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X. SURFACE DE FORET SUIVANT LE DEGRE DE MODIFICATION PAR L’HOMME

10.1. Déboisement : disparition des forêts

En analysant la situation par types de formation, il est possible de constater que les phénomènes les plus importants concernent la dégradation des peuplements les plus denses et la disparition de 18% des forêts arbustives.

La forêt fermée a diminué de 30% (38.600 ha) probablement au profit de la forêt ouverte (+ 37.300 ha). C’est la région de Tombali qui semble avoir été la plus touchée par cette dégradation (perte de 38.900 ha, soit 38%).

La forêt ouverte a connu, elle aussi, une forte transformation. Les peuplements considérés comme denses en 1978 ont diminué d’environ 57% (247.000 ha). Bafatá, Oio et Gabú sont les régions les plus concernées.

Les formations regroupées sous la rubrique "forêt arbustive" ou "savane" ont diminué en surface : 202.000 ha en moins (18%). Cette évolution, déjà constatée lors de l’estimation de 1985, est à nuancer car la distinction "forêt ouverte" et "forêt arbustive" n’est pas parfaite.

En reprenant les données actualisées de dégradation et de disparition des formations végétales, on peut globalement constater qu’en une douzaine d’années environ, plus de 15.500 ha ont annuellement disparu (soit un taux approximatif de 0,62%) et que 29.000 ha de peuplements denses ont été dégradés (ce qui représente un taux de 1,15% approximativement) pour la période de 1978-1990. Ainsi, un peu moins de 1,8% des formations sont touchées annuellement par le phénomène de dégradation et de disparition (soit près de 45.000 ha/an.

Ceci peut sembler, à première vue, relativement modeste, mais il n’en est rien ; il se concrétise par une dégradation et une disparition totale des écosystèmes ligneux naturels à échéance probable de 30 ans.

Ceci est à mettre en parallèle avec les estimations antérieures, d’ailleurs assez proches de ce qui précède, qui étaient les suivantes : la FAO estimait en 1981 les pertes réelles en surfaces forestières à 34.000 ha/an ; d’autres avancent les chiffres de 60.000 ha/an et même 80.000 ha/an.

En ce qui concerne les "autres terres boisées" ou "mangroves par exemple, les résultats montrent une disparition de 53.600 ha depuis 1978. Ce processus s’est nettement accéléré depuis l’inventaire de 1985.

 

Diminution des surfaces entre 1978 et 1990 (sans les jachères forestières)

REGIONS

FORET FERMEE + FORET OUVERTE + FORET ARBUSTIVE

DIMINUTION

1978

1987 - 90

ha

%

Bolama

Biombo

Cacheu

Gabú

Quínara

Bafatá

Oio

Tombali

143.900

40.400

294.800

770.300

205.000

461.800

373.400

275.300

136.000

32.400

261.200

704.400

188.800

436.400

359.200

245.600

7.900

8.000

33.600

65.900

16.200

25.400

14.200

29.700

5,5

19,8

11,4

8,5

7,9

5,5

3,8

10,8

 

Ce sont les régions nord-est du pays (Cacheu-Biombo) et au sud la région de Tombali qui sont proportionnellement les plus touchées par le déboisement.

Par contre, en considérant les superficies brutes qui ont disparu, la région de Gabú a été la plus touchée, suivie par Cacheu et par Tombali.

10.2. Dégradation des ressources : feux de brousse

10.2.1. Dégradation de la ressource

En Guinée-Bissau, une très forte pression s’exerce sur les formations naturelles du fait d’une forte densité de population rurale, qui a conservé des techniques extensives d’utilisation de l’espace et qui est confrontée au problème de sécurité foncière.

10.2.2. Les feux de brousse

Le problème posé par les feux de brousse en Guinée-Bissau est d’une telle importance qu’il apparaît certes nécessaire d’en faire une priorité de recherche ; mais aussi de faire appel à l'expérience acquise à l'extérieur, notamment en Côte d’Ivoire où les "parcelles feux" de la station de Kokondekro (près de Bouaké) sont suivies depuis 1936 avec des résultats expérimentaux spectaculaires, et plus particulièrement au Burkina Faso où un récent projet dans la province de la Sissili propose une démarche pleine de "bon sens". Il suffit de reprendre fidèlement le constat : "l’échec systématique des campagnes de prévention et de lutte contre les feux de brousse, montre qu’ils ne sont pas des phénomènes accidentels ou criminels, isolés, maîtrisables par la répression ou la sensibilisation pour laisser la place au développement d’une sylviculture protégée. La sylviculture doit apprendre à se développer malgré la présence des feux, comme constante sociale, ou ne se développera pas du tout. Tel a été le constat réalisé par le projet, confronté à la nécessité de protéger des feux de brousse périodiques, les parcelles en état de régénération végétatif et sexué.

Les efforts menés dans la zone d’intervention de ce projet, depuis 1987, ont permis de tester plusieurs méthodes de prévention et de lutte contre les feux de brousse, entre la protection intégrale et les feux précoces. Les seuls résultats concluants ont été ceux des feux précoces, dont l’application a été généralisée à partir de 1990. La méthode d’un coût de 150 F CFA (0,6 US $/ha, comporte l'exécution des opérations suivantes :

une campagne de sensibilisation auprès de tous les villages riverains des massifs forestiers ;

la découpage des massifs en zones de protection et d’application des feux précoces ;

le fauchage des graminées et des arbustes dans les layons de délimitations de unités d’aménagement ;

la mise à feu progressive réalisée 15 jours après la dernière grande pluie de la saison d’hivernage et complétée dans un délai maximal de 3 semaines ;

l’opération d’une patrouille de combat de 20 personnes pendant 2 mois.

La méthode a été intégralement appliquée sur 24.000 ha en 1990, avec un taux de réussite de 90% par rapport aux objectifs programmés.

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