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IV. MISE EN PLACE DE L'HYGIENE

Les détergents industriels

Pourquoi une industrie de la détergence?

Chacune des matières premières utilisées en détergence ou en désinfection présente des avantages mais aussi des inconvénients ou des limites.

Seule une combinaison judicieuse de différentes matières premières permettra d'obtenir un produit fini répondant aux besoins de plus en plus spécifiques des industries alimentaires. C'est pourquoi, depuis plusieurs décennies, des industriels se sont spécialisés dans la fabrication de détergents et de désinfectants pour les industries alimentaires.

Ces industries auront un grand nombre d'impératifs à respecter afin de pouvoir donner aux industries agro-alimentaires les produits de plus en plus sophistiqués dont elles ont besoin.

a) Recherche

Avant d'incorporer une matière première dans un détergent, il importe de connaître si le rôle que l'on voudrait lui faire tenir sera joué et cela, quelles que soient les circonstances. Nécessité donc de procéder à des essais en se plaçant dans les conditions les plus hors séries. Après avoir défini le but à atteindre et les moyens (facteurs physiques) à la disposition du client dans l'industrie considérée, on ébauche la formulation. Celle-ci est ensuite testée et remaniée en fonction des premiers résultats de laboratoire ou d'essais semi-industriels.

b) Expérimentation

Le stade suivant est évidement l'expérimentation industrielle permettant de rechercher la méthode la plus économique d'utilisation. Parfois, il vaut mieux enlever de la formule un produit apportant une petite amélioration, mais augmentant le prix de revient sans rapport avec l'avantage obtenu. Bien entendu, l'utilisation par un client d'un détergent industriel doit lui garantir la conformité de son processus de nettoyage avec les règlements en vigueur.

Les résultats de nettoyage ne sont pas les seuls critères retenus. L'expérimentation permet de vérifier que les composés utilisés n'ont pas d'influence sur les produits fabriqués à longue échéance. Par exemple, les revêtements peuvent absorber sélectivement certains corps des détergents et ensuite donner des goûts et des odeurs aux produits finis.

c) Problèmes nouveaux

L'évolution des produits alimentaires mis à la disposition de la clientèle ainsi que les nouvelles techniques de traitement ou de conditionnement créent des besoins qui ne pourront pas être satisfaits par les anciennes formulations de produits.

Une fois ces activités de recherches et de mise au point de produits nouveaux réalisées par les industriels, ceux-ci devront être de vrais spécialistes afin de résoudre les problèmes suivants:

i) Une connaissance approfondie de la législation est indispensable afin de n'utiliser que des matières premières autorisées dans les industries agro-alimentaires.

Il faut s'assurer que les détergents ou désinfectants proposés sont bien conformes aux normes en vigueur relatives à la biodégradabilité.

Les emballages et plus particulièrement les étiquettes doivent être conformes à la législation et informer l'utilisateur des éventuelles précautions à prendre lors de la dilution et de l'emploi.

ii) Beaucoup des matières premières utilisées peuvent être dangereuses aussi l'industriel devra respecter des normes précises en ce qui concerne le stockage et la manipulation de ces produits.

En cas d'erreur de manipulation, toutes les précautions doivent être prises afin de protéger le personnel, mais également l'environnement.

Toutes les matières devront être contrôlées au laboratoire de l'usine afin de vérifier qu'elles correspondent bien aux spécifications techniques demandées.

De même, tous les produits finis devront être contrôlés avant leur livraison à l'utilisateur.

Les éléments précédents conduisent à une conclusion évidente. Les industries agroalimentaires ne peuvent pas fabriquer dans de bonnes conditions leurs détergents et leurs désinfectants. Elles devront s'adresser à des sociétés spécialisées. Celles-ci, cependant, ne devront pas se contenter de vendre des produits, elles devront en outre:

Le choix du détergent ou du désinfectant

Afin de choisir le produit adapté à un problème donné, l'utilisateur et le vendeur devront cerner les données technologiques du problème et répondre aux questions suivantes:

Souillures à éliminer:Nature
Quantité
Age
Support de la souillure 
Processus d'utilisation:Circulation
Aspersion
Trempé
Haute pression
Mousse
Manuel

Plages de températures envisageables

Temps disponible pour l'opération

Qualité de l'eau

Produit

Nature:• Détergent
• Détergent désinfectant
• Détartrant
• Détartrant désinfectant
• Désinfectant
• Anti-tartre
Présentation:• Poudre
• Liquide

Concentration d'utilisation

pH après dilution

Une fois ces questions posées et les réponses apportées, seules quelques alternatives resteront possibles.

Il faudra alors procéder à des essais pour contrôler les résultats obtenus et calculer les coûts de l'opération.

Les grandes familles de produits proposés

a) Le nettoyage

Pour réaliser un nettoyage, plusieurs alternatives s'offrent à l'utilisateur:

Dans chacune de ces familles, il existe une infinité de formulations possibles en fonction des données technologiques précédemment énoncées.

b) Le détartrage

Il se réalisera toujours en phase acide mais le choix du ou des acides constituant le squelette du détartrant dépendra du problème posé.

Dans certains cas, des solutions acides désinfectantes (avec produits à base d'acide péracétique ou d'iode) pourront être retenues pour éviter une désinfection postérieure.

Note: Dans l'industrie du vin, certaines opérations sont couramment appelées “détartrages” et sont cependant réalisées avec des produits alcalins.

c) Le nettoyage en milieu neutre

Les produits proposés seront essentiellement composés d'agents tensio-actifs et éventuellement de complexants.

L'hygiène du personnel en industrie alimentaire

Introduction

L'homme en bonne santé est colonisé par des milliards de micro-organismes. Installés en surface sur la peau, ils constituent la “flore cutanée”, à l'intérieur de notre corps, ils sont localisés essentiellement dans l'appareil digestif et constituent la flore intestinale.

Les micro-organismes, surtout des bactéries, sont très inégalement répartis sur la surface du corps. Les zones les moins contaminées portent quelques centaines de germes au cm2 (avant-bras, thorax), les plus contaminées plusieurs centaines de milliers au cm2 (aisselles, etc.).

Quant à la flore intestinale dans la zone du côlon, 1 gramme de fèces peut renfermer plus de 10 milliards de bactéries.

Mise à part la flore fécale, la flore habituelle est constituée d'une grande majorité de germes dénués de tout caractère pathogène pour des individus en bonne santé. On trouvera les germes “dangereux” chez des personnes malades ou visiblement infectées, mais on pourra les trouver aussi chez un certain nombre d'individus sans pathologie apparente. Il s'agit de porteurs sains de germes pathogènes. Les analyses médicales périodiques permettent de déceler ces “porteurs inconscients”, plus nombreux qu'on ne le suppose.

Enfin, chaque individu est susceptible de devenir, de façon transitoire, porteur d'une flore de recontamination cédée par un environnement contaminé.

Dès lors, l'individu pourra à son tour transmettre et propager les germes si aucune protection n'est prise.

Le personnel va être à même de contaminer les denrées de deux façons:

Ces particules sont produites par la bouche, le nez, les cheveux, les vêtements et d'une façon générale par toute la surface cutanée.

L'hygiène du personnel dépend donc des facteurs suivants:

  1. La médecine du travail: des visites médicalés périodiques (à l'embauche, après arrêt maladie et environ une fois par an) doivent être prévues par le législateur.

    Le personnel doit être incité à déclarer et à soigner toute affection ou lésion, notamment de la peau et des voies respiratoires.

  2. Le personnel lui-même: le personnel peut être incité à une grande rigueur par l'encadrement, les syndicats, les associations de consommateurs, etc.

  3. L'employeur: il devra mettre à disposition et tenir propre une pharmacie de première urgence, des vestiaires, des sanitaires, des lavabos bien équipés, etc.

En conclusion, il faut retenir que l'hygiène individuelle résulte d'un état d'esprit et d'une volonté constante et renouvelée.

Contamination de la peau et des mains

Notre peau se desquame totalement (nous “changeons de peau”) en l'espace de 48 heures.

Les squames cutanés sont porteurs de germes.

Il est important d'insister sur les risques de contamination par les mains dans une industrie alimentaire et de signaler que le port de gants est souvent une protection illusoire car la flore qui se développe sur la peau enfermée, humide et à bonne température, s'échappe par les perforations inévitables. (Il a été remarqué qu'après une intervention chirurgicale, 6% à 20% des gants des opérateurs sont pérforés).

Les bactéries de la peau des mains peuvent avoir plusieurs origines: naturelle, infectieuse, recontamination.

a) Naturelle

Les peaux rugueuses, crevassées, sèches sont en général plus fortement chargées en bactéries que les peaux lisses et humides.

b) Infectieuse

Il s'agit d'infections cutanées tels panaris, tourniole ou, plus simplement, d'une blessure (coupure par exemple) qui s'infecte et de fait libère les bactéries en cause. La flore est dans la très grande majorité des cas, le staphylocoque doré pathogène.

Il y a lieu de faire la différence entre la simple coupure que l'on traitera localement avec un antiseptique et que l'on protègera ensuite par un pansement étanche, voire des gants et des plaies infectées qui auront pour effet d'interdire au porteur les manipulations des denrées et du matériel en contact alimentaire.

c) Recontamination

L'exemple le plus classique est celui de la contamination après passage aux toilettes par les bactéries fécales.

Exemple de flore cutanée habituelle (mains)

Coques gram(+)Staphylococcus aureus (2) 
Staphylococcus epidermitis (1) 
Sarcina (1) 
Bacilles gram(-)Coliformes (1) et (2) 
Pseudomonas (2) 
Achromobacter (1) 
Flavobacterium (1) 
Bacilles gram (+)Bacilles (1) et (2) 
Corynebacterium (1) 

(1) Flore naturelle;
(2) Flore de recontamination.

Le lavage des mains

a) C'est l'opération hygiénique de base. Elle doit se transformer en réflexe dans un certain nombre de situations:

Le lavage des mains à la sortie des toilettes est capital. On a vu qu'il pouvait y avoir 10 milliards de germes par gramme de selles, germes à même d'être transférés aux aliments par l'intermédiaire des mains et des vêtements.

b) L'opération de lavage des mains proprement dite doit:

Bien évidemment, avant de procéder au lavage des mains, il faudra retirer les bagues et bracelets. Les ongles devront être coupés courts, toujours propres et jamais vernis.

c) Dans les cas simples, la robinetterie du lavabo pourra être manuelle mais si les risques de contamination sont plus importants, l'alimentation en eau devra être assurée par pédale, par levier au coude ou par un système automatique tel qu'une cellule photoélectrique.

d) De même, dans les cas où les risques de contamination sont faibles, le lavage des mains pourra se réaliser avec du savon présent sous forme solide. Si les conséquences d'une contamination sont plus graves, il faudra absolument utiliser un distributeur de savon liquide. Celui-ci pourra être à commande manuelle mais il est préférable d'avoir une commande par le pied, le genoux, le coude ou une commande par cellule photoélectrique.

La conception du poste de lavage devra prendre en compte à la fois l'alimentation en eau du lavabo et le système de distribution du savon liquide.

e) Le distributeur à savon: nous avons vu qu'ils se différencient essentiellement par le système de commande.

Certains de ces distributeurs possèdent un indicateur de niveau. Selon les utilisations, celui-ci est utile ou constitute un gadget. En général, ces distributeurs sont remplis quotidiennement et il suffit alors au moment de l'achat de prévoir un réservoir avec une capacité supérieure à la consommation journalière.

L'accès au réservoir ne doit pas être possible au personnel en cours de journée sinon il y a des risques que certains utilisateurs se servent directement en savon liquide dans le réservoir. Il faut préférer les distributeurs qui s'ouvrent avec une clé ou se ferment avec un cadenas.

Certains distributeurs sont avec écoulement du savon par le bas, d'autres ont une distribution par la partie haute. Ce dernier système est préférable au premier. En effet, en cas de petite fuite, le réservoir, ne se videra pas.

f) L'essuie-mains: l'essuie-mains collectif ne devrait plus exister, il doit être remplacé par l'un des trois procédés suivants:

i) L'essuie-mains en papier à usage unique et jetable

Le séchage correct des mains met en oeuvre successivement deux essuie-mains qui doivent être suffisamment résistants et absorbants.

Il est nécessaire de prévoir un collecteur fermé à ouverture non manuelle, pour le papier usagé. Le séchage des mains est en général moins agréable et souvent moins efficace qu'avec un textile.

ii) L'essuie-mains textile à usage unique en enrouleur-dérouleur automatique

Le textile doit avoir subi en fin de lavage un traitement bactériostatique et fongistatique efficace. Dans ces conditions, le séchage présente les mêmes garanties hygiéniques qu'avec un essuie-mains en papier. Le procédé présente néanmoins l'inconvénient du rouleau qui se termine en cours de journée et qu'on doit immédiatement changer.

iii) Le séchage par air chaud pulsé

Ce système présente l'avantage d'un fonctionnement autonome (pas de rechange de papier ou de textile). Mais pour des raisons hygiéniques, il est indispensable que l'appareil se mette en marche automatiquement (non manuel) et que l'air aspiré soit ultra-filtré efficacement (avec remplacement périodique des filtres). Notons également que l'opération de séchage est plus longue qu'avec les procédes classiques.

g) Les produits: si le personnel porte des gants, il faudra une désinfection de ceux-ci par passage régulier dans une solution d'antiseptique placée dans un bac à proximité du poste de travail.

L'antiseptique sera généralement un alcalin chloré ou une solution contenant un mélange d'alcools ce qui permet un séchage plus rapide des gants.

Les savons liquides classiques ne contiennent pas d'agents antiseptiques. Si le personnel doit se laver fréquemment les mains en cours de journée, il faudra attacher une importance particulière au choix du savon liquide. Il devra éviter tout phénomène d'allergie et ne pas être agressif afin de ne pas éliminer le sébum de la peau. Un bon savon aura des qualités identiques aux produits cosmétiques offerts pour protéger les mains abîmées.

Il existe des savons liquides désinfectants généralement à base d'ammoniums quaternaires. Ils permettent, par rapport à un savon normal, de réduire de quelques dizaines de germes au centimètre carré la flore contaminante. Mais il faut savoir que ce résultat est très transitoire si la base désinfectante ne présente pas d'effet rémanent.

Dans les cas les plus difficiles, la préconisation la meilleure est de réaliser l'opération en deux étapes.

La première consistera en un lavage des mains avec un savon liquide classique et la seconde en une désinfection avec un produit à base d'alcools. Le séchage se réalisera alors par simple frottement des mains entre elles. Ces produits désinfectants possèdent un réel pouvoir rémanent.

Poste de désinfection des mains

L'ensemble se compose:

Il se crée, à la sortie de la buse, une pulvérisation en forme de cône plein de produit désinfectant qui couvre en quelques secondes la surface des mains ou tout autre surface exposée devant la buse.

L'installation peut être prévue pour l'alimentation d'un ou plusieurs postes à partir du même bac.

Contamination par la chevelure

Les cheveux peuvent intervenir directement ou indirectement. L'intervention directe est réalisée par le cheveu qui tombe dans le produit ou dans un emballage. Il sera retrouvé par le consommateur dans l'aliment qu'il achète. L'intervention indirecte concerne les microorganismes qu'ils supportent. Les spores de bacillus et les micrococcis sont parmi les plus fréquemment rencontrés.

Les pellicules sont des sources de contamination moins spectaculaires mais aussi dangereuses que les cheveux. Contrairement à ces derniers, elles passent facilement inaperçues. Chacune supporte cependant un nombre important de micro-organismes, micrococcus et corynebacterium en particulier.

Le seul procédé de protection consiste à porter une coiffe. Celle-ci pour être efficace doit envelopper toute la chevelure. Dans le cas de port de cheveux très longs, il est indispensable pour éviter leur mobilité, et de ce fait la dispersion des bactéries, de les pincer avec deux barettes, l'une située le plus près possible de la tête et l'autre à l'extrémité des cheveux.

Le port de la barbe n'est pas conseillé aux personnes en contact permanent avec les denrées alimentaires non emballées. Aussi bien entretenue soit-elle, la barbe supporte toujours de nombreuses bactéries.

Contamination par la bouche et le pharynx

La cavité oropharyngée peut être une source importante de contamination. A ce niveau, la notion de “porteur de germes pathogènes” intervient. Les germes pathogènes sont retrouvés dans le pharynx soit au cours de la maladie, soit après guérison, dans ce cas, on dit que l'individu est “porteur sain”. Cet hébergement peut subsister plusieurs mois après la maladie. La dissémination est réalisée par des goutelettes de pflugge, véritables aérosols émis par la bouche. Elles sont chargées de bactéries bucco-pharyngées dispersées dans l'atmosphère ou réparties directement sur les aliments qui leur sont exposés (la distance critique de projection atteint facilement 1 mètre). Cette dernière dissémination s'opère au cours de certains actes physiologiques tels que l'éternuement, la toux, le rire, le chant, le cri, la conversation.

A cette notion de l'hygiène de la cavité bucco-pharyngée, il faut réserver une place pour les fumeurs. La propreté est en cause. La cendre de cigarette qui tombe spontanément peut se “dissoudre” dans un aliment liquide ou salir un aliment solide. Il est impossible dès lors de rectifier cette malpropreté. Le mégot, dont le fumeur ne sait quoi faire et qu'il jette à terre, est un facteur de salissure et de contamination des sols.

Les mesures à prendre pour éviter les contaminations oropharyngées sont multiples.

Nous citerons:

Les vêtements

Le tissu, de quelque nature qu'il soit, est un excellent support pour les bactéries.

Lorsqu'il est humide et imprégné de substances nutritives, il constitute un véritable milieu de culture où les micro-organismes se développent abondamment.

En général, les vêtements sont d'autant plus contaminés qu'ils auront été longtemps portés et se seront trouvés au contact d'une ambiance polluée. Leur flore est le reflet de la flore de l'individu et de celle de l'environnement.

Les vêtements de travail seront donc choisis en tissu blanc pour permettre de mettre en évidence l'état de propreté. Ils seront changés chaque jour.

Les chaussures et les pédiluves

Une distinction doit être faite entre les chaussures de ville et les chaussures de travail.

Les premières ne doivent jamais être introduites dans les ateliers de production.

Il est donc nécessaire de se déchausser, dès l'arrivée à l'usine, dans des vestiaires convenablement situés n'obligeant pas le personnel à traverser les ateliers avec des chaussures de ville. Dès lors, le personnel ainsi chaussé ne devra en aucun cas ressortir de l'usine sans rechausser ses chaussures de ville.

Les bottes doivent faire l'objet de la plus grande attention. En fin de travail, avant de les retirer, elles seront brossées sous un jet d'eau.

Les semelles seront désinfectées par immersion dans une solution antiseptique appropriée.

L'installation de pédiluves aux entrées des ateliers à protéger des contaminations est vivement recommandée.

Les visiteurs seront soumis aux mêmes consignes que le personnel. Une paire de bottes doit être mise à leur disposition, sinon ils devront se contenter d'observer les ateliers à partir d'une galerie latérale prévue à cet effet.

Les vestiaires

Il est important que le personnel dispose de vestiaires bien équipés avec en particulier une armoire à double compartiment permettant de ranger séparément vêtements de travail et vêtements de ville.

C'est dans cette armoire qu'on laissera en début de service les bracelets, bagues et montres qui compliquent les opérations de lavage des mains. Une horloge installée dans les ateliers peut très bien remplacer la montre-bracelet.

Ces vestiaires devront être équipés de douches en nombre suffisant.

L'hygiène dans l'usine

Le plan d'hygiène

Chaque usine en industries agro-alimentaires doit mettre en place un “plan d'hygiène”.

Celui-ci consistera en un document écrit qui spécifiera les procédures d'hygiène appliquées à chacun des stades de la fabrication. Il devra permettre de “suivre” la matière première, de la réception au produit emballé. Outre les procédures, ce document devra indiquer les contrôles réalisés pour s'assurer de la qualité du programme d'hygiène mis en place. Il spécifiera enfin qui sera chargé de l'application des procédures.

En pratique, il faut donc dans un premier temps, que la direction générale de l'usine soit absolument convaincue de la nécessité du plan d'hygiène. La direction nommera alors un responsable de la mise en place du plan d'hygiène. Celui-ci pourra être le directeur technique, le chef du laboratoire, le responsable qualité, etc.

Le “responsable hygiène” devra faire mettre par écrit toutes les procédures qui, en théorie, sont appliquées pour le nettoyage, la désinfection et l'hygiène du personnel ainsi que tous les contrôles qui sont effectués.

La deuxième étape consistera à contrôler si les procédures effectivement appliquées correspondent ou non aux théoriques.

Le “responsable hygiène” devra ensuite former une “commission hygiène” qui aura une composition variable d'une usine à l'autre mais qui pourra regrouper les personnes suivantes:

Cette commission se réunira périodiquement pour discuter de l'ensemble des problèmes d'hygiène et donc en même temps des problèmes des sécurité liés à l'utilisation de produits chimiques. La première tâche de cette commission sera de contrôler si effectivement les procédures théoriques et pratiques concordent bien et d'établir alors un plan d'hygiène actualisé.

Il faut ensuite relever les observations et suggestions des différents membres de la commission et prendre l'opinion de spécialistes extérieurs à la société. Il faudra en particulier impérativement consulter:

Le fournisseur des équipements à qui l'on remettra une copie des procédures utilisées pour nettoyer et désinfecter le matériel qu'il a vendu. Le but de cette démarche est d'éviter tout malentendu qui pourrait survenir en cas de corrosion du matériel, d'usure trop rapide de certaines parties de l'installation (joints, tapis roulants, peinture, etc.) et de pannes (étanchéité des armoires électriques, des moteurs, etc.).

Les fournisseurs de détergents et désinfectants industriels. D'une façon générale les fournisseurs de produits de base (soude, eau de Javel, acide nitrique, etc.) ne donnent aucun conseil ni garantie. Par contre les fournisseurs de produits spécialisés doivent indiquer par écrit leur opinion sur les procédures qui utilisent des produits chimiques de leur gamme.

Cette commission devra également référencer:

Il y a peu de problème en ce qui concerne les fournisseurs de produits de base. Il suffit que le laboratoire mette en place un contrôle efficace des produits à leur entrée dans l'usine. Il est indispensable de contrôler la concentration de tous les produits chimiques. Pour certains produits, il faut faire un contrôle plus poussé car il y a toujours un risque de mélange par un fournisseur peu scrupuleux du produit annoncé avec un autre moins cher.

Pour les produits spécialisés, il faut sélectionner avec le plus grand soin et le fournisseur et le produit référencé. Il est fortement conseillé de ne traiter qu'avec des fournisseurs ayant une surface financière suffisante et ayant une image de marque à défendre. En effet, certains opérations telles que des détartrages, demandent le produit adapté mais également une parfaite connaissance de la technique. En cas d'erreur de manipulation c'est un matériel fort coûteux qui peut être endommagé et comment alors se retourner contre une société qui aurait un capital social ridiculement faible. Des risques financiers importants et même des vies humaines peuvent être mis en jeu à cause d'une mauvaise désinfection. L'utilisateur doit donc s'assurer la coopération d'un fournisseur sérieux techniquement et financièrement.

Une fois les fournisseurs choisis il reste à référencer les produits en tenant compte de l'efficacité, des doses d'utilisation et des prix. Le service achats doit se borner à faire les consultations pour les différents produits référencés (prix, délai de livraison, conditions de paiement) et le choix du produit acheté doit revenir à la commission d'hygiène qui connaîtra les différences qui peuvent exister entre différents produits référencés (au niveau de la concentration, par exemple).

L'équipe de nettoyage

Pour réaliser les opérations de nettoyage et désinfection, chaque usine peut s'orienter vers différentes solutions:

Chacune de ces orientations présente des avantages et des inconvénients et en fonction de chaque application une solution, qui pourra être un mélange des orientations précédentes, sera retenue. Dans la pratique, les usines de moyenne ou grande importance utilisent les trois solutions précédentes.

Société de service indépendante

Cette solution présente l'inconvénient de désolidariser totalement l'équipe de production des soucis d'hygiène. Or, la sensibilisation du personnel de fabrication sur la manipulation hygiénique, inclut aussi bien les gestes au cours du travail que la préparation des opérations de nettoyage et de désinfection du matériel après le travail.

Le choix de cette orientation peut conduire très rapidement à:

Pour les raisons précédemment invoquées, cette solution n'est généralement pas retenue pour l'hygiène des ateliers de production en industrie alimentaire. Par contre, elle est très utilisée pour l'entretien des bâtiments ou des surfaces n'étant pas en contact direct avec les aliments. Beaucoup d'usines font appel à des sociétés extérieures pour le nettoyage de bureaux, des aires de stationnement, des véhicules, etc., car cette solution permet de déterminer avec précision le coût prévisionnel de ces opérations. Néanmoins, l'usine devra attribuer à un membre de son personnel la responsabilité du contrôle du travail effectué par la société extérieure.

Les quelques cas où l'intervention d'une société de service peut être bénéfique au niveau des ateliers de fabrication, sont les ateliers de grandes dimensions dans lesquels l'implantation du matériel est peu encombrante. C'est le cas des grosses salaisons, de grands abattoirs, de certains ateliers de conditionnement. A ce moment, l'équipe de production reste responsable du nettoyage de son matériel propre, et l'équipe extérieure achève le travail. Seule contrainte mais importante: il faut que le personnel de cette société de services soit formé pour le nettoyage industriel dans le domaine de l'alimentation de manière à éviter les erreurs dont les conséquences réduisent à néant les efforts de l'équipe précédente (exemple: l'équipe de production procède à la désinfection du petit matériel, l'équipe extérieure pour nettoyer les sols, pollue, par projection, les surfaces préalablement désinfectées).

Equipe intégrée avec horaires décalés

Il s'agit d'une équipe intégrée, à l'usine mais qui travaille avec des horaires totalement séparés (en général la nuit si l'usine travaille en une ou deux équipes). Cette solution présente par rapport à la précédente l'avantage que, hierarchiquement, il est possible de rapprocher les responsabilités.

Mais à la longue, on retrouve une partie des inconvénients de l'option précédente. Cela peut se traduire par une déconsidération de la part de l'équipe de production vis-à-vis des travaux de nettoyage et désinfection.

Equipe de production

C'est tout le personnel de production qui est chargé du nettoyage et de la désinfection.

Mis à part le cas de très petites unités de production, cette option est en général la source de mauvais résultats, de perte de temps importante et de coûts élevés. Chaque personne se sert en produit, en matériel d'application et le contrôle est pratiquement impossible.

Cependant tous les nettoyages en circuit fermé sont généralement faits par l'équipe de production quelle que soit la taille de l'usine. En effet, seule cette équipe a une bonne connaissance du matériel utilisé (CIP) et elle est la seule apte à réaliser les nettoyages intermédiaires qui peuvent être indispensables pendant les heures de fabrication.

Chevauchement des deux groupes: production et hygiène

C'est de loin et par expérience la meilleure solution dans la mesure où elle permet d'inclure dans le travail de production des tâches de nettoyage, en particulier, l'aire de travail de chaque manipulateur.

C'est l'équipe d'hygiène qui prépare les solutions distribuées dans les ateliers, qui prend en charge le nettoyage du matériel important et des grandes surfaces (murs, sols, etc.) et, enfin qui est responsable de la désinfection de l'ensemble des machines et des surfaces. Il ne faut pas oublier que la meilleure désinfection est celle qui se pratique alors que l'ensemble des autres opérations est terminé, dans un atelier fermé, et en présence d'un minimum de personnel.

Le chevauchement des horaires des deux équipes permet d'autre part, de rationaliser le temps de travail en fonction de la disponibilité du matériel à nettoyer. Il est souvent utile de prévoir un local de lavage dans lequel certaines opérations spécifiques pourront se dérouler pendant les heures de production. Ce local servira également de lieu de stockage et de préparation des solutions.

Une ou deux personnes préparent les solutions et les distribuent dans les ateliers. Le nombre le plus restreint possible de produits facilitera cette distribution, diminuera les frais d'achat et de stockage en réduisant les risques d'erreurs.

Formation du personnel

Les différentes règles d'hygiène, pour être bien appliquées, doivent être bien comprises. C'est la raison pour laquelle il faut attacher une importance particulière à la formation du personnel.

Les programmes de formation devront être spécifiques et encadrés par du personnel de l'usine et par des spécialistes venant de l'extérieur.

Ils s'adresseront au catégories suivantes:

Personnel de fabrication

Le contenu sera orienté vers:

Personnel de nettoyage

Le contenu sera orienté comme suit:

Personnel d'encadrement

La formation devra être continue et plus poussée que dans les cas précédents. Ce personnel aura d'ailleurs une fonction d'instructeur pour les équipes de fabrication et de nettoyage. La formation devra inclure:

Certaines sociétés importantes qui commercialisent des produits et des techniques d'hygiène ont bien compris ce problème et consacrent une grande part de leurs activités à aider l'industriel dans cette tâche.

Certaines universités ou écoles d'ingénieurs proposent également des stages pour le personnel d'encadrement.

Le coût de l'hygiène

Introduction

Dans une comptabilité générale (bilan) et même dans une comptabilité analytique, le coût de l'hygiène n'apparaît jamais. En effet l'ensemble des coûts constitutifs du poste “Hygiène” est toujours réparti en un certain nombre de sections principales ou auxiliaires et il faut une motivation particulière de la direction générale afin d'essayer de déterminer l'importance de ce poste dans une usine.

En industrie agro-alimentaire, l'hygiène a un coût en elle-même mais pour bien cerner son importance il faut rajouter au coût propre celui des retours pour mauvaise qualité bactériologique et le manque à gagner pour produits classés en deuxième catégorie pour cause de contamination par rapport à des produits qui seraient classés en première catégorie.

Dans la pratique, on ne détermine pas des coûts globaux mais on compare plutôt deux méthodes en essayant de déterminer toutes les différences tant en coût, qu'en retour de produits, qu'en risques et qu'en image de marque pour la société.

Un industriel s'intéressera donc au coût de l'hygiène en fonction de différentes motivations qui pourront être:

  1. Réduire au maximum le retour de produits pour cause de déterioration bactériologique avant la date limite de vente ou pour cause de mauvais goût du produit dû à une contamination.

  2. Améliorer la qualité du produit fini. En parlant de qualité, on pense souvent à améliorer la fiabilité c'est à dire la sécurité. Le but est de s'éloigner du seuil fatidique de rejet du produit.

  3. Réduire au maximum le prix de revient des opérations de nettoyage et de désinfection. Cet objectif sera évidemment celui de tout bon gestionnaire. Il faudra cependant se rappeler que cet objectif devra être atteint sans pour autant mettre en péril ceux précédemment décrits.

Les différents éléments d'un coût de nettoyage

Il n'est pas possible dans la pratique de déterminer avec précision le coût de revient de l'hygiène car celui-ci fait intervenir des éléments chiffrables avec précision (les produits, etc.) mais aussi d'autres beaucoup plus difficiles à quantifier (temps d'immobilisation des machines, qualité des produits finis, etc.). Nous allons ci-dessous reprendre les différents éléments qui interviennent dans le coût du nettoyage:

  1. L'eau

  2. Les produits.

  3. Les fluides auxiliaires (électricité, gaz, fuel, vapeur, eau chaude, air comprimé).

  4. La main-d'oeuvre.

  5. Le matériel (amortissement, entretien).

  6. Le manque à gagner par arrêt de la fabrication pour cause d'immobilisation du matériel pendant le nettoyage.

  7. Le coût du laboratoire pour contrôle de la qualité du nettoyage.

Bien que ces éléments soient les principaux à prendre à compte, il faudra en outre ne pas oublier les facteurs suivants:

On s'aperçoit donc que le coût de l'hygiène dépend d'un grand nombre d'éléments et que la réussite de l'opération dépendra pour une part importante du personnel chargé de la mettre en application.

Il sera donc judicieux de prévoir un budget “formation-information” pour sensibiliser ce personnel à l'importance de l'hygiène.

Les consommations en eau

L'usine utilise de l'eau froide mais également de l'eau chaude. Cette dernière est généralement produite à partir de vapeur. Son coût sera donc la somme du coût de la vapeur et de celui de l'eau froide.

Dans le présent poste nous ne prendrons donc en compte que le coût de l'eau froide.

Pour les opérations de nettoyage et de désinfection, plusieurs qualités d'eau peuvent être utilisées:

Ces différentes eaux auront évidemment des coûts différents. Dans une comptabilité analytique, les dépenses en eau sont généralement regroupées dans une section auxiliaire et l'unité d'oeuvre retenue sera le mètre cube.

Dans le cas d'eau en provenance du réseau urbain, il ne faudra donc pas retenir le prix du mètre cube d'eau facturé par “l'office national de l'électricité”.

En effet, à ce coût il faudra ajouter:

Les consommations en eau peuvent souvent être réduites en prenant deux types d'actions distinctes:

  1. Contrôles de consommation
  2. Investissements

Contrôles de consommation

Il est important de noter que si l'on réalise une enquête auprès du personnel d'un atelier, celui-ci n'a généralement aucune idée précise de la consommation en eau de l'atelier. La première action à entreprendre est donc d'indiquer au personnel les consommations en mètre cubes et les prix de revient de l'eau consommée. Une bonne sensibilisation du personnel pourra faire diminuer la facture de plus de 10%.

Les nettoyages manuels des sols et de l'extérieur des machines demandent des quantités importantes d'eau. Celles-ci sont encore beaucoup augmentées si des robinets restent ouverts inutilement.

Les temps d'utilisation des pompes haute-pression doivent être contrôlés car ces appareils sont gros consommateurs d'eau.

Le service d'entretien a également une grosse influence sur la facture d'eau en faisant un bon contrôle des vannes et robinets qui fuient.

Il y aura toujours intérêt à installer un compteur d'eau à l'entrée de chaque atelier afin de pouvoir estimer les consommations pour chaque section principale de frais.

Investissements

Certains investissements diminueront fortement la consommation en eau. A titre d'exemples, nous citerons:

Les dépenses en produits

Ce poste est généralement le premier considéré et souvent, ce qui est encore plus grave, seul le prix du produit au kilo est gardé en mémoire par l'acheteur ou l'utilisateur.

Il ne sert absolument à rien de considérer le prix au kilo d'un détergent ou d'un désinfectant, il faut par contre garder en mémoire l'incidence du “facteur produit” sur le coût global d'une opération d'hygiène.

Ce poste est très facile à connaître avec précision. Il faut cependant songer à déduire de ce poste les recettes tirées de la revente des emballages vides.

Les fluides auxiliaires

La vapeur

L'atelier “production de vapeur” a souvent une double responsabilité: production de vapeur mais également distribution de celle-ci jusqu'aux ateliers utilisateurs. L'unité d'oeuvre retenue pour cette section sera le kilo de vapeur et généralement, on calcule deux coûts:

  1. Coût moyen du kilo de vapeur produit.

  2. Coût moyen du kilo de vapeur au niveau des ateliers.

Ce deuxième coût est très supérieur au premier car il y a des pertes en vapeur essentiellement dues:

Le tableau suivant donne les éléments constitutifs du coût de l'atelier “production vapeur”. Il sera donc possible de déterminer dans chaque usine le coût réel d'un kilo de vapeur utilisé.

Coût de l'atelier “production vapeur”

Montant
Frais fixes   
- Amortissement du matériel- Cuves à fuel  
 - Générateurs de vapeur  
 - Bac de récupération des eaux condensées  
 - Equipement de traitement eau  
- Amortissement des bâtiments   
- Frais de personnel   
- Participation aux frais de structure   
  Total frais fixes 
Frais variables   
- Consommation en fuel   
- Consommation en eau-Chaudière  
 - Traitement eau  
- Consommation en électricité- Brûleurs  
 - Pompe à eau  
 - Pompe à eau condensée  
 - Eclairage de la salle  
 - Pompe doseuses traitement d'eau  
- Produits chimiques pour le traitement d'eau   
- Pièces de rechange   
- Frais imputés par le service entretien   
- Frais de personnel (heures non prévues dans frais fixes)  
  Total frais variables 
 FRAIS TOTAUX (FIXES + VARIABLES) 

L'électricité

Les dépenses en électricité peuvent se décomposer en deux sections:

  1. Eclairage

  2. Electricité utilisée comme énergie pour moteurs, armoires électriques, etc.

Les coûts de l'éclairage ne seront pris en compte que si les opérations de nettoyage, désinfection sont réalisés durant la nuit.

S'il existe des tarifs préférentiels à certaines heures de la journée, il pourra en être tenu compte pour programmer certaines opérations pendant les heures où l'on bénéficie du tarif économique. Les opérations de traitement des ambiances, par exemple, pourront être réalisées, la nuit, en l'absence du personnel. Il suffira d'équiper le matériel d'horloges.

Dans les frais d'électricité, il faudra ajouter tous les coûts relatifs au générateur d'électricité qui est indispensable en cas d'arrêt de l'alimentation sur le secteur.

L'ensemble des frais d'électricité sont répartis en fonction de la puissance installée et du nombre d'heures de marche.

Les autres fluides auxiliaires

Du gaz, du fuel, de l'air comprimé, de l'eau chaude pourront également être utilisés pour réaliser certaines opérations d'hygiène.

pour chacune de ces sections, il faudra dresser un tableau du même type que celui décrit pour l'atelier “production de vapeur” et l'on déterminera ensuite pour chacun de ces fluides auxiliaires le prix de l'unité d'oeuvre.

Les frais de main-d'oeuvre

Un matériel plus sophistiqué permettra d'obtenir des frais directs de main-d'oeuvre plus faibles.

En fonction des taux de douane sur le matériel, de la disponibilité en pièces de rechange, de la technicité du personnel, un équilibre devra être trouvé entre ces deux éléments constitutifs du coût.

La détermination des frais de main-d'oeuvre ne peut qu'être approximative. A cela, deux raisons principales:

Les frais liés au matériel spécifique

Lorsque l'usine envisage l'achat d'un nouvel équipement destiné à l'application de l'hygiène, il faudra considérer les rubriques suivantes:

Le manque à gagner par arrêt de la fabrication

Cet élément est, dans tous les cas, difficile à estimer. Si les fabrications n'ont pas lieu 24 heures par jour, ce poste n'a pas à être considéré.

Le coût du laboratoire

Si le nettoyage peut être contrôlé visuellement, les résultats de la désinfection devront être contrôlés par le laboratoire.

Les matières premières devront également être contrôlées à leur entrée dans l'usine. Dans beaucoup de pays, par exemple, il serait suicidaire d'acheter l'extrait de javel sans contrôler son degré chlorométrique.

Bien évidemment, plus les techniques d'hygiène utilisées seront fiables plus il sera aisé d'espacer la fréquence des contrôles.

Autres éléments à considérer

Le déclassement de produit où la perte de produit par manque de respect des normes d'hygiène entraîne une perte. Celle-ci doit être prise en compte lorsque l'on calcule le coût global de l'hygiène dans l'usine. Ceci implique une connaissance exacte des motifs qui causent le retour d'un produit alimentaire ou la perte d'un produit en cours de fabrication.

Il est impossible de quantifier le facteur “sécurité du personnel”. Cependant, ce facteur doit être pris en compte pour certains produits difficiles à manipuler ou dangereux. Nous citerons par exemple le cas du formol.

Pour améliorer les conditions de sécurité des éléments de protection pourront être nécessaires: gants, lunettes, rince-oeil, etc.

Par ailleurs, la sécurité sera améliorée par une meilleure information du personnel.

En fonction de la législation en vigueur, le traitement des rejets peut être obligatoire. Dans ce cas, toute technique qui augmente la quantité de rejets accroîtra le coût.

Les produits chimiques utilisés dans des conditions non adaptées peuvent provoquer des corrosions sur le matériel. Celles-ci ont deux conséquences importantes:

  1. Difficultés accrues de désinfection du matériel.
  2. Usure prématurée du matériel.

Bilan comparatif

Nous venons de voir que les éléments qui interviennent dans le coût d'une opération d'hygiène sont particulièrement nombreux et souvent difficiles à cerner avec précision. En outre, le coût global d'une opération d'hygiène présente peu d'intérêt pratique et il est souvent suffisant d'établir une comparaison entre la méthode actuellement suivie et une nouvelle méthode. Dans cette comparaison, on ne prendra en compte que les facteurs qui seront modifiés et l'on peut ainsi estimer rapidement les avantages que l'on peut espérer en choisissant une nouvelle technique.

Donc, avant de réaliser des essais pour modifier une procédure, il faut définir les objectifs que l'on se fixe. Ces objectifs peuvent être:

  1. Amélioration de la qualité de l'hygiène.
  2. Diminution des coûts.

Ces deux objectifs peuvent être contradictoires. Il faut donc tout d'abord faire un bilan financier comparatif prévisionnel pour déterminer s'il est possible d'envisager financièrement la nouvelle technique.

Si la réponse est positive, il faut alors que les personnes compétentes dans l'usine vérifient les risques éventuels que cette nouvelle technique peut faire courir dans le domaine de l'hygiène ou de la durée de vie du matériel. Si les risques sont faibles, l'essai peut être envisagé. Il faut alors définir les conditions de l'essai qui sera suivi conjointement par:

  1. Le service fabrication (chef de l'atelier concerné ou direction technique).
  2. Le laboratoire.

Selon la structure et l'importance de l'usine mais également selon le type d'essai d'autres responsables pourront participer à l'élaboration de la procédure d'essai ou à la discussion des résultats. Il peut s'agir notamment:

Les premiers essais sont généralement prévus sur une durée d'environ 15 jours et l'on revient ensuite à la technique antérieure le temps d'étudier les résultats obtenus.

Si les résultats sont jugés concluants, la nouvelle technique sera de nouveau utilisée et les résultats seront contrôlés sévèrement pendant six mois avant que la technique ne soit définitivement adoptée.

Eléments à prendre en compte dans la comparaison de 2 techniques d'hygiène

  1. Spécifier les raisons qui font envisager le changement de techniques.

  2. Comparaison des dépenses en:

  3. Comparaison des dépenses en:

  4. Prendre en compte:

Le cas spécifique des pays en voie de développement

La spécificité des pays en voie de développement (PVD) s'observera au niveau:

Les pays qui ont une petite industrie alimentaire peuvent ne pas disposer d'industrie de la détergence spécialisée en agro-alimentaire. Dans ce cas l'industriel agro-alimentaire devra préparer lui-même ses propres détergents et désinfectants ou les importer. Cette situation est évidemment la plus défavorable pour l'utilisateur qui aura à faire des stocks considérables et qui devra manipuler dans la même usine des produits chimiques et des denrées alimentaires.

Quel que soit le degré de développement de l'industrie de la détergence, la spécificité proviendra en outre:

Les matières premières agro-alimentaires

Beaucoup de PVD n'ont pas une production alimentaire qui leur permette d'être autosuffisants. Ils importent donc des pays technologiquement avancés une partie des aliments ou des matières premières alimentaires qu'ils consommeront.

Ces produits importés bénéficient généralement de subventions au niveau des pays producteurs et les coûts de fret peuvent être relativement modiques grâce à l'eau évaporée (poudre de lait, matière grasse laitière anhydre) qui permet un transport en dehors de la chaîne du froid. Une grande partie de l'industrie laitière des PVD travaillera donc à partir de matières premières qui seront: poudre de lait et matière grasse laitière anhydre et cette industrie sera alors fondamentalement différente de celle d'un pays dont l'unique matière première est le lait frais. En industrie de la viande certains pays ont comme matière première des carcasses congelées importées alors que d'autres disposent d'animaux sur pieds.

L'importation a donc créé une industrie avec des matières premières spécifiques.

Il existe dans les PVD des matières premières qui sont peu ou pas du tout transformées dans les pays technologiquement avancés. Il faudra alors développer localement une technologie propre, ce qui entraînera des problèmes d'hygiène spécifiques. Nous citerons quelques exemples parmi la multitude de cas qui existent:

Nous venons de voir que la matière première peut avoir une nature propre mais elle peut en outre être de qualité différente. Une moindre qualité de la matière première (lait par exemple) aura pour conséquence une augmentation des températures de pasteurisation ou de stérilisation. Le nettoyage du matériel d'échange thermique sera rendu plus difficile car les dépôts sur les surfaces d'échange seront plus importants et leur nature sera différente. On assistera à un encrassement plus rapide des échangeurs de chaleur.

La main-d'oeuvre

Une main-d'oeuvre bon marché, généralement peu qualifiée et un chômage endémique ont des conséquences diverses ayant un impact particulièrement important sur l'industrie alimentaire.

Dans l'usine agro-alimentaire, il est difficile d'organiser un contrôle strict de la maind'oeuvre et, par conséquent, il en est de même du contrôle des consommations en produits chimiques. Les achats seront donc souvent orientés vers des produits “bon marche”, même si les consommations sont supérieures afin que le coût des “gaspillages” soit minimisé. Il faut beaucoup de ténacité et de temps pour modifier cet état de fait.

Le matériel utilisé en fabrication

Il sera spécifique pour les deux principales raisons suivantes:

a) Certaines machines très performantes ne pourront pas être utilisées car:

L'industrie de la détergence dans les pays en voie de développement

Les fabricants locaux de détergents et désinfectants peuvent se diversifier en deux catégories:

  1. Sociétés qui travaillent en relation étroite avec une entreprise de détergence d'un pays technologiquement avancé.

  2. Sociétés indépendantes ne disposant d'aucune assistance particulière.

Dans le premier cas, la société étrangère peut proposer à la société locale trois types de coopération selon les produits considérés et les relations qu'entretiennent les deux sociétés.

Les “compounds” sont des mélanges de diverses matières. Ils présentent beaucoup d'avantages pour les deux partenaires. Le vendeur, grâce au compound, ne dévoilera pas à l'importateur la totalité de sa formule. Cette solution permettra à l'importateur d'améliorer sa gestion des stocks et donc sa trésorerie.

Cession de “formules ouvertes”. On entend par “formule ouverte” une formule qui détaille toutes les matières premières et les modes opératoires pour la fabrication.

Les sociétés locales qui ne disposent d'aucun contrat d'assistance partent généralement pour créer un nouveau produit d'une “formule-type”. Un grand nombre de sociétés privées distribuent gratuitement ces formules aux utilisateurs ou aux fabricants potentiels. Leur but est clair: vendre leurs matières premières.

Ces formules types serviront de point de départ à un long travail qui permettra d'aboutir à une nouvelle formule bien adaptée au pays considéré. Il faudra reprendre chacune des matières premières et en déterminer l'utilité. Celle-ci connue, il faudra vérifier si cette matière première est:

En cas d'importation, il faut vérifier le taux d'imposition que supporterait ce produit. Ce dernier point peut paraître facile à déterminer, en réalité il est souvent complexe et oblige à étudier en détails la tarification douanière en vigueur.

A titre d'exemple, nous citerons le cas d'un désinfectant acide importé en tant que produit fini. Il pourra être déclaré en tant que désincrustant ou comme désinfectant. Les différences de taux d'imposition peuvent être très importantes. Beaucoup de produits alcalins chlorés peuvent être considérés comme des désinfectants ou comme des produits de nettoyage ou comme des préparations tensio-actives.

La plupart des matières premières peuvent être classées soit en “produits chimiques et préparations des industries chimiques” ou dans la classification correspondant à leur formule chimique. Il faut donc vérifier l'imposition la plus favorable.

Cette première étude étant faite, il apparaît que certaines matières premières peuvent ne pas être disponibles ou sinon être imposées très lourdement à l'importation. Dans ce cas, il faut se reporter aux chapitres II et III du présent ouvrage et vérifier les produits de substitution et recommencer le même travail pour chaque nouvelle matière première possible.

On obtient ainsi une nouvelle formulation qui en théorie doit avoir les mêmes propriétés que la formule originale. Il faut alors préparer des échantillons au niveau du laboratoire et contrôler la miscibilité des différentes matières premières et conserver ces échantillons au moins 15 jours pour vérifier qu'il n'y a pas séparation de phases.

En cas de séparation de phases, phénomène très fréquent, il faut alors utiliser des tiers solvants ou sinon de nouveaux produits de substitution. Une fois le produit stable obtenu il faut alors procéder aux essais industriels. En fonction des résultats obtenus on modifie de nouveau la formule pour par exemple:

Quand le produit sera techniquement au point il faut alors s'intéresser aux facteurs psychologiques que l'on peut aussi définir comme facteurs commerciaux. On citera en particulier:

Il restera ensuite à choisir pour chaque produit le conditionnement à respecter pour répondre aux attentes des consommateurs.

Les derniers aspects à résoudre seront:

Dans tous les cas les détergents et désinfectants industriels seront plus chers dans les PVD que dans les pays technologiquement avancés car ils ont supporté en totalité ou en partie des coûts de transport (frêt et assurance) et des frais de douane qui s'ajoutent au prix d'achat. L'incidence du “coût produit” rapportée au prix de l'unité de vente du produit alimentaire sera donc augmentée.

L'utilisateur devra donc encore apporter une plus grande attention au choix de son détergent ou de son désinfectant.


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