14 sept. 1990, 17 p.

F.A.O. Integrated tsetse control and rural development. Report. Joint Meeting of the FAO panels of experts on technical, ecological and development aspects of the Programme for the Control of African Animal Trypanosomiasis and related development. Accra (Ghana), 7–9 Nov. 1988

Gouteux (J.P.), Cuisance (D.), Demba (D.). La lutte par piégeage contre Glossina fuscipes fuscipes pour la protection de l'élevage en R.C.A.I. Mise au point d'un piège adapté à un milieu d'éleveurs semi-nomades. Rev. Elev. Med. vet. Pays trop., 1991 (sous presse).

Holloway (M.T.P.). Alternatives to D.D.T. for use in ground spraying control operations against tsetse flies (Diptera: Glossinidae). Trans. of the Zimb. Scientif. Association, 1990, 64(4), 33–40

Holmes (P.H.), Torr (S.J.). The control of animal trypanosomiasis in Africa : current methods and future trends. Outlook on Agriculture, 1988, 17 (2), 54–60

Hoste (C.H.), Chalon (E.), d'Ieteren (G.), Trail (J.C.M.). Le bétail trypanotolérant en Afrique occidentale et centrale. Etude F.A.O./Production et santé animales. 20/3, Rome, 1988, 281 p.

Hursey (B.S.), Whittingham (G.W.), Chadenga (V.M.). Report 19th Meeting International Scientific Council for Trypanosomiasis Research and Control, Lome (Togo), 1987, 438–452

Hursey (B.S.), Tsetse control. 6th Conf. of the O.I.E. Regional Commission for Africa, Harare, 22–25 janv. 1985, 191 p.

IEMVT-G.T.Z.. Vers une nouvelle structure pour la santé animale en Afrique. Févr. 1988, Bangui (R.C.A.), 30 p. Jahnke (H.E.), Tacher (G.), Keil (P.), Rojat (D.). Livestock production in Tropical Africa with special reference to the tsetse affected area. Actes de la réunion du Réseau Africain d'Etude du bétail trypanotolérant. Nairobi, (Kenya) 23–27 nov., 1987, 26 p.

Jordan, (A.M.). Trypanosomiasis control and African Rural Development. Longman G.L., 1986, 357 p.

Lee (C.W.), Maurice (J.M.). The african trypanosomiases. Methods and concepts of control and Eradication in relation to Development. World Bank Technical Paper No4, Washington (U.S.A.), 1983, 107 p.

Lemasson (C.), Remayeko (A.). Les éleveurs Mbororo. Etude socio-économique. Ministere du Développement Rural, A.N.D.E., Bangui (R.C.A.). Mai 1990, 227 p. + annexes.

Oxby (C.). Progress in the settlement of nomadic herders in the sub-humid savannahs of Africa. F.A.O. report, 1982, 69 p.

Peyre de Fabregues (B.). Quel avenir pour l'élevage au Sahel ? Rev. Elev. Med. vet. Pays trop., 1984, 37(4), 500–508

Putt (S.N.H.), Jordan (A.M.), Koùman (J.H.), Mulder (P.), Shaw (A.P.M.). Evaluation of the E.E.C.-funded tsetse and trypanosomiasis control projects in Malawi, Mozambique, Zambia, Zimbabwe. PAN Livestock Services Limited and the Centre for Development and Cooperation Services of the Free University of Amsterdam. Mai 1989, 311 p.

Schoenefeld (A.). Tsetse control with insecticide-treated cattle in Zanzibar. Joint Meeting of the Pannels of Experts on ecological/technical and development aspects of the programme for the control of African Animal Trypanosomiasis and related development. Accra, Ghana, 7–9 nov. 1988

Tacher (G.), Jahnke (H.E.), Rojat (D.), Keil (P.). Livestock development and economic productivity in tse-tse-infested Africa. Réunion du Réseau africain d'étude du bétail trypanotolérant, Nairobi (Kenya) 23–27 nov. 1987.

Tacher (G.), Msellati (L.). General strategies for further development in veterinary economics in Developing countries. Expert consultation on cost/benefit for animal health programmes in developing countries. F.A.O. Rome (Italie), 10–14 sept. 1990.

Toure (S.M.). Impact de la trypanosomose animale africaine. in : Cours de formation sur la production et la santé du bétail trypanotolérant. PNUD/FAO/ITC, 5e cours, vol. 1: Théorie, Avril-Mai 1991, 1–20

Vale (G.). The recent implementation and investigation of spraying measures and bait techniques for tsetse control in Zimbabwe. Joint Meeting of the F.A.O. panels of experts on technical, ecological and development aspects of the Programme for the Control of African Animal Trypanosomiasis and related development. Accra (Ghana), 7–9 nov. 1988.

Vale (G.A.), Lovemore (D.F.), Flint (S.), Cockhill (G.F.). Odour-baited targets to control tsetse flies, Glossina spp. (Diptera: Glossinidae) in Zimbabwe. Bull. ent. Res. 1988, 78(1), 31–49.

Wilson (A.). A preliminary report on a large scale field trial to assess the effect of dipping in deltamethrin on the incidence of trypanosomiasis in cattle in a tsetse infested area. 1987 (com. pers.)

Estimation des coûts de différents traitements épicutanés des bovins dans les conditions du Nord-Cameroun
(en francs C.F.A.)

 ProduitRythme salsonnlerDosesPrix InsecticideNombre traitementsCoût InsecticideCoût applicationCoût totalCoût/animal moyen/an(5)
DippingButox  21 400 CFA/130963,0} 1284 100
(dip)
13841038
Ranch La Pastoralo
determéthrine, 50 g/ls.plulos 1 fois/somaine750ml/1000 1 cau/500 tòtos 10 
Nord Cameroun(6)
Roussel-Uclaf s.sòcho 1 fois/2 somaines "   "   "   321,0
Ranch La Pastoralo
Suponas. plulos 15 000 CFA/17     
Nord Cameroun(6)
(chlorfenvinphor, 1000g/1)
Shell-Chimle
s. sòcho;     100
(dip)
806605
Pulyérisstion mamielloButox(1) s.plulos 1 fois/somaine7,5 ml/101 cau/5 têtes21400 CFA/1309630} 1284  1141857
(Nord Cameroun)
(determóthrine, 50 g/l)     178
(pulvórisatour)
 Roussel-Uclafs. sòcho 1 fois/somaine "   "   " 10321,0
  (2) s. plulos 1 fois/somaine7,5 ml/101 cau/15 têtes 30321,0} 428 178
(pulvórisatour)
606454
  s. sòchos 1 fois/somaine "   "    10107,0
Pour onEctopor(3)s. plulos 1 fois/2 somainos500 ml/10 têtes2 500 CFA/0,51143500} 4750047503562
Nord-Cameroun
(cypernéthrine 2%)     
 Ciba-Geigys. sòchos 1 fois/4 somaines "   "     "  51250
           
Nord-Cameroun
Bayticol (3) s. plulos 1 fois/2 somainos1000 ml/40 têtes8 000 CFA/1142800    
 (fluméthrine 1%)     } 3800038002850
 Bayors. sòcho 1 fois/4 somainos "   "   "  71000    
Estmation théorique
Spoton s. plulos 1 fois/mois1000 ml/40 têtes11 000 CFA/1 (4) 71925} 2612 026121959
 (determéthrine 1%)     
 Coopers-Pitman-Moores. sòcho 1 fois/2 mois "   " 2,5687,5
Estmation théorique
Bayticols. plulos 1 fois/2 sem.1000 ml/40 têtes8 000 CFA/1142800} 3487034872615
 Spotons. sòcho 1 fois/2 mois "   "11 000 CFA/12,5687,5

Source : D. Culsance, 1991

Conditions : - 10 têtes/km2
- assez grando sódentarió
- bonne distribution sur le terrain

(1) dose recommendóe (2 litres solution/têete)

(2) dose pratiquée par élevour traditionnel

(3) rythme évalueé d'après los donnóos actuolles

(4) prix LAPROVET

(5) 1 bovin adulte = U.B.T. (250 kg)
1 troupoan traditionnal de 100 aòtos = 75 U.B.T.: 1 animal “moyen” = 0,75 U.B.T.
La season des plules ost ostlmáa à 7 mois, la sesion sìche à 5 mois

(6) Donnóos almabloment fournios per M. Poltovin

Les prix en CFA sont ceux relevés en décembre 1990 dans la Province dé l'Adamaous
1000 CFA = 20 FFs = 3,33 US $

LA “DESCENTE” DE L'ELEVAGE BOVIN EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE

Source : J. Boutrais (com. pers.)

1 : régions de grand élevage bovin au début du siècle, 2 : limites nord et sud du grand élevage bovin en 1960,
3 : limite sud de l'élevage bovin à la fin des années 80, 4 : forêt dense équatoriale.

Summary of Costs of Different Approaches to Trypanosomiasis Control
in a same country (Zimbabwe)

All costs per sq. km.Direct Costs*
ECU
Indirect Costs*
ECU
Total Costs
ECU
Aerial Spraying** 19095 – 170285 – 360
Groundspraying13025 – 140155 – 270
Targets(1per sq.km.)*** 4040 – 15080 – 190
Targets(4per sq.km)16040 – 150200 – 310
Targets(4 per sq.km but 212540 – 150165 – 275
instead of 4 visits   
Manual pulverisation  102
(61./head 20 treat/year*****)   
Dipping250 – 7025 – 95
Pour on  60 – 154
(15 treat/year)*****    
Samorin Prophylaxis*****    
(5 cattle, 5 years)  55 – 75
(10 cattle, 10 years)  185 – 250
(20 cattle, 20 years)  510 – 680

Source : All costs except for Samorin prophylaxis and manual pulverisation and Pour on technique are based on costings produced by J. Barrett, ODNRI economist based at the TTCB, in Putt S. et al., May 1989Note :

* Direct costs cover insecticide, targets hardware and software, flying time, the cost of target maintenance in terms of staff and transport. Indirect costs cover access and airstrip development and some administrative overheads (see Allsopp and Barrett, 1988).

** For aerial spraying the lower cost refers to an area of about 6000 km2, the higher to an area of about 3000 km2.

*** Targets at 1 per sq. km. would be effective against G. pallidipes, at 4 per sq. km. against G. morsitans. Maintenance every three months is assumed, except in the last case where the use of dieldrin on targets would make it possible to reduce the number of visits to one every six months.

**** Cattle dipping costs have been based on the changing from acaricides currently used in existing dips to a deltamethrin dip for the low cost level, with the upper cost level representing the costs for the use of a pour-on formulation. These have not been worked out in the same level of detail as for the other strategies. The stocking density is 10 per sq. km.

***** Samorin prophylaxis refers to the number of cattle per sq. km. and is compared to a tsetse control programme freeing the area of trypanosomiasis for 5, 10 and 20 years respectively. The cost is based on 4 ECU per head per year, comprising 4 doses of Samorin and 2 of Berenil and an administrative overhead of 1 ECU, loosely based on current trypanosomiasis inspection and administration costs in Zimbabwe. Prophylaxis also imposes costs in terms of some losses in meat and days worked for animals affected by the repeated injections.

****** person.com.

Estimation des superficies (km2) infestées de glossines suivant les zones écologiques :

Afrique occidentale et centrale.

Répartition de la superficie infestée de tsé-tsé

 PaysSuperficie totale du paysSuperficie totale infestée de tsé-tséZone aride et semiarideZone subhumide et humide
Afrique occidentaleBénin
Burkina
Côte d'Iv.
Gambie
Ghana
Guiné
Guinée B.
Liberia
Mali
Niger
Nigeria
Sénégal
Sierra L.
Togo
5.107.960
2.141.000
(42,0%)
601.000
1.530.000
Afrique CentraleCameroun
Rép. Centr.
Tchad
Congo
Guinée E.
Gabon
Zaïre
5.366.150
4.122.000
(76,8%)
255.000
3.860.000

Source: Données corrigées par S.M. Touré (1991) à partir de Jahnke (1984) in Cours de Formation sur la production et la santé du bétail trypanotolérant Avril-Mai 1991 (PNUD-F.A.O.-I.T.C.)

Part des dépenses dans le budget familial annuel d'un éleveur Mbororo en République Centrafricaine

DEPENSES ANNUELLES MOYENNES PAR FAMILLE EN F.CFADEPENSE D'ELEVAGE TOUTES ZONES, TOUTES CATEGORIES
 F CFA     - F - ( % )
Alimentation329,000

45

     - Natron38,30029
 Elevage132,00018         - Sel27,00020
Habillement105,00015        -Produits Vétérinaires36,60028
Santé13,0001,8 14,3   - Vaccinations6,0005
Voyage11,0001,5    - Cartes FNEC8,3008
Habitat19,0002,8    - Divers12,0009
Agriculture7,0000,8   -Amendes3,8003
Divers expliqués54,0007,4  132,000 F100 %
Divers non expliquèo56,0007,7   
TOTAL726,000 F CFA   

Source: Lemasson (C.). Remayero (A.) Mai 1990(R.C.A.)

CONTROL VERSUS ERADICATION: JUSTIFICATION
SUMMARY

D. Cuisance

The traditional livestock management of Zebu cattle involves regular movement between the Sudanese-saharan and the humid savanna zones of West and Central Africa.

This management system is mobile and unpredicatble. The tse-tse situation is also varied (riverine and forest species) and complex (seasonal variation, habitat inaccurately known, availability of open water, reinvasion pressures, etc.). National and long term international support is also difficult to secure. In this new situation, which varies considerably from country to country, the feasibility of achieving tse-tse control is always greater than that for eradication.

In addition, the need to protect the environment and the current trend towards privatization of animal health activities demands that control techniques be simple and adaptable, involving the use of modules with low technological demands.

Attractive devices (screens, traps) or the cutaneous treatment of livestock with insecticide (live targets) provide the potential to overcome the conditions imposed by the humid zone. Their permanent use over large areas requires the active participation of livestock owners to compensate for the lack of tse-tse control services support. They also offer the innovative advantage of being adaptable to local needs, and so overcome the various constraints, providing the personnel involved are fully informed and trained in their use.

The livestock owners financial participation must be established at a level within their family budget.

The responsible technical services must, within funds available, adapt the control methods to meet these local conditions, and also the sociological situation (production systems, funds, livestock owner cooperation, etc.) and so reduce and suppress tse-tse densities. The alternative approach of reliance on the exclusive and large scale use of chemotherapy and chemoprophylaxis can result in insoluble veterinary, technical and economical problems.

In a number of countries the choice between control and eradication no longer exists. It is imposed by the evolving livestock situations.


Previous Page Top of Page Next Page