Perspectives de l'alimentation 01/96

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COMMERCE

En 1995/96, le commerce mondial de céréales devrait atteindre 201 millions de tonnes, soit un peu plus que les prévisions établies en décembre et à peu près le même chiffre que les importations estimatives de 1994/95. Par rapport à l'année précédente, seules es importations de blé devraient progresser tandis que celles de riz devraient reculer. Les échanges de céréales secondaires devraient rester stables par rapport à 1994/95.

VUE D'ENSEMBLE DES IMPORTATIONS MONDIALES DE CEREALES

Blé
Céréales secondaires
Riz (usiné)
Total
1994/ 95 1995/ 96 1994/ 95 1995/ 96 1995 1996 1994/ 95 1995/ 96
(. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . millions de tonnes . . . . . . . . . . . . . . . . .)
Asie 45.7 45.3 52.9 52.9 11.4 9.4 110.2 107.6
Afrique 19.4 19.9 10.2 11.5 3.1 3.6 32.7 35.0
Amérique centrale 4.4 4.4 7.7 8.0 1.2 1.4 13.3 13.8
Amérique du Sud 11.3 11.1 5.1 4.7 1.1 1.3 17.5 17.1
Amérique du Nord 2.4 2.6 3.8 4.0 0.5 0.5 6.7 7.1
Europe 4.1 4.3 6.9 5.2 1.2 1.3 12.2 10.8
CEI 5.1 5.8 0.7 0.5 0.2 0.2 6.0 6.5
Océanie 0.5 0.5 0.7 0.1 0.3 0.3 1.5 0.9
TOTAL MONDIAL 93.0 95.0 87.9 88.0 19.1 18.1 1/ 200.0 201.1
Pays en développement 73.1 74.5 53.0 55.2 16.4 15.0 142.5 144.7
Pays développés 19.8 20.6 35.0 32.8 2.7 3.1 57.5 56.5

SOURCE: FAO
1/ Vraiment préliminaire.

Les prévisions du commerce international de blé et de farine (en équivalent de blé) pour 1995/96 (juillet/juin) restent fixées à 95 millions de tonnes, soit 2 millions de tonnes environ de plus que pendant la campagne précédente. Les importations de blé des pays en développement d'Asie devraient rester inchangées par rapport à celles de la campagne précédente, à 38 millions de tonnes, soit 40 pour cent des importations totales mondiales et plus de la moitié des expéditions totales de blé à destination de l'ensemble des pays en développement. Seules la Chine et l'Indonésie devraient importer nettement plus cette année. Parmi les autres gros importateurs d'Asie, la République islamique d'Iran et les Philippines vont probablement acheter autant que pendant la campagne précédente, tandis que l'on attend une baisse sensible des achats du Pakistan et de la République de Corée. En Afrique, les importations totales de blé des pays en développement devraient atteindre 19,5 millions de tonnes, soit quelque 800 000 tonnes (4 pour cent) de plus que leur volume estimatif de 1994/95. La seule augmentation sensible des importations est attendue au Maroc, où, du fait d'une mauvaise récolte, les achats devraient atteindre 3 millions de tonnes, contre 1,2 million de tonnes pendant la campagne précédente. En revanche, les expéditions à destination de beaucoup d'autres pays devraient baisser, notamment en Afrique du Nord. Cette année, la demande soutenue de l'Amérique latine et des Caraïbes devrait maintenir les importations de blé de cette région aux alentours du volume record de plus de 15 millions de tonnes de l'année dernière.

Parmi les pays développés, les importations de la CEI en provenance de pays tiers en 1995/96 ont été encore réduites et sont maintenant fixées à 5,8 millions de tonnes, contre 6,2 millions de tonnes prévues en décembre et un volume de l'ordre de 5 millions de tonnes l'année dernière, essentiellement sous l'effet de la lenteur des achats de la Fédération de Russie. En revanche, la prévision des importations à destination de l'Europe a été révisée à la hausse et portée à 4,3 millions de tonnes, soit 500 000 tonnes environ de plus que les prévisions antérieures et quelque 200 000 tonnes de plus qu'en 1994/95. La prévision d'importations de blé de la CE a été relevée de 200 000 tonnes pour être portée à 2,2 millions de tonnes, en raison d'une augmentation des achats prévus de blé de qualité supérieure et de blé dur, produits dont manque la Communauté. Etant donné la demande soutenue de blé dur, les importations de la République slovaque et de la Roumanie ont aussi été relevées ce mois-ci, d'environ 200 000 et 100 000 tonnes respectivement.

Bien que le volume des échanges mondiaux de blé doive, d'après les prévisions, progresser de 2 millions de tonnes en 1995/96 pour s'établir à 95 millions de tonnes, les expéditions totales de blé (juillet/juin) des cinq principaux exportateurs devraient rester inchangées par rapport à 1994/95, aux environs de 85 millions de tonnes. D'autres sources, notamment l'Inde et les pays d'Europe orientale, devraient exporter davantage cette année.

Les exportations de blé de la CE s'établissent maintenant, d'après les prévisions, à 16 millions de tonnes, soit 700 000 tonnes de moins que la campagne précédente et 500 000 tonnes de moins que les prévisions antérieures. Le rythme soutenu et régulier des exportations a entraîné une augmentation de celles-ci plus forte entre juillet et novembre que pendant la même période de 1994, de sorte qu'à la fin de décembre, la Commission a appliqué une taxe aux exportations de blé de la Communauté. Cette dernière disposition est la principale cause de la révision à la baisse des exportations de ce mois. Les exportations de blé de la Bulgarie et de la Hongrie ont été considérables entre juillet et octobre 1995. Cependant, à la suite d'indications d'une éventuelle pénurie intérieure de céréales, le Gouvernement bulgare a interdit les exportations de blé jusqu'à octobre 1996. En Hongrie également, le gouvernement n'a pas octroyé de licences d'exportation ces derniers mois, afin de ménager les disponibilités intérieures, les expéditions ayant été plus importantes que prévu pendant les premiers mois de la campagne.

En 1995/96 (juillet/juin), les échanges mondiaux de céréales secondaires devraient rester de l'ordre de 88 millions de tonnes, soit un chiffre analogue au volume estimatif d'importation de la campagne précédente. Les importations totales de 1995/96 des pays en développement devraient atteindre un niveau record pour s'établir à 55 millions de tonnes environ, soit 2 millions de tonnes de plus qu'en 1994/95. La plus grande partie de la croissance devrait être imputable à l'Asie et, dans une moindre mesure, à l'Afrique. En Asie, les importations devraient atteindre 31,5 millions de tonnes, soit 1 million de tonnes (3 pour cent) de plus que le volume estimatif de la campagne précédente. En ce qui concerne les divers pays d'Asie, l'Arabie saoudite devrait acheter moins d'orge et de maïs et la Thaïlande, moins de maïs cette année. En revanche, les importations de céréales secondaires de la Chine et de la République de Corée devraient augmenter. Les achats globaux de ces deux pays représenteraient à eux seuls plus d'un tiers des importations totales de céréales secondaires de l'ensemble des pays en développement.

Les importations de céréales secondaires des pays africains en développement devraient augmenter de 500 000 tonnes par rapport à la campagne précédente, pour atteindre 10 millions de tonnes environ en 1995/96. En Afrique du Nord, l'augmentation des importations de maïs et d'orge du Maroc devrait presque compenser les effets conjugués d'une baisse des achats de maïs de l'Egypte et des importations d'orge de l'Algérie. En Afrique de l'Est, les importations de plusieurs pays, notamment l'Ethiopie, le Soudan et la Tanzanie, devraient baisser cette année, essentiellement du fait de l'augmentation de la production intérieure. En revanche, les achats de maïs du Kenya devraient atteindre 600 000 tonnes, principalement du fait d'une récolte moins abondante. Les importations de l'Afrique australe ont aussi augmenté, en particulier en Zambie et au Zimbabwe, en raison d'un déficit intérieur considérable en maïs imputable à la sécheresse de l'année dernière.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, les achats totaux de céréales secondaires en 1995/96 devraient rester proches du volume estimatif de l'année dernière, soit quelque 13 millions de tonnes. Les importations du Mexique devraient augmenter pour la deuxième année de suite et atteindre 6 millions de tonnes en 1995/96. On attend une baisse des importations en Amérique du Sud, essentiellement du fait de récoltes normales à supérieures à la normale dans plusieurs pays, en particulier le Brésil et la Colombie.

Les prévisions actuelles des importations de céréales secondaires des pays développés en 1995/96, établies par la FAO, sont de l'ordre de 33 millions de tonnes, soit 2 millions de tonnes de moins que les achats déjà réduits de 1994/95. La baisse la plus importante, supérieure à 1 million de tonnes, soit près de 6 pour cent, est attendue au Japon, premier importateur mondial de céréales secondaires. On prévoit également une baisse des achats en Europe, en particulier dans la CE, mais aussi en Pologne et en Roumanie, essentiellement du fait d'une production intérieure accrue. Les prix intérieurs élevés des céréales dans la CE ont déjà provoqué le doublement des importations de sorgho, tandis que les achats d'orge et de maïs sont déjà en hausse par rapport à la période correspondante de la campagne précédente. Dans la CEI, surtout à cause du marasme persistant du secteur de l'élevage et du manque de moyens pour financer les importations, seules 500 000 tonnes de céréales secondaires devraient être importées de pays tiers cette année. En revanche, l'Afrique du Sud, habituellement exportatrice de maïs, devrait importer plus d'un million de tonnes de maïs cette année, en raison de la sécheresse de l'année dernière.

En ce qui concerne les exportations, les disponibilitE9‚s globales des principaux exportateurs de céréales secondaires ont reculé de 50 millions de tonnes, soit 11 pour cent en 1995/96 par rapport à la campagne précédente surtout parce que les Etats-Unis ont eu une récolte de maïs moins abondante. En conséquence, afin de satisfaire les besoins prévus d'importation de cette année, on puise des quantités considérables dans les stocks, en particulier aux Etats-Unis. De juillet à juin, les exportations des Etats-Unis devraient augmenter de plus d'un million de tonnes pour compenser la baisse des disponibilités ailleurs. Parmi les autres grands exportateurs, la CE devrait voir ses ventes de céréales secondaires baisser par rapport à la campagne précédente, du fait de la demande intérieure soutenue par la pénurie de manioc fourrager. Afin de freiner la hausse des prix intérieurs, la Commission a adopté à la fin de décembre, une taxe applicable aux exportations d'orge. Les expéditions de céréales secondaires de l'Argentine devraient augmenter légèrement, mais celles de l'Australie et du Canada devraient rester proches des volumes de la campagne précédente. En revanche, on attend des exportations beaucoup plus importantes de plusieurs pays d'Europe non membres de la CE, notamment la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie.

Le commerce mondial de riz pour l'année civile 1995 s'est soldé par une forte hausse des exportations de la Thaïlande. En décembre, les expéditions se sont élevées au total à 622 200 tonnes, soit 198 000 tonnes (47 pour cent) de plus que le mois précédent. Compte tenu de cette forte augmentation, les exportations totales de riz de la Thaïlande ont atteint 5,94 millions de tonnes en 1995, soit 1,2 million de tonnes de plus qu'en 1994, et un chiffre bien supérieur à celui qui était attendu en novembre. En revanche, les estimations des expéditions du Myanmar, du Japon et du Viet Nam en 1995 ont été révisées à la baisse pour tenir compte de la forte baisse enregistrée en novembre/ décembre. Au Japon, l'expédition de 200 000 tonnes d'aide alimentaire vers la République populaire démocratique de Corée, qui devait initialement être livrée en décembre, a été reportée à 1996. Les exportations de riz du Myanmar, qui ont considérablement baissé depuis juillet, ont été pratiquement nulles pendant les deux derniers mois de 1995 en raison de la concurrence du marché intérieur. Au Viet Nam, il ressort de rapports officiels que 2,1 millions de tonnes ont été exportés au total en 1995, soit 0,2 million de tonnes de moins qu'en 1994. Essentiellement en raison de ces faits nouveaux, la prévision du commerce mondial de riz de 1995, établie par la FAO, a été légèrement révisée pour être portée à 19,1 millions de tonnes, chiffre sans précédent, soit 2,6 millions de tonnes de plus que l'année précédente.

Pour 1996, on pense actuellement que le commerce mondial du riz va tomber à quelque 18 millions de tonnes, soit beaucoup plus que les prévisions antérieures. Les importations prévues du Bangladesh et de Sri Lanka ont été très fortement révisées à la hausse. La récolte "Aman" étant encore plus mauvaise que celle de la campagne précédente, et les contrats de 1995 ayant été reportés à l'année en cours, les importations du Bangladesh pour 1996 devraient, d'après les prévisions actuelles, s'établir à 1,6 million de tonnes, soit environ 0,3 million de tonnes de plus que les importations effectives de 1995. Sri Lanka, qui a exporté un peu de riz en 1995, devrait en importer beaucoup en 1996 du fait des dégâts infligés par la sécheresse au riz en terre de la campagne principale. Les importations des Philippines devraient aussi progresser considérablement en 1996, les stocks de report détenus par le gouvernement étant réduits et la récolte de la campagne principale 1995/96 devant être médiocre. D'après les premières indications officielles, le pays va probablement importer 500 000 tonnes environ en 1996, soit 166 000 tonnes de plus qu'en 1995. En revanche, la Chine, dont la production s'est améliorée en 1995, devrait acheter en 1996 un volume moins important que l'année précédente. Les importations de l'Indonésie vont aussi baisser. Cependant, la situation est incertaine et doit être suivie de près car elle dépendra en grande partie de la récolte de 1996, réalisée pour l'essentiel pendant les trois premiers mois de l'année. Compte tenu des récentes inondations à Java, les perspectives de la récolte de la campagne principale dépendent dans une très large mesure des conditions météorologiques des prochaines semaines.

Les importations de l'Afrique, qui avaient beaucoup baissé en 1994 et 1995 parce que les cours mondiaux du riz étaient élevés, pourraient se redresser en 1996, mais cela dépendra des prix à l'exportation et de la disponibilité d'aide alimentaire sous forme de riz. Les importations de l'Amérique du Sud devraient aussi augmenter, essentiellement parce que l'on attend une réduction probable de la production de 1996 au Brésil, principal pays producteur et consommateur de la région.

La baisse du commerce mondial en 1996 devrait se traduire par une réduction des exportations de bon nombre de pays traditionnellement exportateurs, en particulier la Thaïlande et les Etats-Unis. En Thaïlande, cependant, le fléchissement aurait surtout lieu pendant le premier semestre, avant la mise sur le marché de la deuxième récolte. Les exportations de l'Inde, qui ont plus que triplé en 1995, devraient baisser légèrement. Cependant, la politique d'exportation du pays, qui est souvent ajustée pour tenir compte de situations nouvelles, pourrait modifier cette évaluation. Le Punjab, l'une des principales sources de disponibilités exportables, a une production réduite cette année, qui pourrait être compensée par une amélioration de la production dans d'autres Etats excédentaires, en particulier l'Haryana. De surcroît, la suppression du système de prélèvement à la production dans le Punjab pourrait préfigurer la conclusion de contrats privés portant sur un plus grand volume d'exportations. Cette expansion pourrait cependant être compensée par l'incidence de la récente hausse des prix du riz à l'exportation fourni par le Food Corporation of India et de la persistance des problèmes logistiques de transport du riz hors du pays.


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