SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D’EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES EN REPUBLIQUE POPULAIRE DEMOCRATIQUE DE COREE

25 novembre 1997

 
Principales conclusions de la mission 
 
  • Sombres perspectives alimentaires pour la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée en 1998 suite à une chute de la production vivrière pour la troisième année consécutive. 

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  • La pire sécheresse depuis plusieurs décennies réduit la production de maïs à son plus bas niveau historique. 

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  • La production vivrière sera à peine suffisante pour couvrir les besoins minimaux pendant sept mois 

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  • Des importations alimentaires massives de 1,95 million de tonnes, aide alimentaire comprise, seront nécessaires en 1997/98. 

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  • 1,25 million de tonnes de vivres doivent être fournis, au titre de l’aide alimentaire d’urgence et de l’aide programme. 

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  • L’affaiblissement considérable du système public de distribution dû à la diminution constante des approvisionnements suscite des préoccupations pour les groupes vulnérables qui n’ont pas d’autres moyens d’accéder à la nourriture. 

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  • La poursuite d’une aide alimentaire aux enfants est vitale pour assurer les besoins nutritionnels minimaux. 

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  • Une assistance internationale est également vitale pour aider le pays à trouver des solutions à plus long terme pour assurer sa sécurité alimentaire, grâce à la fourniture d’intrants essentiels et à l’adoption de pratiques agricoles durables. 




1. VUE D’ENSEMBLE

Depuis 1995, la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée a été frappée par plusieurs catastrophes naturelles qui ont gravement entravé sa capacité de nourrir la population. A la suite des inondations de 1996, le pays a reçu de la communauté internationale un volume d'aide alimentaire sans précédent, qui a limité considérablement la diffusion des problèmes nutritionnels et sanitaires parmi les habitants. Bien que cette assistance soit indispensable à court terme, il est vital que le pays trouve des moyens de mieux assurer sa sécurité alimentaire future sur des bases durables. Toute stratégie de longue durée dans ce domaine sera subordonnée aux performances de l’économie et à sa capacité à créer des emplois productifs et à faire rentrer des devises, cruciales pour acheter des intrants essentiels et des matières premières pour l’agriculture et pour importer des vivres, les années où la production est déficitaire.

Après l’évaluation intérimaire des effets de la sécheresse de cette année, effectuée en août, une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s’est rendue en République Populaire Démocratique (RPD) de Corée du 21 octobre au 4 novembre pour estimer le volume final de la récolte de cette année et évaluer les perspectives des approvisionnements alimentaires pour la campagne de commercialisation de 1997/98. Cette évaluation s’est fondée sur des entretiens avec les départements clés du gouvernement, des institutions des Nations Unies et des ONG et sur des tournées d’inspections dans les principales zones agricoles, not mment dans les provinces d’Hwangae Nord et Sud, de Pyongan Sud et de Kangwon. En outre, pour évaluer les disponibilités et la distribution alimentaires, la mission a effectué un certain nombre de visites, parfois surprise, chez des ménages individuels des zones urbaines et rurales, dans des entrepôts et des centres de diffusion et de distribution de céréales, des écoles et des garderies.

La mission a constaté que les effets négatifs de la sécheresse prolongée de cette année s’étaient surtout traduits par une diminution considérable de la production de maïs, l’une des deux principales céréales produites dans le pays. La production de maïs non irrigué, qui couvre la majeure partie de la surface sous production, a été fortement réduite, mais on peut encore compter sur un niveau de production acceptable dans les zones irriguées à des degrés divers. La production globale de maïs est estimée à environ 1,14 million de tonnes, soit plus de 50 pour cent de moins que le niveau qui aurait pu être obtenu cette année avec des conditions météorologiques favorables. Cette forte chute de la production du maïs s’est accompagnée de réductions notables dans les principales zones de production du nord-est de la Chine, qui ont également été touchées par la sécheresse cette année. L’impact négatif de la sécheresse sur la production rizicole a cependant été nettement moins prononcé car cette culture est essentiellement irriguée. Malgré la forte baisse du niveau de quelques réservoirs d’eau d’irrigation, surtout de ceux qui sont alimentés par l’eau de pluie, les cultures n’ont pas autant souffert du manque d’eau que ne l’avait prévu la mission précédente du mois d’août. En outre, dans les zones où l’irrigation est assurée, les rendements en paddy seraient plus élevés que prévu au vu des pénuries actuelles d’intrants. Ce phénomène est attribué à divers facteurs, notamment à l’utilisation plus efficace des engrais et à l’emploi accru de main-d’oeuvre. Dans les zones côtières, les cultures de riz ont également été un peu endommagées par les raz-de-marée qui ont inondé les terres après le typhon Winnie, à la fin du mois d’août. Cependant, lors de l’évaluation finale de la récolte de cette année, les pertes dues aux typhons ont été jugées moins importantes qu’on le prévoyait antérieurement. La production de riz usiné en 1997, après prise en compte de ces pertes, est estimée à environ 1,52 million de tonnes, ce qui, avec le maïs, porte la production totale de céréales à 2,66 millions de tonnes en équivalent riz usiné ou à 3,48 millions de tonnes en équivalent paddy. Les disponibilités intérieures de céréales seront donc cette année encore bien inférieures aux besoins pour la troisième année consécutive et une fois de plus le pays devra mobiliser une aide alimentaire substantielle pour satisfaire la demande.

L’offre réduite de céréales ces dernières années a conduit à modifier considérablement la stratégie d’utilisation des céréales pour faire face à la crise. Le changement le plus important a été la réduction des utilisations fourragères des céréales et la diminution du cheptel. Bien évidemment, cette réduction aura des conséquences à long terme car les disponibilités de protéines animales dans le régime alimentaire tomberont bien en dessous des niveaux considérés comme souhaitables. Si l’on tient compte de ces réductions, tout en maintenant les utilisations vivrières à un niveau minimal, il faudra importer environ 1,95 million de tonnes de céréales en 1997/98. Sur ce total, on estime que les importations commerciales, y compris le commerce transfrontalier officieux avec la Chine, représenteront 700 000 tonnes, alors que l’aide alimentaire engagée dans la filière fournira 241 000 tonnes de plus. Le déficit restant à couvrir par une aide alimentaire, notamment dans le cadre de programmes, s’élève donc à environ un million de tonnes.

En ce qui concerne les questions générales des disponibilités et de l’aide alimentaires, la mission a fait les observations suivantes. Si l’incidence de la malnutrition chronique ne s’est pas généralisée davantage, c’est dans une large mesure grâce à l’aide alimentaire sans précédent qu’a reçue le pays au cours des deux dernières années. Sans cette assistance, il n’y a guère de doute que les problèmes auraient été plus graves, en particulier parmi les groupes vulnérables, comme les enfants. La mission note cependant qu’aucun indice quantitatif acceptable de l’ampleur actuelle de la malnutrition dans le pays n’ayant été mis à sa disposition, une évaluation complète et détaillée doit être entreprise [ Le PAM et d’autres institutions des Nations Unies ont effectué une étude portant sur 3965 enfants de moins de sept ans dans 40 garderies et jardins d’enfants situés dans 19 comtés de 4 provinces. La méthodologie employée n’était pas basée sur des sondages aléatoires, si bien que les résultats ne sauraient être considérés comme représentatifs de l’ensemble du pays. Ils serviront cependant de base pour une étude plus étendue et plus représentative, dans le futur. ] . Ceci est d’autant plus important que l’on craint que les difficultés d’approvisionnement alimentaire et les problèmes sanitaires endémiques sur plusieurs années (pré-urgence), ajoutés aux pénuries alimentaires dramatiques de ces dernières années, n’entraînent des carences nutritionnelles, accompagnées de symptômes, tels que retards de croissance. En outre, de plus en plus d’éléments indiquent que la consommation alimentaire est beaucoup plus "polarisée" dans la population qu’on le pensait. Cette concentration s’explique par plusieurs facteurs: problèmes de transport; différences géographiques, certaines provinces étant mieux équipées que d’autres pour faire face à des pénuries; accès aux vivres plus facile dans les campagnes que dans les villes; et disparité d’accès aux biens et aux envois de fonds de l’étranger permettant d’acheter des aliments sur les marchés "privés" naissants, encore relativement peu développés. Il est donc indispensable de mieux cibler l’aide alimentaire.



2. LE SECTEUR AGRICOLE

La République Populaire Démocratique (RPD) de Corée est gravement pénalisée par le manque de terres utilisables aux fins de la production vivrière. D’après les estimations, les terres cultivables représentent un cinquième seulement de la surface totale de terres émergées, soit quelque deux millions d’hectares, dont environ 1,4 million d’hectares seulement se prêtent à la production de céréales ou d’autres légumineuses vivrières.

Compte tenu des possibilités limitées de développer la production vivrière intérieure grâce à une expansion de la surface cultivée et des contraintes climatiques qui font qu’il n’était possible de récolter qu’une campagne chaque année, les efforts ont été concentrés dans le passé sur l’intensification de l’agriculture pour accroître les rendements à l’hectare. Cette orientation reposait largement sur l’irrigation, la mécanisation, l’application d’engrais chimiques pour renforcer les rendements, et la fourniture d’énergie électrique. Bien que l’on estime que 80 pour cent de la surface sous céréales puisse être irriguée, ce potentiel a été réduit car beaucoup d’ouvrages d’irrigation ont été endommagés par les inondations dévastatrices de 1995 et 1996. En outre, par suite de la crise économique que traverse actuellement le pays, les prestations d’autres services agricoles ont considérablement diminué. L’utilisation d’engrais chimiques a enregistré un recul notable dans les années 90 en raison de la diminution des importations de pétrole pour les manufactures et des importations directes d’engrais; les machines agricoles sont inutilisées, soit parce qu’elles sont obsolètes, soit à cause des pénuries de carburants et de pièces détachées, alors que la fourniture d’électricité pour les diverses opérations agricoles a diminué à cause de la forte baisse de la capacité des centrales. Tous ces facteurs se sont combinés pour réduire considérablement la productivité et l’agriculture est de plus en plus tributaire de la main-d’oeuvre, de la traction animale et des engrais organiques.

En ce qui concerne spécifiquement les engrais, les difficultés économiques ont entraîné ces dernières années un déclin notable de la fabrication, de l’importation et de l’utilisation d’engrais chimiques. Le pays possède actuellement trois unités de production à Namhung dans le Sud-Ouest et à Hungnam et Aoji dans l’Est/Nord-Est. Cependant, le secteur manufacturier se heurte à deux gros problèmes: premièrement, les équipements sont obsolètes et mal entretenus, si bien que des investissements considérables sont nécessaires pour moderniser les usines et améliorer leur capacité de production, et deuxièmement la grave pénurie de matières premières, principalement de pétrole. On estime que si les usines tournaient à pleine capacité, il serait possible de produire chaque année quelque 410 000 tonnes d’équivalent azote. Or cette année, le gouvernement estime qu’environ 300 000 tonnes d’urée, de fabrication locale ou importée, ont été fournies à l’agriculture. D’après la mission, moins de la moitié de ce volume a été produit dans le pays. Une part importante de la fourniture totale d’éléments nutritifs est réservée à la production de fruits et de légumes. Compte tenu de cela, on estime qu’entre 50 et 60 kg/ha d’équivalent azote ont été appliqués aux cultures de riz et de maïs en 1997, alors que la dose optimale d’azote serait d’environ 120 à 125 kg/ha. Le déficit actuel des applications est donc, en gros, de 50 à 60 pour cent. La corrélation entre la baisse de l’utilisation d’engrais et le déclin de la production de maïs et de paddy est illustrée aux graphiques 1 et 2.

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Un phénomène perturbateur pour l’environnement semble s’être accéléré ces dernières années sous l’effet des pénuries alimentaires: de plus en plus de terres très marginales ont été mises en culture, sur les versants des collines. Ceci a obligé à déboiser de grandes surfaces et exacerbé les problèmes d’érosion des sols et d’envasement. L’augmentation des dépôts de limon dans les cours d’eau a, à son tour, accru le risque d’inondations, même les années où les pluies sont relativement modérées.

On cultive du blé, de l’orge et du mil en quantités limitées, mais les principales cultures céréalières sont le riz et le maïs. Le riz est principalement produit dans le sud-ouest du pays, où sont concentrés la plupart des ouvrages d’irrigation et où le climat est un peu plus propice. Le maïs est la culture dominante dans les hauts plateaux du nord. Le manque de terres et la priorité donnée au riz et au maïs ont conduit à cultiver les terres en permanence, sans pratiquer la rotation des cultures et la mise en jachère, ce qui a aggravé le problème de l’appauvrissement des sols.

D’après les observations de terrain, les densités de plantation à l’hectare sont relativement élevées et se situent dans une fourchette de 420 000 à 480 000 plants/hectares pour le riz et de 70 000 à 80 000 plants/ha pour le maïs. La dose d’ensemencement est aussi relativement élevée, puisqu’elle oscille entre 120 et 150 kg/ha pour le riz repiqué, et entre 40 et 50 kg/ha pour le maïs. Vu la qualité des semences, et les pertes et les dégâts potentiels, ces taux sont assez représentatifs de la plupart des autres pays d’Asie du sud-est, à l’exception du Japon où ils sont nettement plus faibles. Le Tableau 1 recense les principaux types de semences disponibles, avec le pourcentage de la surface ensemencée et leurs autres caractéristiques, dans des conditions favorables. Le choix du type de semences est fonction de l’altitude et de la durée, en nombre de jours, de la période sans gelées, dans les différentes zones.

Tableau 1: Types de semences dominants et principales caractéristiques
 

Type de semences  Durée en jours  Rendement optimal (tonnes/ha 2)  Rendements moyens (tonnes/ha 3)  % de la surface totale ensemencée
Riz 
Pyongyang  180  10  70-80
Hamzu  150-160  5-6  4-5 
Yomzu  135  4-5  3-4  20-30
Pyonbuk  160-170  6-7  4-5 
Autres 
Maïs 
Hwansong5  110-135  7-8  6.5  55
Unsan  110-135  6-6.5  20
Pyongan  150  10  5-6  15
Autres  150  10
1/ Source: Commission de l’agriculture, RPDC
2/ Rendements optimaux possibles, avec des conditions météorologiques et des applications d’intrants optimales.
3/ Rendements moyens possibles, avec des conditions météorologiques et des applications d’intrants optimales.
4/ Les principales variétés de Pyongyang sont le P15, le P 18 et le P 21.
5/ Les principales variétés de Hwansong sont le H1 et le H2.

Compte tenu de la rareté des terres productives, les systèmes de culture intensifs non mécanisés ont gagné du terrain ces dernières années, à cause de la pénurie de machines en bon état de marche et de carburant. On doit donc normalement faire appel pour les principaux travaux agricoles à une main-d’oeuvre importante, embauchée parmi les travailleurs non agricoles venus des villes.



3. PRODUCTION DE CEREALES EN 1997

3.1 La sécheresse et le typhon de 1997

En 1997, la production céréalière a été gravement touchée par une forte sécheresse qui a sévi à des stades critiques de la croissance des cultures et, plus avant en saison, par un typhon et des raz-de-marée qui ont provoqué des dégâts plus réduits. A la période des semis, en mai, les précipitations étaient sensiblement plus élevées que la normale, mais au cours des mois suivants, elles ont considérablement diminué et le pays a connu sa plus forte sécheresse depuis plusieurs décennies. Ainsi, en juin, juillet et août, la pluviométrie atteignait en moyenne 20 à 30 pour cent de son niveau tendanciel à long terme. Les graphiques 3 et 4 décrivent les régimes des pluies observés en 1997, par rapport aux moyennes mensuelles cumulées et à long terme pour un échantillon représentatif de stations météorologiques disséminées à travers le pays.

La sécheresse a surtout eu des effets négatifs sur les cultures pluviales de maïs, mais elle a aussi eu pour autre conséquence importante de réduire le niveau d’eau de certains réservoirs d’irrigation, principalement alimentés par l’eau de pluie. La baisse du niveau de ces réservoirs aura aussi une incidence négative sur les perspectives de récolte de 1998, car le volume d’eau disponible sera très insuffisant pour la préparation des terres et les principaux travaux d’ensemencement, en avril et en mai prochains.

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D’ici le début de la prochaine campagne agricole, des pluies limitées et la fonte des neiges rempliront un peu les réservoirs, mais leur niveau restera très insuffisant car, durant ces mois-là, les précipitations sont faibles dans le pays (graphiques 3 et 4). Actuellement, d’après les observations, on estime que les niveaux de certains réservoirs n’atteignent que 20 à 30 pour cent de leur capacité.

En plus de la sécheresse, les cultures des zones côtières ont été gravement endommagées à la fin du mois d’août par des raz-de-marée dus au typhon Winnie qui ont détruit les digues qui protégeaient la côte ouest des intrusions d’eau de mer. Dans ces zones, la récolte de riz a été complètement détruite ou est impropre à la consommation, car les grains ont une teneur en sel trop élevée.

3.2 Surface cultivée

Compte tenu des limitations d’ordre géographique, on estime que la surface sous riz ou maïs dans les fermes gérées par l’Etat ou par des coopératives n’a guère varié par rapport à la dernière décennie. Cependant, on plante de plus en plus de maïs sur les collines marginales, qui se caractérisent pourtant par leur faible productivité et contribuent probablement pour une relativement faible part à la production intérieure totale. En outre, la mise en culture de ces terres doit être considérée comme une solution à court terme qui a été adoptée pour répondre aux besoins immédiats, qui peut être nocive à long terme et qu’il n’est pas souhaitable de maintenir. On a néanmoins tenu compte du maigre apport de ces zones dans la production intérieure de maïs de cette année.

Les estimations officielles des surfaces cultivées cette année en maïs et en riz, dans chaque province, figurent au Tableau 2.
 

Tableau 2 - RPDC: Superficies cultivées en riz et maïs en 1997 par municipalité/province
 
Province  Riz  Maïs  Total 
Surface  % du total  Surface  % du total  Surface  % du total
Pyongyang  26 302  4.4  16 289  2.3  42 591  3.3
Pyongan Sud  98 495  16.4  72 208  10.3  170 703  13.1
Pyongan Nord  104 951  17.5  105 213  15.0  210 164  16.2
Chagang  6 859  1.1  39 915  5.7  46 774  3.6
Hwangae  150 117  25.0  105 378  15.1  255 495  19.6
Hwangae Nord  49 852  8.3  85 270  12.2  135 122  10.4
Kangwon  36 208  6.0  41 828  6.0  78 036  6.0
Hamyong Sud  59 868  10.0  53 212  7.6  113 080  8.7
Hamyong Nord  22 954  3.8  59 296  8.5  82 250  6.3
Ryangang  1 975  0.3  9 599  1.4  11 574  0.9
Kaesong  12 412  2.1  2 633  0.4  15 045  1.2
Nampo  15 529  2.6  8 640  1.2  24 169  1.9
Autresa  15 000  2.5  50 000  14.3  115 000  8.8
Total  601 000b  100.0  650 000b  100.0  1 251 000b  100.0
 

En termes de potentiel agricole, les provinces du Hwangae Nord et Sud représentent environ 30 pour cent et celle du Pyongan Nord 16 pour cent des principales superficies céréalières.

Par rapport à la superficie cultivée dans les fermes gérées par les coopératives ou par l’Etat, l’augmentation est estimée à 4 pour cent pour le paddy et à 3 pour cent pour le maïs cette année. Cette expansion est attribuée à la remise en état des zones antérieurement dévastées par les inondations et à l’augmentation des cultures sur les terres marginales.

En plus du riz et du maïs, on estime que 50 000 hectares sont cultivés en blé, en sarrasin et en orge et 40 000 hectares en pommes de terre.

3.3 Rendements

Même avec les difficultés d’approvisionnement en intrants auxquelles est actuellement confrontée la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée, les rendements à l’hectare demeurent relativement élevés, surtout sur les terres de qualité bonne ou moyenne, qui représentent à peu près les deux tiers de la surface sous céréales. Ces bons résultats peuvent être attribués à une combinaison de plusieurs facteurs, à savoir:

(a) L’impact négatif de la diminution des doses d’engrais appliquées à l’hectare en 1990 a été moins prononcé que prévu, premièrement parce que les engrais ont été utilisés de façon plus efficace, et deuxièmement parce que les éléments nutritifs présents dans le sol grâce aux applications élevées des années passés, ont continué à produire des effets. Dans ces circonstances, les applications d’azote restent cruciales pour renforcer ou maintenir les rendements, mais les phosphates et le potassium sont moins nécessaires. En effet, dans le cas du Phosphore, l’introduction de bactéries libérant du phosphate, comme engrais microbiens, contribue à renforcer la teneur en phosphate du sol.

(b) l’utilisation d’engrais organiques et microbiens s’est accrue.

(c) compte tenu de la qualité des sols, le niveau de référence des rendements, c’est-à-dire celui qui pourrait être obtenu même sans applications d’engrais chimiques, est relativement élevé et estimé à environ 3 tonnes/ha sur sols fertiles.

(d) le recours à un système de culture intensif à fort coefficient de main-d’oeuvre qui favorise les densités de plantation élevées à l’hectare et couvre l’ensemble des travaux des champs. En outre, on a probablement employé ces dernières années plus de main-d’oeuvre dans l’agriculture en raison du chômage élevé dans le secteur industriel et de la nécessité pour la population urbaine de bénéficier d’un accès physique plus direct aux disponibilités alimentaires.

3.4 Production de maïs

L’importance du maïs dans l’économie alimentaire de la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée s’est accrue depuis quelques années. On estime qu’environ 650 000 hectares ont été mis en culture cette année, principalement dans les provinces de Pyongan Sud, Hwangae Nord et Sud, et Hamyong Nord. Les semis ont normalement lieu de la mi-avril au début mai, et la floraison et la pollinisation vers le milieu juillet. Durant la pollinisation, le régime hydrique et la teneur en humidité des sols sont d’une importance vitale et toute pénurie prononcée, comme celle de 1997, peut compromettre gravement la formation des grains et la production. La récolte débute à la fin du mois d’août et se termine à la mi-septembre. Les principales variétés sont le Hwansong 1 et 2 et le Unsan 5, qui couvrent, ensemble, une surface estimée à 75 pour cent du total ensemencé en maïs. Compte tenu des disponibilités limitées d’intrants agricoles, les rendements pourraient s’échelonner entre 5 tonnes/ha sur les bonnes terres et 2 à 3 tonnes/ha sur les terres de qualité moyenne ou médiocre. Si les conditions météorologiques avaient été favorables cette année, on aurait pu raisonnablement s’attendre à un rendement moyen de l’ordre de 3,5 tonnes/ha. La plupart des cultures de maïs ne sont pas irriguées, si bien qu’elles ont particulièrement souffert de la sécheresse cette année. Cependant, le typhon et les raz-de-marée semblent avoir été sans effet sur la production.

Pour son estimation de la production de maïs de cette année, la mission s’est fondée sur les scénarios et hypothèses suivants:

Sur la base de cette analyse, la production de maïs pour 1997 est estimée à 1,138 million de tonnes, soit quelque 51 pour cent de moins que l’an dernier et le plus bas niveau jamais enregistré.

3.5 Production de riz

Le riz, qui est l’aliment de base du pays, est cultivé sur quelque 600 000 hectares, sur un cycle de 150 à 180 jours, selon la variété et l’endroit. Le riz est normalement repiqué à partir de la mi-mai jusqu’au début juin et atteint le stade de la floraison entre le début et le milieu du mois d’août. Le riz a besoin de beaucoup d’eau jusqu’au milieu du mois de septembre, soit une semaine à dix jours avant d’atteindre la maturité complète. On estime que plus de 80 pour cent de la surface sous riz est ensemencée en l’une des trois principales variétés (Pyongyang 15, 18 ou 21). Compte tenu des conditions pédologiques qui prévalent dans le pays, le riz a besoin, pour un rendement optimal, de 150 kg/ha d’azote (N), 75 kg/ha de potassium (K) et 60 ha de phosphore (P), qui doivent être appliqués comme fumure de fond, au moment du tallage, juste avant la floraison et au stade de la croissance des grains. En 1997, compte tenu des difficultés d’approvisionnement en intrants, dans des conditions météorologiques et hydriques optimales, il aurait été possible de produire plus de 4 tonnes/ha de paddy en moyenne, à raison d’une fourchette de 6 tonnes/ha pour les bonnes terres et de 2-2,5 tonnes/ha pour les sols pauvres.

D’après les observations de terrain effectuées pour estimer la production de paddy, la sécheresse de cette année et l’assèchement de certains réservoirs d’eau d’irrigation ont eu des répercussions moins graves que ne le laissait présager la mission précédente du mois d’août. En outre, les pertes de paddy dans les zones dévastées par le typhon et les raz-de-marée n’ont pas atteint l’ampleur prévue. L’estimation de la production de paddy se fonde sur les scénarios et hypothèses suivants:

D’après les estimations et les scénarios ci-dessus, qui ne tiennent pas compte des pertes dues aux infiltrations d’eau de mer dans les rizières du littoral, la production brute cumulée de paddy en 1997 aurait atteint 2,37 millions de tonnes. Cependant, on estime que les raz-de-marée ont endommagé environ 10 000 hectares. D’après les observations de terrain effectuées dans ces zones, les quelques grains qui s’étaient formés avaient une teneur en sodium qui les rendait impropres à la consommation humaine ou animale. En moyenne, les rendements dans les zones côtières auraient dû atteindre environ 2,5 tonnes/ha, d’où une perte totale de 25 000 tonnes. La production totale de paddy pour 1997 est donc estimée à environ 2,35 millions de tonnes, soit 1,52 million de tonnes de riz usiné.

Le Tableau 4 résume les estimations de la production céréalière, selon les scénarios décrits ci-dessus.

Tableau 4 - Production de paddy et de maïs en 1997
 
Culture/scénario  Surface
(hectares)
Rendement estimé 
(kg/ha)
Production
(tonnes)
Maïs 
i) Irrigué - non endommagé  195 000  3 500  682 500
ii) Partiellement irrigué - un peu endommagé  130 000  1 750  227 500
iii) Pluvial - gravement endommagé  325 000  700  227 500
Total maïs  1 137 500
Paddy/Riz 
i) irrigué - non endommagé  461 000  4 300  1 982 300
ii) irrigation réduite - perte de rendement limitée  90 000  3 500  315 000
iii) irrigation réduite - perte de rendement importante  35 000  2 000  70 000
iv) irrigation réduite - perte de rendement considérable  15 000  300  4 500
v) dégâts dus aux typhons/marées  (10 000)  2 500  (25 000)
Total production de paddy  2 346 800
Total production de riz (a)  1 525 420
Total maïs + riz  2 662 920
 

3.6 Autres cultures vivrières

Le recul de la production et des disponibilités des céréales principales au cours des dernières années s’est accompagné d’un regain d’importance d’autres cultures dans l’économie alimentaire, principalement des pommes de terre. On estime qu’environ 40 000 hectares de pommes de terre sont cultivées, à raison d’un rendement moyen de 8 tonnes à l’hectare. Quelque 320 000 tonnes de pommes de terre, soit 80 000 tonnes d’équivalent grains, ont été produites en 1997. On ne disposait d’aucune donnée officielle sur le volume des productions de blé et d’orge, mais on estime que la productivité de ces cultures est faible et que les quantités introduites dans la chaîne alimentaire sont négligeables. Ces cultures gagneront cependant en importance, dans la mesure où à l’avenir la production céréalière intérieure pourra être renforcée par la pratique de la double culture. Le gouvernement a réservé une surface estimée à 150 000 hectares où pourraient être mis en oeuvre des programmes de double culture d’automne et de printemps. Dans le cadre de ce système, chaque culture est semée respectivement en octobre ou en mars, et récoltée en juin. Sous réserve que les semences et les engrais soient disponibles en quantités suffisantes, on estime qu’il devrait être possible de produire 300 000 tonnes de céréales par an dans le cadre de ce programme de double culture (voir aussi Section 5). Les légumes sont aussi une importante source de vitamines et d’oligo-éléments essentiels. La mission note que la production de légumes, en particulier sur les parcelles privées, semble tenir une place plus importante depuis 1995. La contribution des parcelles familiales individuelles à la sécurité alimentaire des ménages s’est aussi accrue, de ce point de vue.

3.7 Elevage

Compte tenu de la conjoncture économique et agricole des années récentes, la composition du secteur de l’élevage a été considérablement modifiée. Le nombre d’animaux, en particulier de porcs, sur les fermes gérées par l’Etat ou par des coopératives, a assurément considérablement diminué, sous l’effet de la réduction des disponibilités de céréales fourragères. D’après les observations, dans ces secteurs la réduction a été considérable puisqu’elle a atteint soixante ou soixante-dix pour cent, dans le cas des porcs. Actuellement, il semble que les coopératives conservent un noyau de reproducteurs, soit pour assurer elles-mêmes la reproduction soit pour les distribuer à des ménages individuels afin qu’ils en prennent soin. L’élevage de boeufs, comme animaux de trait, a pris de l’importance et le gouvernement a également privilégié l’élevage de chèvres, qui peuvent se nourrir d’herbe et n’ont pas besoin d’un apport en céréales, pour la production de lait et de viande. Vu la pénurie d’aliments pour animaux, le bétail ne reçoit que de petites quantités de céréales, celles-ci étant en partie remplacées par des sous-produits, tels que simples rafles de maïs, tiges et graminées. Si un régime de ce type est admissible pour les ruminants, il est indispensable que l’alimentation des porcs contienne des céréales pour maintenir leur capacité de production. En outre, étant donné que l’on utilise de plus en plus de bovins comme animaux de trait pour le travail de la terre, il est nécessaire de compléter leurs rations de sous-produits par des céréales riches en énergie. La mission a constaté que les poulets tenaient une place très réduite dans les entreprises d’Etat ou dans l’économie alimentaire des ménages individuels. Etant donné que les volailles sont essentiellement nourries avec des céréales, ce faible nombre est attribué aux déficits de la production céréalière des années récentes. Néanmoins, ces animaux étant une importante source de protéines dans un régime alimentaire équilibré, il est indispensable de réhabiliter ce secteur, car la mission estime qu’un nouvel appauvrissement des stocks aurait de sérieuses répercussions à long terme sur la nutrition.


4. SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

Trois années consécutives de catastrophes naturelles, ajoutées aux problèmes de fond qui ont freiné l’économie et l’agriculture dans la décennie 90, ont inévitablement conduit à une baisse considérable de la production et des disponibilités alimentaires. Dans le passé la production reposait largement sur un secteur d’agriculture intensive dans lequel on s’efforçait d’optimiser les productions céréalière et animale. Grâce à l’application de fortes doses d’engrais, à l’utilisation intensive de machines et à l’irrigation, la productivité du secteur était élevée et, dans les années normales, la production couvrait l’essentiel des besoins intérieurs. Les années où la production était déficitaire, le pays pouvait importer, ou échanger, des céréales auprès de ses partenaires commerciaux, notamment de l’ex-Union soviétique et de la Chine. Le démantèlement de l’ex-Union soviétique et les chocs économiques qui en ont dérivé dans les années 90 ont gravement compromis l’autosuffisance alimentaire de la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée, pour plusieurs raisons. La forte récession du secteur industriel et de l’économie pendant plusieurs années, a empêché le pays de financer des importations alimentaires directes ou l’achat de matières premières, tels que pétrole et engrais, essentielles pour maintenir la productivité de l’agriculture. En conséquence, l’écart entre l’offre et la demande d’aliments s’est creusé au fil des années. Bien entendu, les catastrophes naturelles qui ont frappé le pays depuis 1995 ont considérablement aggravé le problème. Dans ce contexte, la sécurité alimentaire future de la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée dépend des performances globales de l’économie et des efforts qui seront faits pour accroître la production agricole. A cette fin, il est vital que le gouvernement s’attaque à la question fondamentale, qui est de trouver le moyen de moderniser le secteur industriel pour obtenir les ressources en devises indispensables et soutenir la production vivrière intérieure. Faute de réaliser les investissements nécessaires et de développer les industries, les perspectives d’approvisionnement alimentaire en République Populaire Démocratique (RPD) de Corée semblent sombres, que surviennent ou non des crises.

Au cours des douze derniers mois, le volume sans précédent d’aide alimentaire dont a bénéficié le pays a été crucial pour nourrir une grande part de la population; sans cette aide, les conséquences des pénuries alimentaires, notamment l’incidence de la malnutrition parmi la population, auraient été considérablement plus graves. Aucune donnée statistique ne permet d’évaluer l’ampleur du problème, même si une foule de rapports signalent des problèmes sanitaires et nutritionnels imputables aux pénuries alimentaires.

Pendant la campagne de commercialisation de 1996/97, compte tenu des disponibilités intérieures de céréales, du volume de céréales importé, aide alimentaire comprise, et déduction faite des céréales utilisées aux fins de l’ensemencement, pour l’alimentation animale et à d’autres fins, et des pertes, on estime que les disponibilités céréalières par habitant étaient d’environ 129 kg/par an ou 353 g par jour, ce qui correspond approximativement à un apport de 1235 Kcal/habitant/jour. En outre, alors que l’on partait auparavant du principe que les aliments étaient distribués assez équitablement à toute la population par le biais de structures institutionnelles, telles que le Système public de distribution (SPD), on constate à présent, après plusieurs pénuries importantes, que la consommation alimentaire est de plus en plus "polarisée", quelques provinces et groupes consommant davantage que d’autres. Les provinces voisines de la Chine sont assurément beaucoup mieux placées pour surmonter les pénuries alimentaires grâce à des échanges transfrontaliers que celles qui sont plus éloignées. En outre, il est peu probable que les marchandises ainsi achetées soient systématiquement acheminées pour approvisionner le reste de la population, d’autant que les transports intérieurs ont pratiquement cessé de fonctionner, en raison de la pénurie de carburant. Même à l’intérieur des provinces et des communes, la population agricole peut se procurer des aliments plus facilement que la population urbaine car les quantités fournies au SPD ont été considérablement réduites. Malheureusement, il est difficile d’étayer par des enquêtes et par des observations le degré de cette concentration et des disparités de consommation, car l’accès et les déplacements à l’intérieur du pays restent difficiles.

On remarque aussi que les nouveaux débouchés alimentaires, tels que les marchés privés et les points de vente spéciaux gérés par des entrepreneurs individuels, prennent peu à peu de l’importance. Les possibilités d’accès à ces mécanismes sont cependant extrêmement variables.

4.1 Bilan de l’offre et de la demande de céréales vivrières: 1997/98

L’établissement du bilan céréalier national pour 1997/98, a pour objet de fournir une prévision globale des besoins, à l’échelle nationale. Il est évident que les problèmes de distribution et ceux liés aux disparités de consommation au sein de la société n’apparaîtront pas dans le bilan. Ces questions ne peuvent être résolues que par un ciblage efficace de l’aide alimentaire. C’est pourquoi il est extrêmement important que les organismes d’aide humanitaire qui opèrent dans le pays soient autorisés à participer plus facilement et plus librement à l’évaluation de ces problèmes, pour assurer une plus grande transparence de la distribution de l’aide alimentaire. Le bilan a été établi sur la base des hypothèses suivantes:
  Le bilan céréalier pour 1997/98 figure au Tableau 5.
Tableau 5 - RPDC: Bilan céréalier pour 1997/98 (nov/oct) (en milliers de tonnes)
 
Disponibilités totales  2 663
Production  2 663
Prélèvement sur les stocks  0
Utilisation totale  4 614
Utilisation vivrière  3 874
Utilisation fourragère  300 
Autres utilisations, semences et pertes  440
Besoins d’importation  1 951
Importations commerciales  700
Aide alimentaire promise (a)  241
Besoins restant à couvrir  1 010
 

4.2 Besoin d’aide alimentaire extérieure

Il est clair que la crise alimentaire que traverse actuellement la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée résulte tout autant des catastrophes naturelles des dernières années que de l’aggravation de la récession économique, en particulier après l’effondrement des liens économiques et des arrangements commerciaux préférentiels avec l’ex-Union soviétique. Comme on l’a vu dans les sections précédentes, la production vivrière est gravement entravée par une pénurie aiguë de facteurs de production essentiels qui a contribué, avec les catastrophes naturelles, à l’épuisement des disponibilités intérieures. En outre, comme le pays n’a pas été en mesure de combler le déficit de l’offre par rapport à la demande par des importations commerciales de vivres, il a dû compter essentiellement sur une assistance internationale. Bien qu’il ait reçu depuis 1995 des niveaux sans précédent d’aide alimentaire, ceux-ci n’ont pas été suffisants pour couvrir les besoins normaux pour la consommation vivrière et les diverses utilisations. La précarité des approvisionnements a eu diverses répercussions: les besoins alimentaires minimaux de certaines couches de la population n’ont pas été couverts, les utilisations ont été considérablement réduites, par suite de la diminution des utilisations fourragères et autres des céréales et le système public de distribution a joué un rôle beaucoup plus faible dans l’approvisionnement des villes en denrées essentielles. En outre, il est évident que la réduction des utilisations vivrières et fourragères des céréales aura une incidence négative sur l’état nutritionnel de certaines couches de la population et réduira encore la teneur en protéines animales des régimes alimentaires. Dans le cadre des mécanismes de survie, les disparités s’amplifient dans la société, du point de vue de l’accès aux vivres. Ainsi, le développement d’un circuit de commercialisation parallèle, en dehors de la structure publique, bénéficie essentiellement aux habitants qui reçoivent des fonds de l’étranger ou ont accès à des biens qu’ils peuvent échanger.

Du fait de l’importante baisse de la production vivrière intérieure au cours des dernières années, la population agricole hésite de plus en plus à approvisionner la population urbaine en vivres, à moins de recevoir une compensation suffisante en biens et services. Or, ces biens et services se font de plus en plus rares car de nombreuses unités de production industrielle ont cessé de tourner, puisque l’on estime que seulement 30 pour cent de la capacité industrielle est actuellement en service.

De même, cette année, les fermes gérées par des coopératives et par l’Etat, ne seront pas en mesure d’approvisionner comme il convient le Système public de distribution (SPD) et les transferts de vivres des zones excédentaires vers les zones déficitaires seront très insuffisants, compte tenu des problèmes de transport.

Ces différents facteurs ont contribué à concentrer la consommation alimentaire à bien des égards: les habitants qui ont des biens et qui reçoivent des fonds de l’étranger sont nettement privilégiés, la communauté agricole est mieux placée pour faire face aux pénuries que les habitants des villes, alors que les provinces individuelles, notamment celles qui sont voisines de la Chine ou qui ont une production agricole plus abondante, ont eu davantage de possibilités de résoudre par elles-mêmes leurs problèmes d’approvisionnement alimentaire. Dans l’ensemble, les pénuries alimentaires frappent donc surtout les zones urbaines et, plus particulièrement certains groupes de population qui jusque là étaient entièrement tributaires du SPD.

Malgré les mécanismes mis en oeuvre dans le pays pour atténuer les pénuries alimentaires, l’an prochain la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée aura encore besoin d’une aide alimentaire internationale importante pour les couches de la population qui sont trop pauvres pour acheter des denrées ou qui ont difficilement accès à d’autres circuits d’approvisionnements, par exemple aux marchés.

4.3 Aide alimentaire ciblée

La plupart des observateurs conviennent que le ciblage de l’aide alimentaire sur les enfants, en particulier dans les garderies et les jardins d’enfants, a considérablement atténué les taux de malnutrition dans ce groupe. En général, l’aide était bien ciblée et suivie comme il convient. C’est pourquoi le maintien de cette assistance, à l’échelle nationale, est vivement recommandé.

Dans les garderies et les jardins d’enfants, les enfants recevront des repas cuisinés qui leur fourniront environ 1600 kcal/jour et la dose de protéines requises. Le programme atteindra un effectif de 2,6 millions d’enfants de 6 ans ou moins.

En outre, un programme d’assistance aux femmes enceintes et aux mères allaitantes devrait leur fournir un complément d’alimentation, sous forme de rations à emporter, contenant environ 980 kcal/jour et 25 grammes de protéines, pendant une période de dix-huit mois. Ce programme pourrait atteindre environ 460 000 mères/an, dans le cadre de programmes exécutés en association avec des partenaires du secteur de la santé.

Le programme d’alimentation des groupes vulnérables décrit ci-dessus nécessiterait au maximum 315 000 tonnes de céréales, plus 95 000 tonnes d’autres denrées.

Au cas où les donateurs fourniraient un appui suffisant pour soutenir la production de biscuits et/ou la préparation de repas pour les élèves de la tranche d’âge des 7-12 ans, la fourniture d’un complément d’alimentation d’une teneur énergétique de 525 kcal/jour serait très utile pour améliorer le régime alimentaire de ce groupe vulnérable. Ce programme permettrait de venir en aide à 2,2 millions d’écoliers et nécessiterait environ 160 000 tonnes de céréales.

Au cours des deux dernières années, des activités vivres-contre-travail ont été mises en oeuvre avec un grand succès et appréciées par les bénéficiaires et par le gouvernement. La mission recommande d’intensifier ce type d’activités afin de soutenir les travaux de remise en état des terres et de stimuler d’autres activités susceptibles de créer des emplois pour de nombreux ouvriers du secteur industriel actuellement au chômage, en raison de la stagnation de l’économie.

Ce programme absorberait au maximum 320 000 tonnes de céréales, et devrait fournir un emploi pendant 6 mois, en moyenne, à environ 0,9 million de travailleurs, qui recevraient des denrées, pour eux et pour toute leur famille (au total, environ 4 millions de bénéficiaires). Ce programme atténuerait la pression sur le SPD, et permettrait d’améliorer le ciblage et le suivi de l’aide alimentaire internationale. L’aide alimentaire requise pour ces programmes ciblés est récapitulée au Tableau 6.
Tableau 6 - RPDC: Aide alimentaire requise pour les bénéficiaires des programmes ciblés
 

Type d’assistance  Quantité de céréales (milliers de tonnes)  Bénéficiaires (en milliers)
Appui nutritionnel dans les garderies et les jardins d’enfants (enfants âgés de six ans ou moins)  290  2 630
Femmes enceintes et mères allaitantes  25  460
Alimentation scolaire (7-12 ans)  160  2 200
Vivres-contre-travail  320  4 000
Total  795  9 290
 

Etant donné que le déficit à combler par une aide extérieure se monte au total à 1,251 millions de tonnes de céréales en 1997/98, y compris l’aide alimentaire déjà dans la filière, la mission recommande que le solde, hormis l’assistance aux bénéficiaires des programmes ciblés indiqués ci-dessus, qui s’élève à quelque 456 000 tonnes, soit acheminé par le biais du SPD, vers les régions les plus démunies, dans le cadre d’une aide alimentaire de programme.

4.4 Suivi de l’aide alimentaire

La République Populaire Démocratique (RPD) de Corée, qui n’a pas l’habitude de traiter avec la communauté de secours internationale, doit se familiariser avec les procédures liées à l’aide alimentaire extérieure. Cependant, l’existence d’une administration publique efficace et d’un réseau de distribution public de denrées perfectionné facilite grandement la distribution et la comptabilisation de l’aide alimentaire. Les quelques contrôles par sondage effectués par la mission dans les centres de distribution ont prouvé leur haute fiabilité. Cependant la transparence des distributions alimentaires doit être encore accrue et, à cet égard, le gouvernement est instamment prié de fournir davantage d’informations et de faciliter l’accès aux centres de distribution et aux différentes régions du pays, pour les contrôles par sondages. Compte tenu du nombre croissant d’institutions internationales qui interviennent dans la distribution d’aide alimentaire en République Populaire Démocratique (RPD) de Corée, il est indispensable que les organisations du système des Nations Unies et le gouvernement se concertent pour coordonner ces initiatives. Ce faisant, le gouvernement et les organismes de secours doivent convenir que les programmes d’aide alimentaire ne peuvent couvrir que des institutions et des zones qui sont accessibles et où il est possible de vérifier le nombre de bénéficiaires et les quantités qu’ils ont effectivement reçues. Tous les autres groupes de bénéficiaires doivent être soutenus par le biais du SPD, avec des ressources mobilisées dans le pays.

5. MESURES A MOYEN OU LONG TERME

La sécurité alimentaire future de la République Populaire Démocratique (RPD) de Corée sera fortement conditionnée par les performances de l’économie et par l’aptitude du pays à dégager des recettes pour importer les intrants agricoles essentiels et des vivres, les années où la production est déficitaire. Cette sécurité alimentaire ne peut être assurée à long terme qu’avec une économie solide. Etant donné qu’il est impossible que les résultats économiques du pays changent du jour au lendemain, des interventions extérieures sont indispensables à court ou à moyen terme pour préserver l’état nutritionnel de la population et promouvoir une plus grande sécurité alimentaire en renforçant l’efficacité et la durabilité du système agricole. Mise à part l’aide alimentaire aux groupes vulnérables qui est essentielle dans l’immédiat, de nouveaux programmes vivres-contre-travail devraient aussi être envisagés pour relever le secteur agricole et mettre en oeuvre d’autres activités productives.

A court ou à moyen terme, le pays a aussi besoin d’une aide pour relancer l’agriculture afin de renforcer la production alimentaire intérieure. Compte tenu des ressources en terres limitées, il serait évidemment souhaitable d’optimiser l’utilisation des terres disponibles en intensifiant le système de culture de manière à pouvoir obtenir plus d’une récolte par an. L’an dernier, le pays a mis en oeuvre, avec l’assistance de la FAO et d’autres organismes des Nations Unies, un programme de double culture d’une ampleur limitée, avec un appui sous forme de semences d’orge et d’engrais. On estime qu’environ 150 000 hectares se prêteront à l’avenir à ce système de culture, auquel la communauté internationale pourrait contribuer, par la fourniture de semences appropriées et d’engrais. Une assistance de la communauté internationale, sous forme d’herbicides et d’insecticides dont les disponibilités sont très insuffisantes dans le pays, renforcerait aussi la productivité.

Les autres secteurs à appuyer pour renforcer la sécurité alimentaire sont les suivants:

 
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant 
Abdur Rashid 
Mme J. Cheng-Hopkins
Chef, SMIAR, FAO 
Directeur régional, OAP, PAM
Télex 610181 FAO 1 
Télex: 626675 WFP 1
Télécopie: 0039-6-5705-4495 
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