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7 Approvisionnement en intrants agricoles

Plan du chapitre 7

Approvisionnement en intrants agricoles

Changements intervenus dans le système d'approvisionnement en intrants agricoles depuis la libéralisation

  • Nécessité de rechercher les meilleures sources d'approvisionnement
  • Besoin de définir un calendrier d'achats des intrants agricoles
  • Recherche de crédit et d'autres modalités de paiement des fournisseurs

Aide que doivent fournir les encadreurs agricoles en matière d'approvisionnement en intrants agricoles

  • Calcul des besoins
  • Identification des fournisseurs
  • Organisation du transport groupé
  • Recherche de crédits
  • Incitation à l'épargne

Si les épargnes
d'un ménage sont «en nature»,
elles sont visibles
et exposées au vol ...

... mais si le ménage
les dépose à la banque
les voisins et les parents
en ignoreront l'existence.

CHANGEMENTS INTERVENUS DANS LE SYSTÈME D'APPROVISIONNEMENT EN INTRANTS AGRICOLES

La notion d'intrants agricoles retenue dans ce guide englobe les semences, les engrais, les produits phytosanitaires, les pesticides et les sacs pour les grains. Bien sûr, il en existe d'autres comme la main-d'œuvre et la traction animale ou mécanique.

Comme nous l'avons vu, les gouvernements appliquaient dans le passé une politique d'intervention directe dans l'approvisionnement en intrants agricoles; les prêts octroyés aux agriculteurs étaient recouvrés par l'Office de commercialisation au moment de l'achat de la récolte. Les subventions aux intrants agricoles accordées par les gouvernements ou dans le cadre de projets permettaient de réduire considérablement les coûts de production et les prix de vente des denrées alimentaires. Cependant, cette politique encourageait aussi l'utilisation exagérée des intrants, ce qui était nuisible du point de vue tant économique que de la protection de l'environnement.

Avec la libéralisation du marché, des mesures ont été prises en faveur non seulement de l'abolition (ou de la réduction) des subventions, mais aussi du transfert de la distribution des intrants agricoles au secteur privé. En particulier, le secteur des produits céréaliers, dans presque tous les pays d'Afrique de l'Ouest, a vu le désengagement de l'État tant de l'importation que de la distribution des intrants agricoles.

On assiste désormais dans ces pays à l'apparition d'un modèle d'approvisionnement en intrants agricoles qui accorde un rôle de plus en plus important aux importateurs, aux distributeurs et aux détaillants privés. Cette nouvelle organisation de la filière impose de nouvelles contraintes aux producteurs agricoles. Ainsi, de même qu'ils doivent identifier les acheteurs qui offrent le meilleur prix pour leurs céréales, il leur faut également s'approvisionner auprès des détaillants qui proposent les engrais les moins chers. Ensuite, ils doivent veiller à organiser leurs achats avant l'arrivée dans la zone des détaillants. Enfin, la difficulté d'obtenir du crédit oblige les agriculteurs à trouver de nouveaux moyens pour financer l'achat de leurs intrants agricoles.

Achat des intrants agricoles à des prix compétitifs

Les agriculteurs ne doivent pas croire que tous les fournisseurs d'intrants agricoles d'une ville demandent le même prix pour leurs produits. Ils devront prendre contact avec chacun d'eux séparément et voir lequel leur offre les meilleures conditions. De nombreux facteurs expliquent pourquoi les prix diffèrent entre les fournisseurs:

Le prix des intrants agricoles varie suivant la nature de l'importateur ou du producteur. Lorsqu'il s'agit d'une importation effectuée ou garantie par un projet ou une société cotonnière, les prix sont relativement bas car, d'une part, les quantités importées sont élevées, ce qui réduit les coûts de transport et, d'autre part, le projet ou la société cotonnière continue à bénéficier de certaines formes de subvention. En revanche, lorsque l'importateur est une société commerciale ou un commerçant local, les prix sont élevés en raison des faibles quantités importées et de l'absence de subventions. La plupart des pays d'Afrique de l'Ouest produisent des intrants agricoles (engrais et produits phytosanitaires) mais la productivité des industries locales est souvent faible et les prix des intrants qu'elles fabriquent sont assez hauts.

Le prix des intrants agricoles varie suivant les différents coûts d'achat des commerçants détaillants. Il est logique que les commerçants détaillants fixent les prix de vente aux paysans en calculant leurs coûts d'achat et en ajoutant une marge bénéficiaire à ces coûts. Ainsi, les prix de vente pratiqués par les détaillants sont sujets à des variations chaque fois que des changements interviennent dans la structure des coûts ( augmentation des prix au niveau de l'importateur ou du fabricant d'intrants agricoles, coûts de transport plus élevés, etc.).

Le prix des intrants agricoles varie suivant l'offre et la demande. Lorsque le magasin du détaillant est situé à proximité d'une gare ferroviaire ou d'un endroit facilement accessible aux producteurs, il bénéficie d'une forte demande et peut augmenter ses prix. Mais s'il y a, par exemple, une pénurie d'urée dans la ville, et si le détaillant s'aperçoit qu'il possède encore des stocks de ce produit, il augmentera proportionnellement ses prix. En revanche, lorsque la rotation des stocks du détaillant est limitée, il cherchera à vendre rapidement à des prix raisonnables.

Établissement et respect d'un calendrier d'achats des intrants agricoles

Dans plusieurs pays de la région, les intrants agricoles font l'objet d'un approvisionnement irrégulier. Déjà, dans l'ancien système du commerce d'État, on remarquait, d'une année à l'autre, des pénuries graves ou des excédents par rapport aux besoins des agriculteurs, et cette situation persiste dans les systèmes soumis à une forte intervention étatique. Lorsque la distribution des intrants agricoles est dominée par les opérateurs privés, l'approvisionnement des agriculteurs se fait en fonction des gains pouvant être dégagés. Du reste, même si ces opérateurs ont conclu les accords administratifs nécessaires, ils ne sont pas toujours certains que l'État n'interviendra pas dans les importations et la distribution des intrants agricoles; d'où un climat de méfiance qui peut entraîner la rupture des approvisionnements.

Enfin, le commerce des intrants agricoles exige un capital relativement important et il n'est pas dans l'intérêt du détaillant d'immobiliser ses stocks pendant une partie de l'année; c'est pourquoi il n'achètera auprès des distributeurs que les quantités qu'il espère vendre lors des travaux de préparation du sol. Tous ces facteurs imposent aux producteurs de s'approvisionner en intrants agricoles en temps utile pour ne pas risquer de trouver les magasins vides le moment venu. Il faut élaborer un calendrier d'achats d'intrants agricoles qui tient compte de leur disponibilité et le respecter pour éviter de mauvaises surprises.

Paiement des fournisseurs et recherche des crédits adaptés

Avant l'introduction des programmes d'ajustement structurel dans les pays d'Afrique de l'Ouest, l'État intervenait de façon excessive dans l'octroi de crédit agricole. Les crédits de campagne en faveur des producteurs figuraient dans les budgets des gouvernements mais les banques agricoles et les institutions de crédit agricole spécialisées, agissant pour le compte des gouvernements ou des bailleurs de fonds étrangers, ne pouvaient compter que sur un faible taux de remboursement, ce qui a contribué à leur manque de rentabilité et souvent à leur effondrement.

Dans un certain nombre de pays, les producteurs avaient accès au financement de la banque de crédit agricole par le biais de l'Office national de commercialisation agricole. Lorsque l'Office qui achetait les produits agricoles était également chargé de la vente des intrants, il leur était relativement facile de récupérer la valeur de ces intrants sur les sommes dues aux producteurs. Dans le cas où deux entreprises différentes s'occupaient de la vente des intrants et de la commercialisation des céréales, la banque communiquait la liste des débiteurs à l'Office de commercialisation qui se chargeait de récupérer les montants dus auprès de l'Office chargé des intrants agricoles. Cependant, les choses n'étaient pas toujours aussi simples; en cas de mauvaise récolte, par exemple, de nombreux producteurs étaient incapables de livrer des céréales à l'Office de commercialisation et les prêts n'étaient pas remboursés. Même en cas de bonne récolte, certains agriculteurs cherchaient à vendre leurs produits à une tierce personne pour éviter de rembourser leurs prêts.

Un des principaux résultats de la libéralisation du secteur financier a été le désengagement des grandes banques agricoles nationales des opérations de crédit direct en faveur des petits producteurs. Dans certains pays, cette situation a créé un vide institutionnel presque total en matière de crédit rural, et dans d'autres sont nés des systèmes de financement décentralisé sous la forme de caisses de crédit mutuel ou de coopératives de crédit et d'épargne. Cependant, la plupart des agriculteurs du secteur céréalier d'Afrique de l'Ouest ne profitent pas de ces systèmes de crédit de proximité, soit parce qu'ils sont absents de leur zone, soit parce qu'ils ne peuvent remplir les conditions requises pour y accéder. C'est pour cette raison qu'il convient d'identifier des solutions de rechange au crédit classique pouvant satisfaire les besoins financiers des petits producteurs. Parmi ces solutions, on peut retenir les suivantes:

Le système des plantations artisanales. Ce système est administré par les commerçants et les industriels du secteur agroalimentaire lesquels fournissent un financement adapté aux petits et moyens agriculteurs dans le but de soutenir leurs propres activités industrielles ou commerciales. Il peut revêtir plusieurs formes et se traduit généralement par la mise à disposition des agriculteurs d'intrants agricoles à un prix garanti; le crédit est déduit de la vente des céréales au moment de la récolte. Le système prévoit habituellement l'approvisionnement en intrants agricoles à temps, une formation en matière de gestion des cultures et de crédit (où les encadreurs agricoles peuvent jouer un rôle important) et la commercialisation des cultures. Les petits producteurs ont ainsi directement accès au crédit fourni par les institutions financières officielles qui font confiance aux grands opérateurs. Le système des plantations artisanales a bien fonctionné au début des années 90 au Burkina Faso pour les légumes destinés à l'exportation (haricot vert notamment) et ici, comme dans d'autres pays, rien n'empêche en pratique les grands commerçants et certaines industries de mettre en œuvre ce système en faveur des petits producteurs de maïs ou de riz.

Accords de troc avec les fournisseurs d'intrants agricoles. Les paysans paient en équivalent céréales les intrants agricoles que leur livrent les fournisseurs; ce système est une bonne solution au manque de liquidités qui se manifeste souvent au moment des achats d'intrants agricoles. Généralement, les céréales destinées au troc sont disponibles avant la fourniture des intrants. Si les commerçants et les paysans se font mutuellement confiance, ces derniers peuvent ouvrir un compte chez le détaillant, prendre les intrants agricoles nécessaires et payer en nature au moment de la récolte.

Crédit coutumier des commerçants céréaliers. Il s'agit d'un crédit non officiel que les grands commerçants octroient traditionnellement aux producteurs et aux petits commerçants. Dans le cadre de ce système, le crédit est fourni sur la base de relations professionnelles établies de longue date ou simplement en fonction de critères de parenté ou d'amitié. Quelquefois, la garantie d'un notable de la région (chef traditionnel ou religieux) est requise pour que le commerçant accepte d'octroyer un crédit. Les taux d'intérêt ne sont pas fixes et certains commerçants établissent, pour des motifs religieux, des intérêts beaucoup plus faibles que les taux courants des banques. (Beaucoup de commerçants musulmans évitent d'imposer des taux usuraires condamnés par le Coran.) Le crédit accordé aux agriculteurs par les petits commerçants se fonde aussi sur des rapports personnalisés entre les parties et vise à établir un rapport permanent. Cependant, des taux d'intérêt usuraires obligent souvent les agriculteurs à vendre en herbe leur récolte.

Crédit des associations paysannes ou des coopératives. Certaines associations paysannes (union des producteurs) ou coopératives (de production, de commercialisation ou de consommation) octroient des crédits à leurs membres et se chargent de la commercialisation collective de leur récolte. Après la vente des céréales, les crédits (capital et intérêts) sont recouvrés par le bureau de l'association.

Épargne pendant la période des récoltes. En période de récolte, les paysans disposent de liquides et peuvent mettre de côté la somme nécessaire pour acheter les intrants agricoles de la prochaine campagne.

AIDE QUE DOIVENT FOURNIR LES ENCADREURS EN MATIÈRE D'APPROVISIONNEMENT EN INTRANTS AGRICOLES

Nous avons vu le rôle que peuvent jouer les encadreurs agricoles dans l'amélioration de la commercialisation des céréales au niveau des agriculteurs; de la même manière, ils peuvent les aider à obtenir les intrants agricoles nécessaires à leurs activités de production.

L'assistance qu'offrent les encadreurs agricoles aux exploitants dans l'approvisionnement en intrants agricoles prévoit les actions suivantes: estimation des besoins, identification des fournisseurs, organisation du transport groupé, recherche de crédits et incitation à l'épargne.

Estimation des besoins

Avant la libéralisation du commerce des intrants agricoles, les agriculteurs considéraient le crédit comme une subvention; du fait qu'il n'y avait aucune obligation réelle de rembourser les prêts, ils ne cherchaient pas à savoir si l'épandage d'engrais était ou non économique pour leur activité. Par ailleurs, les prix des produits homologués par l'Office national de commercialisation leur permettaient de prévoir les recettes qu'ils auraient dégagées malgré le coût des engrais utilisés. Du reste, dans certains pays et pour certains produits, les prix des produits agricoles étaient calculés sur la base d'un coût de production intégrant l'utilisation des engrais.

Désormais, il est difficile non seulement d'accéder au crédit mais aussi de prévoir si les prix des produits agricoles justifient l'utilisation des intrants agricoles. Si le pays a une production abondante, les prix seront bas et il sera difficile au paysan d'amortir les sommes affectées à l'achat d'intrants agricoles. Lorsque la récolte est mauvaise, pour des raisons de sécheresse par exemple, les prix hausseront et l'agriculteur pourra couvrir le coût des intrants agricoles; mais, il faudra pour cela qu'il fasse lui-même une récolte normale.

Figure 5

Changement du rapport coût-valeur (RCV) en fonction du prix des produits

Les Ministères de l'agriculture des pays d'Afrique de l'Ouest devront réviser les normes d'application recommandées pour les engrais afin de les adapter aux changements survenus dans les systèmes de commercialisation et les prix des produits et des intrants agricoles depuis la libéralisation économique. Les normes appliquées de façon globale dans un pays donné doivent être adaptées à des zones et types de sol spécifiques; elles doivent également mieux refléter les risques d'échec liés aux différentes cultures. Les encadreurs devront expliquer aux agriculteurs les effets sur leurs revenus de l'application des engrais; ils devront aussi les aider à calculer leurs recettes probables en estimant les différents prix des céréales.

Une mesure de rentabilité largement utilisée pour justifier l'utilisation des engrais est le rapport coût-valeur (RCV). Il est défini comme le revenu additionnel obtenu grâce à l'utilisation des engrais divisé par le coût de ces engrais. En général, on admet qu'un RCV de 2 justifie leur utilisation; cependant, ce niveau de RCV peut être insuffisant lorsqu'on tient compte des risques de sécheresse, de maladies des plantes ou de chute de prix des céréales.

La figure 5 illustre comment le RCV est lié à la montée de prix de vente des produits agricoles. Dans le système de commerce étatique, il était facile de calculer le RCV car les prix des produits étaient fixés par le gouvernement; aujourd'hui, ce calcul est devenu compliqué en raison du manque d'informations sur les prévisions de prix des cultures. Dans les zones où de grands aménagements hydro-agricoles ou de grands projets agricoles sont en cours, on trouve des informations sur les précipitations et des prévisions sur l'état de la récolte. Dans ce cas, il est facile de calculer le RCV. En aidant les agriculteurs à déterminer le RCV, l'encadreur s'assurera que la valeur qu'il attribue au produit et aux engrais exprime bien le prix au lieu de production (bord champ). Il veillera aussi à déduire du prix des grains le transport et les autres coûts éventuels qu'il ajoutera au prix des engrais.

Les encadreurs peuvent donc aider les agriculteurs à prendre des décisions sur l'utilisation des intrants agricoles en diffusant des informations sur les prix des marchés céréaliers, sur l'évolution de ces prix au cours des dernières années en tenant compte de l'inflation, et sur les prévisions climatiques. À cet égard notamment, il peut être très utile de communiquer aux agriculteurs les informations sur certains facteurs pouvant entraîner des perturbations climatiques comme le phénomène El Niño qui est une des causes de la sécheresse.

Identification des fournisseurs

Dans le Chapitre 3, on a souligné l'importance de l'établissement de listes d'acheteurs de céréales par les services provinciaux de l'encadrement agricole. À certains moments de l'année, ces listes pourraient s'étendre aux fournisseurs d'intrants agricoles et comprendre les prix et les caractéristiques des produits qu'ils vendent. Dans les zones pourvues de téléphone, les encadreurs devront confirmer le prix des intrants figurant sur les listes avant que les agriculteurs ne se rendent en ville pour faire leurs achats. Il est également important d'avoir les informations sur les possibilités d'obtenir du crédit auprès des commerçants et de savoir s'ils acceptent de troquer des intrants agricoles contre des céréales.

Organisation du transport groupé

Si certains commerçants sont organisés pour se rendre dans les zones de production et acheter les céréales et d'autres cultures, il n'en va pas toujours de même pour les fournisseurs d'intrants agricoles. Cette situation peut changer à l'avenir si les détaillants et les distributeurs d'intrants agricoles privés se dotent des capitaux nécessaires et connaissent mieux tous les aspects de l'activité qu'ils entreprennent. Mais, à court terme, beaucoup d'agriculteurs seront forcés d'organiser le transport des intrants agricoles de la ville à la zone de production. Au Burkina Faso, la société d'importation des intrants (la société cotonnière) a installé auprès de certains groupements de producteurs des magasins de dépôt où ces producteurs peuvent s'approvisionner conformément à leurs besoins. Au Bénin, les distributeurs qui se chargent des importations d'intrants agricoles transportent ces intrants jusqu'aux districts où ils les déposent dans les magasins des groupements de producteurs. Dans ces deux cas, il s'agit toujours de producteurs de coton qui remboursent le prix des intrants agricoles au moment de la livraison du coton à la société cotonnière.

Les agriculteurs qui n'ont pas accès à ce type de service peuvent s'associer et unir leurs ressources pour faire des achats en vrac et organiser le transport groupé des intrants agricoles. Cette méthode permet de réduire les coûts de transport tout en assurant une livraison des produits en temps opportun. Elle peut être pratiquée dans la plupart des régions d'Afrique de l'Ouest où les agriculteurs continuent à acheter individuellement leurs sacs d'engrais et à les transporter au village moyennant les camions qui desservent le marché hebdomadaire. En outre, le transport groupé permet aux commerçants de pratiquer des remises puisqu'ils pourront écouler en une seule fois le chargement d'un camion entier. Cependant l'organisation du transport groupé n'est pas facile; elle requiert beaucoup de perspicacité et de vigilance de la part de l'encadreur agricole notamment dans l'établissement de la liste des transporteurs, l'identification des détaillants, la négociation des conditions de vente et la constitution des groupes de paysans.

Recherche des crédits

Aider les paysans à obtenir un prêt ou à effectuer un dépôt demande du temps, des déplacements et souvent, des visites fréquentes en ville. Bien qu'il n'intervienne pas directement dans les opérations bancaires relatives à l'épargne ou au crédit en faveur des agriculteurs, l'agent d'encadrement peut fournir une assistance diversifiée aux exploitants de sa zone. Cette assistance peut comprendre les actions suivantes:

Établir la liste des institutions financières, des commerçants privés, des agro-industries susceptibles de satisfaire les besoins de crédit des agriculteurs. Cette liste contiendra des indications utiles comme le nom, l'adresse et le numéro de téléphone, la disponibilité d'un service bancaire fixe ou itinérant dans la localité, les modalités de prêt (taux d'intérêt, durée et échéancier).

Estimer les coûts de production (voir Chapitre 6 et les annexes). Lorsque le paysan aura une idée claire de ses coûts de production, il lui sera possible de déterminer les coûts qu'il peut couvrir à partir de ses fonds propres et ceux dont le financement doit faire l'objet d'une demande de crédit.

Organiser des visites dans les centres urbains. Dans la majorité des cas, il est nécessaire d'effectuer des visites répétées aux institutions financières de la ville avant la conclusion des accords de prêt; ces visites pourront fournir l'occasion de vendre les produits agricoles et de réduire par là le coût des déplacements.

Remplir des formulaires de demande de crédit ou d'épargne. Les exploitants, notamment s'ils sont analphabètes, auront du mal à remplir les formulaires exigés par les institutions de crédit.

Créer un climat de confiance chez les partenaires financiers des agriculteurs. Il faudra établir un climat de confiance chez les commerçants, les banques et les autres opérateurs qui pourraient octroyer des crédits aux agriculteurs. Il appartiendra à l'agent d'encadrement de les assurer qu'ils seront remboursés dans les délais convenus. Par ailleurs, il faudra convaincre les agriculteurs de la crédibilité de ces institutions.

Les paysans sont souvent méfiants à l'égard des banques.
Les encadreurs agricoles peuvent mettre l'accent sur l'importance de l'épargne ...
... et la meilleure méthode d'épargner.

Incitation à l'épargne

La constitution d'une épargne comme condition d'octroi d'un prêt est une démarche de vulgarisation qui vise à enseigner aux producteurs la valeur de l'argent. L'épargne régulière même de petits montants inculquera un esprit de discipline chez l'épargnant. On estime en général erronément que les petits exploitants ont une faible capacité d'épargne et, par conséquent, un faible besoin de services. En fait, les ménages des zones rurales mettent de l'argent de côté et, s'ils ont accès aux services appropriés et aux institutions financières où les épargnes peuvent être déposées, on doit les encourager à les constituer en espèces plutôt qu'en nature.

L'agriculteur qui veut épargner a deux soucis: la sécurité et la discrétion. Quand il épargne en «nature» sous forme de bétail, de grains ou d'autres produits agricoles, sa fortune est évidente et il court le risque de vol et de dommages. L'épargne en espèces disponibles auprès d'une institution élimine les risques de perte et met la richesse du paysan à l'abri de la curiosité des amis, de la famille et des autres connaissances vivant dans le village.

L'encadreur devra avant tout s'assurer que les institutions financières auxquelles l'agriculteur entend confier son argent sont fiables, c'est-à-dire qu'elles garantissent la sécurité des fonds des épargnants. La faillite d'une institution fera naître la méfiance chez l'agriculteur vis-à-vis de la notion même d'épargne monétaire.

Il est largement reconnu que l'accès aux sources d'épargne et de transfert de fonds est aussi vital pour un producteur que l'accès aux prêts. Dans n'importe quelle communauté, il y a probablement quatre ou cinq fois plus d'épargnants que d'emprunteurs. L'accès aux caisses d'épargne, et la sécurité et la rentabilité de l'investissement sont importants pour le déposant. Cependant, les petits agriculteurs ignorent souvent les possibilités de financement des investissements par le biais de l'épargne locale. Les encadreurs agricoles doivent leur expliquer qu'en épargnant ils favorisent par la même occasion l'investissement dans leur zone.

Les actions que peuvent entreprendre les encadreurs pour encourager les agriculteurs à épargner comprennent les suivantes:

Dans certains pays d'Afrique de l'Ouest, les systèmes de financement décentralisé (SFD) se substituent souvent à la Banque nationale de crédit agricole dans les zones rurales pour atteindre les petits producteurs qui n'ont pas accès aux banques conventionnelles. Dans ces pays, on rencontre les systèmes de financement décentralisé suivants:

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