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V. La problématique de bois-énergie en Guinée-Bissau

 

Parmi les causes de la dégradation des forêts, la carbonisation occupe une place importante tant au point de vue de la concentration spatiale qu'à de l'intensité. La production de charbon de bois est probablement la forme de destruction des forêts Qui se développe le plus rapidement. En réponse au phénomène de croissance des villes, la demande de charbon de bois continuera à augmenter.

Jusqu'à présent, aucune analyse de l'ensemble de l'environnement social et physique de la production charbonnière n'a été réalisée ou n'est en cours dans les pays des sous-régions, ce Qui rend difficile de concevoir ou de mettre en œuvre des politiques de gestion rationnelle de cette ressource.

Jusqu'à quelques années, la carbonisation était considérée comme une cause secondaire de la dégradation forestière, moins importante en tout cas que les défrichements et les feux de brousse. Ce constat doit maintenant être révise : "il est possible que dans un avenir proche la carbonisation devienne au Nord et dans la zone frontalière au Sénégal, la première cause de la dégradation forestière" (PDFN 1992). A présent, on constate un accroissement important et accéléré des activités de la carbonisation sur la presque totalité du territoire.

L'énergie totale, consommée dans le pays, est à 90% d'origine forestier. Il n'existe pas de statistiques officielles concernant le bois de feu et seulement le bois carbonisé faisant l'objet de transactions commerciales est recensé, en plus de manière partielle et imprécise.

En résumé, la carbonisation est donc considérée comme une des principales causes de l’accélération de la dégradation forestière à laquelle le pays est confronté. Dans le passe, l’absence d'une politique nationale cohérente en gestion de ressources naturelles et en aménagement forestier a rendu toute intervention dans ce secteur aléatoire et peu performante. Les méthodes traditionnelles de carbonisation sont peu efficaces, les coupes de bois mal effectuées d'où des rendements très bas d'environ 8 a 12%. La filière de charbon de bois est peu structurée et appartient essentiellement au secteur informel.

Avec la méthode traditionnelle de production de charbon, il faut carboniser 150.000 tonnes de bois par ans pour produire le besoin national, soit 23.500 tonnes de charbon. Par contre, si on a recours aux méthodes améliorées de carbonisation, à peine la moitié de la quantité de bois susmentionnée pourra satisfaire ce marché.

L'introduction de la technique améliorée de carbonisation, et l’organisation, structuration de la filière peut en grande partie limiter, le gaspillage du bois et les feux de brousse occasionné par les fours traditionnels. L'augmentation du rendement des fours et le fait de carboniser des déchets d'exploitation forestière (qui représentent environ 65% de l'arbre), et ceux issus des scieries (qui représentent environ 40% de la grume) auront un impact positif sur le bilan énergétique du pays.

Actuellement on dénombre une dizaine d'unités industrielles du bois en Guinée-Bissau, dont 8 unités de sciage, qui exploitaient environ 30.000 m3 volume grume par an. Au niveau de l'exploitation forestière il y avait déjà 55.000 m3 de bois d'énergie et au niveau des scieries, un volume de 12.000 m3 de bois disponible mais inutilisé. Actuellement, le volume de résidus au niveau des scieries et des zones d'exploitation ont diminué à pratiquement la moitié des quantités susmentionnées.

L'utilisation de ces matières premières peut résoudre une partie des problèmes énergétiques et environnementaux dans le pays. Des possibilités d'exportation de charbon sont même envisageables si tous les déchets de scieries sont transformés en charbon et des actions parallèles d'amélioration des techniques d'exploitation et de sciage mises en place. La carbonisation de ces déchets fournirait environ 12.000 tonnes de charbon soit la consommation de Bissau en mois.

La carbonisation améliorée répond à cette recommandation en augmentant le rendement et en valorisant, les déchets, d'exploitation Qui favoriseront la régénération naturelle de la forêt. La promotion de plantation d’espèces à croissance rapide constitue aussi un axe de réflexion important.

Il y a un projet de carbonisation sur place en Guinée-Bissau. Ce projet contribuera également à la rationalisation et la professionnalisation de la filière production, transports et commercialisation de charbon de bois au niveau national, par une gestion économique et écologique efficace, en assurant une formation adéquate et un emploi permanent aux ruraux impliqués dans le secteur de la carbonisation.

( Source : document final du Projet GCP/GBS/022/EC)

 

 

 

 

 

VI. La problématique du bois d’énergie dans la sous-region (Afrique de l'Ouest)

 

Les régions périurbaines au tiers monde sont de plus affectées par des problèmes d'approvisionnement en combustibles ligneux (le bois de feu et surtout le charbon de bois) à cause de l'éloignement progressif des ressources de bois et la surexploitation des plantations de bois de feu. Cela se reflète par le prix très élevé du charbon de bois en milieu urbain.

La presque totalité des régions périurbaines dans ces pays est aussi caractérisée par une atteinte à l'environnement de plus marquée, se manifestant par une destruction des ressources forestières locales. Cette exploitation anarchique des forêts naturelles et semi-naturelles entraîne une destruction quasiment irréversible et accélère la disparition d'un grand nombre d'espèces de la faune et de la flore, Qui sont une des particularités et richesses naturelles de ces pays. Par ailleurs, la conséquence de cette destruction forestière entraîne par l'érosion des sols et l'ensablement des rizières, phénomènes encore aggravés par le passage des cyclones. Cette dégradation marque les zones rurales, handicapant la production dans le secteur agricole. Enfin, la dégradation du potentiel hydroélectrique en relation avec celle des bassins versants réduira les possibilités d'électrification par des micro-centrales hydrauliques. De plus, le traitement des sources pose de sérieux problèmes pour l'alimentation en eau potable des villages et pour l'élevage.

Le bois de feu et le charbon de bois constituent les sources d'énergie utilisées par 95% des ménages du tiers monde dont le défaut d'approvisionnement poserait un grand et grave problème dans un proche avenir.

La crise énergétique s'aggrave encore dans certaines régions par l'inexistence de forêts artificielles et par la surexploitation des plantations forestières, principales ressources en bois de feu. Ces boisements sont exploités en rotations de coupe de plus en plus courtes.

 

VII. Politique globale pour résoudre le problème du bois d’énergie

Les objectifs spécifiques d'une politique globale et d'une stratégie nationale pour lutter contre la dégradation de l'environnement sont :

Réaliser des plantations d'espèces à croissance rapide afin d'assurer les besoins en bois d’œuvre et d'énergie pour les générations futures ;

Aménager les forêts et les plantations existantes de manière rationnelle et durable afin d'obtenir une production de bois efficace et optimale (pour construction, industrie et énergie) ;

Démontrer des méthodes d'exploitation forestière rationnelles et durables et introduire des techniques optimales et appropriées de production de bois de feu et de conversion de bois en charbon de bois ;

Optimaliser l'utilisation de 'l’énergie bois et charbon de bois au niveau des ménages (foyers améliorés) et des industries ; et

Utiliser au maximum les déchets ligneux d’exploitation forestière et de la transformation du bois ;

Utiliser également les déchets ligneux de l'industrie et de l'agriculture ; stimuler les recherches dans les énergies nouvelles et renouvelables ;

Protéger la régénération naturelle et lutter contre les feux de brousse.

L'application de ces points réduira certainement la pression sur les ressources bois existantes. Pour atteindre cet objectif, plusieurs pays ont mis en œuvre, surtout avec l'assistance de la FAO et de la Banque Mondiale, des mesures visant à l'introduction des technologies de carbonisation simples à rendement énergétique élevé : le rendement peut passer de 5 - 10%(méthode traditionnelle) à 15 - 22% (méthode améliorée d production de charbon de bois).

 

Source: (Ir Johan LEJEUNE Consultant Forestier)

 

Références Bibliographiques

BIANCHI H. (1986) Assistance au développement forestier Guinée-Bissau. Planification forestière FAO TCP/GBS/4506(A)

BERTRAND A (1986) l'économie des combustibles ligneux en Guinée-Bissau. PAFT - Consultant sur les filières bois-énergie et la gestion locale des ressources forestières. Cirad/Forêt 141 p.

BUTTOUD G. (1988) La crise du bois de feu en Afrique de l'Ouest. Afrique Contemporaine nº 148 pp. 46-58

CARDOSO J.G. (1991) Requête de financement pour la formation, l'élaboration et la réalisation d'un projet de système amélioré de carbonisation et de structuration de la filière charbon de bois en Guinée-Bissau. Ministère des ressources naturelles et de l'industrie 7 p.

DEMANTE M.J. (1992) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission d'appui technique et méthodologique ABF 32 p.

DIMBERA Kaoussou 1993 : Récolte, Transformation et Consommation des bois en Guinée-Bissau ; Filière bois d’œuvre et bois d'énergie. ENGREF/INRA, 120 pages.

JAMBES J. P. (1989) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission Association bois de feu (ABF) 33p.

JAMBES J. P. (1990) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission d'appui technique et méthodologique ABF 32 p.

LAURA P. (1987) Projet bois-énergie en Guinée-Bissau. Rapport de mission de lancement ABF 37 p.

MADON Gérard, 1996 : sous secteur des Combustibles ligneux. Diagnostic et Propositions Seed, août 1996, 32 pages

MADON G. STRAFOGEL S. (1992) La filière de bois énergie en République de Guinée-Bissau. Rapport de mission ABF-SEMA, ENERGIE 45 p.

MDRA, 1997 : Lettre de Politique de Développement Agricole (LPDA) janvier 1997, 47 pages.

MDRA/DGFC, 1992 : Plan Directeur Forestier National (PDFN), 85 pages.

TRAORÉ Samba, 1996 : Rapport d'étape de consultant, CILSS/PADLOS, 24 pages.

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