SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

Usage officiel seulement

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D'EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES EN REPUBLIQUE POPULAIRE DEMOCRATIQUE DE COREE

6 décembre 1996



1. VUE D'ENSEMBLE


Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue en République populaire démocratique de Corée du 19 octobre au 2 novembre pour examiner les récoltes de céréales de 1996 et estimer les besoins d'aide alimentaire et d'importation pour la campagne commerciale prenant fin en octobre 1997. Cette évaluation se fonde sur des entretiens avec des représentants des ministères et des départements gouvernementaux, des institutions des Nations Unies et des organismes bilatéraux dans le pays ainsi que sur des visites effectuées sur le terrain dans d'importantes zones de production agricole, notamment: nord et sud Hwangae, Kangwon, sud Pyongan et Pyongyang.

Fin juillet, le pays a subi des inondations pour la deuxième année consécutive, mais leur gravité n'est pas comparable à celle des crues dévastatrices de 1995. On estime néanmoins que les inondations de 1996 ont entraîné une réduction sensible de la récolte de l'année. Deux années successives d'inondations ont sans aucun doute nui à l'agriculture et ont considérablement aggravé les problèmes de production alimentaire chroniques du pays. Quoi qu'il en soit, la tendance globale est clairement à la baisse, ce qui laisse penser que le pays aurait eu un déficit vivrier substantiel en 1997 même sans les dégâts des inondations.

Les problèmes économiques ont entraîné une baisse de productivité et de production dans le secteur agricole, car la production intérieure d'engrais et les importations de produits chimiques et d'autres intrants essentiels, comme le combustible et les pièces de rechange, ont chuté ces dernières années. Outre ces difficultés, la production alimentaire est entravée par les caractéristiques géographiques, par le manque de terres arables et par le climat. Ces limitations ont amené la population à cultiver de façon continue le riz et le maïs, qui sont les principales céréales, épuisant complètement les sols qui ne sont plus en mesure de supporter de hautes doses d'engrais chimiques - si tant est qu'ils soient disponibles - pour maintenir la productivité. C'est pourquoi les rendements ont baissé. L'équilibre de l'agriculture est donc facilement bouleversé par les catastrophes naturelles, comme les crues des deux dernières années, les dégâts écologiques et la baisse de fertilité.

Les difficultés en matière d'intrants et de terres arables ne permettent pas au pays de produire suffisamment de céréales vivrières pour satisfaire la demande et le rendent de plus en plus tributaire des importations. Cependant, les possibilités d'importations de denrées alimentaires à titre commercial sont très restreintes à cause du manque de devises, d'une dette internationale importante et d'une absence presque totale d'accès au crédit qui ont contraint le pays à recourir l'an dernier à des mesures désespérées comme le troc pour surmonter ses problèmes d'approvisionnement alimentaire. Vu les termes de l'échange de ce type de transactions, il s'agit d'une solution coûteuse en ressources, imprévisible et impraticable à long terme car elle ne peut permettre de régler un problème qui risque d'empirer à l'avenir si des mesures correctives appropriées ne sont pas prises de toute urgence.

La production céréalière totale de 1996 est estimée à environ 4,3 millions de tonnes (y compris le riz usiné). Mais la mission pense qu'une grande partie (près de la moitié) de la récolte de maïs a déjà été consommée sous forme d'épis frais en août/septembre, en raison des graves pénuries alimentaires, tandis que les pertes provoquées par les inondations de l'année ont réduit la production de 300 000 tonnes encore. Compte tenu de ces déductions, la production nette de riz usiné et de maïs disponible pour la campagne 1996/97 (novembre/octobre) est estimée à 2,84 millions de tonnes environ. On estime en outre que 3,8 millions de tonnes seront nécessaires pour les besoins alimentaires seulement et 5,4 millions de tonnes pour l'utilisation céréalière totale, ce qui laisse des besoins d'importation globaux de plus de 2,36 millions de tonnes. Même si l'on suppose que le pays pourrait importer 500 000 tonnes dans le cadre d'accords de troc et d'importations à des conditions de faveur, comme il l'a fait l'an dernier, cela laisse encore un déficit substantiel de 1,83 million de tonnes.

L'évaluation de la mission indique que la RPD de Corée abordera 1997 avec un déficit vivrier nettement supérieur à celui de l'année précédente qui pourrait aggraver encore l'état nutritionnel déjà précaire de la population. Au niveau prévu, les disponibilités vivrières intérieures provenant de la récolte de l'année permettront de couvrir les besoins pendant sept mois environ, et les besoins des cinq mois restants devront être satisfaits par des produits importés. Le pays aborde donc l'année 1997 dans une situation bien pire que celle de 1996 et restera encore largement tributaire d'une aide internationale importante pour satisfaire ses besoins alimentaires minimums. L'époque la plus critique pour les approvisionnements alimentaires sera la période de soudure allant de juillet à septembre 1997. Il faudra mobiliser une aide alimentaire suffisante avant cette date pour pouvoir éviter de nouvelles souffrances à la population. Etant donné l'efficacité et l'importance institutionnelle du système public de distribution (PDS) en RPD de Corée, il serait opportun d'utiliser ce système comme principal circuit d'acheminement de l'aide alimentaire.

Vu l'aggravation constante du problème alimentaire, la situation doit être suivie de très près. Le gouvernement est invité à envisager la création d'une unité d'information et d'alerte rapide pour l'alimentation avec l'aide de la communauté internationale.



2. SITUATION ECONOMIQUE /1


1/ Etant donné le peu de données économiques disponibles sur la République populaire démocratique de Corée, le contenu de la présente section repose sur une variété de sources d'informations, y compris l'étude économique sur l'Extrême-Orient, la publication Europa 1996 sur l'Extrême-Orient et l'Australie, les rapports de l'Unité de renseignements économiques, ainsi que sur des entretiens dans le pays avec des représentants de diverses délégations.

Dans les années 50 et 60, le développement de la RPD de Corée se caractérisait par un taux d'industrialisation et de croissance agricole très élevé et rapide. Mais la croissance économique et l'industrialisation rapide ont atteint leur sommet dans les années 70 et ont été suivies depuis par plus d'une vingtaine d'années de ralentissement, de stagnation et même de déclin. De plus, comme la phase de développement antérieure reposait essentiellement sur l'assistance économique de l'ex-URSS, de la Chine et d'autres pays à économie centralement planifiée, ainsi que sur des accords commerciaux particuliers avec ces pays la fin de ces régimes dans les années 90, par suite de la chute de l'ex-URSS, et la libéralisation économique accrue de la Chine et des autres économies en transition, ont aggravé les problèmes économiques de la RPD de Corée.

Le secteur industriel, centré sur le charbon, le ciment, l'acier et les machines-outils, est composé d'industries "lourdes", technologiquement démodées, dépassées et dont les machines doivent être remplacées. Il n'y a guère eu de modernisation et de diversification dans ce secteur, par exemple par une diversification vers les industries légères et l'électronique, si bien que le pays n'a pas su rester compétitif avec d'autres pays d'Asie dont les économies émergent. La RPD de Corée n'a donc pas pu bénéficier de l'expansion économique de la région et ses produits restent non compétitifs limitant son accès aux principaux marchés. L'économie dans son ensemble a beaucoup souffert des pénuries chroniques d'énergie car les fournitures qu'elle obtenait à des taux inférieurs de ses anciens partenaires commerciaux ont été considérablement réduites. En raison de ces pénuries, la capacité opérationnelle de la plupart des industries a diminué sensiblement et, d'après certaines estimations, plusieurs d'entre elles opèrent actuellement à 20 ou 30 pour cent de leur capacité seulement, tandis que d'autres ont complètement fermé.

Le volume des échanges, effectués jusqu'à présent surtout avec l'ex-URSS et la Chine sous forme de troc, continue à baisser dans une économie de plus en plus mondiale et monétaire, tandis que le montant substantiel des dettes impayées limite considérablement l'accès du pays au crédit. Dans l'ensemble, dans la période allant de 1990 à 1996, on estime que l'économie a fortement décliné, que les exportations ont beaucoup diminué et que le déficit commercial s'est considérablement accru. Tous ces facteurs expliquent qu'aujourd'hui le pays ait très peu de devises pour effectuer des achats sur les marchés internationaux et doivent recourir au troc de matières premières comme le ciment, le bois d'oeuvre, le minerai, le poisson et la paille de riz pour obtenir des produits alimentaires et d'autres importations essentielles. Toutefois, la viabilité économique et écologique de ce type d'échange ne peut être envisagée au-delà du court terme. Tout indique donc qu'en l'absence d'investissements substantiels et d'une reprise de l'économie à moyen et long terme, le pays connaîtra des difficultés d'approvisionnement alimentaire constantes car il est incapable d'assurer sa production intérieure par l'importation d'intrants essentiels et sa capacité d'importations de denrées à titre commercial est extrêmement limitée.



3. AGRICULTURE


Les problèmes économiques se sont traduits par une baisse de la productivité et de la production du secteur agricole, car la fertilité du sol a été épuisée et la production intérieure d'engrais et les importations de matières premières essentielles et car autres intrants, comme le combustible et les pièces de rechange, ont considérablement baissé ces dernières années. De plus, la production vivrière est limitée par des facteurs géographiques, par le manque de terre arable et par le climat. Seuls 20 pour cent de la superficie totale, soit 2 millions d'hectares, se prêtent à la production agricole et le climat empêche de produire des cultures en dehors de la période relativement courte allant de mai à octobre. Sur les terres arables, seuls 1,4 million d'hectares sont irrigués et presque tout le réseau d'irrigation aurait besoin, à des degrés divers, d'être remis en état.

La plupart des terres arables sont occupées par les deux principales céréales, le riz étant planté surtout dans le sud où le climat est meilleur et le maïs dans le nord. Les légumes, les racines et tubercules, les haricots, les épices et les autres cultures annuelles, produits pendant la période exempte de gelée, sont généralement relégués sur de petits lopins de terre (pourtour des champs, bordure des routes, etc.) afin de maximiser la superficie et la production des principales céréales. Cependant, les cultures continues de riz et de maïs, sans rotation ni jachère, ainsi que l'épandage important d'engrais dans le passé, ont réduit la fertilité du sol ce qui diminue davantage encore la productivité. Par ailleurs, les tentatives d'expansion des zones cultivées dans les terres marginales et les terrasses de montagne ont entraîné une érosion et des problèmes écologiques. Il est probable que les problèmes de déboisement qui se sont accompagnés d'une érosion des versants montagneux, soient le résultat de mesures visant à élargir les superficies cultivées. Tout cela semble aussi avoir aggravé l'envasement du lit des rivières et aggravé les problèmes d'inondation en 1995 et 1996.

Ces dernières années, des expériences ont été menées sur petite échelle en utilisant de l'orge ou du blé/du sarrasin de printemps afin d'introduire un système de doubles cultures pour tenter d'augmenter la production vivrière et fourragère. Avec ce système, les semis commencent à la mi-mars, ou dès le dégel du sol, et la récolte est effectuée de mi- à fin mai. Cela permet de repiquer ensuite à la mi-juin les cultures de riz et de maïs de la campagne principale. Les résultats sont encourageants pour l'instant et le gouvernement se propose d'élargir les zones de doubles cultures en 1997, si des semences sont disponibles. Il s'efforce aussi d'introduire des variétés à haut rendement nécessitant peu d'engrais, d'accroître l'utilisation d'engrais microbiens pour réduire la dépendance vis-à-vis des engrais chimiques et de couvrir les terres arables de dépôts riches provenant des bassins hydrographiques pour reconstituer la couche superficielle du sol.

Malgré toutes ces mesures, l'équilibre du secteur agricole est aisément bouleversé par des catastrophes naturelles comme les inondations des deux dernières années, par des dégâts écologiques et par la baisse de fertilité, qui ont réduit la production vivrière. A l'heure actuelle, le manque d'intrants et de terres arables empêche le pays de produire suffisamment de céréales vivrières pour satisfaire la demande et augmente sa dépendance vis-à-vis des importations.



4. PRODUCTION DE CEREALES EN 1996



4.1 Les inondations de 1996

Les précipitations très fortes, dépassant en moyenne 800 mm, et les inondations de fin juillet 1996 ont provoqué des dégâts généralisés dans les terres agricoles et les biens, aggravant encore les problèmes d'approvisionnements alimentaires intérieurs du pays. Les dégâts qu'elles ont provoqués ont touché surtout les provinces du nord et du sud Hwangae, la province de Kangwon et la municipalité de Kaesong, qui produisent à elles trois près de 60 pour cent des cultures vivrières du pays, surtout du riz. Les zones touchées ont donc une importance agricole considérable. Comme les cultures étaient à un stade critique du développement du grain, les principaux dégâts ont été provoqués par l'immersion prolongée des plantes pendant des périodes allant jusqu'à cinq jours ou plus. Toutefois, malgré une première estimation des pertes à 373 000 tonnes de céréales, y compris le riz usiné, effectuée par la mission FAO/PAM peu après les inondations d'août, la dernière mission a révisé ce chiffre pour tenir compte du taux de reprise global des cultures de 20 pour cent. Le chiffre définitif des pertes résultant des inondations est donc actuellement de 300 000 tonnes de grains.

4.2 Méthodologie d'évaluation des récoltes

Les méthodes ci-après ont été adoptées pour évaluer les récoltes.

a) Examen des données concernant:

b) Echantillonnages de terrain sélectifs dans des zones représentatives de chaque catégorie de terres.

c) Evaluation sur place dans des champs sélectionnés au hasard pour estimer les rendements, en se basant sur :

Les rendements et les superficies cultivées ont été calculés à partir d'entretiens avec des représentants des fermes coopératives, de la Commission agricole, de l'Académie d'agriculture, d'institutions des Nations Unies et d'organismes bilatéraux, puis vérifiés et corrigés par les méthodes ci-dessus. La production globale a été calculée sur la base des rendements par catégories de terres et de la quantité totale de terres dans chaque catégorie.

4.3 Superficie ensemencée et récoltée

Par suite de la limitation des terres arables, la superficie ensemencée en riz et maïs est restée plus ou moins constante depuis une dizaine d'années. En 1996, les rapports officiels indiquent que 580 000 hectares de riz et 625 000 hectares de maïs auraient été ensemencés. Les emblavures de riz sont semblables à celles de 1995 mais légèrement inférieures à celles de 1994. Par contre, les emblavures de maïs sont inférieures de 28 000 hectares environ - 4 pour cent - à celles de 1995 (Tableau 1). Cela laisse supposer que le gouvernement aurait privilégié la remise en état des rizières plutôt que des terres à maïs après les inondations de 1995 qui ont recouvert de vastes superficies de sable, de vase et de débris.

Tableau 1 - RPD de Corée: Etendue des cultures de riz et de maïs par province en 1995 et 1996 (hectares)

Province

Riz

Maïs


1995 1996 1995 1996
Sud Hwangae

Nord Hwangae

Sud Pyongan

Nord Pyongan

Kangwon

Autres

148 700

47 900

96 600

98 300

36 200

152 100

147 600

48 328

95 450

98 140

32 150

158 390

96 400

88 700

75 100

101 000

49 200

242 700

95 300

87 900

74 900

100 200

48 800

218 100

Total 579 800 580 058 653 100 625 200

Il n'y a pas de cartes de classification des terres, mais le gouvernement a indiqué qu'elles sont réparties en trois catégories:

a) Bonnes (terrain plat et/ou nivelé avec irrigation sur de bons sols)

b) Moyennes (plates ou ondulées avec ou sans irrigation sur des sols bons à moyens)

c) Mauvaises (en pente/montagneuses, sols de mauvaise qualité, pratiquement pas d'irrigation (à l'exception du paddy))

La classification des terres par province apparaît au Tableau 2.

Tableau 2 - RPD de Corée: Pourcentage de terres arables par catégorie de terres par province

Province

Bonnes Moyennes Mauvaises

Maïs (%) Riz (%) Maïs (%) Riz (%) Maïs (%) Riz (%)
Sud Hwangae

Nord Hwangae

Sud Pyongan

Nord Pyongan

Kangwon

Autres

27,4

18,6

37,3

28,6

39,0

34,6

40,0

22,0

29,6

28,0

34,0

36,7

35,7

28,9

31,0

27,2

24,7

28,9

33,0

32,4

27,7

31,2

34,2

31,8

36,4

52,5

31,0

44,2

36,7

36,5

26,4

45,0

42,7

40,8

22,4

31,8

Moyenne pondérée 32,6 32,8 28,6 33,0 38,8 34,2

Sur la base de données recueillies de sources diverses, d'entretiens et d'inspections sur le terrain, la mission estime les rendements moyens par catégorie de terres de la façon suivante:

La production globale de paddy et de maïs en 1996, basée sur la méthodologie ci-dessus apparaît au Tabelau 3.

Tableau 3 - RPD de Corée: Production globale de riz et de maïs par catégorie de terres


Riz (paddy) Maïs
Type de terres Superficie
(milliers d'hectares)
Production
(milliers de tonnes)
Superficie
(milliers d'hectares)
Production
(milliers de tonnes)
Bonnes

Moyennes

Mauvaises

188

195

197

1 128

916

591

204

179

243

1 121

715

485

Total 580 2 6351 626 2 3212


1 Equivalent riz usiné 1 976 250 tonnes, non corrigé pour les dégâts des inondations.
2 Non corrigé pour la consommation d'épis frais avant la récolte.

D'après la classification des terres et les estimations correspondantes du rendement, la production céréalière brute en 1996 se serait élevée à 4,96 millions de tonnes. En convertissant le paddy en riz, cette production devient environ de 4,30 millions de tonnes de céréales (y compris riz usiné). Toutefois, la mission estime que sur ce volume, la moitié environ de la récolte de maïs a été consommée prématurément, en août et septembre 1996, à cause des graves problèmes d'approvisionnements alimentaires, tandis que 300 000 tonnes supplémentaires ont été perdues durant les inondations. Compte tenu de ces déductions, la production nette disponible de céréales en 1996 est estimée à 2,84 millions de tonnes.

4.4 Gestion des exploitations et rendements

L'étendue des superficies ensemencées chaque année dépend des conditions climatiques et des disponibilités limitées de terres arables. Le riz et le maïs sont cultivés presque exclusivement sur les fermes d'Etat et les fermes coopératives qui sont actuellement au nombre de 1 000 et 3 000 respectivement. La taille moyenne des fermes coopératives est de 500 hectares, quoique la plus grande (10 000 hectares) couvre tout un comté. Certaines fermes d'Etat produisent des quantités limitées de cultures vivrières et se spécialisent dans la production de bétail, de volaille, de semences et de fruits. Il n'y aucune production privée de denrées alimentaires de base à l'exception de quantités négligeables de maïs cultivé sur de petites parcelles familiales tolérées de 10 m2. Sur ces parcelles, on cultive aussi des légumes, des épices et des tubercules, de même que sur les plates-bandes et les talus et sur d'autres terres publiques.

Dans les années 80, jusqu'en 1989, les rendements en RPD de Corée ont été comparativement élevés grâce à l'utilisation intensive de produits chimiques, à la mécanisation, à l'irrigation, à l'utilisation d'hybrides et de variétés à haut rendement et aux méthodes culturales. Durant cette période, les rendements moyens de riz et de maïs ont été de l'ordre de 6 à 7 tonnes et 5 à 6 tonnes, respectivement. Entre 1989 et 1993, toutefois, la récession économique et la perturbation du commerce ont affecté l'agriculture et les rendements et la production ont baissé sensiblement. Ce déclin s'est poursuivi en 1994, 1995 et 1996, mais il a été accentué encore par des problèmes climatiques graves. En 1995, notamment, de terribles inondations ont non seulement détruit de vastes superficies de cultures sur pied mais aussi endommagé le réseau d'irrigation et les activités industrielles de soutien agricole. Cela a entraîné une réduction des disponibilités intérieures d'intrants comme les engrais et le combustible pour les machines. Tout cela a fait baisser davantage encore les rendements et la production.

Le rendement national moyen en 1996 est estimé à 4,5 tonnes/hectare pour le riz et 3,8 tonnes/hectare pour le maïs, avec une fourchette allant de 6,0 tonnes/hectare sur les bons sols plats et nivelés avec irrigation, à 2,0 tonnes/hectare sur les sols pauvres en pente sans irrigation. Il n'y avait pas de pesticides chimiques mais heureusement il n'y a pas eu d'infestations importantes de ravageurs ni d'épidémies, malgré quelques incidents localisés provoqués par des térébrants et des pyrales du maïs et des charançons du riz aquatique. Il faudra donc accorder à l'avenir une attention accrue à la mise au point de variétés résistantes ainsi qu'à la production de pesticides qui seront utilisés dans le cadre d'une approche de lutte intégrée, bénéficiant du ferme soutien du gouvernement.

Pour ce qui est des méthodes d'exploitation, des pratiques culturales intensives sont appliquées dans tout le pays par des moyens manuels en raison du manque de machines et de combustible. Les pertes durant les semis, le repiquage, le sarclage et les récoltes sont très faibles car ces opérations sont effectuées avec beaucoup de soin et de discipline. Les densités végétales sont donc comparativement élevées: de 420 000 à 480 000 plants (touffes) l'hectare pour le riz et de 70 000 à 80 000 plants l'hectare pour le maïs.

Les densités de semis du maïs et du riz sont aussi relativement élevées compte tenu des densités végétales élevées. Pour le riz et le maïs, la densité des semis est de 125 kg/hectare et 45 kg/hectare, respectivement, ce qui est comparable aux chiffres de la plupart des autres pays d'Asie de l'Est, sauf le Japon où les densités sont considérablement inférieures, s'échelonnant entre 40 et 50 kg/hectare pour le riz et 20 et 30 kg/ hectare pour le maïs.

Une fois récoltées, les cultures sont laissées dans les champs pour sécher pendant une période allant jusqu'à 10 jours, après quoi elles sont transportées dans les centres de battage du comté pour être battues et séchées encore afin que la teneur en humidité ne dépasse pas 14 pour cent. Puis les grains sont soit stockés temporairement soit immédiatement envoyés vers d'autres unités, dans les magasins des coopératives pour être utilisés par celles-ci ou dans les entrepôts du gouvernement pour des distributions publiques.

Cette année, les inondations ont été graves et l'eau a recouvert les cultures pendant de longues périodes, pourtant la mission a constaté un taux de reprise de 20 pour cent dans des zones qui étaient restées submergées durant moins de 48 heures, tandis que dans celles qui sont restées sous les eaux pendant plus de trois jours, le taux de reprise variait entre 0 et 10 pour cent.

4.5 Facteurs influant sur la production en 1996

4.5.1 Facteurs climatiques

En raison de plusieurs facteurs climatiques contraignants, la RPD de Corée ne peut avoir qu'une seule campagne agricole, relativement brève, chaque an. En temps normal, le nombre de jours sans gelée est le facteur déterminant. Le nombre moyen de jours sans gelée est, par province, le suivant: Pyongyang - 170, nord Pyongan - 173, Kangwon - 196, nord Hwangae - 170, nord Hamgyong - 180.

Les inondations de 1995 qui ont détruit les cultures ont aussi endommagé les industries produisant des facteurs de production agricoles, et les approvisionnements intérieurs en engrais, pesticides et pièces de rechange pour les machines agricoles pour la campagne 1996 ont été considérablement réduits.

4.5.2 Utilisation d'intrants

Les problèmes économiques et l'absence critique de devises ont aussi beaucoup limité l'importation des intrants essentiels. C'est pourquoi les taux d'épandage des engrais les plus utilisés - urée (46,6%N) et sulfate d'ammonium (22-23%N), ont souvent été réduits de plus d'un tiers, ce qui a entraîné une baisse des rendements.

4.5.3 Ravageurs

Dans le paddy, le charançon du riz aquatique est le premier ravageur potentiel qui menace la production. Pourtant, en 1996, l'incidence des infestations n'a pas été très élevée et les rares foyers ont été rapidement maîtrisés par l'épandage de Trebon. Dans le maïs, les pyrales et les térébrants sont les plus dangereux même s'il n'y a pas eu non plus d'infestations généralisées en 1996.

Bien entendu, les principaux problèmes climatiques qui ont entravé la production céréalière en 1996 ont été les pluies torrentielles et les inondations de juillet-août qui ont provoqué surtout des dégâts dans les grandes zones productrices de riz et de maïs.

4.6 Autres cultures vivrières

Près de 100 000 hectares sont plantés en légumes qui, en moyenne, sont récoltés à peu près 2,8 fois par an, ce qui correspond à une superficie totale annuelle de 280 000 hectares. Les principaux légumes sont le chou coréen, le radis et le navet. Les semis ont lieu essentiellement au printemps et à l'automne, et sur une superficie limitée en été. En 1996, en raison des pénuries alimentaires, la superficie plantée en légumes d'été a été accrue. De plus, après les inondations de juillet, les plantations de légumes ont été étendues jusque dans les emblavures de céréales qui avaient été détruites. Le rendement global de légumes est estimé à 27 tonnes/ hectare, ce qui correspond approximativement à 7,5 millions de tonnes par an.

Les pommes de terre sont cultivées dans les zones montagneuses, surtout dans le nord du pays. En 1996, 36 500 hectares environ ont été plantés avec un rendement moyen de 7,7 tonnes/hectare. La production totale de pommes de terre de 1996 s'est donc élevée à 283 360 tonnes. De plus, des patates douces sont plantées dans les potagers durant le mois de mai pour être récoltées en août-septembre. Bien que l'on ne dispose d'aucune donnée sur les superficies ensemencées et le volume produit, les rendements sont estimés à 10 à 20 tonnes/hectare. Par ailleurs, on estime qu'environ 40 000 hectares de soja sont plantés chaque année sur le pourtour des rizières sur 2 à 4 rangées.

Environ 200 000 hectares ont été consacrés à la production de fruits, surtout des pommes, des poires et des prunes. Sur ce total, 180 000 tonnes seulement ont produit des fruits, le reste étant constitué de jeunes arbres. L'estimation modérée du rendement moyen est de 10 tonnes/hectare, soit au total 1,8 million de tonnes.

4.7 Elevage

Les grands ruminants sont utilisés surtout comme animaux de trait dans les fermes. Les porcs, les chèvres, les moutons et la volaille sont habituellement élevés pour leur viande. Mais, en raison des graves pénuries de céréales en 1995 et 1996, la mission estime que plus de la moitié des troupeaux d'embouche ont été réformés pour réduire la demande de céréales fourragères. Pour l'effectif de cheptel actuel, la mission estime que 600 000 tonnes de grains seront nécessaires pour le fourrage pendant la campagne commerciale 1996/97, contre des besoins de 1,4 million de tonnes en année normale.



5. APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES



5.1 Offre/demande de céréales, 1995/96

Sous l'effet de la forte réduction de la production agricole en 1995, les disponibilités alimentaires en 1996 ont beaucoup baissé, surtout pendant la période de soudure allant de juillet à septembre durant laquelle les rations céréalières moyennes sont tombées à 200 g par personne et par jour, soit moins de la moitié du niveau souhaitable. Durant cette période, les approvisionnements alimentaires ont été dangereusement tributaires des importations, assurés principalement par l'aide alimentaire bilatérale au programme, des livraisons commerciales comportant un troc de produits de base et une aide alimentaire internationale provenant de diverses organisations humanitaires et des Nations Unies.

En 1995/96, on estime que les importations alimentaires se sont élevées à 900 000 tonnes, dont 400 000 tonnes au titre de l'aide alimentaire au programme et des secours d'urgence et 500 000 tonnes d'importations commerciales, surtout sous forme de troc, par des circuits nationaux et provinciaux. Outre ces importations, durant la période de soudure diverses mesures ont été adoptées pour compléter les rations de céréales dans le cadre du PDS. On a notamment distribué des pommes de terre et du maïs frais, qui auraient dû normalement assurer une partie de la récolte de l'année. En conséquence, la mission estime qu'environ 50 pour cent de la récolte de maïs et l'essentiel de la récolte de pommes de terre avaient déjà été consommés avant le début de la campagne commerciale 1996/97.

Sur la base des estimations des quantités de céréales distribuées par le circuit public en 1995/96, qui comprend la production, les importations commerciales et l'aide alimentaire, et de la quantité, en équivalent de grains secs, des récoltes de maïs et de pommes de terre de 1996 consommées à l'avance, la mission évalue l'utilisation céréalière effective en 1995/96 à 3,44 millions de tonnes. Cela équivaut à une moyenne de 427 grammes, soit en gros 1 537 kcal/habitant/jour, contre des besoins minimums de 458 grammes ou 1 637 kcal/habitant/jour. En fait, la consommation durant l'année a été répartie en périodes de rations relativement abondantes durant les mois d'hiver après la récolte de 1995 et d'autres périodes de rations extrêmement faibles de 200 grammes durant l'été 1996, lorsque les approvisionnements intérieurs étaient épuisés et qu'aucune importation n'était effectuée. De plus, le pays s'est efforcé, dans la mesure du possible, de satisfaire les besoins alimentaires minimums de la population, mais il l'a fait en épuisant pratiquement tous les stocks disponibles et en recourant à un certain nombre de mécanismes, dont l'"emprunt" d'une part importante des récoltes de 1996 de maïs et de pommes de terre qui ont été consommées en 1995/96, réduisant ainsi les disponibilités pour 1996/97. Ce faisant, le pays a donc renvoyé d'une année sur l'autre son problème alimentaire.

5.2 Offre/demande de céréales, 1996/97

Le bilan céréalier pour 1996/97 a été déterminé en se basant sur les hypothèses suivantes:

Le bilan céréalier apparaît au Tableau 4.

Tableau 4 - RPD de Corée: Bilan céréalier pour 1996/97 (milliers de tonnes)

Disponibilités totales

- Production

- Stocks d'ouverture

2 995

2 8371

158

Utilisation totale

- Utilisation vivrière

- Utilisation fourragère

- Autres utilisations (semences, pertes et usage industriel)

- Stocks de clôture

5 359

3 798

600

645

316

Besoins d'importation

- Importations commerciales

- Aide alimentaire annoncée2

- Besoins d'importation non couverts

2 364

500

30

1 834


1 Au net des pertes dues aux inondations et de la consommation anticipée de maïs
2 Stocks de report d'aide alimentaire provenant du deuxième appel commun interinstitutions des Nations Unies

5.3 Nutrition

Bien qu'aucun rapport complet ne soit disponible, il est évident que la réduction générale des approvisionnements céréaliers en 1996, surtout pendant la période de soudure, à 200 grammes, soit environ 700 calories par jour ou moins, a exposé toute la population au risque de malnutrition grave. Mais deux éléments ont permis d'éviter des problèmes sanitaires et nutritionnels de grande ampleur, à savoir un système de distribution publique (PDS) efficace qui a permis de distribuer équitablement la nourriture disponible à toute la population et divers mécanismes d'adaptation.

Malgré cela, la crise a eu des répercussions notables. Les jeunes enfants ont été protégés, grâce aux programmes d'alimentation dans les crèches et les jardins d'enfants, mais l'état de santé général de la population adulte, surtout des personnes âgées en milieu rural, faisait apparaître des signes clairs de carences nutritionnelles et d'insuffisance pondérale. De plus, bien qu'aucune donnée n'ait été disponible pour indiquer les taux de morbidité et de mortalité, on a constaté une augmentation des absences des enfants dans les crèches et des adultes au travail.

Il est évidemment difficile de prédire quelle sera la situation nutritionnelle à l'avenir. Cependant, la RPD de Corée abordera 1997 avec un déficit vivrier beaucoup plus grand qu'en 1996, ce qui laisse supposer que la situation sera d'autant plus critique car la population est déjà affaiblie par un apport alimentaire insuffisant pendant de longues périodes. Par ailleurs, les mécanismes d'adaptation, qui sont acceptables à court terme, deviendront de plus en plus impraticables. En 1997, la situation devrait donc être bien pire que l'année précédente.

5.4 Mécanismes d'adaptation

La réduction importante des rations céréalières sur une période prolongée aurait entraîné des problèmes plus graves si la population n'avait su recourir à d'importants mécanismes d'adaptation. Mais on dispose de peu d'informations précises sur ces mécanismes. Du point de vue national, on sait bien peu de choses sur l'argent envoyé par les Coréens vivant au Japon et dans d'autres pays, tandis qu'au niveau des ménages, on ne connaît pas bien l'importance des revenus et de l'épargne, des disponibilités et de la productivité des parcelles privées, du pouvoir d'achat et de l'aptitude à effectuer des achats sur les marchés privés. De plus, la situation varie selon les régions pour ce qui est de la production vivrière totale et des possibilités de commercer ou troquer avec d'autres régions ou avec la Chine. Certains instituts et certaines usines disposent de leurs propres exploitations et peuvent théoriquement importer des quantités limitées de nourriture pour la main-d'oeuvre. Les conditions ne sont donc pas entièrement uniformes. Ce qui est certain, c'est que le gouvernement s'est efforcé d'inciter la population à renoncer aux denrées traditionnelles pour des produits "de substitution" comme les fruits, les racines et tubercules, les champignons, les feuilles et les graminées. Certaines estimations indiquent qu'en 1995/96, près de 30 pour cent de l'apport calorique durant la période de soudure critique provenaient de ces autres sources de nourriture.

Le second mécanisme important d'adaptation semble avoir été la redistribution de la nourriture au sein des ménages, pour donner plus aux enfants et moins aux personnes âgées. D'autres mesures, qui ne sont pas non plus documentées du point de vue statistique, incluent des réformes massives du bétail, qui ont pu, temporairement au moins, augmenter l'apport de viande, l'utilisation des réserves privées de nourriture ou d'argent; la plantation de céréales ou de légumes sur les terres marginales ou impropres à la culture (pentes à forte déclivité, bordures des routes, terrains scolaires, parcs publics); une certaine libéralisation ou du moins une tolérance des marchés privés et du commerce ou du troc des matières premières industrielles, halieutiques, minières ou autres, y compris de la paille de riz, avec la Chine et le Japon.

Ces mesures ont permis de faire face aux problèmes d'approvisionnement alimentaire l'an dernier, mais il est douteux qu'elles puissent continuer à le faire dans les années à venir et il est évident qu'il faut trouver des solutions à long terme. Très certainement, l'épargne privée et les stocks de denrées des ménages diminueront beaucoup cette année, les disponibilités de viande seront nettement réduites par suite de la baisse des stocks, la production agricole des terres marginales reculera inévitablement tout comme la capacité des régions de troquer des matières premières contre des aliments.

5.5 Le système de distribution publique

Les précédentes évaluations FAO/PAM ont indiqué que la RPD de Corée a subi en 1996 un grave déficit céréalier et de terribles problèmes d'approvisionnement alimentaire. La principale raison pour laquelle il n'y a pas eu de famine généralisée durant l'année est peut-être l'existence d'un système de distribution publique efficace, qui a permis d'assurer des approvisionnements alimentaires à toute la population, quoique en quantités réduites. En RPD de Corée, les effets des pénuries alimentaires ont été uniformément répartis sur toute la population et le PDS a prouvé son efficacité pour l'acheminement de l'aide alimentaire. Les principales caractéristiques de ce système sont résumées ci-après.

Tous les foyers sont enregistrés dans une coopérative, un village ou une ville, entre autres par situation de famille et composition des membres de la famille: nouveau-nés, nourrissons, enfants d'âge préscolaire ou scolaire, adultes par type de travail - pénible ou non - ou retraités. Chaque personne est enregistrée dans une coopérative ou au centre PDS le plus proche par catégorie de rations autorisées selon l'âge et le type de travail. Tous les produits alimentaires essentiels, surtout le riz et le maïs, mais aussi la viande, le poisson ou les légumes, sont acheminés par ces centres et distribués à la population non agricole, généralement deux fois par mois, selon un barème de rationnement qui est déterminé au niveau central en fonction des disponibilités globales à un moment donné. La ration annuelle des membres des coopératives est allouée au moment de la récolte. Des dispositions spéciales sont prises pour les nourrissons et les enfants en bas âge dans les crèches, pour lesquels les familles ne reçoivent pas de rations en espèces mais sous forme de bons de ravitaillement utilisés par les crèches pour collecter la nourriture auprès des PDS.

Les craintes antérieures selon lesquelles le système s'écroulerait si les disponibilités alimentaires s'amenuisaient trop, ne se sont pas concrétisées et le système est resté opérationnel même quand les rations types ont été ramenées de 700 à 200 grammes par jour. Le système a été particulièrement efficace pour distribuer des denrées non conventionnelles comme des aliments mélangés pour enfants, des pommes de terre et du maïs vert, durant la disette. Les priorités ont été strictement respectées et, en particulier, les rations des enfants n'ont pas été réduites durant toute la crise. Les rations traditionnellement plus abondantes pour les travaux pénibles ont toutefois été diminuées jusqu'à une ration commune de 200 grammes par personne au plus fort de la crise. Au début de la récolte en octobre, les rations ont été nettement relevées: 450-500 grammes par jour. L'augmentation des rations est une mesure à court terme destinée à garantir une légère amélioration de l'apport nutritionnel, mais il est peu probable que ce niveau puisse être maintenu dans les mois à venir compte tenu de la gravité du déficit vivrier du pays.

5.6 Aide alimentaire future

Malgré une forte réduction de l'utilisation fourragère et industrielle des céréales, en 1996/97, le déficit vivrier sera supérieur à celui de l'an dernier, à cause de la consommation anticipée des récoltes de maïs et de pommes de terre en août/septembre et des dégâts provoqués par les inondations en juillet. Par ailleurs, la population sera moins armée pour s'adapter aux difficultés et les problèmes économiques empêcheront le pays d'importer de la nourriture sur une base commerciale, ce qui l'obligera à recourir, dans la mesure du possible, au troc de matières premières.

Les rations qui sont actuellement de 450 grammes de céréales par jour environ représentent un soulagement temporaire mais leur niveau devra certainement être réduit dans les mois à venir. La période la plus critique sera une fois encore de juillet à septembre, mais en 1997 la situation devrait être encore pire en raison de la baisse prolongée de l'apport nutritionnel et de la réduction des capacités d'adaptation de la population. De plus, le troc qui a apporté quelques secours en 1996, ne constituera certainement pas une solution praticable. Le pays aborde donc l'année 1997 dans une situation bien pire et il sera une fois encore largement tributaire d'une aide internationale de grande ampleur.

La fourniture d'une aide, et la nature de l'aide fournie, dépendront entièrement des donateurs. Traditionnellement, les possibilités offertes sont: une aide au programme ou une aide humanitaire ciblée. Mais dans le cadre de la RPD de Corée, cette distinction n'est pas applicable. Le gouvernement achemine toute l'aide alimentaire - aide bilatérale au programme et aide d'urgence multilatérale - par le PDS.

Cela ne signifie pas que l'aide alimentaire ne peut pas être ciblée, mais uniquement qu'elle doit être acheminée par le PDS. Ainsi, un groupe cible important dans le programme de 1996 était celui des petits enfants qui recevaient des aliments mélangés par le truchement du PDS/des crèches. Le rôle de ce truchement peut devenir plus important si les conditions s'aggravent en 1997. Les autres groupes cibles qui peuvent être touchés de la même façon sont les femmes enceintes, les mères allaitantes, les malades hospitalisés ou les personnes âgées.

Une autre possibilité, particulièrement appropriée pour la RPD de Corée, est celle des programmes vivres-contre travail. Le PDS accorde traditionnellement des rations plus abondantes (900 grammes au lieu de 700) pour les travaux pénibles, mais il a dû renoncer à le faire durant l'été 1996 et n'a pas pu recommencer depuis. Il n'est pas certain, étant donné qu'il va falloir prolonger la récolte de 1996 le plus longtemps possible, que ce système soit remis en place. L'aide alimentaire internationale pourrait être utilisée très efficacement pour fournir les quantités de nourriture supplémentaires qui seraient nécessaires pour rétablir des rations appropriées pour les travaux pénibles et de cette façon encourager la mise en oeuvre et l'achèvement d'un grand nombre de travaux publics urgents, tels le défrichement et la réparation de l'infrastructure endommagée par les crues. Ce type de programmes vivres-contre-travail ne serait donc pas identique à celui des autres pays où des rations familiales entières sont utilisées pour fournir un emploi temporaire et assurer la sécurité alimentaire de certains

groupes particulièrement pauvres qui n'auraient pas d'autres moyens d'obtenir de la nourriture. En RPD de Corée, les familles pauvres auront accès à la nourriture et seule la ration supplémentaire de certains membres de la famille sera assurée par l'aide alimentaire (par exemple 400 grammes seulement pour deux membres de la famille effectuant des travaux pénibles et non pas, par exemple, 2 000 grammes qui correspond à la ration du PDS pour une famille de quatre personnes). Les contributions des donateurs au titre du programme vivres-contre-travail permettraient donc de financer un volume de travail beaucoup plus important, au moins dix fois plus, que dans les projets vivres-contre-travail traditionnels.


Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses; il est destiné à un usage officiel seule-ment. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux personnes ci-après pour d'éventuels compléments d'information.
Abdur Rashid
Chef, SMIAR/FAO
Télex 610181 FAO I
Télécopie: 0039-6-5225-4495
Courrier électronique: INTERNET: [email protected]
J. Schulthes
Directeur régional OAP/PAM
Télex: 626675 WFP I
Télécopie: 0039-6-5228-2863



TOC Retour au menu