Pour le continent africain, le potentiel d'investissement des instruments liés à l'application de la CCNUCC existe, mais est plus limité qu'on aurait pu l'espérer pour la première période d'engagements (2008-2012). Le choix de restreindre aux boisements et reboisements la gamme des activités éligibles au MDP, les définitions contraignantes de la forêt et du reboisement qui semblent exclure les activités de reboisement au sein des forêts dégradées, laissent des activités essentielles du développement forestier en dehors du champ du principal instrument d'investissement du Protocole de Kyoto qui concerne les pays du Sud.
L'agroforesterie et les petits projets de boisement à l'échelle communautaire peuvent en théorie bénéficier d'investissements dans le cadre du MDP, mais tout dépendra de l'architecture qui sera retenue pour le mécanisme et les règles qui encadreront sa mise en œuvre. En outre, l'état des négociations internationales pour l'application du Protocole de Kyoto rendent peu probables des investissement importants dans les puits de carbone des pays en développement. Le retrait des Etats-Unis réduit la demande potentielle de crédits carbone et les possibilités accordées aux pays développés pour comptabiliser la croissance de leurs forêts, conjugué à la limitation des possibilités de recours au MDP, devrait conduire à un prix modeste de la tonne de carbone sur le marché international. Ceci aura pour conséquence un resserrement des activités sur les projets au meilleur rapport coût-efficacité, au détriment des petits projets ou activités avec des « coûts de transaction » élevés.
Les incertitudes relatives aux statuts fonciers et les dysfonctionnements institutionnels fréquents rencontrés dans les pays africains risquent de pénaliser le continent dans le choix des zones d'investissement dans le cadre du MDP. Les perspectives d'utilisation de biomasse énergie en substitution à des combustibles fossiles semblent offrir des perspectives intéressantes car elles répondent également à des besoins en matière de production décentralisée d'électricité. Cependant, les règles actuelles du GIEC en matière de comptabilisation des émissions conduisent à créditer l'activité de substitution et non la constitution des puits de carbone (plantations) pour la production durable de biomasse énergie, ce qui constitue une structure des incitations inadaptée au contextes des pays africains où se pose le problème du renouvellement de la ressource boisée.
Si l'attention récente s'est portée sur le MDP, il convient de souligner le rôle grandissant auquel est appelé le FEM (et l'instrument spécifique de la France, le FFEM) avec la décision de constituer trois fonds liés aux changements climatiques et destinés aux pays en développement. Ces fonds, dont les financements ne sont pas entièrement assurés, seront administrés par le FEM, lequel devrait voir ses ressources accrues. Dès aujourd'hui, le FEM dispose de programmes opérationnels orientés vers l'atténuation des changements climatiques, et son action devrait être complémentaire à celle du MDP. Dans la foulée de Kyoto, des initiatives publiques et privées ont fleuri autour de l'utilisation de la forêt et des arbres pour lutter contre le changement climatique. Cette dynamique devrait se poursuivre et pourrait être utilisée en synergie avec les instruments spécifiques de la CCNUCC pour susciter des activités à bénéfices multiples (environnementaux et sociaux).
Même si seules quelques activités sont concernées par le MDP, la combinaison de plusieurs instruments appuyée par des politiques publiques appropriées et soutenues par l'aide internationale, peut permettre la réalisation d'actions nécessaires au développement forestier en Afrique et qui contribuent aux objectifs de la Convention Climat. La capacité des gouvernements à susciter des initiatives et à organiser ce type de dynamique sera un facteur critique.