Page PrécédenteTable des MatièresPage Suivante

6 Diversification agricole Production et commercialisation d'autres cultures

Plan du chapitre 6

Diversification agricole - Production et commercialisation d'autres cultures

Raisons de la diversification agricole

  • Absence d'acheteurs officiels dans un commerce libéralisé
  • Suppression des subventions à la production des cultures vivrières
  • Prix liés à l'offre et à la demande
  • Risques associés à la monoculture (chute des cours mondiaux, interruption des crédits et des approvisionnements en intrants agricoles)
  • Risques de pénuries de cultures vivrières
  • Saturation des marchés et inflation lorsqu'une seule culture de rente est encouragée

Rentabilité des cultures autres que la culture principale

  • Importance de connaître certains coûts
  • Coûts des semences
  • Coûts de la traction animale/mécanique
  • Coût de la main-d'œuvre

Transformation et commercialisation des produits autres que les céréales

  • Produits horticoles
  • Tubercules
  • Oléagineux

Les paysans ne doivent pas croire
qu'on réalise automatiquement des gains
avec une seule culture

La décision de diversifier
prise en temps voulu peut se révéler rentable

RAISONS DE LA DIVERSIFICATION AGRICOLE

Après l'indépendance, les pays d'Afrique de l'Ouest ont défini des politiques agricoles orientées vers la promotion des filières d'exportation (palmier à huile, café, cacao, coton, arachide, etc.) mises en place à l'époque coloniale afin d'assurer au pays des rentrées de devises.

Parallèlement, on encourageait la production de cultures vivrières par le biais d'une campagne nationale qui se traduisait souvent par des subventions accordées par les entreprises publiques aux producteurs, notamment au niveau de l'approvisionnement en intrants agricoles. Même si la plupart de ces pays n'ont pas atteint l'autosuffisance alimentaire et sont restés des importateurs de céréales, les agriculteurs étaient toujours certains d'avoir un acheteur officiel pour leurs produits. Par ailleurs, des prix homologués visaient à orienter les efforts des producteurs vers telle ou telle céréale. Par exemple, en 1987, la Direction des prix en Guinée a fixé des cours très élevés pour le riz et d'autres assez faibles pour le fonio afin d'inciter les producteurs du Fouta Djalon et de la Haute-Guinée à abandonner le fonio pour le riz.

Dans un commerce libéralisé, il n'existe plus d'acheteurs officiels ou de subventions de l'État aux cultures vivrières. En revanche, les cultures d'exportation continuent à bénéficier d'un système de crédit et d'approvisionnement en intrants agricoles adéquat; en outre, les producteurs de coton, de café ou de banane sont sûrs d'avoir toujours un client grâce aux grands offices parapublics qui gèrent ces cultures d'exportation. Les paysans ont donc tendance à négliger, dans beaucoup de régions, les cultures vivrières au profit du coton ou du café par exemple.

Pour appréhender la notion de diversification agricole au plan de l'économie nationale, il convient de se situer au niveau de l'organisation des filières des différents produits. En effet, cette notion prend en compte tous les aspects associés à l'organisation et au bon fonctionnement d'une filière agricole, à savoir l'efficacité des systèmes de production, les conditions d'approvisionnement en intrants agricoles, la commercialisation et le financement.

La notion de diversification agricole appliquée aux produits vivriers comprend l'ensemble des opérations à accomplir au niveau de la production, de la transformation et de la commercialisation pour que ces produits puissent jouer un rôle dans le développement de l'économie nationale et dans l'amélioration des revenus des différents intervenants.

À l'échelle des paysans, la diversification consiste à cultiver plusieurs produits au cours d'une même saison culturale. Les encadreurs doivent mettre en garde les agriculteurs contre les risques de la monoculture (chute des cours mondiaux, perturbation du système de crédit et des approvisionnements en intrants agricoles à la suite de décisions politiques, etc.) et les inciter à diversifier leurs cultures.

Le choix des produits à promouvoir dans le cadre d'une diversification dépend des conditions agroclimatiques de chaque région. Les encadreurs agricoles doivent être en mesure de conseiller aux producteurs les meilleures pratiques dans ce domaine, et notamment:

Agriculteurs entretenant leurs arbres fruitiers plantés en association avec le maïs.


Un programme spécial de démonstration réalisé par la FAO: arachides, doliques et maïs en culture dérobée.

RENTABILITÉ DES CULTURES AUTRES QUE LA CULTURE PRINCIPALE

L'étude comparative de la rentabilité de différentes spéculations permet aux encadreurs de donner des conseils aux agriculteurs pour les aider à diversifier leurs produits. Pour apprécier la rentabilité d'une culture, il faut déjà avoir une idée de son coût de production et de son prix de vente sur les différents marchés. D'une manière générale, l'encadreur doit connaître les données suivantes:

Même si le calcul de rentabilité favorise une culture plutôt qu'une autre, l'encadreur doit éviter d'encourager les paysans à se spécialiser exclusivement dans cette culture; il faudrait toujours envisager un minimum de diversification pour se mettre à l'abri des risques de la monoculture. En effet, le prix de vente prévisionnel peut baisser d'ici la mise en vente du produit et réduire considérablement les revenus du producteur. Il se peut aussi qu'en raison de certains facteurs comme la sécheresse, les attaques d'insectes ou les maladies, les volumes de production soient nettement inférieurs aux attentes.

Deux exemples de coûts de production de certaines cultures au Bénin sont présentés à l'Annexe 2. Ces tableaux partent du principe que les commerçants se rendent dans les zones de production pour acheter les produits. Des tableaux similaires doivent être établis par les encadreurs agricoles pour les principaux produits locaux. Si les paysans affrontent certains coûts variables pour pouvoir vendre (sacs d'emballage, transport vers le marché, frais de transformation primaire, etc.), ces coûts doivent apparaître dans le tableau.

TRANSFORMATION ET COMMERCIALISATION DES PRODUITS AUTRES QUE LES CÉRÉALES

Les règles générales de la commercialisation des céréales s'appliquent aussi aux autres produits vivriers (tubercules, oléagineux, etc.) et aux produits horticoles. Cependant, ces produits présentent des caractéristiques que les encadreurs agricoles doivent connaître pour donner de bons conseils de diversification.

Produits horticoles4

En plus de la périodicité (caractère saisonnier) commune à tous les produits agricoles, les principales caractéristiques des produits horticoles dont il faut tenir compte dans l'organisation de la commercialisation sont les suivantes:

Brève durée. Contrairement aux produits céréaliers qui peuvent être stockés pendant des mois, les fruits et les légumes se détériorent assez vite et ne peuvent pas faire l'objet d'un stockage prolongé. Ces produits sont périssables et perdent leur valeur s'ils ne sont pas vendus rapidement. Les producteurs et les commerçants du secteur horticole doivent donc prendre sans tarder leurs décisions d'acheter ou de vendre.

Diversité. Il existe une très grande diversité de produits horticoles sur le marché; chaque légume ou fruit possède plusieurs variétés qui ont souvent des caractéristiques physiques et commerciales propres. Ainsi, quand un légume ou un fruit est relativement cher, le consommateur se rabat sur un autre. L'encadreur doit pouvoir faire la différence entre les différentes variétés d'un produit dans le cadre de son activité.

Fragilité. Des produits fragiles qui s'abîment s'ils ne sont pas maniés avec délicatesse imposent l'emploi de moyens et de méthodes appropriées de récolte, de conditionnement, de transport et de stockage.

Autres caractéristiques. Les produits horticoles ont aussi d'autres caractéristiques que l'agent d'encadrement doit connaître:

En fonction de ces caractéristiques, l'encadreur doit s'assurer que la localité où il exerce son activité présente les conditions qui garantissent une bonne commercialisation avant d'orienter les producteurs vers les cultures horticoles.

Tubercules

Les grandes productions de manioc en Afrique de l'Ouest correspondent aux zones humides du sud (Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigéria). Le rendement moyen observé pour ce produit varie entre les pays et entre les régions; au Bénin, il se situe en général entre 8 000 et 11 000 kg/ha.

La région de grande production de l'igname se situe plus au nord, dans la savane humide. Les rendements sont plus élevés; ils ont souvent dépassé 15 000 kg/ha dans certaines régions du Bénin où le manioc ou l'igname sont souvent les aliments de base, le maïs ou la banane plantain venant en appoint. Une fois récoltés, les tubercules sont très périssables et la perte de poids est assez rapide si bien qu'ils ne supportent ni les longs voyages, ni le stockage prolongé et sont de ce fait peu économiques.

Le manioc est consommé principalement après une première transformation (production de gari ou de farine); l'igname est consommé à l'état frais mais peut être séché et conservé sous forme de cossettes dans certaines régions. La conservation des tubercules est plus facile après leur transformation et les produits dérivés (gari ou cossettes) permettent de réaliser de bons profits à la vente.

Arachides productrices d'azote plantées en association avec des ignames.

Oléagineux

La production de l'arachide se fait pratiquement dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest. Dans certains pays (Sénégal, Nigéria, Gambie et Guinée-Bissau notamment) cette culture a revêtu ( et revêt encore dans certains cas) une grande importance dans l'économie nationale en tant que culture industrielle ou d'exportation. Dans les autres pays, elle est cultivée comme aliment de bouche, comme ingrédient pour les sauces ou pour satisfaire les besoins des huileries et savonneries artisanales.

Le soja est réputé pour ses qualités nutritionnelles; importante source de protéines, il contient du calcium, du fer et des vitamines. Cette culture a été introduite dans beaucoup de pays où l'on a essayé de la vulgariser auprès des paysans; malgré ces efforts, il n'existe pas de pays en Afrique de l'Ouest où le soja a ait occupé une place prépondérante dans l'économie nationale. Au Burkina Faso, l'introduction du soja s'est soldée par un échec et en Guinée et au Bénin, elle est restée à l'état de projet.

Le sésame est produit dans beaucoup de pays en vue de son exportation.

Pour de nombreux producteurs, les oléagineux sont une culture de rente car ils se prêtent à la transformation artisanale et industrielle et donnent de l'huile et des produits dérivés; mais ces oléagineux en Afrique doivent soutenir la concurrence des huiles d'importation qui sont le plus souvent de meilleure qualité et moins chères. Du fait que les huileries locales n'arrivent pas à percer sur le marché national et régional, leur demande de matières premières est plutôt faible. C'est pourquoi les encadreurs agricoles doivent s'assurer de l'existence d'unités de traitement de l'arachide, du sésame ou du soja avant d'encourager la grande production de ces oléagineux auprès des producteurs.

Dans le contexte actuel, il serait plus réaliste d'étudier les possibilités d'exportation de ces produits et de n'encourager les agriculteurs à consacrer une partie de leurs superficies à la production d'arachide, de sésame et de soja qu'en présence de débouchés assurés.

Page PrécédenteTable des MatièresPage Suivante