SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 
 
 

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D’EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES EN ETHIOPIE

19 décembre 1997

 
 
Faits saillants de la mission 
 
  • En 1997, la production céréalière éthiopienne devrait reculer de 26 pour cent par rapport à celle de l’an dernier, car les pluies ont été tardives, insuffisantes et intermittentes durant la campagne, puis torrentielles lors de la récolte, et l’utilisation d’engrais a été réduite. 

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  • Parmi les zones les plus durement touchées par une mauvaise récolte principale figurent les zones à déficit vivrier du Tigré et du Wollo Sud et Nord, qui avaient déjà enregistré précédemment une récolte secondaire médiocre. 

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  • Le déficit céréalier total pour 1998 est estimé à 530 000 tonnes, qui devra être couvert en grande partie par l’aide alimentaire. 

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  • Plus de 5 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence correspondant à quelque 420 000 tonnes de céréales. 
 



 

1. VUE D’ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s’est rendue en Ethiopie du 2 novembre au 2 décembre 1997 afin d’estimer la production de céréales et légumineuses de la campagne principale "Meher", prévoir la production de la campagne secondaire "Belg" de 1998 et estimer les besoins d’importations alimentaires de 1998 ainsi que les besoins d’aide alimentaire.

Cette année, la mission était accompagnée d’observateurs qui se sont déplacés avec les équipes et ont suivi les activités pour le compte de leurs institutions: Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), Agence suédoise d’aide au développement international (ASDI), Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Care International. Par ailleurs, la mission a reçu des cartes de vulnérabilité, des tableaux de fluctuation des prix et des rapports sur la sécurité alimentaire, fournis par l’USAID (FEWS), l’Union européenne, l’Unité d’urgence du PNUD pour l’Ethiopie et le service VAM du bureau du PAM à Addis-Abeba.

Quatre équipes FAO accompagnées par des spécialistes du Ministère de l’agriculture ont visité 33 zones où elles ont obtenu des données des bureaux agricoles de zone sur les superficies et les rendements. Les informations reçues ont été confrontées aux opinions des agriculteurs, des ONG, des négociants, des chercheurs et des représentants des donateurs durant les nombreuses visites sur le terrain. Les équipes ont également procédé à des inspections des cultures et à des enquêtes sur les marchés. Cinq équipes du PAM ont recoupé les prévisions de besoins alimentaires d’urgence grâce à des entretiens et des échanges

d’information avec la Commission de prévention et de planification préalable en cas de catastrophe (DPCC) aux niveaux des worredas, des zones, des régions et à l’échelon central, ainsi qu’avec des ONG, des agriculteurs et des communautés.

Pour 1997, la mission situe la récolte Meher à 8 786 000 tonnes de céréales et de légumineuses, soit 25,6 pour cent de moins que les estimations après récolte de l’année dernière, données par le Ministère de l’agriculture.

La baisse de production s’explique principalement par l’insuffisance des pluies Belg, suivies de précipitations faibles et irrégulières durant la campagne de croissance Meher, en particulier dans les zones de basses terres; en outre, les pluies ont été anormalement abondantes lors de la récolte. Un autre facteur limitant a été la réduction des applications d’engrais de 20 pour cent dans les principales zones productrices, due à la suppression des subventions et aux restrictions de crédit pour les agriculteurs lents à rembourser leurs prêts. Les attaques de chenilles légionnaires, le principal migrateur nuisible cette année, ont été efficacement enrayées par des équipes de pulvérisation financées par le Ministère de l’agriculture. Les ravageurs non migrateurs et les maladies, bien que présents, ont été considérés dans les limites de tolérance habituelles dans la plupart des zones. L’élevage a été menacé par des sécheresses au milieu de la campagne principale dans toutes les zones agro-pastorales, causant une chute des prix de 60 à 70 pour cent, des migrations prématurées et un accroissement de la morbidité et de la mortalité. Fort heureusement, la reprise tardive des pluies a inversé la tendance en octobre et en novembre et il règne désormais une situation normale.

Des données contradictoires sur les superficies et les rendements ont été reçues des bureaux agricoles de zone du Ministère de l’agriculture et de la CSA, et les estimations démographiques comportaient des écarts de plus de 4 millions de personnes; ces données devront être harmonisées l’année prochaine.

Au début de la récolte Meher 1997, les prix de gros des principales céréales étaient considérablement supérieurs à ceux de l’an dernier, avec des moyennes nationales allant de 13 pour cent pour le teff à 53 pour cent pour le maïs. Ces augmentations traduisent l’amenuisement des disponibilités et la baisse de la production, prévue par les négociants. Toutefois, en octobre 1997, les prix restaient en général inférieurs aux niveaux comparables de 1995 et 1994. Les prix des céréales à Asmara/Erythrée étaient dans l’ensemble nettement plus élevés que les prix éthiopiens, ce qui laissait à prévoir des flux transfrontaliers continus de l’Ethiopie à l’Erythrée. Dans une moindre mesure, ceci est également vrai pour les écarts de prix du maïs entre les marchés éthiopien et kenyen.

Sur la base des estimations de production Meher ci-dessus et des prévisions de récolte Belg pour 1998 de 320 000 tonnes de céréales et légumineuses, la mission estime les besoins totaux d’importations céréalières à 530 000 tonnes pour 1998, dont 420 000 tonnes d’aide alimentaire d’urgence en faveur de 5,3 millions de ruraux victimes d’une mauvaise récolte et de la pauvreté structurelle. Le solde de 110 000 tonnes devrait être couvert par les importations commerciales.



 

2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE

1/ Cette section s’inspire notamment des sources suivantes:

L’Ethiopie s’étend sur une superficie de 1,2 million de km2, dont les deux tiers sont des terres d’altitude (1 700 à 3 000 m au-dessus du niveau de la mer). Les forêts, qui couvraient plus de 40 pour cent des terres au début du siècle, ne représentent plus que 4 pour cent, du fait de l’expansion des terres mises en exploitation pour nourrir une population en rapide augmentation et de satisfaire la demande croissante de bois de construction et de carburant. La raréfaction des forêts et l’insuffisance des mesures de conservation des terres ont entraîné une dégradation généralisée des sols. Les ressources en eau du pays sont immenses, offrant un potentiel d’irrigation d’environ 3,5 millions d’hectares et de production de quelque 160 000 GWh/an d’énergie hydroélectrique.

L’Ethiopie est un des pays les plus pauvres du monde, avec un PIB par habitant de moins de 100 dollars E.-U. en 1995. L’espérance de vie est de 48 ans, et le taux d’alphabétisation des adultes de 34,5 pour cent. Plus de 60 pour cent de la population vit dans l’indigence la plus absolue. Environ 85 pour cent de la population vit en milieu rural. Le Rapport mondial sur le développement humain 1997 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) place l’Ethiopie au 170e rang sur un total de 175 pays, sur la base de son indice de développement humain, qui associe facteurs économiques et résultats dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la nutrition et de l’espérance de vie.

Depuis 1995, après les longs troubles intérieurs dévastateurs qui ont pris fin en 1991 avec la formation d’un gouvernement provisoire, l’Ethiopie est une fédération de neuf Etats régionaux autonomes, constitués principalement sur la base de caractéristiques ethniques et linguistiques.

2.1 Estimations démographiques

En dépit d’un recensement national effectué en 1994, le chiffre précis de la population totale demeure aléatoire, car seuls des résultats partiels ont été diffusés. mi-1994, la population était officiellement estimée à 54,9 millions d’habitants, avec un taux de croissance annuel de 3,1 pour cent (Bureau national de la population, Bureau du Premier Ministre, juillet 1994), ce qui place l’Ethiopie au second rang après le Nigeria parmi les pays les plus densément peuplés d’Afrique subsaharienne, et en fait l’un des pays où le taux de croissance démographique est parmi les plus élevés au monde. En extrapolant les données de 1994, la population à la mi-1998 serait de 62,17 millions d’habitants, ce qui correspond au chiffre avancé par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Toutefois, le taux de croissance annuel effectif (ainsi que le chiffre de base du recensement) a fait l’objet d’un débat, indiquant plutôt un taux de croissance inférieur à 3,1 pour cent. Par ailleurs, le recensement de 1994, effectué par région par le CSA, publié en 1995 et 1996 donne une projection de 55,2 millions d’habitants à la mi-1998, hors région somali. Si l’on y ajoute 2,68 millions d’habitants pour cette région, la population éthiopienne s’élèverait à 57,82 millions d’habitants, chiffre qui a été utilisé comme estimation de la population en 1998 pour le bilan alimentaire de la section 6. Les écarts relevés dans les estimations ci-dessus sont un grave sujet de préoccupation car même de très légères variations en apparence ont un fort impact sur les estimations du déficit vivrier figurent dans le bilan alimentaire national.

2.2 Le secteur agricole dans l’économie nationale

L’économie de l’Ethiopie est fortement influencée par les résultats du secteur agricole, qui assure plus de 50 pour cent du PIB (services près de 40 pour cent et industrie environ 10 pour cent). L’agriculture représente 88 pour cent des recettes d’exportation et sa part dans la création d’emplois est identique. Le café est la première source de recettes d’exportation (environ les deux tiers du total). En 1996/97, les exportations de café ont augmenté de 32 pour cent en volume et de 46 pour cent en valeur par rapport à l’année précédente. En 1994/95, le PIB total avait augmenté de 4,8 pour cent et devrait progresser de 6 à 7 pour cent en 1997/98. Il se peut que cette estimation doive être révisée à la baisse, compte tenu des résultats agricoles de 1997 qui devraient s’avérer nettement inférieurs aux prévisions antérieures.

L’Ethiopie est fortement endettée; d’après les estimations officielles actuelles, la dette externe serait de quelque 5 milliards de dollars E.-U. Avec l’indépendance de l’Erythrée en 1993, l’Ethiopie est devenue de facto un pays sans littoral, mais l’accès à la mer est assuré par le port de Djibouti et les ports érythréens d’Assab et de Massawa. Jusqu’à présent, l’Erythrée avait conservé le Birr éthiopien comme monnaie nationale, mais elle introduira sa propre devise, le nafka, début 1998. Les répercussions économiques de ce changement sont encore à évaluer mais on ne prévoit aucun effet négatif particulier sur les relations économiques des deux pays. Les transactions commerciales devraient être réglées en dollars E.-U. ou autres devises fortes.

L’Ethiopie détient un potentiel de développement agricole considérable. A l’heure actuelle, les problèmes dominants sont la dégradation des sols, la fragmentation des terres, l’absence de technologies satisfaisantes et accessibles, et les infrastructures physiques et institutionnelles insuffisantes. Parmi les quatre principaux systèmes d’exploitation - l’agriculture de subsistance, le nomadisme pastoral, l’agro-pastoralisme et l’agriculture commerciale moderne - l’agriculture de subsistance assure 95 pour cent de la production de céréales, de légumineuses et d’oléagineux. La principale source d’hydrates de carbones dans de nombreuses régions méridionales est la banane Ensete et les racines et tubercules. Le cheptel de l’Ethiopie est le plus important d’Afrique et le neuvième au monde, mais est caractérisé par une basse productivité due au système de pastoralisme à faibles intrants et faible rendement.

2.3 Sécurité alimentaire et nutrition

C’est la Commission de prévention et de planification des interventions en cas de catastrophe (DPPC), anciennement Commission de secours et de relèvement (RRC), qui est chargée de la tâche fondamentale de coordination des initiatives de sécurité alimentaire, notamment l’alerte rapide en cas de famine, le maintien de réserves alimentaires d’urgence et la distribution des secours d’urgence.

En Ethiopie, les disponibilités alimentaires sont depuis 20 ans largement inférieures aux besoins alimentaires, et n’assurent en moyenne que 76 pour cent des besoins énergétiques. L’insécurité alimentaire est chronique dans de nombreuses régions. Durant la période 1981-91, la population annuellement victime de la sécheresse a oscillé entre 2,5 millions de personnes en 1987 et 7 millions en 1985. Les régions les plus touchées sont d’ordinaire le Tigré, le Wollo et le Harar. Des régions comme Illubabor et Wellega, où la pluviosité est normalement élevée, connaissent parfois une insécurité alimentaire conjoncturelle. Certaines zones, qui n’étaient jadis victimes que d’épisodes d’insécurité alimentaire, ont connu une insécurité alimentaire chronique, due principalement aux précipitations ainsi qu’aux pertes avant et après récolte.

La malnutrition est généralisée. D’après une enquête conduite récemment par les Services de Secours catholique auprès de 9 700 foyers des régions de Tigré, Amhara, Oromia, SEPAR, Somali, Hara, Dire Dawa et Addis-Abeba, plus de 60 pour cent des enfants souffrent de malnutrition chronique et d’un retard de croissance et 45 pour cent présentent une insuffisance pondérale. Les retards de croissance allaient de 39 pour cent à Dire Dawa et 43 pour cent à Harar à plus de 80 pour cent dans le sud Gondar de la région d’Amhara.


3. PRODUCTION VIVRIERE EN 1997

3.1 Précipitations durant la campagne agricole 1997

Le démarrage tardif (1 à 4 semaines) des pluies Belg dans l’ensemble du pays a entraîné de maigres récoltes Belg ou la désorganisation des travaux agricoles de la campagne (principale) Meher. Les agriculteurs ont par conséquent abandonné les céréales à cycle long au profit des céréales à cycle court, ce qui s’est traduit par une diminution de 7,9 pour cent des superficies ensemencées en maïs et en sorgho et par un accroissement des emblavures de teff et de blé.

En outre, les pluies Meher sont arrivées tardivement dans 18 zones, d’où retard des semis et réduction des travaux des champs, en particulier pour le teff, les agriculteurs ayant sacrifié la qualité des labours pour procéder aux semis à temps. Dans les 15 autres zones agricoles, les précipitations Meher sont arrivées à point nommé. Toutefois, leur répartition spatiale et temporelle est devenue de plus en plus irrégulière, avec des périodes de sécheresse variables en août et/ou en septembre dans la plupart des zones. Si les régions de basses terres ont été plus sujettes aux longues vagues de sécheresse, les vallées d’altitude et les zones agro-écologiques intermédiaires ont également reçu de faibles précipitations, ce qui a entraîné le flétrissement prématuré des cultures semées en début de campagne.

Les précipitations totales enregistrées entre la première décade de janvier et la dernière décade de septembre enregistrées par 28 stations pluviométriques disséminées dans tout le pays sont inférieures de 20-50 pour cent aux pluies de l’an dernier; dans 18 stations, les pluies étaient inférieures d’au moins 15 pour cent à la moyenne à long terme.

Des pluies exceptionnellement abondantes sont tombées dans toutes les zones durant la première décade d’octobre et se sont poursuivies jusqu’à la fin de novembre. Elles ont bouleversé les récoltes pour toutes les cultures, accentué la détérioration des semences de teff, ralenti le séchage avant battage des céréales semées tardivement, aggravé la détérioration des meules de céréales moissonnées, provoqué la germination du blé et du sorgho sur pied, et accru la probabilité d’attaques de maladies fongiques aussi bien pour la récolte sur pied que sont les stocks de céréales, en particulier de légumineuses. Tous ces phénomènes ont été observés par les équipes de la mission durant leurs visites sur le terrain. Néanmoins, les équipes ont également constaté que les céréales et les légumineuses à maturation précoce ont été semées, en fonction des circonstances, dans les zones septentrionales et ont pu noter les effets positifs du retard des pluies sur les cultures semées tardivement, les racines et tubercules, les cultures fourragères et les plantes pérennes, effets qui compenseront en partie les pertes liées au démarrage tardif des pluies.

Parmi les autres conséquences des précipitations signalées à la mission, on peut citer la grêle, les inondations et les glissements de terrain localisés qui ont aggravé les effets d’une mauvaise campagne dans certaines localités.

3.2 Superficies ensemencées

D’après les bureaux agricoles de zone, les superficies ensemencées durant la campagne Meher 1997 étaient de 10,98 millions d’hectares, en baisse de 9 pour cent par rapport aux superficies récoltées enregistrées durant l’évaluation après récolte effectuée par les bureaux de zone des Bureaux régionaux d’agriculture en décembre 1996.

La baisse globale est fonction de changements importants dans les superficies ensemencées, les cultures à maturation lente (cycle long) ayant été remplacées par des cultures à cycle court, compte tenu de l’insuffisance des pluies Belg et de l’échec des semis. Ainsi, les superficies ensemencées en sorgho ont diminué de 7,2 pour cent, tandis que celles ensemencées en teff et en blé ont augmenté respectivement de 3,5 et de 5,9 pour cent.

La diminution des superficies cette année est attribuable notamment: aux limites physiques des terres cultivables dans les zones agricoles d’altitude et des zones intermédiaires tant au niveau des exploitations que des zones; à l’arrivée tardive des pluies qui a réduit les capacités des animaux de trait, tout en accroissant la nécessité d’efforts de labour concentrés; au pessimisme des agriculteurs et à l’accès réduit aux engrais et au crédit lors des semis. On a constaté des exceptions à ces tendances dans le Tigré Ouest et le Wellega occidental, où les fermiers (investisseurs) ont empiété sur des terres non cultivées, accroissant ainsi les superficies emblavées, estimées respectivement à 18 et 9 pour cent. L’augmentation dans le Tigré occidental tient également à la conversion des terres du sésame au sorgho, du fait de la rentabilité décevante des oléagineux l’an dernier.

Grâce à l’accès généralisé à des variétés de semences locales en début de campagne, la disponibilité de semences n’a pas constitué un facteur restrictif lors des premiers semis. Toutefois, l’irrégularité des pluies par la suite a contraint à refaire les semis, parfois à plusieurs reprises dans certaines localités. En août, les pénuries de semences dans les exploitations ont obligé les bureaux de zone à offrir aux agriculteurs souhaitant refaire les semis des cultures à cycle long, des crédits pour les achats locaux d’orge à maturation précoce, de teff et de légumineuses. Des pénuries de semences ont été également constatées dans les régions du nord en octobre et en novembre, les agriculteurs ayant déjà commencé à réensemencer les superficies récoltées pour profiter des pluies tardives. Les prix des semences de pois chiches auraient augmenté de 25-30 pour cent dans ces zones. Les semis tardifs n’ont pas été pris en considération dans les données sur les superficies estimées car les résultats de l’exercice sont incertains. De ce fait, les données ne comprennent que les cultures devant être moissonnées de septembre à janvier, notamment les cultures de la campagne Meher.

Parmi les réformes administratives influant sur les superficies cultivées figurent les mouvements de frontière de la zone de Gedeo, où les terres cultivables ont augmenté de quelque 10 000 hectares. Dans le Nord Wollo, les dimensions du worreda de Bugna ont été révisées, avec une réduction des terres agricoles de quelque 40 000 hectares par rapport à l’an dernier. Dans plusieurs zones de la région d’Amhara, les opérations de redistribution des terres se seraient traduites par un accroissement de la population agricole, avec des augmentations modestes des superficies cultivées là où les pâturages ont été convertis en champs.

Il faut remarquer que les informations utilisées par la mission (tableau 1), présentant les superficies par culture et par région, font partie de séries de données recueillies suivant les mêmes modalités pendant 4 ans. Les augmentations de superficies estimées sont dues non seulement à l’expansion qui suit l’évolution démographique, mais aussi, dans certains cas, à l’amélioration des données après la fin des troubles civils et à la communication de données de zone à la suite de la fusion des responsabilités ministérielles en 1995. Cette année, par exemple, les estimations des superficies récoltées des régions de Benshangul et Gambella ont augmenté respectivement de 30 et de 45 pour cent à cause de l’incorporation des données de zone auxquelles les missions n’avaient précédemment pas accès.

Les données sur les superficies des principales régions agricoles de la région d’Amhara indiquent une situation stable. Les diminutions des terres ensemencées dans les régions d’Oromia et SEPAR, de l’ordre de 3-5 pour cent, et l’augmentation de 5 pour cent dans le Tigré s’expliquent par la perception différente qu’ont les agriculteurs de ces régions concernant l’évolution probable des prix.

3.3 Rendements

Cette année, les rendements constatés par la mission ont été décevants par rapport aux données de la récolte 1996 fournies par les Bureaux agricoles de zone. On signale dans toutes les régions le retard et la réduction des pratiques culturales, les faibles précipitations lors de la floraison, de l’implantation des semis et du remplissage du grain, ainsi que l’arrêt prématuré des pluies. Les basses terres ont été les plus touchées, ce qui a causé la perte partielle des cultures de sorgho qui s’est traduite par une réduction globale des rendements. Dans les zones de moyenne et haute altitude, les rendements ont été meilleurs, mais même dans les zones bénéficiant normalement de bonnes pluies, les fluctuations extrêmes des précipitations ont provoqué la baisse des rendements moyens en-deçà des niveaux de 1995 avant l’arrivée des fortes pluies d’octobre et de novembre. En outre, les pluies tardives sont restées abondantes, d’où réduction des rendements, qui tient à toute une série de facteurs: dégâts matériels, détérioration accrue des semences, vulnérabilité aux attaques de maladies fongiques, germination avant récolte, retard de moisson et augmentation correspondante des attaques de ravageurs, décoloration des grains, vulnérabilité accrue aux dégâts des meules en champ et battage et entreposage de céréales encore humides. Le teff et les légumineuses devraient être les plus touchés par les pluies tardives. La permanence d’une humidité élevée a également suscité des inquiétudes sur la qualité des semences pour les semis de l’année prochaine, notamment du fait que quelque 95 pour cent des cultures seront ensemencées avec les propres semences des agriculteurs. En revanche, les pluies tardives ont favorisé les céréales à cycle court semées tardivement car elles ont coïncidé avec l’implantation des semis et le remplissage du grain, et compenseront en partie les pertes enregistrées lors des récoltes précédentes.

Les données relatives aux rendements présentées au tableau 2 comprennent les estimations de toutes les pertes par zone et par culture jusqu’aux visites de la mission sur le terrain à la mi-novembre. Il est néanmoins conseillé d’actualiser les évaluations à mesure que l’on dispose de nouvelles informations sur les effets des précipitations exceptionnelles, surtout si celles-ci se poursuivent jusqu’en décembre.

Les facteurs autres que la pluviosité influant sur les rendements à l’échelle nationale autres que la pluviosité ont été relativement peu nombreux. Le seul migrateur nuisible ayant eu quelque incidence semble être la chenille légionnaire. Des attaques de légionnaires ont été signalées dans toutes les zones du Tigré, dans 80 pour cent de la région d’Amhara, dans 25 pour cent des zones d’Oromia et dans les anciennes fermes d’Etat. Dans tous les cas, elles ont été maîtrisées par l’action combinée de pulvérisations de pesticides et de pratiques culturales limitant leur impact au niveau local. La présence de quéléas a été relevée dans les régions orientales de Somali, Harar et deux zones d’Amhara (Oromia et Shewa Nord), où ils ont fait l’objet de campagnes de pulvérisation efficaces.

Dans l’ensemble, les ravageurs non migrateurs n’ont pas été jugés suffisamment importants pour justifier des campagnes de pulvérisation, à l’exception des zones orientales et centrales du Tigré, du Weghamra et du Wollo Nord. Les plus courants à l’échelle nationale ont été la pyrale (maïs), la mouche des pousses (teff), la noctuelle et les termites (toutes cultures). On signale la présence généralisée de grillons des broussailles dans les zones de la vallée du Rift. Dans le Shewa Nord et Oromia, on a noté l’incidence croissante de la cochenille noire, ravageur non migrateur s’attaquant au sorgho. En règle générale, les ravageurs non migrateurs cette année ont constitué un problème moins grand que l’an dernier dans toutes les zones.

Cette année, jusqu’à l’arrivée tardive des pluies, les maladies des plantes étaient également considérées comme un problème mineur par rapport à l’année dernière lorsque la rouille de l’orge et du blé avait suscité de fortes préoccupations dans certaines localités. On s’attend néanmoins, avec les pluies tardives, à une augmentation des pertes de cultures sur pied et de récoltes rentrées dues aux maladies fongiques, en particulier pour les légumineuses.

En ce qui concerne les techniques culturales, l’insuffisance des premières pluies a retardé et réduit la qualité des cultures, retardé les semis et aurait accru, dans le Gojam Est, la probabilité de demandes de main-d’oeuvre concurrentes entre le sarclage des cultures à cycle long déjà semées et les semis des céréales à cycle court. La mauvaise gestion des eaux a contribué aux retards là où les pluies Meher ont été abondantes, causant un engorgement temporaire des champs prêts à être ensemencés.

Mais en particulier, l’utilisation d’engrais à l’échelle nationale a reculé d’environ 20 pour cent. Dans 16 zones d’Amhara, Oromia et SEPAR, le recours aux engrais a chuté sensiblement. Dans les 13 autres zones, l’utilisation annuelle est restée approximativement au même niveau. Uniquement dans les 4 zones du Tigré a-t-on assisté à une augmentation importante des distributions et des achats. La baisse dans les autres régions s’explique par:

3.4 Prévisions relatives à la production de céréales et de légumineuses

Le démarrage tardif des pluies a gravement perturbé les régimes normaux de récolte. Dans de nombreuses zones septentrionales, les campagnes lancées par les administrations locales se sont traduites par une récolte hâtive du teff, du blé et de l’orge et la création de meules temporaires. Dans les zones méridionales, la moisson de sorgho, de maïs, de blé et d’orge a été retardée car les agriculteurs disposant de moyens mécaniques et les paysans attendent le moment le plus opportun pour avoir une récolte sèche.

La mission estime la production de céréales et de légumineuses de la campagne Meher actuelle à 8 786 000 tonnes, dont 38 pour cent de maïs et de sorgho. Les régions d’Amhara et Oromia devraient assurer 79 pour cent de la récolte.

Les prévisions de production sont inférieures de 25,6 pour cent à la récolte réelle de l’an dernier enregistrée par les bureaux agricoles de zone au cours de leur évaluation finale de la récolte Meher 1996.

Cette année, du fait des préoccupations du gouvernement concernant la précision des données du Bureau de l’agriculture (bureaux agricoles de zone du Ministère de l’agriculture), la mission s’est adressée à l’Autorité centrale de statistiques (CSA) pour les estimations de la récolte Meher 1997. Malheureusement, ces estimations n’étaient pas disponibles au moment de la rédaction du rapport. Les données CSA de l’an dernier, comprenant les statistiques officielles du gouvernement pour l’année, indiquaient une récolte de céréales et de légumineuses de 9,3 millions de tonnes, contre les prévisions de la FAO de 11,7 millions de tonnes et l’estimation après récolte du Bureau de l’Agriculture de 11,8 millions de tonnes. Etant donné que le rendement moyen en céréales et légumineuses estimé par la CSA était supérieur de 20 pour cent aux autres estimations, la différence réside dans les superficies moissonnées. A cet égard, il existe des écarts flagrants dans le Tigré et le SEPAR, où les bureaux régionaux trouvent 50 pour cent de terres cultivées de plus que l’Autorité centrale. Dans les autres grandes régions agricoles, les différences sont réduites de moitié, mais demeurent très importantes. D’après les calculs de la mission visant à établir la vraisemblance des estimations de superficies du Ministère de l’agriculture pour 1997 (déduction faite des exploitations privées et des anciennes fermes d’Etat, et après correction tenant compte de l’accroissement démographique depuis le recensement de 1994), l’utilisation moyenne des terres cultivées en céréales et en légumineuses par ménage dans les principales régions agricoles serait de: Tigré 1,1 ha; Amhara 1,4 ha; Oromia 1,2 ha et SEPAR 0,6 ha, chiffres qui semblent tout à fait rentrer dans les normes.

Il faut tirer au clair le plus rapidement possible la confusion née des deux séries de données. Par souci de continuité et parce que seuls les Bureaux agricoles régionaux disposent d’un réseau professionnel dans toutes les zones et worredas (districts) du pays et ont fourni à la mission les données pour la campagne 1997, les résultats de la mission se fondent sur les données recueillies directement auprès des bureaux agricoles de zone. A ce propos, la mission a adopté une politique conforme aux méthodes de la DPPC et d’autres organismes, qui se servent des données des bureaux agricoles de district ou de zone pour calculer les besoins.

Le Tableau 1 présente des estimations des superficies et les prévisions relatives à la production de toutes les céréales et légumineuses par région. Le tableau 2 offre une comparaison avec les chiffres du bilan effectué après la récolte de l’an dernier. Dans tous les cas, les superficies utilisées sont fondées sur les données du Bureau de l’agriculture; les rendements par hectare ont été corrigés par la mission sur la base des inspections de terrain. La production ne tient pas compte des derniers semis de légumineuses et de céréales à maturation précoce effectués par les agriculteurs s’efforçant de tirer parti des pluies tardives dans de nombreuses zones du nord. Ceci signifie que les chiffres devront être mis à jour en janvier/février afin de présenter un tableau plus fidèle des disponibilités céréalières.
 

Tableau 1 - Ethiopie: superficie (milliers d’hectares) et production (milliers de tonnes) de céréales et légumineuses; campagne "meher" 1997/98
 
Région  TEFF  ORGE  BLE  MIL  AVOINE  RIZ
TIGRE  Superf.  170,6  115,7  89,7  107,9  0,6  -
Prod.  68,4  59,9  47,6  53,5  0,3  -
AFAR  Superf.  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A
Prod.  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A
AMHARA  Superf.  1 085,1  531,7  502,3  233,6  42,9  1,2
Prod.  603,9  451,9  460,8  162,9  31,4  2,3
OROMIA  Superf.  1 037,7  589,7  773,7  66,7  40,8  -
Prod.  581,6  676,1  946,3  40,7  32,9  -
SOMALI  Superf.  N/A  9,0  5,5  1,8  -
Prod.  N/A  1,8  1,1  0,2  -
SEPAR  Superf.  225,4  177,4  162,1  1,7  0,2  -
Prod.  120,9  152,4  172,8  1,1  0,1  -
BENSHANGUL  Superf.  14,1  1,3  2,6  17,2  1,1
Prod.  8,3  1,2  2,4  12,0  1,3
DIRE DAWA  Superf.  -
Prod. 
ADDIS ABEBA  Superf.  4,0  0,3  3,0  -
Prod.  2,4  0,2  3,0  -
GAMBELLA  Superf.  0,3  -
Prod.  0,2  -
HARAR  Superf.  0,4  -
Prod.  0,2  -
ETHIOPIE  Superf.  2 537,0  1 425,1  1 539,4  427,4  86,4  2,3
Prod.  1 385,5  1 343,4  1 634,1  270,4  64,9  3,6
Table 1 (cont.)
Région  MAIS  SORGHO  HAMFES  TOTAL CEREALES  LEGUMIN.  TOTAL CEREALES ET LEGUMIN.
TIGRÉ  Superf.  74,8  263,2  49,1  871,7  56,5  928,3
Prod.  65,6  183,0  20,1  498,3  17,7  516,0
AFAR  Superf.  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A
Prod.  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A
AMHARA  Superf.  284,9  523,8  3 205,5  692,4  3 897,8
Prod.  330,3  446,3  2 489,9  325,7  2 815,6
OROMIA  Superf.  898,2  594,1  4 001,0  582,6  4 583,6
Prod.  1 120,8  448,6  3 846,9  266,7  4 113,6
SOMALI  Superf.  29,6  36,5  82,4  N/A  82,4
Prod.  7,4  7,3  17,8  N/A  17,8
SEPAR  Superf.  472,6  97,0  1 136,5  185,1  1 321,6
Prod.  558,1  87,0  1 092,4  87,4  1 179,9
BENSHANGUL  Superf.  39,0  49,2  124,5  6,8  131,3
Prod.  41,7  43,5  110,2  3,6  113,8
DIRE DAWA  Superf.  2,0  2,0  2,0
Prod.  0,8  0,8  0,8
ADDIS ABEBA  Superf.  N/A  7,3  2,0  9,3
Prod.  N/A  5,6  0,5  6,1
GAMBELLA  Superf.  10,1  2,7  13,3  N/A  13,3
Prod.  8,4  1,4  10,0  N/A  10,0
HARAR  Superf.  3,1  8,4  11,9  0,3  12,2
Prod.  4,4  7,8  12,4  0,2  12,6
ETHIOPIE  Superf.  1 812,3  1 577,0  49,1  9 456,1  1 525,7  10 981,8
Prod.  2 136,7  1 225,6  20,1  8 084,3  701,8  8 786,1

Note: Totaux obtenus à partir de chiffres non arrondis.



Tableau 2- Ethiopie: Production de céréales et légumineuses; comparaison des campagnes "Meher" 1996/97 et 1997/98
 
CEREALES  LEGUMINEUSES  CEREALES ET LEGUM. 
Région  Année  Superf. (en milliers d’ ha)  Production (en milliers de tonnes)  Superf. (en milliers d’ ha)  Production (en milliers de tonnes)  Superf. (en milliers d’ ha)  Production (en milliers de tonnes)
TIGRÉ  1996/97  824,6  723,4  61,1  27,7  885,7  751,0
1997/98  871,7  498,3  56,5  17,7  928,3  516,0
AFAR  1996/97  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A
1997/98  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A  N/A
AMHARA  1996/97  3 196,3  3 211,5  690,3  424,4  3 886,7  3 635,9
1997/98  3 205,5  2 489,9  692,4  325,7  3 897,8  2 815,6
OROMIA  1996/97  4 105,6  5 444,3  578,7  390,7  4 684,3  5 835,0
1997/98  4 001,0  3 846,9  582,6  266,7  4 583,6  4 113,6
SOMALI  1996/97  85,3  27,3  85,3  27,3
1997/98  82,4  17,8  82,4  17,8
SEPAR  1996/97  1 172,1  1 283,0  221,4  157,7  1 393,5  1 440,7
1997/98  1 136,5  1 092,4  185,1  87,4  1 321,6  1 179,9
BENSHANGUL  1996/97  102,3  92,8  7,9  4,1  110,2  96,9
1997/98  124,5  110,2  6,8  3,6  131,3  113,8
DIRE DAWA  1996/97  7,6  6,1  7,6  6,1
1997/98  2,0  0,8  2,0  0,8
ADDIS ABEBA  1996/97  7,1  8,8  2,2  1,4  9,3  10,2
1997/98  7,3  5,6  2,0  0,5  9,3  6,1
GAMBELLA  1996/97  8,7  10,9  0,2  0,2  8,9  11,1
1997/98  13,3  10,0  13,3  10,0
HARAR  1996/97  10,3  16,3  0,3  0,3  10,6  16,6
1997/98  11,9  12,4  0,3  0,2  12,2  12,6
ETHIOPIE 1/  1996/97  9 519,9  10 824,4  1 562,1  1 006,5  11 082,1  11 830,8
1997/98  9 456,1  8 084,3  1 525,7  701,8  10 981,8  8 786,1

1/ 1996/97- Chiffres après récolte du Ministère de l’agriculture mis à jour et rectifiés par la mission en fonction des données fournies par les bureaux agricoles de zone.
Note: Totaux obtenus à partir de chiffres non arrondis.

3.5 Autres cultures

Les cultures contribuant aux revenus et à la nutrition des ménages varient du nord au sud et de l’est à l’ouest. Au nord, il s’agit surtout de graines oléagineuses comme le noug, le sésame et les graines de lin. Au niveau des petits agriculteurs, la culture la plus courante est le noug, qui devrait accuser un fléchissement de rendement cette année du fait de sa vulnérabilité aux fortes pluies tardives; toutefois, les superficies seraient en augmentation dans le Tigré et l’Amhara. On prévoit une baisse de la production de sésame dans les exploitations du nord-ouest pour ce même motif et en raison de la réduction des superficies. Celle-ci tient au fait que les producteurs se sont convertis au sorgho à la suite des excédents de production de sésame et des difficultés de commercialisation rencontrées l’année dernière.

Dans l’ensemble, les cultures pérennes de café et de chatt dans les zones méridionales ont été favorisées par les pluies supplémentaires. Toutefois, des équipes de la mission dans certaines localités ont reçu des signalisations de recrudescence d’anthracnose du caféier et de dégâts matériels.

Les pluies tardives devraient avoir stimulé la production de bananes Ensete et des racines et tubercules cultivés principalement dans les régions d’Oromia et SEPAR. En dehors de la possibilité d’inondations localisées retardant les semis de fin de campagne, les pluies tardives n’ont eu aucune incidence négative. Dans deux zones du SEPAR (Sidama et Gedeo), les superficies plantées en bananiers Ensete auraient augmenté d’environ 6 pour cent, ce qui indiquerait une utilisation légèrement réduite l’an dernier. Dans toutes les autres zones, les superficies sont restées les mêmes.

L’Ensete continue d’être victime du flétrissement bactérien. Les mesures consistant à extraire et brûler les bananiers malades pour éliminer la contamination croisée à l’aide de différents instruments demeurent la seule méthode de lutte contre la maladie.

3.6 Situation de l’élevage

Compte tenu de l’insuffisance des pluies Belg, le bétail (tous types confondus) a entamé la campagne Meher dans des conditions inférieures à l’an dernier. La situation a été aggravée par des périodes de sécheresse prolongée en juillet, août et septembre dans les zones agropastorales des plaines, où, fin septembre, les prix du bétail avaient chuté de quelque 30 pour cent par rapport à l’an passé, car les éleveurs avaient réduit leurs troupeaux pour éviter les frais exorbitants de nourriture et d’eau et les taux élevés de mortalité. De même, des migrations plus nombreuses et précoces des éleveurs d’Afar et du Tigré Sud vers les zones d’assistance de Chefa ont été signalées; d’autre part, des migrations du Tigré central aux basses terres du Tigré occidental et des déplacements au sein de zones jouissant normalement d’une sécurité fourragère ont suscité des préoccupations dans les administrations et les organismes pour la sécurité alimentaire des ménages vivant de l’élevage.

Dès le début d’octobre, des pluies exceptionnelles ont inversé la situation dans l’ensemble du pays. Le fourrage est devenu abondant dans la plupart des zones d’élevage, les éleveurs sont rentrés dans leurs exploitations et les prix se sont rétablis aux niveaux d’avant l’été dans la plupart des régions. La mission a constaté que l’état du bétail était en amélioration dans toutes les zones, mais de façon moins marquée pour les animaux des localités à forte densité de population rurale, où la récolte avait pris du retard.


4. SITUATION PAR REGION

4.1 Tigré

Le Tigré, région située à l’extrême nord de l’Ethiopie, à la frontière du Soudan et de l’Erythrée, est divisé en quatre zones administratives. Avec une superficie cultivée de quelque 0,9 million d’hectares, elle assure normalement 5 pour cent de la production nationale. En raison de la forte densité démographique dans les zones centrale, orientale et méridionale, la Région souffre généralement d’un déficit vivrier. Depuis la fin des conflits civils, toutefois, les investissements accrus des fermiers des basses terres du Tigré occidental ont donné un nouvel élan à la production globale de la région. Le paysan moyen reste néanmoins vulnérable car les tailles des exploitations sont limitées et les précipitations imprévisibles. Cette année, les pluies Belg sont arrivées tard et les précipitations ont été irrégulières, entrecoupées de longues périodes de sécheresse dans les plaines de l’est et du sud et de pluies extrêmement variables ailleurs. Les worredas d’Atsbi et de Wombatu dans les montagnes de la zone orientale pourraient même avoir reçu les pluies les plus favorables jamais tombées dans ces régions. En ce qui concerne les worredas des autres zones, sauf l’extrême ouest, les précipitations ont été décevantes, tant du point de vue de la répartition que de la quantité. Les cultures de sorgho des basses terres méridionales irriguées par l’eau des crues ont été un échec, car les ruissellements des zones d’altitude ont été anormalement limités, et les silos souterrains dans les exploitations agricoles, qui renferment généralement des réserves pour un à deux ans, auraient été entamées récemment dans deux fermes visitées. On a également constaté que les worredas du nord des zones occidentale, centrale et orientale ont enregistré une production inférieure à la normale, compte tenu des pluies médiocres tombées lors de la floraison et du remplissage du grain. C’est la récolte de sorgho qui a le plus souffert.

Le réensemencement tardif en cultures à cycle long et les semis effectués, en fonction des circonstances, dans les zones déjà récoltées ont accru la demande de semences de teff, sassa (à maturation précoce), orge et pois chiches, les agriculteurs s’efforçant de tirer parti des pluies tardives. En réponse à leurs demandes d’assistance, des crédits leur ont été accordés pour l’achat tardif de semences.

Pour ce qui est des ravageurs et des maladies, les campagnes locales de cette année contre la chenille processionnaire - seul ravageur migrateur observé par la mission - ont été menées à bonne fin dans toute la région. En outre, compte tenu de la pression exercée par les agriculteurs locaux au niveau des districts, des campagnes ont été également organisées contre le térébrant des tiges et la mouche des pousses, comportant des pesticides gratuits et un soutien du personnel du Bureau de l’agriculture dans les zones centrale et orientale.

Le striga a été identifié comme la principale plante adventice et le Bureau de l’agriculture a lancé des campagnes d’élimination dans toute la région.

Compte tenu de ce qui précède, la mission estime la récolte à 0,516 million de tonnes, soit 5,9 pour cent de la production nationale cette année. Les prévisions représentent 69 pour cent des estimations de l’an dernier du Bureau régional et 91 pour cent des estimations de la CSA, qui étaient fondées sur des superficies cultivées nettement inférieures (45 pour cent).

Cinquante-six pour cent de la production devrait provenir des worredas de l’ouest du Tigré occidental où les pluies ont été meilleures et où sont situées les principales exploitations.

4.2 Afar

La région d’Afar, située dans le nord-est de l’Ethiopie, est constituée d’un bas plateau où vivent des éleveurs de dromadaires et de petits ruminants. L’agriculture comprend une production irriguée -traditionnelle et moderne- de coton, et une petite production de céréales. Les périmètres traditionnels dépendent de l’eau de ruissellement de la montagne vers l’ouest, tandis que les périmètres modernes fonctionnent avec des pompes qui récupèrent les eaux souterraines.

Une mission a visité la région, mais aucune donnée sur les superficies ou rendements de céréales et légumineuses n’a pu être obtenue car les chiffres n’étaient pas disponibles. Etant donné l’importance de l’élevage dans la région, la mission a constaté que la campagne Meher a été particulièrement mauvaise, ce qui a entraîné un accroissement de la morbidité et de la mortalité, la dégringolade des prix et la migration vers des zones d’assistance dans la région d’Amhara. Les pluies abondantes tombées en octobre et en novembre ont atténué les inquiétudes des éleveurs, les troupeaux sont retournés vers leurs parcours traditionnels, et les prix du bétail se sont redressés avec la reprise de la disponibilité de fourrage.

Il est clair que par souci de suivi, de nouvelles visites à la région d’Afar au début de 1998 seront nécessaires pour surveiller la situation et identifier les besoins locaux.

4.3 Amhara

Les dix zones administratives qui constituent la région d’Amhara produisent environ 32 pour cent de la production nationale. Quelque 85 pour cent des terres arables potentielles sont actuellement cultivées, ce qui indique une forte densité de population agricole. Même si, en général, plus l’altitude est élevée, plus la pluviosité est forte, les précipitations de cette année ont été mal réparties dans le temps et dans l’espace, y compris dans les zones généralement bien arrosées, et le climat a été particulièrement sec dans les zones de basses terres en milieu de campagne.

Le démarrage tardif et l’insuffisance des pluies Belg ont dévasté la récolte secondaire Belg dans les zones du Wollo et ont retardé les pratiques culturales dans le reste de la région.

Dans les principales zones productrices de Gojam, Gondor, Agewawie et Shewa Nord, le démarrage à temps de la campagne Meher a été suivi de précipitations variables qui ont, néanmoins, contribué à la croissance des cultures, comme le confirment les premiers chiffres optimistes obtenus des bureaux agricoles de zone et les prévisions des anciennes exploitations d’Etat du Gojam-Gondor, où on prévoit des rendements de maïs de 3,6 tonnes par ha. De nouvelles pluies tardives ont rabaissé les attentes au niveau des petites exploitations paysannes en raison des pertes en champ et dans les meules.

Des précipitations variables dans les vallées et les plaines de la région se sont traduites par une réduction de 15 pour cent des superficies ensemencées en céréales à cycle long qui ont été converties ou ressemées en céréales à cycle court, abaissant ainsi le potentiel de production. L’utilisation d’engrais a été réduite dans les zones du Gojam Est et Ouest et du Wollo Sud, compte tenu de la hausse des prix et de la disponibilité tardive de crédit. Ailleurs, les ventes d’engrais sont demeurées au même niveau que l’an dernier. En revanche, les parcelles du Programme national de vulgarisation se sont multipliées dans toute la région. Lors de la visite de la mission, aucune donnée provenant des parcelles n’avait encore été analysée.

Des pullulations de chenilles processionnaires ont été signalées dans huit zones sur dix. Les infestations ont été enrayées grâce à des campagnes comportant le traitement par pulvérisation de quelque 1 000 à 2 000 hectares dans chacune des zones. En fin de campagne, des attaques de quéléas ont été également maîtrisées par des pulvérisations dans les zones de Shewa Nord et Oromia.

Les attaques de ravageurs non migrateurs ont été jugées inoffensives dans toutes les zones, à l’exception de Waghemra et Wollo Nord, où des pesticides ont été distribués gratuitement. Les ravageurs jugés les plus inquiétants étaient la pyrale du maïs, la mouche des pousses (teff) et la cochenille noire (sorgho). D’autres ravageurs ont été signalés dans l’ensemble des zones orientale et centrale (pucerons, grillons des broussailles, sauteriaux et oiseaux autres que quéléas).

Des pratiques culturales tardives et loin d’être optimales auraient accru la concurrence des mauvaises herbes dans le Gojam Est. L’apparition de Partenium spp est source de préoccupation dans le Wollo Nord et Sud où on a constaté qu’il étouffait les champs de teff, de blé et d’orge dans des proportions croissantes.

Compte tenu de ce qui précède, la mission estime la récolte de la campagne Meher 1997/98 d’Amhara à 2 816 000 tonnes (sur 3 898 000 hectares), soit 23 pour cent de moins que les estimations de l’an dernier faites par les bureaux agricoles de zone du Bureau régional, et 2 pour cent de moins que les estimations CSA de l’an dernier sur une superficie inférieure d’environ 27 pour cent aux estimations du Bureau régional.

4.4 Oromia

Oromia, la région la plus vaste, est une zone en forme de "T", qui s’étend pratiquement de la frontière soudanaise à la frontière orientale avec la Somalie et la frontière méridionale avec le Kenya, à travers toute l’Ethiopie centrale. La région est divisée en douze zones administratives dont les dimensions et le potentiel de production sont variables. Les plus importantes du point de vue agricole sont l’Arsi, le Shewa Est et le Shewa Ouest, qui fournissent d’ordinaire quelque 50 pour cent de la production de céréales et de légumineuses de la Région. Cette vaste région renferme un large éventail de zones agro-écologiques, y compris un haut plateau productif, et des fonds de vallées et des plaines sujets à la sécheresse.

Quatre zones bénéficient d’un régime de précipitations bimodal et peuvent produire une récolte Belg (cultures semées en février-mars et récoltées avant fin août). Cette année, toutefois, le retard des pluies Belg, faibles et intermittentes, s’est traduit par une très mauvaise récolte Belg dans toute la région. Par ailleurs, les pluies Belg dans le reste de la région, qui permettent généralement de cultiver convenablement et à temps avant les pluies de la campagne principale, sont arrivées aussi avec quelques semaines de retard, ce qui a compromis les pratiques culturales dans le Shewa Ouest et Est et l’Arsi, et a favorisé les conversions de céréales à cycle long au profit des céréales à cycle court dans d’autres zones.

Dans le Harerghearghe Ouest et Est, les pluies tardives et irrégulières de la campagne principale ont gravement nui au développement du sorgho dans les zones de basses terres.

Après la longue période de sécheresse qui a sévi en septembre, des pluies tardives anormalement abondantes ont démarré en octobre, se prolongeant jusqu’en novembre. Leur effet sur la principale zone productrice de blé et d’orge de la région a été de ralentir le séchage du grain, d’encourager la germination avant la récolte, de provoquer la décoloration des céréales, d’accroître la prédisposition aux maladies fongiques et d’empêcher la récolte dans les délais voulus, aussi bien dans les grandes exploitations que dans les petites propriétés paysannes. En outre, la détérioration des semences dans les cultures sur pied de teff a augmenté et a été aggravée par la nécessité de déplacer plusieurs fois le teff déjà coupé pour les faire sécher, là où la récolte avait eu lieu dans des conditions humides. Les légumineuses ont été jugées particulièrement vulnérables à toute une série de ravageurs, de maladies ainsi qu’à la décoloration du grain. On a également observé que le maïs et le sorgho non récoltés souffraient davantage d’attaques de ravageurs. La qualité des semences l’an prochain devrait s’en ressentir, et la production de l’année prochaine s’annonce défavorable, étant donné que la plupart des agriculteurs utilisent leurs propres stocks de semences.

Les pluies ininterrompues devraient avoir favorisé les céréales semées tardivement, les racines et tubercules récemment semées et les cultures fourragères pérennes et aideront à compenser les pertes prévues.

Parmi les autres facteurs nuisant à la production d’Oromia au cours de la campagne Meher, on peut citer la hausse spectaculaire des prix des engrais, aggravée par l’accès réduit au crédit. La suppression des subventions sur les engrais a provoqué une envolée des prix de 30 pour cent; parallèlement, l’exclusion des débiteurs trop lents à rembourser leurs emprunts a entraîné une baisse des achats et des applications d’engrais dans huit zones sur douze. Parmi les principales zones productrices de céréales, Arsi a été la seule à enregistrer une utilisation d’engrais similaire à celle de l’an dernier.

En ce qui concerne les ravageurs migrateurs, la chenille processionnaire a été identifiée et maîtrisée dans trois zones sur douze. L’incidence d’autres ennemis des cultures, maladies et plantes adventices a été jugée, dans l’ensemble, insignifiante, à l’exception de la brûlure des feuilles du maïs dans le Wellega occidental. Les térébrants des tiges, les termites, la coccinelle défoliante, le ver du cotonnier et les aphidiens ont été signalés dans toute la région à des niveaux d’infestation ne justifiant pas la distribution gratuite de pesticides.

Les conditions du bétail qui, dans les zones orientale et méridionale, a gravement souffert du manque de fourrage en juillet, août et septembre, s’améliorent avec l’arrivée tardive des pluies. Dans les zones du centre et de l’ouest, l’état du bétail est satisfaisant.

D’après les agriculteurs, la récolte de café serait exposée au risque de chute des baies à cause des fortes pluies. Le problème de l’anthracnose du caféier a été évoqué, mais il n’est pas plus grave que les années précédentes, hormis le fait que les agriculteurs n’avaient pas les moyens d’acheter de fongicides.

Compte tenu de ce qui précède, la mission estime la production de céréales et de légumineuses de la région d’Oromia à 4 114 000 tonnes (sur une superficie de 4 584 000 hectares). La production représente 70 pour cent de la production "effective" enregistrée par les bureaux agricoles de zone après la récolte et 98 pour cent des estimations de 1996 de la CSA sur une superficie inférieure de 25 pour cent.

4.5 SEPAR

Située dans le sud et le sud-ouest du pays, la région sous administration des populations du sud de l’Ethiopie (SEPAR) comprend 11 zones et 5 worredas. Le régime de précipitations bimodal est loin d’être exceptionnel dans une région qui compte aussi bien des forêts pluviales que des zones semi-arides.

Comme dans le reste du pays, les pluies Belg ont été médiocres et tardives, et les cultures de la campagne Belg en ont gravement souffert. Le démarrage tardif des pluies a également réduit les travaux des champs, ce qui a nui aux rendements. Les superficies cultivées ont diminué de 6 pour cent par rapport à l’an passé compte tenu du pessimisme des agriculteurs qui s’est traduit par une baisse des semis de sorgho, de teff et de légumineuses. Par la suite, les précipitations de la campagne principale ont été très variables, avec des périodes de sécheresse prolongée dans les basses terres et quelques pluies abondantes en octobre et en novembre.

Quatre-vingt quatre pour cent des terres cultivées de la région sont situées dans cinq zones, les six autres et les cinq worredas spéciaux n’apportant qu’une faible contribution à l’économie de la région pour ce qui est des céréales et des légumineuses. Sur les cinq zones, en dehors de l’Omo Nord, la production de Sidama, Gurage, Hadiya et Kembatu a été similaire à celle de l’an dernier jusqu’à l’effet perturbateur des pluies tardives sur les légumineuses et le teff. Dans l’Omo Nord, une vague de sécheresse prolongée de la mi-juillet à septembre a influé sur le développement de la plupart des cultures et a compromis les rendements.

L’utilisation d’engrais a diminué à Hadiya et Gurage en raison de la hausse des prix. Les ventes sont restées à des niveaux soutenus ailleurs.

Dans toutes les zones, on a signalé la présence des ravageurs courants, notamment du térébrant des tiges, du ver du cotonnier, des termites et de la coccinelle défoliante. Toutefois, aucun n’a été jugé avoir dépassé les seuils de tolérance de la communauté rurale. Aucun migrateur nuisible n’a été signalé aux équipes de la mission durant les visites de terrain.

Les conditions du bétail sont bonnes dans l’ensemble dans les zones de forte pluviosité et la récolte de café a été jugée normale, même si elle a souffert de la chute des baies et de l’anthracnose du caféier.

Compte tenu de ce qui précède, la mission évalue la production de céréales et de légumineuses à 1,180 million de tonnes (sur une superficie de 1,322 million d’hectares), ce qui représente 81 pour cent des estimations effectives des bureaux agricoles de zone obtenues après la récolte l’an dernier sur une superficie légèrement inférieure. En revanche, elle est supérieure de 24 pour cent aux chiffres de la CSA de l’an passé qui se fondaient sur une superficie inférieure de quelque 44 pour cent aux estimations du Bureau de l’agriculture.

4.6 Benshangul

Les chiffres relatifs à Benshangul indiquent un accroissement de la production de céréales et légumineuses de 17 pour cent dû à l’incorporation du worreda spécial Tonga et au doublement des superficies cultivées annoncées dans les zones Kemashi.

Les équipes de la mission ne se sont pas rendues à Benshangul. Les données relatives aux superficies et à la production ont été fournies par le Ministère de l’agriculture et la DPPC à Addis-Abeba. La récolte est estimée à 0,114 million de tonnes de céréales et de légumineuses (sur 0,131 million d’hectares), soit 17 pour cent de plus que le chiffre du Bureau régional de l’an dernier, mais 10 pour cent de moins que le chiffre de la CSA pour une superficie inférieure de 40 pour cent aux estimations du Bureau de l’agriculture.

4.7 Somali

La campagne a été nettement inférieure à l’an dernier d’un point de vue tant qualitatif que quantitatif. Les précipitations sont arrivées avec un mois de retard, ont été faibles et intermittentes, cessant totalement début septembre avant de reprendre avec vigueur en octobre et en novembre, comme dans le reste du pays.

La disponibilité de semences pour le réensemencement semble avoir constitué un problème qui a été résolu par les interventions des ONG et du Bureau régional de l’agriculture. L’utilisation d’engrais a diminué dans des proportions inquiétantes en raison des prix élevés et de la mauvaise répartition des précipitations dans le temps.

Cette année, les principaux migrateurs nuisibles ont été la chenille processionnaire et le quéléa. Ils ont fait l’objet de campagnes de pulvérisation aérienne. Les ravageurs non migrateurs tels que les térébrants des tiges ont causé des problèmes mais n’ont pas été traités en raison des prix élevés et de la faible disponibilité de pesticides.

Les longues périodes de sécheresse ont aggravé l’état du bétail et entraîné une baisse de production, des migrations et des ventes en catastrophe, ce qui s’est traduit par une chute des prix de 60-70 pour cent. Les fortes pluies tardives ont amélioré les conditions des cultures fourragères et ont inversé cette tendance négative. Des pertes d’animaux non quantifiées dues à des inondations localisées ont été signalées à la mission.

La mission estime la production de céréales et de légumineuses pour la région Somali à 17 800 tonnes pour 82 400 hectares; il s’agirait des rendements les plus faibles de tout le pays pour l’ensemble des cultures. La production représente 74 pour cent des estimations du Bureau régional et 38 pour cent des estimations CSA de la production de l’an dernier.

4.8 Harar

La mission a constaté à Harar que les pluies ont été insuffisantes et qu’il y avait des pénuries de semences pour le réensemencement et des attaques de chenilles processionnaires et de quéléas. Les superficies cultivées auraient augmenté de 20 pour cent par rapport au rapport du Bureau régional de l’an dernier et seraient passées à 12 155 hectares, avec une récolte estimée de 12 600 tonnes de céréales et de légumineuses. La production est inférieure de 30 pour cent aux estimations du Bureau de l’agriculture de l’an passé, mais trois fois supérieure aux estimations de la CSA pour l’an dernier.

4.9 Dire Dawa

L’équipe de la mission en visite à Dire Dawa a observé un régime de pluies tardives, faibles et irrégulières, qui s’est transformé en précipitations excessives lors de la récolte. La disponibilité de semences n’a pas constitué un problème, les agriculteurs disposant tous de stocks suffisants pour couvrir les premiers semis et l’éventuel réensemencement. Les engrais étaient disponibles mais n’ont pas été achetés en grande quantité à cause des hausses de prix. Les attaques de chenilles processionnaires ont été maîtrisées par des pulvérisations aériennes.

En raison des conditions de pluviosité défavorables, les superficies cultivées ont subi une forte baisse par rapport à l’an dernier. On prévoit une production de seulement 800 tonnes de céréales pour une superficie estimée à 2 000 hectares, ce qui ne représente que 13 pour cent du chiffre enregistré après la récolte de l’an dernier par le Bureau régional de l’agriculture.

4.10 Gambella et Addis-Abeba

Les données d’Addis-Abeba et de Gambella, provenant du Ministère de l’agriculture/DPPC, se fondent sur des données recueillies par les bureaux agricoles de worreda/zone. Pour Gambella, les superficies ont augmenté compte tenu d’un système de rapports plus fidèle cette année, mais la production a reculé de quelque 12 pour cent pour s’établir à 10 000 tonnes. Les superficies cultivées d’Addis-Abeba sont identiques à celles de l’an dernier mais les rendements sont en baisse, les dégâts causés par les pluies tardives ayant entraîné un recul de la production (6 055 tonnes).


5. RÉCOLTE BELG DE 1997

Dans l’ensemble du pays, la récolte Belg de 1997 a été un échec à cause de l’arrivée tardive et de l’insuffisance des pluies Belg. La campagne Belg est la campagne secondaire, avec des précipitations de février à juin, qui contribue normalement à la production agricole dans les zones d’Omo Nord, Tigré Sud, Shewa Nord, Wollo Nord et Sud, Arsi et Bale. Les prévisions de récolte sont en baisse d’au moins 40 pour cent dans la plupart des zones, ce qui rend la situation précaire et crée un besoin d’aide alimentaire. Par exemple, dans le Wollo Nord, la récolte Belg de 1997 a été estimée à 17 900 tonnes de céréales et 1 200 tonnes de légumineuses, contre 37 000 tonnes et 2 900 tonnes en 1996. La production de céréales et légumineuses du Wollo Sud a été estimée aux alentours de 19 000 tonnes, contre quelque 40 000 tonnes pour une bonne année. Dans le Tigré Sud, les pluies Belg n’ont démarré qu’en mars et ont été généralement insuffisantes en avril et en mai, de sorte que la récolte sera insignifiante sur des superficies ensemencées qui ne dépassent normalement pas les 5 000-10 000 hectares.

Les estimations de production Belg varient en fonction de la définition de la campagne, facteur qui ne cesse d’embrouiller les procédures de rapport. Il est important de rappeler que la mission désigne par "récolte Belg" les céréales et légumineuses semées en février et mars et récoltées avant la fin août de la même année. Les cultures à cycle long semées durant la campagne Belg et moissonnées en même temps que les cultures Meher sont donc considérées comme faisant partie de la campagne principale Meher. Les racines et tubercules ne sont pas prises en compte dans l’analyse. Leur consommation, de même que celle d’autres cultures vivrières, est calculée avec la consommation annuelle par habitant de céréales et légumineuses. De même, le maïs vert utilisé avant la fin août est pris en compte avec la récolte Belg, tandis que le maïs de la campagne principale utilisé durant le restant de l’année est inclus dans les estimations de production Meher. Lorsque les pluies Belg et Meher se confondent, comme en 1996, les différences revêtent un caractère encore plus artificiel.

Dans le bilan de la mission, on trouve une prévision de la récolte Belg à venir, qui sert à établir des projections de la production annuelle 1997/98. D’ordinaire, les missions choisissent une estimation traditionnelle, avec des hypothèses inférieures à la moyenne.

D’après les estimations, les sept zones constituant les principales zones de production Belg telles qu’elles ont été définies ci-dessus, ont produit 348 000 tonnes en 1993, 278 000 tonnes en 1994, 395 000 tonnes en 1995, 440 000 tonnes en 1996 et 170 000 tonnes en 1997. Malgré la mauvaise récolte de l’an dernier, la mission a incorporé une récolte Belg de 320 000 tonnes dans son bilan, en fonction de l’effet bénéfique à long terme des pluies tardives continues. La production serait divisée en 300 000 tonnes de céréales et 20 000 tonnes de légumineuses. Le diagnostic est également favorable pour les racines et tubercules de la prochaine campagne Belg si les pluies persistent.


6. ANALYSE DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE DES PRODUITS ALIMENTAIRES POUR 1998

6.1 Prix

Les prix de gros pour les principales céréales au début de la récolte Meher 1997 étaient nettement supérieurs aux niveaux de l’an dernier, traduisant un resserrement des disponibilités et les attentes des négociants d’une récolte plus maigre par rapport à l’année précédente (Tableau 3). En octobre 1997, les prix moyens du maïs blanc à l’échelle nationale sur les 26 marchés principaux suivis par le "Ethiopian Grain Trade Enterprise" (EGTE) et le "Grain Market Research Project" (GMRP) étaient supérieurs de 40 pour cent aux niveaux de l’an dernier à cette époque. Ceux de l’orge blanc étaient supérieurs de 57 pour cent, suivis du blé et du sorgho, avec une augmentation d’environ 20 pour cent. Les hausses de prix ont été moins marquées dans le cas du teff mixte qui a enregistré un accroissement moyen de 13 pour cent. Ces augmentations ne sont en rien surprenantes, étant donné les niveaux de prix particulièrement bas après la récolte exceptionnelle de l’an passé, mais sont significatives dans le contexte d’un faible taux d’inflation des prix à la consommation, officiellement estimé à des niveaux négatifs pour 1996/97 (juillet/juin). Pour la tendance à long terme, les prix d’octobre 1997 sont généralement inférieurs aux niveaux comparables de 1995 et 1994, en particulier dans le cas du maïs blanc.

Au cours des trois derniers mois, les prix des céréales ont été relativement stables. La baisse sensible des prix du maïs en octobre 1997 par rapport au mois précédent (-10 pour cent) aurait dû être manifeste également pour le teff. Les prix des céréales tendent généralement à chuter en octobre, car la production de la nouvelle campagne commence à arriver sur les marchés. On aurait pu s’attendre à une baisse des prix plus importante que celle qui a été réellement constatée. Néanmoins, les prix du teff, qui, d’août à octobre 1996, avaient subi un recul sensible (-6 pour cent), ont en fait augmenté (+1,4 pour cent) cette année durant la même période, probablement parce que les négociants prévoyaient une diminution de la récolte compte tenu des pluies tardives anormales pour la saison et des retards d’approvisionnements sur les marchés. Les prix de l’orge, du blé et du sorgho ont continué à augmenter légèrement au cours des trois derniers mois, ce qui est normal, étant donné que ces cultures arrivent généralement sur le marché plus tard dans l’année.


Tableau 3 - Prix nationaux moyens des céréales durant la période août-octobre 1997 et août-octobre 1996, en Birr/quintal 1/
 
 
Céréales  1996  1997  %variation
août  sept.  oct.  août  sept.  oct.  oct. 97/ oct. 96
Teff mixte  177,90  174,79  167,81  186,58  187,84  189,18  +13
Orge blanc  118,55  122,42  120,23  155,90  161,21  189,18  +57
Blé blanc  143,62  147,97  152,52  181,12  183,57  183,01  +20
Sorgho blanc  129,54  133,99  137,64  159,15  161,74  166,91  +21
Maïs blanc  78,19  76,81  79,69  123,30  124,17  111,89  +40
 

Les moyennes nationales dissimulent de fortes disparités régionales. Par exemple, les prix du maïs en octobre 1997 allaient de 69 Birr/ le quintal à Alaba à 112 Birr à Chagni et à des valeurs encore plus élevées dans d’autres localités. Les prix du teff oscillaient entre 173 Birr le quintal à Hossana à 273 Birr à Mekele, tandis que les prix du blé s’échelonnaient entre 149 Birr à Bale Robe et 263 Birr à Mekele, et ceux du sorgho entre 103 Birr à Chagni et 225 Birr à Mekele. Les prix des céréales à Asmara/Erythrée étaient généralement beaucoup plus élevés que les prix éthiopiens, ce qui laisserait entendre qu’il existe des flux continus transfrontaliers de céréales de l’Ethiopie à l’Erythrée. Dans une moindre mesure, ceci s’appliquerait également aux rapports des prix du maïs entre les marchés éthiopien et kenyan; les prix enregistrés à Nairobi et Mombasa en octobre 1997 étaient respectivement de 153,5 et 129,90 Birr le quintal.

6.3 Prévisions de l’offre et de la demande de produits alimentaires pour 1998

Les prévisions de la mission relatives à l’offre et à la demande de produits alimentaires et aux besoins respectifs d’importations pour 1998 sont résumées dans le tableau 4.


Tableau 4 - Ethiopie: Bilan total des céréales pour 1998 (janvier-décembre) en milliers de tonnes

Population au 1/7/98: 57,82 millions d’habitants
Total des céréales
Disponibilités intérieures  9 706
Stocks d’ouverture  600
Production  9 106
1997/98 Meher  8 786
1998 Belg  320
Utilisation totale  10 236
Utilisation alimentaire  7 806
Utilisation fourragère  160
Autres utilisations/pertes  1 560
Exportations transfrontalières  150
Stocks de clôture  560
Besoins d’importations 1/  530
- Importations commerciales  110
- Aide alimentaire d’urgence  420
. livraisons 1998 de promesses de contributions 1997  48
. nouvelles annonces requises  372

1/ Il faut souligner que les estimations de la population éthiopienne présentent de fortes variations. Si la plus haute estimation de 62,17 millions d’habitants était utilisée, les besoins estimés d’importations s’établiraient à 1,12 million de tonnes (+587 000 tonnes).

Pour ce qui est de l’offre, la mission estime les stocks d’ouverture aux alentours de 600 000 tonnes, fondant ses estimations sur des rapports de l’"Ethiopian Grain Trade Enterprise" (EGTE), des compagnies de négoce privées, des recherches du Grain Market Research Project (GMRP) et des estimations du PAM sur les stocks d’aide alimentaire. Ils sont constitués de: 52 000 tonnes de céréales détenues par l’EGTE, 150 000 tonnes que détiendraient les grossistes, 50 000 tonnes vraisemblablement détenus par les exploitations d’Etat, les compagnies de négoce privées et les minoteries, 330 000 tonnes qui seraient stockées dans les petites fermes produisant des excédents nets (équivalant à un mois de consommation des ménages), plus des stocks limités détenus par d’autres petits paysans; selon les estimations du PAM, les stocks d’aide alimentaire seront épuisés à la fin de l’année. Les stocks de légumineuses représenteraient environ 10 pour cent des stocks céréaliers. Les stocks ci-dessus ne comprennent pas la Réserve de sécurité alimentaire d’urgence (EFSR) qui s’élèverait à 177 000 tonnes, contre un objectif de 307 000 tonnes.

En ce qui concerne la consommation/utilisation, la mission estime la population à 57,822 millions d’habitants au 1er juillet 1998, sur la base du recensement de 1994 publié par la CSA, projetant la population à la mi-1998 - hors région Somali - à 55,1 millions, ainsi que sur la base des estimations du PAM pour la région Somali de 2,68 millions. Le chiffre de juillet 1998 est inférieur à l’estimation de la mission de 58,4 millions au 1er juillet 1997, établie sur la base des informations fournies par le Gouvernement à cette époque. D’autres estimations de la population actuelle s’élèveraient à 62 millions d’habitants. La consommation de céréales par habitant a été calculée sur la base des niveaux de consommation à long terme de 123 kg/an de céréales et de 12 kg de légumineuses. Sur la base des chiffres de consommation actuels, toute révision à la hausse ou à la baisse des estimations de population d’un million de personnes entraînerait un accroissement ou une diminution des besoins prévus d’importations alimentaires de 135 000 tonnes. Il est par conséquent indispensable d’arriver à un consensus sur des estimations démographiques pour les prévisions de la récolte de l’an prochain.

L’utilisation fourragère devrait être négligeable (moins de 2 pour cent). Les autres utilisations et pertes sont estimées à 17 pour cent de la production, dont 9,5 pour cent de pertes après récolte, 5,8 pour cent d’utilisation de semences (taux d’ensemencement: 20 kg/ha pour le teff, 100 kg pour le blé et l’orge, 25 kg pour le maïs, 15 kg pour le sorgho) et environ 2 pour cent pour le brassage de la bière, ce qui est une estimation prudente. En ce qui concerne les pertes après récolte, les pertes de teff seraient plus élevées que d’ordinaire compte tenu des fortes pluies tombées récemment (3 pour cent au lieu de 1 pour cent), tandis que celles de maïs ont été réduites de 25 à 20 pour cent en présumant que les temps de stockage de la campagne pour cette culture seront nettement plus courts que la normale, étant donné la baisse de production céréalière. Les autres pertes de céréales sont estimées à 7 pour cent.

On ne dispose d’aucune donnée fiable sur les exportations céréalières et les mouvements officieux transfrontaliers vers les pays voisins, notamment l’Erythrée et le Kenya, et la Somalie et le Soudan. La récolte exceptionnelle de l’an dernier qui s’est soldée par de bas niveaux de prix devrait avoir stimulé les exportations officielles et parallèles; entre 120 000 et 240 000 tonnes de céréales pourraient avoir été acheminées vers l’Erythrée. Quelque 50 000 tonnes de maïs ont été officiellement exportées par l’EGTE vers le Kenya. La baisse de production et la hausse considérable des prix en Ethiopie en 1998 entraîneront une réduction des exportations. Mais étant donné l’écart de prix actuel entre l’Ethiopie et ses voisins, la mission estime que quelque 150 000 tonnes de céréales seront exportées vers les pays frontaliers. De même, la question des importations commerciales doit être réexaminée. Par le passé, les besoins d’importations ont été essentiellement couverts par les importations d’aide alimentaire. Vu l’état actuel de l’économie éthiopienne et l’intérêt des sociétés de négoce privées à importer des céréales, la mission estime qu’une partie du déficit céréalier pourrait être couvert par la filière commerciale. En ce qui concerne les stocks de clôture, la situation des approvisionnements céréaliers qui s’annonce précaire en 1998 laisse entrevoir un nouveau prélèvement sur les stocks qui pourraient tomber à des niveaux dangereusement bas.

Compte tenu de ce qui précède, la mission estime les besoins totaux d’importations céréalières à 530 000 tonnes. Ce chiffre représente un déficit céréalier considérable par rapport aux deux bonnes campagnes précédentes, mais est nettement meilleur que celui de la campagne 1994/95 "proche de la normale", lorsque on prévoyait des besoins d’importations bien plus élevés, de l’ordre du million de tonnes.

6.3 Besoins d’aide alimentaire

6.3.1 Bilan de la distribution d’aide alimentaire en 1997

En novembre 1996, la mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires avait estimé les besoins d’urgence pour 1997 à 186 000 tonnes de céréales, couvrant la consommation de 1,9 million de personnes dans les zones victimes de mauvaises récoltes dues aux ravageurs et aux intempéries ainsi qu’au déficit structurel causé par la pénurie de terres et d’animaux de trait et le manque d’activités rémunératrices. La mission a estimé les stocks de report et l’aide dans la filière à 171 000 tonnes, ce qui laisse un déficit de 15 000 tonnes de céréales à couvrir. La mission a conclu que les besoins alimentaires d’urgence pourraient être couverts par les achats locaux si des financements étaient offerts.

La Commission de prévention et de planification préalable en cas de catastrophe (DPPC) du Gouvernement éthiopien a lancé un appel en décembre 1996 estimant les besoins à 220 000 tonnes, avec un stock de report de 140 000 tonnes, ce qui laisse un déficit à combler de 80 000 tonnes.

Plusieurs facteurs et événements survenus en 1997 ont modifié considérablement le scénario initial. A la suite d’entretiens entre le PAM, la DPPC et les donateurs concernés, les stocks de report et l’aide dans la filière ont été réduits pour tenir compte de l’aide alimentaire au titre du programme ordinaire qui n’est pas allouée aux districts ciblés pour la distribution des secours en 1997. Les stocks de report ont été révisés à 127 920 tonnes de céréales.

Pour ce qui est des besoins, la DPPC a lancé un appel pour 80 000 autres tonnes de céréales en faveur de quelque 986 000 personnes victimes de la sécheresse qui a sévi dans les zones de parcours des régions Oromia et Somali, due à l’échec des petites pluies 1996/97 en novembre-décembre. Cette sécheresse qui a également touché le nord du Kenya, s’est traduite par des pénuries généralisées d’eau et de pâturages, aggravées par les migrations transfrontalières du Kenya et de la Somalie, qui ont entraîné une détérioration de l’état du bétail, principale source de nourriture pour ces populations pastorales.

En outre, l’état nutritionnel des habitants de la zone fortement vulnérable d’Omo Nord dans le SEPAR a été gravement compromis par les pénuries alimentaires dues aux précipitations excessives et aux dégâts aux cultures durant la campagne Meher de 1996, ainsi que par le démarrage tardif des petites pluies. Ces pluies sont importantes pour le développement des racines et des légumineuses qui assurent une bonne partie des approvisionnements alimentaires de la région. Dans la région d’Amhara, les dégâts causés aux cultures par les ravageurs et les pluies anormalement abondantes pour la saison ont conduit à augmenter de quelque 18 pour cent les besoins d’urgence estimés.

Compte tenu de ce qui précède, le niveau des besoins alimentaires d’urgence a été révisé à la hausse; il s’établit à 329 450 tonnes pour couvrir les besoins de 3,3 millions de personnes selon les estimations de la DPPC. Par ailleurs, les évaluations de la DPPC visant à établir l’impact de l’échec des pluies Belg ont conclu qu’il faudra encore 98 000 tonnes pour satisfaire les besoins de 1,2 millions de personnes. La récolte Belg n’assure normalement que 5 à 10 pour cent de la production totale annuelle, mais pour certains worredas (districts), ce chiffre passe à 75-85 pour cent de la production totale.

Les besoins totaux de secours alimentaires estimés par la DPPC pour 1997 s’élevaient à 427 800 tonnes pour 4,5 millions de bénéficiaires. Fin octobre 1997, la DPPC communiquait que les distributions étaient d’environ 267 400 tonnes. La mission actuelle estime que la distribution totale d’urgence en 1997 s’établira à 305 902 tonnes. Il aura été fait largement appel aux prêts de la réserve de sécurité alimentaire d’urgence pour mener à bien ces distributions.

En 1997, les disponibilités totales de 353 435 tonnes étaient ventilées comme suit:

Les reports sur 1998 devraient s’élever à 47 533 tonnes, qui ne sont toutefois pas sous forme de stocks disponibles mais de promesses de contributions de l’an dernier qui devraient arriver dans le pays avant le 31 décembre 1997. La DPPC a signalé que tous les stocks dont elle dispose seront épuisés avant la fin de 1997. Il est clair qu’en l’absence de données relatives aux distributions de fin d’année, on ne peut avancer avec précision de chiffres sur les stocks de report, et les reports ci-dessus ne sont qu’une estimation qu’il faudra peut-être réviser lorsqu’on connaîtra les distributions totales à la fin du mois de décembre.

Une autre conclusion qu’il convient de tirer est la clarté qui s’impose sur le rôle des activités ordinaires de "vivres-contre-travail" dans les zones concernées et dans quelle mesure ces distributions remplacent les besoins d’aide alimentaire d’urgence, ainsi que sur la distinction entre ce qui constitue l’aide alimentaire d’urgence - qui est distribuée autant que possible par le biais des Programmes de création d’emplois - et les activités ordinaires de "vivres-contre-travail" dans les mêmes zones. L’atelier programmé sur les méthodologies devrait permettre d’éclaircir ces questions.
 

6.3.2 Aide alimentaire d’urgence en 1998

Etant donné les résultats relativement médiocres de la campagne Meher de 1997 dans l’ensemble du pays, les estimations des besoins d’aide alimentaire d’urgence pour 1998 ont fortement augmenté par rapport aux besoins estimés aussi bien pour 1996 que pour 1997. Sur la base de la récolte Meher en 1995 et 1996, les besoins d’aide alimentaire pour 1996 et 1997 ont été estimés respectivement à 290 700 tonnes et 186 000 tonnes. En comparaison, l’estimation de la mission des besoins d’aide alimentaire d’urgence pour 1998 (420 000 tonnes) représente un accroissement de 80 pour cent par rapport aux estimations moyennes des deux années précédentes. Si on ne tient pas compte des besoins des personnes déplacées, les besoins de cette année sont le double de la moyenne des deux années précédentes.

Le nombre total de bénéficiaires, ayant droit à l’aide alimentaire d’urgence pour une période moyenne de 5 mois, est estimé à 5,35 millions de personnes. Sur les besoins totaux d’aide alimentaire d’urgence, 40 pour cent sont destinés à la région Amhara, 29 pour cent à la région Tigré, 17 pour cent à la région Oromia, et 6 pour cent au SEPAR. Le reste est destiné aux worredas ruraux d’Harar et Dire Dawa et aux personnes déplacées de la région d’Amhara et d’Addis-Abeba, avec une réserve de 6 pour cent pouvant servir aux régions pastorales ou autres régions, le cas échéant.

En particulier, la production céréalière des basses terres de la zone orientale du pays a souffert, et dans certaines de ces terres (par ex. les plaines Raya), la récolte a été dérisoire. Les zones les plus touchées sont les zones traditionnellement à déficit vivrier du Tigré, Wollo Sud et Nord et Waghamra, mais comprennent également l’Harar occidental et oriental.

Les mauvaises pluies Belg de 1997, qui ont également fait du tort à la récolte Meher, ont nui aux emplois saisonniers non agricoles lors de la récolte, avec des répercussions négatives sur la situation de la sécurité alimentaire dans plusieurs zones de haute altitude, où les habitants dépendent de ces revenus supplémentaires gagnés dans les plaines. Toutefois, pour l’estimation des besoins d’aide alimentaire d’urgence pour 1998, on présume que l’emploi saisonnier ne subira pas de changements, car il n’y a aucune raison pour le moment de croire que les agriculteurs ne préparent pas leurs terres pour les récoltes Belg et Meher de 1998.

Lors de l’évaluation des besoins d’aide alimentaire d’urgence pour 1998, il faut rappeler que les estimations du présent rapport se fondent notamment sur l’hypothèse d’une production Belg normale et de préparatifs normaux pour la prochaine récolte. Bien entendu, on ne peut exclure des événements inattendus comme en 1997, auquel cas les besoins d’aide alimentaire d’urgence devront être révisés.

Les besoins d’aide alimentaire d’urgence sont plus élevés que l’année passée, mais la population continuera à dépendre du marché pour leur part de consommation achetée avec les recettes tirées des cultures autres que les denrées de base, des emplois non agricoles, des migrations saisonnières, des cultures de rapport, du petit commerce, de la vente de bois de feu, de miel et de bétail. Les prix alimentaires du marché devraient augmenter de façon soutenue durant une bonne partie de l’année, au moins jusqu’à la nouvelle récolte Meher. Les secours alimentaires aideront les personnes n’ayant pas un pouvoir d’achat suffisant pour acheter de la nourriture sur le marché, mais ils ne suffiront pas à accroître de façon appréciable les disponibilités alimentaires sur les marchés. C’est pourquoi cette année les secours alimentaires devront être assortis d’importations alimentaires et d’une aide alimentaire programmatique.
 

6.3.3 Activités nationales d’alerte rapide et de surveillance

L’Ethiopie dispose d’un réseau solide d’alerte rapide et de suivi de la sécurité alimentaire, avec des ramifications jusque dans les zones, les worredas et les associations paysannes. Sur la base des résultats des équipes d’évaluation qui ont visité les zones vulnérables vers septembre/octobre, une série d’évaluations a été entreprise à différents échelons, des associations de paysans et des worredas, au niveau des zones, pour finir par le bureau central de la DPPC à Addis-Abeba. A ces évaluations participaient des représentants des donateurs, des ONG internationales et du PAM. Cette année, vu les très fortes pluies, anormales pour la saison, qui ont démarré en octobre, une nouvelle série de visites de la DPPC a été organisée en novembre 1997. Ces visites ont eu lieu en même temps que les visites sur le terrain FAO/PAM, mais les travaux de la mission et de la DPPC n’ont pas été suffisamment intégrés. Du moins pour ce qui est du processus d’évaluation des besoins alimentaires, une meilleure interaction entre la DPPC et la mission aurait permis de présenter les mêmes faits et informations aux deux parties, outre l’avantage qu’elles auraient appliqué la même méthodologie. En l’état actuel des choses, et bien que les méthodologies employées par la DPPC et FAO/PAM ne diffèrent pas dans leur principe - en ce sens que les deux parties prennent en compte les mêmes facteurs sur lesquels repose la sécurité alimentaire - dans la réalité, l’application et, par conséquent, les résultats sont différents. Ceci peut porter à confusion si les disparités rencontrées dans les résultats ne sont pas expliquées. Le PAM et la DPPC sont convenus d’organiser en 1998 un atelier conjoint sur les questions de méthodologie.

Outre le Département d’alerte rapide de la DPPC, il y a en Ethiopie des moyens d’alerte rapide puissants, comme le montrent les travaux en cours du Système d’alerte en cas de famine USAID/EU, les activités continues de cartographie des risques des organisations non gouvernementales telles que SCF (Grande-Bretagne) et Care Ethiopia. Les activités des diverses organisations sont très étroitement liées et interdépendantes.
 

6.3.4 Activités de suivi du PAM

La durée de la mission proprement dite a été de quatre semaines, mais il faut souligner que le service VAM du PAM recueille et analyse continuellement des informations en provenance de plusieurs sources sur toute une série d’indicateurs de sécurité alimentaire qui ont servi à évaluer les besoins d’aide alimentaire d’urgence dans tout le pays. De ce fait, en dépit de la durée limitée de la mission, les membres avaient aisément accès à de grandes quantités d’informations pertinentes et fondamentales pour l’estimation des besoins d’aide alimentaire.
 

6.3.5 Méthodologie d’évaluation des besoins alimentaires d’urgence

La méthodologie utilisée pour évaluer les besoins alimentaires d’urgence se fonde sur les informations recueillies au niveau des worredas et des zones, y compris les visites de terrain et les entretiens avec les agriculteurs, les ONG et les responsables du gouvernement. La collecte des données s’applique aussi bien aux données qualitatives que quantitatives, en particulier aux données de production agricole réunies par la mission. Les données sur la production autre que les cultures de base -facteur primordial pour l’évaluation des besoins d’aide alimentaire- fournies sur le terrain sont souvent de nature qualitative. Elles ont été recoupées avec la base de données permanente et actualisée du service VAM du bureau du PAM d’Addis-Abeba, qui classe les enquêtes et les études les plus récentes, y compris des analyses partielles réalisées par la DPPC, le Ministère de l’agriculture, la CSA et SCF.

Un facteur primordial de la méthodologie d’évaluation est la classification des zones vulnérables (jusqu’aux worredas) en zones agroécologiques ou d’altitude, ce qui permet d’analyser les variables de sécurité alimentaire à un niveau de segmentation géographique local. La population rurale a été estimée pour chaque zone vulnérable.

Une distinction a été faite entre les populations vulnérables et les candidats potentiels à l’aide alimentaire. La mission a estimé que la moitié ou les trois quarts de la population touchée pourraient prétendre à une assistance. Ce chiffre de 50-75 pour cent a été appliqué pour chaque zone et parfois pour chaque worreda, et les décisions sur le chiffre exact applicable à l’intérieur de cette fourchette ont été prises sur la base des observations de terrain.

Les facteurs principaux pris en compte pour estimer le déficit alimentaire des bénéficiaires prévus étaient l’estimation des besoins de base/subsistance par habitant de 224 kg d’équivalent céréales, les résultats de la récolte Meher de 1997, la dépendance des zones vulnérables à l’égard des cultures de base (par rapport à d’autres sources de revenus) ainsi qu’à l’égard de la récolte principale (Meher).

Le niveau de besoins de base /subsistance de 224 kg par habitant représente aussi bien les besoins alimentaires que les produits de première nécessité non alimentaires, lesquels ont été évalués à partir du Rapport de la CSA sur les revenus, la consommation et les dépenses des ménages de 1995/96, et convertis en équivalent céréales.

La dépendance à l’égard des cultures de base et de la récolte Meher (bureaux de zone du Ministère, sources fiables) a ensuite été estimée conjointement par rapport aux besoins de subsistance de 224 kg, afin d’évaluer les disponibilités d’équivalents céréales qui doivent provenir de la récolte Meher de 1997 (norme). Etant donné que les personnes ayant droit à l’aide alimentaire produisent beaucoup moins que la moyenne par habitant, un facteur spécifique de réduction a été appliqué en fonction des zones et des worredas, sur la base des observations des pertes de cultures sur le terrain. Le facteur moyen de réduction était d’environ 50 pour cent. Ce chiffre a ensuite été rapporté à la norme calculée ci-dessus afin d’établir le déficit des besoins alimentaires d’urgence.

Les calculs ci-dessus ont été effectués pour chaque worreda dans les zones identifiées comme nécessitant une aide alimentaire. Les besoins alimentaires totaux ainsi que le nombre total de bénéficiaires ont été obtenus en additionnant les données de tous les worredas.

Afin de calculer le nombre moyen de mois d’assistance par zone, les déficits cumulés des worredas par habitant ont été divisés par 15 kg par personne (soit la ration mensuelle de céréales par habitant au titre de l’aide alimentaire) et arrondis au nombre entier le plus proche.

Le tableau 5 montre les paramètres par zone sur lesquels se fonde l’évaluation des besoins alimentaires d’urgence.

La durée maximum autorisée pour l’aide alimentaire dépend de l’arrivée de la nouvelle récolte - aux alentours d’octobre/novembre pour la campagne Meher- même s’il n’est pas rare qu’elle soit récoltée plus tôt. Par conséquent, la durée maximale d’assistance est fixée à 9 mois, dans une situation où les bénéficiaires ne disposeraient d’aucune récolte avant le 1er janvier de la nouvelle année civile. Etant donné, toutefois, que les agriculteurs ont également des revenus non dérivés des cultures de base, la période durant laquelle ils auraient droit à l’aide alimentaire sera généralement plus courte. Il s’agit là d’un facteur déterminant à l‘origine des disparités entre les estimations de la DPPC et de la mission FAO/PAM. Si la durée moyenne de l’assistance estimée par la mission est de 5 mois, celle de l’appel lancé par la DPPC est de 9 mois, les bénéficiaires pouvant prétendre à une aide d’urgence sur des périodes allant de 3 à 12 mois.

Les méthodologies DPPC et FAO/PAM ne semblent guère différer pour ce qui est des facteurs à prendre en compte dans le processus d’évaluation; ce sont les modalités d’application de la méthodologie qui varient. Ceci étant, il serait utile d’organiser un atelier tripartite DPPC/FAO/PAM pour examiner les questions méthodologiques en prévision du prochain exercice d’évaluation.
 

6.3.6 Estimations des besoins alimentaires d’urgence

Comme le montre le tableau 6, la mission estime qu’un total de quelque 5 350 000 bénéficiaires ont besoin de secours alimentaires évalués à 420 000 tonnes, pour une période moyenne de 5 mois, à condition que la récolte Belg soit normale.

Dans de nombreux cas, la distribution de l’aide alimentaire ne démarrera pas avant mai 1998 et elle se poursuivra jusqu’en septembre (au moins pour les zones tributaires de la récolte Meher), mais dans certains cas, la distribution devrait commencer plus tôt, et en fait elle est déjà en cours à l’heure qu’il est. Etant donné l’absence de stocks d’aide alimentaire à la fin de 1997, un appel d’urgence est lancé pour des premières livraisons d’aide alimentaire dans les meilleurs délais, y compris des contributions qui avaient été annoncées mais n’ont pas été livrées.
 

Tableau 5 - Paramètres servant à l’analyse des besoins d’aide alimentaire 

Zone  Zone vulnérable  Population ayant droit 
(% de la pop. Vulnérable) 
Dépendance des cultures 
de base 
(%) 
Dépendance de la récolte Meher (%)  Prod. par hab. (% de la moyenne des worredas) 
Tigré Est  75% des AP1/ dans toutes les zones agric.  75  20-80; Moy. 63  95-100, Moy. 99  50
Tigré Sud  Toutes les AP des basses terres et des terres intermédiaires  75  67  90-100, Moy. 96  50
Tigré Centre  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf.  63  47  100  48
Tigré Ouest  Toutes les AP des basses terres  63  80  100  50
Wollo Nord  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf., certaines terres interm. sup.  75  42-75; Moy. 57  79  25
Wollo Sud  La plupart des basses terres, certaines AP des terres de moyenne et haute altitude  63  69  83  50
Oromia  Basses terres  63  58  95  50
Shewa Nord  La plupart des basses terres, certaines AP des terres de moyenne et haute altitude  63  67  73  43
Wag Hemra  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf.  75  63  100  25
Gojam Est  AP des basses terres de 4 worredas  63  70  100  37
Gondor Nord  AP des basses terres et des terres interm. inf. de 10 worredas  63  63  100  48
Gondor Sud  AP des basses terres et des terres interm. inf. de 4 worredas  63  74  100  50
Hararge Ouest  67% des basses terres et certaines AP des terres interm.  63  50  90  50
Hararge Est  Toutes les AP des basses terres et certains des terres interm.  63  50  89  62
Shewa N-O  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf.  63  57  90  50
Shewa Est  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf.  63  50  96  50
Arsi  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf. et certaines AP des terres interm. sup.  63  65  96  50
Bale  2/3 des AP des basses terres dans 10 worredas sur 17  63  50  67  50
Omo Nord  Basses terres et terres interm. inf., certaines terres de moyenne et haute altitude  63  59  44  60
Hadiya  Terres centrales inf.  63  72  90  50
Gurage  Certaines basses terres et terres interm.  63  72  89  50
Konso  Basses terres  63  52  37  50
Kat  Basses terres et terres interm. inf.  50  72  89  75
Harreri  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf.  63  50  100  50
Dire Dawa  Toutes les AP des basses terres et des terres interm. inf.  63  50  100  50

1/ AP = Association paysanne



Tableau 6 - Besoins d’aide alimentaire d’urgence pour 1998 (pour les populations rurales dépendant des cultures)
 
ZONE 
Bénéficiaires ESTIMATIONS DU PAM  Mois
Bénéficiaires (% 
de la pop. rurale) 
Tonnes 
TIGRE  TIGRE E.  308 200  56  33 100  7
TIGRE S.  435 700  60  43 600  7
TIGRE C.  383 600  41  33 100  6
TIGRE O.  117 910  17  11 100  6
Sous-total  1 245 410  43  120 900  6
AMHARA  WOLLO N.  434 000  34  36 300  6
WOLLO S.  709 100  34  49 700  5
OROMIA  169 500  37  14 500  6
SHEWA N.  286 300  19  12 400  3
WAG HEMRA  109 000  38  13 800  8
GOJAM E.  37 200  3 600  5
GONDOR N.  410 341  20  27 700  5
GONDOR S.  182 500  10  10 200  4
Sous-total  2 337 941  17  168 200  5
OROMIA  HARARGE O.  309 800  24  21 500  5
HARARGE E.  339 200  18  13 600  3
SHEWA N.O.  175 100  15  13 800  5
SHEWA E.  126 600  11 900  6
ARSI  111 400  6 600  4
BALE  64 700  3 400  4
Sous-total  1 126 800  70 800  4
SEPAR  OMO N.  306 500  12  10 800  2
HADIYA  22 200  2 600  8
GURAGE  67 500  4 900  5
KONSO  82 300  50  2 500  2
K.A.T.  73 900  10  4 700  4
Sous-total  552 400  25 500  4
HARRERI  HUNDENE  13 200  38  400  5
DIRE DAWA  GURGURA  34 500  38  3 600  7
SOUS-TOTAL  5 310 251  389 400  5
6%  Fonds Prévisionnel  23 649 
AMHARA  Personnes déplacées  21 000  3 780  12
ADDIS ABEBA  Personnes déplacées  17 615  3 171  12
Total pers. déplacées  38 615  6 951  12
TOTAL  5 348 866  420 000  5

Il convient de rappeler que l’aide alimentaire d’urgence en tant que telle n’est pas destinée à résoudre le déficit vivrier structurel du pays, mais à aider les personnes restant en grande partie en marge du marché. Les principaux instruments de lutte contre le déficit chronique sont les importations et/ou l’aide alimentaire programmatique . La situation de l’an dernier en est un bon exemple: même si le pays était globalement autosuffisant, quelque 1,9 million de personnes avaient encore besoin de secours alimentaires. Si les secours alimentaires aident à surmonter les problèmes de la demande, le seul moyen de résoudre le déficit structurel est d’approvisionner les marchés.



 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant: 
Abdur Rashid 
C.D. Tuinenburg
Chef, SMIAR, FAO 
Conseiller spécial, OSA, PAM
Télex 610181 FAO 1 
Télex: 626675 WFP 1
Télécopie: 0039-6-5705-4495 
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