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DIAGNOSTIC DE LA COMMUNICATION POUR LE
DÉVELOPPEMENT AU BURKINA FASO

LA SITUATION DE LA COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT AU BURKINA FASO

La mise en œuvre du Programme national de développement humain implique que des conditions d'émission, de diffusion et de réception des messages à l'endroit des populations et par celles-ci soient réunies. Elle nécessite que les agents intervenant dans l'exécution des programmes, projets et associations de développement aient des compétences en communication pour la vulgarisation de l'information scientifique et technique et la confection d'outils de communication de proximité (diapositives, boîtes à images, livrets techniques, brochures, cassettes audio et vidéo, etc.).

Les atouts

Les contraintes

LA PRESSE ÉCRITE PUBLIQUE ET PRIVÉE

La presse publique

La presse publique est née avec l'effervescence de la période qui a précédé les Indépendances politiques de 1960. Carrefour Africain (hebdomadaire puis mensuel), créé depuis 1958, a d'abord été l'organe du parti de l'Union démocratique voltaïque (Section du Rassemblement démocratique africain-UDV-RDA) au pouvoir jusqu'au 3 janvier 1966, date à laquelle il a pris une orientation strictement gouvernementale.

Au titre des publications gouvernementales, on note le bulletin quotidien de Ouagadougou publié par l'Agence d'information du Burkina (AIB), les revues et périodiques des ministères et institutions de l'Etat et le Journal officiel.

Depuis 1984, le Gouvernement dispose d'un quotidien, SIDWAYA, d'un hebdomadaire et d'un mensuel publiés tous par les Editions Sidwaya dont les contenus sont dominés par une information traditionnelle et solennelle, et généralement axés sur la vie des institutions et des acteurs publics.

Les atouts

Les contraintes

La presse privée

La presse écrite privée a connu un essor dans la foulée du processus de démocratisation initié au début des années 90. Des dizaines de journaux privés sont apparus, aux périodicités, formats et vocations éditoriales les plus contrastés. Après près de 10 ans, le paysage de la presse écrite s'est toutefois écrémé et stabilisé, une importante frange de ces titres "spontanés" ayant péri ou ne paraissant plus que de manière sporadique.

Si les quotidiens sont tous orientés vers l'information générale, les périodiques ont un penchant pour le journalisme d'opinion. Les titres burkinabé spécialisés à parution plus espacée (bimensuels, trimestriels, etc.) sont souvent liés à des institutions ou organismes culturels ou religieux.

Aujourd'hui, on compte au moins cinq quotidiens privés d'information, cinq hebdomadaires et trois mensuels paraissant régulièrement. Cependant, depuis d'adoption de la Constitution de 1991, plus de 300 titres sont créés.

Les atouts

Les contraintes

La presse en langues nationales

Il existe plus d'une vingtaine de journaux en langues nationales (23 ont été recensés). Les promoteurs de ces journaux sont généralement des démembrements de l'Etat (le Ministère de l'enseignement de base et de l'alphabétisation), des Associations (Tin Tua, Lipaolan, Asena avec Labaali Bankaare, Bangr-Kunga par exemple), des instituts (INADES-Formation avec Hakilifalen et Venedga), des confessions religieuses ou de l`initiative privée (Wekre). Ils sont financés soit sur des fonds propres, soit par l'aide bilatérale ou par des ONG. La périodicité des journaux en langues nationales est souvent trimestrielle (12 titres sur 19.)

Les atouts

Les contraintes

LES RADIOS PUBLIQUES ET PRIVÉES

Les radios publiques

La radio nationale a vu le jour en 1959 et elle est considérée depuis lors comme un moyen de gouvernement et de développement. La radio publique a pour rôle d'assurer le service public en matière d'activité radiophonique. Elle contribue au développement économique, social et culturel du Burkina Faso. Elle est au service de l'intérêt général et comprend la Radiodiffusion nationale du Burkina (RNB) et ses démembrements, la radio rurale et les radios locales.

Les radios étatiques relèvent essentiellement de deux instances administratives rattachées au Ministère de la Communication:

Les atouts

Les contraintes

Les radios privées

Le paysage radiophonique du Burkina Faso s'est libéralisé à partir de 1991 avec la création de Horizon FM, première radio privée d'Afrique de l'Ouest. Il s'est formidablement diversifié en moins d'une décennie, donnant naissance à de multiples radios commerciales, associatives, communautaires, confessionnelles à Ouagadougou, dans les villes de provinces et parfois même les villages. Aujourd'hui, le paysage radiophonique burkinabé comprend 54 stations de radiodiffusion dont 12 stations du secteur public et 42 du secteur privé. S'y ajoutent trois radios internationales installées en FM: Africa n°1, la Bristish Broadcasting Corporation (BBC) et Radio France Internationale (RFI).

Pendant quelques années, ces entreprises radiophoniques ont mené leurs activités dans un certain vide juridique, l'ancien cadre légal conçu à l'époque du monopole d'Etat sur l'information s'avérant dépassé. Le 1er août 1995, le Conseil supérieur de l'information (CSI), instance de régulation, a été mis en place et s'est attelé à l'élaboration d'une régulation appropriée ainsi que d'un cahier des charges auxquels les différentes radios, selon leur vocation commerciale associative ou confessionnelle, ont désormais à se soumettre.

Les atouts

Les contraintes

LES RAPPORTS D'INCOMPRÉHENSION AVEC LE CSI.LES TÉLÉVISIONS PUBLIQUES ET PRIVÉES

La télévision publique

La Télévision nationale du Burkina (TNB) fut une des premières à voir le jour en 1963 dans la sous-région, après les Indépendances. Soutenue en équipements technologiques par la coopération française et allemande, elle a connu un lent développement en terme d'infrastructures et de couverture territoriale. Celle-ci est estimée aujourd'hui à 80% du territoire par les Pouvoirs publics.

La TNB a acquis un statut d'Etablissement public à caractère administratif (EPA) en avril 1999 et évolue sous le régime d'une certaine autonomie de gestion.

Les atouts

Les contraintes

Les télévisions privées

Les initiatives en matière de télévision ne sont pas nombreuses au Burkina Faso. Outre la télévision nationale, créée en 1963, il n'y a eu, depuis la libéralisation du paysage médiatique, que trois tentatives de création de stations de radiodiffusion télévisuelle privées commerciales ou confessionnelles. S'y ajoute un bouquet de rediffusion de cinq chaînes internationales (TV5, Canal France International (CFI), Canal Horizon, AB Cartoons et MCM).

Le nouvel arrêté du CSI portant cahier des charges et des missions des sociétés privées et commerciales de radiodiffusion télévisuelle prescrit que "La société de télévision doit être une société de droit burkinabé ou de l'espace Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) et ce dans un cadre de réciprocité". (Article 4).

Il précise que «Nul ne peut être majoritaire dans plus d'une société de télévision privée» (Article 6). Mais que «Tout associé majoritaire dans une société de télévision privée commerciale peut aussi détenir la majorité d'actions d'une société de radiodiffusion sonore privée» .

MULTIMÉDIA

Créée en mars 1994, elle a constitué la première expérience de télévision privée au Burkina Faso, émettant sur fréquence UHF et organisée en société anonyme au capital officiel de 35 millions de francs CFA. C'est un des seuls médias privés du Burkina à avoir opté pour cette forme juridique.

CANAL VIIM KOEGA (CVK)

Télévision confessionnelle, elle est dirigée par une même personne et coiffée par un même conseil de gestion et un même conseil d'administration. Elle est donc liée à l'Office du développement évangélique (ODE) et financée par les mêmes bailleurs que Radio lumière vie développement (LVD). Elle a commencé à émettre en 1996, en UHF également, et son programme se compose essentiellement de variétés musicales et d'émissions religieuses.

Les atouts

Les contraintes

LES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS

Dans les sociétés traditionnelles, la communication de proximité a plus de valeur que l'information à distance diffusée par les mass médias. Introduits par la colonisation, les moyens de diffusion modernes n'ont pas supplanté totalement les circuits de transmission de l'information dans les villages et localités reculés du pays. Et même dans les quartiers populaires des grandes villes, on note l'existence des canaux et circuits oraux fondés sur des modes de communication de proximité et des échanges interpersonnels. A côté de ces formes de communication, on peut citer le théâtre d'intervention sociale.

Les atouts

Les contraintes

LE CINÉMA ET LA VIDÉO

Le cinéma occupe une place particulière dans le champ des médias au Burkina Faso. Contrairement à la situation prévalant dans d'autres pays africains, ce moyen de communication et de divertissement a fait l'objet d'une politique volontariste, surtout depuis la période révolutionnaire. Il constitue aujourd'hui un outil réellement populaire, même dans les localités intérieures du pays.

Aujourd'hui, le Burkina Faso compte 54 salles:

Sur ces 54 salles, 36 seulement sont fonctionnelles à l'heure actuelle.

Le cinéma se trouve confronté à deux concurrents de taille: la télévision et son corollaire, la vidéo. Les salles de projection vidéo se multiplient, quant à elles, dans la plus complète illégalité. Ce sont surtout les salles de cinéma provinciales qui en subissent les conséquences. En effet, dans la capitale, le public de ces projections privées n'est pas nécessairement le même que celui qui se rend au cinéma; il s'agit surtout d'enfants qui n'ont pas les moyens de payer un ticket d'entrée à 150 ou 200 FCFA et se satisfont de la projection vidéo dont le prix tourne autour de 50 FCFA.

Les atouts

Les contraintes

LES OUTILS DE COMMUNICATION DE PROXIMITÉ

La panoplie des outils de communication de proximité est très étendue. Les outils de base sont la diapositive, l'affiche, le film, la boîte à images, le tableau-images, le dossier de vulgarisation technique, la vidéo et le dessin. L'utilisation de ces moyens dans le champ de la communication est un phénomène relativement nouveau parce que lié aux campagnes de développement en milieu rural initiées après les Indépendances politiques. Depuis cette époque, les organismes d'intervention en milieu rural, les vulgarisateurs agricoles, les organisations non gouvernementales et les associations communautaires ont recours à ces différents supports de communication pour sensibiliser les populations. Ce sont des voies d'accès à des publics réunis en groupe qui permettent de renforcer l'efficacité de toute communication.

Ces outils de communication de proximité permettent donc de promouvoir, de former ou d'informer à l'intérieur des associations ou à l'extérieur des organisations et structures étatiques ou de bénévoles. Ils présentent des spécificités et des avantages.

Les atouts

Les contraintes

LA FORMATION EN COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT

La formation en matière de communication pour le développement est restée longtemps ignorée des Pouvoirs publics et des centres de formation professionnelle.

La préoccupation, dès l'accession du pays à l'Indépendance, a été de former des animateurs de la presse écrite et parlée dans l'optique du journalisme d'information et souvent dans des écoles étrangères.

Ainsi, avant l'existence des établissements locaux au milieu des années 1970, les premières générations de journalistes et hommes de médias ont été surtout initiées au métier dans les écoles africaines et les universités françaises et canadiennes. Les nationaux pionniers du métier ont été, pour la plupart, formés sur le tas.

Les atouts

Les contraintes

LES TECHNOLOGIES ET INFRASTRUCTURES DE LA COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT

Les modes de communication utilisés en milieu rural se présentent avec des technologies ou supports de diffusion différents.

En milieu rural, les technologies de la communication pour le développement se heurtent souvent à des problèmes de compatibilités techniques parce que les acquisitions n'obéissent pas toujours à des plans d'équipement à moyen et long termes. Il s'ensuit des difficultés d'approvisionnement en pièces de rechange et de maintenance qui constituent des goulots d'étranglement dans la gestion des technologies et infrastructures de communication en milieu rural.

Les atouts

Les contraintes

LES BESOINS EN MATIÈRE DE COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT

Si un projet de développement a été conçu avec le concours des populations à la base, leur participation et leur mobilisation sont presque toujours assurées.

En matière de participation des populations aux différentes actions conçues par et pour elles, il faut repenser les modes d'intervention et associer étroitement les populations rurales à la gestion concertée et intégrée des ressources naturelles au niveau de leur terroir, et à la mise en œuvre des projets locaux de développement.

L'enjeu de l'approche participative est fondamental. Il s'agit d'aider les populations à lutter contre la fatalité, à développer leur capital de production pour elles-mêmes et les générations futures. Cette approche favorise l'auto-développement des communautés rurales et une prise en charge active de leur propre avenir.

La mise en œuvre de cette approche participative impose l'apprentissage d'un mode d'intervention nouveau tant pour les populations (qui ont souvent une vision déformée des projets et des bailleurs de fonds) que pour les agents techniques qui doivent apprendre à écouter les populations.

Il faut donc des méthodes et des outils de communication appropriés pour susciter la participation du monde rural et instaurer le climat de confiance et de dialogue indispensable entre populations et agents techniques.

La communication ainsi conçue permettra l'établissement d'un partenariat entre les populations locales et les services techniques. Elle facilitera les mécanismes de diffusion, de transfert ou d'échanges des informations, des savoirs et des techniques et aboutira à l'auto-promotion et à l'auto-développement recherchés.

Dans cette optique, les treize rencontres régionales organisées à travers le pays ont permis d'identifier les besoins des communautés de base, des ONG, des associations et des services techniques. Elles ont également fait des recommandations à partir du diagnostic d'ensemble de la situation de la communication pour le développement sur le terrain.

Besoins en matiÈre de moyens de communication traditionnels

Les ateliers régionaux recommandent que les acteurs et techniciens du développement rural associent, dans leurs campagnes d'information et de sensibilisation, les moyens de communication de la société traditionnelle. Ils proposent également que les différents espaces sociaux de la communication, tels que le marché et les lieux de culte. soient exploités judicieusement pour la diffusion des messages socio-éducatifs relatifs aux problèmes locaux de développement.

Besoins en matiÈre de communication sociale

Les propositions issues des ateliers préconisent des axes de communication multidirectionnelle entre secteurs économiques et culturels, entre régions et provinces, entre provinces et localités. Elles insistent également sur la nécessité d'échanger les informations entre différentes approches et méthodes de gestion des projets de développement à partir de la capitalisation des expériences.

Les solutions ci-après ont été suggérées en vue de promouvoir la communication sociale:

Besoins en matiÈre de communication éducative

Les participants aux rencontres de concertations régionales ont identifié un certain nombre de besoins essentiels:

Besoins en matiÈre de communication institutionnelle

Aux ateliers régionaux, les acteurs, les agents du développement, les associations, les ONG et les projets évoluant sur le terrain ont exprimé des préoccupations et des exigences:

LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT

Le cadre juridique et institutionnel de la communication pour le développement est un facteur important dans l'analyse des ressources nationales. Il s'agit en effet d'un domaine où s'entremêlent des intérêts et des disciplines spécifiques: sciences sociales, psychologie, normes technologiques, normes professionnelles. La difficulté réside dans le fait que la communication doit toucher tous les secteurs concernés par le développement rural. Si le Ministère chargé de la communication dispose des infrastructures de diffusion, il ne dispose toujours pas de personnel requis pour la communication appliquée au développement.

L'existence des services de communication pour le développement au niveau national n'est pas encore effective au Burkina Faso. Quelques projets de développement ou structures d'intervention en milieu rural ont créé des unités de communication mais ces structures ont besoin d'être renforcées sur le plan des ressources humaines et matérielles, d'être orientées dans leur conception et de recevoir des formations techniques appropriées.

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