SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D'EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES EN SOMALIE

5 Septembre 1997




VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM a été dépêchée sur le terrain pour évaluer les récoltes de la campagne principale Gu et pour estimer les besoins d'importations céréalières, aide alimentaire comprise, pour la campagne commerciale 1997/98 (août/juillet). Préalablement à l'arrivée de la mission, l'Unité d'évaluation de la sécurité alimentaire (FSAU) du PAM avait effectué, avec l'appui de la FAO, une enquête de production portant sur l'ensemble du pays. La mission a analysé les résultats de cette enquête, entreprise en juillet, et a réuni des informations supplémentaires au moyen de visites sur le terrain, d'entretiens avec des agents de terrain, des autorités locales et des ONG, de même qu'avec les donateurs desservant la Somalie depuis Nairobi.

La campagne Gu 1997 a débuté de façon précoce dans la plus grande partie de la Somalie, dans des conditions favorables à l'implantation de cultures pluviales. Les principales régions productrices de sorgho et de maïs, situées dans le sud, ont bénéficié de précipitations supérieures à la moyenne en début de campagne (fin mars et avril) avec, toutefois, un déclin à des niveaux inférieurs à la moyenne en mai - suivi d'une reprise en juin et début juillet. Après les augmentations considérables de superficies ensemencées au cours de la dernière campagne Gu, les surfaces cultivées ont enregistré par rapport à l'an dernier une réduction de 6 pour cent, tombant à 423 000 hectares, soit une chute de 17 pour cent relativement à la moyenne d'avant la guerre civile (1982-88). Parmi les facteurs ayant contribué à ce déclin dans certaines régions, il faut citer les conditions nutritionnelles déplorables des agriculteurs - qui ont affecté leur aptitude à travailler la terre - par suite de la mauvaise campagne Deyr, l'abandon de champs ensemencés en raison de l'insécurité ou de récoltes avant qu'elles n'arrivent à maturité du fait des dégâts causés par les ravageurs et la sécheresse. En dépit d'une amélioration au cours de cette campagne Gu compensant la réduction des surfaces cultivées, les rendements sont demeurés inférieurs aux niveaux d'avant la guerre civile (1982-88), par suite notamment d'un manque d'humidité à un moment critique de la croissance de la récolte. On constate, toutefois, des augmentations notables du rendement du maïs, ainsi que des améliorations sensibles de celui du sorgho, dans certaines grandes régions productrices, dont Djouba inférieur, moyen Djouba, Gedo et le nord-ouest.

La production totale de sorgho et de maïs pour la campagne Gu 1997, estimée à 241 000 tonnes, est à peu près équivalente à celle de l'an dernier; c'est également la troisième année consécutive dont le niveau est nettement inférieur à celui des moyennes précédant la guerre. Ce total estimatif se divise en 123 400 tonnes pour le sorgho et 117 672 tonnes pour le maïs. Lorsqu'on compare la campagne Gu en cours avec celle de l'an dernier, on note des variations considérables d'une région à l'autre: ainsi, en dépit de disparités parfois très marquées d'un district à l'autre, des progrès notables ont été réalisés, en règle générale tant pour le sorgho que pour le maïs, dans les régions du Shebelle moyen et inférieur, du Djouba moyen et inférieur, du Gedo et de Hiran. Les estimations font état de chutes de production pour les importantes régions agricoles de Bay et de Bakool; en outre, la production devrait également être en déclin pour la campagne Gu dans la région du Nord-ouest, où la récolte n'aura lieu qu'au mois d'octobre. Cinq districts sont particulièrement exposés aux pénuries alimentaires du fait de ces mauvaises récoltes : deux dans la région de Bay (Baidoa, Bur Hakaba), deux dans la région de Bakool (Xuddur, Tieglow) et un dans la région de Hiran (Bulo Burti); il faudra prévoir une aide spéciale pour ces districts.

La malnutrition continue de sévir de façon grave - voire alarmante - parmi les enfants de moins de cinq ans dans les régions de Bay et Bakool ainsi qu'à Mogadiscio. Cependant, bien que de très nombreux mécanismes de suivi aient été mis en place au niveau des localités, dans ces districts notamment, il serait hasardeux de tirer dès à présent des conclusions concernant la situation générale.

Avec l'arrivée précoce de la récolte Gu de cette année, les prix du sorgho et du maïs, qui étaient à la hausse depuis mai 1996, ont chuté brutalement entre mai et fin juillet 1977. Au cours de l'an dernier (mai 1997 / mai 1996), les augmentations de prix au détail pour le sorgho variaient de 17 à 100 pour cent. Quant au prix du maïs, l'amplitude de ses fluctuations allait d'augmentations de 4 pour cent à des baisses pouvant atteindre 28 pour cent, ces écarts reflétant en partie les difficultés de commercialisation occasionnées dans certaines régions par l'insécurité. Par ailleurs, le prix du bétail caprin et bovin devait lui aussi accuser un net recul. Dans l'ensemble du pays, les conditions d'accès à la nourriture, sous l'influence des prix du marché, varie considérablement selon les produits et les régions.

Si l'on prend comme référence une production moyenne de 95 000 tonnes de sorgho et de maïs pour la campagne Deyr 1997/98, la récolte étant prévue pour janvier-février 1988, le déficit céréalier global pour la campagne commerciale allant d'août 1997 à juillet 1998 est estimé à 247 000 tonnes, dont 215 000 tonnes devraient faire l'objet d'importations commerciales, ce qui laisserait un solde de besoins en aide alimentaires de 32 000 tonnes. On estime provisoirement à quelque 14 000 tonnes les plans d'aide alimentaire céréalière du PAM à la Somalie pour les 12 prochains mois. L'Union européenne compte monétiser 9 000 tonnes de céréales à travers les négociants locaux dans la Région 5 de l'Ethiopie jouxtant les zones gravement déficitaires de la Somalie, avec pour ces dernières un certain effet de propagation. Quant aux autres sources d'aide alimentaire, leur incidence sera sans doute mineure. On aboutirait ainsi à un déficit non couvert d'aide alimentaire, dont les conséquences se feraient sentir plus tard au cours de la campagne commerciale, à moins que des mesures appropriées ne soient prises dès à présent. De plus, l'acheminement de denrées alimentaires et de secours humanitaires continue d'être entravé par l'insécurité dans plusieurs régions du pays, de sorte que, bien souvent, les engagements ne peuvent être respectés dans les délais annoncés. Il convient donc de planifier à l'avance l'aide alimentaire.



 
 

LE CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE 1/

1/ Cette section se base, entre autres, sur les sources suivantes:
The Economist Intelligence Unit (EIU) -EIU Country Report: Ethiopia, Eritrea, Somalia, Djibouti; 2nd Quarter 1997;
EIU - Country Profile: Eritrea, Somalia, Djibouti; 1996-97;
Bureau de développement des Nations Unies pour la Somalie (UNDOS);
Données recueillies par la mission.

Située dans la Corne de l'Afrique, la Somalie a une superficie de 637 600 kilomètres carrés et possède le littoral le plus long de tous les pays d'Afrique. Près de la moitié de sa population est nomade, et se déplace principalement dans les régions centrales et septentrionales où la sécheresse représente une menace constante, utilisant aussi à volonté les pâturages du côté éthiopien d'une frontière extrêmement floue. Près de 30 pour cent de sa population est constituée d'agriculteurs sédentaires, occupant principalement les portions méridionales des bassins du Djouba et du Shebelle. Le reste de la population se concentre en grande partie dans l'agglomération de Mogadiscio. Le Rapport mondial sur le développement humain (1996) publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) classe la Somalie au 172e rang sur 174 pays pour ce qui est de l'indice de développement humain - cet indice combine les facteurs économiques avec les réalisations dans des domaines tels que l'éducation, la santé, la nutrition et l'espérance de vie.

La Somalie est dévastée par la guerre civile depuis 1988, et l'autorité gouvernementale a disparu depuis janvier 1991. Depuis l'effondrement de l'Etat, les combats entre clans rivaux pour la maîtrise du territoire ont contraint environ 800 000 Somalis à chercher refuge dans des pays voisins, tandis que plus d'un million de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays. En juin 1997, on recensait encore 412 000 réfugiés dans des camps de l'Ethiopie (68 pour cent) et du Kenya (32 pour cent) voisins. En 1991, la région nord-ouest de la Somalie s'est autoproclamée République de Somaliland, constituant son propre gouvernement et commençant à remettre sur pied les structures institutionnelles, et mettant en circulation en 1994 sa propre monnaie, le shilling du Somaliland (Slsh).

Estimations concernant la population

Les estimations concernant la population n'échappent pas à l'incertitude qui entoure presque toutes les statistiques liées à la Somalie. Les divergences sur le nombre de Somalis vivant dans le pays ont, bien entendu, de sérieuses répercussions sur l'évaluation de la sécurité alimentaire. Selon des estimations antérieures des Nations Unies généralement contestées aujourd'hui, la population aurait été de 9 millions d'habitants à la mi-1995. Une estimation plus récente du Bureau de développement des Nations Unies pour la Somalie (BDNUS/UNDOS) fait état de 5 441 000 habitants également mi-1995, mais ce Bureau lui-même considère qu'il s'agit de chiffres préliminaires. Une nouvelle évaluation, effectuée début 1997 par le Bureau du recensement du ministère du Commerce des Etats-Unis dénombre, toujours à la mi-1995, 6 256 000 personnes. Durant la période de déroulement de la mission, un démographe des Nations Unies a amorcé une nouvelle tentative pour parvenir à une estimation recueillant l'assentiment général.

Le volet économique

Pour la plupart des indicateurs économiques, les dernières informations disponibles remontent à 1990, année au cours de laquelle le PNB de la Somalie a été estimé à 1 738,8 milliards de Sosh (soit environ 1,6 milliard de dollars E.-U. au taux moyen de change, pour 1990, de 1 dollar = 1 055,90 Sosh), dont deux tiers provenaient de l'agriculture, environ 25 pour cent du secteur des services et près de 10 pour cent du secteur industriel. On estime que le bétail reste de loin la principale composante du PNB, soit près de la moitié du total. Avec les bananes, le bétail représente la principale source d'exportations, avec une augmentation au cours des dernières années. La Somalie exporte principalement vers l'Arabie saoudite, le Yémen et l'Italie. Sa dette extérieure totale était de 2 616 millions de dollars en 1994. Ses principales importations, en 1990, étaient les produits manufacturés, les produits de base non combustibles et les combustibles, avec comme fournisseurs de premier plan le Kenya, Djibouti et le Pakistan.

*

Sur le front de la monnaie, la Somalie connaît bien des turbulences. Tant le shilling somali (Sosh) que le shilling de Somaliland (Slsh) ont connu de très fortes fluctuations à court terme ainsi qu'une spectaculaire dépréciation sur le long terme (Tableau 1). Le Sosh, dont le taux moyen annuel était de 1 056 pour un dollar E.-U. en 1990 était tombé, en 1995, à une moyenne annuel de 6 531; à la mi-1996, le taux avait atteint environ Sosh 7 600, et en juillet 1997 le Sosh s'échangeait à 8 683. Le shilling du Somaliland a été mis en circulation en octobre 1994 au taux de 1 Slsh pour 100 Sosh, avec une parité de 50 Sosh pour 1 dollar E.-U. En juillet 1995, le Sosh était déjà tombé au taux de 160 et sa dépréciation s'est accélérée avec la seconde émission de Shillings du Somaliland en octobre 1995 (300 Slsh), et à la troisième émission, en octobre 1996, le Slsh a plongé à 5 500 pour un dollar E.-U., au moment de l'introduction de la régie des prix par le gouvernement. Il devait connaître une certaine reprise au cours des mois suivants, mais sans retrouver son niveau d'avant octobre 1996 - sauf en septembre 1996. Début août 1997, le taux de change Slsh/dollar E.-U. était de 2 950. Le Shilling du Somliland a cours dans près de la moitié de la région nord-ouest; ailleurs, c'est le shilling somali qui est utilisé, encore que les deux monnaies circulent dans certains marchés.

Tableau 1: Taux de change en Somalie, 1990, 1994-1997

SHILLING SOMALI/DOLLAR E.-U. 
Année/ mois  Jan.  Fév.  Mars  Avril  Mai  Juin  Juil.  Août  Sept.  Oct.  Nov.  Déc.
1990  Moyenne annuelle 1 056 
1994  Moyenne annuelle 4 907 
1995  Moyenne annuelle 6 531 
1996  7 629  7 125  6 600  6 907  7 480  7 520  7 614  7 614  7 496  7 677  7 842  8 096
1997  8 010  7 725  7 433  7 708  7 920  8 158  8 683 
SHILLING DU SOMALILAND /DOLLAR E.-U. $ 
1994  50 a/  55  60
1995  70  80  95  95  105  130  160  190  205  300 b/  450  400
1996  450  500  700  800  1 000  1 200  1 500  2 000  3 500  5 500 c/  4 100  3 600
1997  2 500  2 200  2 300  2 500  2 600  2 750  2 800  2 950 d/ 
a / Première émission
b/ Seconde émission
c/ Troisième émission
d/ Première semaine
Sources: UNDOS, PAM/Somalie, FEWS/Somalie, Banque centrale du Somaliland.


 

PRODUCTION CEREALIERE EN 1997/98

La production agricole est concentrée dans la partie méridionale du pays, dans les régions de Bay, Bakool, Hiran, Gedo, Djouba moyen et inférieur et Shebelle moyen et inférieur. Les autres zones productrices importantes se trouvent dans la région nord-ouest (Awdal, Galheed occidental, Jogdheer, Sanaag et Soal). La plupart des cultures céréalières - en fait surtout le sorgho et le maïs -sont des cultures pluviales, avec de petits systèmes d'irrigation le long des principaux fleuves, le Shebelle et le Djouba, dans le sud. C'est dans les pâturages du centre et des régions du nord-est que se trouve la plus grande partie du cheptel bétailler de la Somalie.

L'activité agricole en Somalie est essentiellement divisée en deux campagnes principales : la campagne Gu, avec des chutes de pluie entre avril et juin et la récolte fin juillet/août; et la campagne Deyr qui commence en octobre, avec récolte en juillet. Le long des rives fluviales, vulnérables aux inondations, on pratique l'agriculture "deshek", à savoir la culture irriguée - du maïs et des produits horticoles principalement - dans les zones de retrait des eaux de crue. Cette récolte de faible ampleur est intégrée à la campagne Gu.

Production Gu 1997

Surface cultivée

On estime que la surface totale de mise en culture pour la campagne Gu de maïs et de sorgho a accusé cette année une réduction de 6 pour cent, tombant à environ 423 000 hectares. Cette superficie est inférieure d'environ 17 pour cent à la moyenne d'avant la guerre civile (1982-88), qui était de 512 000 hectares. La surface récoltée en maïs a été de 155 633 hectares, soit une baisse de 11 pour cent par rapport à la campagne Gu de 1996 (Tableau 2); en revanche, la surface récoltée en sorgho, soit 267 426 hectares, n'avait baissé que de 3 pour cent. Le déclin des surfaces céréalières récoltées lors de la campagne Gu 1997 survient à la suite d'augmentations importantes au cours de la campagne précédente. Selon les rapports du FEWS sur la Somalie, ce déclin s'explique par plusieurs facteurs. Dans certaines régions, les agriculteurs étaient trop durement éprouvés par la malnutrition, après la mauvaise campagne Deyr, pour cultiver leurs champs; dans d'autres cas, les champs ensemencés ont été abandonnés en raison de l'insécurité; certains champs, enfin, ont été abandonnés avant d'arriver à maturité par suite des dégâts causés par les ravageurs et la sécheresse.

Niveaux de rendement

Les pluies de la campagne Gu de 1997 ont débuté de façon précoce (fin mars/début avril) dans la plupart des régions de Somalie, créant de bonnes conditions pour les récoltes pluviales, en particulier le sorgho et le maïs. Les précipitations devaient toutefois tomber au-dessous des niveaux normaux en mai, entraînant une carence d'humidité à un moment où la récolte a de grands besoins en eau. Bien que, dans certaines régions, les précipitations aient repris pour atteindre des niveaux normaux à supérieurs à la normale, elles n'ont pas toujours compensé les dégâts subis durant la période précédente de manque d'humidité.

Les zones côtières bénéficient généralement d'averses se produisant à la suite de la campagne Gu et connues sous le nom de "Hagai", qui profitent aux cultures à cycle court de même qu'aux ensemencements tardifs. Cette année, les averses Hagai se sont annoncées en juin et se sont étendues sur des centaines de kilomètres vers les régions agricoles de l'arrière-pays. Les régions nord-ouest de la Somalie connaissent également un tel régime d'averses, connues sous le nom de "Kareen". Leur importance tient à la reconstitution de l'humidité des sols, tant pour les semis tardifs que pour les cultures à cycle long telles que le sorgho, notamment lorsque les pluies de la campagne Gu cessent de façon prématurée. Les pluies "Hagai" et "Kareen" jouent aussi un rôle important dans les zones agro-pastorales, étant donné que les averses qui surviennent dans le sillage de la saison des pluies ravivent généralement les pâturages et améliorent quelque peu l'approvisionnement en eau des animaux.

Même si les rendements moyens ont augmenté durant la présente campagne Gu, compensant la réduction des surfaces récoltées, ils sont demeurés inférieurs aux niveaux antérieurs à la guerre civile. Le rendement du maïs a cependant atteint des sommets exceptionnels dans certaines des principales régions productrices - Juba moyen et inférieur, Gedo et Nord-Ouest -, atteignant 900 -1300 kg/ha, alors que le rendement de la dernière campagne Gu était de 300 à 500 kg/ha (Tableau 2). Les rendements de sorgho ont également repris, atteignant 600 à 700 kg/ha, à comparer avec la fourchette de 100 à 600 kg/ha de l'an dernier. Les rendements ont été les plus bas dans la région de Bay - avec un quasi-échec de la récolte de maïs, à 50 kg/ha - et à Bakoo (200 kg/ha).

Estimation de la production

Avec un volume prévu de 241 063 tonnes, la production totale de sorgho et de maïs pour la campagne Gu 1997 est sensiblement équivalente à celle de l'an dernier (243 738 tonnes), avec 123 400 tonnes pour le sorgho et 117 672 pour le maïs - on trouvera la répartition régionale de la production au Tableau 2. Comme l'indique le Tableau 3, on observe des variations considérables d'une région à l'autre par rapport à l'an dernier : ainsi, en dépit de disparités parfois importantes entre les districts, des améliorations importantes de la production céréalière globale ont été réalisées dans les régions de Shebelle moyen et inférieur, Juba moyen et inférieur, Gedo et Hiran. On prévoit en revanche des chutes de production pour les régions de Bay et Bakool, où quatre districts ont été très durement touchés par l'échec de la récolte : Baidoa et Bur Hakaba dans la région de Bay, et Xudur et Tieglow à Bakool. On trouve un cinquième district sévèrement atteint dans la région de Hiran, celui de Bulo Burti. La production devrait également accuser un déclin brutal dans la région nord-ouest, où la principale récolte n'aura lieu qu'au mois d'octobre, à moins que ne surviennent de nouvelles précipitations en quantité suffisante. Le maïs à cycle court planté tôt et récolté en juillet (récolte secondaire), que l'on comptabilise normalement avec la campagne Gu, a échoué dans cette région, tandis que les cultures plantées tardivement souffrent de manque d'humidité. A l'exception de la région de Gedo, la production est nettement inférieure aux niveaux précédant la guerre civile - entre 10 et 60 pour cent - avec une moyenne nationale de -37 pour cent.

Les ravageurs et les maladies des récoltes

De manière générale, l'incidence des ravageurs et des maladies des récoltes a été relativement faible durant cette campagne Gu dans l'ensemble du pays. Dans certaines régions, toutefois, on a signalé des infestations de foreurs des tiges ayant provoqué d'importants dégâts, notamment aux récoltes de maïs et de sorgho dans les régions de Bay, Hiran et du Moyen Juba.

Dans le nord-ouest, les autorités régionales ont signalé le danger d'éventuels migrateurs nuisibles, notamment des quélea, qui avaient causé d'importantes pertes de récoltes durant les campagnes précédentes. Etant donné que la récolte de sorgho en est encore au stade de la préfloraison, le quélea ne représente pas un risque immédiat, bien que sa reproduction et sa prolifération dans la région puisse entraîner des pertes importantes au niveau de la récolte devant être rentrée entre la fin septembre et la fin octobre. L'évaluation sur le terrain devait également révéler, dans la région de Hargeisa, la présence de charbon de tête s'attaquant aux récoltes de sorgho pointant précocement. Dans les régions méridionales, la récolte anticipée de céréales Gu a probablement sauvé les cultures des attaques de quélea.

Tableau 2: Prévisions concernant la production de sorgho et de maïs, campagne Gu 1997, par région

Région  Sorgho  Maïs 
Superficie  Rendement 1/ (tonnes/ha)  Production 
(tonnes) 
Superficie  Rendement 
(tonnes/ha) 
Production (tonnes)
Hiraan  13 100  0.3  4 355  5 000  0.5  2 250
Bay  150 500  0.4  56 020  11 200  - 2/  284
Bakool  11 320  0.2  2 525  1 600  0.2  389
Shebelle moyen  18 150  0.4  7 260  20 100  0.7  13 950
Shebelle inférieur  22 600  0.4  9 030  74 640  0.8  56 364
Juba moyen  10 152  0.6  6 091  13 220  0.9  12 270
Juba inférieur  804  0.6  483  13 015  0.9  11 752
Gedo  23 190  0.7  15 995  5 460  1.3  6 834
Région du nord-ouest  17 610  0.9  15 741  11 398  0.7  7 979
Autres 3/  N.D.  5 900  N.D.  5 600
Total  267 426  123 400  155 633  117 672
1/ Chiffres arrondis
2/ Moins de 0.05 tonnes/ha
3/ Y compris les petits districts/régions où aucune inspection n’à lieu durant l’évaluation
Source: Enquête de l’Unité d’évalution de la sécurité alimentaire du PAM, 1997

Tableau 3: Production céréalière de la campagne Gu 1997 comparée à celle de la campagne 1996 et à la moyenne d’avant la guerre civile (en tonnes)

Région  Production céréalière totale, 
campagne Gu 1997 
Production céréalière totale, 
campagne Gu 1996 
Production céréalière totale, moyenne 
avant-guerre civile 
Pourcentage de variation, Gu97/Gu96  Pourcentage de variation, 
Gu97/ avant guerre civile
Hiraan  6 605  6 220  14 190  +6  -53
Bay  56 304  87 990  90 410  -36  -38
Bakool  2 914  4 989  5 970  -42  -51
Shebelle m.  21 210  14 650  53 390  +45  -60
Shebelle i.  65 390  57 380  127 240  +14  -49
Juba m.  18 360  10 140  20 330  +81  -10
Juba i.  12 230  3 030  18 240  +304  -33
Gedo  22 830  3 534  17 450  +546  +31
Régions du nord-ouest  23 720  39 000  35 730  -39  -34
Autres  11 500  15 805  N.D.  -27  N.D.
Total  241 063  242 738  382 950  -0.7  -37
Source: Unité d’évaluation de la sécurité alimentaire - Statistiques de l’Office gouvernemental soumali.
1982-88


 

ELEVAGE

L'élevage intéresse principalement les régions de pâturage du centre et du nord-est, où les précipitations marginales et la pauvreté des sols sont plus favorables au pâturage qu'à l'agriculture. Les races indigènes des diverses espèces animales sont les plus répandues dans le cheptel somali, avec prépondérance de bovins, chameaux, caprins et ovins. Dans le reste du pays, l'agropastoralisme est largement pratiqué, une production mixte, agricole et animale, contribuant à réduire l'insécurité alimentaire. Le cheptel a considérablement diminué durant la guerre civile qui a sévi dans tout le pays à la fin des années 80.

Les pluies relativement abondantes dont a bénéficié le pays au cours de la présente campagne ont fourni des pâturages et de l'eau en quantité suffisante aux troupeaux, qui avaient souffert de la sécheresse durant la campagne Deyr précédente. Malgré la pénurie de médicaments et de services vétérinaires dans la plupart des régions d'élevage, la condition des animaux est jugée satisfaisante.

Depuis le début des années 90, il n'existe pratiquement pas de statistiques concernant le cheptel, et les informations dont on dispose sont le résultat d'assemblages disparates d'estimations relativement autorisées, à l'exception de la région nord-ouest où les relevés statistiques ont repris. L'enquête préliminaire à la mission entreprise par l'Unité d'évaluation de la sécurité alimentaire (FSAU) avec le soutien de la FAO n'a pas permis d'obtenir de nouvelles données. La moyenne (1982-88) portant sur la période précédant la guerre civile fait état d'un cheptel de 42 millions de chameaux/dromadaires, bovins, caprins et ovins. Après être tombée à son niveau le plus bas en 1992 (27 millions de têtes), le cheptel a commencé à se reconstituer progressivement à partir de 1993. L'on craint, à présent, qu'un éventuel repeuplement allant au-delà de la moyenne de 42 millions durant la période 1982-88 ne représente une charge excessive pour l’environnement.

Les exportations provenant de l'élevage vers les pays voisins et vers d'autres pays, qui apportent une contribution substantielle à l'économie de la Somalie, ont progressé au cours des dernières années. Selon les données récentes communiquées à la mission, un total de 3 484 785 animaux a été exporté vers les pays du Golfe Persique et le Kenya voisin, dont 3 291 104 (94 pour cent) d'ovins et de caprins, 63 299 chameaux (deux pour cent) et 130 382 bovins. Bien que la plupart de ces animaux aient été exportés depuis les ports de Bosaso et de Berbera, les expéditions se font également - en particulier pour les ovins et les caprins - à partir des nombreux petits ports situés le long du littoral, très étendu, de la Somalie. Une grande partie de ces exportations n'étant pas enregistrées, il faut considérer que les statistiques concernant les exportations sous-estiment la réalité.



 

SITUATION REGIONALE

 

Hiraan

La campagne Gu 1997 a été caractérisée par l'arrivée en temps voulu de pluies à peu près normales qui ont favorisé les semis et le démarrage des principales cultures que sont le sorgho et le maïs, mais aussi le sésame, le mil et le niébé.

Cependant, une période de temps chaud et sec est venue détériorer la situation et les cultures ont souffert du manque d'eau. On estime que l'étendue totale des emblavures durant cette campagne - 18 100 hectares - a baissé de 20 pour cent par rapport à celle de l'an dernier.

Des ravageurs - charançons, légionnaires, aphidés, pucerons et acariens rouges - ont infesté les cultures de céréales et provoqué des pertes car aucune mesure efficace de lutte n'a été prise. Par contre, les migrateurs nuisibles, en particulier les oiseaux Quelea et les acridiens, n'ont représenté qu'une menace minimale. Les perspectives de la production sont d'autant plus mauvaises que l'on manque d'intrants agricoles adéquats tels que des engrais et des semences améliorées. L'association de ces facteurs et de l'insuffisance des précipitations a entraîné une baisse des rendements qui restent toutefois supérieurs à ceux de la précédente campagne.

La production céréalière totale de cette région est estimée à 6 605 tonnes, dont 4 355 tonnes de sorgho et 2 250 tonnes de maïs. Cela représente une augmentation de 16 pour cent par rapport à la campagne Gu de l'an dernier, tout en restant nettement inférieur au niveau moyen d'avant la guerre.

Dans cette région, le secteur de l'élevage apporte une contribution importante à la sécurité alimentaire et aux revenus des ménages. Le bon état des pâturages permet que les chameaux et les bovins soient en bonne santé, par contre les petits ruminants sont infectés par plusieurs ecto-endoparasites, comme les tiques et les vers. Ces derniers ont provoqué une augmentation, de l'ordre de 5 pour cent, du taux de mortalité. On signale dans l'ensemble une amélioration des disponibilités de produits de l'élevage ayant un effet positif sur la sécurité alimentaire des ménages.

Bay

Cette région comprend cinq districts: Baidoa, Qansax, Dheere, Dinisoor, Baydhabo et Buur Hakaba. C'est la plus grande région productrice de sorgho du pays. Le début de la campagne Gu a été relativement bon, mais les pluies irrégulières survenues à un stade plus tardif du développement des cultures ont beaucoup diminué les perspectives de production. La superficie totale récoltée pendant cette campagne est estimée à 161 700 hectares, niveau proche de celui de la dernière campagne Gu (169 000 hectares récoltés).

La production céréalière régionale s'élève à 56 304 tonnes, dont plus de 99 pour cent de sorgho. La production de maïs a été très mauvaise: 300 tonnes seulement ont été récoltées contre les 8 000 tonnes de la précédente campagne. Celle de sorgho a baissé de 30 pour cent tombant à 56 304 tonnes.

L'élevage, qui apporte une contribution importante à la sécurité alimentaire des ménages d'agriculteurs et à l'économie globale de la région, a beaucoup souffert de la sécheresse durant la dernière campagne Deyr, ce qui a réduit la qualité et la quantité des animaux vivants et des produits de l'élevage. Grâce à l'amélioration des pâturages durant la présente campagne, l'état de santé des animaux est bon, surtout les bovins, les chameaux et les petits ruminants. Toutefois, l'effort des agriculteurs pour reconstituer les effectifs a été entravé par la pénurie de services vétérinaires.

Bakool

La région de Bakool est située entre les fleuves Shebelle et Djouba, le long de la frontière éthiopienne; elle englobe les districts de Xudur, Tayeglow et Wajid, qui sont les principales zones agricoles de la région. En 1997, les pluies de la campagne Gu sont arrivées en temps voulu et ont été bien réparties tant sur les terres agricoles que sur les terres de parcours pendant l'implantation des cultures. Mais les cultures n'ont pas donné de bons résultats en raison d'une vague de sécheresse qui est arrivée pendant la période critique du développement. Le sorgho, qui est habituellement planté en culture intercalaire avec le niébé, a particulièrement souffert; la production est estimée à 2 525 tonnes, soit à peu près la moitié du volume de 4 474 tonnes récolté lors de la dernière campagne Gu. La production de maïs, deuxième culture par ordre d'importance, a beaucoup baissé aussi et ne devrait guère atteindre que 389 tonnes durant cette campagne contre 515 tonnes l'an dernier.

Bakool est une des principales zones pastorales du pays dans laquelle l'élevage contribue de manière significative à l'économie des ménages grâce aux exportations et à la commercialisation locale d'animaux vivants et de produits de l'élevage. Malgré le bon état des pâturages durant la campagne, les razzias d'animaux, en particulier dans les districts de Huddur et Wajid et les infestations de parasites, jointes à l'absence de mesures de lutte efficaces, ont entravé le développement de l'élevage dans cette région.

Shebelle moyen

Cette région, située à mi-parcours du fleuve Shebelle, pratique une agriculture pluviale et irriguée, avec pour principales cultures le sorgho, le maïs, le sésame, les haricots et le riz. Les zones de Balad et Jowhar produisent l'essentiel du maïs et du sorgho cultivés dans la région et la production de sorgho de la campagne Gu 1997 a doublé d'après les estimations atteignant 7 260 tonnes, soit un peu mieux que la moyenne de la période d'avant-guerre. La production de maïs, environ 14 000 tonnes, a augmenté aussi mais reste bien inférieure à la moyenne d'avant-guerre.

Malgré les efforts des donateurs, en collaboration avec la communauté internationale, pour remettre en état certains canaux d'irrigation dans la région, une grande partie des installations reste encore à réparer. La production de riz qui a augmenté ces dernières années, souffre encore beaucoup des carences du système d'adduction d'eau. Les produits horticoles et toutes les autres cultures à cycle court sont également affectés.

Les activités pastorales fournissent près d'un tiers du revenu des ménages dans cette région. Elles sont limitées surtout au district de Mahadai, mais occupent aussi une partie des zones de Jowhar et Balad. Le bétail est en bon état grâce à l'amélioration des pâturages après la sécheresse des deux dernières campagnes. Comme dans la plupart des régions pastorales de Somalie, l'absence de médicaments et d'autres services vétérinaires empêche de traiter les maladies du bétail les plus fréquentes, notamment la trypanosomiase qui est transmise par la mouche tsé-tsé. L'amélioration récente des conditions de sécurité dans cette région a diminué les pillages d'animaux et facilité la commercialisation locale du bétail.

Shebelle inférieur

La région du Shebelle inférieur qui recouvre sept districts a un bon potentiel de production de maïs surtout irrigué. On estime que 56 364 tonnes, soit près de la moitié de la production totale de maïs du pays pour la campagne Gu, proviennent des districts de Merca, Qorioley, Afgoi et Kurtunwarey situés dans cette région. La production de sorgho est évaluée à 9 030 tonnes dont plus de 90 pour cent sont cultivées dans le district de Wanley-Weyne.

La campagne Gu a pris un bon départ car les pluies sont arrivées tôt dans la saison et ont été bien réparties, ce qui a favorisé l'implantation des cultures. Cependant, une diminution précoce des précipitations a entraîné une pénurie d'eau qui a réduit les rendements, surtout ceux du maïs pluvial dans le district d'Afgoi et dans certaines parties de celui de Merca. Les perspectives de la production de maïs ont continué à baisser après les pluies intensives arrivées en mai qui ont inondé une grande partie du bassin hydrographique, endommageant les cultures de maïs après le stade de la floraison. Les pertes de récolte et les destructions des habitations ont été importantes à Arboherow, Hakay-Dumis, Bulo-Harer et Jenale. De nouveaux rapports émanant du terrain indiquent que les zones de décrue ont été ensemencées en maïs.

Les cultures irriguées de bananes remplacent de plus en plus souvent les céréales compte tenu de leur bon potentiel d'exportation. La production de cultures à cycle court - sésame, niébé, arachides et produits horticoles - augmente aussi, car c'est un moyen de diversifier le système agricole dans la région.

L'amélioration des pâturages et des disponibilités d'eau potable durant cette campagne a favorisé le secteur de l'élevage, précédemment affecté par la sécheresse qui a sévi dans la région pendant la campagne Deyr. Les animaux semblent en meilleure santé, mais des cas de maladies ont été signalés chez les bovins et les camélidés. Des infestations de fièvre charbonneuse, de trypanosomiase et de septicémie hémorragique ont été signalées dans les districts de Kariole, Merca et Kurtunwarey.

Djouba moyen

Le moyen Djouba, qui comprend les districts de Sako, Buale et Jilib, est une des régions où l'irrigation est largement pratiquée, ce qui permet aux agriculteurs de diversifier les cultures. Le maïs, en culture extensive, est généralement intercalé avec des légumineuses à cycle court; sésame et niébé. Les cultures de bananes et de produits horticoles irriguées ont donné de meilleurs résultats que les cultures pluviales. Le long des zones inondées du bassin du Djouba, une agriculture "deshek" est généralement pratiquée dans les zones de décrue.

Les pluies de la campagne Gu 1997 sont arrivées tôt dans cette région, dès fin mars, et les chiffres cumulatifs montrent que les précipitations ont été bonnes et bien réparties jusqu'à la fin mai. La production de maïs, principale culture de la région, a augmenté d'environ 59 pour cent par rapport à la dernière campagne, atteignant 12 700 tonnes, niveau proche de la moyenne d'avant la guerre (1982-88 - 13 380 tonnes). La production de sorgho a doublé durant cette campagne, atteignant 6 000 tonnes.

La sécheresse généralisée qui s'est abattue sur cette région durant la dernière campagne Deyr a endommagé les pâturages et réduit les disponibilités d'eau potable pour les animaux, obligeant les éleveurs à parcourir de longues distances à la recherche d'une nourriture plus appropriée. Les maladies parasitaires ont constitué le principal problème pour l'élevage, et leur gravité a été accrue du fait des nombreux déplacements incontrôlés d'animaux.

Djouba inférieur

Le Djouba inférieur est une zone essentiellement pastorale, située tout au sud de la Somalie. L'agriculture est pratiquée essentiellement dans le district de Jamama où la principale culture est le maïs. Durant la campagne Gu 1997, la production de maïs a été estimée à 11 752 tonnes sur une étendue d'environ 13 000 hectares qui a augmenté de plus de 50 pour cent par rapport à la campagne précédente. La production de sorgho de la présente campagne Gu est de 483 tonnes environ.

La forte progression de la production de maïs de cette campagne tient essentiellement à l'expansion des superficies cultivées et aux précipitations assez abondantes reçues dans le district de Jamama, qui ont permis d'obtenir un rendement assez élevé. Ce bon résultat est aussi à attribuer, notamment, à l'incidence très réduite des ravageurs et maladies, en particulier la mineuse de la tige, les pucerons, les Quélea et les légionnaires, qui, les années précédentes, avaient entraîné d'importantes pertes.

Les inondations qui ont touché certaines zones du district de Buali n'ont pas endommagé les cultures; du maïs y avait été semé en tant que culture "deshek". Sur place, on indique qu'au total, 300 hectares ont été semés après la décrue et que l'état des cultures, au stade végétatif de préfloraison, est satisfaisant.

L'élevage est une activité importante dans la région, essentiellement dans les districts de Kismayu et Mmadow. Favorisées par la proximité du port de Kismayu, les exportations de bétail ont constitué une source importante de revenu pour les populations du Djouba inférieur. Le nombre de têtes de bétail de la région est cependant resté inférieur aux effectifs d'avant-guerre du fait des pillages pendant les périodes d'insécurité, de la sécheresse fréquente et d'une pénurie de médicaments et de services vétérinaires.

Gedo

La région de Gedo se situe dans le sud-ouest de la Somalie et compte six districts administratifs: Garbaharey, Bardera, Lugh, Balet Hawo, Dolow et Elwak. Le sorgho et le maïs sont les principales cultures vivrières de base dans la région, mais avec la diversification croissante des cultures, le tabac, le sésame, le pois à vache et les cultures horticoles prennent de l'importance. La production animale joue aussi un grand rôle dans la région.

La campagne Gu a commencé sans retard par des précipitations suffisantes et bien réparties qui ont favorisé l'implantation précoce des cultures. On estime qu'au total, les cultures de cette campagne Gu occupent 28 650 hectares, soit une augmentation de 21 pour cent par rapport à l'année dernière. La production céréalière est de l'ordre de 23 000 tonnes, dont 21 000 tonnes, soit 94 pour cent du total, viennent de Bardera Dheere, principale zone agricole de la région.

Cette année, il n'y a pas eu beaucoup de ravageurs et de maladies, sauf dans le district de Dolow où on a signalé qu'une infestation de mineuses de la tige et de pucerons a infligé des dégâts non négligeables aux cultures. Dans le district de Bardera, des Quélea et des animaux sauvages ont attaqué les cultures, mais la récolte précoce a réduit les pertes. L'état d'insécurité qui règne dans la région a provoqué l'abandon de certaines cultures avant la récolte. Cette situation a également touché les éleveurs qui ont déplacé leurs troupeaux vers des zones plus sûres. Des conditions météorologiques favorables pendant cette campagne ont permis d'avoir suffisamment d'eau et de pâturages. Si l'état des animaux est satisfaisant, ils ont souvent une faible productivité, les médicaments disponibles n'étant pas suffisants.

Nord-ouest

Le nord-ouest de la Somalie comprend les régions d'Awdal, du Galbeed occidental, de Jogdheer, de Sanaag et de Soal. Le maïs et le sorgho sont les principales cultures, en grande partie non irriguées. Les grandes zones agricoles se trouvent dans les districts de Baroma, Lughaya et Baki dans la région d'Awdal et les districts de Gabiley et d'Hargeisa dans la région du Galbeed occidental. Le pastoralisme est limité aux régions de Sanaal, Jogdheed et Soal où les conditions météorologiques et les sols sont moins propices à l'agriculture.

Ces dernières années, une plus grande superficie a été consacrée au "khat", feuille à effet légèrement stupéfiant, pour réduire les importations auprès des pays voisins. Bien que la mission n'ait pas pu déterminer la superficie actuellement consacrée à cette production, le remplacement des cultures vivrières par le "khat" pourrait avoir une incidence sur les disponibilités alimentaires de la région.

Le nord-ouest de la Somalie a un régime des pluies particulier, les pluies Gu allant de mai à juin et les pluies "Karen" d'août à la mi-septembre. De ce fait, la récolte était presque terminée dans le sud du pays, légèrement en avance, au moment de la mission, tandis que les cultures du nord-ouest étaient encore entre un stade végétatif avancé et la floraison.

La mission s'est rendue dans la région du Galbeed occidental et a évalué les cultures sur pied dans le district de Gabiley, et en particulier dans les villages d'Arabsiyo, Ged Abera, Hidhim, Taysar et Ijar. D'autres villages ont été visités: Boger, Gallollay et Gabiley. Les observations réalisées sur le terrain ont révélé que un état variable des cultures: d'une part, le maïs précoce n'était pas vigoureux, de sorte que l'on attend une production médiocre, et d'autre part, le sorgho, essentiellement les variétés à cycle long choisies pour leur rendement plus élevé et leurs qualités fourragères, était en meilleur état et se trouvait au stade de l'épiaison, mais avait besoin de pluies supplémentaires pour parvenir à la maturité physiologique.

Les agriculteurs de la région se plaignent de la faible fertilité des sols car ils ne disposent plus d'engrais; ils ont également besoin de matériel agricole car les coûts de location des tracteurs continuent de monter. Les régions du nord-ouest de la Somalie sont exposées à un certain nombre d'ennemis, notamment les légionnaires et les Quelea. Les cultures étant encore au stade de la végétation ou de la floraison, les oiseaux ne les ont pratiquement pas endommagées. Cependant, les sites de reproduction se trouvant dans de vastes zones de la région et en Ethiopie voisine, les oiseaux risquent encore d'attaquer les cultures, avant qu'elles n'arrivent à maturité à la fin de septembre.

Du fait de la mauvaise récolte de maïs précoce, la production de cette campagne a fléchi de 30 pour cent environ par rapport à la campagne précédente pour tomber à 8 000 tonnes. On attend également un léger recul de la production de sorgho, celle-ci tombant à quelque 16 000 tonnes, contre 18 000 tonnes au total rentrées pendant la dernière campagne Gu et 31 000 tonnes avant la guerre (1982-88).

L'élevage, qui fait l'objet d'un gros volume d'exportations, et procure à la région et au pays des recettes en devises, est important à Sanaal, Soal et Togdheed. On estime qu'en 1996, les régions du nord-ouest comptaient au total 12,5 millions d'animaux, dont 1,5 million de chameaux, 0,35 million de bovins, 5,8 millions d'ovins et 4,8 millions de caprins. Berbera et Basaso sont de loin les principaux ports d'exportation de bétail, et ont permis en 1996 l'exportation de 2,4 millions d'ovins et de caprins, 0,6 million de bovins et 0,4 million de chameaux. Environ 85 pour cent des exportations totales de caprins proviennent de cette région. En outre, il y a plusieurs ports le long de la côte où passent, selon les estimations, 10 pour cent d'exportations supplémentaires. La mission a aussi noté qu'une partie des bovins exportés qui passent par les deux ports comprennent un nombre important de bovins provenant d'Ethiopie et qui transitent vers les principaux pays importateurs: l'Arabie saoudite et le Yémen.

Au plan local, le secteur de l'élevage contribue à la sécurité alimentaire des ménages et leur fournit des moyens de subsistance durable, mais les boeufs sont également utilisés pour les activités agricoles, et notamment pour le désherbage. L'état du bétail était satisfaisant au moment de l'évaluation.



 

ANALYSE DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DE PRODUITS ALIMENTAIRES

 

Production céréalière totale estimative pour la campagne de commercialisation 1997/98

Les estimations des résultats de la campagne de commercialisation de 1997/98 dépendent notamment des hypothèses concernant la prochaine campagne Deyr. Cette campagne, qui va généralement d'octobre à janvier/février, revêt une importance secondaire dans la production céréalière annuelle. Pendant une campagne de commercialisation moyenne (août/juin), elle correspond à peu près à 20 pour cent de la production de céréales. Au moment de la mission, il était tout à fait impossible d'estimer les intentions des agriculteurs quant aux superficies qu'ils destinaient au maïs et au sorgho pendant la prochaine campagne, et à plus forte raison, d'avancer des chiffres des rendements et de la production. Pour parvenir à une estimation approximative de la production céréalière totale pour 1997/98, la mission s'est fondée sur un chiffre de production Deyr normale d'avant-guerre de 95 000 tonnes, soit 4 000 tonnes de moins que la bonne production Deyr 1995/96 - mais aussi deux fois la récolte désastreuse de la campagne Deyr de 1996/97. La production de la campagne Gu de 1997 étant, d'après les estimations, de 241 063 tonnes de céréales, la production céréalière totale de 1997/98 a été provisoirement établie à 336 000 tonnes, soit quelque 16 pour cent de plus qu'en 1996/97.

Importations commerciales de céréales

Il s'agit surtout de céréales et dérivés non produits dans le pays, c'est-à-dire riz, blé et pâtes, la plus grande partie entrant par les ports de Berbera et Bosasso, dans le nord du pays. Le volume de ces importations, très important depuis deux ans, s'élève à quelque 211 000 tonnes d'équivalent de céréales pour la campagne de commercialisation 1996/97 (Tableau 4). Le riz, la céréale que préfère la population du nord-ouest, a représenté près de la moitié des importations commerciales totales de céréales. Certains produits sont réexportés, en particulier la farine de blé vers l'Ethiopie voisine. En même temps, les importations relevées dans les principaux ports peuvent être inférieures aux volumes réels, car la situation d'insécurité ou la fermeture de certains ports détournent les petites expéditions vers des sites de débarquement officieux, le long de la côte somalienne. En outre, les réfugiés des camps de l'est de l'Ethiopie, non loin de la frontière avec la région du nord-ouest de la Somalie, "monétisent" des quantités non négligeables de leurs allocations d'aide alimentaire en les envoyant de l'autre côté de la frontière, surtout sur le marché de Hargeisa. Une quantité moindre de sorgho et de maïs est échangée dans le cadre d'opérations transfrontières avec l'Ethiopie et le Kenya. Le flux net de ces opérations dépend des fluctuations saisonnières des prix dans la région, et à long terme, on estime que les entrées et les sorties s'équilibrent.

Les importations commerciales de céréales devraient continuer à jouer un rôle important dans la situation des approvisionnements alimentaires de la Somalie en 1997/98.

Tableau 4: Importations commerciales de céréales entre juillet 1996 et juin 1997, en tonnes d'équivalent de céréales

Mois/ produit  1996  1997  TOTAL
Juil.  Août  Sept.  Oct.  Nov.  Déc.  Janv.  Fév.  Mars  Avril  Mai  Juin 
Riz  7 645  457  2 995  8 033  21 491  8 403  5 640  16 120  2 459  8 370  12 135  8 284  102 032
Blé  700  15  715
Farine de blé  1 347  4 831  3 353  10 426  8 100  2 298  7 866  7 444  11 504  9 758  6 570  6 772  80 269
Pâtes  724  1 192  1 068  3 662  1 852  5 112  1 654  1 686  6 876  1 990  1 690  596  28 102
TOTAL  9 716  6 480  7 416  22 821  31 443  15 813  15 175  25 250  20 839  20 118  20 395  15 652  211 118
Note: facteurs de conversion en équivalent de céréales: farine de blé = 1,33
pâtes = 2,00
Source: estimations de la mission fondées sur des statistiques de l'Unité d'évaluation de la sécurité alimentaire du PAM.

Prix du marché

L'évolution récente de la plupart des prix, suivie chaque semaine en Somalie du Sud, indique - à part des fluctuations hebdomadaires importantes - une tendance à court terme au déclin marqué des prix du sorgho et du maïs compte tenu de l'arrivée sur les marchés de la récolte Gu. Le Tableau 5 illustre cette évolution récente pour quelques marchés.

Les prix de détail des céréales et du bétail en Somalie sont extrêmement variables dans le temps et dans l'espace et difficiles à interpréter, compte tenu des fluctuations monétaires substantielles et des conditions de sécurité précaires qui affectent les mouvements commerciaux. En mai 1997, les prix du sorgho local étaient dans tout le pays sensiblement plus élevés qu'un an auparavant, les augmentations allant de 17 à 20 pour cent à Bosaso et Mogadishu (marchés de Bakaara et de Kaaran) à 53 pour cent à Beletweyne et 100 pour cent à Bardera. Seul Hargeisa fait exception, avec une baisse de 13 pour cent des prix du sorgho. Le tableau est différent pour le maïs, avec une tendance générale à la baisse des prix entre mai 1996 et mai 1997 - de moins 6 à moins 28 pour cent - sauf pour Bardera et Jowhar où les prix du maïs ont augmenté de plus de 45 et 50 pour cent, respectivement. Les prix des races locales de chèvres (par tête) ont diminué de quelque 15 à 25 pour cent, à l'exception de Jowhar où on enregistre une hausse de 10 pour cent. Les baisses de prix ont été encore plus marquées pour les races locales de bétail: 25 à 30 pour cent à Mogadishu (Kaaran), Jowhar et Beletweyne et jusqu'à 54 pour cent à Bardera.

Tableau 5: Prix du sorgho et du maïs, mai 1996, mai 1997, juillet 1997 sur quelques marchés (Sosh/kg)

Prix de mai 1996  Prix de mai 1997  Prix de mi-fin juillet 1997  Changement en % entre mai 1997 et mai 1996  Changement en % entre juil.1997 et mai 1997
SORGHO 
Afgoi (L.Shebelle)  2 114  2 667  1 500  +26  -44
Baidoa (Bay)1 1 300  3 500  950-1 000  +169  -71 --73
Qansax Dhere (Bay)  N.D.  2 800  1 000  N.D.  -64
MAIS 
Afgoi  3 345  2 900  2 500  -23  -14
Jowhar (M.Shebelle)  2 125  3 185  1 500  +50  -53
Qansax Dhere  N.D.  3 000  1 100  N.D.  -63
1/ Prix au kg calculés à partir du prix au quintal pour mai et juillet 1997.
Sources: Mission et Unité d'évaluation de la sécurité alimentaire du PAM.

Compte tenu de l'instabilité du système monétaire double de la Somalie, une analyse des termes de l'échange locaux peut être un moyen utile d'interpréter les fluctuations de prix. Les termes de l'échange pour les pasteurs, exprimés en quantité de sorgho obtenue par tête de caprin d'espèce locale, étaient dans tout le pays nettement inférieurs en mai 1997 à ce qu'ils étaient un an auparavant: les termes de l'échange sorgho/caprin ont diminué de 34 à 57 pour cent, reflétant l'augmentation des prix nominaux du sorgho et la baisse des prix des caprins. Particulièrement préoccupante du point de vue de la sécurité alimentaire est la dégradation des termes de l'échange pour les travailleurs agricoles non qualifiés, exprimés en quantité de sorgho obtenue avec un salaire journalier. En mai 1997, le salaire journalier permettait d'acheter entre 2,6 kg de sorgho (Bardera) et 6 kg (Afgoi) sur les marchés en shilling Somali (Sosh), soit un déclin des termes de l'échange sorgho/salaire journalier de 16 à 64 pour cent par rapport à l'an dernier. La situation est bien différente sur les marchés en shilling Somaliland (Slsh), où le salaire journalier d'un ouvrier agricole non qualifié permettait d'acheter 20 à 25 kg de sorgho en mai 1997.

Prévisions concernant le bilan de l'offre et de la demande pour 1997/98

L'estimation par la Mission du bilan de l'offre et de la demande de céréales et des besoins d'importations céréalières est résumée dans le Tableau 6. Elle est fondée sur les estimations démographiques de l'UNDOS de la mi-1995, auxquelles on a appliqué un taux d'accroissement annuel de 3 pour cent. Elle inclut une provision pour 40 000 réfugiés qui devraient revenir des camps du Kenya et d'Ethiopie, sur la base d'informations fournies par le HCR. D'après des estimations récentes provenant d'autres sources, comme indiqué dans la section socio-économique ci-dessus, cette estimation de la population pourrait bien être inférieure à la réalité. Elle devra être revue une fois que l'enquête démographique des Nations Unies en cours sera achevée et que toutes les parties concernées seront parvenues à un consensus après analyse comparative des diverses estimations.

Tableau 6: Somalie - Bilan de l'offre et de la demande de céréales, août 1997/juillet 1998 (en milliers de tonnes)

Population au 31/1/98 (en milliers de personnes) 5 913

Toutes céréales
Disponibilités intérieures  354
stocks d'ouverture (1/8/97  18
Production 1997/98  336
1997 Gu  241
1997/98 Deyr  241
Utilisation totale  601
Utilisation alimentaire  532
Utilisation fourragère  5
Semences/pertes  34
Stocks de clôture  30
Besoins d'importation  247
Importations à des conditions commerciales  215
Aide alimentaire  32


Après la désastreuse récolte Deyr de 1996/97 engrangée au début de l'année, les stocks d'ouverture devraient consister essentiellement en stocks d'aide alimentaire et en stocks d'importations commerciales, aux ports d'entrée ou dans la filière vers les marchés, une part minime étant attribuée aux stocks sur l'exploitation généralement épuisés. Bien que la récolte Gu ait commencé exceptionnellement tôt cette année - de même que sa commercialisation et sa consommation - toute la production Gu est considérée comme relevant de la campagne commerciale commençant le 1er août. Les chiffres de production céréalière concernent le sorgho et le maïs; la production de riz et de millet a été négligeable. On a supposé une consommation céréalière moyenne de 90 kg par habitant et par an, y compris le riz et le blé importés. Il convient de souligner que ce chiffre varie en fonction des régions et plus précisément des diverses économies alimentaires. On estime que les semences et les pertes représentent 10 pour cent de la production. L’utilisation de céréales pour l'alimentation animale est minime. On prévoit des stocks de clôture identiques à ceux de l'ouverture de la campagne commerciale pour ce qui est des stocks d'aide alimentaire et des stocks commerciaux plus une modeste reconstitution des stocks sur l'exploitation, à supposer que la campagne Deyr 1997/98 soit à peu près normale. Les importations commerciales ne devraient augmenter que légèrement; pour le reste, les observations figurant dans la section relative aux importations commerciales sont toujours valables.

Dans ces conditions, la mission prévoit une production céréalière totale 1997/98 de 336 000 tonnes et un déficit céréalier de 247 000 tonnes. Sur ce total, 215 000 tonnes pourraient, selon l'analyse de la mission, être importées à des conditions commerciales, ce qui laisserait des besoins d'aide alimentaire de 32 000 tonnes de céréales.

Les bilans de l'offre et de la demande alimentaires donnent une idée de l'ampleur des déficits vivriers. Ils servent à avertir la communauté internationale qu'une aide alimentaire risque d'être nécessaire. Mais le déploiement effectif de l'aide alimentaire et d'autres formes d'assistance exige une mise au point supplémentaire, fondée sur la compréhension des économies alimentaires des ménages affectés. Les ménages peuvent en effet compenser un déficit céréalier en augmentant leur consommation d'autres aliments présents dans le régime alimentaire habituel, tels que les légumineuses, les racines et tubercules, les bananes, la viande et le poisson. En outre, en cas de crises alimentaires extrêmes, les ménages peuvent avoir recours au gibier (dik-dik et antilope dans la région de Buale en Somalie), à la sauvagine (pintade et francoline), au miel sauvage et à des racines et graines. Ils peuvent migrer à la recherche de travail vers d'autres régions du pays ou à l'étranger. Tant la substitution d'un aliment à l'autre dans le régime alimentaire habituel des ménages que le recours à d'autres sources d'aliments (y compris économiques) sont au coeur de ce que l'on appelle les stratégies "de survie". Bien souvent, les Somalis sont capables de survivre avec très peu de nourriture, mais le manque absolu d'eau les contraint toujours à se déplacer. Les options ouvertes aux ménages et la nature de leurs stratégies de survie dépendent des caractéristiques de leurs économies alimentaires ainsi que des comportements traditionnels. Toutefois, après trois mauvaises récoltes céréalières consécutives, les mécanismes de survie commencent à s'user et surtout l'état nutritionnel à long terme de la population ne cesse de se dégrader.

Situation nutritionnelle des enfants âgés de moins de cinq ans

Un grand nombre d'activités locales de surveillance sont en cours pour évaluer la situation nutritionnelle des enfants âgés de moins de cinq ans. S'il est impossible à ce stade de tirer des conclusions générales concernant la situation actuelle en Somalie, les observations ci-après peuvent être faites: la malnutrition des enfants âgés de moins de cinq ans demeure élevée, voire alarmante, dans les régions de Bay et Bakool et à Mogadishu. En certains points de la région de Bay, une malnutrition modérée à grave a été constatée chez 60 à 70 pour cent des enfants âgés de moins de cinq ans (ville de Baidoa, Dinsor) au cours du mois de mai 1997. A Mogadishu Sud, la situation serait critique et aurait empiré par rapport à l'an dernier à la même époque. Les taux de malnutrition ont également augmenté ces derniers mois dans certaines localités de la région de Djouba inférieur (atteignant plus de 50 pour cent à Dobley et plus de 40 pour cent à Afmadow). Le bilan, toutefois, n'est pas uniformément catastrophique. Plusieurs localités signalent même des améliorations récentes, voire à plus long terme. Par exemple, le centre de santé maternelle et infantile de Shaquaalaha (Kismayo) dans la région de Djouba inférieur signale une baisse régulière de l'incidence de la malnutrition chez les enfants âgés de moins de cinq ans depuis 1995; et d'après les enquêtes menées par l'UNICEF dans les régions du nord-ouest et du ord-est début 1997, les taux de malnutrition des enfants âgés de moins de cinq ans se situeraient entre 6 et 11 pour cent, ce qui est faible, les enfants les plus jeunes étant les plus frappés.

Aide alimentaire d'urgence

En 1996, le PAM a distribué 16 000 tonnes de denrées alimentaires, dont 12 500 tonnes de céréales. Sur la quantité totale d'aliments distribués, 22 pour cent ont été distribués à titre de secours et les 78 pour cent restants au titre d'activités de redressement. Les programmes du PAM ont touché 1,3 million de bénéficiaires.

Pour le premier semestre de 1997, l'aide alimentaire céréalière et autre du PAM s'est élevée à 4 500 tonnes, distribuées à 400 000 personnes dont 170 000 femmes. Un tiers des aliments distribués ont été alloués à des activités de secours et les deux tiers restants au secteur du redressement. Outre ses programmes ordinaires, le PAM a répondu aux besoins d'urgence de 300 000 bénéficiaires dans le sud de la Somalie en distribuant 3 300 tonnes de céréales avant la récolte Gu. Cette opération d'urgence visait à compenser les résultats catastrophiques de la campagne Deyr de 1996/97.

L'objectif que s'était fixé le PAM de distribuer quelque 20 000 tonnes d'aide alimentaire en 1998 sera sans doute revu dans le cadre d'une réévaluation générale de la programmation pour le restant de 1997 et pour 1998. Dans ce contexte, on gardera présentes à l'esprit les difficultés particulières auxquelles se heurte toute tentative de planification dans un environnement aussi fluctuant que celui qui prévaut en Somalie. Le PAM évalue en outre d'autres besoins d'urgence dans les cinq districts des régions de Bay, Bakool et Hiran et étudie les moyens d'y répondre de la manière la plus efficace. Au-delà des interventions d'urgence, le PAM suivra les groupes vulnérables, notamment ceux des zones urbaines et cherchera à améliorer leur sort. Chaque fois que possible, il est prêt - dans les limites de son mandat et de ses procédures et en coopération avec ses partenaires internationaux et les communautés locales - à appuyer des activités de redressement en mettant en place des projets vivres-contre-travail dans les zones à déficit vivrier. L'exécution de ces projets se heurtera vraisemblablement à la rareté des partenaires potentiels et aux restrictions liées à l'insécurité, ainsi qu'à l'absence de gouvernement central et de structures administratives locales.

Le PAM poursuivra sa politique de monétisation sur place des denrées alimentaires, en vue de recueillir quelque 2 millions de dollars E.-U. qui serviront pour l'essentiel à fournir les intrants non alimentaires nécessaires au redressement agricole. En outre, les achats de denrées alimentaires sur place ou dans la région se poursuivront, s'il existe des excédents.

Les ONG fournissent aussi une aide alimentaire en quantité plus limitée. Ainsi, le Comité international de la Croix Rouge, en coopération avec le Croissant rouge de Somalie, a distribué 1 500 tonnes d'aliments en 1996 et espère pouvoir recommencer en 1998.



 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. Il est réservé à un usage officiel. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant. 
Abdur Rashid  M. M.Zejjari
Chef, SMIAR FAO  Directeur, OSA, PAM
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