I. Pessinaba
Directeur du Projet Petits Ruminants
B.P. 65, Atakpamé
Togo
INTRODUCTION
L'élevage au Togo occupe une place modeste dans l'économie nationale par rapport à l'agriculture. Son développement constitue une des conditions nécessaires pour atteindre l'objectif que s'est fixé prioritairement le Gouvernement depuis une vingtaine d'années: l'autosuffisance alimentaire. C'est donc dans ce souci d'assurer aux populations une alimentation saine et équilibrée que depuis le IIIème Plan de Développement Economique et Social Togolais (1976–1980), une priorité particulière a été accordée au secteur de l'élevage, avec un accent sur les espèces à cycle court et entre autres les ovins et caprins.
DÉVELOPPEMENT DE L'ELEVAGE OVIN/CAPRIN AU TOGO
Le cheptel ovin et caprin au Togo est estimé à 1 598 400 têtes. Dans la grande majorité des cas, ce sont le mouton Djallonké et la chèvre naine guinéenne qui sont élevés sur toute l'étendue du territoire. Mais l'on y rencontre aussi des métis issus du croisement entre ces animaux autochtones et ceux du Sahel. Le mouton Vogan est l'une de ces variétés de métis (Djallonké mouton du Sahel).
Le développement de l'élevage des ovins et caprins vise un accroissement de la production nationale (numérique et pondérale) de ces espèces en vue de réduire le déficit en viande du pays et de le résorber dans un futur proche.
Pour atteindre ces objectifs, les structures d'action comprennent deux volets:
l'amélioration et l'encadrement du secteur traditionnel de l'élevage des moutons et chèvres;
la création et l'encadrement d'un secteur moderne de cet élevage
Amélioration et encadrement du secteur traditionnel
Le programme de développement des élevages mis en place en 1980 par le Projet de Développement de l'Elevage des Petits Ruminants vise l'amélioration des pratiques de ces élevages par la vulgarisation des méthodes simples et améliorées dans les domaines suivants:
Alimentation
complémentation après pâturage par les sous-produits agricoles (fanes d'arachides, son de maïs, panicules vides de sorgho, épluchures d'igname et de manioc, drèches de bière de mil, etc.);
supplémentation minérale par apport de pierres à lécher;
abreuvement des animaux à partir des abreuvoirs placés dans les bergeries ou aménagés aux alentours des puits villageois.
habitat: réfection des “cases-bergeries” ou construction d'abris et de parcs de nuit;
hygiène: nettoyage des bergeries, des parcs, des abreuvoirs et mangeoires, etc.
Ces actions zootechniques élémentaires sont complétées par celles de protection sanitaire: les vaccinations contre la peste des petits ruminants et les déparasitages interne et externe.
Les résultats de ces actions se présentent comme suit:
Nombre d'élevages encadrés: 1 470
Effectif de petits ruminants encadrés: 20 580
Vaccination contre la peste des petits ruminants et déparasitages internes: 300 000 têtes traités par an (287 119 pour l'année 1986).
Quelques paramètres zootechniques
Poids à la naissance | 1,5 kg |
Poids à l'an | 14 kg |
Poids brebis | 17,1kg |
Mortalité des jeunes | 36% |
Mortalité des adultes | 23% |
Fécondité annuelle | 127% |
Productivité annuelle | 81% |
Ces différentes actions ont permis une amélioration des pratiques des élevages de type “traditionnel” et leur évolution vers un type semi-intensif dans un secteur dit “moderne”.
Création et encadrement du secteur moderne
Le Projet Nord-Togo* a débuté ses activités d'encadrement des élevages semi-intensifs dans la région de la kara en 1980. les quatre autres régions (Maritime, Plateaux, Centrale et Savanes) ont été encadrées à partir de 1982 par le Projet Petits Ruminants. Ce sont les actions et résultats enregistrés par ce dernier projet qui sont livrés dans le présent document.
Les activités au niveau de l'encadrement de ces élevages concernent l'amélioration de l'habitat, la conduite du troupeau, l'alimentation, le suivi sanitaire et l'amélioration génétique.
* Aujourd'hui PRODEPEKA: Projet de Développement du Petit Elevage de la Kara.
Effectifs encadrés:
Ovins
Année | Nombre d'élevages | Nombres de brebis | Effectif total |
1985 | 25 | 963 | 1 779 |
1986 | 87 | 2 490 | 4 613 |
1987 | 208 | 6 319 | 13 221 |
Caprins
Année | Nombre d'élevages | Nombres de chèvres | Effectif total |
1985 | 4 | 52 | 128 |
1986 | 13 | 251 | 545 |
1987 | 8 | 98 | 196 |
EFFECTIF TOTAL ENCADRE
Année | Nombre d'élevages | Nombre de femelles | Effectif total |
1985 | 29 | 1 015 | 1 907 |
1986 | 100 | 2 741 | 5 158 |
1987 | 216 | 6 417 | 13 417 |
Les difficultés à conduire un élevages caprin important (plus de 30 têtes) a amené la plupart des éleveurs à vendre leurs chèvres pour les remplacer par les moutons, même dans les régions où les habitudes culinaires sont en faveur des caprins (les 2 régions méridionales du pays).
Nombre d'animaux améliorés diffusés par le Projet: Le nombre total des animaux améliorés diffusés dans les élevages encadrés s'élève à 1 627 ovins dont 1 539 brebis et 88 béliers. Il faut ajouter à ce chiffre un lot de 30 “béliers rouleurs” placés dans certains élevages encadrés de la région des Savanes.
Paramètres zootechniques:
1. Pour les ovins
Un échantillon d'élevages a été suivi de manière plus intensive, de façon à enregistrer certains paramètres zootechniques (reproduction et valeurs pondérales).
Les valeurs moyennes des troupeaux sont résumées comme suit:
Age à la première mise-bas: 13 mois
Intervalle entre agnelages: 8 mois
Taux de fertilité: 95%
Taux de prolificité (primipares): 100 %
Taux de prolificité (multipares): 115 %
Taux de mortalité avant sevrage: 11 %
Taux de mortalité après sevrage: 4, 8%
Taux de remplacement des brebis: 17 %
Productivité numérique annuelle: 134%
Antenaises de renouvellement (par rapport aux brebis): 24%
Exploitation: Mâles/brebis/an:0,68
Femelles/brebis/an: 0,45 soit 1,13 au total
Brebis de ré forme/brebis/an: 0.17
Fécondité annuelle apparente: 164%
Taux de croissance du troupeau: 55 à 65%
Poids à la naissance: 1,75%
GMQ Moyen (mâles): 85 g/j (35–105 jours)
Poids moyen à la vente: Antenais: 20 kg
Antenaise: 18 kg
Brebis: 22 kg
Variation de poids au cours de l'année: le poids maximal est enregistré au mois de mai (début saison pluvieuse) et le poids minimal au mois de novembre (début saison sèche).
Exemple: Poids des animaux ayant 2 paires de dents adultes: (24–36 mois)
POIDS ANIMAUX | NOVEMBRE | MAI | MOYENNE |
Brebis | 19,5 kg | 22.0 kg | 20,8 kg |
Béliers | 23,0 kg | 28,5 kg | 25,8 kg |
2. Pour les caprins
Seuls quelques paramètres ont été relevés chez les chèvres naines guinéennes:
Poids en novembre | 11,7 kg |
Poids en mai | 17,9 kg |
Poids moyen | 14,8 kg |
RECHERCHES
Les recherches sur les ovins ont été menées par le Projet Petits Ruminants à deux niveaux: Le Centre d'Appui Technique de Kolokopé et le secteur d'encadrement moderne.
Au Centre d'Appui Technique de Kolokopé
Le Centre d'Appui Technique de Kolokopé, centre de recherches zootechniques, de formation et de production de géniteurs, est le support des programmes de vulgarisation.
Ce centre qui exploite actuellement 2 000 ovins environ parmi lesquels 750 brebis et 35 béliers, entreprend les activités de recherche sur:
Conduite des troupeaux: Le cheptel brebis du Centre est ré parti en cinq troupeaux (T1, T2, T3, T4, et T5) comprenant 150 têtes chacun et conduits selon des modes différents:
1. Modes de conduite
Le troupeau T1, conduit sur pâturages naturels, reçit une complémentation alimentaire en graines de coton (250 à 300 g par jour) pendant trois mois dans l'année (janvier à mars) et une supplémentation minérale (bloc à lécher) à volonté. Cinq béliers sont en permanence dans le troupeau.
Les troupeaux T2, T4, et T5, conduits à la fois sur parcours naturels améliorés et sur pâturages artificiels (Panicum T58, Panicum Cl, Leucaena et Pois d'Angole) reçoivent les graines de coton toute l'année à raison de 100 à 150 g par jour en saison des pluies et de 250 à 300 g par jour pendant la saison sèche. La supplémentation, minérale est faite à volonté. La lutte contrôlée est faite par cycle de 8 mois.
Le troupeau T3 est conduit sur le même mode que celui des trois troupeaux précédents avec toutefois un cycle de reproduction de 6 mois.
2. Résultats
Les expériences sur ces différents modes de conduite des troupeaux de brebis du Centre ont permis de tirer les conclusions sur les points suivants: paramètres de reproduction, poids moyens des brebis et poids des agneaux. (Voir tableaux 1, 2 et 3).
a) Paramètres de reproduction
L'examen de tableau 1 permet de conclure que le taux de mortalité des brebis du troupeau T1 (mode de conduite le plus proche du type traditionnel) est plus élevé qu'au niveau des autres troupeaux.
Tableau 1: Paramètres de reproduction
P A R A M E T R E S | T R O U P E A U X | ||||
T1 | T2 | T3 | T4 | T5 | |
P o u r ce n t a g e | |||||
Taux de fertilité | 153 | 158 | 166 | 156 | 173 |
Taux de prolificité | 111,1 | 112,0 | 113,6 | 127,2 | 113,4 |
Taux de fécondité | 170 | 179 | 188 | 198 | 196 |
Taux d'avortement | 1,5 | 1,8 | 1,5 | 2,0 | 3,1 |
Taux de mortalité des brebis | 9,6 | 5,6 | 7,0 | 3,7 | 6,0 |
Taux de mortinatalité | 2,5 | 2,6 | 1,9 | 3,3 | 3,7 |
Taux de mortalité entre O jour et le sevrage | 16,6 | 10,5 | 12,2 | 12,1 | 19,5 |
b) Poids des brebis
Tableau 2: Poids moyens des brebis
Période | Varitation des poids moyens des brebis (kg) | |||||
T1 | T2 | T3 | T4 | T5 | ||
Mars | 1985 | 22,5 | 26,0 | 25,8 | 24,4 | 29,2 |
Mai | 1985 | 21,3 | 24,3 | 23,3 | - | 26,2 |
Juillet | 1985 | 20,9 | 23,9 | 22,2 | 23,1 | 25,5 |
Septembre | 1985 | 19,6 | 21,1 | 20,6 | 22,1 | 23,5 |
Novembre | 1985 | 20,8 | 22,5 | 22,3 | 22,6 | 25,1 |
Janvier | 1986 | 21,7 | 23,8 | 23,3 | 23,0 | 25,8 |
Mars | 1986 | 23,6 | 23,9 | 23,4 | 23,0 | 27,4 |
Deux constations ressortent de l'examen du tableau 2:
le poids des brebis baisse pendant la saison pluvieuse (mai à novembre) tandis qu'il croît en saison sèche (janvier àmars);
les brebis du troupeau T1 sont moins lourdes que celles des autres troupeaux.
c) Poids des agneaux
Les agneaux nés des brebis du troupeau T1 sont plus légers que ceux nés des mères des autres troupeaux. Le tableau suivant donne les poids moyens des agneaux nés en janvier 1985 dans les troupeaux T1, T2 et T3 (Poids à la naissance) (Tableau 3)
Tableau 3: Poids moyens des agneaux
VARIATIONS | T R O U P E A U X | ||
T1 | T2 | T3 | |
Nombre de naissances | 21 | 29 | 17 |
Poids moyens (kg) | 1,6 | 1,8 | 1,9 |
Cultures fourragères: De nombreuses plantes fourragères ont été tentées au Centres de Kolokopé (Stylosanthes gracilis, Stylosanthes hamata, Stylosanthes cook, Centrosema pubescens, Cajanus cajan, Leucaena leucocephala, Brachiaria ruziziensis, Panicum maximum, Panicum T58 et Cl. Seuls ont été retenus le Cajanus cajan (2 ha), le Leucaena Leucocephala (2 ha), le Panicum maximum (1 ha), le Panicum T58 (6 ha) et le Panicum Cl (2 ha).
Les deux légumineuses sont coupées et distribuées aux géniteurs à l'auge; tandis que les graminées servent à produire du foin. Les résultats de cette production de foin en 1986 sont les suivants:
Tableau 4: Coupe de juin
NATURE DU FOIN | SUPERFICIE (m2) | PRODUCTION EN FOIN (kg) | PRODUCTION A L'HA(kg/ha) |
Parcours naturel amélioré | 33 200 | 6 605 | 1 989 |
Panicum T58 | 15 010 | 2 764 | 1 841 |
Panicum C1 | 5 200 | 1 203 | 2 313 |
Tableau 5: Coupe d'octobre
NATURE DU FOIN | SUPERFICIE (m2) | PRODUCTION EN FOIN (kg) | PRODUCTION A L'HA(kg/ha) |
Parcours naturel amélioré | 8 000 | 3 199 | 3 999 |
Panicum T58 | 5 300 | 3 196 | 6 030 |
Panicum C1 | 6 800 | 2 760 | 4 058 |
Sélection des béliers améliorateurs: Le but visé par cette action est l'amélioration de la productivité du cheptel ovin togolais par la diffusion en milieu rural de béliers améliorateurs produits au Centre d'Appui Technique de Kolokopé.
Parmi les critères classiques de sélection, le Centre de Kolokopé a retenu celui de la vitesse de croissance des agneaux, futurs géniteurs. Ce choix repose sur le fait que dans le secteur traditionnel, cette vitesse de croissance des agneaux reste lente.
Les agneaux qui sont indentifiés (TIP-TAG) sont pesés successivement à la naissance, à 30 jours, à 120 jours (sevrage) et à 180 jours. Les gains moyens quotidiens sont calculés à partir du sevrage. Les agneaux ayant atteint à l'âge de 6 mois un poids de 20 kg sont retenus comme futurs béliers améliorateurs et seront mis à la reproduction à l'âge de 12 mois avec un poids de 26 à 30 kg. Le tableau 6 donne l'exemple d'une fiche de pesée d'un agneau retenu comme reproducteur.
Tableau 6: Fiche de pesée d'un agneau retenu comme reproducteur
PERIODE | POIDS (kg) | G M Q (g) |
Naissance | 2,1 | 113 |
30 jours | 5,5 | 94 |
120 jours | 14 | |
180 jours | 20 | 100 |
Essai d'accompagnement en milieu rural
Toutes les données zootechniques ont été rapportées au suivi des élevages encadrés de type semi-intensif. Il a donc été traité ici de l'alimentation et de l'intégration de l'élevage à l'agriculture.
Cultures fourragères: Nous ne livrons que les résultats d'essais réalisés par les paysans eux-mêmes.
Panicum maximum: planté par éclats de souche, il nécessite un travail important pour le paysan, qui répugne à “cultiver de l'herbe”. Par ailleurs la gestion des parcelles non clôturées ne s'est pas révélée facile. Quoique la productivité à l'hectare soit importante (5 t de M.S./ha), cette graminée a été abandonnée chez les paysans.
Gliricidia: plantée par boutures, elle constitue un pâturage aérien bien appété par les caprins, moyennement par les ovins. Sa production à l'ha assez faible a conduit à son abandon.
Cajanus cajan (pois d'Angole): utilisé dans le pays surtout dans les régions méridionales, il est déjà connu des paysans, qui souhaitent le couper uniquement après fructification; ce qui donne environ 8,5 t/ha de matière verte, dont 29,3 pour cent consommés, soit 880 kg de M.S. consommable à l'ha.
Bien utilisé comme fourrage, on obtient 11,8 t/ha, consommé à 55 pourcent, ce qui représente 1,750 t de M.S. consommable à l'ha.
Leucaena leucocephala: semé en culture associée (maïs, mil, sorgho, niébé), il donne de bons résultats, s'il est protégé par une clôture la première année de végétation.
Après adaptation, il est appété par les moutons, qui le consomment à 65–72 pour cent. Une seule coupe en fin de première année a donné une valeur de 3,8t/ha de matière verte, soit 970 kg de M.S. consommable à l'ha.
En deuxième année, il a été possible de couper le leucaena la première semaine de juin (région des Plateaux), ce qui laisse supposer 3 coupes annuelles. La productivité a été bonne: 10 t/ha de matière verte, soit 2,8 t/ha de M.S. consommée (3,8 t/ha de matière verte consommée). Cela pourrait donc représenter 30 t/ha de matière verte produite en deuxième année.
Il est possible d'y a jouter du pois d'Angole pour la première année, de façon à augmenter la production fourragère.
L'intérêt de la culture vivrière est de faire profiter le leucaena des soins apportés au vivrier: fumure, surveillance, sarclage.
Sous-produits agricoles - Epluchures de manioc: Un ha peut produire 27,6 t/ha de tubercules frais (essai du projet), contenant 26,2 pourcent d'épluchures fraîches, ou 8,7 pour cent d'épluchures sèches. (telles que données aux animaux): on obtient donc 2,4 t/ha d'épluchures sèches. Les animaux en consommant jusqu'à 4,1 Kg/100 kg de poids vif, soit 3,65 kg de M.S. (ce qui est proche du taux d'ingestibilité de la M.S.).
Sons de maie: Il représente 19 pour cent du poids du maïs sec,
l'aliment de base au sud du Togo: on voit donc l'importance de ce qui est
récupérable.
Panicules vides de sorgho: 1 kg de panicules donne après battage 750 g de grains, et 250 g de panicules vides, soit 95 g consommables par les moutons (12,66 pourcent du poids des graines). Le rendement moyen à l'ha étant d'une tonne, cela représente un disponible par ha de 125 kg de panicules vides.
Fanes d'arachide: l'arachide est cultivée dans toutes les régions du pays, mais essentiellement dans celle des Savanes.
Un ha produit 675 kg de fanes, à 92,7 pourcent de M.S., consommée à 90,0 pour cent. Les moutons consomment 3,8 kg de M.S. pour 100 kg de poids vif, contre 4,6 et 4,4 kg de matière verte pour le pois d'Angole et le leucaena respectivement.
Ces quelques données ont le mérite de mettre en évidence les possibilités de développement de l'élevage grâce aux sous-produits agricoles, présents sur l'exploitation, mais non mis en valeur le plus souvent. Ce sont des cultures à double utilité, et pouvant être développées sur des surfaces beaucoup plus importantes que les plantes purement fourragères.
La poudrette et le fumier de mouton: Dans le but de préciser la valeur de l'association de l'agriculture et de l'élevage des moutons, nous avons procédé à une étude sur la poudrette et le fumier de mouton, les bergeries étant balayées tous les 2 jours. Un mouton de 20 kg produit dans la journée environ 325 g de crottes, tant au pâturage (1/3 du temps) qu'à la bergerie. Cela représente donc 1,4t/UBT et par an.
La variation de la composition de ces crottes en fonction de leur état est la suivante:
TYPES DE CROTTES | M.O.% | COMPOSITION MINERALE | ||||||
C | M.O. | N | P2O5 | K2O | CaO | MgO | ||
Crottes fraîches du jour | 48,0 | 32,0 | 55,1 | 2,6 | 1,3 | 0,9 | 1,2 | 0,7 |
Crottes précompostées | 50,6 | 22,5 | 38,7 | 1,7 | 1,3 | 0,9 | 1,2 | 0,7 |
Un compostage de 2 mois a ensuite été réalisé, en 4 types
Le compostage est réalisé avec du foin de graminées avarié, et après arrosage. Les prélèvements ont été réalisés à 50 cm de profondeur.
Type | M.S. % | C | M.O. | N | P2O5 | K2O | CaO | MgO |
1 | 80,7 | 11,0 | 18,9 | 0,8 | 0,4 | 0,8 | 1,3 | 0,7 |
2 | 68,6 | 27,0 | 46,5 | 2,1 | 1,0 | 2,8 | 2,9 | 1,5 |
3 | 40,8 | 26,0 | 44,8 | 2,2 | 0,9 | 1,2 | 2,6 | 1,4 |
4 | 37,1 | 33,0 | 56,8 | 2,7 | 1,2 | 1,8 | 3,4 | 1,5 |
Le tas-sous abri et la fosse couverte donnent les meilleurs résultats.
Compte-tenu des exportations d'un champ de céréales dans le système traditionnel (maïs, mil, sorgho), et pour un rendement moyen d'une tonne par hectare, il faut un épandage de 3 tonnes de M.S. de fumier par ha, soit environ 6 UBT/ha.
La durée de 2 mois de compostage correspond à une bonne décomposition de la matière organique, comme le montre le rapport C/N=12. Il est donc intéressant d'encourager le compostage en fosse couverte, plutôt que l'épandage de poudrette simple, comme le font tous les paysans.
Caractéristiques socio-économiques des exploitations agricoles: Quelques points caractéristiques des exploitations dans la région des Savanes (87 au total) ont été examinés en vue de mieux cerner les problèmes dans cette région:
- surface moyenne des exploitations | 16,7 ha |
- paysans cultivant le coton | 62,7 % |
- surface moyenne en coton | 1,35 ha |
- surface moyenne de cultures vivrières | 9,3 ha |
- proportion des éleveurs ayant des jachères pâturables: | 80,4 % |
- surface moyenne de jachère pâturable | 6,1 ha |
- proportion des éleveurs ayant des bovins: | 70,6 % |
- nombre de bovins par exploitation: | 14,35 |
- proportation des éleveurs ayant des boeufs de trait: | 74,5 % |
- proportion des éleveurs possédant des caprins: | 80,4 % |
- troupeau moyen caprin par éleveur: | 20,8 % |
- effectif moyen des poules: | 51,4 |
- effectif moyen des pintades: | 43,9 |
- effectif moyen des ovins: | 55,2 |
- densité des ovins/ha de jachère: | 9,0 |
- densité des ovins/ha d'exploitation: | 3,3 |
- nombre d'UBT/ha de jachère: | 8,1 |
- nombre d'UBT/ha d'exploitation: | 1,8 |
A la lecture de ces chiffres, l'on remarquera que ces exploitations sont de taille importante, avec un cheptel important. Il s'agit en fait d'exploitants ayant réussi une capitalisation sous forme de bétail, et qui ont mis en place un système de gardiennage du bétail, grâce généralement à la main d'oeuvre familiale.
Les pression de pâturage sont très importantes, si l'on inclut les caprins et bovins, bien que ces derniers pâturent souvent en dehors de l'exploitation. Néanmoins on est très loin de la norme de 0,16 UBT/ha: on arrive en effect à 10,2 UBT/ha en saison pluvieuse.
Ces chiffres illustrent l'état d'intensification de l'agriculture, qui ne laissera une place à l'élevage qu'avec l'intégration des deux facteurs suivants: apport de fumier et un complément alimentaire qui ne pourra être fourni valablement que par les sous-produit des cultures vivrières.
Des évaluations économiques ont été réalisées respectivement dans la région septentrionale et dans les trois régions méridionales (tableaux 7 et 8).
Tableau 7: Evaluation économique pour la région des Savanes
ANNEES DESIGNATION | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 |
Exploitation pondérale | 0 | 240 | 280 | 440 | 1 298 | 1 584 |
(1) Recettes brutes | 0 | 84 000 | 98 000 | 154 000 | 377 830 | 463 440 |
(2) Charges opérationnelles (FCFA) | 30 544 | 48 140 | 69 720 | 102 920 | 102 920 | 102 920 |
(3) Charges de structure (FCFA) | 21 983 | 21 983 | 21 983 | 21 983 | 21 983 | 21 983 |
(4) Total des charges (2+3) | 52 527 | 70 123 | 91 703 | 124 903 | 124 903 | 124 903 |
(5) Recette nette (1–4) (FCFA) | -52 527 | 13 877 | 6 297 | 29 027 | 252 927 | 338 537 |
Recettes cumulées | -52 527 | -38 650 | -32 353 | -3 256 | 249 671 | 588 204 |
La balance n'est donc positive qu'à partir de la 5ème année dans la région des Savanes. Mais en fait dans cette région il y a généralement un certain nombre d'animaux existants qui permettent d'avoir un revenu minimum pendant les premières années, et ainsi d'équilibrer la balance dès la deuxième et troisième année.
Tableau 8: Evaluation économique pour les 3 régions méridionales (Centrale, Plateaux et Maritime)
ANNEES DESIGNATION | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 |
Exploitation pondérale (kg) | 0 | 240 | 280 | 440 | 1 298 | 1 584 |
(1) Recettes brutes (FCFA) | 0 | 104 000 | 123 000 | 199 000 | 549 700 | 690 500 |
(2) Charges opérationnelles (FCFA) | 30 544 | 48 140 | 69 720 | 102 920 | 102 920 | 102 920 |
(3) Charges de structure (FCFA) | 18 900 | 18 900 | 18 900 | 18 900 | 18 900 | 18 900 |
(4) Total charges (FCFA) | 49 444 | 67 040 | 88 620 | 121 820 | 121 820 | 121 820 |
(5) Recette nette (1–4) | -49 444 | 36 960 | 34 380 | 77 180 | 427 880 | 568 680 |
Recettes cumulées (FCFA) | -49 444 | -12 484 | 21 896 | 99 076 | 526 956 | 1 095 636 |
POTENTIAL DE DEVELOPPEMENT DE L'ELEVAGE OVIN/CAPRIN
Le programme de modernisation de l'élevage ovin et caprin mis en oeuvre depuis 1980 a fait ressortir les possibilités d'amélioration de cet élevage dans les différentes régions du Togo. Ceci a permis l'élaboration à partir de cette année, d'un programme plus vaste qui prévoit une intensification au niveau des actions sanitaires et zootechniques, mais aussi à celui des recherches d'accompagnement.
Actions sanitaires et zootechniques
Elles intéresseront toujours les deux secteurs:
Secteur de l'élevage traditionnel: au niveau duquel seront appliquées les actions de vaccination contre la peste des petits ruminants et de lutte contre les parasites gastro-intestinaux. Ces actions seront accompagnées systématiquement des actions zootechniques sur l'habitat, l'alimentation et l'hygiène des animaux. L'on estime ainsi toucher en période de croisière (5ème année) la moitié de l'effectif des ovins et des caprins; ce qui entraînera une augmentation globale de la production de viande et abats de 380 à 580 tonnes par an.
Promotion des élevages semi-intensifs: outre les 216 élevages semi-intensifs existants, le programme prévoit la mise en place de 975 autres, (à raison de 195 par an pendant 5 ans) sur l'ensemble du pays, à l'exclusion de la région de la Kara dans laquelle un programme analogue est exécuté par le PRODEPEKA. Il est donc escompté qu'un millier de ces élevages semi-intensifs seront mis en place d'ici cinq ans. La production supplémentaire de ces élevages en cinquième année est estimée à 800 tonnes de viande et abats de moutons et de chèvres.
Volet recherches d'accompagnement
Les recherches d'accompagnement seront intensifiées et largement dominées par la sélection du mouton Djallonké. Cette action comportera la mise en place:
Parallèlement à cette sélection du mouton Djallonké, commencera celle de la chèvre naine guinéenne avec le même schéma que celui établi dans le cadre du mouton.
Outre ces actions de sélection, les recherches d'accompagnement se poursuivront dans le milieu rural par:
les possibilités d'amélioration de l'alimentation par l'utilisation des plantes et arbustes fourragers, sans négliger les sous-produits agricoles;
l'amélioration de l'ensemble des actions sanitaires et zootechniques;
l'étude des moyens susceptibles d'améliorer l'élevage traditionnel et son association avec l'agriculture.
CONCLUSION
Ce programme de développement de l'élevage des ovins et caprins suivi de recherches d'accompagnement permettra l'amélioration de l'élevage traditionnel.
Par ailleurs, la mise à la disposition des éleveurs de reproducteurs sélectionnés, la maîtrise des thèmes de vulgarisation par ces éleveurs et enfin l'association de l'élevage à l'agriculture (bonne utilisation du fumier, conservation des jachères pour pâturages, utilisation des sous-produits agricoles en alimentation, etc.) constituent une des solutions pour la réalisation de l'équilibre des productions végétales et animales conduisant à une alimentation saine et équilibrée dans le cadre de l'autosuffisance alimentaire des populations togolaises.
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Availability: December 1988
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