Perspectives de l'Alimentation 09/97 (FAO/SMIAR)

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POISSON ET PRODUITS DE LA PECHE

 

PRODUCTION MONDIALE DE POISSON

Selon les données provisoires, en 1996 les captures de poisson ont été légèrement supérieures au volume record de 113 millions de tonnes atteint en 1995. La Chine demeure le plus grand producteur mondial de poisson, avec une production de 25 millions de tonnes en 1996 dont plus de 50 pour cent proviennent d'une aquaculture continentale en plein essor. Dans la Fédération de Russie, après avoir subi une forte contraction sous l'effet des changements économiques et de la restructuration de l'industrie de la pêche, la production halieutique a marqué une nouvelle reprise en 1996. Les captures du Japon ont à nouveau fléchi en 1996, en raison des problèmes enregistrés par le secteur de la sardine.

SITUATION PAR PRODUIT

Selon les toutes dernières estimations, la production mondiale de crevettes de 1996 atteindrait 3 millions de tonnes. La production de crevettes d'élevage a reculé en 1996 sous l'effet de maladies. La Thaïlande est restée le plus grand producteur mondial, malgré un net fléchissement de sa production qui, après avoir atteint un volume de 220 000 tonnes en 1995, est tombée à 160 000 tonnes, pour environ 20 000 élevages. En Indonésie et au Viet Nam, les élevages ont également été frappés par des maladies qui ont déterminé une baisse de production en 1996. La Chine et l'Inde ont maintenu leur niveau de production, respectivement de 80 000 et 70 000 tonnes environ. Au Bangladesh, où les élevages n'ont pas été touchés par le virus, la production a atteint quelque 35 000 tonnes. Dans l'hémisphère occidental, l'Equateur a été le principal producteur, avec une production de 120 000 tonnes, sur un total régional de 200 000 tonnes. La production de crevettes d'élevage de la région Amérique latine a augmenté de 10 pour cent par rapport à 1995.

L'année 1996 a été caractérisée par une surabondance de crevettes d'eau froide Pandalus borealis, due principalement à une augmentation des captures des chalutiers islandais dans le Bonnet flamand. Les prix des crevettes d'eau froide ont de ce fait chuté au cours de l'année, et en décembre 1996 ils étaient inférieurs de 23 pour cent à ceux de l'année précédente, à la même époque. Ce fléchissement s'est poursuivi durant les premiers mois de 1997. Les prises islandaises de crevettes ont atteint un nouveau record en 1996, avec 89 000 tonnes débarquées, contre 83 600 tonnes en 1995. Pour 1997, on prévoit une diminution des captures islandaises de crevettes, le ministère des pêches de ce pays ayant abaissé le quota relatif à ce produit.

Les faibles disponibilités globales de crevettes ont déterminé un fléchissement des importations du Japon et des Etats-Unis. En 1996, les importations de crevettes du Japon sont tombées à 289 000 tonnes, contre plus de 300 000 tonnes en 1993 et 1994. Cette contraction des importations s'explique par la situation généralement morne du marché japonais en 1996, quand les négociants n'étaient pas disposés à payer les prix élevés alors en vigueur. Le principal fournisseur du marché japonais reste l'Indonésie, malgré les problèmes rencontrés par son industrie aquacole de la crevette. Les exportations de la Thaïlande vers le marché japonais se sont effondrées sous l'effet des problèmes de maladies auxquelles les producteurs ont dû faire face.

PRODUCTION MONDIALE DE POISSON
1994  1995  1996 prélim.
( . . millions de tonnes . . ) 
Chine  20.7  24.4  25.0
Pérou  11.6  9.0  9.6
Chili  7.8  7.2  6.9
Japon  7.4  6.8  6.6
Etats-Unis  5.9  6.0  5.9
Inde  4.5  4.9  5.1
Indonésie  3.9  4.0  4.2
Féd. de Russie  3.8  4.2  4.6
Autres pays  44.0  46.5  45.3
TOTAL  109.6  113.0  113.2
SOURCE: FAO

Aux Etats-Unis, la croissance économique et la valeur élevée du dollar E.-U., ont créé un environnement très favorable à la consommation et à la demande de crevettes dans le pays. Les disponibilités n'étaient toutefois pas suffisantes pour répondre à la demande et les prix sont restés élevés tout au long de l'année 1996 et pendant la première moitié de 1997. Les importations de crevettes des Etats-Unis ont fléchi en 1996 pour la deuxième année consécutive, passant à 264 000 tonnes, soit un recul de 3 pour cent par rapport à 1995 et 8 pour cent de moins qu'en 1994. La Thaïlande demeure le principal exportateur vers les Etats-Unis, bien que ses ventes aient baissé en 1996. Les trois principaux fournisseurs du marché des Etats-Unis ont tous enregistré une contraction de leurs exportations en 1996 par rapport à 1995: Thaïlande -7 pour cent, Equateur -8,5 pour cent, et Mexique -7 pour cent.

Le Royaume-Uni et la France ont tous deux augmenté leurs importations de crevettes en 1996. Au Royaume-Uni, cet accroissement a atteint 12 pour cent et venait exclusivement d'un renforcement de 30 pour cent des importations de crevettes d'eau froide cuites et décortiquées provenant d'Islande. Toutefois, cet emballement des achats de ce type de produit a déterminé une surabondance de disponibilités sur le marché, qui sont encore loin d'être absorbées.

La production de crevettes a été faible au cours du premier semestre 1997. Les problèmes de maladie ont continué de se répercuter sur les disponibilités des principaux pays producteurs de crevettes d'élevage. Dans certains pays, la législation pourrait limiter l'élevage des crevettes dans les prochains mois. Les Etats-Unis représentent le moteur du marché mondial de la crevette, alors que la demande a été plutôt faible au Japon, sauf pendant la "golden week", une semaine particulièrement euphorique. Pour les mois à venir, on prévoit un certain fléchissement des prix, en raison des vastes disponibilités de crevettes d'eau froide.

En 1996, les importations japonaises de thon se sont établies à 326 000 tonnes, volume légèrement inférieur aux 333 000 tonnes qui avaient été importées en 1995. Les importations d’albacore ont marqué une certaine reprise en 1996, après les fortes contractions des années 1994 et 1995. Par ailleurs, les importations de thon obèse ont quelque peu fléchi après l'accélération enregistrée en 1995. Cette situation indique que sur le marché du sashimi, le thon obèse est utilisé en remplacement de l’albacore. Taïwan (province chinoise) demeure le principal exportateur vers le marché japonais, bien que ses exportations aient reculé de 7 pour cent en 1996, tombant à quelque 96 000 tonnes, soit un fléchissement de 6 pour cent par rapport à 1995 et 33 pour cent de moins que le sommet atteint en 1993.

L'affaiblissement de la demande de thon en conserve aux Etats-Unis, auquel s'ajoutent les problèmes d'UNICORD, qui était le principal fournisseur thaïlandais, a fait tomber les importations américaines de thon en conserve à 88 000 tonnes en 1996, soit 10 000 tonnes de moins qu'en 1995, niveau très inférieur au record de 160 000 tonnes atteint en 1991. La Thaïlande demeure le principal fournisseur des Etats-Unis, malgré un recul de 26 pour cent de ses exportations en 1996. Aux Etats-Unis, la consommation de thon en conserve a baissé de 5 pour cent en 1996, passant à 2 kg par habitant.

Plusieurs usines de production de quartiers de thon ont été ouvertes en Equateur, en Colombie et au Venezuela, qui fournissent les Etats-Unis et le marché européen. Aux Etats-Unis, les importations de quartiers de thon ont fortement augmenté en 1996, passant à 40 000 tonnes, contre 35 500 tonnes en 1995. Au total, les importations de thon congelé par les Etats-Unis ont atteint 188 000 tonnes en 1996, contre 180 000 tonnes en 1995. Taïwan (province chinoise) est le principal exportateur de thon congelé vers les Etats-Unis, avec 40 pour cent du marché: la principale espèce exportée est le germon. Par effet de l'expansion du secteur des quartiers de thon, les exportations équatoriennes de thon vers le marché des Etats-Unis ont doublé en 1996, passant à 10 000 tonnes.

Les captures de thon ont été très décevantes tant dans l'océan Indien que dans le Pacifique durant le deuxième trimestre de 1997. De ce fait, les prix du listao et de l’albacore sont montés sur le marché mondial, et de nouvelles hausses sont prévues dans les prochains mois. En Thaïlande, le prix du listao a atteint 1 300 dollars E.-U. la tonne en juillet 1997, contre 850 dollars E.-U. la tonne plus tôt dans l'année. Les conserveries n'ont actuellement que des stocks limités et devront donc se procurer les matières premières au prix fort, renchérissement qui se répercutera sur les importateurs. Certains pays recherchent déjà d'autres sources d'approvisionne-ment, les pays de la CE se tournant de plus en plus vers les Etats ACP auprès desquels le thon en conserve peut être importé en franchise. Le nouveau pacte relatif aux dauphins devrait avoir un impact notable sur le marché mondial du thon. La pêche au thon reprendra dans le Pacifique oriental et le thon mexicain s'accaparera une part importante du marché des Etats-Unis.

De récentes études sur les pêcheries mondiales de thon ont mis en évidence une exploitation quasi totale, voire même une surexploitation, de cette ressource dans plusieurs zones. Le thon commun du Nord et du Sud a été surpêché dans le passé et fait maintenant l'objet de systèmes de contingentement très stricts dans la plupart des domaines. Dans l'Atlantique, on observe également une surexploitation de l’albacore et du listao, et un trop grand nombre de prises de petits spécimens. Les pays intéressés ont pris des mesures pour protéger cette ressource, en interdisant pendant un certain temps la pêche au thon. Dans l'océan Indien, alors qu'à l'introduction de la pêche à la senne coulissante dans ces eaux (au milieu des années 80), le pourcentage de thons de grande taille dans les filets était encore très élevé, il est rare actuellement de prendre un gros albacore, tandis que le pourcentage de petits thons est en augmentation. Il y a donc dans cette zone également une situation de surexploitation et les pays pourraient commencer à prendre des mesures. La seule zone dans laquelle l'état de cette ressource semble bon et permettre une ultérieure augmentation des prises, est le Pacifique occidental, où il est possible d'accroître les captures de listao. Par contre, les prises mondiales d’albacore devraient reculer et l'on peut donc prévoir une nouvelle augmentation des prix. Cela aura des conséquences sur la consommation de thon dans les pays comme l'Italie où l’albacore est l'espèce la plus prisée.

Le marché mondial des poissons de fond a été caractérisé en 1996 par un afflux important de lieu d'Alaska à bon marché. La Fédération de Russie en a exporté 34 000 tonnes en 1996, soit 76 pour cent de plus qu'en 1995. De ce fait, le prix de la morue est lui aussi resté faible en 1996, aussi bien sur le marché européen qu'aux Etats-Unis, tendance qui devrait se confirmer au cours des prochains mois sous l'effet de disponibilités accrues puisque les flottilles de la Norvège et de la Fédération de Russie s'efforceront de remplir leur quota de 850 000 tonnes. La Chine a encore renforcé sa présence sur le marché américain des poissons de fond, exportant quelque 36 800 tonnes, ce qui représente une progression de 20 pour cent par rapport à 1995 et 40 pour cent de plus qu'en 1994.

Les captures de poissons de fond ont été réduites de moitié en dix ans à peine. La quasi-totalité des stocks de fond semblent être intensément exploités ou surpêchés. Le lieu d'Alaska demeure sous pression, en raison du volume important des prises illégales. Le lieu d'Argentine est en danger de surexploitation. D'un autre côté, les prix des espèces de fond sont encore relativement faibles et ne devraient augmenter que très progressivement dans les prochains mois.

La Chine joue depuis quelques années un rôle important sur le marché des céphalopodes, grâce à des investissements permanents dans sa flottille hauturière. Les bateaux de pêche chinois commencent maintenant à pêcher dans l'Altantique Sud-Ouest, ce qui donnera lieu à une augmentation des disponibilités de calmars provenant de cette zone. Mise à part la flottille chinoise, toutes les autres nations pratiquant la pêche signalent des prises de céphalopodes décevantes. Certaines pêcheries semblent fortement sous pression - comme le poulpe de l'Altantique Centre-Est. Les prix des céphalopodes devraient augmenter au cours des prochains mois.

Au début de l'année, une interdiction de pêcher de deux mois (mars-avril 1997) a été décidée à Las Palmas pour protéger le poulpe. Après la levée de l'interdiction, le stock se trouvait encore à un niveau exceptionnellement faible, ce qui prouve que la pression exercée sur cette espèce était bien plus forte qu'estimé précédemment. Les prix du poulpe sur le marché mondial restent élevés, malgré un certain fléchissement par rapport au niveau particulièrement élevé atteint au cours du second semestre de 1996.

Avec la libéralisation des économies d'Europe orientale, le commerce des fruits de mer avec l'Europe occidentale s'est rapidement développé. La Fédération de Russie et la Pologne sont devenus d'importants marchés pour les petits pélagiques congelés, comme le hareng et le maquereau. Pour ce qui est du maquereau, les disponibilités ont été faibles en 1996, avec des prix d'un niveau record, et devraient rester réduites en 1997; en revanche, il est probable que les disponibilités de hareng augmentent.

La Norvège et l'Irlande sont les principaux fournisseurs de maquereau des marchés d'Europe orientale en plein essor. L'Irlande est le plus grand exportateur vers la Fédération de Russie, tandis que la Norvège domine les ventes vers la Pologne. Les exportations de ces pays ont été en constante expansion au cours de ces dernières années, et ce en dépit de la diminution des captures de maquereau de l'Atlantique en 1996 et de prix nettement plus élevés. De plus, le maquereau de l'Atlantique est préféré au chinchard, malgré son prix supérieur. Le marché a toutefois été influencé par le volume fortement réduit des captures de chinchard de la Norvège en 1996 avec 16 000 tonnes, contre un niveau normal de 95 000 - 130 000 tonnes (1993-1995).

Si la totalité des maquereaux destinés à la Fédération de Russie lui sont vendus sous forme de poissons entiers ou de blocs congelés, les harengs sont en revanche importés sous trois formes: poissons entiers congelés, harengs salés et filets. Le marché le plus important est celui des harengs entiers congelés et à elles seules les exportations de la Norvège se sont établies à près de 100 000 tonnes en 1996. Le deuxième produit par ordre d'importance est le hareng salé. Il s'agit d'un produit traditionnelle-ment exporté par la Norvège et l'Islande, mais en Europe orientale la tendance actuelle est d'importer des harengs congelés et de les saler sur place, ce qui revient moins cher que d'acheter le produit déjà salé. Cela n'a toutefois pas été le cas dans la Fédération de Russie où, du fait d'approvisionnements en poisson insuffisants dans l'ensemble, les importations de harengs salés ont, elles aussi, progressé. Cette tendance a été interrompue en 1996, lorsque les importations de harengs salés en provenance de Norvège sont tombées à 9 500 tonnes, contre 14 660 tonnes en 1995.

La Pologne est le marché le plus important pour les filets de harengs dont elle a importé près de 50 000 tonnes uniquement de Norvège en 1996. Les importations de shadines rondes de Norvège ont atteint 31 000 tonnes en 1996 tandis que celles de harengs salés se sont établies à 3 700 tonnes. Avec l'augmentation des captures de harengs de la Norvège, on prévoit une progression des importations une certaine mesure, non seulement parce que les de harengs au détriment du maquereau. En Pologne, ces produits peuvent se substituer l'un à l'autre dans importateurs et les transformateurs traitent les deux espèces, mais aussi parce que les consommateurs peuvent facilement opérer des choix différents, entre les divers produits fumés et marinés.


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