SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE

Usage officiel seulement

ALERTE SPECIALE N0 268: LIBERIA

(Publié uniquement pour les pays dans lesquels la situation des cultures vivrières ou des disponibilités alimentaires suscite des préoccupations)


La reprise récente des troubles civils à Monrovia pourrait aggraver encore une situation alimentaire déjà difficile et entraver l'aide d'urgence et les activités de redressement agricole au Libéria. Les perturbations actuelles ont provoqué une nouvelle vague de déplacements de population qui a touché des centaines de milliers de civils. Des pénuries alimentaires graves et des décès dus au choléra, à la rougeole et au paludisme ont déjà été signalés dans certaines régions. La plupart des opérations d'urgence et des projets, qui étaient généralement coordonnés à partir de Monrovia ont été interrompus. Les routes menant au centre du pays ont été coupées par les combats et les flux d'aide alimentaire vers les comtés du nord ont été stoppés. Le retour prévu des réfugiés des pays voisins a été différé, tandis que l'exode des libériens sur des bateaux à la recherche d'un pays d'accueil a nécessité l'installation de nouveaux camps de réfugiés dans des pays voisins. Des plans de distribution des secours d'urgence bien coordonnés seront nécessaires pour éviter de nouvelles souffrances humaines dans les mois à venir.

Six années de guerre civile ont porté un coup sévère à tous les secteurs économiques, surtout l'agriculture. Les déplacements de population massifs et ininterrompus ont laissé de vastes étendues de terre agricole désertées. L'insécurité qui règne dans les régions extérieures à la zone contrôlée par l'ECOMOG (Groupe d'observation militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) a empêché les agriculteurs de stocker des semences pour les semis et presque tous sont tributaires des programmes de distribution d'urgence de semences. En 1995, la production de riz a atteint 20 pour cent à peine de son niveau d'avant la guerre. La production de manioc a beaucoup souffert aussi et n'atteindra probablement que la moitié de son volume normal.

Les semis de riz pour la récolte d'octobre/novembre 1996, sont en cours dans les zones relativement sûres. De vastes étendues de terre cultivables ont été désertées, surtout dans les comtés de Bong, Grand Gedeh, Lofa et Nimba, qui fournissaient environ 70 pour cent de la production nationale de riz avant la guerre. De plus, les migrations à court et long termes ont empêché la continuité nécessaire à la riziculture. Les agriculteurs n'ont donc presque jamais pu conserver des stocks de semences d'une saison à l'autre et dépendent, pour la plupart, de celles qui sont distribuées par les ONG, en particulier le CRS (Catholic Relief Services). Pour la campagne actuelle, la production de riz est généralement limitée aux zones dans lesquelles les organismes de secours ont pu distribuer des semences. L'approvisionnement local en outils a posé des problèmes. Certains outils importés ont été distribués.

Malgré des perspectives initiales d'augmentation des superficies plantées en riz par rapport à l'an dernier, en 1996 la production totale ne devrait pas dépasser le mauvais niveau de 1995 en raison de l'insécurité et des pénuries d'intrants agricoles.

Etant donné les mauvaises perspectives de récolte pour 1996, un nombre croissant de personnes déplacées resteront tributaires de l'aide d'urgence durant toute l'année 1996 et peut-être même en 1997. La population de Monrovia connaîtra des difficultés d'approvisionnements alimentaires accrues en raison de la pénurie grave de produits alimentaires locaux dans la capitale. La situation devrait s'aggraver en raison d'une réduction des importations commerciales de produits alimentaires dans les mois à venir, résultant de l'exode de la communauté des négociants expatriés. En 1996, les importations commerciales de céréales devraient être très inférieures au volume prévu de 40 000 tonnes. Les besoins d'aide alimentaire durant l'année, estimés à 179 000 tonnes de céréales (blé bulgur surtout) par une mission FAO d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, en décembre 1995, devront sans doute être révisés à la baisse, car le rapatriement de quelque 750 000 réfugiés libériens résidant dans des pays voisins devrait être différé. Par contre, les secours nécessaires pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays s'accroîtront sensiblement.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO, sur la base d'informations provenant de sources officielles et non officielles, il est réservé à un usage officiel; Comme la situation peut évoluer rapidement, prière de contacter M. Abdur Rashid, Chef, ESCG, FAO (Telex 610181 FAO I, Télécopie 0039-6-5225-4495, Courrier électronique (INTERNET) [email protected]) pour d'éventuels compléments d'information.

FA 4/50 - LIBERIA - Rome, 21/5/96


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