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Asie du Sud

La Région et ses systèmes de production

Cette région10 compte une population de 1344 milliards d'habitants - soit plus d'un quart de la population des pays en développement, pour une population agricole de 751 millions d'habitants. La proportion de la population sous-alimentée et pauvre y est plus élevée que dans toute autre région en développement et plus des deux tiers de cette population vivent en milieu rural. En dépit des améliorations réalisées en matière de sécurité alimentaire au cours des trois dernières décennies, 254 millions de personnes environ demeurent sous-alimentées, tandis que 43 pour cent de la population mondiale vivant avec moins d'un dollar par jour vivent dans cette région. La densité de la population rurale - estimée à 1,98 habitants par hectare, est également plus élevée que dans toute région en développement et la concentration de la majorité de la population sur moins de la moitié de la superficie totale a entraîné une sévère pression sur les ressources naturelles. 19 pour cent de la superficie totale est caractérisée par une forte densité démographique, des zones de bas fonds humides ou subhumides abritant l'essentiel de la population de cette région (43 pour cent) tandis que 29 pour cent de la superficie est de type sec, subhumide et à haute densité démographique, avec 33 pour cent de la population qui y vivent. Les 32 pour cent restants sont constitués de plateaux semi-arides et arides regroupant seulement 19 pour cent de la population de la région.

Les 11 systèmes de production décrits dans la région sont résumés au Tableau 5.1

Les quatre systèmes prédominants en termes de population, d'ampleur de la pauvreté et de potentiel de croissance et de réduction de la pauvreté sont brièvement décrits ci-dessous.

Le système rizicole. Il est surtout caractérisé par une riziculture extensive de bas-fonds sur des périmètres fragmentées, avec ou sans irrigation. La superficie totale est de 36 millions d'hectares tandis que les terres cultivées couvrent 22 millions d'hectares, dont 10 millions (43 pour cent) sous irrigation. La population agricole est estimée à 263 millions d'habitants. Ce système est prédominant au Bengladesh et au Bengale occidental et côtoie un élevage de 50 millions de bovins ainsi qu'un nombre non négligeable de petits ruminants. Les agriculteurs pauvres exploitent des surfaces extrêmement réduites et comptent souvent sur les revenus non agricoles pour leur survie. La pauvreté y est extensive et chronique.

Le système de production axé sur le riz et le blé. Ce système est caractérisé par une riziculture d'été suivie d'une culture irriguée du blé en hiver (et quelquefois aussi d'une culture maraîchère de printemps sur une courte période) et s'étend sur une large bande allant du nord du Pakistan et de l'Inde, passant par la plaine du Gange jusqu'au nord-est du Bengladesh. La superficie totale est de 97 millions d'hectares et les terres cultivées occupent 62 millions d'hectares dont environ 78 pour cent en conditions irriguées. La population agricole est de 254 millions. On y note un niveau significatif d'intégration cultures-élevage, avec 119 millions de bovins et 73 millions de petits ruminants. La pauvreté y est très répandue et également très grave.

Tableau 5.1 Principaux systèmes de production rencontrés en Asie du Sud

Systèmes de production

Superficie (% de la région)

Pop. Agric. (% de la région)

Principaux moyens d'existence

Riz

7

17

Riz pluvial (les deux saisons), cultures maraîchères, légumineuses, activités non agricoles

Pêche côtière artisanale

1

2

Pêche, noix de coco, riz, légumineuses, élevage

Riz-Blé

19

33

Riz irrigué, blé, cultures maraîchères, élevage et produits laitiers, activités non agricoles

Mixte des hauts plateaux

12

7

Céréales, élevage, horticulture, migration saisonnière

Mixte pluvial

29

30

Céréales, légumineuses, cultures fourragères, élevage, activités non agricoles

Pluvial aride

4

4

Céréales, céréales irriguées, légumineuses, activités non agricoles

Pastoral

11

3

Elevage, culture irriguée, migration

Dispersé (Aride)

11

1

Elevage lorsque l'humidité saisonnière le permet

Dispersé (Montagne)

7

0.4

Pâturage d'été

Arboricole

dispersé

1

Exportations ou cultures agro-industrielles, céréales, travail rémunéré

Urbain

<1

1

Horticulture, produits laitiers, volaille, autres activités

Source: Données et expertise FAO.

Le système mixte des hauts plateaux. Ce système mixte cultures-élevage généralement pratiqué entre les plaines exploitées en riz et blé sur les plateaux et les zones de hautes montagnes à population dispersée mentionnées plus haut, s'étend le long de la chaîne himalayenne avec de petites enclaves en Afghanistan, en Inde australe et au Sri Lanka. Les principales productions sont les céréales, les légumineuses, les cultures maraîchères, les arbres fourragers, les vergers et l'élevage. La superficie totale est de 65 millions d'hectares dont 19 millions cultivés, notamment 14 millions en irrigués. La population agricole est de 53 millions et l'on compte 45 millions de bovins et 66 millions de petits ruminants. L'incidence de la pauvreté, aggravée par les distances et l'absence de services sociaux, est jugée modérée à importante.

Le système de culture pluviale mixtes. Ce système de culture pluviale et d'élevage occupe la plus grande surface au sein du sous-continent et est confiné presque entièrement en Inde. La superficie totale est de 147 millions d'hectares tandis que les superficies cultivées sont 87 millions d'hectares dont 16 pour cent en irrigués. Les principales cultures pratiquées sont le riz, le blé dans une moindre mesure, le petit mil, le sorgho, une gamme de légumineuses à grains et de cultures oléagineuses, la canne à sucre, les cultures maraîchères et les fruits. La population agricole est estimée à 226 millions d'habitants. L'élevage regroupe 126 millions de bovins et 64 millions de petits ruminants. Le principale contrainte est la variabilité climatique et économique extrême. La pauvreté est extensive et sa sévérité s'accroît considérablement après les périodes de sécheresse.

Évolutions significatives au niveau de la région

La population de cette région, estimée à 1344 milliards d'habitants en 1999 devrait passer à 1920 milliards à l'horizon 2030 tandis que la proportion de population urbaine atteindra 53 pour cent. Le nombre de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour devrait baisser de 40 pour cent à environ 18 à 25 pour cent. Les superficies cultivées n'augmenteront que de manière marginale tandis que les surfaces irriguées continueront de s'accroître quoique modérément. Les rendements rizicoles ont augmenté en moyenne de presque 2 pour cent par an au cours des 30 dernières années tandis que la production de blé a enregistré une hausse de plus de 250 pour cent, passant à presque 100 millions de tonnes en 2000, et le taux de croissance de ces deux cultures sera maintenu durant cette période jusqu'en 2030. L'utilisation d'engrais minéraux s'est rapidement accrue au cours des dernières années, passant de 3 kg d'éléments fertilisants par hectare en 1970 à 79 kg par hectare au milieu des années 90 et devrait augmenter davantage mais à un rythme moins soutenu. L'augmentation des revenus des populations s'accompagnera d'une demande accrue en viande (en particulier la volaille et les œufs, le mouton et la viande de chèvre) et de la demande en produits laitiers. Cependant, le nombre des ruminants est susceptible de se stabiliser et même de baisser au fur et à mesure que les tracteurs se substitueront à la traction animale, actuellement assurée par les bovins.

LES PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR L'ASIE DU SUD

Un appui conséquent devra être consacré à la diversification des petites exploitations et à la promotion de l'emploi dans les économies rurales non agricoles, vu leur importance pour la réduction de la pauvreté à travers les différents systèmes de production. Les mesures de nature à aider les ménages agricoles à diminuer leur dépendance dans l'agriculture seront une importante priorité secondaire et devront porter sur l'amélioration de l'éducation rurale et l'initiation à des compétences professionnelles. La réduction de la pauvreté peut également passer par l'intensification des modes de production actuels, par une meilleure gestion de l'eau et par l'adoption de technologies améliorées. Du fait de la pression exercée sur les terres, il y aura moins d'opportunités de réduction de la pauvreté dans tout autre domaine que dans l'expansion des exploitations des petits producteurs pauvres. Pour cette raison, une utilisation durable des terres et des ressources hydrauliques constitue une priorité stratégique essentielle.

La décentralisation et le renforcement des institutions locales seront des aspects clés pour le développement de la plupart des systèmes d'utilisation. Des investissements dans les routes et les services d'éducation seront également un volet crucial de toute stratégie visant l'accélération de la production agricole et le développement rural. La priorité devrait aussi être accordée à une gestion intégrée des éléments fertilisants en milieu paysan, accompagnée d'incitations économiques pour une utilisation rationnelle des intrants. Une agriculture de conservation doit être vulgarisée, avec une plus grande intégration de l'élevage et de l'arboriculture.

Des améliorations significatives dans la gestion de l'eau ne seront possibles que si des marchés de l'eau fonctionnels sont mis en place et des coûts réalistes appliqués. La croissance et la réduction de la pauvreté peuvent émaner du réaménagement des politiques et réglementations foncières aujourd'hui obsolètes. Des investissements considérables devront être réalisés dans les marchés de produits locaux et dans les systèmes d'information sur les prix, particulièrement dans les systèmes les plus reculés. Enfin, des services financiers ruraux tels que la microfinance et l'établissement de liens avec les banques conventionnelles sont à privilégier. Au cours des 30 années à venir, l'investissement visant à donner aux petits producteurs la capacité d'accéder à une meilleure information sur les marchés, les services et les technologies devra être prioritaire. L'investissement dans les ressources humaines devra être renforcé pour stimuler la diversification et la création d'entreprises à main-d'œuvre hautement qualifiée ainsi que la promotion d'une petite industrie rurale locale.

Le développement agricole demeurera une importante composante de la réduction de la pauvreté dans le proche avenir en Asie du Sud. Il conviendra de prendre en compte la dégradation des ressources et la nécessité d'instaurer des liens avec l'économie rurale non agricole. La principale source de réduction de la faim et de la pauvreté serait la diversification économique pour mettre en place des entreprises viables, comprenant la transformation locale des productions. L'accroissement des revenus non agricoles et l'intensification des modes de production existants constituent la seconde priorité, suivie par les mesures d'aide à la diversification des moyens d'existence. L'accroissement de la taille des exploitations revêt une importance moindre.

Quatre initiatives stratégiques majeures sont proposées:

Une gestion améliorée des ressources hydrauliques. La gestion améliorée de l'eau est essentielle pour appuyer l'intensification et la diversification de la production et pour freiner l'amenuisement des ressources, tant en surface que souterraines. Les domaines à renforcer sont: la technologie, l'utilisation conjointe des ressources, la révision des coûts de l'eau et autres mesures réglementaires, la mise en place d'associations d'usagers de l'eau et la protection des bassins versants.

Le renforcement des groupes d'usagers des ressources. Il s'agit là d'un moyen de freiner la dégradation qui s'étend sur les terres et de contrôler l'eau dans les plaines et les collines pour protéger les ressources hydrauliques. L'accent devra être mis sur la mise en place de groupes de gestion des ressources pour la gestion des bassins versants dans les collines et les zones de montagne; la création de comités de gestion des parcours pastoraux; l'élaboration de politiques favorisant une gestion effective des ressources collectives.

L'amélioration de l'infrastructure rurale. Le rendement des capitaux investis dans le transport et la santé sont élevés et favorables aux pauvres surtout dans les zones à faible potentiel et dans les régions de hauts plateaux. L'accent devrait être mis sur les routes, l'eau potable, les écoles et les structures de santé, et sur les modèles à adopter pour une plus grande participation du secteur privé.

Réorientation des services agricoles. La réorientation de la recherche agricole, de l'éducation, de l'information et des systèmes de vulgarisation pour une participation complète du paysan accompagnera les efforts d'intensification et de diversification et permettra de promouvoir la gestion durable des ressources. L'accent devra être mis sur des modèles de fourniture de services conjointement assurés par le secteur public et privé; la prestation de services consultatifs pluralistes, la prestation de services basée sur l'Internet, la diffusion de l'information sur les marchés, l'information technique des petits producteurs et l'intégration à l'enseignement supérieur du travail multidisciplinaire et des systèmes de production.

10 Voir en annexe la liste des pays composant cette région.


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