SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE DE LA FAO

Usage officiel seulement

ALERTE SPECIALE No. 270

REPUBLIQUE POPULAIRE DEMOCRATIQUE DE COREE

DATE: 6 septembre 1996



VUE D'ENSEMBLE


Une récente mission sur le terrain effectuée par la FAO et le PAM a évalué les effets sur la production agricole et les approvisionnements alimentaires des intenses précipitations et des inondations qui se sont produites la dernière semaine de juillet 1996. L'évaluation est fondée sur des entretiens avec des organismes gouvernementaux et sur des visites d'évaluation des dégâts dans les zones les plus touchées. Celles-ci incluent les comtés de Pyongsan et Kumchon dans la province du Hwanghae Nord, les comtés de Pyongchon et Changdon dans la province de Hwanghae Sud et diverses zones de la municipalité de Kaesong. Bien que d'abondantes précipitations aient, semble-t-il, également causé des inondations localisées autour de Supung et Sinuiju dans la province de Pyongan Nord à la mi-août, les dégâts qui en ont résulté n'ont pas été évalués par l'équipe FAO/PAM.

Pendant la période de cinq jours qui s'est écoulée entre le 24 et 28 juillet 1996, le sud du pays a enregistré une moyenne de 800mm de précipitations intenses qui ont entraîné de fortes inondations et causé de graves dégâts à l'agriculture, aux biens et aux infrastructures. Les pluies et les dégâts qu'elles ont entraîné ont frappé surtout les provinces de Hwanghae Nord et Sud, la province de Kangwon et la municipalité de Kaesong. En outre, dans les zones agricoles proches de la capitale, Pyongyang, les cultures ont également été endommagées, bien que beaucoup moins gravement. Pendant cette période de cinq jours, la région de Hwanghae Sud a enregistré 910mm de précipitations, celle de Hwanghae Nord, 830mm et la municipalité de Kaeson, 630mm, contre respectivement 230mm, 310mm et 130mm en moyenne à cette période de l'année. Les précipitations ont donc été de trois à cinq fois supérieures à la normale et ont dépassé de 200mm la moyenne combinée pour les mois de juillet et août, au cours desquels le pays reçoit habituellement de 60 à 65 pour cent de ses précipitations annuelles.

On estime en général que le sud/sud-ouest produit quelque 60 pour cent des céréales pour l�alimentation humaine du pays, le restant provenant essentiellement du nord-ouest et des provinces de Pyongang Nord et Sud. Les zones inondées occupent, par conséquent, une place prépondérante dans l'agriculture. On estime que 7 des 20 comtés de la province de Hwanghae Sud et 8 des 17 comtés de la province de Hwanghae Nord ont été gravement affectés.

L'intensité exceptionnelle des précipitations a entraîné une augmentation considérable du volume d'eau dans les cours d'eau, les réservoirs et les systèmes d'irrigation, qui ont atteint des niveaux bien supérieurs à leur capacité normale et sûre. Il en est résulté diverses formes de dégâts, dont les plus visibles et les plus importants sont les ruptures de digues et les débordements de rivières et de canaux. L'augmentation rapide du volume d'eau dans les réservoirs d'irrigation a pratiquement contraint à laisser les vannes ouvertes, d'importantes quantités d'eau se déversant dans les canaux de dérivation et dans les champs. Par exemple, dans une des principales zones d'irrigation les responsables locaux ont estimé qu'alors que la capacité normale du système de canaux était de 200 m3 à la seconde, au plus fort des précipitations, son débit atteignait 700 m3/seconde.

Du fait de ces fortes précipitations et du débordement des rivières, canaux et réservoirs qui s'en est suivi, une forte proportion des basses terres est restée submergée en certains endroits pendant cinq jours. Les pertes de cultures ont été dues essentiellement à la durée et à l'étendue de ces inondations, mais aussi, bien que dans une moindre mesure, au fait que les cultures ont été emportées par les eaux ou recouvertes de dépôts de sable, notamment dans les zones riveraines de cours d'eau et de canaux. Ce phénomène de submersion n'aurait pas entraîné à lui tout seul des pertes aussi lourdes, si les cultures avaient été soit plus avancées, soit au contraire moins avancées dans leur cycle de croissance. Le riz, la principale culture affectée, et le maïs étaient à un stade critique de leur développement, celui où ils sont le plus sensibles aux conditions atmosphériques néfastes. Dans le cas du riz, qui en était au stade critique entre la floraison et la formation des grains, la submersion pendant plus de 24 heures a eu pour effet de stopper la formation du grain qui a peu de chance de reprendre. On a pu constater que des échantillons prélevés dans un grand nombre de rizières portaient des panicules, mais pas de grains.

En général, le maïs a moins souffert des inondations et de leurs conséquences, car une forte proportion de la récolte est cultivée sur des terrains plus élevés. Toutefois, dans les zones affectées, comme les récoltes en étaient aussi au stade critique de la formation d'épis et de grains, la production sera très réduite. La maladie du charbon, dont on a pu constater les ravages en maints endroits, limite considérablement les chances de redémarrage.

Quelques cultures mineures comme le soja ont également été endommagées ou détruites, bien que, dans la mesure où ces cultures sont cultivées en bordures de champs, autour des céréales principales, sur les digues et dans les zones périphériques, on ne prévoie pas de dommages comparables.

Pour évaluer les pertes de cultures probables, la mission a pris en compte la superficie endommagée et les rendements potentiels pour cette année. Bien que la productivité ait été limitée ces dernières années par la perte de fertilité des sols et des pénuries d'intrants agricoles, les observations confirment que des efforts ont été faits pour maintenir les rendements à leurs niveaux habituels, grâce notamment à l'utilisation de variétés à haut rendement (Pyongyang 15 et 21 pour le riz), à une gestion des cultures intensive et organisée, qui met lourdement l'accent sur les soins individuels, à l'application synchronisée d'intrants chimiques, et à l'utilisation d'intrants organiques et de méthodes de protection des plantes intensives. Sur la base des observations faites sur le terrain, on estime provisoirement que 360 000 tonnes de riz et 92 000 tonnes de maïs seront perdues cette année. Les pertes totales en céréales dues aux inondations sont estimées provisoirement à quelque 373 000 tonnes (y compris le riz en équivalent usiné). Toutefois, l'étendue des pertes et l'impact sur les approvisionnements alimentaires de l'an prochain dépendront d'un éventuel redressement des cultures dans les zones affectées et des conditions météorologiques qui prévaudront d'ici à la récolte de novembre. Par conséquent, il ne sera possible d'évaluer globalement la production céréalière et son impact sur les approvisionnements alimentaires qu'au moment de la récolte.

Compte tenu de la courte durée et de la rigidité du cycle végétatif en République populaire démocratique de Corée, il n'est pas question de replanter les superficies où des cultures ont été perdues. Ce qui est possible, et désormais officiellement recommandé, est de semer des légumes, essentiellement des choux et des radis dans les champs sinistrés. Les légumes ne compenseront pas bien sûr l'absence de céréales dans le régime alimentaire sur le plan de l'apport calorique, bien qu'ils jouent un rôle utile grâce aux éléments nutritifs et aux vitamines indispensables qu'ils contiennent.

L'équipe a également identifié un certain nombre d'interventions visant à redresser l'agriculture et à accroître la production vivrière qui seront ensuite mises au point par le Bureau des opérations spéciales de secours de la FAO.



SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES


Les récentes inondations ne pourront qu'accentuer la gravité des problèmes d'approvisionnement alimentaire dont souffre déjà le pays. Déjà au cours des dernières années, des difficultés d'approvisionnement, notamment depuis les inondations de 1995, avaient entraîné une révision à la baisse des rations fournies par le système de distribution public (SDP) qui pourvoit aux besoins alimentaires de la majorité de la population. De ce fait, les rations sont désormais sensiblement inférieures à leurs niveaux historiques et, pour une large proportion de la population, bien inférieures aux quantités minimales requises.

En outre, sur quelque 5 millions d'agriculteurs travaillant dans des fermes collectives, qui n'avaient pas droit précédemment aux rations céréalières du SPD, un nombre de plus en plus important a dû être progressivement absorbé dans le système après la récolte réduite de 1995, certains depuis novembre dernier et d'autres à diverses époques de l'année, à mesure que les stocks des ménages s'épuisaient. Par conséquent, déjà en mai 1996, la majorité des agriculteurs travaillant sur les fermes collectives étaient dépendants du SDP. Ceux qui ne l'étaient pas se trouvaient dans des zones épargnées par les inondations de 1995.

A cause de difficultés d'approvisionnements croissantes, le Gouvernement a dû réduire progressivement les prélèvements sur le SDP. Actuellement, on estime qu'une proportion importante de la population a droit à une ration céréalière d'environ 6 kg par mois, soit 200 g par jour. Ces quantités sont sensiblement inférieures au minimum acceptable. En outre, dans la mesure où les approvisionnements dépendent désormais presque entièrement des importations, il est probable que même ces prélèvements réduits n'ont pas pu être maintenus et que les rations sont distribuées irrégulièrement, à mesure que les importations arrivent. On a signalé que les allocations de céréales sont parfois limitées à une distribution au lieu de deux par mois.

A mesure que les difficultés d'approvisionnement devenaient plus manifestes, diverses contre-mesures ont été prises. Fin mai/début juin, au moment de la récolte, des pommes de terre ont été introduites dans le SDP pour la première fois pour compléter les rations. Etant donné que les pommes de terre sont cultivées sur une superficie limitée, estimée officiellement à quelque 35 000 hectares, les approvisionnements en pommes de terre ont dû atteindre 525 000 tonnes, soit 131 000 tonnes en équivalent céréales. Les pommes de terre ne sont pas considérées comme un aliment de base et sont normalement utilisées à des fins industrielles. Néanmoins, on estime qu'elles ont constitué un élément important du régime alimentaire pendant une période de six semaines, du début de juin à la mi-juillet. En outre, au début du mois d'août, une partie de la récolte de maïs a été récoltée plus tôt que prévu et orientée sur le SDP sous forme d'épis de maïs vert. Cette mesure visant à parer au plus pressé aura pour effet de toute évidence de réduire la récolte proprement dite.

L'utilisation de céréales pour nourrir le bétail et à d'autres fins a été fortement réduite et on estime à l'heure actuelle que seul l'effectif de reproduction a été conservé et qu'un grand nombre d'animaux ont été soit vendus, soit confiés à des ménages, soit éliminés. Bien que l'on ne connaisse pas l'étendue exacte de cette réduction, les estimations vont de 30 à 90 pour cent.

Le Gouvernement a également autorisé toutes les provinces et tous les comtés à échanger directement leurs produits contre des aliments avec des pays voisins, notamment la Chine, contre des aliments. Les produits faisant l'objet de ce troc sont les poissons/coquillages, la ferraille, le marbre et le bois de construction, dont l'exploitation pourrait avoir aggravé les problèmes de déboisement et d'érosion dans certaines régions. Les provinces et les comtés ont également été autorisés à utiliser les réserves financières détenues localement pour l'achat de denrées alimentaires, essentiellement de farine de blé. On estime que les importations effectuées grâce à ce système d'échange depuis le début de 1996 atteignent quelque 250 000 tonnes de céréales. Les régions qui ont réussi à importer des denrées alimentaires de cette façon sont exclues du programme d'allocation de céréales du gouvernement tant que les quantités importées suffiront.

Bien que le Gouvernement soit sérieusement limité en ce qui concerne les importations commerciales à régler en devises, il a réussi à s'approvisionner en pratiquant le troc avec certains pays. Les principaux produits échangés sont le ciment, l'acier et l'or. Il s'efforce de plus en plus, en outre, de s'assurer des approvisionnements grâce à l'aide bilatérale ou sur la base de paiements différés. On estime que les livraisons annoncées et effectuées de ces importations, classées comme aide alimentaire au titre de programmes, s'élèvent à quelque 523 000 tonnes de céréales depuis novembre 1995, début de la campagne commerciale de 1995/96.

Début septembre 1996, l'aide alimentaire d'urgence acheminée par le système des Nations Unies s'élèvera à quelque 46 500 tonnes de céréales et 6 000 tonnes d'aliments mélangés, (mélange maïs-soja, essentiellement). D'autres dons provenant d'organisations non gouvernementales, notamment de CARITAS et de la LSCR représentent quelque 28 800 tonnes de céréales et 1 600 tonnes de produits céréaliers. Au total, par conséquent, ces sources auront fourni quelque 75 300 tonnes de céréales et 7 600 tonnes de produits non céréaliers sous forme d'aide alimentaire. Toutefois, les livraisons annoncées au titre de l'élément alimentaire du second appel inter-organisation des Nations Unies, qui atteignent 70 550 tonnes d'équivalent aliment ou 25,9 millions de dollars E.-U., ne couvrent que 60 pour cent des besoins. Le solde fait encore défaut.

Par rapport aux besoins d'importations céréalières totaux de 1 471 000 tonnes de céréales pour 1995/96, identifiés dans la dernière Alerte spéciale FAO/PAM N0 267 de mai dernier, les importations effectuées soit à des conditions commerciales, soit grâce à des échanges avec d'autres pays et l'aide alimentaire fournie ou annoncée à ce jour, atteignent au total 848 300 tonnes. Le déficit est donc de quelque 622 700 tonnes, pour lesquelles le Gouvernement a encore besoin d'une assistance sous forme d'aide alimentaire liée à des programmes ou d'importations commerciales à des conditions de faveur, afin de pouvoir maintenir les rations à un niveau minimum acceptable.


Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles ou non. Il est réservé à un usage officiel. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour obtenir des informations complémentaires, le cas échéant
Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télex: 610181 FAO l
Télécopie: 0039-6-5225-4495
Courrier électronique:
INTERNET:[email protected]
D. Morton
Directeur ad intérim, OP, PAM
Télex: 626675 WFP l
Télécopie: 0039-6-5228-2837


FAO 4/50 RPD DE COREE


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