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NOTE D'INFORMATION SUR L'ELEVAGE DES OVINS ET CAPRINS EN BURKINA FASO

H. Touré
Responsable de la section “Petit Elevage”
Direction de l'Elevage
B.P. 70260 Ouagadougou, Burkina Faso

DONNEES GENERALES

Le Burkina Faso est un pays sahélo-soudanien couvrant une superficie de 274 000 km2 avec une population estimée à 7 millions d'habitants dont près de 90 pour cent vivent en zones rurales. Seul une fraction de cette population constituée de Peulh, de Bella, de Touaregs, s'intéresse à l'élevage.

Le pays comprend trois régions climatiques:

Sur le plan hydrographique, le Burkina Faso possède quelques rivières: Le Mou-Houn (ex Volta Noire), le Nakabé (ex Volta Blanche), le Nazinon (ex Volta Rouge), la Léraba, la Comoé et au nord les affluents du Niger. La plupart des cours d'eau sont asséchés en saison sèche, ce qui rend précaire l'approvisionnement en eau des populations et du bétail dans les zones rurales.

Environ 300 petits barrages et 6 066 forages et puits ont été réalisés pour pallier au manque d'eau.

Les pâturages représentent environ 13 millions d'ha de prairies naturelles et 5 millions d'ha de jachères exploitables par le bétail.

Pâturages naturels: • la steppe arbustive sahélienne;

• la savane arbustive;

• la savane arborée et la savane boisée.

La capacité de charge de ces différents types de pâturages varie de 10 à 20 ha/UBT.

Les activités économiques du Burkina Faso sont essentiellement agricoles. Pour un PIB en 1982 estimé à 326,5 milliards FCFA, 43 pour cent proviennent du secteur rural soit 143 milliards de FCFA dont un quart provient du sous secteur de l'élevage.

L'ELEVAGE DES PETITS RUMINANTS (PR) AU BURKINA FASO

L'élevage des petits ruminants au Burkina Faso est pratiqué par presque tous les agriculteurs, car les petits ruminants constituent un capital pouvant être transformé en argent et en cas de besoins financiers. Maîtrisant mieux les techniques d'élevage, les Peulh et Bella constituent les plus gros éleveurs.

Effectif et répartition des races

Selon le service des statistiques agricoles, les effectifs en petits ruminants pour l'année 1985 sont estimés à 2 148 000 ovins et 3 236 000 caprins. Rappelons qu'aucun recensement exhaustif n'est fait dans ce domaine. Les chiffres avancés sont souvent soit sous-estimés soit surestimés et basés sur un taux de croît de l'ordre de 3 pour cent pour les ovins et caprins.

Si nous analysons l'évolution des petits ruminants durant ces cinq dernières années, nous constatons seulement une légère augmentation liée aux facteurs climatiques, alimentaires et sanitaires.

Suivant les trois zones décrites plus haut, ovins et caprins se répartissent de la façon suivante:

Cette répartition se rencontre aussi chez les caprins. La femelle pèse de 18 à 22 kg et le mâle de 20 à 25 kg pour le mouton Mossi, tandis que pour le mouton Peulh, les poids s'échelonnent de 23 à 27 kg pour les animaux mâles et femelles.

Nous devons remarquer que le phénomène climatique influence beaucoup cette répartition. Dans la partie sud du pays, plus humide et infestée de tsé-tsé, se trouve le Djallonké, et plus au nord, la région sahélienne constitue le berceau du mouton et de la chèvre Peulh.

Technique d'élevage

Conduite du troupeau: On distingue une certaine diversité. Au nord, la majorité de la population est éleveur et maîtrise mieux les techniques d'élevage et la pathologie des PR. Les animaux sont gardés toute l'année par des bergers. En saison sèche, quelquefois moutons et chèvres divaguent mais sont conduits au moins une fois par jour au point d'abreuvement.

Au centre, les hommes sont plutôt agriculteurs qu'éleveurs. Les animaux sont seulement gardés ou attachés pendant la période des cultures. Après les récoltes, il divaguent autour des concessions. Au sud et sud-ouest, la divagation des animaux est générale.

Habitat: Dans l'ensemble du pays, l'habitat des animaux est très sommaire. Il est constitué de parcs faits de bois épineux, d'enclos ou de cases désaffectées. Le nettoyage de l'abri, n'est en général jamais effectué.

Alimentation: Le pâturage naturel constitue l'alimentation de base des petits ruminants. Les sécheresses successives qu'a connues le Burkina Faso ont contraint les éleveurs du nord et dans une moindre mesure ceux du centre à constituer des stocks de tiges de mil utilisables en période de soudure.

Signalons aussi que de plus en plus, les sous-produits agro-industriels sont utilisés par les éleveurs. Dans le sud du pays, où les conditions alimentaires sont moins précaires, aucune complémentation n'est apportée.

Sélection: Peu de travaux sont réalisés dans ce domaine. Seuls quelques éleveurs du nord, par des méthodes plus empiriques que scientifiques, essayent de sélectionner les animaux reproducteurs et de gérer les luttes.

Pathologie: Elle est médiocre pour l'ensemble du pays. Les interventions des services de l'élevage sont ponctuelles et toutes les actions sont plutôt orientées vers les bovins.

Le Burkina Faso compte un seul laboratoire de recherche et de diagnostic vétérinaire installé à Ouagadougou. Ce Centre est très éloigné des grandes zones d'élevage de petits ruminants.

Le constat qui est fait aujourd'hui, c'est que ce laboratoire a plus orienté ses travaux vers les humains que vers les animaux.

Les paramètres zootechniques de reproduction, de production et de productivité

Peu d'études ont été réalisées sur les potentialités zootechniques des petits ruminants. Néanmoins nous donnons quelques résultats obtenus dans trois centres situés respectivement au nord et au centre du pays. (cf tableaux 1, 2 et 3). Il ressort de l'analyse de ces résultats que la productivité des animaux est faible malgré certaines améliorations alimentaires et sanitaires apportées aux animaux.

Exploitation des petits ruminants

Les petits ruminants sont exploités surtout pour la production de viande et à un degré moindre pour le lait (population Peulh et Touareg du nord).

Tableau 1: Paramètres zootechniques obtenus au Centre d'élevage de Zouma (CEZ) 1983

 CEZMilieu traditionnel
Age moyen au ler agnelage15,3 mois
S = 2,4 mois
16,8 mois
S = 3,6 mois
extrêmes:
11–20 mois
extrêmes:
11–23 mois
Intervalles entre agnelages successifs256,3 jours
S = 56,8 jours
289,5 jours
S = 59 jours
extrêmes:
182–424 jours
extrêmes:
191–411 jours
Fertilité1,17 – 1,220,94 – 0,98
Fécondité1,25 – 1,260,97 – 1,00
Prolificité101 à 107%102 à 103%
Poids à la naissance (kg)2,2 kg
extrêmes:
2 kg
extrêmes:
femelles: 1,2 à 3,2femelles: 1,3 à 2,6
mâles: 1,6 à 3,4mâles: 1,4 à 2,6
Croissance des agneaux durant la lactation566,6 g/j506,6 g/j
Poids des agneaux à 3 mois d'âge
• nés entre février et avril9,2 kg8 kg
• nés entre mai et juillet10,8 kg10,8 kg
Croissance après sevrage:
• agneaux sevrés entre février et avrilGMQ = 28 gGMQ = 25 g
• agneaux sevrés entre mai et juilletGMQ = 52 gGMQ = 50 g
Poids des agneaux d'un an
• agneaux sevrés entre février et avril17,3 kg16,7 kg
• agneaux sevrés entre mai et juillet18,6 kg18,7 kg
Productivité numérique moyenne89,7%67,4%
Mortalité:
Classe 0–1 mois14,7%16,7%
1–5 mois
39%23%
5–12 mois
39%32,3%
12 mois et plus
7,3%28%
Taux moyen de mortalité15,5%40,5%
Exploitation des troupeaux:
Classe 6–12 mois13,8%29,4%
12–24 mois
55,1%38,2%
24–36 mois
10,3%9,8%
34–48 mois
13,8%6%
48 mois et plus
7%16,6%
Taux d'exploitation11%22,5%
• femelles4,4%5,6%
• mâles53%51%
La vente représente71,5% de l'effectif total exploité.
Autoconsommation:24,5% 
Don:4% 
Rendement du mouton Djallonké
Poids kg (vif)poids moyen carcasse kgrendement moyen %
femelles 16,86,840
mâles 17,87,542

Source: Contribution à l'étude des paramètres de l'élevage ovin dans la sous-préfecture de TOMA: (Obulbiga Miyemba Ferdinand) Juin 1983 - mémoire de fin d'études.

Tableau 2: Paramètres zootechniques du mouton Djallonké, Sondré-Est 1981–82

Age moyen au ler agnelage13,5 mois
extrêmes: 10 à 21 mois
S = 3,6 mois
Intervalle entre agnelage9,3 mois
extrêmes: 6 – 13 mois
S = 2,5 mois
Fertilité0,97
Prolificité188%
Fécondité115%
Poids à la naissance2,4 kg
extrêmes: 1 à 3,5 kg
S = 0,66 kg pour le mâle
0,58 kg pour la femelle
Croissance des agneaux poids moyen au sevragemâle: 14 – 15 kg
femelle: 13 – 14 kg
Productivité numérique moyenne0,95
Mortalité:
• 0 – 1 mois37 %
• 1 – 5 mois22 %
• 5 – 12 mois16 %
• 12 mois et plus25 %
Taux moyen de mortalité15 %
Exploitation:
• 6 – 12 mois5,5 %
• 12 – 24 mois14,8 %
• 24 mois et plus0,8 %
mâles15 %
femelles3 %

Tableau 3: Résultats obtenus dans le Yatenga

 Ovins MossiCaprins Mossi
Age à la lère mise bas13,5 mois9 à 12 mois
Taux de prolificité par cycle (ovins) et annuelle (caprins)100, 2 %107 %
Taux de fécondité103 à 105 %91 %
Taux d'exploitation16,45%21,0%
 Ovins PeulhCaprins Peulh
Taux de prolificité100,3%103%
Taux de fécondité75 à 84%60 à 64%
Age à la lère mise-bas13 à 15 mois-
Taux d'exploitation19,5%18,95%

L'examen des tableaux 1 et 2 montre que la classe d'âge comprise entre 12 et 24 mois est la plus exploitée, laissant ainsi dans les troupeaux des animaux âgés pour la reproduction.

En 1985, pour une production de viande estimée à 71 200 T, 22 pour cent provenaient des petits ruminants soit 15 886 T.

Cela montre le rôle important joué par les petits ruminants dans la production de viande au Burkina Faso.

La consommation de viande de petit ruminant est difficile à déterminer car les chiffres souvent avancés par les services des statistiques concernent l'ensemble des animaux à l'exclusion du gibier.

Cependant dans les grands centres comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, on constate que la plupart des grilleurs et rôtisseurs vendent de préférence de la viande de petits ruminants, abstraction faite de la viande de volailles.

Toujours en 1985, les effectifs de petits ruminants exportés sur pieds étaient estimés à 109 675 têtes par les services des statistiques agricoles. En considérant un poids moyen de 8 kg par carcasse, nous obtenons 877,4 T de viande sans les fraudes.

Prix

Au Burkina Faso, les prix des petits ruminants varient considérablement suivant les régions, les périodes de l'année, les espèces, leur sexe, leur âge et leur état d'engraissement.

Les valeurs extrêmes varient de 2 500 à 25 000 FCFA (Tabaski et autres cérémonies).

Les prix des carcasses sont difficiles à évaluer, car la viande est entreposée en tas sur les étals de boucheries. Chaque tas renferme muscles, graisses, os, boyaux, etc. Exceptionnellement, dans les centres urbains, les carcasses sont vendues au poids, de 600 à 800 FCFA le kg.

De plus, d'autres facteurs limitants freinent considérablement le développement des productions animales.

Tout d'abord, au plan logistique, les services de l'Elevage ne disposent que de peu de moyens matériels et financiers pour faire face aux difficultés de l'élevage.

A titre d'exemple, en 1983 le budget alloué à la Direction de l'élevage était de 524 millions de FCFA dont 96 pour cent consacrés au personnel (salaires) et seulement 4 pour cent destinés à la prophylaxie sanitaire, tous les autres aspects de l'élevage se trouvant ainsi démunis. Certes, il existe plusieurs projets de développement mais leurs actions sont ponctuelles et ne couvrent pas tout le pays.

Ensuite sur le plan social, le faible niveau d'alphabétisation des éleveurs constitue un handicap pour appréhender et comprendre les techniques d'amélioration de leur élevage.

Dans le domaine de la santé animale, l'insuffisance des laboratoires et de pharmacies vétérinaires rend aléatoire les interventions des agents (recherche des maladies, distribution de médicaments, etc.).

De plus, au niveau de l'alimentation, les pratiques culturales (agriculture itinérante) liées à l'accroissement démographique de la population réduisent les disponibilités fourragères, surtout dans le nord et le centre du pays.

La pratique des feux de brousse (sud et sud-ouest), entretenue par certaines populations, constitue un handicap sérieux pour l'amélioration des pâturages naturels. Il faut aussi noter l'insuffisance des points d'eau.

En ce qui concerne les sous-produits agro-industriels (SPAI) il existe des possibilités d'exploitation. Malheureusement, ces possibilités sont fortement limitées dans les grands centres d'élevage pour les raisons suivantes: l'insuffisance des voies de communication ainsi que leur mauvais état et les prix souvent trop élevés. Par exemple: 1 sac de 50 kg de son de blé vendu à 1 000 FCFA par le service de l'élevage de Ouagadougou est revendu à 1 500 FCFA - 2 000 FCFA par les commerçants des provinces.

Il faut également signaler que, à part quelques éleveurs du nord, peu de soins sont prodigués aux petits ruminants.

Enfin, l'absence de tout crédit aux éleveurs freine considérablement le développement de l'élevage des petits ruminants.

Cependant, si celui-ci connaît certaines difficultés, il est important d'en dégager ses atouts:

PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA PRODUCTION OVINE ET CAPRINE

En raison des difficultés et des possibilités dégagées plus haut, il serait souhaitable d'améliorer la productivité des petits ruminants plutôt que d'accroître leur nombre.

Pour cela, les actions suivantes sont à entreprendre:

CONCLUSION

L'élevage des petits ruminants est une spéculation pratiquée par la quasi totalité des paysans. Si les moutons et les chèvres constituent un capital facilement mobilisable, il n'en demeure pas moins qu'ils sont victimes de mauvais traitements.

Pour une meilleure exploitation de ces animaux, il est indispensable que des éleveurs et encadreurs se mobilisent autour de mots d'ordre qui militent en faveur de la promotion de l'élevage des petits ruminants au Burkina Faso.


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