SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D’EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES EN ETHIOPIE

16 décembre 1996




1. VUE D’ENSEMBLE


Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s’est rendue en Ethiopie du 7 au 29 novembre 1996 pour évaluer la production de céréales et légumineuses "meher" (campagne principale), prévoir la production de la campagne secondaire "belg" de 1997, estimer les besoins alimentaires nationaux de 1997 et évaluer les besoins d’aide alimentaire pour cette année. Les membres de la mission se sont rendus dans toutes les zones des quatre principales régions productrices du pays et dans les chefs-lieux de la plupart des autres régions où la production agricole est moins importante. En outre, la mission a visité des districts précis, pour lesquels un besoin d’aide avait été identifié.

Cette année, la mission était accompagnée d’observateurs qui se sont déplacés avec les équipes et ont suivi les activités pour le compte de leurs institutions: l’Union européenne (UE), l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), l’Agence suédoise d’aide au développement international (SIDA), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Save the Children Fund (SCF-UK), et les Services de secours catholique (CRS).

Comme les années précédentes, les équipes de la FAO, travaillant indépendamment, se sont concentrées sur l’évaluation de la production et de la situation de l’offre alimentaire et ont été accompagnées par des spécialistes du Ministère de l’Agriculture (MOA) pendant toute la durée des visites. Les équipes du PAM qui se sont rendues dans les régions à déficit vivrier se sont concentrées sur la détermination des besoins alimentaires des ménages et ont été accompagnées par des fonctionnaires des bureaux locaux et régionaux de la Commission de prévention et de planification préalable des catastrophes (DPPC).

Les données obtenues auprès des bureaux de zone ont été confrontées avec les informations fournies par les fonctionnaires des services nationaux, régionaux et des districts, les ONG, les agriculteurs, les négociants, les entreprises de services agricoles, les agents de vulgarisation et les représentants des donateurs. Les équipes ont procédé à des inspections des récoltes et à des enquêtes sur le terrain, auprès des ménages et sur les marchés pour confirmer les informations reçues. En outre la mission a reçu des statistiques officielles de population, une bibliographie complète des rapports produits pendant l’année par des services gouvernementaux et des agences, des données relatives à la pluviométrie et les résultats d’enquêtes sur les marchés. En outre, des données réunies par des équipes regroupant des représentants de la DPPC, du Ministère de l’Agriculture et de donateurs, qui ont procédé à leur propre évaluation de la campagne "meher", ont été communiquées au fur et à mesure à la mission.

Pour 1996/97 la mission situe la production de céréales et de légumineuses à quelque 12 millions de tonnes, dont 11,7 millions de tonnes pour la campagne "meher" et 0,3 millions de tonnes pour la campagne "belg". Cela représente: a) une augmentation approximative de 20% par rapport à l’estimation finale de la récolte "meher" de l’année dernière donnée par le Ministère de l’Agriculture et b) une campagne "belg" 1997 conforme à la tendance moyenne pour les récoltes effectuées avant juillet/août.

Des attaques limitées de migrateurs nuisibles aux cultures sur pied, notamment de chenilles légionnaires et de quéléas, ont été efficacement enrayées. Les ravageurs non migrateurs, particulièrement les térébrants des tiges et les mouches des pousses, bien que répandus, n’ont représenté nulle part un risque économique justifiant une intervention du Ministère de l’Agriculture.

L’expansion du Programme national de vulgarisation (NEP) pour les principales cultures céréalières dans l’ensemble des grandes régions productrices a permis de faire passer de 20 000 ha en 1995 à 200 000 en 1996 les surfaces exploitées sous ce régime. En même temps, l’utilisation d’engrais a augmenté de près de 5 pour cent.

Parmi les aspects négatifs, la concurrence des adventices a nécessité un surcroît de main d’oeuvre et/ou d’herbicides et a réduit les rendements dans les régions boisées du Sud. L’engorgement provoqué par des pluies excessives dans les terrains argileux lourds des régions montagneuses, a retardé les semis et bloqué la croissance des plantes. Des inondations ont détruit les cultures dans un certain nombre de régions et ont considérablement réduit la production dans le Gambella. Les pertes en cours d’entreposage devraient être plus élevées que l’année dernière puisque les entrepôts des exploitations ne suffisent pas et que l’on ne trouve pas de produits phytosanitaires chimiques.

Les plantes racines, les tubercules et les cultures de graines oléagineuses ont été avantagées par les pluies dans leurs zones respectives, tandis que le caféier, dont la récolte s’annonce inférieure à celle de l’année dernière, est attaqué par l’anthracnose du caféier, à un moment où les cours sont en baisse.

Les prix des céréales, qui avaient fléchi régulièrement sur la plupart des marchés au cours de l’année, ont brutalement chuté dès le début de la récolte, annonçant une production record. Etant donné que les prix, pour le maïs en particulier, sont à peine supérieurs et parfois inférieurs au coût de production dans les principales zones productrices, des efforts s’imposent pour améliorer les conditions de commercialisation afin que les excédents n’aient pas d’effet dissuasif sur la production.

La situation décrite ci-dessus, qui est satisfaisante, cache néanmoins la présence, dans tout le pays, de communautés souffrant d’un déficit vivrier dû aux déplacements, aux carences structurelles ou à l’absence d’accès ou de droit aux disponibilités alimentaires. Bien que les besoins d’aide alimentaire soient estimés à 186 000 tonnes, c‘est-à-dire 64 pour cent des besoins de l’année dernière, 1,.9 millions de personnes dépendront encore de l’une aide alimentaire. En outre, vu la nécessité de garantir la sécurité alimentaire face aux aléas climatiques qui pourraient renverser la situation excédentaire de cette année, 307 000 tonnes seront nécessaires pour alimenter la réserve de sécurité alimentaire d’urgence.

Etant donné les considérations ci-dessus, la mission recommande de couvrir les besoins d’aide alimentaire moyennant des achats locaux en excluant toute importation. En outre, les donateurs devraient sérieusement envisager de fournir une aide financière pour l’achat et l’exportation de céréales éthiopiennes à destination des pays voisins, comme le Kenya, l’Erythrée et la Somalie où des missions similaires FAO/PAM ont fait état d’importants déficits. Ces mesures, outre leur intérêt logistique, contribueront à l’établissement d’un plancher du marché céréalier éthiopien et réduiront le risque d’invendus qui décourageraient la production l’année prochaine.



2. PRODUCTION DE CEREALES ET LEGUMINEUSES EN 1996



2.1 Situation pluviométrique pendant la campagne agricole 1996

Les premières pluies "belg", arrivées tôt, ont encouragé l’expansion des cultures et maintenu l’intérêt des agriculteurs pour des cultures à cycle long, déjà signalé par la mission en 1995 à la suite de conditions analogues. Dans tout le pays, le régime des pluies a continué d’être favorable pendant toute la période de germination dans la mesure où nulle part l’irrégularité des pluies n’a interrompu la germination. Toutefois, l’engorgement dans certaines régions d’altitude a retardé à la fois les semis et la croissance des cultures et a obligé à ressemer et/ou à passer à des céréales à cycle court dans les cas les plus extrêmes. En général, les pluies se sont poursuivies sans interruption pendant la campagne, favorisant la croissance végétative, l’implantation des semis et le remplissage des grains, fait rarissime en Ethiopie. Dans trois seulement des quatre zones du Sud, qui traditionnellement sont les plus arrosées pendant la campagne "belg", il a été possible de faire la distinction entre les pluies "belg" et "meher".

A l’échelle nationale, quelque 25 pour cent des zones ont connu une diminution prématurée des pluies en septembre et leur arrêt soudain en octobre. Ce phénomène a influé sur le remplissage des grains des cultures tardives, mais à permis de commencer plus tôt la récolte des cultures semées en début de campagne.

Une reprise tardive des pluies dans l’ensemble du pays à la mi-novembre a encouragé la préparation des terres en vue de la campagne "belg" de 1997, amélioré le potentiel productif des légumineuses semées tardivement et des cultures tributaires de l’eau résiduelle, et a encouragé la plantation de plantes racines, de tubercules et de céréales à cycle court dans certaines régions méridionales, caractérisées par une brève campagne précédant les pluies "belg".

Parmi les effets néfastes des précipitations, la mission a noté des averses de grêle à des périodes diverses et des inondations. De ces dernières, les plus graves se sont produites au Gambella, où quelque 5 300 ha de cultures ont été dévastés.

Les inondations dans la vallée de l’Awash ont causé la perte d’environ 10 pour cent de la production sucrière au Wonji, mais ce déficit est compensé par une production accrue de sucre ailleurs dans le pays. De même, bien que plusieurs villages aient perdu approximativement 250 hectares de maïs, les surfaces inondées ont été ressemées en légumineuses.

Bien que la sécurité des récoltes dépende surtout de la répartition des pluies plus que du volume, même dans les régions vulnérables de Wag Hamra et du Nord Wollo (Amhara) et du Tigré central, plus de 1 000 mm de pluies utiles ont été enregistrés cette année dans les régions mentionnées.

2.2 Superficies ensemencées

Au cours de cette campagne, les superficies ensemencées en céréales et légumineuses ont augmenté sur l’ensemble du territoire national de 5,6 pour cent par rapport aux derniers chiffres (février/mars 1996) du Ministère de l’Agriculture pour la campagne "meher". Contrairement à l’année dernière, l’expansion a été plus importante au nord qu’au sud du pays. De manière générale, les pluies "belg" sont arrivées tôt de sorte que les travaux de culture et les semis ont démarré sans attendre, sauf lorsque l’engorgement a retardé les opérations. Dans toutes les régions, à l’exception de celles où sévit la trypanosomiase, les animaux de trait ont abordé la campagne dans un état satisfaisant. L’accès sans restriction au matériel de plantation, notamment aux semences obtenues par les agriculteurs à partir de races de pays et de variétés garanties introduites il y a quinze ou vingt ans, a permis de procéder aux semis avec vigueur et très tôt ou, du moins, sans retard.

Dans les principales régions agricoles de l’Oromia, on a constaté un recours plus fréquent des petits exploitants à des entreprises de location de matériel. Cette pratique, qui permet aux agriculteurs dépourvus d’animaux de trait de cultiver à temps et convenablement, devrait être encouragée dans les zones infestées par la mouche tsé-tsé.

Une augmentation des emblavures de sorgho et de maïs au Tigré central (65 pour cent), de maïs dans le Wollo Nord (100 pour cent) et de sorgho en Agewawie (65 pour cent), reflète l’amélioration des conditions dans ces régions. Les 28 000 ha supplémentaires de culture de maïs dans la région de Bale s’expliquent par l’incorporation du mais "belg" récolté après septembre dans les statistiques relatives aux moissons "meher".

2.3 Rendements

Les rendements céréaliers observés par la mission dépassent de 15 pour cent la performance définitive des récoltes "meher" de 1995, évaluée par les bureaux de zone du Ministère de l’Agriculture en février et mars de cette année.

L’augmentation continue du rendement par hectare des céréales peut être attribuée à divers facteurs. Premièrement, cette année, le nombre des parcelles exploitées dans le cadre du Programme national de vulgarisation a décuplé, ce qui rend compte, probablement, de 35 pour cent de l’augmentation moyenne des rendements. Deuxièmement, les conditions ont été généralement optimales pendant la période végétative. Troisièmement, bien que des attaques de migrateurs nuisibles aient été relevées dans plusieurs districts de 11 zones, les infestations les plus nombreuses étant celle de la chenille légionnaire en mai et juin, elles ont été efficacement par l’action combinée des équipes de district chargées de la protection phytosanitaire et de pluies abondantes. En conséquence, aucun foyer n’a présenté de risque économique. De même, pendant la mission, des pulvérisations aériennes ont permis de lutter contre des infestations de quéléas dans les zones centrale et orientale d’Amhara et d’Oromia, dissipant toute crainte pour la récolte.

La présence de ravageurs non migrateurs, tels que le borer (maïs et sorgho), la mouche des pousses (teff et orge), les termites (toutes les cultures du Wellega occidental), les animaux sauvages dans la forêt et les zones voisines (toutes les cultures) a été relevée. Parmi eux, seuls les animaux sauvages et les termites ont été reconnus comme ayant une incidence économique dans leur aire respective.

Des craintes ont surgi a propos du grillon des broussailles, un semi-migrateur, qui se propage le long de la vallée du Rift. Des méthodes améliorées de lutte contre ce ravageur seraient donc nécessaires. Environ 6 000 hectares ont été touchés pendant la campagne au Wag Hamra et au Wollo du Nord et du Sud.

En ce qui concerne les maladies, les céréales sont restées relativement à l’abri. Deux zones seulement ont été exposées à la rouille du blé (Gondar Sud) et de l’orge (Shoa Nord-Ouest). Cependant, la notification d’attaques d’anthracnose du caféier, de mildiou de la pomme de terre et de flétrissement bactérien de l’ensète, avec des conséquences économiques, suggèrent que d’autres cultures ont pu pâtir davantage et que l’accès des agriculteurs aux produits phytosanitaires demande une grande amélioration.

Les ventes d’engrais ont augmenté de 4,6 pour cent à l’échelle nationale, passant de 240 000 tonnes (1995) à 251 000 tonnes (1996). Le principal produit en cause est le phosphate diammonique, destiné probablement aux parcelles du Programme national de vulgarisation; cependant, cette augmentation n’a pas toute l’ampleur escomptée. Divers facteurs ont pu concourir à ce résultat. La livraison des produits a été retardée par des difficultés de communication dues à l’état des routes et à l’arrivée précoce des pluies dans de nombreux districts, jointe à l’inexpérience des nouveaux fournisseurs. Dans d’autres régions, l’absence d’offres de crédit a bien évidemment réduit les ventes. Le manque d’accès au crédit dérive notamment: a) de dettes en souffrance interdisant tout nouvel emprunt pour les particuliers et les coopératives et b) de retards dans la promulgation des nouvelles directives en matière de crédit pour les intrants destinés aux cultures hâtives à cycle court au nord et pour le mais précoce au sud.

La campagne "meher" ayant été caractérisée par des pluies abondantes et bien réparties, la concurrence des adventices a particulièrement inquiété les agriculteurs. Dans de nombreuses régions, les agriculteurs ont privilégié l’achat d’herbicides. De même, les conflits d’utilisation de la main d’oeuvre, par exemple lorsque le sarclage des cultures semées en début de campagne fait concurrence à la préparation des terres pour les cultures tardives, ont été ressentis comme un véritable problème dans certaines régions. Cette concurrence a fait doubler les salaires et les exploitations n’ayant qu’un seul ou aucun animal de trait en ont davantage souffert car les travaux précédant les semis se sont déroulés à une date et dans des conditions guère idéales, en particulier pour le teff.

A l’échelle nationale, les rendements des céréales et des légumineuses sont plus élevés que l’année dernière mais cette constatation générale ne reflète pas la situation de certaines régions où les conditions agro-écologique et édaphiques ont limité le développement des cultures. Cette année, ces zones sont plus rares et clairsemées que l’année dernière, comme le montrent, ci-dessous, les prévisions sur la production.

2.4 Prévisions relatives à la production de céréales et de légumineuses

La mission a été planifiée pour coïncider avec la récolte dans la majorité des régions. Les équipes ont donc pu observer la récolte de la plupart des cultures céréalières dans presque toutes les régions. Les confirmations obtenues lors d’entretiens avec les agriculteurs, les négociants, les entreprises de services agricoles, les ONG et le personnel de l’Institut de recherche agronomique ont été étayées par des évaluations sur le terrain, au moyen d’échantillonnages réduits et de mesures sur des parcelles entières.

Les données fournies par ces observations ont été utilisées par la mission pour ajuster les chiffres des bureaux de zone du Ministère de l’Agriculture dans les cas d’anomalies flagrantes ou d’omissions.

La mission évalue donc la production de céréales et légumineuses de la campagne "meher" 1996 à 11,7 millions de tonnes dont 42 pour cent de maïs et de sorgho. Quatre-vingt pour cent de la production nationale devrait provenir des régions d’Oromia et d’Amhara, où les pratiques agricoles, dans les grandes zones productrices, sont comparativement plus modernes. Les prix du marché communiqués à la mission et observés par elle réagissent à cette excellente récolte par une baisse de plus de 30 pour cent pour le maïs et de 5-10 pour cent pour le teff et le blé blanc dans les principales zones de production.

Les prévisions relatives à la production dépassent de 20 pour cent le chiffre révisé du Ministère de l’Agriculture pour 1995/96, calculé par les bureaux agricoles de zone une fois la récolte terminée. Ces chiffres révisés, qui ont été réunis par la mission, indiquent une production de céréales de la campagne "meher" 1995 de 9,7 millions de tonnes contre 9,1 millions de tonnes prévues par la mission de 1995. L’accroissement tient aux estimations plus élevées des rendements dans toutes les régions et à l’inclusion de données sur des régions plus reculées, non disponibles lors de la dernière mission. Ces chiffres ont été inclus dans la compilation effectuée pour 1996.

Le Tableau 1, par région, donne des estimations des superficies et une prévision de la production pour toutes les cultures céréalières et les légumineuse. On trouvera dans le Tableau 2 une comparaison avec les chiffres de l’examen réalisé après la récolte de l’année dernière. Dans tous les cas, les superficies utilisées sont fondées sur les chiffres des bureaux de zone du Ministère de l’Agriculture, réunis pendant la mission. Les rendements pour la récolte en cours ont été corrigés dans certains cas sur la base des inspections de terrain.

Tableau 1: Ethiopie - Superficie (milliers d’hectares), et production (milliers de tonnes) de céréales et légumineuses; campagne "meher" 1996/97
Région
TEFF ORGE BLE MIL AVOINE RIZ
TIGRE Super. 126.0 112.6 78.7 121.3 0.8 0.0

Prod. 59.6 84.9 61.0 61.8 0.4 0.0
AFAR Super.






Prod.





AMHARA Super. 1 004.0 536.1 461.2 231.6 36.7 0.0

Prod. 817.5 532.9 495.6 238.5 35.0 0.0
OROMIA Super. 1 020.9 576.8 715.7 69.9 30.9 0.0

Prod. 879.0 706.7 1 194.8 44.4 26.3 0.0
SOMALIE Super 0.0 5.5 9.0 0.0 0.0 0.0

Prod. 0.0 1.8 2.6 0.0 0.0 0.0
SEPAR Super. 229.4 137.9 157.6 6.1 2.9 0.0

Prod. 156.0 145.3 192.3 4.4 1.3 0.0
BENSHANGUL Super. 11.4 0.9 0.7 13.1 0.0 0.0

Prod. 6.6 0.8 0.5 7.9 0.0 0.0
DIRE DAWA Super. 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Prod. 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0
ADDIS ABEBA Super. 5.2 0.3 3.3 0.0 0.0 0.0

Prod. 6.4 0.3 4.3 0.0 0.0 0.0
GAMBELA Super. 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Prod. 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0
HARAR Super. 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Prod. 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0
ETHIOPIE Super. 2 396.9 1 370.1 1 426.2 442.0 71.3 0.0

Prod. 1 925.1 1 472.7 1 951.1 357.0 63.0 0.0

Tableau 1 (cont.)
Région
MAIS SORGHUM HAMFES TOTAL CEREALES LEGUMI-NEUSES TOTAL CER. ET LEG.
TIGRE Super. 135.7 232.3 32.5 840.0 70.2 910.2

Prod. 147.0 236.2 22.5 673.4 36.3 709.7
AFAR Super.






Prod.





AMHARA Super. 294.1 628.5 0.0 3 192.2 645.2 3 837.3

Prod. 515.0 743.5 0.0 3 377.8 430.6 3 808.4
OROMIA Super. 971.7 646.0 2.3 4 034.1 474.9 4 509.0

Prod. 1 633.6 787.4 1.6 5 273.8 339.5 5 613.3
SOMALIE Super. 27.3 43.5 0.0 85.3 0.0 85.3

Prod. 9.0 13.9 0.0 27.3 0.0 27.3
SEPAR Super. 481.3 138.7 0.0 1 154.0 198.6 1 352.6

Prod. 646.5 131.5 0.0 1 277.4 137.3 1 414.6
BENSHANGUL Super. 32.4 38.6 0.0 97.0 7.9 104.8

Prod. 35.7 36.1 0.0 87.6 4.1 91.7
DIRE DAWA Super. 1.2 10.0 0.0 11.2 0.0 11.2

Prod. 1.3 9.7 0.0 11.1 0.0 11.1
ADDIS ABEBA Super. 0.0 0.0 0.0 8.8 2.1 11.0

Prod. 0.0 0.0 0.0 10.9 1.6 12.6
GAMBELA Super. 5.6 3.1 0.0 8.7 0.2 8.9

Prod. 7.8 3.1 0.0 10.9 0.2 11.1
HARAR Super. 1.8 9.3 0.0 11.2 0.3 11.5

Prod. 3.4 7.9 0.0 11.3 0.2 11.6
ETHIOPIE Super. 1 951.1 1 750.1 34.8 9 442.5 1 399.4 10 841.9

Prod. 2 999.3 1 969.3 24.1 10 761.5 949.8 11 711.3

Note: Totaux obtenus à partir de chiffres non arrondis.

Tableau 2: Ethiopie - Production de céréales et de légumineuses; comparaison des campagnes "meher"1995/96 et 1996/97


CEREALES LEGUMINEUSES CEREALES ET LEGUMINEUSES
Région Année Superficie (en milliers d’ha) Production (en milliers de tonnes) Superficie (en milliers d’ha) Production (en milliers de tonnes) Superifice (en milliers d’ha) Production (en milliers de tonnes)
TIGRE 1995/96 798.0 549.3 70.0 31.2 868.1 580.5

1996/97 840.0 673.4 70.2 36.3 910.2 709.7
AFAR 1995/96 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

1996/97 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0
AMHARA 1995/96 3 078.2 2 710.5 588.6 338.2 3 666.7 3 048.7

1996/97 3 192.2 3 377.8 645.2 430.6 3 837.3 3 808.4
OROMIA 1995/96 3 754.8 4 287.2 451.9 303.3 4 206.7 4 590.5

1996/97 4 034.1 5 273.8 474.9 339.5 4 509.0 5 613.3
SOMALIE 1995/96 32.3 15.6 0.0 0.0 32.3 15.6

1996/97 85.3 27.3 0.0 0.0 85.3 27.3
SEPAR 1995/96 1 146.4 1 193.9 203.2 134.5 1 349.6 1 328.4

1996/97 1 154.0 1 277.4 198.6 137.3 1 352.6 1 414.6
BENSHANGUL 1995/96 98.1 87.4 7.8 4.1 105.9 91.5

1996/97 97.0 87.6 7.9 4.1 104.8 91.7
DIRE DAWA 1995/96 1.4 0.7 0.0 0.0 1.4 0.7

1996/97 11.2 11.1 0.0 0.0 11.2 11.1
ADDIS ABEBA 1995/96 8.7 11.8 2.7 2.2 11.4 14.0

1996/97 8.8 10.9 2.1 1.6 11.0 12.6
GAMBELA 1995/96 15.1 17.6 0.2 0.3 15.3 17.8

1996/97 8.7 10.9 0.2 0.2 8.9 11.1
HARAR 1996/97 10.3 12.6 0.0 0.0 10.3 12.6

1996/97 11.2 11.3 0.3 0.2 11.5 11.6
ETHIOPIE 1/ 1995/96 8 943.3 8 886.6 1 324.3 813.8 10 267.6 9 700.4

1996/97 9 442.5 10 761.5 1 399.4 949.8 10 841.9 11 711.3

1/ 1995/96 - Chiffres après récolte du Ministère de l’agriculture mis à jour et rectifiés par la mission en fonction des données fournies par les bureaux agricoles de zone.

Note: Totaux obtenus à partir de chiffres non arrondis.



3. AUTRES CULTURES


Des accroissements sensibles des superficies plantées en graines oléagineuses au nord et des rendements accrus de noug, de sésame, de graines et de fibre de lin et d’arachide annoncent une production plus élevée de graines oléagineuses pendant cette campagne "meher". Les investisseurs privés et les fermes d’État passent déjà du maïs /sorgho aux graines oléagineuses pour maintenir les revenus. Cette tendance à la diversification, bien qu’elle ne soit pas encore assez marquée pour avoir un impact significatif sur les chiffres de la production céréalière nationale, pourra s’étendre l’année prochaine aux exploitations commerciales privées plus modestes à moins d’introduire un mécanisme pour maintenir les prix des céréales au dessus du coût de production.

La production de café a accusé une baisse par rapport à l’année dernière dans les principales régions productrices de la SEPAR, à cause des fluctuations biennales et de l’incidence accrue de l’anthracnose du caféier. Par contre, le kat, la principale culture de rente de nombreuses régions orientales, a si bien poussé que les prix de cette feuille légèrement narcotique ont chuté radicalement.



4. ENSETE ET CULTURES DE PLANTES RACINES


Le flétrissement bactérien de l’ensète continue de réduire les rendements bien que l’impact de la maladie ne soit pas encore exactement connu. Les agriculteurs des régions de Kofélé et d’Oromia où les rendements seraient inférieurs de 50 pour cent à la normale, ont reçu le conseil de s’établir sur de nouvelles terres. La désinfection reste la principale méthode de protection contre la maladie. Malgré une série d’études indépendantes, la contribution de cette culture à l’économie nationale et les raisons des changements apportés au cycle de production restent vagues. L’augmentation de la production et/ou la baisse des prix céréaliers devraient encourager les planteurs d’ensète à laisser intacts un plus grand nombre de leurs arbres cette année, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire à long terme des ménages. La production de plantes racines a profité dans l’ensemble de la bonne répartition des pluies et de l’abondance de matériel de semis après la bonne récolte de l’année dernière.



5. SITUATION DE L’ELEVAGE


Étant donné la bonne répartition des pluies "belg", la fusion des deux saisons "belg" et "meher" et la poursuite des pluies pendant toute l’année dans la plupart des régions, le bétail, qui avait conservé l’acquis de conditions satisfaisantes en 1995, est apparu dans un état semblable voire meilleur que pendant la mission de l’année dernière. L’abondance des pâturages herbacés et aériens et des sous-produits de céréales permet d’envisager que dans la plupart des régions, l’état des animaux restera bon. La mission a eu confirmation de cette situation par le nombre accru de présentations d’animaux d’embouche sur les marchés, ce qui a fait baisser les prix aux niveaux de l’année dernière dans toutes les régions sondées du Gondar Nord au Bale).

Dans les zones très peuplées où l’accès aux pâturages et aux arbres et arbustes fourragers est limité, l’état du bétail était nettement moins brillant. Des aliments de remplacement ont dû être utilisés dans ces régions comme par exemple dans le Wollo du Sud et du Nord et au Gondar Sud, et de plantules tirées de l’éclaircissage du maïs et du sorgho avant la récolte ont été utilisés pour nourrir les gros ruminants, ce qui prouve la confiance dans la récolte, même dans les régions "vulnérables".

Réciproquement, les pluies qui ont fourni du fourrage en quantités suffisantes ont aussi favorisé le développement des parasites dans les pâturages sujets à l’engorgement et ont encouragé la propagation de la mouche tsé-tsé dans les terres basses, sujettes à la trypanosomiase. Dans ces deux circonstances, le manque d’accès aux produits de prévention et de traitement, dû à des disponibilités insuffisantes et à la hausse des prix, suscite des inquiétudes et entraînera une détérioration de l’état du bétail dans ces régions l’année prochaine. Aucune autre alerte significative n’a été notée par la mission, et aucun foyer important de maladie n’a été communiqué par les zootechniciens des bureaux de zone.



6. SITUATION PAR REGION



6.1 Tigré

Le Tigré, divisé en quatre zones administratives, est la région la plus septentrionale de l’Éthiopie, faisant frontière avec le Soudan et l’Erythrée. Cette année, les superficies plantées en céréales et légumineuses, soit 0,91 millions d’hectares, représentent 6 pour cent de plus par rapport à l’année dernière à cause de l’augmentation des superficies ensemencées dans les régions occidentale, centrale et orientale en réponse à la situation encourageante des pluies qui ont débuté tôt dans l’année. En outre, les opérations des investisseurs commerciaux ont considérablement accru la surface consacrée aux graines oléagineuses dans la région occidentale. Malheureusement, dans de nombreux villages appartenant à trois districts de la zone orientale, et à deux districts de la région méridionale, le début prometteur des pluies "belg" a été contrasté au mois de juin par l’intermittence des précipitations, qui a retardé la campagne "meher". La campagne a été encore écourtée par un arrêt prématuré des pluies dans la troisième décade de septembre dans les régions centrale et orientale.

Cependant, avec des pluies de l’ordre de 1 000 mm, l’absence de ravageurs migrateurs, l’incidence réduite de maladies et une utilisation accrue d’engrais, de 4 400 tonnes à 6 246 tonnes, soit 40 pour cent, une augmentation de 22 pour cent de la production de céréales et de légumineuses est estimée. Une partie de cette augmentation, 56 pour cent, est due à l’expansion de la production de maïs et de sorgho dans la région occidentale. Les rendements moyens ont augmenté dans les quatre régions mais varient encore, de l’Est à l’Ouest, dans une fourchette allant de 0,33 tonnes par hectare (teff) à 1,2 tonnes par hectare (maïs). Dans ces conditions, la récolte de céréales et légumineuses devrait attendre au total 710 000 tonnes sur 910 000 hectares.

6.2 Afar

La région d’Afar, située au nord-est de l’Ethopie, est constituée avant tout d’un bas plateau où vivent des éleveurs de dromadaires et de petits ruminants. Les précipitations sont d’ordinaire inférieures aux besoins des cultures céréalières. Cependant, l’on y pratique la production de céréales irriguées au moyen de petits ouvrages qui canalisant l’eau de ruissellement de la montagne vers de petits périmètres de production. Comme l’an dernier, la mission n’a pu se procurer aucun chiffre sur la production dans la région. Il est recommandé que la FAO et le PAM envoient un mission locale conjointe dans la région d’Afar au début de 1997, pour déterminer l’état des pâturages herbacés et aériens et pour estimer l’étendue de la production céréalière.

6.3 Amhara

La région, subdivisée en dix zones administratives, comprend 5 zones agro-écologiques à des altitudes allant de 700 à plus de 4 000 mètres. Ainsi, le profil de la production est, lui aussi, très varié en ce qui concerne les types de cultures, les rendements et les contraintes.

La campagne "meher" a été caractérisée par quatre grands phénomène: des pluies précoces, abondantes et bien réparties, des foyers limités de chenille légionnaire qui ont été efficacement enrayés par des équipes de district chargées de la pulvérisation et de fortes pluies en mai; des stocks suffisants de semences de report dans les exploitations, permettant un accroissement de 5 pour cent des surfaces ensemencées, et une augmentation de 7,6 pour cent de l’utilisation d’engrais.

Plus précisément, la surface cultivée a augmenté partout dans la région sauf dans le Gondar Sud, le War Hamra et l’Oromia où des réaménagements du territoire opérés l’année dernière ont chaque fois réduit l’étendue des terres agricoles.

Les pluies "belg", arrivées tôt, ont encouragé les labours et la plantation de cultures à tige à maturation tardive, parfois avec trois ou quatre semaines d’avance sur la période habituelle. De fortes pluies en mai, utiles pour combattre la chenille légionnaire, ont entraîné un engorgement ou des inondations dans certains sols d’argile lourde des hautes terres ce qui a, par endroits, retardé les semis et entravé le développement des cultures.

De violentes averses de grêle ont occasionné des dégâts aux cultures dans quatre zones, mais l’effet n’a été généralement que temporaire et les plantes ont récupéré. Avec les pluies qui ont continué pendant la première décade d’octobre dans huit à dix zones, l’avantage du début précoce de la campagne a été maintenu dans la plupart des cas. Seules certaines zones du Shoa Nord et de l’Oromia ont pu en souffrir au moment du remplissage des grains des cultures tardives, mais dans les deux zones, les campagnes "meher" et "belg" semblent avoir été contiguës, offrant aux agriculteurs des options diverses pour la plantation et atténuant ainsi l’impact éventuel de l’arrêt prématuré des pluies.

En ce qui concerne les ravageurs et les maladies, aucun incident grave lié aux migrateurs nuisibles n’a été noté. Des foyers de chenille africaine se sont déclarés dans la plupart des zones mais ont été résolus par une intervention rapide et les pluies. Huit aires de rassemblement de quéléas dans trois districts, détruites par les équipes de pulvérisation de l’OLCP/EA pendant la mission, n’ont pas été considérés comme une menace à la récolte de cette année. Parmi les ravageurs non migrateurs, les plus inquiétants ont été le grillon des broussailles du Wollo, les térébrants des tiges (maïs et sorgho) et la mouche des pousses (teff et orge). A l’exception du premier, qui a touché 6 000 hectares de cultures dans le Wag Hamra, le Wollo Nord et le Gondar Sud, aucune autre infestation de ravageurs de la région n’a été considéré comme revêtant une importance économique. Les maladies de végétaux ont été limitées à quelques épisodes localisés de rouille du blé et de l’orge. Toutefois aucune mesure n’a été prise par les équipes de protection phytosanitaire car les infestations n’ont pas été considérées comme suffisamment graves pour justifier une intervention.

Dans des conditions aussi favorables à la croissance végétative dans toute la région, la mission a enregistré une inquiétude constante face à la concurrence des adventices. Les agriculteurs ne possédant qu’un boeuf, ou aucun, qui n’ont pu travailler la terre de façon optimale, y ont été particulièrement vulnérables. La nécessité, plus impérieuse durant cette campagne, d’éliminer les mauvaises herbes a soumis la main d’oeuvre des exploitations familiales à de lourdes obligations, souvent en conflit avec le calendrier d’autres travaux importants; par exemple, un deuxième sarclage du maïs s’est imposé alors que devaient être semées les céréales à cycle court. En conséquence, la demande des agriculteurs en herbicides a été plus élevée que celle de tous les autres intrants à l’exception des engrais.

Les ventes d’engrais dans la région ont augmenté de 7.6 pour cent, atteignant 62 500 tonnes. L’accroissement est probablement dû au traitement de 44 000 hectares supplémentaires au DAP après que la surface totale des parcelles exploitées dans le cadre du Programme national de vulgarisation ait été décuplée. Cette années, quelque 87 000 parcelles de 0,5 hectares, consacrées aux principales céréales, ont été cultivées sous son contrôle, ce qui indique une expansion de 40 000 hectares depuis l’année dernière. Les rendements de ces parcelles l’année passée allaient de 2,4 tonnes par hectares (teff) à 8 tonnes par hectare (maïs). L’accroissement de la surface cultivée dans ce cadre aura contribué de manière importante à l’amélioration de la production dans la région.

Les chiffres décevants en ce qui concerne l’utilisation d’engrais par les agriculteurs en dehors du Programme national de vulgarisation ne sont pas dus exclusivement aux difficultés de livraison mais aussi à des changements dans l’organisation des services de crédit. Dans toute la région, de nouvelles modalités d’offre de crédit, fondées sur la responsabilité collective, ont été introduites, généralement après la date des premières plantations. Ainsi, en raison des délais nécessaires à la formation des groupes et la présentation de la demande, les emprunts contractés par des agriculteurs n’adhérant pas au Programme national de vulgarisation ont été limités.

En conséquence de ce qui précède, la mission prévoit une augmentation de la production de céréales et légumineuses dans la région d’environ 25 pour cent, grâce à une amélioration de 19 pour cent des rendements et à une surface accrue de 5 pour cent, qui donnera une récolte de 3.8 millions de tonnes de céréales et légumineuses pour un total de 3,8 millions d’hectares.

6.4 Oromia

Oromia, la région la plus vaste, est une masse de terre en forme de "T", située dans le centre et le sud de l’Éthiopie, qui s’étend d’ouest en est et au sud, vers les frontières du pays avec le Soudan, la Somalie et le Kenya respectivement. La région est divisée en douze zones dont les dimensions et le potentiel de production varient. Les plus importantes du point de vue agricole sont l’Arsi, et le Shoa Est et Ouest qui représentent généralement environ 50 pour cent de la production de céréales et légumineuses de la région, et plus de 50 pour cent des récoltes nationales de blé et d’orge.

Dans toute la région, les pluies "belg" ont été précoces, bien réparties et abondantes, donnant lieu à une bonne récolte "belg" dans les zones où les cultures plantées avant février /mars sont récoltées avant fin août. Selon la pratique habituelle, les récoltes effectuées après cette date sont incorporées aux prévisions de la campagne "meher" 1996.

Comme cela s’était produit l’année dernière, dans les régions sans récolte "belg", les bonnes pluies "belg" ont à la fois permis d’avancer le travail des terres et favorisé l’accroissement de 10 pour cent des surfaces plantées en maïs et sorgho.

Dans toutes les principales zones de production, le régime des pluies a suivi la moyenne à long terme, et une fusion s’est opérée dans les régions d’Illubabor, de Jimma, du Wellega Ouest, des Shoas et d’Arsi. Dans l’Hararghe Est et Ouest, une période de plus grande sécheresse début juin a fait la scission entre les deux campagnes mais l’humidité est restée satisfaisante pour un bon développement initial des cultures dans la deuxième campagne. En conséquence, la mission a observé d’excellentes récoltes dans la plupart des zones. Les hauts rendements de l’année dernière s’expliquent aussi par la quasi-absence de migrateurs nuisibles. Quelques foyers de chenille légionnaire ont été efficacement enrayés par des équipes de pulvérisation et par le temps. De même, pendant la mission, des invasions de quéléas, dans le Shoa Est, ont été combattues par pulvérisation, et jugées inoffensives pour la récolte.

Dans une région aussi vaste que l’Oromia, le résumé qui précède dissimule nécessairement de nombreux problèmes localisés. Les termites, identifiées l’année dernière comme le principal ravageur dans le Wellega Ouest ont continué de représenter un problème cette année, car aucune mesure efficace de lutte n’a été introduite. Egalement, les animaux sauvages dans les régions forestières ou voisines de la forêt, ont représenté une menace continue, nécessitant la présence de patrouilles de jour et de nuit, de la levée des semis jusqu’à la récolte. La distribution et les ventes d’engrais, chiffrées à 133 000 tonnes, soit environ 53 pour cent de la consommation nationale déçoit par une augmentation de 2 pour cent seulement depuis l’année dernière. L’explication la plus plausible est que, suite à la réorganisation des services de crédit au moment des semis, moins de crédit était disponible pour les premières plantations. Dans quelques zones, les ventes en espèces ont également été découragées et l’on espérait qu’en limitant l’accès aux agriculteurs qui souhaitaient payer comptant, les agriculteurs ayant d’anciennes dettes seraient forcés de les régler avant de pouvoir se procurer leur engrais habituel. En réalité, cela peut avoir favorisé un marché noir de plus en plus prospère qui permet aux agriculteurs sans dette d’acheter à crédit et de revendre comptant à de gros exploitants endettés. Ces pratiques semblent être courantes dans la principale région productrice d’orge et de blé, où la location de service mécanisés à grande échelle pour le labour et la récolte a été également notée.

Un engorgement localisé dans les régions d’Illubabor et Jimma a retardé le travail de la terre et réduit les rendements de maïs dans quelques districts de montagne. Des dégâts causés par la grêle et la tempête plus avant dans la saison ont eu localement un effet perturbateur. Cependant, les avantages des bonnes pluies ont plus que compensé les inconvénients pour ce qui est de la production telle que reflétée par la chute de 30 pour cent (maïs) et de 10 pour cent (blé) des prix (au début de la récolte) par rapport aux prix de l’année dernière dans les mêmes zones.

En conséquence de ce qui précède, la mission prévoit une récolte de 5.6 millions de tonnes de céréales et légumineuses sur 4,5 millions d’hectares, ce qui dépasse de 22 pour cent les chiffres révisés du Ministère de l’Agriculture pour l’année dernière.

6.5 SEPAR

Située dans le sud et le sud-ouest de l’Ethiopie, la région sous administration des populations du sud d l’Ethiopie (SEPAR) comprend 11 zones et 5 "woredas" spéciaux dont bon nombre a connu, l’année dernière, un changement des frontières administratives de zone. La frontière de la région précédemment connue comme SEPAR est restée la même. De très bonnes pluies, arrivées tôt, se sont maintenues pendant toute la campagne "belg" donnant lieu à une bonne récolte dans toutes les zones de production "belg". Dans la plupart des zones, à l’exception de quelques districts dans le Sidama et le Gedio, les pluies "belg" ont fusionné avec les premières pluies "meher", et créé une saison végétative continue, mais elles ont limité les possibilités d’effectuer les labours à temps et de semer le maïs et le sorgho en début de campagne dans certaines hautes terres argileuses, réduisant les surfaces consacrées aux cultures à cycle long dans ces zones. En revanche, dans les basses terres, les agriculteurs ont profité des conditions exceptionnelles pour accroître les superficies plantées en cultures à tige à cycle long.

Les autres facteurs influant sur les surfaces et les rendements des cultures de en céréales et légumineuses ont été limités. La présence de migrateurs nuisibles n’a pas été relevée et malgré les pluies ininterrompues, les maladies des céréales et des légumineuses n’ont pas été plus agressives que l’année précédente. De nouveau, les animaux sauvages dans les zones forestières et voisines de la forêt ont été considérés comme la menace la plus grave, nécessitant la surveillance des cultures 24 heures sur 24, de la levée des semis à la récolte. Cette lourde contrainte sur la main d’oeuvre familiale doit être évaluée et il faudra chercher d’autres solutions telles que les champs communaux et l’installation de clôtures ou de haies constituant des barrières efficaces.

L’autre grand problème rencontré par les cultivateurs de céréales cette année a été la concurrence des adventices, qui a exercé une pression accrue sur la main d’oeuvre pendant la récolte du café et au moment des semis pour les cultures plantées plus tardivement. Les zones de culture du teff, du blé et de l’orge dans les terres de moyenne et haute altitude ont été particulièrement touchées par ce problème, au point qu’il a provoqué une réduction des rendements. A l’exception de la zone de Hadiya, l’utilisation d’engrais est encore restreinte et pour cause, les précipitations étant garanties dans la plupart des zones. Il n’en reste pas moins que l’augmentation des ventes, 13 pour cent par rapport à l’année dernière, est largement supérieure à celle d’autres régions.

Étant donné la longueur de la période végétative, la plupart des zones offrent la possibilité de cultiver une grande variété de plantes racines de tubercules et de cultures de rente dont les plus importantes sont le caféier et l’ensète. Cette année, ces deux cultures ont souffert de maladies qui ont entamé les rendements et les revenus. Pour le café, les attaques d’anthracnose du caféier ont été exacerbées par la réticence des agriculteurs à acheter des produits chimiques phytosanitaires. Quant au flétrissement bactérien de l’ensète, bien que l’agent pathogène de la maladie soit connu, il n’existe pas encore de procédures efficaces de prévention et de traitement. En outre, les planteurs de café sont confrontés à une baisse de revenus due à une chute de plus de 30 pour cent des prix de ce produit.

L’état du bétail dans les zones situées en altitude a été excellent pendant toute la saison tandis que la trypanosomiase fait encore des ravages dans les terres basses vulnérables à la mouche tsé-tsé. Aucun autre foyer important n’a été noté et les prix ont été soit stables ou en légère diminution car les présentations d’animaux sur les marchés ont été plus nombreuses.

En conséquence, la mission prévoit une légère augmentation de la production par rapport à la bonne récolte de l’année dernière, pour une surface a peu près équivalente, soit 1,4 millions de tonnes de céréales et légumineuses sur 1,4 millions d’hectares.

6.6 Benshangul, Gambella, Harar, Dire Dawa, Addis Abeba, Somalie

Dans le cadre de l’amélioration globale de la communication des donnée, les équipes ont visité Benshangul et Gambella et des visites d’évaluation distinctes ont été effectuées à Harar et à Addis Abeba.

Benshangul: Des données obtenues de trois zones indiquent que les pluies, qui sont arrivées tôt, ont été bien réparties sur toute la campagne et suffisantes pour la production "meher" dans chaque zone. L’absence complète d’engrais, de semences améliorées et de crédit indique que les agriculteurs sont entièrement tributaires des semences et des systèmes de production locaux. Dans ces conditions, la production de céréales et de légumineuses est estimée à 92 000 tonnes pour 105 000 hectares. Ces chiffres sont considérablement supérieurs à l’estimation faite par la mission l’année dernière.

Gambella: Sans semences améliorées, sans engrais, avec une traction animale limitée et pas d’accès aux produits phytosanitaires commerciaux, la production traditionnelle au Gambella repose sur l’association des cultures sur berge utilisant l’eau résiduelle des inondations et de la pratique du brûlis dans l’intérieur. En outre, les agriculteurs en attente de s’établir ailleurs et les fermes d’Etat produisent du riz, du sorgho et du coton. Cette année, les fortes inondations ont dévasté 50 pour cent des cultures dans les zones d’Etang et d’Adoba. En conséquence, les estimations de la production sont en baisse de 37 pour cent, avec quelque 11 000 tonnes de céréales et légumineuses pour 9 000 hectares.

Harar: L’utilisation relativement élevée d’urée dans la région dénote un intérêt plus marqué pour la matière végétale que pour les semences. La production de kat est si élevée cette année, en raison des pluies "belg" et "meher" bien réparties et abondantes, que les prix ont chuté abruptement. La production de céréales et légumineuses de cette région, sur la base de données du Ministère de l’agriculture et de la DPPC est prévue à 11 600 tonnes pour 11 500 hectares.

Dire Dawa: Les chiffres de source Ministère de l’Agriculture/DPPC indiquent une augmentation de la surface plantée en sorgho qui est probablement due à une meilleure communication des données. La récolte prévue de céréales et légumineuses pour la région est de 11 000 tonnes pour 1 200 hectares.

Addis Abeba: Les données relatives à la production de céréales et légumineuses de la région 14 (Addis Abeba) ont été fournies par le Ministère de l’Agriculture et la DPPC pour 1995 et 1996 à la fois. Ils estiment une récolte de 12 500 tonnes de céréales et légumineuses à partir de 11 000 hectares.

Somalie: Les chiffres Ministère de l’Agriculture/DPPC fournis à la mission montrent une grande expansion des surfaces plantées en sorgho (due probablement à des rapports plus fidèles) et une réduction radicale du rendement de toutes les cultures céréalières de la campagne "meher" 1996. Ces réductions ne correspondent pas à la tendance normale mais l’équipe n’ayant pu visiter les zones de Jiiga et Gode en Somalie, aucune autre information n’est disponible. Les estimations régionales de la production sont de 27 300 tonnes de céréales et de légumineuses pour 85 300 hectares.



7. RECOLTE "BELG" DE 1996


En accord avec la procédure adoptée lors des missions précédentes, la récolte "belg" de l’année courante (1996) n’est pas incluse dans l’analyse relative à l’offre et à la demande car elle est censée avoir été consommée pendant la période qui précède le moment où la récolte "meher" devient disponible. Par conséquent, c’est la récolte "belg" 1997 qui est reportée dans le bilan de la mission. Ce nonobstant, la saison "belg" précédente joue aussi un rôle important dans la sécurité alimentaire de l’années suivante puisque les stocks des exploitations, l’état du bétail et les conditions végétatives, l’énergie et l’enthousiasme des agriculteurs seront influencés par ses forces et ses faiblesses. La récolte "belg" 1996 a été bonne partout, avec des estimations nationales qui varient entre 300 000 tonnes et 440 000 tonnes de céréales selon les sources et les définitions. Il est clair qu’une partie au moins de la récolte "belg" sera disponible pour la consommation en 1997. Para exemple, pendant les visites de terrain, la mission a pu observer le battage de l’orge "belg" dans l’une des principales zones de production "belg" (Bale) et les entretiens avec les agriculteurs ont confirmé que cette pratique est loin d’être exceptionnelle.

Par souci de continuité, la mission désigne par "récolte belg" les cultures qui poussent et sont récoltées avant la fin du mois d’août. En tant que telles, la plus grande partie du maïs et du sorgho semé pendant la campagne belg" est considérée comme un culture "meher". Sous réserve de ce qui précède, la récolte 1997 devrait atteindre 290 000 tonnes de céréales et 25 000 tonnes de légumineuses.

Les stocks de report de céréales et de légumineuses de la campagne "belg" 1996 figurent dans le bilan comme stocks à l’exploitations.



8. SITUATION DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES



8.1 Situation et prix du marché céréalier

Le niveau des prix des céréales et légumineuses est actuellement plus bas que l’année précédente pour la deuxième année consécutive.

Cette tendance à la baisse reflète: (i) des augmentations substantielles de la production de céréales pendant les campagnes agricoles 1995/96 et 1996/97; (ii) le niveau actuellement élevé des stocks de report des campagnes 1995/96.

La Réserve nationale de sécurité alimentaire de céréales se situe actuellement autour de 295 000 tonnes, quantité très proche de l’objectif de 307 000 tonnes.

Les autres stocks de céréales vivrières au 31 décembre 1996 devraient atteindre approximativement 530 000 tonnes de céréales et 11 000 tonnes de légumineuses, notamment:

a) 115 000 tonnes de céréales et 11 000 tonnes de légumineuses invendues détenues par l’Ethiopian Grain Trading Enterprise (EGTE).

b) 42 000 tonnes de stocks invendus dans les fermes d’Etat, ce qui représente près de 30 pour cent de leur production totale de céréales de 1995/96.

c) 150 000 tonnes estimées de maïs, détenues par les agriculteurs (équivalentes à un mois de disponibilités intérieures dans les zones production excédentaires) et 50 000 tonnes d’autres céréales stockées dans les exploitations.

d) 171 000 tonnes de stocks d’aide alimentaire y compris les quantités confirmés, attendues avant la fin de l’année.

Les enquêtes de marché indiquent que les produits offerts par les agriculteurs et les négociants sont surtout le plus souvent ceux de la récolte de l’année dernière. A tous les niveaux, la nécessité de vider les entrepôts en vue de la nouvelle récolte et la nécessité de se procurer du liquide ont un fort effet de déflation sur les prix du maïs qui sont actuellement quelque 30 pour cent inférieurs par rapport à la même période l’année dernière, allant de 35 birr le quintal dans le sud/sud-ouest à environ 70 birr le quintal au nord.

Ces disparités régionales reflètent les schémas de production. Les mauvaises communications, notamment dans les zones éloignées des routes principales, la faiblesse des infrastructures de commercialisation et l’absence d’une industrie fourragère utilisant les céréales exacerbent les différences. Ainsi, les stock de maïs s’accumulent dans les principales régions excédentaires et les prix baissent plus que pour les autres denrées alimentaires.

La faiblesse des prix du maïs posera un problème aux agriculteurs qui se sont endettés pour acheter des engrais. La chute des prix les oblige à vendre de plus grandes quantités de maïs pour obtenir de quoi rembourser le crédit. Dans certains cas, les rendements sont trop faibles pour leur permettre de couvrir à la fois leurs besoins de consommation et de rapport. Ainsi leur capacité de remboursement suscite des craintes et nombre d’observateurs prévoient une augmentation du taux de non recouvrement des prêts pour achat d’intrants. En outre la faible rentabilité du maïs aura sur ces agriculteurs un effet dissuasif qui risque de se répercuter sur la prochaine récolte de maïs. Les prix des autres céréales n’ont pas baissé aussi radicalement que ceux du maïs. Pour le blé, l’orge et le teff, la diminution n’est que de 5 à 10 pour cent par rapport à l’année dernière, et traduit les préférences de consommation à l’échelle nationale et une moindre augmentation de la production.

8.2 Analyse de l’offre et de la demande

Les prévisions concernant les disponibilités et l’utilisation des céréales et légumineuses figurent au Tableau 3.

La production de céréales et de légumineuses pour la campagne de commercialisation de 1997 (janvier-décembre 1997) est estimée à 12 millions de tonnes dont 11,7 millions de tonnes pour la récolte de la campagne principale "meher" et 315 000 tonnes qui constituent l’estimation provisoire de la campagne secondaire "belg" dont la récolte devrait avoir lieu au premier semestre 1997. L’estimation de la récolte "belg" tient compte des dernières enquêtes menées par le Ministère de l’Agriculture et par des sources indépendantes ainsi que des observations de la mission qui démontrent que bien qu’une grande partie des céréales secondaires soient semées pendant la saison des pluies "belg", elles sont en réalité récoltées au cours du dernier trimestre de l’année, ne devenant ainsi disponibles pour la consommation que l’année suivante.

Les stocks de céréales vivrières du pays au 31 décembre 1996 sont projetés à quelque 539 000 tonnes, y compris 528 000 tonnes de céréales et 11 000 tonnes de légumineuses. Ceci inclut environ 200 000 tonnes de stocks de report que détiennent les agriculteurs et les négociants privés, 42 000 tonnes de stocks invendus détenus par les fermes d’Etat, 126 000 tonnes de l’EGTE et 171 000 tonnes d’aide alimentaire. Cependant, ces stocks de report n’incluent pas la Réserve de sécurité alimentaire d’urgence (EFSR) qui représente avec ses 295 000 tonnes, près de deux semaines de ravitaillement de la population.

Par conséquent, la disponibilité totale de céréales vivrières est estimée à un niveau record de 12,5 millions de tonnes qui seront plus que suffisantes pour couvrir les besoins de consommation en 1997.

La mission estime que la demande de céréales vivrières en 1997 continuera de progresser selon une tendance apparue après la bonne récolte de 1995/96. Un analyse rétrospective de la campagne de commercialisation de 1996, fondée sur des chiffres révisés de la production et sur les estimations courantes des stocks de report en fin d’année, indique une augmentation d’environ 6 pour cent de la consommation apparente de céréales qui passe à 130,8 kg par habitant et par an, alors que la tendance à long terme est de 123 kg.

La mission estime qu’en raison de l’accroissement des disponibilités en 1997 et de la forte réduction des prix, la consommation moyenne annuelle par habitant gagnera encore 3,4 pour cent pour les céréales, atteignant 135,3 kg, et passera de 12 kg à 13,2 kg pour les légumineuses. Il est estimé que les céréales vivrières fournissent 70 pour cent de l’apport énergétique total de la population éthiopienne; la consommation d’ensète, de plantes racines, de lait et de viande fournit le complément nécessaire à la couverture des besoins nutritionnels minimums. Les conditions particulièrement favorables à ces cultures en 1996/97 et le bon état du bétail garantissent des disponibilités plus que suffisantes pour satisfaire ces besoins de consommation.

Sur la base d’une population estimée à 58.4 millions d’habitants en 1997, les besoins en céréales vivrières se monteront au total à 7,9 millions de tonnes de céréales et 770 000 tonnes de légumineuses.

Etant donné l’augmentation des stocks dans les exploitations et la perspective d’avoir à écouler des céréales détériorées datant de l’ancienne récolte, la consommation d’aliments pour animaux à base de céréales devrait augmenter de 20 pour cent environ. Ceci inclut l’aviculture moderne, dont les élevages sont estimés 2 millions d’oiseaux qui consomment 73 000 tonnes au moins de céréales par an, et encore la population des élevages aviaires traditionnels, estimée à un minimum de 20 millions d’oiseaux, les bêtes de somme et une industrie d’embouche bovine, modeste mais en plein essor, à proximité des agglomérations principales telles que Nazareth et Bahidar.

Les autres utilisations (semences, drêches, et pertes après récolte) devraient connaître un accroissement de plus de 30 pour cent par rapport aux estimations de l’année passée, pour atteindre 2,0 millions de tonnes. Les besoins totaux de semences de céréales sont évalués aux environs de 544 000 tonnes, soit approximativement 6 pour cent de plus qu’en 1996/97, ce qui laisse prévoir une expansion équivalente de la surface plantée en céréales en 1997/98. Les deux tiers de la production de mil et une part importante de la production d’orge et de sorgho seront sans doute utilisées par la brasserie, pour un total de 348 000 tonnes. L’on s’attend à une augmentation considérable des pertes après récolte cette années, jusqu’à 1,1 millions de tonnes, à cause de l’humidité ambiante et du fait que bonne partie de la récolte de maïs de l’année dernière est entreposée dans des conditions très précaires et se détériorera fortement. Les pertes de maïs sont estimées à 25 pour cent des disponibilités totales. Les pertes après récolte de blé et d’orge sont évaluées à 7 pour cent. Les pertes de teff ne devraient pas dépasser le taux minimal de 1 pour cent.

La mission prévoit un accroissement important des exportations à destination d’autres pays, qui se monteront à 400 000 tonnes environ. Divers facteurs détermineront cette tendance. Le premier, et le plus important, est la très forte incitation à exporter des céréales cette année, en raison de l’écart de prix entre l’Ethiopie et les pays voisins. Deuxièmement, les stocks et la production de céréales sont abondants en Ethiopie, alors que des pays voisins connaîtront un déficit céréalier important. L’Erythrée présente des besoins totaux d’importation de 300 000 tonnes environ et les négociants éthiopiens sont les fournisseurs traditionnels de ce pays en céréales. Les exportations se poursuivront aussi probablement à partir des régions méridionales, excédentaires en maïs ,vers le Soudan où la production continue d’être compromise par la guerre civile. Les mauvaises récoltes successives dans le nord et l’est du Kenya réduiront vraisemblablement la production totale de maïs de 18 pour cent et celle de sorgho de 25 pour cent. Les besoins totaux d’importation de céréales au Kenya devraient dépasser 1 million de tonnes, dont 600 000 tonnes de maïs. De plus, les prix du maïs ont augmenté dernièrement entre 35 et 70 pour cent ce qui, pour l’Ethiopie, rend plus attrayante encore l’exportation de cette denrée. Bien que le Gouvernement du Kenya ait officiellement interdit l’importation de maïs, des rapports indiquent que les échanges transfrontaliers se sont poursuivis officieusement avec l’Ethiopie et d’autres pays voisins. L’Ouganda a connu aussi une récolte inférieure à la moyenne.

Etant donné les 100 000 tonnes qui viennent alimenter les stocks de report, la mission estime que l’utilisation totale des céréales vivrières en 1997 se chiffrera à 12,1 millions de tonnes, contre une disponibilité de 12,5 millions de tonnes. Un excédent de 492 000 tonnes sera donc disponible pour les achats locaux de denrées alimentaires et les opérations triangulaires soutenues par les donateurs

Aucune importation de céréales n’est recommandée en 1997.

Tableau 3: Ethiopie: bilan des céréales et des légumineuses en 1997 (janvier/décembre) (en milliers de tonnes)

Céréales Légumineuses Total
1. Disponibilités intérieures 11 579 986 12 565
2. Production


- Meher 1996/97 10 761 950 11 711
- Belg 1997 290 25 315
3. Stocks d’ouverture 528 11 539
4. Utilisation totale 11 087 986 12 073
5. Utilisation vivrière 7 896 770 8 666
6. Utilisation fourragère 180 0 180
7. Exportations 400 0 400
8. Autres utilisations et pertes 2 011 166 2 177
9. Stocks de clôture 600 50 650
10. Excédent(+)/Déficit(-) 492 0 492

8.3 Besoins d’aide alimentaire

En 1997, l’Ethiopie aura un excédent de céréales et légumineuses estimé à 492 000 tonnes. Cela suppose qu’aucune importation de céréale ne sera nécessaire pour satisfaire la demande solvable et, partant, que l’aide alimentaire exclura la fourniture de céréales.

Cependant, les moyennes nationales dissimulent le fait qu’un certain nombre de régions et de zones ont encore un déficit vivrier et que pour un grand nombre d’habitants de ces régions, l’accès à la nourriture reste un problème. A cause de la taille relativement réduite des exploitations, de la faible productivité des terres, de revenus minimes et de la difficulté, pour les agriculteurs de subsistance, d’accéder aux intrants et à la technologie, de nombreux habitants des zones traditionnellement déficitaires, au Tigré, dans le Wollo, le Wag Hamra et l’Omo Nord, n’arrivent pas à produire suffisamment. Ils ne sont pas non plus en mesure de trouver d’autres sources de revenus (vente de bétail, de miel, migration saisonnière, revenus non agricoles) pour acheter des denrées sur le marché. Alors que le chiffre de la production alimentaire des régions mentionnées ci-dessus est en progression de 20 à 36 pour cent par rapport à l’année dernière, un grand nombre de ménages continuent d’éprouver un déficit vivrier structurel. Ils vivent en état d’insécurité alimentaire et nécessitent donc un transfert de revenus (aide alimentaire) pour subsister.

En outre, particulièrement dans les hautes terres, et malgré un régime pluviométrique globalement satisfaisant, certains "woredas" ont souffert de problèmes localisés, notamment un arrêt prématuré des pluies, des averses de grêle et dans certains cas l’absence totale de pluie. A leur insécurité alimentaire chronique, doublée d’un déficit vivrier, sont venus s’ajouter des épisodes d’insécurité alimentaire conjoncturelle.

La plupart des besoins d’aide alimentaire pour 1997 sont essentiellement liés à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire structurelle, qui dans un certain nombre de cas a été aggravée par de mauvaises conditions météorologiques. Dans trois cas (Gambella, Hadya et Aba Minch), l’aide alimentaire est nécessaire pour atténuer l’impact des inondations.

La mission estime que 1,9 millions de personnes devront recevoir au total 186 000 tonnes d’aide alimentaire d’ici la prochaine récolte. Globalement, cela représente près de 64 pour cent des chiffres de l’année dernière et inclut un stock opérationnel de 30 000 tonnes.

Le Tableau 4 détaille le nombre de bénéficiaires et les quantités d’aide alimentaire par zone, qui permettent de chiffrer le montant total.

Tableau 4: Ethiopia - Besoins d’aide alimentaire en 1997
Région Besoins d’aide alimentaire (en tonnes) Nombre de bénéficiaires Allocation annuelle individuelle (kg)
Tigré Centre 12 900 172 000 75
Tigré Est 18 000 240 000 75
Tigré Sud 12 000 160 000 75
Tigré Ouest 2 250 30 000 75
Total Tigré 45 150 602 000 75
Gondar Nord 7 200 80 000 90
Gondar Sud 2 430 27 000 90
Wollo Nord 17 100 190 000 90
Wollo Sud 16 470 183 000 90
Wag Hamra 9 450 105 000 90
Oromia 2 635 44 000 60
Shoa Nord 1 365 45 500 30
Total Amhara 56 650 674 500 84
Hararghe Ouest 2 700 30 000 90
Hararghe Est 3 870 43 000 90
Omo Nord 8 100 180 000 45
A/Minch Zuria 1 800 30 000 60
AKT 1 800 20 000 90
Guraghe 1 680 28 000 60
Hadiya 3 600 80 000 45
Gambella 4 000 113 000 35
TOTAL PARTIEL 129 350 1 800 500 72
Personnes déplacées/démunies 19 170 142 000 135
Imprevus (5 % suivi rapproché) 7 480

Stock opérationnel 30 000

GRAND TOTAL 186 000

8.3.1 Méthode d’évaluation des besoins

Dans le processus d’évaluation des besoins alimentaires, la mission a largement consulté la DPPC et, sur le terrain, ses bureaux régionaux et de zone, les administrations des "woredas", les agriculteurs et leurs associations, les ONG. Les évaluations fournies par les régions, les zones et les "woredas" ont été examinées et ajustées pour tenir compte des estimations sur les revenus non dérivés des cultures. Ces données se fondaient sur les résultats d’enquêtes de Save the Childre Fund (Royaume Uni), compilés par le Service des cartes de vulnérabilité (VAM) du Bureau du PAM en Ethiopie.

La mission a noté que, bien que l’on admette généralement l’importance cruciale des sources de revenus autres que les cultures pour assurer la sécurité alimentaire des ménages, leur prise en compte par les comités de zone et de "woreda" pendant cette évaluation préliminaire (qui doit encore être examinée par les autorités centrales) variait considérablement. En général, les revenus non tirés des cultures étaient largement sous-estimés.

En outre, des difficultés méthodologiques subsistent. Tandis que les chiffres réunis pendant les visites de terrain correspondent au nombre des personnes classées par les autorités comme "vulnérables", ils évoquent en réalité deux situations différentes: Les personnes vulnérables structurellement et les personnes vulnérables suite à des faits exceptionnels. Le terme "vulnérable" est aussi utilisé pour désigner une situation de déficit entre production réelle et production "escomptée", cette dernière étant le résultat supposé de conditions optimales. Cependant, et presque par définition, ces conditions optimales n’existent pas. En théorie, il faudrait opérer une distinction entre l’hypothèse de production réaliste (peut-être 80 pour cent) et les faits exceptionnels qui ont eu un impact particulièrement négatif, facile à quantifier. Dans le premier cas, le déficit alimentaire des ménages, rapporté à un niveau de production réaliste, représentera le déficit structurel de sécurité alimentaire. Les aléas climatiques et les événements localisés représenteront alors le déficit alimentaire conjoncturel tel qu’exprimé par le chiffre de la population rendue vulnérable par des événements passagers.

En l’état actuel des choses, la mission a déterminé les besoins alimentaires dans chaque zone, comme l’année dernière, en comparant la production agricole, à laquelle on a ajouté le solde des autres revenus des ménages, au revenu moyen nécessaire pour assurer la sécurité alimentaire d’un ménage. On a estimé qu’un ménage moyen de cinq personnes doit disposer 1 100 kg d’équivalent céréales. Les besoins totaux d’aide alimentaire pour la population rurale ont été évalués à quelque 137 000 tonnes (y compris une provision pour le suivi rapproché)

En ce qui concerne le nombre de personnes ayant besoin d’aide alimentaire, la mission a fondé son évaluation sur le nombre de personnes considérées comme "vulnérables", et a exercé son jugement pour évaluer l’incidence et l’importance des sources de revenus autres que les cultures. Suivant ce critère, la mission a estimé que 1,8 million de ruraux environ auront besoin d’aide alimentaire en 1997, pour une période moyenne de cinq mois.

Cependant, si la mission est confiante en ce qui concerne les besoins globaux d’aide alimentaire, une estimation du nombre précis de bénéficiaires reste un peu théorique. Ainsi qu’il faudra le prévoir et le confirmer pendant les visites de terrain, les chiffres sont des moyennes arithmétiques et les quantités effectivement distribuées ne sont jamais réparties également sur la période indiquée. Le nombre des bénéficiaires a tendance à être plus restreint, par exemple, en février pour atteindre progressivement le maximum pendant la saison maigre, où les besoins sont les plus importants.

La mission recommande que la DPPC et les donateurs intéressés continuent leurs efforts pour mettre au point une méthode qui permette de faire la distinction entre les besoins structurels et conjoncturels, tout en arrivant à une estimation plus réaliste du nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire.

Tandis que la mission a estimé les besoins de l’aide alimentaire à 186 000 tonnes, ce chiffre ne tient PAS compte des besoins d’aide alimentaire (en particulier) des réfugiés somaliens en Ethiopie (estimés à quelque 445 000 tonnes) ni, par exemple, des besoins d’aide alimentaire associés au projet d’alimentation scolaire du PAM (à base, principalement, de mélanges préparés localement) ou des projets urbains avec composante d’aide alimentaire.

Il convient de rappeler que les estimations de la mission sont exprimées uniquement en équivalent céréales, sans mention des quantités d’huile et d’aliments d’appoint. En général, et en particulier dans la région du Tigré, l’huile fournie est souvent échangée par les bénéficiaires contre du sel ou des épices. A la lumière de la production importante de graines de sésame, par exemple dans le Tigré Ouest, une distribution à grande échelle d’huile importée ne serait pas souhaitable.

8.3.2 Stocks d’aide alimentaire

Le Tableau 5 examine la situation des stocks. Etant donné les besoins d’aide alimentaire (186 000 tonnes), le complément d’aide alimentaire requis en 1997 est de 15 000 tonnes.

Tableau 5: Ethiopia - Estimation des besoins d’aide alimentaire normaux et d’urgence en 1997 (céréales seulement) (en tonnes)
1. Disponibilités d’aide alimentaire en 1996
Stocks de report et engagements en 1995 168 614
plus: les engagements pour 1996 216 130
Total aliments disponibles pour 1996 384 744
2. Stocks de report en 1996
Total aliments disponibles 384 744
moins les aliments distribués en 1996 (estimations fondées sur les stocks de report) 213 854
Stocks de report et engagements pour 1996 170 890
3. Besoins alimentaires estimés
Besoins alimentaires estimés pour 1997 186 000
moins les stocks de report et engagements pour 1996 170 890
Complément requis 15 110

8.3.3 Exécution

e programme global d’aide alimentaire sera coordonné par la DPPC et exécuté par des institutions gouvernementales sectorielles et des ONG. L’aide alimentaire est destinée à couvrir les besoins de la population souffrant de déficit alimentaire qui recevra des vivres en échanges de travail, ou gratuitement, pour les personnes vulnérables inaptes au travail. Deux systèmes sont envisagés: le programme "vivres contre travail" (FFW) et le programme de création d’emploi (EGS) qui, en réalité, font désormais partie d’un continuum; il comprennent les programmes FFW (bénéficiant du soutien du PAM et d’ONG) où la distribution d’aliments et le nombre de bénéficiaires sont définis selon un projet déjà défini et les programmes EGS où, une fois les besoins alimentaires évalués, ce sont les communautés qui définissent elles-mêmes la portée et la nature du travail. Les institutions exécutantes comme le Ministère de l’Agriculture sont de plus en plus actives dans la conception et le soutien technique des activités entreprises dans le cadre du programme EGS.

8.3.4 Disponibilités d’aide alimentaire en 1996

Les besoins d’aide alimentaire pour 1996 tels qu’estimés par la mission FAP/PAM de l’année dernière se chiffraient à 290 658 tonnes. Les distributions de vivres pendant 1996, selon des estimations provisoires, ont atteint 219 000 tonnes, soit 75 pour cent des besoins estimés par la mission. Aucun chiffre consolidé sur le nombre des bénéficiaires n’a été communiqué à la mission. D’après l’évaluation DPPC en mars 1996, 2,7 millions de personnes auraient besoin d’environ 295 000 tonnes d’aide alimentaire, ce qui donne une moyenne globale de 109 kg par bénéficiaire (ou une moyenne de 81 kg si l’on tient compte des vivres effectivement distribués, pour un nombre constant de bénéficiaires). En réalité, la distribution est échelonnée dans le temps, et touche au départ un nombre relativement limité de personnes pour arriver à un nombre maximum pendant les quelques mois que dure la saison maigre.

8.3.5 Planification de l’aide alimentaire pour 1997

Les besoins d’aide alimentaires tels qu’estimés par la mission sont considérablement plus bas que les estimations de l’années dernière. Plusieurs facteurs l’expliquent: la production agricole a augmenté - parfois très sensiblement -dans la plupart des zones traditionnellement déficitaires en aliments, réduisant ainsi le déficit alimentaire des ménages; les possibilités d’emploi non agricole, que l’on avait tendance à sous-estimer, se sont multipliées tandis que les prix du marché pour les denrées alimentaires dans les zones à déficit vivrier enregistrent une tendance à la baisse depuis l’année dernière à la même époque.

Cependant, l’élimination de l’insécurité alimentaire structurelle reste le but ultime de toute aide accordée aux victimes d’un déficit alimentaire. Dans une telle situation, l’objectif consiste à ne distribuer d’aliments qu’en échange de travail, que ce soit à travers les "vivres contre travail" ou le programme de création d’emplois. Il faut pour cela renforcer l’intervention des institutions technique pour veiller à ce que les activités soient appropriées, bien conçues et durables. En ce qui concerne l’identification des bénéficiaires dans les "woredas", il faut particulièrement veiller à sélectionner les participants d’après les besoins réels et en considérant les autres sources de revenus éventuelles (par exemple, la construction de routes - nationales et rurales) qui n’entrent pas toujours assez en ligne de compte.

L’année 1996 pourrait bien être une année record pour la production agricole auquel cas, les personnes qui reçoivent une aide par le biais de programmes "vivres contre travail" et de création d’emplois en 1997, constitueront sans doute un noyau de candidats à l’aide alimentaire dans un avenir prévisible. Une sélection et un ciblage attentifs sont particulièrement indiqués en 1997 pour que, dans toute la mesure du possible, l’aide alimentaire ne devienne pas institutionnelle. Le même principe s’applique à la recherche d’activités qui fournissent un filet de sécurité temporaire mais qui, à terme, renforcent aussi la sécurité alimentaire.


Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses; il est destiné à un usage officiel seule-ment. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux personnes ci-après pour d'éventuels compléments d'information.
Abdur Rashid
Chef, SMIAR/FAO
Télex 610181 FAO I
Télécopie: 0039-6-5225-4495
Courrier électronique: INTERNET: [email protected]
C.D. Tuinenburg
Conseiller spécial, OSA, PAM
Télex: 626675 WFP I
Internet: [email protected]
Télécopie: 0039-6-5228-2839

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