Previous Page Table of Contents Next Page


NOTE D'INFORMATION SUR L'ELEVAGE DES OVINS ET CAPRINS EN TCHAD

D. Noudjalbaye
Chef du département de la santé animale
Direction de l'élevage
B.P. 750, N'Djaména, Tchad

INTRODUCTION

L'économie du Tchad comme celle de la plupart des pays sahéliens repose, pour une large part, sur le secteur primaire (55 pour cent du PIB) avec quatre sous-secteurs principaux: les Eaux et Forêts, les Pêches, l'Agriculture et l'Elevage.

Dans la zone sahélienne, la sécheresse cyclique cause des perturbations profondes au niveau des spéculations végétales et animales qui se traduisent par des pertes importantes et un manque à gagner évident.

Avec l'accroissement démographique, le rôle fondamental que jouent les protéines animales dans l'alimentation de la population impose leur amélioration quantitative et qualitative.

L'intérêt socio-économique de l'élevage des petits ruminants se démontre au Tchad avec prés de 4 827 000 ovins - caprins. Le pays possède une source de protéines (lait, viande) qui, bien que considérable, reste insuffisante. Pour atteindre l'autosuffisance alimentaire, objectif prioritaire du Tchad, des actions doivent être entreprises pour développer quantitativement et qualitativement le cheptel.

Jusqu'à une époque récente, l'élevage des ovins et caprins a été considéré comme une spéculation d'importance secondaire et c'est surtout l'élevage bovin qui a bénéficié de la majorité des travaux. La mauvaise réputation de la chèvre, considérée comme un animal qui dévaste les zones arides et qui détruit les habitats écologiques, a également contribué à délaisser cette spéculation.

Cette négligence contraste avec les qualités de ces animaux, révélées par la sécheresse.

Le but de ce travail est de faire le point sur la situation actuelle des petits ruminants.

LES BASES ECONOMIQUES DE L'ACTIVITE PASTORALE

Le milieu naturel

Climat: Le pays est divisé en 4 zones climatiques. Du nord au sud, on rencontre:

La diminution de l'humidité vers le nord détermine le passage du genre de vie sédentaire au nomadisme pastoral.

Les sols et leurs aptitudes pastorales: En relation avec son climat très varié, le Tchad présente une gamme de sols très étendue allant des sols ferralitiques à des sols désertiques.

Le facteur humain

Le développement des productions animales comme toutes les autres actions de développement sont essentiellement déterminées par le facteur humain.

Au Tchad, l'élevage occupe 17,2 pour cent de la population qui compte 5 millions d'habitants. Cette population est inégalement répartie et l'élevage est pratiqué par différents groupes d'éleveurs en fonction des conditions climatiques et écologiques.

Importance des petits ruminants

Les effectifs: Plusieurs races composent le cheptel ovin-caprin tchadien qui était estimé en 1983 à environ 4 827 000 bêtes par la Direction de l'Elevage et des Services Vétérinaires. Le tableau I donne les effectifs par race selon la répartition géographique.

Les races:

Les ovins

Nous distinguons deux types de moutons: le mouton à laine et le mouton à poils.

Le mouton à laine, encore appelé “mouton fezzanais” est peu représenté au Tchad. Sa robe est blanche, ses cornes sont claires et il est de petite taille, 60 cm environ au garrot. Il est élevé pour la production de viande qui est autoconsommée. La laine est utilisée pour l'artisant local.

Le mouton à poil: On y distingue le mouton à poil long, le mouton Mbororo ou mouton Peulh, et le mouton du Sahel.

Tableau 1 Effectifs (en milliers répartis par expèces, races et régions

 OVINSCAPRINS
ArabesPeulhsKirdisMayo-Keb-biSahélienSudTotal
Batha421---489-910
Kamen378---477-855
Lac-7--158-175
Chari-Bag180400--110110800
Sud--100242-7431085
Guera23-20-272898
Ouaddaï96---123-219
Bictine236---300-536
Bet34---43-77
Salamat20-16-46-82
TOTAL2 173 0002 654 000

On considère dans l'ensemble qu'un équilibre s'établit entre les effectifs ovins et caprins

Le mouton arabe à poil long
Rectiligne et longiligne à pelage uniformément noir. Poids vif: 35 kg. Taille: 78 cm au garrot. Rendement à l'abattage: 39 à 42 pour cent.

Le mouton Mbororo ou mouton Peulh
Animal fortement charpenté. Robe bicolore noire ou bleue à l'avant, blanche à l'arrière. Poids vif: de 30 à 50 kg pour une taille au garrot de 85 cm. Excellent animal de boucherie. Rendement: 50 pour cent.

Le mouton du Sahel ou “Kirdi”
Trapu, court sur pattes, robe variable avec une prédominance brun foncé, uniforme ou noir. Poids vif, environ de 20 à 28 kg. Taille au garrot: 40 à 50 cm. Rendement à l'abattage: 48 à 50 pour cent.

Les caprins

On distingue deux principales races:

PRODUCTION ET ORGANISATION DES MARCHES

Les productions

La vie économique des éleveurs tchadiens dépend presque entièrement des produits de l'élevage et plus particulièrement de la viande des petits ruminants.

La production de viande: C'est la vocation essentielle du cheptel. La viande produite est généralement autoconsommée par les populations rurales. Ayant mieux résistés à la sécheresse, ces animaux ont permis de couvrir une partie du déficit en viande provoqué par les pertes enregistrées chez les bovins.

En 1983, l'évaluation de la production tchadienne de viande de petits ruminants était de 18 859 tonnes de carcasses plus 15 pour cent d'abats. La SOTERA a estimé à 350 000 le nombre de petits ruminants exportés.

L'ELEVAGE DES PETITS RUMINANTS

Le rôle important que continuent à jouer les petits ruminants pendant les années de sécheresse a provoqué un regain d'intérêt pour ces espèces de la part des éleveurs et partant, de la population et des pouvoirs publics. Pour ces derniers, qui ont la lourde charge d'assurer l'approvisionnement en protéines animales pour la population, ce regain d'intérêt les conduit à réfléchir sur la manière d'améliorer leur productivité.

Les paramètres zoo-économiques

Les paramètres zootechniques et économiques des ovins et caprins du Tchad ont d'abord fait l'objet d'une étude réalisée en 1976 par la SEDES, suivie d'une étude réalisée en 1977 par BIRD-IEMVT. Les résultats de ces études ont été publiés, mais au sortir de la guerre que le pays a connue et avec la sécheresse persistante, la Direction de l'élevage a jugé nécessaire de réactualiser les statistiques en 1983.

On a jouté à une des conclusions de l'étude BIRD-IEMVT une ligne donnant le rapport entre la productivité annuelle par tête divisée par le poids moyen à l'exploitation.

Il en ressort que les ovins du Mayo-Kebbi et les chèvres du sud présentent les meilleures performances, suivis de près par les ovins Peulhs et les ovins Kirdi, le mouton arabe étant le moins performant.

La faiblesse des résultats de ce dernier s'explique par la rigueur du climat des régions où il séjourne. Cette étude ayant été faite en 1977, les chiffres doivent être revus à la hausse en 1983 et à la baisse en 1984.

L'étude de la croissance fait apparaître un large éventail de performances, la race Peulh Oudah se révèle chez les ovins la plus précoce et la plus lourde. La régularité de sa courbe de croissance témoigne de la technicité des éleveurs Peulhs.

Au sud, le mouton du Mayo-Kebbi confirme sa rusticité parmi les autres moutons de la région.

Chez les caprins, les courbes de croissance montrent une figure aplanie comme si le développement des jeunes était entravé par les prélèvements de lait.

Les rendements sont élevés chez les chèvres et les ovins du sud, plus faibles chez les ovins et les caprins du nord.

Ils augmentent d'autre part avec l'âge des animaux.

Organisation des marchés

Le commerce de la viande et du bétail sur pied: Le convoyage à pied demeure encore la méthode la plus répandue pour l'acheminement des animaux vers les centres de consommation. Ceci marque encore le caractère traditionnel du commerce des petits ruminants, les circuits de bétail et de la viande font intervenir une gamme variée d'intermédiaires. La vente des animaux se réalise ainsi: soit directement sur les marchés de production, soit sur les marchés de transit.

Le commerce du bétail permet à l'éleveur de faire face à des besoins que le lait de vache et ses dérivés n'arrivent pas à satisfaire. De plus, la vente des bovins se trouve limitée par l'existence quasi permanente d'un élevage associé, plus ou moins important, de petits ruminants.

Les prix: Les prix de ces animaux connaissent des variations saisonnières et annuelles. Bien que des prix officiels existent pour ces animaux, les prix des animaux vivants restent libres et soumis aux caprices des professionnels au grand dam des producteurs.

LES AMELIORATIONS SOUHAITABLES

L'amélioration de l'élevage des petits ruminants, considéré seul dans une zone à vocation pastorale ou bien associé aux cultures dans la zone où la sédentarisation est devenue possible, ne doit être envisageable qu'en y associant le facteur humain.

Etant entendu que le développement vise l'amélioration du niveau de vie de l'homme, les solutions à envisager dans ce cadre doivent viser:

L'amélioration de l'environnement

Pour ce pays marqué par des conditions écologiques fluctuantes, par l'insécurité alimentaire humaine et animale, où les systèmes de production restent vulnérables, le maintien de l'équilibre écologique doit passer par une solution durable au problème de l'eau et au problème alimentaire pour les éleveurs et pour les animaux. Aussi, les actions prioritaires porteront sur: l'hydraulique pastorale et les aménagements agro-sylvo-pastoraux.

L'amélioration technique de production

L'amélioration des productions des petits ruminants passe par une amélioration de la productivité numérique et pondérale des animaux. Pour cela, deux étapes seront nécessaires:

Des essais d'amélioration génétique du troupeau ovin ont été entrepris à la ferme de BEKAMBA.

Le programme ovin comprend:

Les actions entreprises montrent l'intérêt tout particulier qui a été accordé à l'intensification des productions de viande au Tchad.

La formation des éleveurs

Les actions de formation entreprises par le passé c'est-à-dire les constitutions de coopératives des éleveurs de l'Assalé, des groupements de défense sanitaire et du Centre de formation des éleveurs de Massakory ont donné des bons résultats mais ont dû être interrompues par les éténements politiques qui ont agité ce pays. Il est évident que les éleveurs sont demandeurs de telles formations. La qualité de l'enseignement est primordiale et ne doit jamais être sacrifiée à la quantité. Soulignons aussi l'importance extrême qui doit être apportée à la formation des encadreurs et formateurs.

CONCLUSION

Le Tchad est confronté, à l'heure actuelle, à une crise des écosystèmes, à une crise des systèmes de production et à une crise des écocultures.

Parmi les objectifs prioritaires visant à atteindre l'autosuffisance alimentaire, figure l'accroissement de la couverture en protéines animales par le développement de l'élevage des petits ruminants.

L'élevage des petits ruminants a d'abord une signification sociale car c'est avant tout un mode de vie pastorale. Il a ensuite une signification économique car les productions (viande, lait, peaux) participent pour une très large part à la couverture des besoins des pasteurs eux-mêmes, mais aussi du reste de la population.

Ils ont contribué efficacement, grâce à leur vitesse de reproduction élevée, à la survie et au redémarrage de nombreuses populations pastorales.

Il convient, non seulement de maintenir l'élevage des petits ruminants, mais de le développer. Pour cela, des actions spécifiques sont à entreprendre concernant:

Les recherches

Les recherches seront essentiellement orientées vers les domaines suivants:

Cet effort de recherches devrait aboutir à la découverte de traitements prophylactiques adaptés.

Les enquêtes

En matière de connaissance des problèmes que pose l'élevage dans une zone donnée, des enquêtes doivent être conduites, qui permettront de dégager:


Previous Page Top of Page Next Page