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SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE DE LA FAO

RAPPORT SPECIAL

MOZAMBIQUE

mai 1997

(Diffusées uniquement pour les pays où les cultures vivrières
ou la situation des approvisionnements sont préoccupantes)


R A P P O R T S P E C I A L

Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires au Mozambique

16 mai 1997

1. VUE D’ENSEMBLE


Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s’est rendue au Mozambique du 14 au 29 avril 1997 afin d’estimer la production de cultures vivrières de 1996/97, de prévoir les besoins d’importations céréalières pour 1997/98 et de déterminer les besoins probables d’aide alimentaire. Des observateurs du bureau de Maputo de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et de la Communauté du développement de l’Afrique australe (SADC) se sont joints à la mission. Pour mener à bien sa tâche, celle-ci s’est divisée en trois équipes de manière à pouvoir se rendre dans le plus grand nombre possible de provinces et de districts. La première équipe s’est rendue dans les quatre provinces du nord et la deuxième a évalué la situation dans les quatre provinces du centre. La troisième équipe s’est consacrée aux deux provinces méridionales de Gaza et Maputo. La mission a bénéficié de la collaboration entière des ministères compétents et des représentants de donateurs et d’organisations non gouvernementales (ONG) basées dans le pays.

A Maputo, la mission s’est longuement entretenue avec des fonctionnaires, du personnel des organismes des Nations Unies, des représentants de donateurs et d’ONG. Les visites de terrain ont permis aux membres de la mission de recueillir directement les points de vue des agriculteurs, des commerçants, des agents de terrain des ONG, des fonctionnaires des administrations provinciales et des agronomes concernant les problèmes auxquels les cultivateurs sont confrontés durant la campagne agricole en cours et leurs opinions concernant le résultat de la récolte cette année.

La mission a examiné les statistiques pertinentes fournies par le Ministère de l’agriculture et du développement rural (MINADER) ainsi que par les fonctionnaires des provinces et des districts. Ces données comprenaient des estimations des superficies ensemencées et récoltées, des rendements des différentes cultures, de la quantité d’intrants agricoles utilisés, des prix des produits agricoles et des dommages causés aux cultures par les pluies abondantes et les crues. Des vérifications par recoupement et des mises à jour minutieuses des données officielles ont été entreprises. La mission a inspecté les cultures dans plusieurs exploitations agricoles dans tous les districts visités afin de vérifier par recoupement la fiabilité des données officielles et des opinions exprimées par les individus concernant les rendements. Pour les districts non-visités par la mission , les estimations ont été faites sur la base d’un complément d’information que la mission a pu obtenir auprès d’autres sources.

La mission estime à 3 627 000 hectares la superficie totale ensemencée en céréales et autres cultures vivrières en 1996/97, dont 1 200 000 hectares de maïs, 175 000 hectares de riz paddy et 573 000 hectares de sorgho et de mil. Cela représente quelques 6 pour cent de plus que l’an dernier, progression attribuable principalement à l’augmentation naturelle de la population et à la réintégration dans les délais prévus des rapatriés et des soldats démobilisés.

La campagne principale 1996/97 a été marquée par l’arrivée tardive des pluies, néanmoins supérieures à la moyenne dans la plus grande partie du pays, en particulier durant les mois de janvier et de février. Dans plusieurs zones de la région centrale, les pluies abondantes ont provoqué des inondations qui ont très fortement endommagé les cultures, notamment dans les exploitations situées le long des fleuves Zambèze, Pungue et Buzi. Ces précipitations ont également endommagé le maïs semé à plus haute altitude. La mission estime qu’environ 103 000 hectares de cultures vivrières, dont quelques 45 000 hectares de maïs cultivé le long des fleuves ont été perdus, principalement dans les provinces de Sofala, Tété et Zambezia.

La production céréalière totale de 1996/97 s’établira, selon des estimations provisoires, à 1,53 million de tonnes, contre 1,38 million de tonnes l’année dernière. Ce chiffre, qui dépasse d’environ 11 pour cent le résultat de l’an dernier s’explique en grande partie par l’expansion des emblavures, des rendements plus élevés à Tété, Gaza et Maputo et des conditions atmosphériques généralement satisfaisantes dans la plupart des régions. Les dommages causés aux cultures par les ravageurs ou les maladies ont été minimes. La production de manioc, l’autre aliment de base, a également augmenté et a été moins affecté par les fortes pluies. On estime que la production de haricots et d’arachides a augmenté de 8,5 pour cent par rapport à la campagne précédente.

Par suite de l’accroissement de la production de céréales et autres cultures vivrières, la situation générale des disponibilités alimentaires au Mozambique durant la campagne commerciale 1997/98 (avril-mars) devrait être meilleure que celle de l’année dernière, avec un excédent de céréales secondaires estimé à 63 000 tonnes. Néanmoins, on estime que le pays devra importer 205 000 tonnes de riz et de blé en 1997/98. En outre, un grand nombre de cultivateurs dont les champs ont été inondés pourraient être confrontés à des pénuries alimentaires au cours des prochains mois. Néanmoins, ceux d’entre eux qui rentreront une récolte de deuxième campagne en septembre auront quelques disponibilités, mais nombreux sont ceux qui souffriront de pénuries si on les aide pas. Il y a aussi dans certaines parties du sud du pays généralement déficitaire au plan vivrier et dans quelques zones dans d’autres provinces, des familles qui ne pourront pas couvrir leurs besoins de consommation avec les aliments qu’elles produisent elles-mêmes ni se permettre d’en acheter sur le marché. La population du sud n’a jamais été autosuffisante et, est donc normalement tributaire du marché pour satisfaire ses besoins. Alors que les familles qui plantent des cultures de rapport comme le coton et la noix de cajou et les individus qui ont un emploi hors du secteur agricole pourront acheter les denrées alimentaires dont ils auront besoin, de nombreux salariés sous payés et les chômeurs ne pourront pas manger à leur faim. De plus, dans de nombreuses zones rurales à déficit vivrier, le manque d’infrastructures demeure un sérieux handicap. Il s’ensuit que les prix sont généralement trop élevés pour ceux qui s’approvisionnent sur le marché.

En consultation avec les autorités gouvernementales et les ONG, la mission a estimé qu’à peu près 172 000 personnes auront besoin d’une aide alimentaire immédiate pendant quatre mois. Par ailleurs, 77 000 personnes pourraient avoir besoin d’une assistance pendant une période supplémentaire de trois mois selon l’évaluation des résultats de la deuxième campagne. Les besoins d’aide alimentaire pour la campagne commerciale 1997/98 s’établiront au total à 10 114 tonnes, consistant en 9 288 tonnes de maïs et 826 tonnes de légumineuses. Dans l’ensemble, l’aide alimentaire pour 1997/98 représente 46 pour cent de celle fournie l’an dernier.

2. LA SITUATION MACRO-ECONOMIQUE 1/


1/ L’information présentée dans cette section provient de plusieurs sources, dont Country Report - Mozambique, 1er trimestre 1997 (The Economist Intelligence Unit) et Mozambique - Policy Framework Paper 1996-98 (Banque mondiale)

Le Mozambique occupe une superficie de 789 800 km², environ 45 pour cent des terres du pays étant considérées comme se prêtant à l’agriculture. Toutefois, seulement 4 pour cent de la superficie totale est actuellement cultivée. Le reste est occupé par des prairies et des pâturages, des forêts et des terrains boisés. Sa population, qui augmente à un taux d’environ 2,5 pour cent par an, devrait compter 18,5 millions de personnes à la mi-1998. Plus de 80 pour cent des actifs travaillent dans l’agriculture et les possibilités d’emploi hors du secteur agricole sont très limitées.

L’infrastructure du pays a été dévastée par plus de 15 ans de guerre civile. Après l’accord de paix signé en octobre 1992 entre les groupes opposés, un climat favorable à la mise en oeuvre d’un programme de redressement économique règne aujourd’hui. Le Gouvernement a lancé plusieurs programmes et projets de développement rural et poursuit un programme d’ajustement structurel strict avec le concours du FMI et de la Banque mondiale. Au titre de ce programme, le pays est en mesure de profiter d’un allègement de dettes et de nouveaux prêts. Il a reçu récemment un crédit de l’IDA de 100 millions de dollars E.-U., le cinquième depuis le démarrage du programme d’ajustement structurel en 1987. Par ailleurs, le Mozambique bénéficie d’une aide technique et financière fournie par un certain nombre de gouvernements et d’organisations qui devrait stimuler son développement économique. En mars de cette année, le Gouvernement a signé un accord d’aide financière avec l’Union européenne pour une période de cinq ans visant à améliorer l’infrastructure rurale (routes, adduction d’eau, écoles et centres de santé), la vulgarisation dans les campagnes, la reconstitution des troupeaux du pays, la sécurité alimentaire et la protection de l’environnement.

Les réformes qui ont été menées jusqu’ici semblent avoir donné les résultats souhaités dans plusieurs secteurs. L’inflation est tombée à 15 pour cent en 1997, alors qu’elle dépassait 50 pour cent l’année précédente. Les taux d’intérêt ont été ramenés à des niveaux proches des taux réels. En 1996, la dernière année pour laquelle nous disposons de chiffres, les taux d’intérêt ont été en moyenne tout juste supérieurs à 40 pour cent en valeur nominale. Il y a eu une libération importante des échanges qui a permis aux forces du marché d’agir assez librement. Le recul de la production agricole a été inversé. Un taux de croissance impressionnant du PIB, estimé à 6 pour cent par an, a été atteint en 1996. Les résultats obtenus à l’exportation se sont aussi légèrement améliorés depuis l’accord de paix de 1992. En 1996, les exportations ont atteint 210 millions de dollars E.-U. contre 139 millions de dollars E.-U. en 1992. Le Gouvernement se propose d’exporter en 1997, 276 millions de dollars E.-U. dont la plus grande partie sera constituée de produits agricoles et halieutiques. Il semble qu’il y ait de bonnes possibilités d’atteindre cet objectif. La progression des exportations et le recul des importations ont contribué à réduire le déficit courant du pays qui, selon les prévisions, diminuera, passant de 407 millions de dollars E.-U. en 1992 à 165 millions de dollars E.-U. en 1997. Néanmoins, la situation de la dette extérieure du pays demeure encore précaire. De 1992 à 1997, la dette devrait augmenter, passant de 5,1 milliards de dollars E.-U. à 5,5 milliards de dollars E.-U. Pendant la même période, le coefficient du service de la dette, après allègement de la dette, devrait augmenter, passant de 21,2 à 35,2. Le revenu actuel par habitant est estimé à 90 dollars E.-U., l’un des plus bas du monde.

Dans le secteur agricole, l’accroissement de la production vivrière enregistré l’an dernier et cette année est à attribuer davantage aux conditions météorologiques favorables et à la stabilité politique actuelle qu’à l’impact des réformes prescrites. Les produits agricoles qui ont bénéficié le plus des réformes sont les cultures d’exportation comme le coton et la noix de cajou. La production de tabac, qui a commencé il y a peu de temps seulement, semble se poursuivre de manière satisfaisante. Etant donné le niveau très bas des techniques agricoles utilisées - presque toutes les terres sont cultivées à la main - les perspectives pour une production vivrière substantielle qui permettra de couvrir les besoins de la population croissante du pays sont défavorables, à moins que plus de terres ne soient mises en culture ou que la productivité n’augmente. Par ailleurs, le manque de marchés étoffés pour les produits agricoles est une contrainte sérieuse. On ne voit pas bien comment la politique gouvernementale actuelle en matière de régime foncier se répercutera sur la production agricole. Actuellement, toutes les terres appartiennent à l’Etat car elles ont été nationalisées après l’indépendance. S’ils veulent investir dans l’agriculture, les investisseurs étrangers doivent conclure des arrangements individuels définis juridiquement pour ce qui concerne les régimes d’occupation des sols.

3. LA PRODUCTION VIVRIERE EN 1996/97 2/


2/ Il s’agit de l’année de production 1996/97 et de la campagne commerciale qui va d’avril 1997 à mars 1998.

Les moyens dont disposait le secteur public pour collecter des données ont été détruits par la guerre civile. En conséquence, il y a eu un manque sérieux d’informations pertinentes et actualisées sur plusieurs aspects de l’économie. La mission a donc été obligée de compter sur les données provenant d’indicateurs tels que le nombre de ménages, la dimension moyenne des exploitations agricoles, la superficie plantée, les rendements obtenus, les semences et les outils distribués, les conditions de culture, la situation pluviométrique, ainsi que sur des observations recueillies sur place au cours de visites et d’entretiens avec les agriculteurs et les commerçants.

Superficie plantée

Les semis ont été retardés en raison de l’arrivée tardive des pluies dans la plupart des régions qui ont reçu les premières pluies entre le 10 et le 20 novembre. Il a plu abondamment de fin décembre à fin février dans les provinces du centre du pays, Sofala, Manica et Tété et dans le sud de la province de Zambezia dans le nord. Dans la province de Nyassa, les pluies sont arrivées également avec un mois de retard, mais elles ont été en général bien réparties.

L’estimation de la superficie totale portant des cultures vivrières en 1996/97 figure au tableau 1. La superficie plantée dépasse de 5,8 pour cent celle de l’an dernier, en raison surtout de l’expansion démographique et de la réintégration des rapatriés, notamment dans la province de Tété. La superficie plantée en maïs est estimée à 1,2 million d’hectares, soit quelque huit pour cent de plus que l’an dernier. Néanmoins, la superficie récoltée en 1996/97, toutes cultures confondues, a augmenté de 8,1 pour cent par rapport à celle de l’année précédente. Cela s’explique par la superficie perdue en raison des crues cette année, estimée à 103 000 hectares, soit un chiffre inférieur aux 169 000 hectares perdus en 1995/96.

Rendements

Les rendements de la plupart des cultures ont été en général comparables à ceux de l’année précédente. Le rendement moyen national de maïs a été de 0,88 tonne/ha en 1995/96, contre 0,87 tonne/ha cette année. Les rendements de riz ont augmenté, passant de 0,83 tonne/ha à 0,97 tonne/ha grâce à une meilleure fourniture d’eau au titre du projet d’irrigation de Chokwe et à des pluies abondantes et généralement bien réparties pendant la période végétative dans les principales régions rizicoles. De fortes pluies ont entravé la pollinisation du maïs et d’autres cultures dans de nombreuses zones, entraînant un léger fléchissement des rendements dans les zones touchées. Cela a été en partie compensé par des rendements supérieurs à la moyenne pour le maïs dans les provinces méridionales de Maputo et de Gaza.

Tableau 1: Mozambique - Superficies plantées de principales cultures vivrières 1996/97 (en milliers d’ha)

Province Maïs Riz Sorgho Mil Total Céréales Haricots Arachides Manioc Total cultures vivrières
Cabo Delgado 68 11 55 4 138 45 35 135 353
Niassa 135 4 38 2 179 64 5 25 273
Nampula 122 35 130 7 294 76 69 465 904
Zambezia 194 76 62 11 343 47 29 251 670
Tete 146 0.3 47 25 218 36 14 1 269
Manica 131 0.3 32 12 175 2 3 1 181
Sofala 92 28 61 14 195 20 8 15 238
Inhambane 126 4 35 18 183 61 83 74 401
Gaza 115 11 12 6 144 35 23 27 229
Maputo 70 5 2 0 77 15 12 5 109
Total 1996/97 1 199 175 474 99 1 946 401 281 999 3 627
Total 1995/96 1 113 144 445 90 1 792 375 269 993 3 429
variation en % 7.7 21.5 6.5 10 8.6 6.9 4.5 1.0 5.8

Tableau 2: Mozambique -Production alimentaire par province (en milliers de tonnes)

Province Maïs Riz Sorgho Mil Total Céréales Haricots Arachides Manioc
Cabo Delgado 63 10 27 2 102 18 11 742
Niassa 176 3 23 1 203 25 2 141
Nampula 117 28 86 4 235 31 46 2 555
Zambezia 190 86 33 6 315 18 17 1 352
Tete 126 0.1 21 9 156.1 13 4 6
Manica 160 0.2 20 7 187.2 1 2 3
Sofala 65 20 32 7 124 9 4 65
Inhambane 48 2 15 7 72 19 28 332
Gaza 61 24 5 2 92 13 8 123
Maputo 37 7 1 0 45 6 5 23
Total 1996/97 1 043 180.3 263 45 1 531.3 153 127 5 342
Total 1995/96 947 139 249 42 1 377 141 117 4 734
variation en % 10.1 29.5 5.6 7.1 11.2 8.5 8.5 12.8

Les récoltes de haricots et d’arachides ont été aussi affectées par les pluies abondantes, les maladies fongiques et la germination avant la récolte. En conséquence, les rendements de haricots dans la province de Zambezia ont fléchi, passant de 0,65 tonne/ha en 1995/96 à environ 0,4 tonne/ha cette année. A l’échelon national, les rendements de haricots sont restés à 0,41 tonne/ha du fait que les rendements supérieurs à la moyenne dans la plupart des districts des provinces de Tété, Gaza et Maputo ont empêché que le niveau de rendement national ne fléchisse par rapport à celui de l’an dernier. De fortes pluies ont également affecté les cultures d’arachide dans le district d’Angoche dans la province de Nampula.

Les pluies sont arrivées avec un mois de retard ou plus dans la plus grande partie du pays, commençant un peu partout après le 10 novembre. Les provinces centrales de Sofala, Manica et Tété et le sud de la province de Zambezia ont été très arrosés de la fin de décembre à la fin de février grâce à la forte activité de la zone de convergence intertropicale. Cette zone s’est déplacée progressivement vers le nord, apportant des pluies abondantes dans le nord de la province de Zambezia, à Nampula et dans le sud du cap Delgado. Les pluies sont arrivées avec environ un mois de retard à Nyassa, ont été généralement bien réparties et ont continué jusqu’en avril. Deux exceptions toutefois à cette répartition généralement bonne des pluies, dans les quatre districts septentrionaux du cap Delgado (Palma, Muede, Mocimboa da Praia et Nangade) où les pluies n’ont commencé que fin janvier et dans la partie sud-centre de la province de Tété où, après de bonnes pluies en janvier et début février, l’intensité des précipitations a fortement diminué.

Dans les provinces méridionales d’Inhambane, de Gaza et de Maputo, les pluies ont été bien réparties à partir du 10 novembre jusqu’en mars. Les districts intérieurs d’Inhambane, y compris l’ouest d’Hornoine, l’ouest de Maxixe et Morrumbene, Panda et Funhalouro, ont subi toutefois des périodes de sécheresse, ce qui explique la baisse des rendements. Les districts du nord d’Inhambane, y compris Guvula, Inhassoro et Vilancoulos, ont reçu des pluies bien réparties. Le district de Chigubo dans la province de Gaza aurait connu de longues périodes de sécheresse qui, conjuguée à des sols pauvres et sableux, ont causé des pertes de récolte de maïs. Toutefois, dans les régions côtières de Gaza et de Maputo, les pluies ont été généralement bien réparties bien que peu abondantes, ce qui a entraîné une forte amélioration des rendements et de la production par rapport à l’année précédente.

Conditions sur le terrain

Les pluies abondantes ont entravé et parfois totalement empêché le sarclage dans certaines zones des provinces de Nampula, Manica, Sofala et Zambezia. Dans les plaines des provinces de Tété, Manica, Sofala et Zambezia en particulier, les fortes crues des fleuves Zambèze, Buzi et Pungue, dues aux pluies abondantes tant localement qu’en amont au Malawi, ont détruit selon les estimations 102 830 hectares de cultures. Ont été particulièrement affectées la province de Sofala avec 36 220 ha de cultures détruits et celle de Tété avec 28 770 ha perdus. On estime la superficie des cultures anéanties dans les provinces de Manica et de Zambezia à 12 960 ha et 19 660 ha respectivement. A Nampula et au cap Delgado, les crues des fleuves Lurio, Rovuma, Lugenda, Lipolua et Homba ont causé des dommages importants aux cultures, affectant selon les estimations 5 220 ha, principalement de maïs, sorgho, riz et manioc. Dans les provinces de Nyassa, Inhambane, Gaza et Maputo, aucun cas de destruction totale des cultures par les crues n’a été signalé à la mission. En fait, les pertes de superficie cultivée ont été moins élevées en 1997 que l’année précédente lorsque les fortes crues du Limpopo et d’autres fleuves ont dévasté près de 170 000 ha de cultures.

La majorité des agriculteurs cultivent aussi bien en plaine qu’en altitude de manière à ne pas être entièrement tributaires des cultures plantées dans les zones inondées. Grâce à l’élévation du niveau phréatique après les crues et aux pluies persistantes, les perspectives de la deuxième récolte de maïs et de haricots dans ces provinces sont bonnes, mais le manque de semences pourrait empêcher certains agriculteurs plus pauvres de semer. La FAO et le PAM font des arrangements afin de fournir de grandes quantités de semences et d’outils, avec la collaboration de plusieurs donateurs.

Ravageurs et maladies

Aucune attaque majeure de ravageurs, aucun cas de maladie n’a été signalé durant la campagne, mais des rats, des queleas, des acridiens et des cochenilles du manioc ont endommagé les cultures dans plusieurs zones limitées. Sangliers et éléphants auraient gravement endommagé les cultures dans certains districts de la province de Nyassa.

Une infestation de criquets nomades a été observée à Buzi dans la province de Sofala, à Mocuba dans la province de Zambezia et à Mecanhelas dans la province de Nyassa. Aucun dommage aux cultures n’a été signalé dans ces derniers districts et il n’a pas été nécessaire d’utiliser les pesticides et les pulvérisateurs disponibles. Des essaims de criquets pèlerins ont quitté le district de Buzi pour se diriger vers les districts de Dondo, Nhamatande et Gorongoso dans la province de Sofala et vers les districts de Gondola, Sussundenga, Mossurize et Manica dans la province de Manica. Toutefois, l’arrivée tardive des pluies avait retardé les semis et 550 ha de cultures seulement ont été dévastés dans le district de Manica. La pulvérisation aérienne des essaims a été organisée par la FAO, l’Organisme allemand de coopération technique et le Ministère de l’agriculture et des pêches. Cette opération a été suivie d’une campagne sur le terrain très réussie, où 30 équipes de prospecteurs ont repéré les zones où des oeufs allaient éclore et les ont détruits à l’aide de pulvérisateurs à dos. On a signalé des dommages limités causés par des acridiens dans le district de Mecanhelas dans la province de Nyassa et à Mocuba dans la province de Zambezia, et cela pourrait être le point de départ de futures infestations acridiennes.

On a signalé de graves dommages causés aux cultures par des éléphants et des sangliers à Nyassa et dans certaines zones des provinces du cap Delgado. Les agriculteurs renoncent à semer du manioc en particulier, celui-ci étant massivement détruit par les sangliers.

Une infestation de cochenilles du manioc a été signalée dans le nord du cap Delgado, où les pluies ont été tardives et où la culture a souffert d’un manque d’humidité en décembre et en janvier. Toutefois, les fortes pluies tombées par la suite ont assuré une bonne croissance du manioc dans tout le pays.

Les précipitations abondantes ont entravé la pollinisation du maïs et d’autres cultures dans de nombreuses zones et provoqué une diminution des rendements dans les zones touchées. Les haricots et les arachides ont souffert des pluies intenses, et des maladies fongiques et la germination avant la récolte des arachides ont été signalées dans le district d’Angoche dans la province de Nampula.

Les pertes après récolte sont considérées importantes, les installations d’entreposage étant inadéquates dans la plupart des exploitations et la majorité des provinces ne disposant pas de pesticides pour les entrepôts. Dans certaines zones de la province de Nampula, des ONG fournissent des produits chimiques

d’entrepôts à un prix subventionné.

Fourniture d’intrants

Le secteur du petit commerce dans les zones rurales du Mozambique a été fortement touché par les troubles civils récents et de nombreux magasins n’ont jamais été reconstruits. Sur 1 600 magasins que comptait la province de Zambezia avant la guerre, il n’en existe plus aujourd’hui que 750 et, en conséquence, il est très difficile, voire impossible, de se procurer des intrants tels que semences, outils, etc. Durant la campagne agricole 1995/96, au total 874 705 outils manuels et 9 526 tonnes de semences ont été distribués par le PESU, organisme public chargé de la distribution des intrants, la FAO, le PAM et diverses organisations non gouvernementales. Ces fournitures ont été très réduites durant la campagne agricole 1996/97, le PESU ayant été pratiquement fermé. Le PAM a fourni 300 tonnes de semences de sorgho et 200 tonnes de semences de mil durant la première campagne.

Simultanément, la société nationale des semences, Semoc, a fermé sa principale exploitation semencière à Nampula. En raison du manque de marchés et des prix bas lorsqu’un marché existe, les agriculteurs ont beaucoup de mal à se procurer l’argent nécessaire pour acheter des intrants tels que des semences améliorées ou des outils.

Actuellement, le secteur de cultures vivrière n’emploie pas d’engrais, bien qu’on en utilise pour les cultures de rapport comme le coton, où le fabricant fournit habituellement des intrants à crédit contre la récolte. D’après les informations reçues de toutes les provinces, avec la culture continue ou quasi continue du maïs, en particulier sur les sols sableux et sableux-loameux, la terre n’est plus assez fertile pour cette culture en maints endroits. Etant donné la contrainte exercée sur la main-d’oeuvre - toutes les opérations sont faites pratiquement à la main - il est difficile de justifier l’utilisation de phosphate diammonique.

Il n’y a pas de crédit disponible pour l’achat d’intrants améliorés, en partie du fait que de nombreux agriculteurs n’ont pas de contact avec des établissements de crédit, mais aussi en raison du manque de garanties sous forme de terres ou autres biens de valeur. Compte tenu des prix indiqués plus haut, les agriculteurs ont beaucoup de mal à économiser, même pour acheter de petites quantités d’intrants. Il s’ensuit qu’ils ne peuvent même pas acheter d’intrants indispensables comme des semences et que toutes les quantités de semences améliorées disponibles restent chez le fournisseur, en général, la société nationale des semences, Semoc. Celle-ci a signalé qu’elle disposait de 1 000 tonnes de semences de maïs qu’elle n’a pas pu vendre après la campagne principale de semis en 1996/97.

Prix

Après l’abondante récolte de 1995/96, les prix du maïs sont restés bas en 1996 et le sont encore, avec une bonne récolte en perspective pour 1997. Les prix du maïs dans la région du nord, à la sortie de l’exploitation, se situent à environ 500 meticals le kg, soit 43 dollars E.-U. la tonne. La plupart des agriculteurs ne cultivant qu’un hectare ou moins, les fonds obtenus avec la vente du maïs ont peu de valeur par rapport au coût des intrants tels que des outils ou des engrais, même si ceux-ci étaient disponibles. En conséquence, les agriculteurs s’apprètent pour une culture de rapport, comme le coton ou le tabac, qui pourrait leur rapporter davantage que le maïs et pour lesquelles on peut trouver chez les fournisseurs des semences améliorées et d’autres intrants.

Même à un prix est bas, souvent les commerçants ne peuvent pas accéder à ce maïs et les agriculteurs des principales zones productrices comme le nord de la province de Zambezia ne peuvent pas trouver un acheteur pour leur excédent de maïs. Cette situation aura de graves répercussions sur les approvisionnements futurs de maïs.

4. SITUATION PAR PROVINCE


Nyassa

Nyassa, située dans le nord-est du Mozambique, longe sur une longue distance le lac Malawi. Au nord, elle borde la Tanzanie. C’est la plus grande des 10 provinces du Mozambique mais elle compte tout juste un million d’habitants. Les communications par route et par rail avec le reste du pays sont très mauvaises comme les liens avec le Malawi et la Tanzanie avec lesquels le Mozambique fait un peu de commerce non comptabilisé de céréales et d’autres produits. Une voie ferrée latérale relie Cuamba dans le sud de la province à Lichinga, la capitale de la province, mais elle est actuellement en très mauvais état.

La campagne de 1996/97 a commencé avec un peu de retard. Les pluies sont arrivées un peu partout dans la deuxième moitié de novembre. Certaines contrées ont connu des périodes de sécheresse en décembre, toutefois, les conditions se sont améliorées après les pluies tombées en quantités suffisantes de janvier à mars.

On cultive principalement du maïs, du sorgho et du manioc. De petites superficies sont plantées en mil, arachides et haricots. La principale limitation à la production agricole n’est pas le mauvais temps mais les mauvaises communications avec le monde extérieur qui entravent considérablement le fonctionnement régulier des marchés. Le mauvais état des routes empêche souvent les commerçants de se déplacer facilement pour aller chercher des excédents.

Des infestations de criquets nomades ont été signalées dans le district de Mecanhelas qui borde le lac de Chirwa, le long de la frontière du Malawi, mais elles ont été maîtrisées par des pulvérisations effectuées par le Ministère de l’agriculture et des pêches. Néanmoins, les foreurs des tiges ont causé de considérables pertes de récolte de maïs et de sorgho, faute de pesticides.

Le manque de semences de qualité pour toutes les cultures et la fourniture insuffisante d’outils ont été cités comme les principales contraintes à la production. Les semences de doliques et de haricots sont en général de mauvaise qualité génétique. Les cultures de maïs inspectées par la mission dans le district de Cuamba ont souffert d’un manque d’azote; le maïs a besoin d’un sol plus fertile que le mil et le sorgho.

La production de maïs est estimée à 478 000 tonnes, soit une augmentation d’environ 8,2 pour cent par rapport au niveau de l’année précédente. L’accroissement est dû principalement à l’extension des superficies ensemencées après la réinstallation de nombreux rapatriés venant du Malawi ainsi qu’à l’expansion démographique. La production de sorgho a augmenté pour atteindre 23 000 tonnes, selon les estimations, soit environ sept pour cent de plus qu’en 1995/96. La production de manioc s’est sensiblement améliorée.

Cap Delgado

Le cap Delgado est situé à l’extrémité nord-est du Mozambique et est séparé de la Tanzanie par le fleuve Rovuma. Dans l’ensemble, les conditions sont favorables à la production agricole. Les principales caractéristiques géographiques influant sur la production sont la plaine côtière et un réseau d’affluents des fleuves Messaia, Lugenda et Rovuma, qui constituent des fonds de vallée fertiles se prêtant aux cultures. Les précipitations sont généralement suffisantes pour la production de céréales et de coton, principale culture de rapport. En 1997, des inondations de ces fonds de vallée ont endommagé les cultures. On y cultive principalement du maïs, du sorgho, du manioc et du riz et d’immenses superficies sont consacrées aux arachides et aux haricots.

Les districts de Palma, Nangade, Muede et Mocimboa da Praia ont été frappés par une vague de sécheresse après les semis de novembre et décembre qui a duré jusqu’au 20 janvier. Elle a été suivie en janvier et en février par des précipitations très abondantes qui ont détruit certaines cultures, en particulier dans les vallées des fleuves. L’important district agricole de Metuge dans le district de Pemba a été gravement touché.

Mis à part une petite infestation par des cochenilles du manioc dans les districts du nord, aucune attaque de ravageurs, aucun cas de maladie n’a été signalé. La principale contrainte s’exerçant sur la production végétale a été la sécheresse dans les quatre districts du nord et celle qui a sévi dans les zones au sol sableux des districts bordant la côte.

La sécheresse dans les districts du nord le long de la frontière avec la Tanzanie pénètre assez profondément dans ce pays et des commerçants auraient acheter du maïs dans la région de Pemba mais en quantités assez limitées, en raison de l’extrême difficulté de transporter les céréales vers le nord jusqu’à la frontière et de traverser le fleuve Rovuma.

La production de maïs est estimée à 63 000 tonnes, soit un recul d’environ 29 pour cent par rapport à l’an passé, dû principalement à l’arrivée tardive des pluies dans les quatre districts du Nord. La production de riz a augmenté de 14 pour cent grâce aux pluies favorables tombées dans les principales zones productrices, en particulier dans le District de Metuge. La production de sorgho a également augmenté. Toutefois, la production céréalière totale est tombée à 102 000 tonnes, par rapport à 115 500 tonnes estimées pour la campagne précédente. La production de haricots a légèrement augmenté, s’établissant à 18 000 tonnes, tandis que celle d’arachide s’est élevée à 11 000 tonnes, en hausse d’environ 5 pour cent. La production de manioc était de 742 000 tonnes, soit une augmentation de 11,5 pour cent due aux meilleurs rendements.

Dans l’ensemble, les prix du marché sont stables dans le district de Pemba depuis quelques mois, ce qui indique qu’il n’y a aucune pénurie fondamentale de céréales ou de légumineuses.

Nampula

La province de Nampula est située au sud de Cabo Delgado, entourée de Niassa à l’ouest et de Zambezia au sud, et possède un long littoral comprenant le port de Nacala, le terminus de la ligne du chemin de fer qui se prolonge à l’est vers le Malawi. Nampula est traditionnellement une des zones agricoles les plus importantes, avec des terres fertiles dans les districts intérieurs. Les sols des districts côtiers de Memba, Angoche et Momo sont pauvres. Le coton est une culture de rapport importante, essentiellement cultivé dans le district de Monapo. Le manioc est la principale denrée de base, suivie du sorgho et du maïs. De vastes superficies sont également ensemencées en haricots et en graines d’arachide.

La saison des pluies 1996/97 a démarré tardivement, ce qui a retardé les semis qui ont eu lieu durant les deux premières décades de décembre, à la suite de précipitations adéquates. Des pluies exceptionnellement abondantes en janvier et février ont entravé le sarclage et causé plusieurs crues le long des fleuves, entre autres, dans le district de Ribaue, importante zone productrice. D’autres inondations ont eu lieu dans les districts côtiers d’Angoche, où plus de 8 000 familles ont perdu leur habitation et leurs récoltes. Les inondations ont également endommagé les routes et les ponts, rendant ainsi très difficile l’accès à ces zones.

La production de maïs est estimée à 117 000 tonnes, soit 16 pour cent de plus que la campagne précédente, en raison principalement de l’augmentation des superficies ensemencées. Les pluies continues dans les grands districts producteurs de Ribaue, Malema, Lalaua et Meconta, se sont traduites par une légère diminution des rendements. A Angoche, les cultures ont souffert de graves inondations. La production de sorgho est estimée à 86 000 tonnes, en hausse de 11 pour cent. Celle de riz a considérablement augmenté, passant de 24 300 tonnes durant la campagne 1995/96 à 28 000 tonnes. En conséquence, la production céréalière totale a augmenté d’environ 14 pour cent. La production de haricots, d’arachide et de manioc a également enregistré un accroissement substantiel.

Le coton et la noix de cajou, les principales cultures de rapport, ont bénéficié de conditions météorologiques favorables. La production de haricots a souffert de la qualité génétique médiocre des semences. Il y a eu une pénurie de semences de bonne qualité pour toutes les cultures à la suite de la fermeture d’une grande ferme productrice de semences à Namialo.

Zambezia

La province de Zambezia est située au nord du fleuve Zambezi et, est entourée du Malawi à l’ouest et des provinces de Niassa et Nampula au nord. Avec une population estimée à 3,7 millions d’habitants, c’est la province la plus peuplée du pays. Elle a néammoins le réseau routier le plus mauvais de toutes les provinces du pays. L’absence d’un pont sur le Zambezi pour relier la province à la Région du Sud est un grave obstacle économique.

Les principales cultures sont le manioc et le maïs, mais de vastes superficies sont également cultivées en haricots et en arachide, en particulier durant la campagne secondaire qui démarre en avril/mai. Les agriculteurs se consacrent activement à la production de cultures de rapport telles que le coton, dont le marché est meilleur que celui du maïs. Le manque d’installations de mouture et de transformation limite la commercialisation du manioc.

Le débordement des fleuves Zambezi et Chire en 1997 s’est traduit par des inondations qui ont provoqué de graves dégâts aux cultures, aux routes et aux ponts, déjà en très mauvais état. Ceci a rendu les communications et la commercialisation du maïs et d’autres produits agricoles très difficile. Les superficies sinistrées sont estimées à environ 20 000 hectares, dont la plupart étaient cultivées en maïs. Le manioc, généralement cultivé en altitude, a très peu souffert des inondations.

Les rendements de maïs ont été affectés par quatre mois de pluies continues, de décembre à mars. Les fortes précipitations et le manque de soleil ont limité la pollinisation et la croissance des cultures, ce qui a entraîné une formation inférieure des épis comparée à la normale. Ceci s’est fait ressentir davantage sur les cultures semées tardivement, à partir de janvier, lorsque les pluies abondantes ont coïncidé avec la pollinisation. Le désherbage du maïs a été également entravé par les conditions perpétuellement humides. On signale toutefois que les conditions du maïs dans les districts d’altitude de Gurue, Gile, Alto Molocoue, sont très bonnes et on prévoit des excédents importants. Cependant, leur écoulement sera difficile, vu qu’il y a encore des stocks de report de la bonne récolte de l’an dernier.

Les rendements des haricots ont souffert des attaques d’insectes dans plusieurs districts. On signale également des dégâts occasionnés par les termites à certaines cultures de manioc, ainsi que des infestations limitées d’acridiens et de cochenilles farineuses dans le district de Mocuba. Dans l’ensemble, les attaques de ravageurs ont causé des dommages minimes au manioc et au maïs qui sont les principales cultures. Le sorgho et le mil, cultures relativement mineures, ont une production totale de 39 000 tonnes.

La production céréalière totale de la Zambezia est estimée à 315 000 tonnes, soit quelques 6 pour cent de plus que la campagne précédente, principalement en raison d’un accroissement des superficies ensemencées. Les rendements de haricots ont souffert des précipitations abondantes et de quelques ravageurs non identifiés, et la production devrait tomber à 18 000 tonnes, en recul de près de 39 pour cent.

La production d’arachide a légèrement augmenté, s’élevant à 17 000 tonnes. Les récoltes de manioc ont été bonnes dans l’ensemble, mais les pluies continuelles ont nui aux cultures des basses terres. La production de racines fraîches de manioc a progressé de près de 18 pour cent, essentiellement grâce à un accroissement des rendements. La patate douce, culture relativement mineure introduite comme culture de réserve en cas de famine durant les années de sécheresse du début des années 80, est essentiellement cultivée durant la seconde campagne agricole.

Tete

La province de Tete est située dans la partie nord-ouest de la zone centrale; elle est limitrophe du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe, ainsi que de la province de Manica. Les districts septentrionaux d’Angonia et de Tsangano sont par tradition d’importants producteurs de céréales. Le recours aux animaux de trait est très répandu dans la province, dont une grande partie dépend de l’élevage en raison de la faible moyenne des précipitations. Toutefois, la taille des troupeaux a été fortement réduite par la guerre civile. Les districts occidentaux de Maravia, Zumbo et Magoe, faiblement peuplés, n’ont guère de liens avec le reste du pays et leur économie est peu développée.

La saison des pluies a démarré plus tard que prévu, avec quelques pluies sporadiques en novembre, suivies de fortes précipitations à partir de la deuxième moitié de décembre jusqu’en février. Les pluies ont été abondantes même dans les districts de Changara et Cabora Bassa, habituellement sujets à la sécheresse. Elles ont causé des inondations dans les districts de Moatize et Mutarara, le long du fleuve Zambezi, et ont provoqué des dégâts aux biens et aux cultures.

Les emblavures totales de céréales ont été supérieures de 22 pour cent à celles de la campagne précédente, compte tenu du grand nombre de rapatriés qui sont désormais bien installés et peuvent développer les superficies cultivées. La superficie ensemencée en haricots est passée de 27 000 hectares en 1995/96 à 36 000 ha. Les cultures d’arachide ont également augmenté de plus de 30 pour cent, s’établissant à 14 000 hectares. Le manioc est une culture secondaire dans la province de Tete et les superficies plantées sont par conséquent limitées.

Les rendements de toutes les cultures ont augmenté en dépit des fortes précipitations qui ont entravé la pollinisation dans certaines zones. Les pluies ont été anormalement favorables et généralement bien réparties dans la quasi-totalité des zones de la province. La région du centre-sud a souffert de conditions sèches en février, qui ont réduit les rendements à l’échelle locale.

Des infestations de rats sont signalées dans les districts d’Angonia et de Tsangano, mais l’utilisation d’appâts anticoagulants a permis de conjurer des dégâts importants aux cultures. Les acridiens/sauteriaux ont endommagé quelque 400 ha de cultures dans les districts de Changara et Cabora Bassa.

On estime à 29 000 hectares les cultures détruites -essentiellement de maïs et de sorgho/mil- par les inondations et les infestations acridiennes. Le district le plus touché est Mutarara qui a perdu au total près de 16 000 ha, en particulier dans la zone du fleuve Chire.

La production céréalière a augmenté de 33 pour cent (156 000 tonnes), principalement du fait d’un accroissement de 26 pour cent des superficies ensemencées en maïs (146 000 ha). La production de maïs est estimée à 126 000 tonnes, 36 pour cent de plus que le niveau de l’an dernier. Le sorgho a enregistré la même progression, s’élevant à 21 000 tonnes. La production de haricots est estimée à 13 000 tonnes et celle d’arachide à 4 000 tonnes.

La province de Tete n’a pas de tradition de cultures de rapport. Toutefois, la culture du tabac récemment introduite dans l’Angonia, le long de la frontière avec le Malawi, devrait se développer du fait de l’existence déjà d’un marché favorable pour ce produit.

Manica

La province de Manica jouxte le Zimbabwe à l’ouest et les provinces de Tete, Gaza et Sofala. L’agriculture de la province subit une triple influence topographique, à savoir: une chaîne de montagnes à l’ouest, un plateau central et une série de vallées le long des fleuves de Pungue, Save et Zambezi. On trouve de vastes zones de sols fertiles dans les districts de Gondola, Manica et Sussundenga. Le tabac et le coton représentent d’importantes cultures de rapport, et des plans de culture satellite sont désormais accessibles aux agriculteurs dont les exploitations entourent les grandes plantations privées. La noix de cajou est une importante culture de rapport dans le district aride de Machaze. Les agrumes sont cultivés dans la région de Chimoio.

Les pluies tardives tombées durant la deuxième décade de novembre ont été suivies d’un temps sec durant les dix premiers jours de décembre. En revanche, les conditions d’humidité ont été excessives en janvier et février en raison de pluies exceptionnellement abondantes, qui se sont poursuivies jusqu’à la fin mars à un degré moindre mais causant néammoins de fortes inondations dans les basses terres. On estime les cultures détruites à 12 960 ha, essentiellement dans les districts de Manica et Tambara. L’humidité a empêché un sarclage adéquat en janvier et en février, ce qui a fait chuter tous les rendements en-deçà de leurs niveaux potentiels.

Par ailleurs, dans certaines zones, les criquets ont détruit des cultures évaluées à 550 ha dans les districts de Mossurize, Manica, Gondola et Sussundenga.

Les emblavures totales de céréales ont augmenté de 3 pour cent (175 000 ha). Les superficies ensemencées en sorgho et en mil ont également progressé. Le riz et le manioc sont des cultures secondaires dans la province de Manica, avec un total de 1000 ha. Les haricots et l’arachide, d’une importance relativement mineure, ont légèrement progressé.

Des pluies généralement abondantes dans les districts normalement arides de Machaze et Mossurize ont favorisé les céréales dont les rendements pour 1996/97 sont, dans l’ensemble, supérieurs à la campagne précédente.

La production de maïs est estimée à 160 000 tonnes, soit 3,5 pour cent de plus que l’an dernier. La production de sorgho est passée à 20 000 tonnes (+ 4 pour cent), et celle de mil à 7 000 tonnes (+ 14 pour cent).

Sofala

Située dans le secteur oriental de la zone centrale du Mozambique, la province de Sofala présente un mélange d’environ 32 types de sols sur une série de bandes s’allongeant du nord au sud, ce qui, conjugué à une pluviosité en baisse du nord-ouest à l’est, forme 12 zones agro-écologiques. De ce fait, les systèmes agricoles sont très différents dans la province. Il y a deux campagnes agricoles chaque année: une campagne principale d’octobre à avril, et une campagne secondaire de mai à septembre.

Comme dans la plupart des autres provinces, le maïs est la culture céréalière dominante, mais le sorgho, le mil et le riz sont également cultivés. De vastes superficies de haricots et d’arachide sont souvent intercalées avec les céréales. Le manioc est une culture importante occupant 15 000 hectares.

Les pluies sont arrivées avec environ 1 mois de retard, mais leur abondance de décembre à février a causé de grandes inondations dans les basses terres, principalement dans les districts de Chemba, Caia, Marromeu, Dondo et Nhamatanda. Environ 60 pour cent de la population a été touchée par les crues des fleuves Zambezi, Pungue et Buzi et de leurs affluents. Les cultures semées sur les îlots du fleuve Zambezi dans le district de Chemba ont été entièrement détruites. Les pertes les plus importantes ont été enregistrées dans le district de Caia, où 12 700 ha ont été complètement inondés.

Les emblavures totales de céréales sont estimées à 195 000 hectares, soit 10 pour cent de plus que l’an passé. Les superficies ensemencées en haricots, arachide et manioc ont également augmenté, bien que moindre.

Hormis le manioc dont le rendement est passé de 4,3 tonnes l’hectare à 4,8 tonnes l’hectare, les rendements de toutes les cultures ont légèrement diminué. La production céréalière totale a été estimée à 124 000 tonnes. La production de maïs est semblable à celle de la campagne précédente (65 000 tonnes), tandis que celle de sorgho a baissé de 8 pour cent (32 000 tonnes). La production de haricots a augmenté de près de 15 pour cent par rapport à la récolte de 1995/96, tandis que celle d’arachide et de manioc est restée au même niveau que celui de l’année précédente (respectivement, 4 000 et 65 000 tonnes).

Les agriculteurs qui ont perdu leur récolte à cause des inondations auront besoin d’une aide sous forme de semences et d’outils pour la campagne secondaire. Le PAM, la FAO et plusieurs ONG internationales sont en train de pourvoir à leurs besoins. Le gouvernement a lancé un Appel en faveur de 300 000 victimes des inondations le 24 février de cette année. Le nombre de bénéficiaires à Sofala avait été fixé à l’origine à 80 000, mais ce chiffre a été désormais révisé à la baisse, compte tenu du fait que la plupart des agriculteurs sèment normalement leurs cultures aussi bien sur les basses terres qu’en altitude, de sorte qu’ils n’ont pas perdu la totalité de leur récolte.

Les dégâts dus aux criquets pèlerins ont d’abord été signalés dans le district de Buzi, avec des essaims migrant vers Manica et d’autres districts de la province. Aucun dommage important n’a été enregistré dans la province de Sofala.

Inhambane

La province d’Inhambane, située à l’extrémité sud-est du Mozambique, est entourée à l’ouest par la province de Gaza et au nord par les provinces de Manica et Sofala. Elle possède un long littoral qui s’étend vers l’est. La zone côtière qui pénètre jusqu’à 50 km à l’intérieur des terres bénéficie d’un micro-climat humide qui favorise le district de Homoine, en particulier. Les précipitations diminuent progressivement d’est en ouest et les exploitations agricoles sont généralement situées à moins de 80 km du littoral. Les districts de Funhalouro et Mabote sont très arides et les cultures d’arachide de Bambara sont largement répandues.

La province se caractérise par une première campagne de semis qui démarre normalement en octobre et se termine en avril, et par une campagne secondaire, plus courte, d’avril à août, notamment à l’est, où règnent des conditions d’humidité plus élevées et des averses sur la côte qui se prolongent jusqu’aux mois d’hiver.

La campagne principale des semis de 1996/97 a démarré avec un léger retard pendant la deuxième décade de novembre. Les précipitations ont été faibles en décembre, mais les conditions se sont améliorées avec l’arrivée de pluies abondantes durant la première décade de janvier.

Les pluies ont diminué fin janvier-début février, avant de reprendre durant la deuxième décade de février jusqu’à la mi-mars, lorsqu’une nouvelle période de temps sec est arrivée. Par rapport à l’an dernier, le régime pluvial moins favorable, cette année, s’est traduit par une baisse des rendements et de la production. Les districts côtiers de Govuro, Inhassoro et Vilancoulos ont enregistré une meilleure saison que le reste de la province. Le district de Jamgamo a souffert de pluies insuffisantes durant la campagne.

Les emblavures totales de céréales sont estimées à 183 000 hectares, un peu mieux que l’an dernier. Les superficies ensemencées en haricots et arachide ont subi une légère baisse.

Aucune attaque importante de ravageurs ou de maladies n’a été notifiée. Toutefois, des dégâts aux cultures occasionnés par les rats ont été signalés dans les districts de Panda et Massinga.

Compte tenu de précipitations insuffisantes et mal réparties, les rendements du maïs ont été inférieurs aux niveaux de 1995/96. Ceux de sorgho et de mil ont également baissé en raison des conditions très sèches à l’intérieur de la province. Les rendements de haricots et d’arachide ont été compromis, tandis que ceux de manioc ont augmenté.

La production céréalière s’est établie à 72 000 tonnes, en recul de 22 pour cent environ. La production de haricots est estimée à 19 000 tonnes, quelque 5 pour cent de plus que la campagne précédente, compte tenu de l’accroissement des semis et d’une légère augmentation des rendements. La production d’arachide a baissé, tandis que celle de manioc a augmenté, avec des disponibilités, semble-t.-il, importantes.

En dépit de la campagne généralement plus médiocre pour les cultures vivrières, la situation des approvisionnements alimentaires dans la province est encore nettement meilleure que durant la campagne victime de la sécheresse de 1994/95. Les agriculteurs disposent d’autres sources de revenus comme la production de noix de cajou, l’élevage, la collecte de bois de feu et la pêche et ne sont pas aussi vulnérables que d’autres dans de nombreuses régions du pays à déficit vivrier.

Gaza

Située dans la zone sud-orientale du Mozambique, la province de Gaza s’étend de la côte à la frontière de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe et jouxte la province d’Inhambane au nord et de Maputo au sud. Elle est essentiellement aride et outre la zone côtière limitée autour de Xai-Xai, les principales zones d’agriculture pluviale se situent le long des vallées des fleuves Limpopo, Changane et Elephant.

Le riz est cultivé sur quelque 11 000 ha, principalement sur un grand périmètre d’irrigation à Chokwe, dans la plaine côtière à l’ouest de Xai-Xai. Le barrage qui l’alimente était plein avant le démarrage de la campagne agricole principale en 1996/97, ce qui garantit d’abondantes disponibilités en eau pour la riziculture. Les rendements du riz devraient avoir augmenté de 33 pour cent par rapport à la campagne précédente, passant à 2 tonnes par hectare.

La zone côtière loin des zones irriguées est caractérisée par un système de production de noix de cajou/ noix de coco/ manioc/ agroforesterie, avec des cultures de haricots, d’arachide et de maïs durant les deux campagnes. Gaza diffère des autres provinces par le fait que ses deux campagnes agricoles sont plus ou moins égales, tandis qu’ailleurs, la récolte de la première campagne est beaucoup plus importante que la seconde.

La saison des pluies a commencé durant la deuxième décade de novembre avec quasiment deux mois de retard. Les cultures semées en octobre en ont souffert, mais des précipitations satisfaisantes tombées en décembre ont favorisé le démarrage des cultures. De fortes pluies en janvier ont nui au maïs cultivé dans le périmètre d’irrigation de Chokwe, à cause de la détérioration des systèmes de drainage. Dans les districts du nord, qui sont normalement très arides, l’insuffisance des pluies à partir de février, associée à des températures élevées, ont réduit les rendements du maïs. Les cultures de sorgho et de mil ont été toutefois moins touchées. Dans l’ensemble, la répartition des pluies a été meilleure que la normale et aucun dégât dû aux inondations n’a été signalé. L’an dernier, celles-ci avaient causé de graves dommages aux cultures.

Les oiseaux Quelea ont endommagé les cultures de mil et de sorgho dans les zones septentrionales de Gaza, tandis que les rats ont provoqué de graves dégâts aux cultures de maïs le long des vallées fluviales.

La superficie totale ensemencée en cultures vivrières annuelles en 1996/97 est estimée à 229 000 ha, dont 115 000 ha de maïs. Les superficies ensemencées en haricots, manioc et arachide sont estimées respectivement à 35 000 ha, 27 000 ha et 12 000 ha. L’accroissement des superficies totales de quelque 15 pour cent, en dépit des pénuries de semences causées par l’achèvement du programme de fourniture d’intrants du Ministère de l’Agriculture et des pêches, marque l’effort délibéré des agriculteurs d’augmenter la production. Le PAM et certaines ONG ont distribué des semences de mil et de sorgho dans les districts du centre et du nord.

La production de maïs est estimée à 61 000 tonnes, soit une augmentation de 130 pour cent par rapport à la campagne précédente. La production de riz a pratiquement quadruplé, passant de 6 546 tonnes à 24 000 tonnes. La production de sorgho et de mil a également enregistré une augmentation considérable, respectivement de 5000 et de 2000 tonnes, c’est-à-dire 71 pour cent de plus que la récolte totale de 1995/96 pour ces deux cultures. La production de haricots a augmenté de 57 pour cent, s’établissant à 13 000 tonnes, tandis que celle d’arachide est estimée à 8 000 tonnes, soit une hausse de 53 pour cent. La production de manioc, qui a enregistré une augmentation de 21 pour cent, s’est élevée à 123 000 tonnes de manioc frais.

Maputo

Située à la pointe sud du Mozambique, Maputo a la superficie agricole la plus restreinte de toutes les provinces du pays. Elle est divisée en sept districts, dont deux, Magude et Manhica, assurent normalement environ la moitié de la production agricole de la province. La céréale principale est le maïs, en dépit des conditions climatiques et pédologiques plutôt inadaptées à cette culture en régime pluvial.

La production de noix de cajou est une source importante de revenus et quelque 500 000 anacardiers poussent dans les zones côtières. A l’intérieur des terres, l’élevage, qui était autrefois une des principales activités, est en train de se relever progressivement des effets des troubles civils.

Les semis de la campagne 1996/97 ont été retardés à cause de l’arrivée tardive des premières pluies qui sont tombées durant la deuxième décade de novembre, environ un mois plus tard que prévu. Certaines cultures du district de Boane semées en octobre n’ont pas survécu aux premières pluies et ont dû être semées à nouveau. Les précipitations de deux premières décades de décembre ont créé des conditions favorables au démarrage des cultures et, après une courte période de sécheresse fin décembre, des pluies faibles mais bien réparties ont repris jusqu’à la fin du mois de mars. En conséquence, la croissance des cultures a été nettement meilleure que la moyenne. Il n’y avait pas d’importante crue des fleuves Sabie-Incomati et Maputo, facteur qui avait causé de graves pertes de récolte durant la campagne précédente. Toutefois, certaines cultures de maïs des basses terres du district de Manhica ont souffert du mauvais drainage dû aux fortes pluies locales en janvier et en mars.

Les superficies ensemencées en maïs s’élèvent à 70 000 ha, soit une augmentation de 3,4 pour cent par rapport à l’année précédente, tandis que les terres cultivées en sorgho ont augmenté de 13 pour cent, passant à 2 000 ha. Les superficies ensemencées en haricots et en arachide se sont établies à 27 000 ha (en hausse de 6 pour cent), tandis que les semis de manioc sont restés semblables à l’an passé (5 000 ha). Les rendements de maïs sont passés de 0,32 t/ha à 0,52 t/ha, tandis que ceux de riz ont augmenté de 33 pour cent, s’élevant à 1,32 t/ha. Les rendements de haricots et d’arachide ont augmenté respectivement de 7,7 pour cent et 23 pour cent.

En l’absence de problèmes d’inondations et de sécheresse qui avaient réduit la production céréalière de 1995/96 dans des proportions inquiétantes, la production de maïs a augmenté de 143 pour cent pour atteindre 37 000 tonnes. Celle de riz est passée à 7 000 tonnes, en hausse de 57 pour cent, tandis que la production de haricots et d’arachide a atteint respectivement 6 000 tonnes (+ 16 pour cent) et 5 000 tonnes (+ 30 pour cent).

La canne à sucre et la banane, qui sont d’importantes cultures de rapport dans le district de Manhica, ont bénéficié de précipitations généralement bien réparties. Il semble que la production de noix de cajou a également augmenté. Les conditions pour l’élevage sont favorables, avec des pâturages suffisants pour les troupeaux de bovins et de caprins en augmentation constante.

5. SITUATION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE DE PRODUITS ALIMENTAIRES


En 1997/98, la situation des approvisionnements alimentaires s’annonce favorable, compte tenu d’une bonne récolte de cultures vivrières durant la campagne 1996/97 et de quelques stocks céréaliers de report de la campagne précédente de commercialisation. Ces stocks sont estimés à environ 30 000 tonnes, dont 20 000 tonnes de maïs détenues par l’Institut céréalier du Mozambique par manque d’acheteurs. Même s’il est généralement vrai que la production agricole du Mozambique ne suffit habituellement pas à couvrir les besoins au-delà d’une année, certaines études indiquent qu’un nombre important de ménages pourraient avoir des stocks de report. Toutefois, beaucoup ne sont pas en mesure de le faire, car leurs stocks sont généralement épuisés vers décembre /janvier, 3-4 mois avant la récolte suivante. De plus, de nombreux agriculteurs vendent, lorsqu’ils trouvent des acheteurs, la quantité de maïs qu’ils jugent excédentaire, immédiatement après la récolte, pour obtenir de l’argent liquide qui leur permettra de satisfaire d’autres besoins -alimentaires ou non-. Ils éliminent ainsi les risques liés à la détention de stocks. Il s’agit là d’un comportement hérité des difficultés rencontrées durant la guerre civile. Les fréquentes attaques armées et la crainte de devoir quitter leur logement à la hâte ont contraint les agriculteurs à adopter cette mesure de précaution pour convertir leur production en espèces qu’ils pourront cacher plus facilement.

Compte tenu de la bonne récolte, les besoins totaux d’importations céréalières pour la campagne de commercialisation 1997/98 (avril/mars) seront inférieurs à ceux de la campagne précédente. Ils sont actuellement estimés à 205 000 tonnes (riz et blé uniquement), soit environ 46 pour cent de moins que le niveau estimé pour 1996/97. On ne devrait recourir à aucune importation de maïs car le pays devrait enregistrer une production excédentaire, estimée à 42 000 tonnes. Toutefois, il pourrait s’avérer nécessaire d’importer une certaine quantité de maïs si les donateurs choisissent de ne pas effectuer d’achats locaux pour les distribuer aux victimes des inondations. La consommation de manioc devrait augmenter dans les provinces de Cabo Delgado, Nampula, Zambezia, Inhambane et Niassa, ainsi que dans de nombreuses zones des autres provinces, où il constitue la principale denrée de base.

La Mission estime que sur l’ensemble des besoins d’importations céréalières, 102 000 tonnes seront couvertes par la filière commericale, ce qui laisse un déficit de 103 000 tonnes à combler par l’aide alimentaire. L’aide alimentaire d’urgence est estimée à 10 000 tonnes, dont 1 000 tonnes de légumineuses qui peuvent être assurées par les achats locaux.

Tableau 3: Mozambique - Bilan des céréales vivrières pour 1997/98 (en milliers de tons)


Maïs Riz Blé Sorgho & Mil Total Céréales Légumineuses
A. DISPONIBILITÉS INTÉRIEURES 1 093 118 0 318 1 529 153
Stocks d’ouverture 50 0 0 10 60 0
Production 1 043 118 0 308 1 469 153
B. UTILISATION 1 093 179 144 318 1 734 168
Utilisation vivrière 1/ 926 170 137 260 1 493 153
Autres utilisation et pertes 2/ 125 9 7 37 178 15
Stocks de clôture 42 0 0 21 63 0
C. BESOINS DÍMPORTATIONS 0 61 144 0 205 15
- Commercial 0 30 72 0 102 14
- Besoins alimentaires 9 31 72 0 103 1
-dont d’aide d’urgence 9 0 0 0 9 1

1/ Basées sur la population (18.53 million) et sur la consomamtion par tête (kg/yr), reflétant les niveaux historiques du maïs: 50; riz: 9.2; blé 7.3; sorgho et mil 3.9; total céréales: 80.4; légumineuses: 8.2.
2/ Les données suivantes sont supposées comme poucentage de production totale: maïs/sorgho/mil 12%, riz 8%, blé 5%.

En ce qui concerne les disponibilités alimentaires par région, les régions du nord et du centre sont excédentaires pour la production de céréales secondaires, essentiellement de maïs. Elles sont les principaux fournisseurs du marché intérieur et entretiennent des relations commerciales parallèles avec les pays voisins.

La Région du sud a, depuis toujours, une production vivrière inférieure aux besoins pour tous les types de céréales, et elle est fortement tributaire du marché. Elle couvre ses besoins grâce aux régions du nord et du centre ainsi qu’à l’Afrique du Sud et au Zimbabwe.

Besoins d’aide alimentaire d’urgence

Compte tenu des conditions favorables qui ont régné dans le pays, à savoir le rétablissement de la paix, la réintégration des populations rapatriées dans la vie sociale et économique et les bonnes conditions météorologiques, la campagne agricole de 1996/97 a enregistré une amélioration considérable de la production. Du fait de la reprise remarquable de la production agricole aussi bien en 1995/96 qu’en 1996/97, l’aide alimentaire d’urgence au pays a diminué. Toutefois, en dépit d’une amélioration constante de la situation des disponibilités alimentaires et de la sécurité, certaines zones du pays sont victimes d’une insécurité alimentaire transitoire, due en particulier aux inondations.

Trois conditions importantes doivent être prises en compte pour comprendre et interpréter les résultats de la campagne agricole et les interventions de sécurité alimentaire qui en découlent. En premier lieu, les provinces du centre et du nord ont bénéficié de précipitations supérieures à la moyenne durant toute la campagne, comme auparavant pour les provinces plus arides de la région méridionale. Les pluies excessives tombées dans de nombreux districts, en particulier dans le planalto (hautes terres) ont tendu à réduire la productivité. Dans la province de la pointe nord de Cabo Delgado, des précipitations inférieures à la moyenne ont été signalées dans les districts de Nangada, Palma, Mueda et Mociboa da Praia. Compte tenu des précipitations supérieures à la moyenne pour la saison, les districts côtiers et des bassins fluviaux ont été victimes d’inondations dans les provinces du centre et du nord. Quelque 103 000 ha de terres agricoles auraient été détruits par les inondations.

La Mission s’est rendue dans les provinces suivantes: au nord, Niassa, Cabo Delgado, Nampula et Zambezia; au centre, Tete, Sofala et Manica; et au sud: Inhambane, Maputo et Gaza.

Les membres de la mission ont été informés par le Gouvernement qu’un grand nombre d’agriculteurs de subsistance n’ont pas été en mesure d’effectuer les semis de la campagne secondaire, la plupart des terres cultivées étant submergées. Il est donc indispensable de réévaluer les besoins d’aide alimentaire des zones touchées dès que l’eau se retirera et que les activités d’ensemencement pourront démarrer.

La Mission a estimé en outre que, durant l’année, 77 000 personnes en moyenne auront besoin d’une aide alimentaire d’urgence pour 4 mois (un nouvel programme EMOP est en train d’être formulé en faveur de 77 000 personnes qui pourraient avoir besoin d’une aide pour une période de six mois après la deuxième récolte (novembre-avril)). La mission a adopté le taux actuel de la ration qui est de 450 g de maïs et de 40 g de légumineuses par jour.

Au cours de l’entretien avec le Gouvernement et les partenaires ONG, il a été convenu que l’aide alimentaire serait ciblée sur les populations les plus vulnérables, c’est-à-dire les ménages dirigés par une femme, les enfants, les handicapés et les agriculteurs qui n’ont plus de terres. Ces critères de sélection devraient être contrôlés rigoureusement par les organismes d’exécution, à savoir le Gouvernement, les ONG et le DPCCN (Département provincial de prévention des catastrophes naturelles). Etant donné la délivrance réussie de cartes de rationnement par le Gouvernement durant les opérations de secours en 1995/96, la mission a convenu avec le DPCCN d’entreprendre un exercice similaire d’enregistrement pour les distributions d’aide alimentaire en 1997/98. Après des consultations approfondies avec tous les membres concernés du gouvernement et des ONG, la mission a recommandé que 20 pour cent des vivres alloués à l’aide alimentaire d’urgence pour 1997/98 soient utilisés pour les projets de vivres-contre-travail, en mettant l’accent sur l’amélioration des infrastructures rurales et la réfection des routes secondaires et tertiaires pour permettre de transporter les denrées sur les marchés. Un autre élément primordial de ces programmes serait la construction et le perfectionnement des systèmes de digues afin de contenir les crues affligeantes qui surviennent périodiquement. Les estimations d’allocations d’aide alimentaire pour 1997/98 sont présentées dans le tableau 4.

Tableau 4: Aide alimentaire par Région et Province - 1997/98

Région Province Nombre de Bénéficiaries Bésoin d’aides alimentaires (maïs) MT Besoins d’aides alimentaires (légumineuses) MT
Nord Niassa 10 000 540 48

C.Delgado 15 000 810 72

Nampula 15 000 810 72

Zambezia 18 500 999 89
Centre Tete 67 000 3 618 322

Sofala 26 500 1 431 127

Manica 15 000 810 72
Sud Inhambane --- --- ---

Maputo 5 000 270 24

Gaza ---
----
Total
172 000 9 288 826

Comme il a été indiqué en 1996/97, la plus grande partie de l’aide alimentaire founie au titre des Programmes d’urgence a été livrée par le PAM, l’Organisation internationale de perspective mondiale et le DPCCN. Le Programme alimentaire mondial a été le chef de file, acheminant plus de 80 pour cent des denrées à quelques 109 points de livraison à terre, et les 20 pour cent restants ont été transportés pour l’essentiel par le DPCCN. Le transport des points de livraison à terre aux points de livraison finals ainsi que la distribution aux bénéficiaires ont été assurés par 11 ONG (6) et le DPCCN.

La Mission a noté que depuis le processus de paix, et compte tenu de l’amélioration de la production agricole, une nouvelle forme d’aide alimentaire d’urgence a fait jour au Mozambique. L’objectif consistera à cibler les zones victimes de catastrophes, ce qui permettra de réduire le nombre de bénéficiaires et le volume de l’aide alimentaire.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles ou non. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser à:

Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télex: 610181 FAO
Télécopie: 0039-6-5225-4495
Courrier électronique:INTERNET:[email protected]

Mohamed Zejjari
Directeur, OSA/ PAM
Télex: 626675 WFP l
Télécopie: 0039-6-5228-2839


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