SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE
SUR L'AGRICULTURE ET L'ALIMENTATION DE LA FAO

Usage officiel seulement

RAPPORT SPECIAL

SITUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES AU BURUNDI

3 décembre 1996



VUE D'ENSEMBLE


Une mission FAO d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Burundi en octobre 1996 pour examiner les résultats de la récolte de la deuxième campagne, prévoir la production de la troisième campagne, mettre à jour le bilan de l'offre et de la demande de produits alimentaires en 1996 et évaluer les perspectives de la première campagne de 1997. La mission a rencontré le personnel de terrain des organisations des Nations Unies, des pays donateurs et des ONG, mais elle a aussi participé à des réunions avec des directeurs nationaux chargés de la vulgarisation et de l'agriculture et elle a eu des entretiens avec des directeurs provinciaux à l'agriculture. Elle s'est en outre rendue sur place dans 5 des 15 provinces du pays et a effectué une inspection aérienne des provinces du nord et du centre.

La seconde campagne vivrière de 1996 a commencé dans un contexte agroclimatique favorable et dans de meilleures conditions de sécurité. Dans les provinces du nord et du nord-est qui produisent la plus grande partie des céréales et qui bénéficient de conditions de sécurité stables, la production a été plus élevée que prévu, s'établissant à un niveau normal. Par contre, les vagues de sécheresse d'avril et de mai ont diminué la production de haricots d'environ 30 pour cent, par rapport au niveau normal, dans les provinces de Gitega, Rutana et Makamba. En outre, les provinces de Bubanza, Cibitoké et Karuzi ont été gravement touchées par la guerre civile qui a sévi pendant la campagne, empêchant les paysans de s'occuper des cultures. On estime que la production a baissé d'au moins 50 pour cent dans ces provinces. D'après les résultats de l'étude des récoltes de la campagne secondaire menée précédemment et d'après les informations fournies par les directorats provinciaux, la mission estime que la production vivrière de la campagne secondaire 1996 sera d'environ 1,63 million de tonnes, soit un recul de 8 pour cent environ par rapport au niveau d'avant la crise (1988-93) et de 2 pour cent par rapport à l'année précédente.

D'après les enquêtes aériennes qui ont porté sur une grande partie du pays et d'après les visites effectuées sur place dans les provinces du nord, du centre et du sud, les cultures vivrières de la troisième campagne agricole, dont la récolte était en cours lors de la venue de la mission, s'annoncent bonnes. Cela s'explique par la période végétative favorable dans l'ensemble, les conditions de sécurité relativement stables au moment des semis et l'absence de problèmes phytosanitaires importants. La mission prévoit à titre provisoire que la production vivrière de la troisième campagne 1996 se montera à 615 000 tonnes, soit 3 pour cent de moins que le niveau de l'année précédente, surtout à cause des réductions enregistrées dans les provinces touchées par la guerre civile.

D'après les prévisions, la production alimentaire totale en 1996 s'établirait à 3,5 millions de tonnes, soit 3 pour cent de moins que le niveau de 1995 et 4 pour cent endeça de celui de 1988-93, avant la crise. Ce volume total englobe 273 000 tonnes de céréales, 324 000 tonnes de légumineuses, 1,36 million de tonnes de racines et tubercules et 1,54 million de tonnes de bananes et plantains. En supposant des besoins de consommation annuels normaux, cela représente un déficit de 53 000 tonnes de céréales et 69 000 tonnes de légumineuses qui devra être comblé par des importations. On estime que les importations commerciales et les distributions d'aide alimentaire jusqu'en juillet 1996 ont atteint 31 000 tonnes pour les céréales et 7 000 tonnes pour les légumineuses, ce qui laisse un déficit de 22 000 tonnes de céréales et 62 000 tonnes de légumineuses qui ne pourra être couvert compte tenu des sanctions économiques en vigueur. Le déficit de 181 000 tonnes de racines et tubercules et 123 000 tonnes de bananes et plantains nécessiterait des importations supplémentaires de céréales et de légumineuses. En raison de l'embargo sur les importations de produits alimentaires, l'état nutritionnel de la population, en général, et des personnes déplacées à l'intérieur du pays et des populations dispersées, en particulier, risque de se dégrader.



POPULATION


Vers le milieu de 1996, la population résidente est estimée à 5 934 000 habitants. Ce chiffre n'inclut pas les réfugiés rwandais qui ont tous été rapatriés en juillet et août 1996. Les personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) seraient au nombre de 213 123. Ce chiffre n'inclut pas les 4 853 personnes installées dans les camps de Mishiha dans la province de Cankuzo, qui ont moins besoin d'aide extérieure car elles disposent de terres agricoles. Les populations dispersées sont difficiles à estimer car leur nombre varie sans cesse avec l'évolution des conditions de sécurité. On signale toutefois que le nombre des personnes dispersées serait équivalent à celui des PDI qui se trouvent dans les camps.

L'aggravation de la crise socio-politique en avril a provoqué un nouvel afflux, vers le Zaïre, de réfugiés provenant des provinces de Cibitoké, Bujumbura Rural et Bubanza. Cependant, les combats engagés début octobre entre l'armée zaïroise et les groupes armés Tutsis dans la région de Kivu a entraîné le retour, jusqu'à la fin de novembre, de plus de 45 000 réfugiés burundais à la recherche d'un abri. L'insécurité régnant dans les provinces de Muramvya et Kayanza a amené quelque 4 000 Burundais à chercher refuge au Rwanda en septembre. Cinquante mille personnes sont parties en Tanzanie en novembre, fuyant les nouveaux combats engagés dans les provinces de Bururi, Rutana et Gitega.

Les provinces les plus touchées par la guerre civile sont celles de Gitega, Muramvya, Rayanza, Cibitoké, Bubanza et une partie de Bujumbura Rural et Rutana. A Cibitoké, on a signalé récemment le massacre de 300 Burundais revenus du Zaïre dans la commune de Murambi, fin novembre. La ville de Bujumbura est calme depuis le soulèvement militaire de juillet, mais les pannes de courant sont fréquentes en raison des attaques des groupes armés sur les lignes électriques.

Les principales routes reliant Bujumbura au reste du pays sont encore considérées comme peu sûres et l'on signale quelques attaques. L'insécurité et le rationnement du combustible, joints aux sanctions économiques imposées au pays, ont interrompu toute activité commerciale et humanitaire.



PRODUCTION VIVRIERE EN 1996


Il y a trois campagnes agricoles au Burundi. La première campagne, "agatasi", va de septembre à mi-janvier et fournit environ 37 pour cent de la production annuelle. La deuxième, "impeshi", dure de février à juin et représente 46 pour cent de la production annuelle. La troisième, "campagne des marécages", s'étend de juillet à octobre et fournit environ 17 pour cent de la production annuelle avec des cultures de rapport comme les légumes et les pommes de terre.

Production de la première campagne 1996

Les résultats des cultures vivrières de la première campagne ont été mauvais, surtout à cause de la détérioration des conditions de sécurité dans les provinces de Bubanza, Bujumbura Rural et Cibitoké et du temps défavorable dans certaines zones localisées. Les semis et les rendements de haricots et de céréales ont beaucoup baissé. La mission FAO/PAM de janvier/février 1996 a estimé la production de cultures vivrières de la première campagne à 1,26 million de tonnes. Cela représente 85 pour cent des aliments produits pendant la même campagne en 1988-93, avant la crise.

Production de la deuxième campagne 1996

D'après les résultats des enquêtes portant sur la seconde campagne agricole, que des vulgarisateurs ont effectuées dans 113 des 115 communes du pays, et d'après les informations fournies par les directeurs provinciaux du Ministère de l'agriculture, la production vivrière de la deuxième campagne 1996 est estimée à 1,63 million de tonnes (Tableau 1). Ce chiffre inclut 109 000 tonnes de céréales, 182 000 tonnes de légumineuses, 681 000 tonnes de racines et tubercules et 658 000 tonnes de bananes.

Tableau 1: Estimations de la production vivrière de la deuxième campagne 1996 (tonnes)

Culture/
Province
Bananes Blé Riz Maïs Sorgho Taro Eleusine Haricots Igname Manioc Patate
douce
Pomme
de terre
Pois TOTAL
Bubanza 40 329
5 938 1 967 362 4 358
2 442
12 769 921
123 69 209
Bujumbura 54 737 1 231
723 179 5 483
2 708 240 20 980 4 557 3 437 400 94 675
Bururi 28 231 2 992 6 253 303 1 405 1 534 187 4 543 58 16 517 11 174 580 3 840 77 617
Cankuzo 12 974

26 3 871 711 506 4 567
3 235 3 807 122 438 30 257
Cibitoké 46 465
5 245 2 808 542 3 365
3 710
22 064 1 666
314 86 179
Gitega 43 544 165
1 915 4 722 4 700 663 22 947 2 455 32 545 90 743 58 6 138 210 595
Karuzi 13 889

1 443 2 533 1 763 188 8 579 1 173 10 853 28 775 79 1 530 70 805
Kayanza 70 605 1 707
3 244 2 927 3 126 183 19 564
16 399 56 163 4 691 3 245 181 854
Kirundo 88 171

6 177 8 778 2 182
22 756
14 883 33 616
1 188 177 751
Makamba 14 946 124 1 936 205 372 574 50 2 055 29 11 245 3 248 159 628 35 571
Muramvya 20 937 2 022
1 437 4 081 3 813 573 16 399
13 932 63 331 5 881 1 682 134 088
Muyinga 83 605

3 666 6 972 1 718 459 14 210
19 739 19 366
1 477 151 212
Ngozi 80 243 10
4 728 4 552 3 916
21 097
21 468 65 530 2 247 2 463 206 254
Rutana 26 174

79 2 697 1 107 696 4 118 14 6 721 3 160 190 347 45 303
Ruyigi 33 444

36 4 171 853 826 8 053
8 418 2 558 206 719 59 284
TOTAL 658 294 8 251 19 372 28 757 48 164 39 203 4 331 157 748 3 969 231 768 388 615 17 650 24 532 1 630 654

Tableau 2: Prévisions de la production vivrière de la troisième campagne 1996 (tonnes)

Culture/
Province
Bananes Blé Riz Maïs Sorgho Taro Eleusine Haricots Igname Manioc Patate
douce
Pomme
de terre
Pois TOTAL
Bubanza 21 669

92
3 137
77
8 901 21

33 897
Bujumbura 32 461



3 251


12 046


47 758
Bururi 16 939

1 287
969
822
10 661 833 2 444
33 955
Cankuzo 7 784


217 426
198
1 879 3 103 58
13 665
Cibitoké 22 303

131
1 615
95
10 254 35

34 433
Gitega 24 820

1 418
2 820
3 097
19 901 9 024 274
61 354
Karuzi 10 556

444
1 269
1 047
7 986 1 072

22 374
Kayanza 40 245

1 575
1 678
2 556
9 527 1 139 649
57 369
Kirundo 50 258

769
1 131
1 679
8 394 2 739
102 65 072
Makamba 8 968

585
345
448
6 533 188 261
17 328
Muramvya 13 223

3 329
2 288
2 353
8 093 4 718 3 807
37 811
Muyinga 50 163

502
976
1 194
10 893 1 401

65 129
Ngozi 48 146

1 889
2 474
3 072
11 877 1 305

68 763
Rutana 17 449

81
664
376
4 338 3 683

26 591
Ruyigi 20 066



512
251
4 446 4 328

29 603
TOTAL 385 050 - - 12 102 217 23 555
17 265 - 135 729 33 589 7 493 102 615 102

Les résultats de la deuxième campagne indiquent une baisse de 2 pour cent de la production vivrière globale par rapport à la même période de 1995 et une réduction de 8 pour cent par rapport au niveau d'avant la crise. Les chutes les plus importantes par rapport aux niveaux normaux concernent des cultures mineures comme le riz (moins 28 pour cent) et les pommes de terre (moins 12 pour cent), mais aussi le maïs (moins 12 pour cent), les haricots (moins 10 pour cent) et les pois (moins 9 pour cent). Des haricots sont cultivés dans tout le pays, mais le gros de la production est concentré dans certaines zones tandis que les cultures de maïs sont plus généralisées.

La campagne végétative a commencé dans un contexte agroclimatique favorable et des semis normaux à supérieurs à la normale ont été effectués dans les grandes provinces productrices de Kayanza, N'Gozi, Kirundo, Muyinga et Cankuzo, où la situation est calme. Même dans les provinces en butte à des attaques sporadiques comme Gitega, Muramvya, Rutana, Ruyigi, Makamba et Bururi, 90 à 95 pour cent des terres ont été ensemencées. Par contre, les semis ont été réduits de près de moitié par rapport aux niveaux normaux dans une partie des régions de Bubanza, Cibitoké, Bujumbura Rural et Karuzi où la guerre civile fait rage.

Malgré des conditions climatiques généralement favorables pendant la période végétative, dans les provinces du centre et du sud (Gitega, Karuzi, Rutana, Makamba et Bururi), les rendements ont souffert des vagues de sécheresse d'avril et de mai. Les rendements de haricots et de maïs ont baissé d'environ 30 pour cent dans ces provinces. La pénurie d'engrais et de semences de qualité a également nui aux rendements de pommes de terre. Dans les zones en proie à l'insécurité, en particulier les provinces de Bubanza, Cibitoké et Karuzi, les cultures ont souffert du manque d'entretien.

Production de la troisième campagne 1996

Les cultures de la "campagne des marécages" de 1996 ont été plantées avant la crise socio-politique récente et l'embargo international qui a suivi. Les semis ont été normaux dans la plupart des provinces. Par contre, ils ont été réduits dans les zones frappées par la guerre civile comme Bubanza et Cibitoké. Il semble que la production ait souffert aussi de la répartition irrégulière des pluies et de pénuries localisées de semences de haricots et de pomme de terre de qualité. A l'époque de la visite de la mission, les récoltes de la troisième campagne 1996 étaient en cours. D'après les prévisions, leur volume atteindrait 615 000 tonnes, soit 3 pour cent de moins que la production obtenue pendant la même période de 1995 et 11 pour cent de moins qu'avant la crise (Tableau 2).

Tableau 3: Prévisions de la production vivrière de 1996 (tonnes)

Province Bananes Blé Riz Maïs Sorgho Taro Eleusine Haricots Igname Manioc Patate
douce
Pomme
de terre
Pois TOTAL
Bubanza 100 521
13 544 4 857 693 13 073
4 240
36 505 1 798
236 175 467
Bujumbura 135 571 1 231 6 124 4 065 689 13 324
5 049 843 49 087 8 647 3 437 618 228 685
Bururi 67 755 3 188 11 256 17 431 2 533 3 796 613 9 708 253 41 392 23 396 5 143 4 019 190 483
Cankuzo 33 732

1 319 8 172 1 706 1 765 14 454
7 620 16 633 554 438 86 393
Cibitoké 108 418
7 289 7 126 1 335 7 850
6 229
49 408 2 719
1 107 191 481
Gitega 99 716 165
12 431 5 525 11 279 1 549 36 994 4 559 76 328 145 867 469 8 669 403 551
Karuzi 40 742

5 592 2 626 4 724 455 16 563 2 102 30 047 51 883 281 2 924 157 939
Kayanza 158 861 2 049
16 297 3 014 6 516 586 39 278
37 290 87 041 8 930 6 200 366 062
Kirundo 191 332

11 876 8 778 4 901
29 569
36 146 61 280
1 726 345 608
Makamba 35 273 124 3 597 6 152 1 092 1 378 81 5 371 127 26 488 5 570 2 075 750 88 078
Muramvya 49 146 2 287
28 184 5 765 8 998 1 053 26 841
32 493 98 963 15 119 2 040 270 889
Muyinga 193 963

9 666 6 972 3 924 459 24 170
44 393 32 592
2 078 318 217
Ngozi 182 954

17 388 4 552 9 028 603 42 638
46 964 97 841 5 748 4 562 412 278
Rutana 62 235 10
1 350 5 879 2 523 1 757 8 861 25 16 034 16 331 423 359 115 787
Ruyigi 84 279

728 8 406 1 979 2 371 17 996
18 791 19 695 206 719 155 170
TOTAL 1 544 498 9 054 41 810 144 462 66 031 94 999 11 292 287 961 7 909 548 986 670 256 42 385 36 445 3 506 088


Production vivrière totale en 1996

Le Tableau 4 récapitule la production vivrière totale en 1996, les détails par province étant donnés au Tableau 3. La production est estimée à 3,5 millions de tonnes, réparties comme suit: 273 000 tonnes de céréales, 324 000 tonnes de légumineuses, 1,364 million de tonnes de racines et tubercules et 1,544 million de tonnes de bananes/plantains. Par rapport à 1988-93, la production vivrière totale devrait baisser de 4 pour cent, celle de légumineuses de 12 pour cent, celle de céréales de 8 pour cent, celle de racines et tubercules de 5 pour cent et celle de bananes/plantains de 1 pour cent.

Tableau 4: Production vivrière estimative en 1996 par campagne et par type de produit (milliers de tonnes)


Production
moyenne
Production 1996 Production 1996 en % de la moyenne 1996 en %

1988-1993 1995 1ère campagne 2ème campagne 3ème campagne Total 1988-93 de 1995
Céréales 298 290 151 109 13 273 92 94
Légumineuses 369 345 125 182 17 324 88 94
Racines et tubercules 1 433 1 403 483 681 200 1 364 95 97
Bananes ou plantains 1 563 1 564 501 658 385 1 544 99 99
TOTAL 3 663 3 602 1 260 1 630 615 3 505 96 97



PERSPECTIVES POUR LES CULTURES DE LA PREMIERE CAMPAGNE 1997


Fin septembre, des semis généralisés ont été effectués dans la plupart des provinces à l'exception de Bubanza et Cibitoké qui sont pratiquement inaccessibles depuis trois mois en raison des combats incessants entre des groupes armés et l'armée régulière. Presque toutes les terres arables ont été ensemencées dans les zones où les conditions de sécurité le permettent. Les pluies sont arrivées en temps voulu dans la plupart des régions, mais leur répartition est très irrégulière et les vagues de sécheresse de fin septembre et de la seconde moitié d'octobre pourraient avoir entraîné des réductions des semis dans les provinces de Karuzi et Makamba. Les précipitations ont repris pendant la première quinzaine de novembre. A l'époque de la visite de la mission, les conditions de croissance étaient bonnes et il n'y avait aucun signe de problème phytosanitaire grave. Toutefois, plusieurs facteurs négatifs entraveront les rendements et la production finale risque d'être inférieure à celle de l'an dernier et au niveau d'avant la crise.

Les disponibilités de semences de haricots étaient insuffisantes à l'époque des semis par suite d'une réduction de la récolte de la grande campagne secondaire de 1996, résultant de la répartition irrégulière des pluies dans les provinces du centre et du sud. Sous l'effet des sanctions économiques, les semences de haricots étaient encore plus réduites dans les provinces de l'est qui, malgré la situation d'autosuffisance au niveau national, importaient habituellement des semences de Tanzanie. Les semis de haricots ont donc probablement diminué. La qualité des semences de pommes de terre est mauvaise en raison de la suspension il y a un an des activités de l'Institut des sciences agricoles du Burundi (ISABU) auquel les pays fournissant des dons bilatéraux n'ont pas renouvelé leur financement. De plus, l'interruption des activités de la plupart des centres de multiplication des semences aura un effet délétère sur la qualité des semences de riz, de blé, de maïs et de haricots, ainsi que des boutures de manioc.

A cause de l'embargo, il n'y avait pratiquement pas d'engrais dans le pays au moment des semis. Un achat de 4 000 tonnes d'engrais effectué par la FAO n'a pas été frappé par l'interdiction d'importation. Mais à la mi-novembre, 500 tonnes seulement avaient été distribuées et le reste n'est pas encore arrivé au Burundi. Ces engrais arriveront trop tard pour la campagne actuelle car ils doivent être épandus au moment des semis mais ils seront utiles pour la prochaine campagne qui commence en février. En ce qui concerne les cultures vivrières, des engrais chimiques sont utilisés surtout pour les haricots mais aussi pour les cultures mineures de riz et de pommes de terre. Compte tenu du système d'assolement pendant chaque campagne agricole, des rendements moyens obtenus avec et sans engrais et en supposant que les taux d'épandage recommandés seront appliqués, la pénurie d'engrais pourrait entraîner durant la première campagne agricole 1997 un déficit de 8 000 tonnes de haricots, 2 000 tonnes de riz et 7 000 tonnes de pommes de terre. La baisse de production due au manque d'engrais représente 6 pour cent de la production de légumineuses et de riz de la campagne A 1996 et 35 pour cent de la récolte de pommes de terre.

Le Burundi importe habituellement environ 200 tonnes d'insecticides par an. Il en utilise la majorité dans les plantations de café, mais de petites quantités sont employées pour les cultures vivrières, surtout les pommes de terre mais aussi le riz et les haricots. Les insecticides sont également utilisés pour la conservation des graines et le traitement des semences. La fréquence, l'ampleur et la probabilité des attaques de ravageurs dans les champs de cultures vivrières ne sont pas suffisamment documentées au Burundi, ce qui rend difficile toute estimation des pertes de cultures en cas d'infestation.

Le Burundi a importé en moyenne chaque année 900 000 houes entre 1991 et 1995. Une houe est utilisable pendant deux à trois années de production. Les sanctions internationales ont entraîné une expansion de la production intérieure de houes. Il n' y avait pas de pénurie de houes au moment de la visite de la mission, mais si l'embargo continue, le pays pourrait en manquer à l'avenir.

Le rationnement de l'essence a entraîné une envolée des coûts de transport et un accroissement général du niveau des prix. La distribution des semences des zones excédentaires vers les zones déficitaires a notamment été entravée, ce qui a provoqué une chute des taux d'ensemencement.

La suspension de tous les programmes bénéficiant d'un financement bilatéral, à l'exception d'un projet parrainé par l'Autriche dans trois communes de la province de Bururi, aura également un effet négatif sur le secteur agricole.

Dans l'ensemble, l'effet combiné de tous les facteurs susmentionnés pourrait entraîner une baisse des rendements pendant la première campagne agricole de 1997.



SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES


Au Burundi, le régime alimentaire est presque exclusivement végétarien. Le cheptel a considérablement diminué par rapport à la période précédant la crise à cause des pertes provoquées par les troubles civils. La production de lait a baissé de 80 pour cent, tombant de 2 millions de litres en 1992 à 386 000 litres en 1995. De 1991 à 1995, les importations annuelles se sont élevées en moyenne à 991 tonnes de produits laitiers et 3 tonnes de viande. Par conséquent, la consommation de produits carnés et laitiers par habitant est très faible.

La pêche est une source importante de protéines, malheureusement les captures annuelles - 5 000 tonnes environ - sont relativement faibles. L'interruption de la pêche dans le lac Tanganyika diminuera l'apport en protéines.

Les haricots représentent la principale source de protéines et la production réduite de la seconde campagne 1996, jointe à l'embargo sur les importations commerciales et l'aide alimentaire, auront un effet négatif sur l'état nutritionnel de la population en général et des PDI et des populations dispersées en particulier.

La malnutrition ne semble pas généralisée quoique l'on signale une augmentation de l'incidence de la malnutrition dont les chiffres sont passés de 6 à 12 pour cent de la population. La situation est particulièrement grave pour les PDI qui n'ont accès ni à la terre ni aux centres de soins. Dans les provinces de Bubanza et Cibitoké, où l'insécurité persiste, les habitants sont menacés de malnutrition grave en raison des déplacements massifs de population, de la réduction des semis des deuxième et troisième campagnes agricoles 1996 et de l'absence d'aide alimentaire. Dans la province de Karuzi, on signale une malnutrition généralisée parmi les femmes et les jeunes enfants et quelque 40 000 personnes auraient un besoin urgent d'aide alimentaire.

Analyse de l'offre et de la demande de produits alimentaires

La situation des disponibilités alimentaires reste difficile dans l'ensemble avec des différences selon les provinces. On distingue trois catégories de provinces. Le Groupe I, qui comprend Kayanza, N'Gozi, Kirundo, Muyinga et Cankuzo, bénéficie d'approvisionnements alimentaires stables grâce aux récoltes normales obtenues en 1996. Le Groupe II - Gitega, Muramvya, Rutana, Ruyigi, Makamba, Bururi et Bujumbura Rural - a des disponibilités alimentaires réduites car les récoltes des seconde et troisième campagnes 1996 ont été inférieures à la moyenne à cause du temps défavorable. Dans ces provinces, la situation alimentaire pourrait se détériorer si les conditions de sécurité s'aggravaient ou si les sanctions économiques restaient en place. Le Groupe III - Bubanza, Cibitoké et Karuzi - connaît des difficultés d'approvisionnements dues à une réduction substantielle des semis en 1996 par suite de la guerre civile.

Etant donné que la production intérieure est inférieure au volume d'avant la crise et qu'un embargo commercial est en vigueur, certains produits viennent à manquer. Les prix des haricots et des bananes/plantains ont beaucoup augmenté à Bujumbura et dans les provinces déficitaires (Tableau 5) par suite de la réduction de la récolte de la seconde campagne 1996, de la désorganisation des transports routiers et de l'augmentation des coûts de transport. Cependant, dans la plupart des provinces les prix des produits de base sont restés identiques et ont même baissé dans les zones produisant des excédents, à l'exception des produits transformés comme le riz usiné, le coton et l'huile de palme raffinés, qui nécessitent des combustibles importés.

On s'attend donc, dans les mois à venir, à ce que les revenus agricoles baissent dans les zones excédentaires par suite de la chute des prix des denrées de base découlant de la diminution des activités de transport et de commercialisation. Par ailleurs, le recul important des recettes tirées des cultures de rapport comme le café, le thé et les légumes, diminuera encore le revenu en espèces des exploitations et le pouvoir d'achat des agriculteurs. Les consommateurs urbains subiront une baisse de leur niveau de vie due à l'accroissement des prix et de la diminution des approvisionnements.

Il y a eu également un bouleversement général des activités économiques après l'embargo de fin juillet. En septembre 1996, l'indice général des prix avait progressé de 40 pour cent et la dépréciation de la monnaie locale s'est accélérée. Il y a eu des licenciements massifs de travailleurs dans le port, l'aéroport et la station de camions de Bujumbura dans le secteur embryonnaire de la manufacture, dans le tourisme et dans certains organismes d'aide. Près de 60 pour cent des recettes publiques proviennent des taxes d'importation et d'exportation de biens, essentiellement de produits agricoles. Ce déclin brusque des recettes risque d'entraîner le licenciement de quelques fonctionnaires.

Tableau 5: Prix des cultures vivrières sur certains marchés ruraux (juillet-août 1995 et 1996)

Province BUJUMBURA KAYANZA MURAMVYA RUTANA MAKAMBA GITEGA
Culture Juil. 96 Sept. 96 Juil. 96 Août. 96 Juil. 96 Août. 96 Juil. 96 Août. 96 Juil. 96 Août. 96 Juil. 96 Sept. 96
Haricots 160 1/ 247 87.0 114.2 70.0 73.3 68.3 113.9 105 150 80 100
Maïs (grains) 100 100 70.0 71.1 50.7 40.7 38.0 49.4 46 50 40 45
Maïs (farine) 100 100 100.9 120.4 N/A. N/A. 103.3 83.2 N/A N/A N/A N/A
Sorgho N/A N/A 111.8 120.7 97.1 84.2 44.8 54.3 60 80 90 80
Manioc(dé-shydraté) 100 2/ 100 45.7 48.0 42.0 46.9 42.8 33.7 71 40 45 45
Riz (usiné) 180 250 233.2 233.4 204.7 228.9 123.4 137.0 173 210 170 250
Pomme de terre 120 160 62.5 47.5 60.0 53.3 58.5 46.0 65 65 45 70
Patate douce N/A N/A 13.6 16.0 27.2 29.0 20.2 28.9 14 17 15 20
Sel 150 200 162.6 304.9 192.4 207.4 155.4 265.8 N/A N/A 200 250
Sucre 230 250 278.1 275.9 315.6 310.5 252.1 230.4 N/A N/A 240 250
Huile de Palme 250 350 427.0 456.4 426.7 366.7 466.2 484.5 N/A N/A 400 450
Bananes 700 1 100 N/A N/A N/A N/A N/A N/A N/A N/A N/A N/A


1/ Haricots jaunes
2/ Farine de manioc
Note: Tous les prix sont exprimés en Feu/kg sauf ceux de l�huile qui sont exprimés en litre.
N/A = Non disponible

Bilan de l'offre et de la demande de produits alimentaires en 1996

On prévoit pour l'instant que la production alimentaire globale en 1996 atteindra 3,5 millions de tonnes, soit 96 pour cent des aliments produits chaque année de 1988 à 1993, avant la crise.

On ne dispose pas d'informations précises sur les stocks des exploitations. Cependant, les stocks détenus par les agriculteurs seraient faibles à cause de la mauvaise récolte de la seconde campagne agricole de 1996. De plus, l'insécurité qui persiste dans certaines provinces a découragé les agriculteurs de conserver des stocks. Au 7 octobre 1996, les stocks d'aide d'urgence du PAM s'élevaient à 4 000 tonnes environ.

Les besoins alimentaires totaux sont basés sur les normes révisées de la consommation annuelle normale estimée à 50 kg de céréales, 56 kg de légumineuses, 238 kg (80 kg d'équivalent maïs) de racines et tubercules et 255 kg (33 kg d'équivalent maïs) de bananes/plantains.

Les besoins de consommation sont estimés à 297 000 tonnes de céréales, 332 tonnes de légumineuses, 1,41 million de tonnes de racines et tubercules et 1,51 million de tonnes de bananes et plantains.

Les pertes après récoltes et les pourcentages utilisés pour les semences reposent sur les chiffres traditionnels des pertes de stockage et des taux d'ensemencement pour le pays.

Le déficit en produits vivriers en 1996 est estimé à 53 000 tonnes de céréales, 69 000 tonnes de légumineuses, 181 000 tonnes de racines et tubercules et 123 000 tonnes de bananes et plantains.

Les importations commerciales de produits vivriers jusqu'en juillet et pour le restant de l'année sont estimées à 20 000 tonnes de céréales et 3 000 tonnes de légumineuses, tandis que les distributions d'aide alimentaire durant le premier semestre ont atteint 11 000 tonnes de céréales et 4 000 tonnes de légumineuses. Compte tenu de l'imposition de sanctions commerciales internationales contre le pays à compter du 31 juillet 1996, il y aura un déficit non couvert de 22 000 tonnes de céréales et 62 000 tonnes de légumineuses, plus un volume supplémentaire de 77 000 tonnes de céréales ou de légumineuses pour le déficit non couvert de racines et tubercules et de bananes et plantains.

Tableau 6: Bilan de l�offre et de la demande de produits vivriers pour 1996 (milliers de tonnes)


Céréales Légumineuses Racines et tubercules Bananes et plantains
A. Disponibilités totales 273 324 1 364 1 544
Production 1996 273 324 1 364 1 544
Utilisation des stocks - - - -
B. Utilisation totale 326 393 1 545 1 667
Utilisation alimentaire 297 332 1 412 1 513
Semences et pertes 29 61 133 154
C. Besoins d�importation 53 69 181 123
Equivalent en céréales - - 61 16
Importations commerciales 1/ 20 3 - -
Distribution d�aide alimentaire 1/ 11 4 - -
Déficit non couvert 22 62 61 16


1/ Jusqu�au 31 Juillet 1996

Même si les sanctions sont levées bientôt, la capacité d'importation commerciale du pays sera limitée par la pénurie de devises. Le café fournit plus des quatre cinquièmes des recettes d'exportation du Burundi. La production de café est achetée aux agriculteurs, puis transformée et commercialisée par l'Office du café du Burundi, qui est un organisme public. La récolte commence généralement en juin et se poursuit pendant tout le deuxième semestre de l'année civile. On prévoit que la production de 1996/97 atteindra 30 000 tonnes. L'aggravation de la crise socio-politique en juillet 1996 et les sanctions économiques ont bouleversé les activités de commercialisation du café. On signale qu'il y aura une baisse de 20 à 25 pour cent de la qualité de la récolte de café de l'année si celle-ci n'est pas transformée d'ici janvier 1997 et une perte quasi totale de la récolte si elle n'est pas transformée avant avril 1997. Etant donné l'embargo sur toutes les exportations et les importations, la perte des devises généralement assurées par les exportations de café compromettra la capacité d'importations commerciales du pays lorsque les sanctions seront levées.

Le thé assure 10 pour cent des recettes d'exportation du Burundi et l'Office du thé du Burundi prévoit que la production de 1996 dépassera 7 000 tonnes grâce au temps favorable. Toutefois, la production effective souffrira de l'insécurité qui a amené les agriculteurs déplacés à abandonner leurs plantations. De plus, la capacité de transformation est réduite à cause de la fermeture de deux usines qui n'ont plus de pièces de rechange. En outre, le Burundi n'a pas pu vendre de thé sur le marché international depuis le 2 août 1996 à cause de l'embargo.


Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles ou non. Il est réservé à un usage officiel. La situation pouvant évoluer rapidement, il est conseillé pour obtenir des informations complémentaires de s'adresser, si nécessaire à M. Abdur Rashid, Chef du Service mondial d�information et d�alerte rapide, Division des produits et du commerce international (ESC), FAO (télex: 610181 FAO, télécopie: (39-6) 5225-4495, courrier électronique: INTERNET: [email protected].


FA 4/50 BURUNDI - FIN DU MESSAGE


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