SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 

ALERTE SPECIALE NO. 277

MISSION FAO/PAM D'EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES EN REPUBLIQUE POPULAIRE DEMOCRATIQUE DE COREE

11 septembre 1997




1. VUE D'ENSEMBLE

Dans un pays ayant déjà subi deux années consécutives d'inondations - en 1995 et en 1996 - l'été 1997 a apporté non seulement une sécheresse dévastatrice sur l'ensemble du territoire mais également un typhon destructeur qui a causé des dommages importants aux cultures des zones littorales de l'ouest. Ces catastrophes auront sans aucun doute des répercussions graves et durables sur la situation des disponibilités alimentaires du pays, déjà précaire. L'optimisme prudent manifesté récemment quant à une reprise de la production alimentaire au cours de cette année fait désormais place à de profondes inquiétudes devant les perspectives de sécurité alimentaire pour les prochains mois et pour l'année qui vient. En effet, faute de mesures correctives, le bilan des catastrophes de cette année risque d'être beaucoup plus lourd que celui des dommages subis au cours des deux dernières années, le secteur agricole, les approvisionnements alimentaires et la santé de la population du pays ayant déjà été mis à dure épreuve. Pour évaluer les répercussions possibles de la sécheresse et du typhon de cette année sur les récoltes et les disponibilités alimentaires, une mission conjointe FAO/PAM s'est rendue en RPD de Corée du 6 au 26 août. Elle a fondé son évaluation sur des entretiens avec les représentants du gouvernement et des institutions des Nations Unies et sur des visites effectuées dans les principales régions agricoles du sud-ouest et du nord-est du pays pour procéder à des évaluations poussées des dommages. Les régions visitées comprennent quelque 15 comtés dans les provinces d'Hwanghae Nord et Sud, de Pyongan Sud, d'Hamyong Sud et de Kangwon.

La mission a constaté que, bien que la campagne 1997 ait démarré dans des conditions favorables, avec des précipitations nettement au-dessus de la normale en mai, les pluies ont par la suite accusé une baisse importante. Ainsi, au cours des mois cruciaux de juin et de juillet, les pluies ont représenté entre 20 et 30 pour cent de la moyenne à long terme, les projections pour août étant du même ordre, malgré les abondantes pluies apportées par le typhon Winnie à la fin du mois d'août. En outre, ces pluies, étalées sur une période de trois jours, présentaient un intérêt agricole limité puisqu'elles n'ont reconstitué qu'une partie des réserves d'eau d'irrigation d'une importance cruciale pour la culture du paddy et sont arrivées trop tard pour permettre au maïs, essentiellement cultivé en sec, de se développer. Les perspectives de récolte ont été également sérieusement compromises par des températures nettement au-dessus de la normale à des stades végétatifs critiques.

Les réserves d'eau dans la plupart des réservoirs d'irrigation alimentés par les pluies ont atteint la cote d'alerte ou sont déjà épuisées. A défaut de précipitations immédiates, suffisantes et soutenues pendant des périodes allant de trois semaines à un mois, il n'y aura plus d'eau d'irrigation dans ces réservoirs. Le paddy ayant besoin d'une eau d'irrigation garantie, au moins jusqu'à la mi-septembre, une telle situation entraînerait à toute fin pratique la perte totale de la récolte dans les zones desservies par les réservoirs alimentés à l'eau de pluie. Les seules régions où la production de riz et, à un moindre degré, celle de maïs sont raisonnablement assurées sont celles desservies par les périmètres d'irrigation et les réservoirs alimentés par les principaux cours d'eau, comme le Tae Dong. Dans les zones alimentées par ces sources d'approvisionnement en eau, on ne prévoit pas de pertes dues à la sécheresse. La baisse marquée des précipitations cette année risque également de compromettre les récoltes en 1998, puisqu'en raison de l'épuisement presque total des approvisionnements en eau dans les réservoirs alimentés par les pluies, les ressources hydriques disponibles en avril/mai prochain pour la préparation des terres et les principales opérations de semis seront très limitées. Les réservoirs seront certes reconstitués par les pluies limitées et par la fonte des neiges avant le début de la prochaine campagne, mais le volume d'eau prévu sera nettement inférieur aux besoins.

Les perspectives agricoles et alimentaires ont également subi le contrecoup des dommages provoqués par le typhon Winnie entre le 18 et le 22 août, qui a détruit les digues de protection le long de la côte ouest. Le secteur agricole a été très durement touché par l'infiltration d'eau de mer dans les zones de cultures du paddy, où l'on ne prévoit aucune possibilité de reprise. Dans les cas les plus extrêmes, l'eau salée avait avancé de 5 à 6 kilomètres à l'intérieur des terres. Outre les pertes de récolte, dans les zones les plus touchées les maisons ont été détruites et plusieurs milliers de personnes, aujourd'hui sans abri, ont besoin d'une aide extérieure.

Les estimations des pertes fournies par la mission doivent être à ce stade-ci considérées comme provisoires, puisque les moissons ne seront pas terminées avant plusieurs semaines, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'une évaluation plus précise pourra être effectuée. En tenant compte de cette réserve importante, la mission prévoit que, quelle que soit la quantité de précipitations à venir, la production de maïs chutera cette année d'environ 1,25 million de tonnes. Dans le cas du riz, même si des pluies importantes interviennent immédiatement et se maintiennent pendant plusieurs semaines (ce qui est à la fois essentiel mais improbable, compte tenu des schémas habituels de pluviométrie), les pertes se chiffreraient à environ 340 000 tonnes (équivalent riz usiné). En revanche, si des pluies suffisantes ne se matérialisent pas, la production sera réduite de 630 000 tonnes (équivalent riz usiné). La production céréalière pour 1998 sera donc bien inférieure aux besoins. En outre, le volume effectivement disponible risque même d'être plus bas, puisqu'il est fort probable que la majeure partie du maïs récolté sera consommé frais au cours des prochains mois, en raison des besoins alimentaires, tandis qu'une partie devra être retranchée pour les semis et les pertes. En outre, seule une quantité négligeable des besoins alimentaires sera satisfaite par des cultures secondaires comme les pommes de terre, l'orge et le blé, qui ne représentent qu'une petite partie de la production nationale. De fait, la plupart de ces récoltes ont été ou seront consommées bien avant la fin de l'année.

Les perspectives alimentaires pour la RPD de Corée en 1998 sont donc considérablement plus sombres que ne le laissaient présager les deux années précédentes, marquées elles aussi par des catastrophes naturelles. La production intérieure de céréales, même dans le scénario le plus optimiste, couvrira moins de la moitié des besoins alimentaires minimaux du pays, alors que les importations commerciales risquent de devenir de plus en plus problématiques en raison de difficultés économiques croissantes et chroniques et du manque de devises étrangères. Qui plus est, l'année dernière les importations commerciales avaient dans une très large mesure consisté en des opérations d'échange avec les provinces limitrophes chinoises de Jilin et Liaonning. Or, la production de ces provinces ayant été également gravement touchée par la sécheresse, leurs excédents et les volumes destinés au commerce pourraient diminuer l'année prochaine, ce qui pourrait donc encore aggraver les problèmes d'approvisionnements alimentaires. Compte tenu de tous ces facteurs conjugués, le pays sera encore plus tributaire de l'aide internationale pour l'alimentation, le redressement agricole et la fourniture d'intrants essentiels, comme les semences et les engrais. Faute d'interventions, les conséquences humaines risquent d'être lourdes.

2. LES INTEMPERIES EN 1997

 

2.1 Précipitations et irrigation

Dans une année normale, la RPD de Corée reçoit de 900 à 1 500 mm de pluie, dont 80 à 90 pour cent environ entre avril et septembre. Les pluies au cours des mois critiques allant de juin à septembre sont essentielles, puisque la production végétale dépend largement des précipitations au cours de cette période, l'eau d'irrigation des réservoirs et des cours d'eau n'étant utilisée que pour compléter et équilibrer les approvisionnements hydriques. Si la campagne agricole a progressé dans des conditions favorables en avril et surtout en mai, où les pluies ont été nettement au-dessus de la normale, une grave sécheresse, qui a par la suite duré de la mi-juin jusqu'au moment de la visite de la mission, à la mi-août, a ramené les précipitations dans une fourchette se situant entre 14 et 40 pour cent des niveaux habituels. La figure 1 illustre le schéma

de précipitations observé en 1997 par rapport aux moyennes mensuelles à long terme pour un échantillon représentatif de stations météorologique à travers le pays..

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La forte baisse des précipitations a réduit considérablement les ressources hydriques disponibles dans les réservoirs essentiellement alimentés par les pluies. En outre, il semblerait qu'en raison des fortes pluies du mois de mai, supérieures à la normale, le niveau d'eau de certains réservoirs ait été délibérément et systématiquement abaissé, de peur que, dans l'éventualité où ces pluies se seraient poursuivies en juin et juillet, les retenues débordent et que l'on assiste à des inondations comme au cours de l'année précédente.

La mission a inspecté un certain nombre de réservoirs et, dans tous les cas, a constaté que les approvisionnements en eau étaient soit totalement épuisés soit bien en-deçà de leur capacité normale et du niveau nécessaire pour alimenter les canaux d'irrigation. Lorsqu'il restait de l'eau, l'irrigation n'était possible qu'en utilisant des pompes, et même dans ces cas-là, il était peu probable que ces opérations puissent durer plus de cinq ou six jours en l'absence d'une reconstitution appréciable des réserves en eau par de nouvelles pluies. En règle générale, la récolte de paddy ayant besoin d'une irrigation assurée, au moins jusqu'à la mi-septembre, des pluies suffisantes et soutenues devront absolument survenir de toute urgence dans ces régions pour reconstituer les réservoirs et permettre le développement général des cultures. En l'absence de ces pluies, le risque de voir la totalité de la récolte de paddy anéantie dans ces régions est important. La saison des pluies 1997 touchant également à sa fin, la situation précaire des réservoirs qui dépendent entièrement des pluies aura un autre effet néfaste: la préparation des terres et les semis pour les récoltes de 1998 en avril/mai seront fortement compromis par le manque d'eau. Entre octobre et mai de l'année prochaine, les seules ressources hydriques disponibles parviendront des précipitations limitées (200 mm environ, soit 15 à 20 pour cent des précipitations annuelles) et de la fonte des neiges en février/mars. A titre de comparaison, il faudrait de 700 à 1 000 mm de pluies chaque année pour maintenir les réservoirs à un niveau suffisant.

Outre le manque d'eau à une période critique du cycle végétatif, les températures en juin et juillet ont été nettement au-dessus de la normale dans certaines régions (6 à 8 degrés centigrades) faisant ainsi subir un nouveau choc et de nouveaux dommages aux récoltes.

La production alimentaire nationale dépendra donc cette année fortement, voire exclusivement, des régions irriguées par les principaux cours d'eau ou par les retenues alimentées par ces cours d'eau, dont les niveaux ne semblent pas avoir été affectés par la sécheresse.

2.2 Le typhon Winnie

Entre le 18 et le 22 août, le typhon Winnie, qui avait pris naissance dans la mer de Chine orientale, a provoqué des dégâts considérables dans des provinces agricoles importantes, rendant ainsi encore plus précaire la situation que la production alimentaire connaît cette année. Si, dans un premier temps, le typhon a apporté des pluies nécessaires, des vents forts et des marées importantes (surtout le 20 et le 21 août) ont par la suite détruit les digues de protection sur la côte ouest, notamment le long des plaines d'Unjon et de Pakchon, dans la province de Pyongan Sud.

L'infiltration d'eau de mer dans les rizières a représenté l'effet le plus grave pour l'agriculture. Dans les cas les plus extrêmes, l'eau de mer a progressé de 5 à 6 kilomètres à l'intérieur des terres agricoles, où des contrôles simples ont établi que la teneur en sel des rizières était de l'ordre de 30 parties par millier, la teneur normale de l'eau de mer étant de 35 parties par millier. Au plan agricole, l'infiltration d'eau de mer dans les zones de production du paddy entraînera la perte totale des récoltes et, à plus long terme, une détérioration marquée des sols, en raison de la salinisation. A l'avenir, ces zones devront donc faire l'objet d'opérations répétées d'irrigation et d'injection d'eau douce pour recouvrer leur productivité.

Outre les pertes de récoltes, dans les zones les plus durement touchées (principalement aux environs d'Anju, dans le comté de Mundok), un nombre important de maisons ont été détruites et plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées sans abri et ont aujourd'hui besoin d'aide. Le gouvernement a mobilisé l'armée et l'administration provinciale pour leur fournir un toit et des vivres afin de couvrir leurs besoins les plus urgents.

3. PRODUCTION VIVRIERE 1997

Etant donné que 2 millions d'hectares seulement, soit 20 pour cent de la superficie de la RPD de Corée, se prêtent à l'agriculture, dont 1,430 million d'hectares seulement sont adaptés à la production de céréales et autres cultures vivrières, le pays ne peut couvrir ses besoins alimentaires par les approvisionnements intérieurs que si une agriculture très intensive est pratiquée. En outre, un hiver rigoureux, au cours duquel les températures peuvent descendre jusqu'à -30 degrés centigrades, ne permet de disposer que d'une période sans gelées, propice à la production agricole, relativement courte. Cette période dure en général de 160 à 180 jours, mais peut descendre à 130 jours dans les zones montagneuses. Le riz et le maïs sont les aliments de base, le riz étant surtout cultivé sous forme de paddy dans les terres basses irriguées tandis que le maïs, cultivé à différentes altitudes, est une culture principalement pratiquée en sec.

3.1 Production de maïs

Depuis quelques années, le maïs occupe une place de plus en plus importante dans la satisfaction des besoins céréaliers et alimentaires de la République populaire démocratique de Corée. Sa culture est pratiquée sur 650 000 hectares environ, la période végétative des variétés les plus communes allant de 110 à 135 jours. Les semis ont généralement lieu de la mi-avril au début du mois de mai, la floraison et la pollinisation se produisant vers la mi-juillet. Au cours de cette période, le régime hydrique et la teneur en humidité des sols sont de la plus haute importance et toute pénurie d'eau, comme cela s'est produit cette année, peut gravement compromettre la pollinisation et la formation des grains, ce qui risque de donner lieu à des épis insuffisamment formés ou à la perte totale de la récolte. Les moissons débutent à la fin du mois d'août et se poursuivent jusqu'à la mi-septembre. Les principales variétés de maïs produites sont Hwangson 1 et 2 et Unsan 5. En raison des problèmes actuels d'approvisionnements en intrants, les rendements pourraient se situer entre 5 tonnes/ha pour les sols de bonne qualité et 2 à 3 tonnes/ha pour les sols de qualité moyenne ou médiocre. Dans des conditions climatiques favorables, un rendement moyen de l'ordre de 3,5 tonnes/ha aurait pu être réalisé. Le maïs est essentiellement cultivé en sec et a par conséquent extrêmement souffert de la sécheresse de cette année.

Si la production de maïs n'a que peu été touchée par le typhon, les observations réalisées sur le terrain par la mission chargée d'évaluer les dommages de la sécheresse a permis d'établir les conditions de cultures suivantes (une estimation de la superficie concernée est donnée entre parenthèses):

I) dans les zones constamment irriguées, la récolte a été jugée en bon état et des rendements moyens sont prévus (195 000 ha);

ii) dans les zones ayant bénéficié d'un complément d'irrigation, on prévoit une réduction des rendements de l'ordre de 50 pour cent (130 000 ha);

iii) dans les situations de culture en sec non irriguée, la pollinisation et la formation des grains ont été gravement compromises, la croissance a été fortement réduite et les plants n'ont produit que des grains de mauvaise qualité, voire pas de grains. Il est probable que ces régions enregistreront des rendements de 10 pour cent seulement, dans le meilleur des cas (325 000 ha).

Même s'il pleut encore, ce qui pourrait d'ailleurs entraver les moissons, on estime que la production de maïs va baisser cette année d'environ 1,25 million de tonnes.

3.2 Production de riz

Le riz, principale denrée alimentaire du pays, est cultivé sur quelque 600 000 hectares, avec un cycle de production de 150 à 180 jours, selon la variété et l'endroit. Le repiquage se fait normalement de la mi-mai au début du mois de juin, le plant atteignant le stade de la floraison entre le début et le milieu du mois d'août. A toutes les phases de croissance, le riz a besoin d'importantes quantités d'eau et ce jusqu'au milieu du mois de septembre, soit une semaine à dix jours environ avant la maturité complète et la récolte. On estime que plus de 80 pour cent des zones ensemencées en riz le sont avec l'une des trois principales variétés, soit Pyongyang 15, 18 ou 21. Compte tenu des conditions pédologiques qui prévalent en RPD de Corée, le riz a besoin pour un rendement optimal de 150 kg/ha d'azote (N), de 75kg/ha de potassium (K) et de 60 kg/ha de potasse (P) respectivement, qui doivent être appliqués comme fumure de fond, au moment du labour, juste avant la floraison et au moment de la formation des grains. En 1997, en tenant compte des difficultés d'approvisionnement en intrants, dans des conditions climatiques et hydriques optimales, une production moyenne de 4 tonnes/ha de paddy, avec une fourchette allant de 6 tonnes/ha pour les bonnes terres à 2-2,5 tonnes/ha pour les terres médiocres, aurait été possible. La sécheresse et le typhon réduiront de façon marquée cette production.

De façon générale, au moment de la mission, on estimait que la récolte de riz avait encore besoin de 5 à 6 semaines pour atteindre la maturité physiologique. A ce stade, il est indispensable que la récolte continue de bénéficier d'une irrigation assurée pendant au moins 3 à 4 semaines, faute de quoi on pourrait assister à une réduction grave des rendements, voire à la perte totale de la récolte. Les observations réalisées sur le terrain par la mission chargée d'évaluer les dommages provoqués par la sécheresse et le typhon ont fait ressortir les conditions de cultures suivantes (une estimation de la superficie concernée est donnée entre parenthèses):

I) zones ayant continué de recevoir une irrigation adéquate, essentiellement grâce aux périmètres alimentés par les rivières: aucune répercussion apparente sur les récoltes et aucune réduction des rendements et de la production n'ont été relevées (420 000 ha);

ii) champs où les sols se sont asséchés et couverts de boue et où la couverture des eaux de surface a été fortement réduite: dans ce cas précis, si les approvisionnements en eau sont rétablis immédiatement, un taux élevé de récupération des cultures sera possible, mais les rendements pourraient chuter, pour se situer autour de 20 pour cent. En l'absence de pluies suffisantes, aucune production ne sera possible (90 000 ha);

iii) champs de paddy présentant des signes de dommages dus à la sécheresse, où la présence d'eau n'a pas été relevée et où les sols se sont asséchés jusqu'à des profondeurs de 4 à 5 centimètres: dans ce cas-là, même si les approvisionnements en eau sont rétablis immédiatement, les rendements seront réduits de plus de 50 pour cent. Là encore, en l'absence de pluies soutenues et immédiates, la récolte sera entièrement perdue (60 000 ha);

iv) zones présentant des signes avancés de dommages dus à la sécheresse, où les sols se sont totalement asséchés et craquelés et où les plantes ont flétri: à ce stade-ci, qu'il y ait davantage d'eau d'irrigation mise à disposition ou non, compte tenu des conditions, aucune production n'est prévue (30 000 ha);

v) zones ayant subi des dommages dus au typhon: la contamination par l'eau de mer rendra impossible toute production (30 000 ha).

A cette étape cruciale, les perspectives pour la production de riz dépendent dans une très large mesure de la présence ou de l'absence de pluies suffisantes et soutenues en septembre. Sur la base des observations ci-dessus, la mission avance les estimations prudentes ci-après: 342 000 tonnes environ de riz usiné seront perdues cette année, même si de nouvelles pluies devaient survenir, les pertes pouvant atteindre 630 000 tonnes en l'absence de pluies. Il convient de souligner qu'il s'agit de prévisions provisoires, sous réserve d'une réévaluation au moment de la récolte en octobre.

4. PERSPECTIVES DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

La sécurité alimentaire et la capacité de la RPD de Corée à assurer des approvisionnements alimentaires suffisants à sa population continuent d'être subordonnées à deux facteurs essentiels: i) les ressources dont elle dispose pour la production vivrière intérieure (essentiellement les intrants) et ii) la capacité de son économie à fournir les intrants nécessaires pour l'agriculture et à compléter les approvisionnements alimentaires par des importations durant les années où la production nationale est inférieure aux besoins. La sécurité alimentaire du pays dépend donc à l'avenir tant de la santé générale de l'économie que des efforts d'accroissement de la production agricole.

Il est certain que, cette année, les intempéries et les problèmes économiques persistants aggraveront les difficultés d'approvisionnements alimentaires que le pays connaît. De fait, la santé générale de la population ayant déjà été fortement affaiblie en raison des carences alimentaires de ces dernières années, notamment chez les groupes vulnérables, le déficit vivrier prévu cette année aura probablement des répercussions profondes qui dépasseront en ampleur les dommages subis en 1995 et 1996. Les stocks céréaliers du Système public de distribution (SPD) étaient, croit-on, épuisés à la fin du mois de juillet, ce qui signifie que le Système a à toute fin pratique cessé ses opérations normales à ce moment-là. Désormais, la distribution effectuée par le biais du SPD dépendra entièrement des importations alimentaires, importations commerciales ou aide alimentaire. En outre, comme l'an dernier, des quantités limitées de pommes de terre et de maïs frais ont été ajoutées au SPD pour compléter les rations. Si les pommes de terre ne sont pas en temps normal une denrée de base, il est reconnu qu'elles représentent aujourd'hui une part importante du régime alimentaire.

La mission FAO/PAM du mois de mai de cette année a fait état d'un déficit alimentaire important et a souligné la nécessité de recourir à des importations de grande ampleur pour couvrir les besoins minimaux jusqu'à la prochaine récolte. En outre, en raison de la forte pénurie de devises étrangères et des problèmes éprouvés par le pays pour obtenir des prêts pour financer les importations alimentaires, une aide alimentaire internationale importante était jugée nécessaire. Au moment de la mission, les besoins totaux d'importations alimentaires pour la campagne de commercialisation 1996/97 (novembre à octobre) avaient été estimés à 1,9 million de tonnes environ, dont 753 000 tonnes provenant d'importations commerciales (troc) et de l'aide alimentaire, contributions annoncées comprises, par le biais de différentes organisations internationales. Les besoins d'importation non couverts se chiffraient donc à près de 1,2 million de tonnes.

Devant la gravité de la situation des approvisionnements alimentaires, le gouvernement a depuis le mois de mai accru ses efforts pour obtenir des importations de vivres par le troc au niveau des provinces et par des importations payées en devises fortes de la Thaïlande, du Vietnam et de la Chine. Les services gouvernementaux responsables de l'alimentation estiment à l'heure actuelle que, pour cette campagne de commercialisation, ces formes d'importation se chiffrent jusqu'à présent à 690 000 tonnes environ de céréales, dont 320 000 tonnes de maïs, 130 000 tonnes de riz et 240 000 tonnes de blé (équivalent céréale). L'aide alimentaire promise ou livrée, y compris l'aide bilatérale et multilatérale, se chiffre actuellement à 800 000 tonnes environ. Les disponibilités totales de céréales, production nationale, importations commerciales et aide alimentaire comprises, pour la campagne de commercialisation 1996/97, s'élèvent donc à 4,5 millions de tonnes environ, contre des besoins d'utilisation réduits de 5 millions de tonnes, comme l'indiquait la dernière évaluation FAO/PAM en juin (Alerte spéciale NO. 275). Toutefois, le fait qu'une partie de l'aide alimentaire promise n'arrivera pas avant novembre suscite quelques inquiétudes.

Quoi qu'il en soit, les effets les plus graves de la sécheresse de l'été dernier et du typhon se manifesteront par une diminution importante des approvisionnements alimentaires provenant de sources intérieures en 1998.

5. OPERATIONS ALIMENTAIRES D'URGENCE

Par suite des catastrophes naturelles qui ont frappé la RPD de Corée, le Programme alimentaire mondial est présent dans le pays depuis novembre 1995. Depuis cette date, 178,5 millions de dollars EU au total, soit 425 000 tonnes de vivres, ont été demandés par le biais de plusieurs appels d'urgence. Au début du mois de septembre 1997, la communauté internationale avait répondu à ces appels par des promesses de contributions s'élevant à 416 000 tonnes de vivres.

La phase actuelle des opérations couvre la période avril 1997 - mars 1998. Les quantités totales à fournir au cours de cette phase sont de 333 200 tonnes de vivres. En date du 1er septembre 1997, le total des contributions se chiffrait à 322 500 tonnes, soit près de 97 pour cent de l'objectif. Il existe toutefois un manque de liquidité et les denrées sont plus coûteuses.

Les catégories des bénéficiaires auxquels l'opération en cours vient en aide comprennent:

i) environ 2,6 millions d'enfants de six ans ou moins, qui reçoivent des rations alimentaires dans les pouponnières et les crèches dans l'ensemble du pays. Près des trois quarts des vivres fournis dans le cadre du programme d'urgence sont destinés à ce groupe;

ii) le reste des livraisons des vivres est destiné à quelque 250 000 paysans et ouvriers et 850 000 personnes à charge dans les régions touchées par les inondations, qui reçoivent des céréales contre des travaux comprenant le défrichage de terres agricoles, la remise en état des infrastructures rurales et la participation à des projets d'atténuation des effets des catastrophes naturelles. Jusqu'à un million de patients hospitalisés pour de courts séjours recevront également des vivres.

Compte tenu du déficit de production prévu cette année, l'aide du PAM sera encore probablement nécessaire en 1998. Toutefois, les détails précis de l'opération, y compris les groupes bénéficiaires, les activités, les zones desservies, etc. ne seront établis qu'après une nouvelle mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires en octobre 1997, soit au moment des moissons.



 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant. 
Abdur Rashid 
Mme J.Cheng-Hopkins
Chef, SMIAR FAO 
Directeur régional,OAP/PAM
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