SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 
 
 

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D’EVALUATION DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES ET DE L’ETAT NUTRITIONNEL DE LA POPULATION EN IRAQ

3 octobre 1997




1. VUE D’ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d’évaluation des disponibilités alimentaires et de l’état nutritionnel de la population s’est rendue en Iraq du 9 juin au 8 juillet 1997 dans le but d’évaluer les disponibilités alimentaires du pays et la situation nutritionnelle de sa population, notamment dans le contexte de la Résolution 986 du Conseil de sécurité (RCS 986) récemment mis en oeuvre. La mission faisait suite à une mission FAO/PAM analogue effectuée en 1995 et a appuyé son évaluation sur des entretiens avec les ministères et départements gouvernementaux, des organisations du système des Nations Unies, des organismes bilatéraux et des ONG ainsi que sur des visites de terrain effectuées dans tout le pays.

Avant la guerre du Golfe, survenue en 1990, l’Iraq était l’un des pays de la région où les disponibilités alimentaires par habitant étaient les plus élevées, grâce à une relative prospérité et à sa capacité d’importer de grandes quantités d’aliments, qui lui permettaient de satisfaire jusqu’aux deux tiers les besoins alimentaires du pays. L’imposition par l’ONU de sanctions en août 1990 a, toutefois, sensiblement limité la capacité de l’Iraq à se procurer les devises nécessaires pour importer de quoi satisfaire ses besoins. En conséquence, les pénuries alimentaires et la malnutrition sont devenues chroniques dans les années 1990. La famine généralisée a été évitée grâce à un système de rationnement public efficace qui a assuré à la population le minimum nécessaire.

En 1995, préoccupé par la dégradation de la situation alimentaire en Iraq, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la Résolution 986, l’accord pétrole-contre-vivres, qui permet à l’Iraq d’exporter des quantités limitées de pétrole pour financer des importations alimentaires et d’autres besoins humanitaires essentiels. Aux termes de cet Accord, à compter du 10 décembre 1996 et pendant six mois, le Gouvernement a été autorisé à vendre pour 2 milliards de dollars de pétrole, sur lesquels 805 millions pouvaient être utilisés pour des importations alimentaires et 4 millions pour l’achat d’intrants agricoles indispensables. Le Conseil de sécurité a approuvé une prolongation de l’accord de six mois à dater du 8 juin 1997, de façon à couvrir la période allant jusqu’au 8 décembre 1997. Le plan de distribution pour la phase II a été approuvé par le Secrétaire général le 4 août.

Bien que la situation générale des approvisionnements alimentaires se soit quelque peu améliorée, grâce à l’application de la RCS 986, la malnutrition demeure un grave problème dans tout le pays et la mission a observé de nombreux cas de marasme et de kwashiorkor. En outre, bien que les rations alimentaires prévues par la RCS 986 répondent à une part importante des besoins en énergie et en protéines, elles sont insuffisantes pour un certain nombre d’autres nutriments, notamment les vitamines A et C qui sont pratiquement absentes et le calcium, le zinc, la riboflavine et la vitamine B6, dont l’apport est inférieur à 40 pour cent des besoins. Pour un régime plus équilibré, la qualité des protéines est également insuffisante, ce qui n’a rien d’extraordinaire dans une ration à base de céréales. Pour fournir ces nutriments, le régime alimentaire devrait donc être diversifié et inclure des fruits, des légumes et des produits d’origine animale. Ces produits sont pour l’instant absents des rations prévues par la RCS 986. En outre, il faudrait envisager d’enrichir les aliments fournis, notamment la farine de blé et ce le plutôt possible. Jusqu’en mai 1997, la RCS 2,7 kg de préparation pour nourrissons ou une ration pour adultes. Depuis mai 1997, seules les préparations pour nourrissons sont disponibles. La mission recommande que le choix entre les préparations pour nourrissons et la ration générale soit maintenu pour protéger l’allaitement maternel.

On s’inquiète aujourd’hui de ce que l’aide d’urgence aux groupes vulnérables pourrait être supprimée, les donateurs étant largement convaincus que les problèmes de malnutrition ont été résolus grâce à l’application de la RCS 986. Au contraire, la mission observe que l’alimentation des groupes vulnérables demeure une priorité dans la mesure où la ration de la RCS 986 ne répond pas aux besoins nutritionnels spécifiques des groupes vulnérables comme les enfants mal nourris. Outre l’amélioration générale de la situation des approvisionnements alimentaires, la mission recommande par conséquent que les donateurs continuent à appuyer les programmes alimentaires en faveur de certains groupes vulnérables.

Le secteur agricole s’est détérioré dans les années 90 faute d’investissements et d’intrants essentiels. Dans ces circonstances, la mission conclut que si l’application intégrale et efficace de la Résolution 986 est appelée à résoudre les difficultés immédiates en matière d’approvisionnements alimentaires, l’amélioration durable de la situation nutritionnelle de la population exigera un flux substantiel de ressources à l’appui du redressement du secteur agricole et de l’économie dans son ensemble. Une attention particulière devrait être prêtée aux mesures visant à stimuler la production de produits d’origine animale, de fruits et de légumes ainsi qu’à assurer la poursuite du système d’incitation économique aux producteurs de denrées alimentaires prévu dans la Résolution 986. Cela étant, l’allocation de 94 millions de dollars E.-U. [ Soit 44 millions et 50 millions de dollars E.-U. alloués respectivement au titre des premier et second plans de distribution.] pour l’importation d’intrants agricoles indispensables en 1997 est considérée par la mission comme notoirement insuffisante par rapport aux besoins de redressement et d’investissement du secteur.

En matière d’agriculture et de nutrition, il importe surtout de faire face aux besoins de redressement et de développement économiques de l’ensemble du pays. Sans une augmentation du pouvoir d’achat et des investissements dans l’agriculture, nombre d’Iraquiens n’auront pas les moyens de se procurer les protéines de qualité et les micro-nutriments disponibles dans l’alimentation et les problèmes nutritionnels persisteront malgré l’amélioration de la ration prévue par la RCS 986.

Particulièrement préoccupante est la dégradation du système d’approvisionnement en eau et d’assainissement du pays. L’eau dans son sens le plus large, à savoir l’eau potable, l’irrigation, l’engorgement des terres, la salinité, les eaux usées, est appelée à jouer un rôle fondamental dans la productivité agricole et la santé de la population iraquienne. Il est recommandé d’accorder une priorité élevée à la remise en état durable du système d’approvisionnement en eau et d’assainissement, faute de quoi les maladies transmises par l’eau, y compris le marasme nutritionnel, demeureront un grave problème malgré l’amélioration des disponibilités alimentaires.



2. CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE

 

2.1 Situation macro-économique

L’économie du pays a été dominée par le secteur pétrolier depuis le début des années 60 jusqu’à l’arrêt des exportations en vertu des sanctions imposées par l’ONU en 1990. En 1989, la contribution du pétrole au PIB était de 61,3 pour cent, tandis que celle de l’agriculture atteignait 5 pour cent environ. Pendant la période 1965-73, le taux de croissance annuel moyen du PIB aurait été de 4,4 pour cent puis aurait atteint environ 10,5 pour cent avant le début de la guerre avec la République islamique d’Iran en 1980. En 1981, le PIB a enregistré un déclin marqué compte tenu des mesures d’austérité introduites en raison de la guerre avec l’Iran et l’économie a décliné en termes réels au cours des deux années suivantes. La fin des années 80 s’est caractérisée par une croissance irrégulière liée aux fluctuations de la production pétrolière et au redressement du prix du pétrole. La guerre du golfe et les sanctions économiques de l’ONU ont fait chuter le PIB d’au moins 75 pour cent en 1991, en raison essentiellement d’une baisse de 85 pour cent de la production pétrolière et de la dévastation du secteur industriel et des services.

Bien que l’on ne dispose pas en règle générale de données sur les indicateurs économiques pour la période qui a suivi immédiatement la guerre, les fluctuations du taux de change au cours des dernières années trahissent une situation instable. Bien que le taux de change officiel et opérationnel, avant l’imposition de sanctions par l’ONU, ait été de un dollar E.-U. pour 0,311 dinars iraquiens, le taux de change parallèle officieux a rapidement décliné après les sanctions. En décembre 1995, un dollar E.-U. équivalait à 2 900 dinars iraquiens. Depuis lors, il fluctue entre 1 740 et 700 dinars iraquiens (Tableau 1). Malgré un taux de change parallèle extrêmement déprécié, le gouvernement maintient un taux officiel de 1 dollar E.-U. pour 0,311 dinars iraquiens, ce qui entraîne des distorsions tant au niveau des prix que de l’allocation des ressources.

Tableau 1: Fluctuations mensuelles des taux de change parallèles officieux (1994-1997)

(dinars iraquiens pour un dollar E.-U.)

Mois/année  1994  1995  1996  1997
Janvier 
Février 
Mars 
Avril 
Mai 
Juin 
Juillet 
Août 
Septembre 
Octobre 
Novembre 
Décembre 






460 
650 
525 
630 
550 
560 
640 
800 
1 020 
1 200 
1 180 
1 200 
1 670 
1 900 
2 020 
2 650 
2 530 
2 900 
700 







1 140 
1 700 
1 740 
850 
1 137 
1 325 
1 250 
1 250 
1 258 
1 610 





-
Source: PAM/Bagdad.

2.2 Population

Au recensement d’octobre 1987, l’Iraq comptait 16,28 millions d’habitants, soit une densité de population de 36,8 habitants par km2. La population de 1997/98 est évaluée à 22,9 millions. A l’époque du recensement de 1987, Bagdad et le gouvernorat qui entoure la capitale représentaient plus de 30 pour cent de la population totale. Un axe densément peuplé est apparu entre Bagdad et Basra dans le sud du fait des migrations et de l’accroissement naturel laissant toutes les autres régions du pays relativement peu peuplées. Soixante-treize pour cent environ de la population vit en zone urbaine.

2.3 ROCS 986

La Résolution 986 du Conseil de sécurité des Nations Unies (ROCS 986) adoptée le 14 avril 1995, vise à atténuer l’impact des fonctions sur la population iraquienne en autorisant le Gouvernement à vendre du pétrole à concurrence de 2 milliards de dollars E.-U. pendant une période de six mois. Les recettes provenant de la vente du pétrole sont censés être utilisées, notamment pour l’importation de denrées alimentaires d’intrants agricoles indispensables de médicaments et pour satisfaire d’autres besoins humanitaires

Un mémorandum d’accord a été signé le 20 mai 1996 par le Gouvernement et l’ONU aux fins de l’exécution de la RCS 986. Ce mémorandum d’accord contient des clauses détaillées concernant la vente du pétrole, l’utilisation des recettes, les achats d’aliments et d’autres produits, leur répartition équitable et le processus d’observation.

Les denrées alimentaires achetées pendant la première période de six mois en vertu de la RCS 986 ont atteint quelque 2,2 millions de tonnes évalués à 805 millions de dollars E.-U. dont 691,3 millions de dollars E.-U. pour le centre/sud et 113,3 millions de dollars E.-U. pour le nord.

La ration alimentaire mensuelle prévue dans le mémorandum d’accord vise à fournir 2 030 kcal et 47 g de protéine végétale par personne et par jour. Le Gouvernement distribue les rations dans le sud et le centre tandis que le PAM a été chargé de leur distribution dans le nord. Le PAM fournit également une assistance alimentaire d’urgence aux groupes les plus vulnérables dans tout le pays.

Un montant de 94 millions de dollars E.-U. a été alloué pour satisfaire les besoins les plus urgents du secteur agricole répartis comme suit: 48 millions de dollars E.-U. pour le centre/sud et 46 millions de dollars E.-U. pour les gouvernorats du nord pour un an répartis sur deux périodes de six mois. Le Gouvernement a identifié et évalué les besoins agricoles de 16 gouvernorats du centre/sud. Les fonds disponibles étant limités, seuls les besoins hautement prioritaires ont été pris en considération, à savoir les produits chimiques et le matériel de protection des végétaux, les machines agricoles et les pompes à irrigation ainsi que les médicaments vétérinaires. Pour les gouvernorats du Nord, la FAO, en consultation avec les autorités de facto a identifié, quantifié et établi un plan de distribution agricole.

Le 8 juin 1997, le Conseil de sécurité a prolongé l’accord pétrole contre aliment en même temps que le mémorandum d’accord pour une deuxième période de six mois. Le plan de distribution pour la phase II a été approuvé par le Secrétaire général du 4 août après quoi les ventes de pétrole visant à générer les recettes nécessaires pour l’exécution de la phase II ont commencé. Etant donné que les ventes de pétrole avaient été suspendues jusqu’à l’approbation du plan de distribution, les recettes pour les 90 premiers jours seront insuffisantes pour couvrir les besoins alimentaires et autres besoins humanitaires. Dans le centre et le sud, les interruptions dans les approvisionnements alimentaires ne pourront être compensées que par des rations réduites après des sources gouvernementales tandis que les gouvernorats autonomes du nord, les déficits ne seront pas comblés.






3. PRODUCTION VIVRIERE

Bien que le secteur agricole ait relativement peu contribué à l’économie avant la guerre, il joue désormais un rôle plus important. Compte tenu des limites imposées aux importations alimentaires, le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures visant à parvenir à une autosuffisance plus grande en matière d’alimentation. Malgré ces interventions, une réduction sensible des emblavures et des rendements en 1997 a entraîné une baisse substantielle de la production vivrière intérieure.

On estime à 2,76 millions d’hectares la superficie plantée en céréales en 1997, soit une baisse de 13 pour cent par rapport à 1995, qui était déjà l’année la plus mauvaise depuis 1991. Par exemple, la mission a constaté que d’importantes superficies n’avaient pas été ensemencées dans le centre et le sud, notamment dans la région de Al’Kut où quelque 300 000 hectares de terres bonifiées et cultivées avaient été abandonnés à cause de la salinité croissante du sol et du manque d’eau d’irrigation de machines agricoles et d’intrants.

Les rendements du blé et de l’orge sont restés stables ces dernières années à 800 et 700 kg par hectare respectivement. Un rendement estimé à 757 kg à l’hectare pour le blé de 1997 est inférieur à celui des deux années précédentes, la fourchette des rendements allant de 1,1 tonne à l’hectare sur les bonnes terres irriguées à 900 kg à l’hectare sur les bonnes terres pluviales et 650 kg à l’hectare sur les terres pluviales marginales. Pour l’orge, le rendement moyen estimé pour 1997 (663 kg à l’hectare) est inférieur à celui de 1996 (788 kg à l’hectare) mais meilleur que toutes les années précédentes depuis 1991. Les rendements du riz et du maïs sont estimés à quelque 2 tonnes à l’hectare respectivement, contre 2,9 tonnes pour le riz et 2,3 tonnes pour le maïs en 1996. La mission a noté que les rendements ne variaient guère d’une région à l’autre et restaient faibles à cause de l’absence de préparation des terres due au manque de machines, de la faible utilisation d’intrants, de la dégradation de la qualité du sol et des installations d’irrigation, à des infestations accrues d’insectes, de ravageurs et de plantes adventices et de l’utilisation continue des terres sans reconstitution appropriée des nutriments des végétaux, qui exigerait l’utilisation d’engrais et l’adoption de systèmes de rotation des cultures appropriés.

La production des principales céréales est estimée à 2,2 millions de tonnes pour 1997 (2,125 millions de tonnes, y compris le riz en équivalent usiné), soit le niveau le plus bas depuis 1991. Sur ce total, 1,7 million de tonnes sont attribuées aux régions du centre et du sud et 0,5 million de tonnes, soit moins d’un tiers, au nord (Tableau 2).

Compte tenu de la pénurie de céréales et de produits d’origine animale, les légumes et les fruits jouent un rôle croissant dans le régime alimentaire. La superficie cultivée en légumes en 1987 est estimée à quelque 500 000 hectares, soit 10 pour cent de la superficie totale cultivée. Les légumes, toutefois, exigent une utilisation intensive d’intrants et la productivité demeure limitée par le manque de semences de qualité, de produits chimiques pour la protection des végétaux et d’engrais, de type composé essentiellement. En outre, l’utilisation de doses élevées d’urée a aggravé l’alcalinité du sol, ce qui a nui aux cultures et les a rendues plus vulnérables aux insectes et aux ravageurs. La pénurie d’eau d’irrigation constitue un autre obstacle important, tandis que dans de nombreuses régions, des infestations généralisées de plantes adventices et de ravageurs ont entraîné une baisse sensible des rendements et de la qualité de la production. Les observations sur le terrain révèlent que la culture des légumes se caractérise par une mauvaise préparation des terres, une faible densité d’ensemencement, une faiblesse générale des plants due à une utilisation insuffisante ou déséquilibrée des engrais et à des infestations de plantes adventices. La production totale de légumes est estimée à quelque 2 millions de tonnes (1,5 million de tonnes dans le centre/sud et 0,5 million de tonnes dans le nord), contre une production moyenne de 3,2 à 3,5 millions de tonnes par an pendant la période 1991-95.

Tableau 2: Iraq - Superficie, production et rendement des cultures céréalières, 1995-97

a) Iraq

1995  1996  1997 
Culture  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes
Blé  1 535  805  1 236  1 500  867  1 300  1 405  757  1 063
Orge  1 389  642  892  1 650  788  1 300  1 173  663  778
Riz  175  1 800  315  120  2 250  270  121  2 016  244
Maïs  75  1 200  90  60  2 083  125  61  1 984  121
Total  3 174  798  2 533  3 330  899  2 995  2 760  799  2 206
Changements par rapport à 1995 (en %)  +5  +13  +18  -13  -13


b) Régions du Centre et du Sud

1995  1996  1997 
Culture  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes
Blé  1 000  798  798  1 042  931  970  942  750  707
Orge  1 250  632  790  1 535  792  1 216  1 050  650  683
Riz  175  1 800  315  98  2 285  224  100  2 000  200
Maïs  75  1 200  90  59  2 102  124  60  2 000  120
Total  2 500  797  1 993  2 734  927  2 534  2 152  795  1 710
Changements par rapport à 1995 (en %)  +9  +16  +27  -14  -14


c) Gouvernorats du Nord

1995  1996  1997 
Culture  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes  Superf. en milliers d’hectares  Rendement en kg/ha  Production en milliers de tonnes
Blé  535  819  438  458  720  330  463  768  356
Orge  139  734  102  115  729  84  123  766  94
Riz  22  2 096  45  21  2 077  44
Maïs  1
Total  674  801  540  595  773  460  608  814  495
Changements par rapport à 1995 (en %)  -12  -4  -15  -10  +2  -8
Source: L’estimation de la mission de 1995 pour 1995, l’estimation de la FAO pour 1996 fondée sur des statistiques officielles et les estimations de la présente mission pour 1997.

En 1997, la production totale de fruits devrait se situer aux alentours de 1,5 million de tonnes, bien que la productivité soit limitée par les attaques de ravageurs et les herbes adventices. Quelque 20 à 30 pour cent de produits sont perdus dans certaines régions. Les dattes et les produits dérivés constituent des aliments importants notamment depuis que l’embargo a été décrété. Cette année toutefois, le gel a affecté la production de dattes, notamment dans la région du centre, et on estime que la production se situera entre 600 000 et 650 000 tonnes.Le cheptel a beaucoup diminué compte tenu des graves pénuries de fourrages et de vaccins pendant les années d’embargo. La production de lait et de produits laitiers accuse une baisse marquée en raison de la mauvaise santé des animaux et du manque de matériel, tandis que les approvisionnements en viande ont considérablement diminué. La mission estime que le cheptel total (vaches, buffles, moutons et chèvres) compte en 1997 9,4 millions de têtes, soit 60 pour cent du chiffre de 1986-90. Quelque 6,2 millions d’animaux se trouvent dans le centre et le sud et 3,2 millions dans le nord. L’élevage de volaille a pratiquement disparu, faute de vaccins et d’aliments. La mission a constaté que seules 23 fermes d’élevage de volaille à petite ou moyenne échelle étaient encore opérationnelles, contre 600 avant 1991. Les disponibilités de viande de volaille et d’oeufs sont par conséquent négligeables aujourd’hui par rapport à la situation d’avant l’embargo.

La production halieutique a considérablement diminué, elle aussi. Le seul établissement central de pisciculture approvisionnant les éleveurs et les rivières, lacs, mares et réservoirs d’eau afin de renouveler et d’entretenir les stocks de poisson du pays ne fonctionne plus qu’au ralenti à cause du mauvais état des machines et du matériel et des pénuries de produits chimiques, d’aliments et d’hormones. La disponibilité de poisson produit localement par habitant semble insignifiante.






4. ANALYSE DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE DE DENREES ALIMENTAIRES

Jusqu’en 1990, la production vivrière intérieure ne représentait qu’un tiers de l’utilisation totale, même les années particulièrement favorables, le reste étant couvert par les importations. A l’époque, le coût estimé des importations alimentaires était d’environ 2 millions de dollars E.-U. par an, bien que les années de mauvaise production, la facture des importations puisse atteindre 3 milliards de dollars E.-U. Après l’imposition de l’embargo sur les ventes de pétrole en août 1990 jusqu’à la mise en oeuvre de l’accord pétrole-contre-vivres en décembre 1996, le pays a dû compter essentiellement sur sa production intérieure pour satisfaire ses besoins alimentaires, car sa capacité d’importer des denrées alimentaires à des conditions commerciales avait fortement diminué du fait de la perte des recettes d’exportation.

Bien que les efforts faits pour accroître la production alimentaire après la guerre aient permis d’accroître la production vivrière estimée tant en 1995 qu’en 1996, les prévisions pour cette année laissent entrevoir une production inférieure de quelque 13 pour cent à son niveau de 1995 et de 26 pour cent à celui de 1996. Ce déclin marqué de la production rend d’autant plus indispensable cette année l’importation en temps opportun de denrées alimentaires en vertu de la RCS 986.

Pour analyser l’évolution des disponibilités et de la consommation alimentaires dans le pays, on retiendra à des fins de comparaison les points de référence ci-après: a) moyenne des années d’avant-guerre de 1984-85 à 1988-89, b) la dernière évaluation FAO/PAM de 1995 et c) la campagne commerciale en cours (1997/98). Le calcul du bilan céréalier pour chacune des années de référence repose sur les hypothèses ci-après:
 

Le tableau 3 présente les bilans céréaliers correspondant aux années 80 et aux estimations de la mission précédente et de l’actuelle mission.

Tableau 3: Iraq - Bilans céréaliers pour les périodes 1984/85 à 1988/89, 1995/96 et 1997/98

(en milliers de tonnes)

1984/85-1988/891/  1995/96  1997/98
Disponibilité intérieure  3 440  2 429  2 125
Stocks d’ouverture  1 376 
Production  2 064  2 429  2 125
Utilisation totale  6 694  3 646  5 356
Utilisation pour l’alimentation humaine  3 041  2 505  4 066 2/
Utilisation pour l’alimentation animale  1 497  641  740
Semences, pertes et autres usages.  752  500  550
Stocks de clôture  1 333  -
Exportations.  71  -
Imports  3 254  1 217  3 231
Importations commerciales  3 254  1 081  3 188 3/
Aide alimentaire  136  43
Utilisation pour l’alimentation humaine des céréales par habitant en kg/an  191  1214/  179
1/ Moyenne
2/ Sur la base des disponibilités totales, y compris les importations au titre de la RCS 986 pour
une population estimée à 22,7 millions d’adultes.
3/ Importations commerciales 1997/98 en vertu de la RCS 986, sur la base des quantités sur
six mois projetées pour un an.
4/ Sur la base de l’utilisation effective, sensiblement inférieure aux niveaux d’avant 1990

Tableau 3 fait apparaître que pendant les années qui ont précédé la guerre le pays importait en moyenne 3 millions de tonnes de céréales par an. Ces importations permettaient au pays d’assurer des disponibilités par habitant qui étaient parmi les plus élevées de la région et aussi de maintenir les stocks à des niveaux suffisants. Toutefois, en 1995/96, malgré certains progrès enregistrés dans la production vivrière intérieure, plusieurs obstacles économiques ont fait que le pays n’a plus pu importer que des quantités limitées d’aliments pour maintenir des rations céréalières qui s’amenuisaient. Les importations commerciales estimées de 1995/96 n’ont assuré que 29 pour cent d’une utilisation réduite et l’aide alimentaire reçue par le biais du PAM et des ONG 4 pour cent. Les importations commerciales ont atteint en 1995/96 un tiers environ du niveau moyen des années d’avant-guerre. Les exemples ne manquent pas qui tendent à prouver que la réduction des disponibilités alimentaires depuis l’embargo sur le pétrole a eu un effet dévastateur sur la population et a entraîné une malnutrition chronique et sévère.

Bien qu’en principe, les importations céréalières de 1997/98 en vertu de l’accord pétrole-contre-vivres soient suffisantes pour satisfaire des besoins analogues à ceux des années d’avant 1990 et permettent même d’améliorer l’alimentation animale en grain, pendant le premier semestre de 1997, des problèmes pratiques ont entraîné des retards dans le flux des denrées alimentaires. Pendant les six premiers mois de l’accord, par exemple, 43 et 20 pour cent seulement des quantités attendues de farine de blé et de riz, respectivement, avaient été reçues le 22 juin, tandis que d’autres aliments et le sel n’étaient pas arrivés. Mais lorsque la population recevra la totalité de la ration, il faudra que des dispositions soient prises pour que les producteurs de denrées alimentaires continuent à bénéficier d’incitations à la production, notamment pour les aliments qui se trouvent en quantités insuffisantes ou qui sont absents de la ration distribuée.

L’application effective de la RCS 986 contribuera à alléger provisoirement les problèmes d’approvisionnements du pays. Toutefois, il restera à améliorer durablement la situation nutritionnelle de la population. Il faudra aussi canaliser des ressources substantielles vers le redressement du secteur agricole et de l’économie dans son ensemble.






5. SITUATION NUTRITIONNELLE

Les données sur les approvisionnements alimentaires de l’Iraq provenant des bilans alimentaires de la FAO indiquent une chute marquée depuis 1990. Les disponibilités énergétiques alimentaires totales sont tombées d’une moyenne de 3 372 kcal par personne et par jour entre 1984 et 1989 à 3 150 kcal en 1990, puis à 2 268 kcal par personne et par jour en 1993-95. Cette dégradation de la situation n’est pas due à des facteurs régionaux généralisés, ni par exemple, à des conditions atmosphériques affectant la production. Seul l’Iraq parmi les autres pays de la région a enregistré un déclin de ses disponibilités alimentaires, tandis que dans les pays voisins les approvisionnements ont augmenté ou sont demeurés stables pendant la même période.

Ce déclin des disponibilités énergétiques alimentaires s’est accompagné d’un déclin de la disponibilité de protéines qui est passée de 67,7 g à 43,3 g par personne et par jour. Le calcul de la teneur en lysine du régime alimentaire iraquien indique un déclin simultané de 47 mg/g de protéines à 32 mg/g de protéines pendant la même période, prouvant que la qualité des protéines a aussi été affectée. Ceci n’a rien de surprenant si l’on sait que la contribution relative des aliments d’origine animale et des légumineuses, qui sont les uns et les autres des aliments riches en lysine, aux disponibilités énergétiques a diminué de moitié.

Avant la guerre du Golfe, les disponibilités alimentaires étaient tout à fait suffisantes. Cette affirmation est corroborée par de nombreuses évaluations nutritionnelles, dont une enquête nutritionnelle portant sur des enfants de 9 à 8 ans de la région de Baghdad effectuée en 1989 qui a montré que la distribution des poids et des tailles était analogue aux tableaux de référence internationaux. Depuis cette période, les aliments disponibles pour la consommation ont diminué, tombant à 2 250 kcal par jour entre 1991-95 [ Aucune mission FAO/PAM n’a été envoyée sur le terrain en 1995, mais la situation n’a pas pu s’améliorer compte tenu de la persistance des obstacles aux importations commerciales.] , tandis que la santé et les approvisionnements en eau et l’assainissement se détérioraient. Parallèlement, la santé nutritionnelle de la population se dégradait, comme l’indiquent un certain nombre d’enquêtes nutritionnelles organisées entre 1991 et 1997. En fait, une catastrophe nutritionnelle n’a pu être évitée dans le centre et le sud de l’Iraq que grâce à la distribution généralisée de rations alimentaires de la part du gouvernement et dans le nord grâce à l’aide alimentaire fournie par le PAM et de nombreuses ONG.

Comme le signalait déjà la mission de 1995, la situation de la majorité de la population est devenue déplorable et on rencontre partout des mendiants, des enfants vivant dans la rue et des enfants mal nourris dans les hôpitaux. Ceci est encore vrai aujourd’hui où la malnutrition est un grave problème dans tout le pays. Des cas de sous-alimentation graves sont fréquents dans les hôpitaux pédiatriques, témoignant de la présence de ce fléau dans la population en général. L’équipe de la mission a pu constater dans ces hôpitaux de nombreux cas de marasme et de kwashiorkor. Ces cas présentaient la plupart des signes classiques de ces maladies, telles que les oedèmes sur le visage et les pieds pour le kwashiorkor et l’émaciation, particulièrement visible sur les côtes, les membres et la tête pour le marasme. Les mères accompagnant ces enfants dans les hôpitaux étaient elles-mêmes sous-alimentées. Peu d’entre elles pratiquaient l’allaitement au sein.

Une enquête nutritionnelle fondée sur la production a été menée du 21 juin au 3 juillet 1997 à Bagdad (900 enfants) et dans la ville de Kerbala (158 enfants), à quelques heures de voiture au sud-ouest de la capitale. Les résultats obtenus indiquent que, malgré quelques signes d’amélioration depuis l’enquête de 1995, la malnutrition est encore largement répandue. Dans les 30 grappes de l’enquête menée à Bagdad, le pourcentage d’enfants accusant un retard de croissance (moins de -2 écarts types pour le rapport taille/âge) était de 15,7 pour cent, le pourcentage d’enfants présentant une insuffisance pondérale (moins de 2 écarts types pour le rapport poids/âge) 11,3 pour cent et les cas de dépérissement (moins de 2 écarts types pour le rapport poids/taille) 3,3 pour cent. Dans les 5 grappes de l’enquête menée à Kerbala, les pourcentages de retard de croissance (26,8 pour cent), d’insuffisance pondérale (18,1 pour cent) et de dépérissement (6,1 pour cent) étaient tous supérieurs à ceux de Bagdad. Les observations de la mission en dehors de la capitale donnent à penser que la situation nutritionnelle évaluée à Kerbala pourrait correspondre davantage à la situation de l’ensemble de la population iraquienne.

Les données ont été stratifiées par âge de l’enfant, degré d’instruction de la mère, maladies diarrhéiques et sexes. La malnutrition atteint un sommet entre 12 et 23 mois. La prévalence de la malnutrition parmi les enfants de mères instruites (diplôme secondaire ou universitaire) est inférieure à ce qu’elle est parmi les enfants dont les mères ont un niveau d’instruction inférieur. A Kerbala, les enfants atteints de diarrhées accusaient une forte prévalence tant du dépérissement (12,1 pour cent) que de l’insuffisance pondérale (33,3 pour cent) par rapport aux enfants qui ne souffraient pas de diarrhées (3,3 pour cent pour le dépérissement et 13,7 pour cent pour l’insuffisance pondérale). En outre, on constate une importante différence entre les sexes pour ce qui est de la prévalence de l’insuffisance pondérale - les garçons (22,7 pour cent) ont deux fois plus tendance à accuser une insuffisance pondérale que les filles (12,3 pour cent).

L’état nutritionnel des adultes a également été évalué en déterminant l’indice de masse corporelle (IMC = poids/taille 2) de 1278 adultes, 870 femmes et 408 hommes, à Bagdad et à Kerbala. Comparé aux données sur l’IMC calculées par la FAO (1994) pour une population de référence par exemple pour la Tunisie, le nombre d’iraquiens présentant un faible IMC est considérablement supérieur à celui de la population de référence, trahissant une sous-alimentation importante dans cet échantillon de la population adulte iraquienne. C’est surtout le cas des jeunes adultes, puisque 25 pour cent et 16 pour cent, respectivement, des jeunes gens et jeunes filles âgés de moins de 26 ans présentent un IMC inférieur à 18,5 et peuvent par conséquent être considérés comme affligés d’un déficit énergétique chronique. La diminution des disponibilités alimentaires au cours de ces dernières années en est probablement la cause. Cette situation aurait entraîné soit une perte de poids, soit un gain de poids enfant/adolescent insuffisant. L’amélioration des disponibilités alimentaires grâce à la RCS 986 pourrait remédier en partie à cette situation, bien que beaucoup d’Iraquiens risquent de rester chétifs à cause des privations subies pendant l’enfance.

Le manque de protéines et de sels minéraux de bonne qualité dans l’alimentation des enfants demeure un problème, notamment pour les enfants en âge d’être sevrés. En vertu du Mémorandum d’accord, une famille avec un enfant en bas-âge pouvait choisir de recevoir soit la préparation pour nourrisson, soit une ration pour adulte et à l’époque de la visite de la mission en Iraq, 76 pour cent des familles concernées avaient préféré recevoir la ration destinée aux adultes. Toutefois, les familles avec de jeunes enfants n’ont plus la possibilité de choisir et doivent absolument prendre les formules pour nourrisson. La mission estime que ce choix va à l’encontre des bonnes pratiques d’allaitement maternel et recommande le maintien de la liberté de choix. En outre, la situation en matière d’alimentation en eau et d’assainissement reste déplorable, notamment aux alentours de la ville de Bagdad. L’effet de synergie entre l’infection et la diarrhée explique les nombreux cas d’émaciation aiguë et de marasme rencontrés dans les hôpitaux et observés par les membres de la mission.

La disponibilité d’eau dans son sens le plus large, incluant l’eau potable, l’irrigation, l’engorgement des terres, la salinité et le rejet des eaux usées, est une condition fondamentale de l’amélioration de la productivité agricole de la santé de la population. Une enquête menée récemment par l’UNICEF et le Gouvernement iraquien sur la disponibilité de systèmes d’approvisionnement en eau et d’écoulement des eaux usées a constaté que plus de la moitié de la population rurale n’avait pas accès dans des conditions normales à l’eau potable, tandis que 30 pour cent environ de la population totale, surtout dans les zones rurales, ne disposaient d’aucun service d’égouts, les eaux usées étant évacuées principalement dans les cours d ‘eau. En outre, les services d’alimentation en eau fournissaient bien souvent de l’eau contaminée et inférieure aux normes acceptables. Une telle absence d’eau potable et de services d’assainissement a un lien direct avec la prévalence de la malnutrition infantile.

5.1 La ration alimentaire et la RCS 986

La composition de la ration alimentaire entre 1991 et 1997 fait l’objet du Tableau 4. Les premières livraisons en vertu du Mémorandum d’accord étaient attendues pour août 1997.

Tableau 4: Iraq - Ration alimentaire mensuelle distribuée dans le cadre du système public de rationnement 1991-97 (kg/personne)

1997 
Produit  1991  1993  1995  Avant le mémorandum d’accord  Au titre du mémorandum d’accord
Farine de blé  8.00  9.000  6.000  7.000  9.000
Riz  1.50  2.250  1.250  1.250  2.500
Légumes sec  0.20  1.000
Huile végétale  0.25  0.500  0.625  0.750  1.000
Sucre  1.00  1.500  0.500  0.500  2.000
Thé  0.05  0.075  0.100  0.100  0.150
Sel  0.150
Préparations pour nourrisson 1 1.35  1.800  1.800  1.800  2.700
Kcal par habitant et par jour, à l’exclusion des préparations pour nourrisson  1,372  1 705  1 093  1 295  2 030
1/ Les préparations pour nourrisson sont fournies pour les enfants âgés de moins de un an.
Notes: La ration actuelle inclut également les produits non alimentaires suivants pour les adultes et les enfants:
Détergents:0,350 kg/personne/mois
Savon:0,250 kg/personne/mois

Avant la guerre du Golfe, l’Iraq produisait environ un tiers des aliments de base dont elle avait besoin pour nourrir sa population et dépensait plus de 2 milliards de dollars E.-U. chaque année pour combler le déficit. En 1997, sa capacité de production alimentaire s’était considérablement dégradée, tandis que la population et par conséquent les besoins alimentaires totaux augmentaient. Le Mémorandum d’accord, qui a pris effet après mise en application de la RCS 986, apportera sûrement des améliorations notables à l’apport alimentaire moyen de la population, la teneur énergétique moyenne des rations devant passer de 1 295 kcal/personne/jour à 2030 kcal/personne/jour. Malgré cette amélioration, les aliments fournis en vertu du nouveau plan de distribution resteront quantitativement et qualitativement insuffisants.

On a évalué la valeur nutritive de la ration alimentaire distribuée en vertu de la RCS 986 en convertissant les quantités d’aliments fournies en calories et nutriment à l’aide de données appropriées sur leur composition et en comparant les résultats avec les taux quotidiens recommandés.

La valeur énergétique de la ration (2030 calories/personne/jour) est insuffisante car elle ne correspond pas aux besoins minimums de la population iraquienne estimés à environ 2 100 calories/personne/jour. La mission est bien consciente que des aliments produits localement viennent s’ajouter à ceux de la ration (Tableau 5). On estime l’apport énergétique totale pour 1997/98 à 2 424 calories/personne/jour (à l’exclusion de la faible contribution des fruits et légumes pour lesquels aucun chiffre n’est disponible). Toutefois, bien que la ration puisse être complétée par l’achat sur place d’autres produits alimentaires, la mission s’inquiète de ce que ces produits ne sont pas à la portée de la majorité de la population. Par conséquent, la ration est considérée insuffisante pour porter les disponibilités moyennes du pays à un niveau et que la sous-alimentation disparaisse. Notant que la prévalence de la malnutrition était élevée entre 1991 et 1995, alors même que les disponibilités alimentaires totales étaient en moyenne supérieures au niveau de 2 250 kcal et par conséquent supérieures aux besoins, la mission demande que des approvisionnements alimentaires supplémentaires soient mis à la disposition de la population affectée afin de corriger cette situation.

La ration est également déséquilibrée et manque de plusieurs nutriments, dont les vitamines A et C, pratiquement absentes, et le calcium , le zinc, la riboflavine et la vitamine B6 dont les niveaux sont extrêmement faibles. La ration distribuée dans le cadre du Mémorandum d’accord ne contient pas d’aliments comme la viande, le poisson, les oeufs ou les produits laitiers, dont l’inclusion améliorerait la diversité et la qualité nutritionnelle du régime alimentaire. La ration de matières grasses (huiles) ne fournit que 16 pour cent de l’énergie d’origine alimentaire, contre 23 pour cent de l’apport énergétique alimentaire total avant la guerre, et la mission recommande que pour fournir un régime alimentaire plus énergétique, le pourcentage actuel soit sensiblement augmenté. Comme on peut s’y attendre s’agissant d’une ration à base de céréales, la qualité des protéines est également faible vu la faible teneur en lysine calculée en mg/g de protéines.

Les aliments de qualité nécessaires pour compléter la ration, notamment pour fournir les micronutriments manquants, sont des aliments d’origine animale - viande, poisson, oeufs et produits laitiers - et de fruits et légumes. Il s’agit toujours, qu’ils soient importés ou produits localement, des aliments les plus chers qui sont hors de portée de la plupart. En fait la mission estime que la persistance des problèmes de malnutrition tient essentiellement à la capacité variable des gens de compléter les rations de base par des aliments suffisamment nutritifs. Ces aliments pourraient non seulement améliorer l’état nutritionnel de la population mais, s’ils étaient produits localement, ils stimuleraient le secteur agricole. Au sein du secteur agricole, par conséquent, une attention particulière devrait être portée aux mesures encourageant les agriculteurs à produire davantage de produits d’origine animale, de fruits et de légumes et visant à assurer des bénéfices suffisants aux cultivateurs.

Compte tenu des nombreux signes de malnutrition généralisée et de la situation alimentaire et nutritionnelle du pays, la mission conclut que la ration actuelle est déséquilibrée et insuffisante pour remédier rapidement aux consé quences nutritionnelles graves des pénuries alimentaires des sept dernières années. La mission estime également que, même si la ration peut être complétée par l’achat sur place de denrées susceptibles de diversifier le régime alimentaire, ces denrées sont hors de portée de la majorité de la population. Pour que la population puisse retrouver des niveaux de consommation suffisants pour combler les déficits nutritionnels prévalants, les approvisionnements alimentaires doivent être supérieurs aux quantités jugées disponibles en 1997/98. L’importance exacte de l’accroissement nécessaire pour éliminer les déficits nutritionnels est difficile à évaluer. La mission estime que pour assurer une amélioration générale de l’état nutritionnel de la population, les approvisionnements alimentaires devraient retrouver leurs niveaux d’avant 1990. Elle est bien consciente qu’un retour à ces niveaux n’est pas possible dans les conditions actuelles. Toutefois, il est instructif de comparer les estimations des approvisionnements alimentaires pour 1997/98 avec celles correspondant à la période d’avant 1990 (Tableau 5), dans la mesure où la mission estime que la population reviendrait à ces niveaux si les conditions le permettaient. L’estimation de la mission concernant approvisionnements (y compris les rations fournies en vertu de la CRS 986) qui pourraient être nécessaire pour retrouver les niveaux d’avant 1990 est donnée dans le Tableau 5.

Tableau 5: Iraq: Approvisionnements alimentaires 1997/98 et utilisation fondée sur les

niveaux par habitant d’avant 1990 (en milliers de tonnes)

Produit  Production estimée  Importations possibles en vertu de la RCS 986/mémorandum d’accord  Approvisionnements totaux 1997/98  Approvisionnements d’avant 1990 1/  Différence
Céréales pour l’alimentation humaine et d’autres usages  2 125  3 188  5 3562/  5 626  -270
Légumes secs  271  271  129  -142
Huile végétale  85  271  356  321  +35
Viande rouge  45  45  245  -200
Viande de volaille  33  33  245  -212
Poisson  67  -62
Oeufs (millions)  150  150  1 228  -1 078
Lait  PD <./TD> PD  401  -241
Thé  41  41  67  -26
Sucre  70  541  611  877  -266
1/ Chiffres fondés sur les niveaux par habitant d’avant 1990. Pour les céréales, les fourrages et les
autres utilisations, les chiffres correspondent aux niveaux actuels et non aux niveaux plus élevés
d’avant 1990.
2/ Y compris 43 000 tonnes d’aide alimentaire annoncé.

Compte tenu de la situation précaire des groupes de population vulnérable, des programmes alimentaires d’urgence tels que ceux du PAM, sont exécutés depuis 1991. Malgré l’augmentation des rations prévue par la RCS 986, la nécessité de nourrir les groupes vulnérables demeure, dans la mesure où le programme en cours ne satisfait qu’une partie de leurs besoins. Il est vivement recommandé, par conséquent qu’outre l’amélioration générale de la situation des approvisionnements alimentaires, la communauté internationale continue à appuyer les programmes d’alimentation de certains groupes vulnérables qui ne sont pas actuellement visés par la distribution de vivres en vertu de la RCS 986. Ces groupes incluent les enfants âgés de moins de cinq ans mal nourris, les personnes hospitalisées, les orphelinats et institutions sociales, les personnes déplacées dans leur propre pays et les réfugiés.

Bien que l’adoption de la RCS 986 ait entraîné une augmentation des disponibilités alimentaires, les problèmes nutritionnels demeurent et ne sont pas près d’être résolus. Particulièrement préoccupante est la dégradation sensible des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Il est recommandé que la priorité soit accordée à la remise en état complète et durable du système d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Faute de quoi, les maladies transmises par l’eau, y compris le marasme nutritionnel, demeureront un problème majeur malgré l’amélioration des disponibilités alimentaires. D’autres recommandations importantes incluent l’amélioration de la ration des femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que la promotion de l’allaitement maternel. Les carences en micronutriments, notamment en fer, sont très répandues et il faudrait envisager d’enrichir la farine de blé fournie au titre de la RCS 986. On notera également que le contrôle de l’innocuité des aliments et la remise en état de l’industrie alimentaire s’imposent dans la mesure où de nombreux additifs dangereux sont actuellement présents dans les approvisionnements alimentaires et où toute l’industrie alimentaire s’est gravement détériorée au cours des sept dernières années.






6. AIDE ALIMENTAIRE D’URGENCE

Depuis 1991, le PAM a fourni au titre des opérations d’urgence un total de 489 447 tonnes d’aliments, alors que les besoins sont estimés à 782 373 tonnes.

Tableau 6: Iraq - Opérations d’urgence du PAM, 1991-97
 

Opération d’urgence No.  Durée  Bénéficiaires  Besoins projetés 
(en tonnes) 
Quantités distribuées 
(en tonnes)
735 000  35 166  36 242
) 136 949 1 mars 91-dec.91  1 235 000  28 134  63 479
1 540 000  35 158  28 229
5001  déc.92-mars 93  1 200 000  50 701  19 396
5311  juil 93-déc.93  1 300 000  100 296  80 514
5311.01  jan.94-mars 94  1 300 000  49 260  28 440
5311.02  oct.94-mars 95  1 300 000  102 285  55 936
5311.03  avr.95-sept.95  1 325 000  63 789  26 674
5311.04  oct.95-mars 96  2 150 000  121 159  92 273
5311.05  oct.96-mars 97  2 150 000  122 039  52 078
5311.06*  avr.97-mai 97  2 150 000  6 186
mai 97-juil 97  1 263 000  ) 74 386 
août 97-déc.97  872 000 
TOTAL  782 373  489 447
1/ Le volume sera progressivement réduit, en fonction des distributions de produits au titre de la RCS 986.

La programmation de l’aide alimentaire du PAM vise à aider les groupes démunis et vulnérables victimes d’années de conflit armé et de l’effondrement économique consécutif à la guerre. Dans le centre et le sud , le PAM organise des programmes alimentaires avec le Ministère du travail et des affaires sociales à l’intention des personnes démunies enregistrées comme telles et des personnes vivant dans des institutions de protection sociale, avec la Fédération générale des femmes iraniennes pour les enfants mal nourris âgés de moins de cinq ans et les femmes chefs de ménage, avec le Ministère de la santé pour les malades hospitalisés et avec le HCR pour les réfugiés.

Les variations du volume de l’aide distribuée par le PAM au cours des six dernières années correspondent à des changements dans la programmation interne dus à un affinement du ciblage des opérations, aux mouvements de population et à la réaction des donateurs à l’opération. En 1995, le PAM a doublé ses distributions, de façon à toucher 2,15 millions de bénéficiaires et a inclus un projet en faveur des enfants âgés de moins de cinq ans mal nourris, le groupe considéré comme le plus vulnérable compte tenu de la situation de malnutrition chronique identifiée par la mission d’évaluation FAO/PAM de 1995.

Jusqu’à récemment, le PAM distribuait une ration quotidienne de base de 300 g de farine de blé (ou de 400 g de blé en grain dans les gouvernorats du nord), 30 g de légumes secs, 30 g d’huile végétale et 20 g de sucre de façon à fournir 2 000 kcal par jour. Les enfants âgés de cinq ans mal nourris recevaient 100 g d’un mélange de farine de blé et de soja, 20 g d’huile végétale et 20 g de sucre. La ration destinée aux malades hospitalisés était composée de 60 g de farine de blé, 150 g de riz, 30 g de légumineuses, 30 g #146;huile végétale, 10 g de sucre, 30 g de poisson en conserve et 20 g de DSE. Les réfugiés du centre et du sud recevaient la ration de base deux fois par mois.

Lorsque les distributions de produits au titre de la RCS 986 ont commencé, le PAM a modifié ses programmes et l’assortiment alimentaire de façon à ce qu’ils correspondent aux besoins particuliers des groupes les plus vulnérables, notamment ceux affaiblis par la situation de malnutrition chronique et le déclin des revenus réels et dont les besoins alimentaires particuliers ne correspondent pas exactement au "filet de sécurité" fournis par la RCS 986. La ration pour tous les bénéficiaires autres que les patients hospitalisés a été ramenée à 150 g de farine de blé, 30 g de légumes secs, 30 g d’huile végétale et 10 g de sucre. A présent, les bénéficiaires sont au nombre de 597 000 dans le centre sud et 275 000 dans le nord. D’après les plans initiaux, le nombre de bénéficiaires dans les trois gouvernorats du nord devait être ramené à 91 000 le 1er août. Toutefois, en raison de la malnutrition généralisée et persistante qui sévit parmi les groupes vulnérables, ce chiffre a été porté à 275 000 bénéficiaires. L’augmentation est due essentiellement au grand nombre d’enfants mal nourris.

En termes réels, toutefois, les distributions de ces deux dernières années reflètent la réaction des donateurs qui a parfois été décevante, notamment dans le centre-sud. Dans les gouvernorats du nord, les distributions sont restées stables pour les bénéficiaires traditionnels, sauf pendant les mois de mai et de juin 1996 où les livraisons de produits en provenance de la Turquie ont été retardées. Dans le centre-sud, les distributions ont fluctué selon les stocks du pays. En matière de livraisons alimentaires la priorité est toujours accordée au Ministère de la santé pour les patients hospitalisés et le PAM essaie de maintenir des stocks tampons dans les hôpitaux pour faire face à une éventuelle interruption de la filière.


Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir Télex: 626675 WFP 1  d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant. 
Abdur Rashid  
Chef, SMIAR, FAO  
Télex 610181 FAO 1  
Télécopie: 0039-6-5705-4495 
Courrier électronique:[email protected] 
Pierre Bourgeois 
Directeur régional a.i., OMC, PAM 
Télex: 626675 WFP 1 
 Télécopie: 0039-6-6513-2208 
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