SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 

RAPPORT SPECIAL

COMMUNAUTE DES ETATS INDEPENDANTS (CEI) :FAITS NOUVEAUX DANS LA PRODUCTION ET LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES ET EVALUATION PRELIMINAIRE DE LA PRODUCTION VIVRIERE DE 1997 ET DES BESOINS D’IMPORTATIONS CEREALIERES 1997/98

15 DECEMBRE 1997




I. INTRODUCTION

Le présent rapport expose les conclusions des missions réalisées à la mi-septembre 1997 par le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) de la FAO dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), afin d’évaluer les perspectives de récolte des cultures vivrières en 1997 et les besoins d’importations céréalières pour 1997/98. Cette année, un observateur du Service des recherches économiques du Département américain de l’Agriculture s’est joint à la mission, apportant une importante contribution technique concernant divers aspects de l’évaluation, notamment sur l’industrie animale et la Fédération de Russie. Des missions ont visité la République de Moldova, le Kazakhstan, la République kirghize, la Fédération de Russie, le Turkménistan, l’Ukraine et l’Ouzbékistan. Les conclusions d’une mission réalisée par la FAO en juin/juillet en Arménie, en Azerbaïdjan et en Géorgie ont été mises à jour en août et septembre avec l’aide du personnel du PAM dans ces pays. Concernant le Tadjikistan, les représentants du PAM dans le pays assurent une surveillance continue de l’évolution du secteur agricole et de la situation nationale en matière d’approvisionnements alimentaires. Pour les Etats non visités, des informations ont été obtenues auprès du Comité des statistiques de la CEI, ainsi que directement des bureaux de statistiques de ces pays et de spécialistes du suivi des cultures. La mission a bénéficié de l’aide précieuse et constante de négociants en céréales, de bureaux de statistiques, d’instituts spécialisés en agriculture, de ministères de l’agriculture, d’organismes de commercialisation de céréales, ainsi que du personnel des projets CE d’assistance technique à la CEI (projets TACIS), et des bureaux de la Banque mondiale et des Nations Unies situés dans les pays visités.


II. FAITS NOUVEAUX EN MATIERE DE PRODUCTION CEREALIERE ET ANIMALE




2.1 Analyse des données

Comme la mission a pu le constater, les méthodes statistiques actuellement appliquées dans les pays de la CEI continuent d’être inadaptées pour relever les changements survenant dans l’économie, agriculture comprise. Leur faiblesse est particulièrement évidente lorsqu’il s’agit d’estimer la population, les superficies ensemencées et récoltées, le niveau de production, les prix, la commercialisation, la consommation et les recettes.

2.1.1 L’importance de la production des petits exploitants/ménages

Les techniques statistiques actuelles ne permettent plus d’évaluer de façon appropriée les tendances nouvelles du secteur des petits exploitants et des ménages. Des enquêtes par sondage réalisées récemment dans un certain nombre de pays de la CEI ont mis en évidence une sous-estimation de ce secteur, dont la contribution à la production vivrière est très importante et croissante. Ainsi, en 1995, en Arménie et en Géorgie, la production des exploitations privées, d’où provient désormais dans ces pays l’essentiel de la

production agricole, a été dans l’ensemble comparable aux rendements qui étaient auparavant obtenus dans les anciennes fermes d’Etat et exploitations collectives. Il a été constaté que malgré leur superficie réduite, ces exploitations ne pratiquent pas une production de subsistence, mais commercialisent 30 à 40 pour cent de leurs principaux produits, et ce essentiellement par vente directe aux consommateurs contre paiement au comptant. Au Kazakhstan, une enquête par sondage sur les exploitations a montré que la production animale était fortement sous-estimée, avec pour le secteur privé (parcelles familiales) une sous-comptabilisation des stocks au 1er janvier 1997 allant de 36 pour cent (bovins) à 85 pour cent (volailles). La productivité sur les parcelles privées ayant toujours été supérieure à celle des grandes exploitations, l’abandon progressif de l’agriculture collective se répercute également sur les disponibilités globales de viande, de lait et d’oeufs.

2.1.2 Données provenant des grandes exploitations collectives ou constituées en sociétés

Il est possible que les écarts entre production effective et production déclarée soient moins importants pour les céréales que dans le secteur de l’élevage, car la production céréalière provient pour l’essentiel des grandes exploitations collectives ou constituées en sociétés, pour lesquelles il existe un système bien établi de collecte de données. La fiabilité des données provenant des grandes exploitations se ressent toutefois des faiblesses enregistrées au niveau de la chaîne de production et de commercialisation des céréales.

De fortes motivations continuent de déterminer un phénomène de sous- ou de sur-comptabilisation, et ce à tous les niveaux de la chaîne céréalière. Malgré l’existence de situations très diverses entre les pays de la CEI, en matière de production et de commercialisation des céréales, cette sous-comptabilisation de la production céréalière a néanmoins des raisons semblables qui sont essentiellement les besoins en numéraire des exploitants, une réticence à payer les taxes et à rembourser les dettes, et la disparition des céréales à tous les niveaux du système de commercialisation - silo élévateur local, raion, oblast et niveaux supérieurs - dans les pays où le commerce des céréales est encore partiellement sous le contrôle de l’Etat. De plus, par manque de liquidités, bon nombre d’exploitants ont l’habitude de régler en céréales les intrants et les services qu’ils se procurent, avant que celles-ci n’entrent dans les circuits commerciaux officiels, au silo élévateur.

Parallèlement toutefois, et malgré la privatisation officielle des exploitations, la tendance à déclarer une production ou des exportations inférieures afin de maximiser les gains, continue d’être contrebalancée, dans une mesure non déterminée, par une sur-comptabilisation de la superficie cultivée et/ou de la production. Cela s’explique par le fait que dans certains pays les autorités régionales sont soumises à une très forte pression pour la réalisation d’objectifs de superficie et/ou de production imposés d’en haut, ou risquent de perdre leur position de pouvoir. Aussi, dans certains pays, tels que le Kazakhstan cette année et le Turkménistan en 1996, le sous-enregistrement des rendements continue d’être compensé (bien que l’on ignore dans quelle mesure) par une sur-comptabilisation des superficies ensemencées. L’incertitude relative à la superficie sous céréales rend plus difficile l’estimation des rendements, d’où l’impossibilité d’estimer la récolte finale avec précision. Dans les pays où le marché des céréales fait encore l’objet d’un contrôle strict, comme par exemple au Turkménistan ou dans l’Ouzbékistan, les données disponibles ne fournissent pas une base solide pour une analyse sérieuse de l’offre et de la demande.

2.1.3 Mécanismes de paiement et endettement des exploitations

La précision des données relatives à la production agricole est également en rapport avec la situation financière de la ferme, le mode de paiement des produits livrés à l’Etat ou aux organismes chapeautés par l’Etat, ainsi qu’avec la question complexe de l’endettement des exploitations. La production de blé et d’orge panifiable devrait être rentable, ce qui est en général le cas actuellement (sauf dans les terres marginales du Kazakhstan où les rendements sont très bas), mais il reste toutefois le problème des dettes accumulées par les agriculteurs lorsque cette production n’était pas lucrative, et ce pour différentes raisons: i) la dégradation des conditions de vente (il semble cependant que l’an dernier le rapport entre les prix à la production et le prix des intrants se soit stabilisé, voire même dans certains cas amélioré); ii) une hyperinflation en 1992-95 (un taux d’inflation élevé nuit aux agriculteurs qui sont généralement payés bien après la récolte, avec des retards considérables); iii) le niveau élevé des dépenses sociales; iv) habituellement, les grandes exploitations productrices de céréales pratiquent également l’élevage, activité qui a toujours été (et l’est encore aujourd’hui) peu fructueuse et dont les pertes sont souvent couvertes par les profits tirés de la production céréalière; v) une proportion croissante de blé de mauvaise qualité dans la récolte destinée à la consommation humaine et qu’il a fallu (et qu’il faut encore) utiliser pour l’alimentation des animaux; vi) autres situations de mauvaise gestion. La précision des données concernant la production se ressent également de la pratique en vigueur dans la plupart des pays et consistant à payer les produits livrés à l’Etat (et à ses antennes) au moyen de virements sur des comptes spéciaux (et ce généralement avec des retards considérables) après déduction automatique de toutes les dettes fiscales et autres envers le gouvernement; de plus, ces transferts sont lourdement imposés et le prélèvement de sommes sur ces comptes est souvent sujet à des limitations. Aussi les exploitants tentent-ils d’échapper aux circuits de commercialisation des céréales impliquant le système bancaire, et il est difficile d’estimer le volume de production qui est ainsi soustrait à ces circuits.


2.2 Crédit agricole, distribution des intrants et commercialisation des céréales

Le mode de commercialisation des céréales dans la CEI est lié à la nature du crédit et à la façon dont celui-ci est octroyé à l’économie productrice. Dans la plupart des pays, face à la nécessité de contenir les déficits budgétaires, l’aide publique au secteur agricole a été réduite. Parallèlement, sans un droit commercial développé et en l’absence de garanties, le crédit financier aux conditions du marché comporte de gros risques pour les prêteurs et demeure donc très limité, sans véritable espoir de le voir se développer dans un avenir proche. D’où l’essor rapide du crédit sur récolte, à travers lesquels les prêteurs fournissent aux agriculteurs des intrants et quelques fonds de roulement au cours de la période de végétation, et sont remboursés en nature après la récolte. Ce type de crédit est octroyé, selon les pays, soit par le gouvernement, soit par le secteur privé, ou encore par l’un et l’autre. Par exemple, si au Turkménistan et dans l’Ouzbékistan, cette forme de crédit relève essentiellement du gouvernement et de ses organes subsidiaires, en revanche dans de nombreux pays dont l’Ukraine, ce sont aussi bien le gouvernement que le secteur privé qui s’en chargent, tandis que dans la Fédération de Russie seul le secteur privé est concerné cette année. Dans la plupart des pays, le commerce privé joue un rôle de plus en plus important dans les ventes d’intrants, se substituant ainsi progressivement à l’Etat, tandis que le crédit sur récolte devient de la sorte la principale forme de prêt à court terme aux producteurs de céréales [ Dans les pays où l’agriculture familiale est prédominante et où les exploitants financent généralement leur production grâce à leur propre épargne, en empruntant à amis et parents pour se procurer les intrants nécessaires, le crédit sur récolte n’est pas aussi répandu.] .

Un inconvénient du système de crédit sur récolte actuel est que dans bon nombre d’Etats la pression de la concurrence sur les prêteurs locaux reste limitée et que ces derniers utilisent cette position de force sur le marché pour obtenir des exploitations des conditions avantageuses. Celles-ci finissent ainsi par payer les intrants qui leur sont fournis à des prix réels plus élevés, et se heurtent également au manque de transparence des conditions de prêt. Cette situation de crédit non optimale pour les exploitations durera tant que les banques privées ne seront pas incitées, par un système juridique et commercial efficace et l’existence de risques réduits pour les prêteurs, à accorder des prêts au secteur agricole (surtout en considération du fait que dans d’autres secteurs de l’économie les prêts ont une rentabilité supérieure et plus immédiate, avec des risques moins élevés). En Fédération de Russie et en Ukraine, dans une certaine mesure, de grandes entreprises industrielles investissent dans les exploitations agricoles, à travers l’injection de capitaux. Ce type d’investissements à grande échelle exige toutefois au préalable une véritable réorganisation des exploitations, de leur gestion et des systèmes d’incitation, pour une amélioration des conditions nécessaires à une croissance à long terme de la productivité.

Dans la plupart des pays de la CEI, de nombreuses indications font état pour les céréales d’un commerce privé en rapide essor. Bien que la structure du marché céréalier soit encore en pleine évolution dans bien des pays, on peut néanmoins distinguer trois niveaux: i) le petit exploitant, qui vend ses céréales à la meunerie locale, ou bien, dans les pays où le commerce des céréales est moins libéralisé, lesdits négociants "parallèles" qui traitent généralement des céréales non déclarées aux autorités; ii) les négociants régionaux, qui sont souvent des représentants des filiales réorganisées de l’ancien organisme d’achat officiel, et entretiennent des relations étroites avec les administrations régionales, achetant avec des fonds publics de grandes quantités de céréales destinées aux réserves alimentaires régionales; et iii) les négociants commerciaux, dont les activités ne sont pas limitées à une seule région, qui exportent des céréales, achètent et gèrent les silos élévateurs. Ce dernier groupe occupe une place grandissante dans le commerce des céréales. Les compagnies pétrolières et chimiques, les sociétés productrices de semences et d’équipements, ainsi que les négociants en grains, jouent un grand rôle dans les crédits sur récolte en faveur du secteur agricole, qui sont devenus la voie privilégiée pour la commercialisation des intrants. Celles-ci manquent toutefois d’expérience pour la commercialisation des céréales qu’elles reçoivent en paiement des crédits accordés sous forme d’intrants, aussi les remettent-elles souvent à des négociants en grains professionnels.

Les négociants commerciaux qui s’occupent aussi bien de l’importation que de l’exportation des céréales, et ne limitent pas leurs activités à un seul pays, jouent un rôle de plus en plus important dans la commercialisation des céréales, tandis que leur part du marché s’étend. Ce sont eux qui jettent actuellement les bases pour un commerce moderne des céréales dans les pays de la CEI. La fourniture d’informations sur les prix aux agriculteurs est un résultat visible de leurs activités. Certes ce serait trop dire que les exploitants ont une véritable connaissance des prix et suivent de près l’évolution du marché céréalier, puisque les informations dont ils disposent sont encore limitées et incomplètes, mais on constate toutefois qu’un comportement commercial commence à se développer chez les agriculteurs.

La prolifération des crédits sur récolte a sensiblement réduit le volume des céréales faisant l’objet d’échanges. La baisse de l’inflation rend les paiements au comptant de plus en plus attrayants pour les producteurs, mais le troc (surtout si l’on considère le crédit sur récolte comme une forme de troc) n’est pas en régression et demeure la principale forme de commerce et d’échange pour ce qui concerne les céréales. Celles-ci sont de fait devenues une sorte de monnaie, servant à la fois de moyen d’échange, d’unité de compte et de réserve de valeur.

Malgré l’évolution du commerce des céréales, de nombreuses barrières régionales freinent encore les échanges. Si dans la plupart des pays (à l’exception du Turkménistan et de l’Ouzbékistan) il n’existe pas, ou peu, de limitations officielles au mouvement des produits au niveau national, le contrôle de la production et de la commercialisation a toutefois été transféré aux autorités régionales, dont les politiques sont bien souvent en désaccord avec celles du gouvernement fédéral. De ce fait, les politiques en matière d’échanges et de commercialisation peuvent différer considérablement d’une région à l’autre, au sein d’un même pays. Les autorités régionales justifient généralement les restrictions imposées à la circulation des produits par le souci d’assurer la sécurité alimentaire (quotas d’achat) et de protéger les intérêts des producteurs (à travers la fixation d’un prix minimum de vente pour les céréales). Les agriculteurs sont fréquemment dans l’obligation de remplir les quotas d’achat avant de pouvoir vendre librement leurs céréales. De plus, cette année, les restrictions imposées à la circulation des céréales ont bien souvent été intensifiées, les gouvernements régionaux cherchant à récupérer les crédits accordés les années précédentes, ainsi que les impôts et autres arriérés. Les restrictions et barrières aux échanges ont certainement contribué à accroître la corruption, alourdissant de la sorte les coûts de transaction.


2.3 Evolution de la production animale

Sous l’effet du passage d’une économie planifiée à une économie de marché, tous les pays de la CEI ont enregistré une reconversion et une contraction de la production animale et de la consommation des produits de l’élevage. En 1996, le cheptel global des 12 pays de la CEI a fléchi, tout comme la production totale de viande, et ce pour la septième année consécutive. Les effectifs du cheptel bovin total ont reculé d’un tiers depuis 1991 (avec une baisse de 16 pour cent pour ce qui est des vaches), ceux du cheptel porcin d’environ 50 pour cent et le nombre des volailles de 45 pour cent. Si le fléchissement du cheptel bovin a été modéré dans certains pays de la CEI, tels que l’Azerbaïdjan et le Turkménistan (tandis qu’ailleurs, comme en Arménie et dans l’Ouzbékistan, le nombre des vaches a même augmenté), en revanche une forte diminution des effectifs porcins et avicoles a été enregistrée dans tous les pays de la CEI, avec des reculs depuis 1991 oscillant entre 30 à 85 pour cent environ, selon le pays. De récentes enquêtes par sondage ont toutefois mis en évidence une importante sous-comptabilisation du cheptel des exploitations familiales, d’où provient l’essentiel de la production animale des pays de la CEI. Aussi le fléchissement général du secteur de l’élevage n’est-il pas aussi dramatique que les données officielles ne semblent l’indiquer.

La principale raison du fléchissement de la production est qu’à la suite de la libéralisation des prix, les termes de l’échange se sont nettement détériorés concernant le secteur de l’élevage (par exemple, la progression en pourcentage du prix des intrants a été plus forte que celle des prix à la production, puisque dans l’alignement de tous les prix sur les cours mondiaux, les prix des intrants avaient un plus grand retard à rattrapper). Ainsi par exemple, entre 1991 et 1996, en Fédération de Russie, l’augmentation des prix à la production de la viande n’a représenté que 25 pour cent environ du renchérissement des aliments composés pour animaux. Après plusieurs années de réforme, le rapport entre le prix des intrants et les prix à la production a commencé à se stabiliser à un nouveau niveau en 1994-95 (voire même à s’améliorer dans la Fédération de Russie et en Ukraine). Cependant, comme dans la plupart des pays les prix de l’énergie et des combustibles demeurent inférieurs aux cours mondiaux, une ultérieure libéralisation des prix déterminerait une nouvelle détérioration des termes de l’échange dans le secteur agricole.

Le fléchissement de la production animale s’explique également par l’intégration des pays de la CEI dans le marché mondial. La région n’est généralement pas compétitive en matière de production animale par rapport au marché mondial, que ce soit en termes de prix ou sur le plan de la qualité. L’élevage avicole est le secteur le moins compétitif, comme le montre l’envolée des importations dans la Fédération de Russie et leur augmentation sensible en Ukraine, au Kazakhstan, au Turkménistan et en Azerbaïdjan. Les importations de porc ont sensiblement progressé dans la région. La faible compétitivité des producteurs de la CEI résulte principalement de leur productivité limitée et du niveau élevé des coûts de transaction, dû à des infrastructures matérielles et commerciales insuffisantes.

Pour faire face à une concurrence extérieure accrue, les industriels ont notamment abaissé les prix payés aux producteurs nationaux de matières premières. En conséquence de l’affaiblissement des prix offerts par le secteur de la transformation, auquel s’ajoutent les retards de paiement, les éleveurs ont de plus en plus souvent vendu ou échangé directement leurs produits avec les consommateurs. Au Kazakhstan, dans la République kirghize, dans la République de Moldova, en Arménie, en Géorgie et en Azerbaïdjan, plus de 70 pour cent de la production totale de viande commercialisée est désormais vendue sur les marchés de producteurs, ou encore troquée. Dans la Fédération de Russie, ce pourcentage est passé de 30 pour cent en 1994 à 44 pour cent en 1996, tandis qu’au Bélarus il était de 38 pour cent en 1996, le niveau le plus faible de la CEI.

Du fait du caractère périssable de la viande, le volume des produits non transformés susceptibles d’être vendus directement aux consommateurs demeure limité. De petites industries de transformation ont donc récemment vu le jour afin d’accroître la capacité de transformation. Malgré le niveau élevé des coûts de production, et par voie de conséquence des prix auxquels elles vendent leur production, celles-ci desservent avant tout les petits marchés ruraux, où la concurrence des importations est moins forte.

Les aliments pour animaux étant le principal facteur de production et élément de coût de la production de viande dans la CEI, leur pénurie et le recul de l’indice de conversion ont déterminé une baisse de productivité (unité de production par animal) avec des répercussions sensibles sur le secteur de l’élevage. L’une des raisons de l’affaiblissement de l’indice de conversion est que les éleveurs ont fortement réduit leur consommation d’aliments composés coûteux, passant à des produits plus économiques, moins concentrés, mal équilibrés en protéines et autres compléments. Toutefois, dans la Fédération de Russie et en Ukraine, les informations disponibles indiquent un début de stabilisation à la fois de l’indice de conversion et de la productivité animale. La principale raison en est que maintenant que la tendance des prix relatifs n’est plus défavorable aux producteurs, ce processus de substitution va s’interrompre.

Le secteur privé étant pratiquement le seul à être financièrement viable, sa part dans le secteur de l’élevage a fortement augmenté dans tous les pays de la CEI. Il occupe une place beaucoup plus importante dans la production de viande que dans le cheptel. Ainsi, en 1996, dans la Fédération de Russie, le cheptel porcin privé, qui représentait 35 pour cent du total, fournissait 65 pour cent de la production totale de viande de porc; en Ukraine, ces pourcentages étaient respectivement de 45 et 75 pour cent. Le secteur privé a de plus en plus souvent fait fonction de régulateur, ralentissant, sans encore compenser toutefois, la contraction globale du secteur de la production animale. Toutefois, les élevages privés (principalement les petites exploitations familiales) atteignent maintenant leur plafond, en termes tant de croissance de productivité, que d’accroissement des effectifs et de production. C’est essentiellement la raison pour laquelle une augmentation sensible d’efficacité nécessitera d’importantes réformes institutionnelles en matière d’économie agricole et alimentaire, tant pour favoriser la reconversion des anciennes fermes d’Etat et exploitations collectives, que pour utiliser les intrants de façon plus efficace, réduire les coûts et/ou éliminer les obstacles à l’expansion du secteur privé.

La consommation de viande a sensiblement chuté depuis 1991 dans tous les pays de la CEI. La seule exception est la Géorgie, où la production a cessé de fléchir en 1993 et où en 1997 la consommation de viande a été largement supérieure à celle de 1991. Dans la région de la CEI, en 1996, la consommation de viande de boeuf par habitant a été inférieure de 40 pour cent à celle de 1991, tandis que pour la viande de porc et de volaille le recul enregistré a été respectivement de 45 et 30 pour cent. Si la consommation de boeuf et de porc est en diminution constante depuis le début du processus de réforme, celle de viande de volaille a commencé à se stabiliser en 1994 dans la quasi-totalité des pays de la CEI, marquant même une reprise dans certains pays. Ces fléchissements marqués nécessitent une interprétation prudente considérant que la production familiale tend à être fortement sous-estimée.

La principale cause de l’affaiblissement de la demande de viande est la baisse du revenu réel des consommateurs, et donc de leur pouvoir d’achat, suite à la libéralisation des prix et à la détérioration du produit intérieur brut réel. La demande de produits carnés, contrairement à celle de produits de base (pain, pommes de terre), est particulièrement sensible à toute variation de revenus. La demande de viande de volaille et autres de la part des consommateurs de la CEI devrait rester stable au cours des deux prochaines années, pour progresser ensuite régulièrement parallèlement à l’augmentation du produit intérieur brut réel, du revenu des consommateurs et de leur pouvoir d’achat.



 

III. ESTIMATIONS CONCERNANT LA PRODUCTION EN 1997


3.1 Céréales

De fortes motivations continuent de déterminer un phénomène de sous- ou de sur-comptabilisation, et ce à tous les niveaux de la chaîne des céréales. Il s’agit notamment des besoins en numéraire des exploitants, de leur endettement et évasion fiscale, de la nécessité d’améliorer le revenu familial, ou encore de préserver une position d’autorité, comme cela a été analysé de façon plus approfondie à la section 2.

Dans certains Etats de la CEI (comme par exemple dans la Fédération de Russie et en Ukraine), les autorités ont reconnu le problème du sous-enregistrement et s’efforcent donc d’améliorer les méthodes de comptabilisation et d’estimation des récoltes. En attendant, ces pays tentent de minimiser l’incidence d’une telle sous-comptabilisation en procédant à une rectification approximative de certaines estimations officielles concernant la production céréalière. De ce fait, il arrive dans divers pays que des données émanant de différents organes d’un même gouvernement (par exemple le ministère de l’agriculture et le bureau de statistiques) soient en contradiction.

Tenant compte des difficultés statistiques et autres imprécisions indiquées au point 2.1, la mission a pris pour référence les estimations officielles relatives aux superficies ensemencées et à la production céréalière en 1996 pour établir une comparaison avec les prévisions pour 1997, sauf cas particuliers. De la même façon, les estimations de la mission concernant les superficies emblavées en 1997 ont été elles aussi basées sur les estimations officielles, sauf lorsque celles-ci étaient contredites par un consensus d’opinions bien renseignées. Les prévisions relatives au rendement et à la production totale de 1997 sont des estimations élaborées par la mission sur la base des rapports officiels et commerciaux, et de la situation agricole en 1997 par rapport à celle des années précédentes. En cas de distorsions au niveau des données, les raisons en sont analysées dans la section relative au pays concerné. En règle générale, dans les grands Etats, la production de produits agricoles commercialisables tend à être sous-estimée, parfois même de 10 à 20 pour cent ces dernières années. Il est probable que la commercialisation des céréales à travers les circuits "non officiels" (c’est-à-dire échappant aux statistiques) se poursuivra, et ce malgré l’introduction cette année de mesures plus strictes (du fait de l’intensification des efforts déployés par les gouvernements et le secteur privé pour recouvrer les sommes dues au titre des intrants fournis ces dernières années).

3.1.1 Superficie cultivée

Selon les estimations, la superficie totale consacrée aux céréales (céréales et légumineuses) pour la récolte de 1997 a reculé de près d’un million d’hectares, passant à 90 millions d’hectares, et ce en raison exclusivement d’un net fléchissement des emblavures au Kazakhstan (Tableau 1). Dans tous les autres pays, la superficie ensemencée en grains est demeurée stable ou a progressé, et ce malgré le fait: i) que les agriculteurs touchent pour les produits livrés aux autorités nationales ou régionales, des prix souvent inférieurs à ceux du marché; ii) que les équipements utilisés sont de plus en plus souvent dépassés; et iii) que les crédits sur récolte ont un coût élevé qui constitue un frein à la production, bien qu’ils soient peut-être inévitables dans les circonstances actuelles.

Les superficies emblavées sont restées stables ou ont progressé pour des raisons d’ordre économique et/ou sous l’effet des directives gouvernementales. Les prix des céréales vivrières ont augmenté et celles-ci sont plus faciles à commercialiser et à transformer que d’autres produits de base (comme le sucre, par exemple). Lorsque les paiements sont effectués par virements bancaires, plutôt qu’en espèces, on continue de pallier l’inconvénient, du moins partiellement, en employant les céréales comme monnaie d’échange. Utilisées pour payer en nature les ouvriers agricoles et les services essentiels, elles sont également destinées à l’alimentation du cheptel toujours plus nombreux des ménages/secteur privé et permettent de se procurer les fonds si nécessaires à travers des ventes non autorisées à prix réduits. Dans de nombreux Etats, les autorités nationales ou régionales (qui tirent des revenus du commerce des céréales) continuent d’influencer à des degrés divers les décisions en matière de semis. Dans un petit nombre de pays (comme l’Ouzbékistan ou le Turkménistan), les superficies à consacrer aux cultures vivrières et fourragères sont fixées par décret par le gouvernement central et le non-respect des objectifs a un coût élevé.


Tableau 1 - Superficie totale sous céréales dans la CEI, 1996 et 1997 (en milliers d’hectares)
 
Estimations 1996  Prévisions 1997  Variation en %1996-1997 
Total  dont: blé  Total  dont: blé  Total  dont: blé
Arménie  184  102  200  115  +8.  +13
Azerbaïdjan  632  461  655  520  +4  +13
Bélarus  2 733  292  2 894  306  +6  +5
Féd. de Russie  53 388  25 707  53 522  26 000  +1
Géorgie  362  124  440  152  +22  +23
Kazakhstan  17 187  12 280  14 625  11 000  -15  -10
Ouzbékistan  1 741  1 329  1 742  1 423  +7
République kirghize  616  452  687  553  +11  +22
Rép. de Moldova  818  335  908  340  +11  +1
Tadjikistan  383  317  400  353  +4  +11
Turkménistan  489  390  539  470  +10  +20
Ukraine 1/  12 506  5 892  13 857  6 316  +11  +7
Total CEI  91 039  47 681  90 469  47 548  -1  0

La superficie totale consacrée au blé est restée stable, se situant à peine en dessous de 48 millions d’hectares, malgré un recul de 1,3 million d’hectares au Kazakhstan. La superficie sous céréales secondaires n’a pas évolué de façon sensible, couvrant environ 40 millions d’hectares, l’augmentation des semis de maïs compensant le fléchissement des superficies ensemencées en avoine, seigle et mil. Globalement, la tendance de ces dernières années à une expansion des superficies consacrées aux céréales vivrières plus rémunératrices aux dépens des céréales fourragères, semble avoir ralenti, car il est devenu plus rentable d’améliorer la qualité des grains plutôt que d’accroître les semis. Dans la plupart des grands pays, la proportion de blé et de seigle dans les superficies emblavées est demeurée stable ou a fléchi. Dans tous les petits pays à déficit vivrier et dans l’Ouzbékistan, les superficies sous blé ont néanmoins continué de progresser au détriment des céréales fourragères, des fruits, des légumes et des plantes fourragères, avec souvent des conséquences négatives pour l’industrie animale. Les semis de riz et de légumineuses ont régressé, dans ce dernier cas à cause de conditions météorologiques défavorables au moment des opérations d’ensemencement. La superficie consacrée au riz a marqué un léger recul, passant à 0,45 million d’hectares, en raison principalement d’une mauvaise maîtrise de l’eau et de la concurrence exercée par les importations, tandis que les semis de légumineuses ont chuté de 9 pour cent, tombant à 2,6 millions d’hectares.

3.1.2 Rendements

Les conditions de croissance ont été dans l’ensemble très favorables en 1997 jusqu’à l’arrivée en juin de pluies persistantes qui ont duré pendant la plus grande partie de la période de récolte, endommageant les cultures sur pied qui étaient bien meilleures que celles de l’an dernier (campagne agricole 1996). A l’ouest de l’Oural, un long automne et un hiver doux ont favorisé les céréales d’hiver et réduit au minimum les pertes dues au froid. La vague de sécheresse enregistrée en avril/mai dans certaines régions de l’Ukraine a affecté l’implantation des céréales de printemps (notamment celle des légumineuses qui avaient été semées en premier), mais l’arrivée des pluies en juin a limité les dégâts causés aux céréales d’hiver et été favorable plus tard aux semis de printemps. Des pluies supérieures à la normale ont toutefois continué d’arroser les principales zones de culture de l’Ukraine et le sud de la Fédération de Russie (nord du Caucase, région méridionale des terres noires, la vallée centrale et inférieure de la Volga) tout au long du mois de juillet jusqu’en août, provoquant l’apparition de maladies et la détérioration de la qualité des plantes, causant engorgements et inondations localisées, et entravant généralement les opérations de récolte. A l’est de l’Oural, les conditions de végétation ont été inégales; les précipitations ont été inférieures à la moyenne pendant l’automne et l’hiver, puis une période de chaleur au printemps a causé des problèmes de sécheresse dans certaines régions, mais les pluies régulières qui ont suivi ont été bénéfiques aux cultures dans la plupart des régions, Akmola et Altai Krai exceptées, tandis que les conditions météorologiques ont été bonnes pendant la période de récolte.

Des conditions météorologiques plus favorables que pendant la campagne agricole 1996 et un sous-enregistrement de la production moins marqué, ont été les principaux facteurs de la progression de 19 pour cent des rendements céréaliers totaux, à laquelle a également contribué le recours accru aux engrais et aux pesticides, notamment en Ukraine et en Fédération de Russie. Toutefois, en 1997, le rendement moyen par hectare, bien que supérieur à la moyenne enregistrée pendant la période 1992-96, est encore inférieur d’environ 4 pour cent à celui de 1986-90. En outre, on a enregistré ces dernières années un affaiblissement constant de la qualité des céréales, et notamment du taux d’usinage pour les céréales fourragères, dû principalement à l’emploi de semences de mauvaise qualité, à un faible recours aux intrants et à des pratiques culturales moins appropriées. L’origine de tous ces problèmes demeure la situation financière de la plupart des exploitations, en particulier les difficultés de trésorerie et l’absence de garanties pour l’achat des intrants et l’entretien des équipements, des mesures d’incitation insuffisantes et une mauvaise gestion. L’emploi inapproprié des engrais a causé des pertes de fertilité désormais évidentes et un déséquilibre des éléments nutritifs du sol. En raison de la disponibilité réduite de machines agricoles en état de marche, les opérations de semis et de récolte se prolongent au-delà des temps optimaux. Dans les régions irriguées d’Asie centrale, à cause du prolongement de la récolte du coton, il reste plus suffisamment de temps pour procéder à des activités consommatrices de main-d’oeuvre mais nécessaires, telles que le dessalement du sol, avant les semis de blé. De la même façon, dans les zones marginales pluviales, les agriculteurs ont semé sur des terres non labourées. Le mauvais entretien des ouvrages d’irrigation a également eu des répercussions négatives sur les rendements.

3.1.3 Production

Compte tenu des rendements et de l’état des cultures à la mi-octobre, la production 1997 de céréales et de légumineuses pour l’ensemble de la CEI est provisoirement estimée à 150 millions de tonnes (poids nettoyé), soit 18 pour cent de plus que la production de l’année précédente, estimée par la mission à 127 millions de tonnes (Tableau 2). Tous les pays de la CEI devraient engranger cette année des récoltes supérieures ou proches de celles de l’an dernier. L’essentiel de cette progression estimative de 23 millions de tonnes de la production, reflète la reprise enregistrée dans la Fédération de Russie, en Ukraine et dans la République de Moldova, après les récoltes réduites par la sécheresse de l’an passé. La production devrait toutefois marquer une très nette avancée en Géorgie, dans la République kirghize, au Tadjikistan et au Turkménistan, grâce à une certaine amélioration des disponibilités d’intrants et à de meilleures incitations. Une progression plus limitée est attendue en Azerbaïdjan (pays frappé par des inondations) et au Kazakhstan, en raison de difficultés financières et d’une rentabilité incertaine compte tenu des niveaux de rendement enregistrés actuellement dans les zones marginales, ainsi que des problèmes d’approvisionnement en carburant et autres intrants qui ont conduit certains agriculteurs à effectuer des semis sur des terres non préparées à cet effet.
 

Tableau 2 - Production céréalière dans la CEI, 1996 et 1997 (en milliers de tonnes)
 
Estimation 1996  Estimation provisoire 1997 1/  Variation en %1996-1997 
Total  dont: blé  Total  dont: blé  Total  dont: blé
Arménie  328  201  337  220  +3  +9
Azerbaïdjan  1 095  800  1 155  925  +5  +16
Bélarus  5 792  600  6 157  700  +6  +17
Féd. de Russie  73 946  37 500  84 590  44 000  +14  +17
Kazakhstan  11 237  7 678  12 173  8 700  +8  +13
Ouzbékistan  3 561  2 742  3 918  3 120  +10  +14
République kirghize  1 424  1 041  1 700  1 350  +19  +30
Rép. de Moldova  1 898  720  3 014  1 200  +59  +67
Tadjikistan  543  450  600  530  +10  +18
Turkménistan  535  453  741  650  +38  +43
Ukraine  26 118  15 000  34 940  19 000  +34  +27
Total CIS 1/  127 165  67 362  150 145  80 695  +18  +20

Selon les estimations de la mission, la production de blé dans la CEI pourrait augmenter cette année de 13 millions de tonnes (20 pour cent), grâce à de meilleurs rendements pour atteindre 81 millions de tonnes. A elle seule, la production de blé dans la Fédération de Russie et en Ukraine devrait progresser de 7 et 4 millions de tonnes respectivement, tandis que tous les pays attendent une récolte plus abondante avec une nette avancée prévue au Kazakhstan et dans la République de Moldova. La production globale de céréales secondaires devrait également augmenter de près de 10 millions de tonnes (soit 18 pour cent), passant ainsi à 65 millions de tonnes, en raison d’une hausse des rendements associée à une superficie stable. Cette année, la superficie consacrée au maïs a progressé dans les trois principaux pays producteurs. La récolte de riz de 1997 devrait passer de 1,23 million de tonnes à 1,3 million de tonnes grâce à de meilleurs rendements dans la Fédération de Russie. La superficie sous légumineuses est en constante régression depuis 1991 et la production devrait chuter en 1997 à 3,1 millions de tonnes, contre une récolte d’environ 3,3 millions de tonnes en 1996. Il s’agit d’estimations provisoires, sujettes à caution. La récolte de maïs bat encore son plein dans certains pays et les distorsions dans la comptabilisation de la production effective en 1995 et 1996 ajoutent un surcroît d’incertitude. Lorsque cela est possible, l’ampleur probable de la sous-comptabilisation en 1996 est indiquée dans la section de la présente évaluation consacrée à l’analyse de la situation par pays.
 

Tableau 3 - Pays de la CEI: Prévisions relatives à la production 1997 par type de céréales (en milliers de tonnes)
 
Blé  Céréales secondaires  Riz  Légumineuses  Total céréales
Arménie  220  112  337
Azerbaïdjan  925  215  1 155
Bélarus  700  5 007  450  6 157
Féd. de Russie  44 000  38 640  450  1 500  84 590
Kazakhstan  8 700  3 234  222  17  12 173
Ouzbékistan  3 120  341  450  3 918
République kirghize  1 350  331  14  1 700
Rép. de Moldova  1 200  1 754  60  3 014
Tadjikistan  530  41  20  600
Turkménistan  650  35  55  741
Ukraine  19 000  14 850  90  1 000  34 940
TOTAL CEI  80 695  65 070  1 308  3 072  150 145


3.2 Autres cultures vivrières

Les denrées de base non céréalières sont pour l’essentiel produites sur les parcelles familiales/d’appoint et destinées à la consommation du ménage et à la vente directe au comptant sur les marchés de producteurs. Les statistiques officielles ne sont pas vraiment indicatives des tendances du secteur. La superficie consacrée aux pommes de terre et aux légumes est semble-t-il restée stable. Toutefois, dans les régions européennes, un été froid et humide, et des disponibilités monétaires insuffisantes pour l’achat de produits agrochimiques ont favorisé l’apparition de maladies, tandis que, selon les estimations, tant la qualité des récoltes que la production devraient être en baisse. Dans le Caucase, la grêle et des pluies abondantes au printemps ont par ailleurs causé quelques pertes de récolte. En Asie centrale et dans le Caucase également, la superficie consacrée aux légumes a continué de fléchir en raison du caractère inadéquat ou inapproprié des installations de transformation et à la suite d’un net recul de la demande d’exportations. Néanmoins, la superficie cultivée semble être restée stable globalement, grâce à une progression des semis dans les plus grands pays. Pommes de terre, fruits et légumes occupent depuis quelques années une place plus importante dans le régime alimentaire, du fait de la hausse du prix du pain qui a suivi la suppression des subventions à la consommation.

La superficie consacrée à la betterave à sucre a fortement diminué à cause principalement de la faible rentabilité de cette culture par rapport aux oléagineux et aux céréales, et de l’existence d’excédents en Ukraine depuis que l’accès au marché russe est limité par un système de quotas et de tarifs. Cela étant, la production devrait être légèrement supérieure à la récolte réduite par la sécheresse de l’an dernier, mais la teneur en sucre sera probablement inférieure. La récolte de graines de tournesol, réduite par des pluies trop abondantes, devrait elle aussi marquer une progression marginale par rapport au mauvais résultat enregistré l’année passée. Selon les indications, la superficie consacrée au coton n’aurait reculé que de 1 pour cent, tandis que la production pourrait marquer une avancée de l’ordre de 1 million de tonnes grâce à une certaine amélioration des disponibilités en engrais et à de meilleures incitations au Turkménistan et dans l’Ouzbékistan.


3.3 Production animale

Cette année, l’augmentation de la récolte céréalière dans l’ensemble de la région et le pourcentage élevé de céréales fourragères dans la production de blé (dans la Fédération de Russie et en Ukraine) détermineront très probablement une contraction du prix des céréales fourragères, avec la mise en circulation vers la fin de l’automne de quantités plus importantes de ces produits. La stabilisation du coût des aliments fourragers devrait être favorable au secteur de l’élevage, notamment de porcs et de volailles, ralentissant de la sorte sa contraction en 1997/98, une ultérieure détérioration des indices de conversion étant peu probable. Il convient également de souligner que l’amélioration de ces indices a été plus marquée sur les parcelles et dans les exploitations familiales, et ce principalement parce que ces producteurs sont plus motivés en termes de profit. Comme la part de la production totale de viande provenant des producteurs privés a augmenté dans tous les pays de la CEI, une amélioration constante de l’indice de conversion, et donc de la productivité animale, est probable à court terme.

Les perspectives à court terme indiquent un nouveau fléchissement de la production animale en 1997, moins rapide toutefois que pendant la période 1992-1995, tendant peut-être vers une stabilisation au tournant du siècle, à condition que pour les éleveurs des plus grands Etats les termes de l’échange demeurent stables ou s’améliorent. Si dans divers petits pays, à savoir Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie, on enregistre une stabilisation (voire un accroissement) du cheptel (non porcin) et de la production, en revanche les effectifs et la production continuent de fléchir dans les grands Etats, surtout au Kazakhstan, en Ukraine et dans la Fédération de Russie (Tableau 4). Les chiffres totaux masquent également la mesure dans laquelle la progression de la production animale dans le secteur privé a partiellement (mais pas totalement) compensé un recul plus marqué des effectifs du cheptel et de la production au niveau des grandes exploitations. Par ailleurs, de récentes enquêtes par sondage ont mis en évidence une importante sous-estimation des cheptels familiaux qui se répercute également sur la production globale de viande, de lait et d’oeufs.


Tableau 4 - Pays de la CEI: Cheptel et production animale dans le secteur privé
 
1991  1996  1997 
Toutes 
exploitat. 
Secteur 
privé 
Secteur 
privé en % 
Toutes 
exploitat. 
Secteur 
privé 
Secteur 
privé en % 
Toutes 
exploitat. 
Secteur 
privé 
Secteur privé en %
CHEPTEL  (. .. en milliers de têtes. . .)  (. .. en milliers de têtes. . .)  (. .. en milliers de têtes. . .) 
Bovins  111 223  24 037  22  81 035  28 894 1 36  73 823  na  na
dont : 
Vache  39 903  13 241  33  35 909  17 210 1 49  33 713  na  na
Porcins  70 864  15 797  22  43 113  17 447 1 40  37 465  na  na
Ovins et caprins  140 175  37 928  27  80 869  40 989 1 52  68 792  na  na
Volailles  1 166 800  410 374  35  697 900 1 323 376 1 46  636 130  na  na
PRODUCTION  (. .. en milliers de têtes. . .)  (. .. en milliers de têtes. . .)  (. .. en milliers de têtes. . .) 
Viande  17 580  5 504  31  10 157  5 936  58  9 460  5 975  63
dont: 
Boeuf & veau  7 857  1 509  19  5 117  2 416  47  4 750  na  na
Porc  5 584  2 339  42  3 024  2 136  71  2 854  na  na
Agneau/chevreau  908  420  46  697  527  76  629  na  na
Volaille  2 993  1 114  37  1 110  579  52  1 040  na  na
Lait (million tonnes)  96  29  30  68  37  54  64  37  58
Oeufs (milliards unités)  77  21  27  49  21  43  48  23  48

Sur la base du cheptel recensé au 1er janvier 1997 et de l’évolution des effectifs et de la production au cours des six premiers mois de l’année, telle qu’elle apparaît des statistiques officielles, la production totale de viande dans la CEI pourrait continuer de fléchir d’environ 7-8 pour cent en 1997, principalement en raison d’une nouvelle régression dans les plus grands pays producteurs de viande (Tableau 5). Selon les prévisions, la production de 1997 devrait être inférieure d’environ 45 pour cent à celle de 1991, mais il se peut que l’ampleur de ce recul soit exagérée.

Selon les prévisions, le fléchissement de la production de lait devrait ralentir pour s’établir autour de 5-6 pour cent, reflétant un affaiblissement constant en Ukraine et, mais dans une moindre mesure, au Kazakhstan et dans la Fédération de Russie. Dans ce dernier pays et en Ukraine, la moitié environ de la production provient encore des grandes exploitations où une faible productivité et des coûts de manutention et de production élevés réduisent les profits. Pour la plupart des autres pays, Turkménistan exclu, les prévisons indiquent une stabilisation, voire un accroissement de la production de lait en 1997. On prévoit également un recul de 33 pour cent de la production gloable de lait par rapport à 1991, mais l’importance du fléchissement attendu est probablement surestimée.

Selon les indications, la tendance à la baisse de la production et de la productivité dans le secteur avicole devrait désormais s’inverser dans bon nombre des pays de la CEI. Dans la Fédération de Russie et au Kazakhstan, les anciens grands élevages de volailles gérés par l’Etat ont connu une régression constante, cessant même dans bien des cas de fonctionner. Néanmoins, de nouveaux élevages avicoles sont actuellement mis en place à partir des anciens élevages d’Etat, mais avec une orientation commerciale et des coûts de production nettement inférieurs. Nullement compétitifs face aux importations de volailles congelées, ces élevages desservent principalement les petits centres industriels et les zones rurales, auxquels ils fournissent essentiellement de la viande réfrigérée, pour laquelle il existe une forte demande. Cette tendance de l’industrie avicole aura des effets positifs sur la production d’oeufs, qui pourrait se stabiliser en 1998.

Dans les plus grands pays, le secteur de l’élevage pourrait commencer à se stabiliser dans les trois prochaines années, lorsque la tendance à une amélioration (ou du moins à une stabilisation) des termes de l’échange pour les éleveurs, amorcée dans la Fédération de Russie en 1995/96, s’étendra au reste de la région. Dans divers pays, comme le Bélarus, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, l’industrie échappe encore largement aux forces du marché, d’où la nécessité d’une reconversion. Comme dans ces pays l’Etat tend à réduire son aide, une restructuration et des ajustements profonds sont probables pour l’avenir. Par ailleurs, les coûts de l’énergie continuant d’être subventionnés dans de nombreux pays, un nouvel ajustement des termes de l’échange est également attendu. Des investissements substantiels dans la capacité de transformation, l’infrastructure commerciale et le savoir-faire, vont également être nécessaires pour rendre ce secteur plus compétitif face aux importations. Quoi qu’il en soit, la croissance du PIB et le renforcement du pouvoir d’achat des consommateurs devraient déterminer une augmentation de la demande pour les produits de l’élevage et stimuler la production animale, comme cela s’est déjà produit dans certains petits pays.
 

Tableau 5 - Cheptel et produits de l’élevage dans la CEI, 1991 - 97
 
  ARM  AZE  BEL  GEO  KAZ  KYR  MOL  RUS  TAJ  TUR  UKR  O UZB  Total CIS
  Cheptel, 1er janvier (en milliers de têtes) 
Bovins                           
1991  600  1 800  7 000  1 300  9 757  1 200  1 100  57 043  1 400  800  24 623  4 600  111 223
1996  500  1 600  5 000  1 000  6 562  869  700  39 700  1 147  1 200  17 557  5 200  81 035
1997  530  1 770  4 850  1 050  5 527  814  600  35 800  1 082  1 200  15 600  5 000  73 823
Variat. % 97/91  - 12  - 2  - 31  - 19  - 43  - 32  - 45  - 37  - 23  50  - 37  - 34
Vaches                           
1991  200  700  2 400  600  3 368  500  400  20 557  600  300  8 378  1 900  39 903
1996  300  800  2 100  500  2 975  471  400  17 400  532  600  7 531  2 300  35 909
1997  280  780  1 950  570  2 594  445  360  16 200  514  580  7 200  2 240  33 713
Variat. % 97/91  40  11  - 19  - 5  - 23  - 11  - 10  - 21  - 14  93  - 14  18  - 16
Porcs                           
1991  300  200  5 100  900  3 223  400  1 800  38 314  200  300  19 427  700  70 864
1996  100  30  3 900  400  1 515  118  1 000  22 600  100  13 144  200  43 113
1997  77  30  3 700  480  1 073  83  960  19 500  50  11 400    37 465
Variat. % 97/91  - 74  - 85  - 27  - 47  - 67  - 79  - 47  - 49  - 99  - 83  - 41  - 84  - 47
Ovins et caprins                         
1991  1 200  5 400  400  1 600  35 661  10 000  1 300  58 195  3 300  5 500  8 419  9 200  140 175
1996  600  4 600  300  700  18 600  4 275  1 400  28 000  2 494  6 500  4 100  9 300  80 869
1997  600  4 670  200  350  13 900  3 457  1 500  23 600  2 235  6 600  2 950  8 730  68 792
Variat. % 97/91  - 50  - 14  - 50  - 78  - 61  - 65  15  - 59  - 32  20  - 65  - 5  - 51
Volailles (millions)                         
1991  29  51  22  60  14  25  660  246  36  1 167
1996  13  40  14  20  15  423  na  150  14  6981/
1997  13  37  15  12  16  385  na  140  10  6361/
Variat. % 97/91  - 68  - 57  - 27  - 31  - 79  - 87  - 35  - 42  na  - 46  - 43  - 72  - 45
  Production (en milliers de tonnes) 
Total viande                           
1991  85  154  1 065  137  1 524  230  303  9 375  86  100  4 029  492  17 580
1996  50  85  623  133  855  186  131  5 336  50  105  2 113  490  10 157
1997  51  89  600  145  765  192  130  5 000  46  97  1 900  445  9 460
Variat. % 97/91  - 40  - 42  - 44  - 50  - 17  - 57  - 47  - 47  - 3  - 53  - 10  - 46
Boeuf et veau                         
1991  32  63  530  43  724  87  96  3 989  48  44  1 878  323  7 857
1996  31  43  277  52  450  87  39  2 630  26  48  1 048  386  5 117
1997  31  45  255  58  415  89  38  2 500  23  45  900  351  4 750
Variat. % 97/91  - 3  - 29  - 52  35  - 43  - 60  - 37  - 52  - 52  - 40
Porcs                           
1991  17  381  55  274  33  145  3 190  1 421  44  5 584
1996  273  39  110  28  63  1 705  789  3 024
1997  280  42  106  29  63  1 580  740  2 854
Variat. % 97/91  - 71  - 89  - 27  - 24  - 61  - 12  - 57  - 50  - 83  - 89  - 48  - 86  - 49
Agneau et chevrau                         
1991  34  270  71  347  21  36  40  62  908
1996  25  15  176  54  230  18  50  32  83  697
1997  27  16  145  56  200  17  46  29  78  629
Variat. % 97/91  - 22  - 21  - 33  100  - 46  - 21    - 42  - 19  28  - 28  26  - 31
Volaille                           
1991  26  48  141  26  185  29  56  1 751  10  654  60  2 993
1996  15  63  22  43  24  690  218  14  1 110
1997  16  58  27  37  24  650  200  1 040
Vaiation % 97/91  - 69  - 67  - 59  - 80  - 86  - 57  - 63  - 50  - 57  - 69  - 87  - 65
Lait (millions tonnes)                         
1991  0.4  0.9  6.8  0.6  5.6  1.1  1.3  52.0  0.6  0.5  22.4  3.3  96.0
1996  0.4  0.8  4.9  0.5  3.5  0.9  0.7  35.8  0.4  0.7  15.9  3.4  68.0
1997  0.5  0.9  5.0  0.6  3.0  0.9  0.7  34.0  0.3  0.6  14.8  3.3  64.0
Vaiat. % 97/91  25  0.0  - 26  0.0  - 46  - 18  - 46  - 35  - 50  20  - 34  0.0  - 33
Oeufs (milliards unités)                         
1991  0.5  1.0  3.7  0.6  4.1  0.7  1.1  46.9  0.5  0.3  15.2  2.3  76.9
1996  0.2  0.5  3.4  0.4  1.3  0.2  0.6  31.9  0.0  0.3  8.8  1.1  48.7
1997  0.2  0.5  3.5  0.4  0.9  0.2  0.6  31.8  0.0  0.2  8.6  0.9  47.8
Variat. % 97/91  - 60  - 50  - 5  - 33  - 78  - 71  - 45  - 32  - 100  - 33  - 43  - 61  - 38
1/ Tadjikistan exclu.





 

IV. EVOLUTION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE DE PRODUITS ALIMENTAIRES DE BASE EN 1996/97 ET PREVISION CONCERNANT LES BESOINS D’IMPORTATIONS CEREALIERES EN 1997/98


4.1 Situation générale

La forte tendance à la baisse des approvisionnements alimentaires commence à s’inverser. On enregistre actuellement dans plusieurs pays une croissance du PIB, bien qu’à partir de niveaux inférieurs de plus de moitié à ceux de la période précédant la transition vers une économie de marché. Les besoins d’aide alimentaire et le nombre de personnes vulnérables nécessitant une aide alimentaire sélective ont nettement diminué. La situation demeure néanmoins précaire au Tadjikistan, tandis que dans le nord du Caucase les besoins humanitaires et de reconstruction sont considérables et qu’une aide humanitaire demeure nécessaire dans tous les pays. L’amélioration de la situation des approvisionnements masque toutefois le véritable problème: le niveau de chômage et de sous-emploi toujours élevé de la région et le grand nombre de ceux qui vivent chichement de leurs très maigres revenus. Sept pays de la CEI, pour une population totale de 53 millions d’habitants, sont actuellement classés comme pays à faible revenu, avec un PIB annuel par habitant inférieur à 1 465 dollars E.-U. (soit 28 dollars E.-U. par semaine) et un revenu disponible encore plus réduit.

L’amélioration de la situation des approvisionnements alimentaires est due principalement: i) à une adhésion suivie aux réformes macro-économiques qui ont permis de contenir l’inflation, ii) à la libéralisation des prix et du marché qui a eu pour effet de stabiliser l’offre et la demande de produits alimentaires à des niveaux sensiblement inférieurs, et iii) aux stratégies adoptées par la population pour faire face à la forte diminution du revenu et de la ration alimentaire. On enregistre depuis 1991 une forte augmentation de la production de pommes de terre, fruits, légumes, viande, lait, oeufs et céréales dans le secteur privé/familial. La production vivrière et la commercialisation des produits alimentaires par le secteur privé, de même que les importations, notamment de produits de l’élevage et de denrées transformées, ont contribué à contrebalancer le recul de la production intérieure commercialisée provenant des grandes exploitations. Elles ont également permis de concurrencer la coûteuse industrie de transformation nationale.

Les modèles de consommation alimentaire, qui ont radicalement changé entre 1990 et 1994 sous l’effet de la baisse des revenus réels et de la suppression des aides à la production et à la consommation dans la plupart des pays, semblent se stabiliser, et ce essentiellement grâce à la stabilisation des revenus réels. Selon les indications, la forte diminution de la part des produits de l’élevage dans le régime alimentaire, pendant la première moitié des années 90, semble ralentir. Dans la Fédération de Russie, même les ventes au détail de produits élastiques par rapport au revenu comme la viande, les saucisses, le fromage et les oeufs, ont augmenté en 1996.

Le choc économique initial de la transition (et, pour de nombreux petits pays, la perte d’aides budgétaires importantes de la part de Moscou) a été en grande partie absorbé. L’adoption de politiques permettant de contenir l’inflation a contribué à stabiliser le pouvoir d’achat qui demeure néanmoins très faible pour une grande partie de la population, dans chaque pays. Le principal problème reste celui de l’accès aux denrées alimentaires, et non pas celui de leur disponibilité. Les prix des produits alimentaires sur le marché sont très élevés par rapport aux salaires, reflétant des carences structurelles au niveau des systèmes de production, transformation, commercialisation et transport, ainsi que des systèmes bancaire et juridique, qui devront être comblées, ce qui demandera des années.

Si les approvisionnements alimentaires de la CEI demeurent globalement suffisants pour répondre à la demande réelle, on relève toutefois de grandes inégalités aussi bien entre les pays qu’au sein même des pays. Au Tadjikistan, plus de 16 pour cent de la population dépend pour sa survie d’une aide d’urgence. Sous l’effet des réformes du marché et de l’essor du secteur privé, les inégalités de revenu à l’intérieur des pays ont considérablement augmenté. Une fraction, limitée mais grandissante, de la population peut se permettre un régime alimentaire très varié, mais la grande majorité, dans les villes comme en milieu rural, doit encore consacrer une partie importante de ses revenus à l’achat de denrées de base. Le processus de réforme n’a pas été bénéfique à tous les secteurs de la population. Si les marchés urbains sont de mieux en mieux approvisionnés en produits alimentaires (souvent importés), en revanche dans les zones rurales au faible potentiel ou dans les villes industrielles de régions défavorisées, les approvisionnements se sont considérablement détériorés en qualité comme en quantité, avec des prix fréquemment inaccessibles pour les habitants (souvent au chômage ou non payés). De plus, dans la plupart des pays, la transition a comporté pour la plus grande partie de la population, une baisse du niveau de vie, non seulement sur le plan alimentaire, mais aussi pour ce qui est de la disponibilité et de la qualité de tous les services sociaux essentiels, y compris les soins de santé de base, l’éducation, les soins aux nécessiteux. Bien que leur nombre se soit réduit, tous les pays continuent de compter des groupes vulnérables, généralement des ménages ou des individus au revenu insuffisant, sans moyens de production, en mauvaise santé ou encore dans l’incapacité de se procurer de quoi avoir une alimentation quoditienne adéquate, qu’il s’agisse de retraités, d’handicapés, de réfugiés, de personnes déplacées à l’intérieur du pays, de familles mono-parentales ou d’individus dépendant d’institutions soumises à des restrictions budgétaires.


4.2 Situation de l’offre et de la demande de céréales

Si les prévisions actuelles concernant la récolte se confirment, la tendance à la baisse de l’utilisation des céréales, constante depuis 1992, pourrait se renverser. L’utilisation des céréales ne devrait continuer à fléchir, mais marginalement, qu’au Kazakhstan, en raison du faible niveau des stocks d’ouverture et d’une récolte en faible progression. En Arménie, en Géorgie et dans la République kirghize - pays plus avancés que la plupart des autres en matière de privatisation des terres et de libéralisation du marché céréalier - ce renversement de tendance s’est produit en 1996/97. Néanmoins, selon les estimations, l’utilisation globale de céréales dans la CEI en 1997/98 devrait être en recul de 91 millions de tonnes (35 pour cent) par rapport à 1992/93.

La contraction enregistrée ces dernières années a concerné essentiellement l’utilisation fourragère des céréales et dans une bien moindre mesure la réduction des pertes, notamment dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier. Dans les plus grands Etats, les pertes semblent plutôt en augmentation, du fait que des volumes toujours plus importants de céréales sont stockés à la ferme, dans de mauvaises conditions, pour éviter les circuits officiels et les lourdes charges imposées par les silos élévateurs.

Il demeure difficile d’estimer l’évolution réelle de la consommation humaine de céréales, car les chiffres de référence étaient gonflés par un important volume de déchets et par la pratique de nourrir les animaux avec du pain. Cette pratique subsiste encore dans certains pays exportateurs de céréales, à cause des écarts de prix entre les aliments concentrés pour animaux et le pain. Le pain, les pâtes et les pommes de terre revêtent certainement une plus grande importance, mais d’après les chiffres officiels, la consommation par habitant de pain et de produits à base de pain n’a augmenté qu’au Kazakhstan (18 pour cent de plus qu’en 1991), où dans les régions du nord le pain et la viande constituent des denrées de base, et dans la Fédération de Russie (1 pour cent). Dans la plupart des autres pays, la consommation de pain et de produits à base de pain a fléchi, toujours selon les chiffres officiels. Les données concernant la production de farine des grandes meuneries sont de moins en moins indicatives de la production totale, puisque les petites meuneries privées prolifèrent et que les échanges internationaux de farine sont considérables.

En 1996/97, les disponibilités globales de céréales ont fléchi selon les estimations d’environ 13 pour cent, passant de 172 à 151 millions de tonnes, en raison principalement d’un niveau sensiblement réduit des stocks d’ouverture et d’un recul des importations. La production de céréales n’a baissé que de 2 millions de tonnes (sur la base d’une production céréalière 1996 supérieure de 6 millions de tonnes aux estimations officielles). L’affaiblissement des stocks d’ouverture est dû en partie au recul des importations enregistré en 1995/96 à la suite de la hausse des cours mondiaux des céréales, mais aussi au niveau élevé des coûts de stockage dans les pays où les silos élévateurs ont été privatisés ou appliquent des tarifs commerciaux pour le stockage des grains, notamment en Fédération de Russie, au Kazakhstan, dans divers petits Etats, et surtout en Ukraine. Non seulement les négociants privés maintiennent au plus bas le niveau des stocks, mais ils préfèrent un taux de roulement important dans les silos. De nouveaux prélèvements sur les stocks ont été effectués en fin d’année, notamment en Ukraine, en République de Moldova et au Turkménistan, après de mauvaises récoltes, ainsi qu’au Kazakhstan. Dans l’Ouzbékistan, des importations volumineuses en 1996 ont permis de reconstituer les stocks. Dans la plupart des petits pays, les stocks semblent être restés relativement stables, à un faible niveau.

En 1996/97 les importations totales de céréales auraient reculé de plus de 3 millions de tonnes, tombant à 8,5 millions de tonnes (dont quelque 5 millions de tonnes provenant de l’intérieur de la CEI). Les importations à partir de pays n’appartenant pas à la CEI ont diminué de 1,2 million de tonnes, passant à un volume estimatif de 3,5 millions de tonnes, dont 2,7 millions de tonnes de blé, 0,5 million de tonnes de riz et 0,3 million de tonnes de céréales secondaires. L’affaiblissement du pouvoir d’achat et la pénurie de devises ont freiné les importations commerciales de la plupart des pays, tandis que certaines livraisons d’aide alimentaire liées à des programmes ont été remplacées par une aide budgétaire directe. Les livraisons au titre de l’aide alimentaire sont tombées à 0,5 million de tonnes, contre 1,3 million de tonnes l’année précédente. On estime que les exportations totales ont chuté de 2,4 millions de tonnes, pour s’établir à 6,4 millions de tonnes, dont 1,4 million de tonnes vers des pays hors CEI, principalement de blé et/ou d’orge destinés à la Pologne, à Israël, à l’Arabie saoudite et à la Turquie. Selon les estimations, la région, qui importait autrefois du marché mondial plus de 25 millions de tonnes de céréales par an, a été en 1996/97 un importateur net d’à peine 2 millions de tonnes.

Le fléchissement des disponibilités en 1996/97 a causé une nouvelle contraction de 12 millions de tonnes dans l’utilisation des céréales fourragères, qui est ainsi tombée à 58 millions de tonnes. Selon les estimations, la consommation humaine de céréales n’aurait que très légèrement progressé. Un renforcement global des autres utilisations a été enregistré, sous l’effet de l’augmentation des volumes utilisés pour les semis, des pertes au moment du stockage et des quantités destinées à la distillation en Ukraine. Le recul des disponibilités s’est également traduit par des prélèvements sur les stocks et un affaiblissement des exportations.

En 1997/98, les disponibilités totales de la CEI pourraient augmenter de 10 pour cent, soit 15 millions de tonnes, passant ainsi à un volume estimatif de 166 millions de tonnes, avec un excédent particulièrement important de céréales fourragères par rapport aux besoins et des disponibilités plutôt limitées de céréales pour la consommation humaine. Cette dernière pourrait marquer une légère avancée par rapport au volume d’environ 40 millions de tonnes enregistré l’année précédente. Le niveau d’utilisation comme semences pourrait demeurer relativement stable, considérant d’une part que les agriculteurs font un plus grand usage de leurs propres semences afin de réduire au minimum les coûts relatifs au crédit et à l’achat d’intrants, et d’autre part que le taux de mise hors production des terres marginales est en augmentation. Les pertes devraient continuer de croître en raison des efforts déployés pour maximiser les revenus en numéraire (en entreposant les grains à la ferme dans des installations inadaptées). On prévoit également un plus grand usage industriel de céréales fourragères. L’utilisation des céréales pour l’alimentation des animaux devrait augmenter pour la première fois depuis 1992/93, grâce à un renforcement de la production animale à travers une alimentation plus intensive, notamment dans le secteur de l’élevage porcin et avicole. La demande réelle de céréales fourragères demeure toutefois limitée du fait de la constante diminution des effectifs du cheptel dans les grandes exploitations. Ce fléchissement n’est que partiellement compensé par l’accroissement limité du nombre des animaux élevés dans les exploitations familiales, qui font l’objet d’une consommation réduite du fait d’un tassement de la demande. Comme les coûts élevés que comporte la circulation des céréales constituent également un frein à la demande d’exportations, un volume encore plus important de blé fourrager devrait être destiné cette année à la consommation humaine. En Ukraine, les normes relatives au blé de qualité alimentaire ont d’ores et déjà été abaissées. En Fédération de Russie, les budgets régionaux devraient entraver les importations, tandis que dans l’Ouzbékistan et au Turkménistan, la demande d’importations est en baisse sous l’effet de récoltes plus abondantes. Il pourrait également y avoir un renforcement des stocks céréaliers, notamment dans les zones où les silos élévateurs sont encore sous contrôle de l’Etat. L’Ukraine et la République de Moldova (ainsi que dans une moindre mesure la Fédération de Russie) devraient reconstituer leurs stocks après le mauvais résultat des récoltes enregistré l’an dernier et parce que le potentiel d’exportation est supérieur à la demande d’exportations aux prix actuels.


4.3 Prévisions concernant les importations et les exportations de céréales en 1997/98

En raison d’une récolte plus abondante, les importations céréalières totales de la CEI sont provisoirement estimées à 7,1 millions de tonnes, commerce intra-CEI compris, soit un recul de quelque 1,4 million de tonnes par rapport aux importations de 1996/97 (Tableau 6). Ce fléchissement reflète une contraction de la demande d’importations pour le blé destiné à la consommation humaine dans l’Ouzbékistan, après les achats volumineux et la reconstitution des stocks effectués en 1996, un abaissement du pouvoir d’achat qui se répercutera sans doute sur la qualité du blé acheté par la population, à l’exception des citoyens les plus nantis, et enfin le recul de la demande d’importations de céréales fourragères dans les plus grands Etats. L’affaiblissement de la demande d’importations céréalières devrait concerner principalement les importations provenant de pays hors CEI, qui pourraient tomber de 3,5 à 2,9 millions de tonnes. Les échanges de blé intra-CEI devraient chuter de 0,5 million de tonnes pour s’établir à 3,5 millions de tonnes, tandis que pour les céréales secondaires ils tomberont à 0,6 million de tonnes sous l’effet d’une diminution des besoins d’importation en Fédération de Russie.



Tableau 6 - Besoins d’importations céréalières de la CEI en 1997/98 par rapport à 1996/97 (en milliers de tonnes)
 
Prévisions pour 1997/98  Prévisions pour 1996/97 
Blé  Céréales secondaires  Total Céréales 1/  Blé  Céréales secondaires  Total Céréales 1/ 
Total dont en provenance de:  Total dont en proveance de:  Total dont en provenance de:  Total  dont en provenance de:  Total dont en provenance de:  Total dont en provenace de: 
étranger  CEI  étranger  CEI  étranger  CEI  étranger  CEI  étranger  CEI  étranger  CEI
Arménie  330  325  340  335  345  342  355  352  3
Azerbaïdjan  425  210  215  435  215  220  475  255  220  485  265  220
Bélarus  700  100  600  165  40  125  868  141  727  730  25  705  95  30  65  828  56  772
Géorgie  400  388  12  405  393  12  500  485  15  505  490  15
Kazakhstan  15  15  16  16
Ouzbékistan  900  350  550  46  19  27  960  380  580  1 275  700  575  33  20  13  1 320  730  590
Rép. kirghize  97  65  32  15  15  116  68  48  106  20  86  17  17  127  23  104
Rép. de Moldova  60  48  12  30  30  98  52  46  60  50  10  40  40  118  64  54
Tadjikistan  295  135  160  299  137  162  252  93  159  258  97  161
Turkménistan  550  100  450  559  103  456  500  92  408  29  28  531  122  409
Ukraine  100  100  15  15  155  136  19  58  50  107  89  18
Total Importations  5 857  2 321  3 536  752  114  638  7 100  2 900  4 200  6 736  2 712  4 024  1 232  307  925  8 500  3 526  4 974
dont en provenance de: 
Kazakhstan  2 430  270  2 714  2 500  581  3 093
Féder. de Russie  567  70  646  472  19  503
Ukraine  429  190  621  922  235  1 157
Géorgie  50  50  50  50
Rép. de Moldova  108  108  20  20  40
Ouzbékistan  10  11  10  11
Bélarus  70  70
Autres CEI  50  50  50  50
Total  3 536  638  4 200  4 024  925  4 974
Source: FAO
1/ Riz inclus.

L’essentiel des besoins d’importations céréalières continue de porter sur le blé destiné à l’alimentation humaine. Selon les prévisions, les importations totales de blé baisseront de 0,8 million de tonnes, pour se situer à 5,9 millions de tonnes, dont 3,5 millions de tonnes d’échanges intra-CEI, provenant essentiellement du Kazakhstan, de la Fédération de Russie et d’Ukraine. Les importations de blé en provenance de l’extérieur de la CEI devraient fléchir de 0,4 million de tonnes, tombant ainsi à 2,3 millions de tonnes de blé de haute qualité destiné à améliorer la production locale. Les importations de céréales secondaires sont provisoirement établies à 0,8 million de tonnes, contre un volume de 1,2 million de tonnes importé l’an dernier. Ces importations devraient provenir pour l’essentiel de l’intérieur de la CEI (Kazakhstan, République de Moldova, Fédération de Russie et Ukraine), avec quelques importations de maïs venant de pays hors CEI. Les importations de riz qui ont rapidement progressé ces dernières années, devraient rester stables à 0,5 million de tonnes, considérant l’augmentation de la production dans la Fédération de Russie.

Les importations de céréales ne devraient baisser de façon marquée par rapport à l’an dernier qu’en Géorgie, dans l’Ouzbékistan et au Turkménistan où des difficultés dans le commerce de troc et une pénurie de devises maintiennent les importations à un niveau légèrement inférieur aux besoins enregistrés en 1996. Ailleurs, elles devraient demeurer proches des volumes de l’année passée, voire marquer un léger recul, dans la plupart des pays.

Il est difficile d’établir des prévisions quant au volume des exportations de céréales à l’extérieur de la CEI. Les disponibilités exportables de blé et d’orge fourragers sont considérables, avec près de 15 millions de tonnes. Toutefois, la forte concurrence internationale, le niveau élevé des coûts de manutention des céréales, les problèmes de transport et la faiblesse des installations portuaires devraient maintenir les exportations effectives autour de 3,8 millions de tonnes, dont 2,8 millions de tonnes d’orge et le restant de blé.

Les besoins totaux d’importations céréalières en 1997/98 des pays à faible revenu et à déficit vivrier de la CEI (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, République kirghize, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan) sont estimés à 3,1 millions de tonnes, contre des importations réelles d’un peu plus de 3,6 millions de tonnes en 1996/97. Malgré l’augmentation de la production de blé cette année et le développement rapide du commerce privé dans les pays du Caucase et dans la République kirghize, les livraisons au titre de l’aide alimentaire aux pays à faible revenu et à déficit vivrier pourraient être supérieures à celles effectuées en 1996/97 (Tableau 7). L’aide de la CE aux pays économiquement faibles sera maintenue sous la forme d’un soutien budgétaire direct, tandis que les allocations des Etats-Unis devraient rester stables au niveau de l’an passé. Le soutien budgétaire fourni par la CE est subordonné à la mise en oeuvre de réformes spécifiques dans chaque pays. Au Tadjikistan, les besoins d’aide alimentaire resteront sans doute considérables. En outre, il ne faut pas négliger l’aide alimentaire nécessaire encore aujourd’hui au bien-être des populations vulnérables, dans tous les pays.
 

Tableau 7 - Importations céréalières de la CEI: volume total, importations commerciales et aide alimentaire
 
1995/96  1996/97  1997/98 (Prévisions) 
Total  Comm.  Aide alim.  Total  Comm.  Aide alim.  Total  Comm.  Aide alim. 1/
Arménie  316  56  260  355  250  105  340  286  54
Azerbaïdjan  578  403  175  485  455  30  435  389  46
Bélarus  987  987  828  827  868  867  1
Féd. de Russie  6 187  6 147  40  3 850  3 797  53  2 865  2 825  40
Géorgie  584  193  391  505  409  96  405  281  124
Kazakhstan  30  30  16  16  0
Ouzbékistan  1 627  1 627  1 320  1 320  958  958  0
Rép. kirghize  248  94  154  127  108  19  116  38  78
Rép. de Moldova  149  96  53  118  69  49  98  39  59
Tadjikistan  425  265  160  258  161  97  299  162  1372/
Turkménistan  388  282  106  531  531  559  559  0
Ukraine  162  161  107  100  154  149  5
TOTAL CEI  11 681  10 341  1 340  8 500  8 043  457  7 097  6 553  544



 

V. RECAPITULATIF PAR PAYS

5.1 Arménie

La production de céréales et de légumineuses de 1997 est provisoirement estimée par la FAO à près de 340 000 tonnes, malgré les dégâts que les inondations et la grêle ont causés localement aux cultures. Ce résultat est proche du bon niveau enregistré l’an dernier, l’affaiblissement des rendements ayant été compensé par une forte expansion des superficies ensemencées, qui ont atteint 200 000 hectares selon les estimations officielles. Les semis de blé d’hiver ont augmenté de 13 pour cent sous l’effet des incitations par les prix et de la concession aux agriculteurs de 16 000 hectares supplémentaires de terres appartenant à l’Etat. Les estimations de la mission concernant la production sont supérieures (de 10 pour cent) aux estimations officielles, une enquête par sondage sur la production des exploitations privées en 1996 ayant mis clairement en évidence une importante sous-comptabilisation de la production de blé. Cette enquête a montré que dans les exploitations privées les rendements sont restés dans l’ensemble comparables à ceux enregistrés par les exploitations d’Etat et les fermes collectives pendant la période 1985-93. Comme on recense 330 000 fermes privées, couvrant 70 pour cent de la superficie arable et 80 pour cent des vignes, la sous-estimation officielle du rendement des exploitations privées atteint un degré élevé au plan national. L’enquête a également révélé que les petites exploitations, généralement mixtes, vendent directement aux consommateurs environ un tiers de leur production.

Concernant les autres cultures vivrières, la production de pommes de terre et de légumes pourrait rester proche du niveau atteint l’an dernier, tandis que celle de raisins et autres fruits a probablement reculé sous l’effet de la grêle. La tendance à la baisse du secteur de l’élevage s’est inversée en 1995. Selon les statistiques officielles, la production de viande et d’oeufs s’est stabilisée à un niveau inférieur de moitié à celui de 1991, alors que celle de lait n’a pas marqué de variation sensible. Les méthodes statistiques actuelles tendent toutefois à sous-estimer la production. Compte tenu des faibles disponibilités en aliments pour animaux, les perspectives indiquent une production de viande, de lait et d’oeufs stable, voire en lente progression.

La chaîne de distribution du blé et du pain a été en grande partie privatisée. Le gouvernement a néanmoins maintenu le contrôle d’un certain nombre de meuneries et les ayants-droit peuvent se procurer du pain à des prix subventionnés auprès des points de vente d’Etat. Pour 1997/98, l’utilisation intérieure de céréales est estimée à environ 672 000 tonnes, dont 445 000 tonnes pour la consommation humaine directe d’une population de 3 millions d’habitants environ, pour l’alimentation des animaux (148 000 tonnes), les semences et autres usages (79 000 tonnes). Face à de tels besoins, la production intérieure de céréales (légumineuses exclues) est estimée à 332 000 tonnes, ce qui laisse des besoins d’importations s’élevant à 340 000 tonnes, blé principalement. L’aide alimentaire annoncée à ce jour représentant 54 000 tonnes au total, le déficit devra être couvert par des importations commerciales.

Le PIB a régulièrement progressé depuis 1994, mais le niveau de vie s’est effondré dans les années qui ont suivi l’indépendance. La suppression des subventions sur les aliments et les services de base, qui s’est accompagnée d’une forte compression des prestations sociales, a eu de graves répercussions sur les populations vulnérables. Selon les estimations du gouvernement, quelque 400 000 personnes (sur une population résidente d’environ 3 millions d’habitants) demeurent économiquement vulnérables. Il s’agit de personnes résidant dans les zones frappées par des tremblements de terre ou des conflits civils, de personnes résidant en milieu rural et qui n’ont pas accès aux terres productives ou n’ont pas les moyens de les cultiver, et d’individus ne bénéficiant pas d’un soutien familial, d’envois privés de fonds ou encore qui ne tirent aucun revenu du secteur non organisé dans les zones urbaines. Quelque 300 000 personnes ont encore besoin d’une aide alimentaire sélective.


5.2 Azerbaïdjan

Selon les estimations de la FAO, la récolte céréalière de 1997 atteindrait 1,16 million de tonnes, soit quelque 60 000 tonnes de plus que l’année précédente. Ce chiffre est légèrement supérieur aux estimations officielles (1,08 million de tonnes) qui ne tiennent pas compte des céréales cultivées par de nombreux agriculteurs par effet du processus de privatisation en cours. La superficie consacrée au blé a progressé de 80 000 hectares, en partie aux dépens de l’orge, mais en juillet des inondations ont causé quelques dégâts aux cultures. Aillleurs, les rendements moyens ont été néanmoins meilleurs que l’an dernier. La production de blé est provisoirement estimée à 925 000 tonnes, contre les 800 000 tonnes récoltées l’année passée. Selon les estimations, la récolte de céréales secondaires s’établirait à 215 000 tonnes environ, avec un recul de 64 000 tonnes par rapport à 1996, attribuable à une contraction des superficies ensemencées.

La production de pommes de terres est en augmentation dans le secteur privé. En revanche, la récolte de coton a été affectée par les inondations. La production animale est en reprise depuis la cessation des hostilités dans le Haut-Karabakh. On enregistre une forte avancée du cheptel bovin, une stabilisation pour ce qui est des volailles et un nouveau fléchissement du cheptel porcin. La progression de la production de viande, de lait et d’oeufs devrait se poursuivre en 1997. Selon les prévisions, la production de lait n’a reculé que marginalement par rapport à 1991, mais celle de viande et d’oeufs est nettement inférieure. Les importations de volailles sont en hausse.

La consommation d’aliments de base par habitant s’est stabilisée. Le processus de privatisation de l’Office national du pain ayant été auparavant mené à bien, une Réserve céréalière stratégique sera constituée cette année avec l’aide de la CE. Le pays recevra pour ce faire 35 000 tonnes de blé à titre d’aide alimentaire pour la constitution d’un fonds de roulement pour le financement des importations, ainsi que des fonds (fonds de contrepartie provenant des livraisons d’aide alimentaire précédentes) pour les achats locaux. Les besoins céréaliers du pays pour 1997/98 sont estimés à 1,5 million de tonnes (un peu plus d’1 million de tonnes pour la consommation humaine et 0,5 million de tonnes pour l’alimentation animale et autres usages). Avec une production céréalière de 1,145 million de tonnes (légumineuses exclues) , le pays devrait importer 435 000 tonnes de céréales. L’essentiel de ce volume devrait être couvert par des importations commerciales, mais une aide alimentaire de secours pour une distribution sélective aux populations vulnérables demeure nécessaire. L’aide alimentaire annoncée à ce jour s’élève à 46 000 tonnes. En 1997/98, le pays continuera à recevoir un soutien budgétaire direct de la CE. Le décaissement de cette aide est subordonné à la poursuite du processus de réforme du secteur agricole. Le pays a fait de grands progrès en termes de stabilité financière, mais la pauvreté reste diffuse et on recense encore quelque 850 000 réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur du pays par suite du conflit dans le Haut-Karabakh. Pour les populations vulnérables, le problème demeure celui d’un accès limité aux denrées de base et de salaires/prestations minimums, très en dessous du minimum vital.


5.3 Bélarus

La récolte totale de céréales et de légumineuses de 1997 s’établit selon les prévisions à 6,2 millions de tonnes (poids nettoyé), volume supérieur de 365 000 tonnes au résultat de l’année précédente. Cette avancée de la production est due à de meilleurs rendements, obtenus grâce à une augmentation de 25 pour cent des applications d’engrais. La superficie consacrée aux céréales a progressé de 6 pour cent, atteignant ainsi près de 2,9 millions d’hectares. Selon les estimations, la production de blé serait supérieure d’environ 17 pour cent à celle de l’an passé, par suite d’une expansion de 5 pour cent des emblavures et d’une amélioration des rendements, tandis que la production de céréales secondaires devrait rester plutôt stable.

On estime qu’en 1997/98, les importations marqueront une légère progression, pour s’établir à 0,9 million de tonnes, du fait de l’existence dans les pays voisins de disponibilités en céréales fourragères bon marché dont le pays devrait profiter. Il est probable que les importations proviendront essentiellement de Fédération de Russie, d’Ukraine et du Kazakhstan. En faisant de l’autosuffisance alimentaire l’un de ses principaux objectifs, le gouvernement renforce son soutien au secteur agricole, non seulement par des transferts financiers directs, mais aussi indirectement à travers un système de fixation des prix où les prix à la production imposés ne reflètent pas les coûts de production. Ces mesures ont déterminé une amélioration du rendement dans le secteur de l’élevage: on prévoit que la production de viande restera stable au niveau de l’an dernier, mais la production de lait devrait progresser de 2 pour cent, et celle d’oeufs de 3 pour cent. Toutefois, les efforts déployés pour défendre et maintenir la structure productive actuelle retardent la restructuration de la production et de la consommation (qui fait aussi l’objet d’une aide publique) selon les mécanismes du marché, et requièrent également de coûteuses subventions de la part du gouvernement.


5.4 Géorgie

La production agricole est en nette reprise, les prix relativement élevés des produits agricoles et les rendements raisonnables obtenus par les petits exploitants rendant ce type d’agriculture rentable, malgré de nombreux obstacles. Les petits exploitants cultivent environ 50 pour cent des terres arables et cultivées en permanence, ainsi que les terres sous-exploitées des fermes d’Etat obtenues en concession, ce qui leur permet d’étendre leur base de production. Une enquête réalisée conjointement par le gouvernement et la Banque mondiale en avril-mai 1997, a montré que les rendements obtenus en 1995 par les petits exploitants étaient comparables aux rendements moyens officiels de longue période (1985-1994), notamment pour les céréales. Bien que les produits agricoles soient destinés principalement à la consommation des ménages, 30 à 40 pour cent environ (selon le produit) de leur production totale est vendu, le plus souvent directement aux consommateurs. Les agriculteurs ont peu de problèmes de paiements en suspens.

La récolte de céréales et de légumineuses de 1997 est estimée à un volume record de 820 000 tonnes, dont 300 000 tonnes de blé, avec une nette progression par rapport à l’an passé. La superficie consacrée au blé a progressé de 50 000 hectares et malgré des pertes considérables dues à des gelées tardives, à la grêle au printemps et à des pluies trop abondantes, les rendements ont été eux aussi meilleurs. Cela s’explique principalement par les disponibilités accrues en semences et en engrais, et les incitations offertes aux cultivateurs. Le rendement des cultures de maïs, qui couvrent 230 000 hectares selon les indications officielles, devrait aussi être en progression. La farine de maïs constitue également un élément important du régime alimentaire. Les perspectives concernant les autres cultures vivrières sont encourageantes, mais l’industrie de transformation demeure un important goulet d’étranglement et entrave le développement de la production de fruits et de légumes.

Même avant la réforme, la production animale (bovins et ovins, pour l’essentiel) relevait principalement du secteur privé. C’est en grande partie pour cette raison que la privatisation et le processus de restructuration du secteur ainsi engagé ont été menés sans bouleversements majeurs de la production (sauf pour ce qui concerne l’industrie porcine, puisque le gros du cheptel se trouvait dans les grandes exploitations d’Etat). C’est pour cela, et parce que le potentiel naturel favorise la production de maïs, que l’inversement de la tendance à la baisse du secteur de l’élevage a été enregistré plus tôt que dans d’autres pays de la CEI (à peu près en 1993) et qu’en 1996 la production animale a été supérieure à celle de 1991. La production avicole est désormais presque exclusivement concentrée dans le secteur privé, et se redresse rapidement.

La consommation d’aliments de base par habitant est en progression. L’abolition en 1996 du système de rationnement du pain subventionné par l’Etat a entraîné une forte augmentation de la production de blé et des importations du secteur privé, tandis que celles du gouvernement se sont sensiblement affaiblies. Pour 1997/98, les prévisions indiquent une utilisation intérieure de céréales de 1,2 million de tonnes, dont 0,7 million de tonnes pour la consommation humaine et le restant pour l’alimentation des animaux, les semences et autres usages. Une production nationale de céréales (légumineuses exclues) de 0,8 million de tonnes étant prévue, les besoins d’importations s’établissent à 0,4 million de tonnes. L’essentiel de ce volume devra être acheté par les voies commerciales. Une aide alimentaire demeurera nécessaire pour couvrir les besoins de distribution de secours aux populations les plus vulnérables. Les allocations d’aide alimentaire, y compris celles reportées de l’année précédente, s’élèvent à ce jour à 0,12 million de tonnes. Le pays continuera par ailleurs de recevoir un soutien budgétaire direct de la CE.

La reprise économique est bien amorçée, avec une croissance de 10 pour cent du PIB dérivant du secteur agricole en 1996. Le chômage demeure toutefois élevé et les années de conflit civil et d’hyperinflation qui ont suivi l’indépendance ont produit un nombre considérable de personnes vulnérables, et notamment de personnes déplacées à l’intérieur du pays. La reprise économique n’a pas été profitable à tout le monde. En particulier, tous ceux qui ne produisent pas de revenu (personnes âgées, handicapés, chômeurs, pensionnaires d’institutions sociales) ou qui résident dans des zones écartées, au faible potentiel, demeurent en situation d’insécurité alimentaire. Néanmoins, le nombre de ceux qui nécessitent une aide d’urgence a nettement reculé au cours de l’année passée (la population cible du PAM est passée de 300 000 à 170 000 individus cette année).


5.5 Kazakhstan

L’incertitude qui règne non seulement au sujet des rendements, mais aussi de la superficie ensemencée, met en doute la fiabilité des prévisions relatives à la production. Les responsables (akims) des anciennes fermes d’Etat et des raions sont soumis à des pressions considérables pour la réalisation d’objectifs officiels de superficie imposés d’en haut. Malgré la privatisation systématique des exploitations d’Etat (80 pour cent des terres sont désormais privatisées), les exploitants peuvent encore être renvoyés ou accusés d’activités illégales. Dans la situation actuelle, la production céréalière est peu rentable dans les zones marginales, qui représentent jusqu’à 50 pour cent de la superficie ensemencée aujourd’hui. Même dans les zones productives, le taux d’imposition élevé pour les céréales livrées aux silos tend à avoir un effet dissuasif sur les agriculteurs. En outre, le crédit sur récolte a un coût élevé, reflétant partiellement les risques encourus (dus à un pourcentage d’impayés très important).

Sur la base de nombreux entretiens avec les négociants en grains, qui pour la plupart assurent également le financement des intrants, la mission estime provisoirement à 14,6 millions d’hectares la superficie qui sera consacrée aux céréales en 1997/98 - près d’un million d’hectares de moins que les estimations officielles - et à 12,2 millions de tonnes la récolte de 1997, soit 8 pour cent de plus que l’an dernier. La superficie emblavée devrait avoir reculé de 2,5 millions d’hectares, mais les conditions de croissance ont été meilleures que l’année passée dans la plupart des régions, Akmola exceptée, avec des rendements moyens plus élevés.

D’après les premières indications, la production de pommes de terres et de légumes, cultivés principalement dans les exploitations familiales, restera proche de celle de l’an dernier. Le bon rendement des cultures d’oléagineux devrait compenser le recul de 33 pour cent des superficies cultivées. On attend un net fléchissement de la production intérieure de sucre.

La très forte contraction des effectifs du cheptel et de la production animale enregistrée depuis le début du processus de réforme, à laquelle s’est ajouté un recul de la productivité, a causé un net fléchissement de la production de viande, de lait et d’oeufs. Toutefois, la première enquête nationale par sondage, réalisée récemment dans le cadre d’un programme d’assistance technique (NASS/USDA), a mis en évidence une sous-comptabilisation importante du cheptel. Au 1er janvier 1997, les effectifs du cheptel étaient très supérieurs aux chiffres officiels: de 25 pour cent pour ce qui est des bovins et des ovins, de 51 pour cent pour les porcins et de 35 pour cent concernant les volailles. L’enquête a confirmé les données relatives au secteur public, avec une marge de 3 à 5 pour cent, mais révélé que dans les exploitations familiales les effectifs du cheptel étaient largement supérieurs aux chiffres officiels, surtout pour ce qui est des ovins, des caprins et des volailles, mais également pour les porcins et les bovins (80 pour cent du cheptel ovin et caprin, 70 pour cent des bovins, 80 pour cent des porcins et 60 pour cent des volailles appartiennent au secteur privé). Le fléchissement global du secteur de l’élevage n’a donc pas été aussi important que les chiffres officiels ne l’indiquaient: par exemple, depuis 1991, le cheptel bovin a baissé d’un tiers et non pas de 43 pour cent, celui des porcins de 52 pour cent au lieu des 67 pour cent indiqués, tandis que pour les volailles le recul a été de 65 pour cent et non de 80 pour cent. De plus, selon les indications, le nombre absolu de vaches aurait augmenté, et non pas diminué, pendant cette période.

Un récent phénomène positif est le début des investissements privés dans les anciens grands élevages avicoles d’Etat. La production avicole devrait augmenter, mais comme sa part de la production totale de viande est encore très limitée, la tendance générale à la baisse de la production de viande ne devrait pas en être modifiée à court et moyen terme. Selon les indications, les termes de l’échange dans le secteur agricole se sont stabilisés en 1996, avec une certaine amélioration en 1997.

Les restrictions juridiques à la commercialisation et à l’exportation des céréales sont faibles. Toutefois, les autorités régionales imposent de nombreuses limitations à la sortie des céréales pour garantir divers paiements, y compris la réalisation des objectifs d’achat, le remboursement des dettes (qui s’élevaient à 1,2 million de tonnes de céréales en 1997) et les prélèvements fiscaux. La chaîne de commercialisation des céréales demeure fluide. Les producteurs vendent les céréales aux autorités gouvernementales et à leurs créditeurs (qui dans bien des cas sont aussi exportateurs de céréales), ou encore (parfois directement en champ) par le biais d’intermédiaires qui rassemblent ces petites quantités pour constituer des lots commerciaux à revendre aux grandes compagnies. Le système des prix minimums recommandés qui a freiné les exportations en 1996/97, a été aboli. Toutefois, l’Union céréalière a de nouveau recommandé des prix à l’exportation pour les céréales, sensiblement supérieurs aux cours mondiaux, mais non obligatoires.

Le volume des céréales destinées à l’alimentation des animaux sera fonction de la demande d’exportation concernant le blé de qualité Kazakh, qui devrait être bonne, et du rapport entre le prix des intrants et les prix à la production pour les éleveurs. Avec une production de céréales et de légumineuses de 12,2 millions de tonnes et des besoins pour la consommation humaine estimés à 2,4 millions de tonnes, on prévoit qu’en 1996/97 le volume des exportations céréalières demeurera légèrement inférieur à 3 millions de tonnes, principalement de blé vers d’autres pays de la CEI. Le niveau relativement réduit des stocks céréaliers en début d’exercice, une faible demande d’importations d’orge de la part des pays voisins et des progrès limités dans l’ouverture de nouveaux marchés hors CEI, devraient faire tomber les exportations de céréales secondaires à 0,4 million de tonnes. La qualité des grains est bonne dans l’ensemble et la Fédération de Russie mène une politique d’achats agressive.

Selon les chiffres officiels, en 1996/97 les exportations de céréales ont atteint un volume de 2,6 millions de tonnes; leur niveau réel est toutefois supérieur, comme l’indiquent les données relatives aux importations de la Fédération de Russie. Les négociants estiment les mouvements illégaux de céréales entre 0,4 et 1 million de tonnes. La Fédération de Russie demeure le principal marché, mais l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Bélarus, le Tadjikistan et la République kirghize ont été les destinataires de près de 30 pour cent des exportations estimatives de 1996/97.


5.6 République kirghize

Environ 60 pour cent des terres cultivées ont été distribuées à des résidents ou aux membres des anciennes exploitations collectives et d’Etat, mais 40 pour cent des terres sont encore contrôlées par de grandes structures agricoles collectives ou constituées en sociétés.

La superficie consacrée aux céréales a progressé d’environ 12 pour cent malgré des pénuries de tous les intrants importants. Cette année, les conditions de croissance ont été nettement plus favorables dans le sud que dans le nord. Dans le sud, de bonnes précipitations au printemps et au début de l’été ont favorisé les cultures après un hiver relativement sec. Dans le nord, le temps anormalement chaud enregistré en mai a eu des effets négatifs sur les cultures. Les rendements sont néanmoins meilleurs que l’an dernier. La récolte céréalière de 1997 est officiellement estimée à 1,7 million de tonnes, soit 19 pour cent de plus que l’année précédente et un volume supérieur aux objectifs officiels (1,65 million de tonnes). La production de blé pourrait atteindre 1,35 million de tonnes grâce à une augmentation de 100 000 hectares des emblavures, au détriment de l’orge et des cultures fourragères.

La production de pommes de terre et de légumes devrait augmenter, mais la superficie consacrée aux betteraves à sucre a fortement diminué en raison des pénuries et des difficultés rencontrées dans la transformation et la commercialisation. Globalement, la forte tendance à la baisse des effectifs du cheptel commence à s’inverser, tandis que l’on enregistre des signes de stabilisation dans le secteur avicole. La productivité animale est en augmentation dans le secteur privé et les prévisions indiquent une nouvelle progression en 1997 de la production totale de viande, de lait et d’oeufs.

La production de blé a plus que doublé depuis 1991 et pour 1997/98 le pays dispose d’un excédent exportable de blé. Les échanges transfrontières avec l’Ouzbékistan (contre carburant et intrants) sont importants, mais semblent partiellement contrebalancés par des importations commerciales provenant du Kazakhstan. En 1997/98, l’utilisation intérieure de céréales s’établira selon les estimations à 1,7 million de tonnes, dont 0,7 million de tonnes pour la consommation humaine et 0,7 million pour l’alimentation animale, le restant étant destiné à d’autres usages, principalement aux semis. Les importations sont estimées à 0,12 million de tonnes, dont 78 000 tonnes d’aide alimentaire déjà annoncée en faveur des réfugiés tadjiks et autres populations vulnérables dans le pays. Cette année, le pays recevra également un soutien budgétaire direct de la CE, dont le décaissement sera subordonné à la mise en oeuvre de réformes spécifiques.


5.7 République de Moldova

Pendant la première phase de la réforme agraire, la superficie des exploitations familiales a augmenté tandis que des droits de propriété ont été accordés à près d’un million de bénéficiaires, pour la plupart des travailleurs d’anciennes fermes d’Etat, sur des parcelles non différenciées. Bien que l’Etat ne possède plus que 4 pour cent des terres, le secteur privé gère moins de 20 pour cent des terres agricoles (14 pour cent de parcelles familiales et 4 pour cent d’exploitations privées indépendantes). Le reste demeure sous le contrôle de grandes exploitations collectives et constituées en sociétés, pour la plupart non restructurées.

En 1997, la récolte de céréales et de légumineuses devrait être en progression d’un tiers et atteindre 3 millions de tonnes. La superficie ensemencée a augmenté de 11 pour cent, et ce malgré de graves difficultés financières qui ont limité l’accès à tous les intrants importants. Certains intrants sont fournis sous forme de crédits en nature, souvent sur nantissement de la récolte à venir, mais les engrais demeurent néanmoins insuffisants. Les conditions météorologiques plus favorables, notamment quant à la quantité et à la répartition des pluies, ont été le principal facteur de la forte reprise enregistrée après la récolte 1996 réduite par la sécheresse (1,9 million de tonnes). La production de blé pourrait augmenter de 67 pour cent, passant à 1,2 million de tonnes, principalement grâce à l’amélioration des rendements. Selon les prévisions provisoires, la production de céréales secondaires devrait augmenter de 55 pour cent s’établissant ainsi à 1,75 million de tonnes, en raison d’une forte progression tant des superficies ensemencées que des rendements.

Concernant les autres cultures vivrières, la production de betteraves et de pommes de terre devrait augmenter mais celle de légumes et de tournesols a été affectée par des pluies trop abondantes pendant l’été. La production animale n’est généralement pas considérée comme rentable et la forte contraction des effectifs du cheptel s’est poursuivie en 1997. Toutefois, l’évolution globale masque une progression, lente mais constante, des effectifs du secteur privé (porcins exclus), que les statistiques officielles tendent à sous-estimer. Les données actuelles indiquent une stabilisation de la production de viande, mais aussi un nouveau fléchissement de la production de lait et d’oeufs en 1997.

Le pays, qui a été un importateur net de céréales en 1996/97, devrait disposer d’un excédent exportable en 1997/98. Le gouvernement intervient encore au niveau des prix, de la commercialisation et du commerce des céréales, et gère un système de commandes publiques destinées à couvrir les besoins en céréales de groupes budgétaires clé et un programme de redistribution aux zones déficitaires. Cette année encore, des restrictions ont été imposées à la circulation des céréales jusqu’à la réalisation des commandes de l’Etat et des autres engagements. Après quoi, les céréales ne peuvent être exportées qu’avec l’autorisation du ministère de l’économie, qui fixe également des prix d’exportation indicatifs en dessous desquels les sociétés n’ont pas le droit d’exporter. Ces prix sont souvent supérieurs aux cours du marché en vigueur en Ukraine et en Fédération de Russie. De ce fait, les exportations comptabilisées devraient rester limitées, aux environs de 0,3 million de tonnes tout au plus, alors que les utilisations de céréales pour l’alimentation des animaux et la constitution de stocks augmenteront probablement.


5.8 Fédération de Russie

La mission estime la récolte céréalière de 1997 à 85 millions de tonnes, avec en particulier 44 millions de tonnes de blé environ (dont moins de 20 millions de tonnes de blé de qualité alimentaire). La superficie consacrée aux céréales est restée assez stable, avec un léger recul des superficies sous blé et orge d’hiver, largement compensé toutefois par un accroissement des semis de printemps. La tendance de ces dernières années à une réduction de la production de céréales fourragères au profit des céréales vivrières touche à sa fin. Bien que la production de blé alimentaire ait été très rentable, son pourcentage par rapport à la récolte totale a diminué du fait d’une mauvaise utilisation des pesticides, des herbicides et des semences améliorées. Cette année, cette tendance s’est aggravée à cause des pluies trop abondantes enregistrées dans certaines régions et de graves infestations de ravageurs dans les grandes régions productrices de blé alimentaire. Aussi, selon les estimations, la production de blé fourrager représente-t-elle plus de 50 pour cent de la production totale de blé (contre 17-20 pour cent l’an passé), avec une pointe de 90 pour cent dans l’oblast de Rostov - l’une des plus grandes régions productrices de céréales vivrières.

Concernant les autres cultures, la récolte de pommes de terre pourrait être quelque peu inférieure à celle de l’an dernier du fait d’un recul des superficies ensemencées. La production de légumes demeurera très probablement au même niveau. La superficie consacrée aux oléagineux a diminué cette année d’environ 7 pour cent, mais les rendements sont meilleurs.

Divers facteurs devraient ralentir la contraction du secteur de l’élevage en 1997/98. L’augmentation observée cette année des disponibilités de fourrage par animal et l’amélioration de la récolte céréalière, contenant un pourcentage étonnamment élevé de blé fourrager, devraient contribuer à abaisser le prix des produits fourragers sur le marché intérieur, stabilisant ainsi leur coût pour les producteurs. Bien que les indicateurs statistiques mettent en évidence un nouveau fléchissement du secteur de l’élevage, une reprise du secteur avicole est néanmoins signalée. Une telle tendance pourrait être enregistrée dans le secteur de l’élevage porcin d’ici 3 ou 4 ans. Les parcelles privées continueront de jouer un rôle fondamental dans la production de viande, de lait et d’oeufs, renforçant leur contribution déjà importante à la production, avec la moitié de la viande et du lait produits dans le pays et plus de 30 pour cent de la production nationale d’oeufs.

Récemment encore, la plus grande partie des crédits financiers destinés au secteur agricole étaient octroyés par l’Etat. En 1996/97, le gouvernement est revenu aux allocations de fonds sous forme de prêts à taux privilégié (plutôt qu’à des prêts sur récolte) et en a ultérieurement réduit le montant. La réduction des crédits accordés par l’Etat a été compensée dans une large mesure par l’expansion du crédit commercial sur récolte (en carburant, semences, engrais et produits chimiques), ce qui se traduit par une désormais importante participation des banques, compagnies pétrolières et autres au commerce des céréales.

Les indications font état d’un marché céréalier plus structuré, trois types de négociants pouvant être distingués: i) les petits négociants "parallèles" qui traitent habituellement la production céréalière non déclarée aux autorités; ii) les négociants régionaux, qui sont souvent d’anciennes filiales de Roskhlebprodukt (l’ex-société nationale d’achats par actions) et entretiennent des relations étroites avec les administrations régionales, et qui achètent avec des fonds publics de grandes quantités de céréales destinées aux réserves alimentaires régionales; et iii) les négociants commerciaux, dont les activités ne sont pas limitées à une seule région et qui exportent, achètent et gèrent les silos élévateurs. Ce dernier groupe occupe une part grandissante dans le commerce des céréales, car les sociétés qui manquent d’expérience pour la commercialisation des céréales qu’elles reçoivent en paiement les remettent souvent à des négociants en grains professionnels.

Si la loi fédérale interdit toute restriction à la circulation interrégionale des produits, des barrières régionales continuent toutefois d’entraver les échanges. Celles-ci ont été renforcées cette année du fait que les gouvernements régionaux ont été rendus responsables des dettes en produits accumulées par les agriculteurs en 1996. Il n’existe plus d’objectifs d’achats au niveau fédéral, mais la quasi-totalité des régions du pays détermine un quota d’achats et interdit généralement toute sortie de céréales tant que celui-ci n’a pas été rempli. Ces restrictions se traduisent souvent par des coûts occultes au niveau de la chaîne céréalière et par une majoration artificielle des prix.

L’utilisation intérieure est estimée pour 1997/98 à près de 80 millions de tonnes, dont près de 21 millions de tonnes pour la consommation humaine et le reste pour l’alimentation des animaux et autres usages. Considérant le volume prévu de la récolte et le pourcentage élevé de céréales de qualité fourragère dont elle est composée, il est probable que les utilisations fourragères des céréales se stabiliseront malgré l’existence de disponibilités en fourrage plus abondantes et le fléchissement constant des effectifs du cheptel. Les pertes devraient augmenter par suite de la réorientation vers un stockage des grains à la ferme.

Selon les indications officielles, les exportations de céréales (échanges intra-CEI compris) s’établissent à environ 0,9 million de tonnes et les importations à 2,9 millions de tonnes (dont 0,4 million de tonnes de riz). Les importations réelles sont probablement supérieures (en raison notamment de celles qui passent par le Bélarus et des ventes non déclarées de blé de qualité provenant du Kazakhstan), et pourraient se situer pour 1996/97 à 3,8 millions de tonnes.

Pour 1997/98, le pourcentage élevé de céréales de qualité fourragère dans la récolte se traduit par des disponibilités intérieures en excédent et un important surplus exportable de ce type de céréales. Le potentiel d’exportation de céréales fourragères est toutefois limité par l’existence de disponibilités abondantes et la faiblesse des prix sur les marchés internationaux, par le niveau élevé des coûts relatifs au rassemblement, à la manutention et au transport des céréales sur le marché intérieur, ainsi que par la faiblesse des installations dans les ports. Selon les prévisions provisoires, les exportations de céréales (échanges intra-CEI compris) 1997/98 atteindraient 3 millions de tonnes, avec approximativement 65 pour cent d’orge et 35 pour cent de blé fourrager, à moins que la demande de céréales fourragères de la part de la Pologne ne soit plus forte que prévu. Le commerce hors CEI est provisoirement estimé à 0,4 million de tonnes de blé et 1,9 million de tonnes de céréales secondaires (orge).

Les importations céréalières s’établiront selon les prévisions à 2,9 millions de tonnes, dont 2 millions de tonnes de blé, 0,4 million de tonnes de riz et un certain volume de céréales secondaires. Les importations en provenance de l’extérieur de la CEI sont provisoirement estimées à 0,9 million de tonnes, dont 0,5 million de tonnes de blé de qualité alimentaire, 0,4 million de tonnes de riz et une faible quantité de maïs.


5.9 Tadjikistan

Les conflits civils qui éclatent sporadiquement dans le pays et sa situation économique désastreuse rendent très difficile d’obtenir des informations systématiques et fiables, tandis que les données relatives à l’offre et à la demande de produits alimentaires demeurent extrêmement imprécises.

D’après les estimations de la FAO et du personnel des projets TACIS de la CE résidant dans le pays, la récolte céréalière de 1997 s’établirait à environ 0,6 million de tonnes, volume supérieur à la bonne récolte de 1996 maintenant estimée officiellement à 543 000 tonnes. La superficie ensemencée en blé s’est encore étendue aux dépens des céréales secondaires, des cultures fourragères et, dans une moindre mesure, du coton. Cette année, les conditions de croissance ont été meilleures que l’an dernier. Les rendements céréaliers varient considérablement selon la qualité des terres (irriguées, salinisées ou non) et l’accès des agriculteurs aux intrants. Dans deux zones de projet dans lesquelles les agriculteurs ont reçu une forniture complète d’intrants, le rendement moyen en blé a été cette année de 2,95 tonnes et de 2,25 tonnes l’hectare respectivement. Ces zones ne sont toutefois pas représentatives de l’ensemble du pays, pour lequel un rendement national moyen de 1,5 tonne l’hectare a été indiqué. Certes il s’agit d’un faible rendement (qui représente probablement le niveau enregistré après le paiement en nature des coûts de production), mais correspondant à une situation dans laquelle la moindre parcelle de terre disponible n’appartenant pas à l’Etat, adaptée ou non à la production agricole, a été ensemencée en blé.

La production fourragère et, dans une moindre mesure, celle de la plupart des cultures vivrières, auraient fléchi selon les estimations, par suite de la reconversion d’une superficie croissante de terres à la culture du blé. La production de coton, qui est la principale culture de rente, devrait connaître une reprise par rapport au faible niveau de l’an dernier, mais demeurer néanmoins inférieure à la moyenne. La production de viande, de lait et d’oeufs dans le secteur public s’est pratiquement effondrée et les données officielles indiquent également un recul de la production animale au niveau des ménages, informations qui ne sont toutefois pas corroborées par les enquêtes nutritionnelles, selon lesquelles un ménage sur deux possèderait au moins un animal producteur.

La situation des approvisionnements alimentaires reste néanmoins précaire du fait des conflits civils intermittents, d’un chômage et d’un sous-emploi diffus, d’une structure agraire inadéquate et d’un régime de sécurité sociale de plus en plus inefficace. Les conclusions de la première évaluation nationale de la vulnérabilité alimentaire du pays - conduite cette année par la CE - ont indiqué que 16,4 pour cent de la population se trouve en situation d’insécurité alimentaire et n’a pas les moyens de couvrir ses besoins alimentaires sans une aide sélective. Ce pourcentage varie quelque peu selon les régions, mais est assez équitablement réparti entre zones rurales et urbaines.

Même avec une production céréalière plus abondante en 1997, le pays pourrait connaître un déficit en céréales vivrières. L’ampleur de ce déficit dépend étroitement de la population résidente, qui selon les estimations des Nations Unies serait de 5,5 millions d’habitants, mais pourrait bien être inférieure de 1,8 million d’habitants. Avec une utilisation fourragère et autre (semences, principalement) estimée à 140 000 tonnes, et une consommation de céréales par habitant de 360 grammes par personne et par jour, les besoins pour la consommation humaine s’établiraient à 740 000 tonnes dans le cas d’une population de 5,5 millions d’habitants. Face à de tels besoins, la production céréalière (légumineuses exclues et riz en équivalent usiné compris) est estimée à 583 000 tonnes, ce qui laisse un déficit de près de 300 000 tonnes à couvrir par des importations. Toutefois, dans l’hypothèse d’une population moins nombreuse, ces besoins seraient inférieurs. La capacité d’importation par les voies commerciales ne devrait pas dépasser le niveau de l’an dernier, estimé à quelque 160 000 tonnes, aussi les besoins d’aide alimentaire s’élèvent-ils à 137 000 tonnes dans la première hypothèse de population. Quelque 90 000 tonnes ont déjà été annoncées à ce jour. Les besoins d’aide humanitaire de secours pour la population vulnérable resteront importants. En 1997/98, le pays recevra un soutien budgétaire direct de la CE, subordonné à la mise en oeuvre de réformes dans le secteur agricole, ainsi qu’une aide pour mieux cibler les secours humanitaires.


5.10 Turkménistan

La réorganisation des anciennes fermes d’Etat en un rassemblement de biens-fonds individuels cédés à bail et une certaine amélioration des mesures d’incitation pour les petits exploitants, ont contribué, selon les estimations, à accroître de 38 pour cent la production céréalière en 1997. La superficie effectivement (et non pas indicativement) consacrée aux céréales a progressé de 50 000 hectares, passant ainsi à 539 000 hectares. Les cultures de blé ont progressé aux dépens des céréales secondaires, des cultures fourragères et du coton. Les conditions de végétation ont été meilleures que l’an dernier, mais la situation des approvisionnements en intrants est restée difficile. Un facteur important de l’accroissement marqué de la production de blé, qui atteint 650 000 tonnes, a été l’introduction d’un système d’agriculture sous contrat pour les petits exploitants, accompagné de crédits pour le paiement des intrants et des services essentiels.

Dans les anciennes fermes d’Etat, 90 pour cent des terres irriguées ont été cédées à bail à des exploitants individuels, qui devraient en recevoir la pleine propriété d’ici quelques années, si toutefois ces terres sont bien exploitées. Les cultivateurs à bail reçoivent jusqu’à 30 pour cent du prix de contrat convenu pour la production à titre de crédit d’exploitation et bénéficient d’une subvention de 50 pour cent sur les intrants et les services, mais ils doivent remplir les objectifs officiels concernant le blé et le coton et livrer la totalité de cette production à l’organisme d’achat officiel. Bien qu’ils soient soumis à un approvisionnement en intrants et à deux monopoles d’achat, les crédits et les paiements relatifs aux produits leur sont versés sur des comptes individuels. Cette année le paiement des livraisons de blé a été effectué dans les délais, et on prévoit une participation beaucoup plus importante au programme de production sous contrat l’an prochain. La superficie totale consacrée au blé devrait augmenter pour atteindre environ 500 000 hectares en 1997/98, contre les 470 000 hectares emblavés cette année, puisque les terres cédées à bail et exploitées de façon inadéquate en 1996/97 seront redistribuées à d’autres cultivateurs à bail, avec de ce fait un nombre accru de petites exploitations.

L’agriculture demeure essentiellement axée sur le blé, le coton et l’élevage (ovins, caprins et camélidés). La récolte de coton s’est ressentie des mauvaises conditions météorologiques (inondations au printemps et temps froid en août), des pénuries de machines agricoles, de disponibilités toujours faibles en engrais et du mauvais entretien du réseau d’irrigation. La production devrait rester largement en dessous de la moyenne, bien qu’à un niveau supérieur à celui de l’année passée. Un fléchissement de la production de melons et autres fruits est attendu, en raison des faibles débouchés commerciaux et de la perte de marchés d’exportation.

Sous l’effet de la mauvaise récolte céréalière de 1996 et d’une forte augmentation du prix des céréales, la production animale a globalement fléchi. Les données officielles indiquent que les effectifs du cheptel (dont le nombre, à l’exception des porcs et des volailles, avait constamment augmenté entre 1992 et 1995) ont diminué, et dans le cas des porcs de moitié. La production de lait et d’oeufs a reculé d’un quart environ et un fléchissement de la production de viande a également été enregistré. Pour tenter de stopper le déclin de la production animale, le secteur est actuellement réorganisé sous l’égide de l’organisme d’Etat responsable de l’élevage. Ovins, caprins et camélidés sont obligatoirement regroupés dans de grandes exploitations spécialisées pour tenter d’en accroître la productivité. Les livraisons obligatoires de viande et de lait ont été suspendues et les prix de ces produits ont été libéralisés.

La situation des approvisionnements alimentaires demeure inégale et précaire dans les zones défavorisées. Dans l’ensemble, il y a eu une amélioration des disponibilités alimentaires et du choix des produits, mais leur accès est limité par la faiblesse du pouvoir d’achat et des infrastructures. Dans les zones urbaines, les approvisionnements en lait sont encore insuffisants, tandis qu’en milieu rural la situation des disponibilités en blé reste précaire, même après la récolte. Les populations des zones industrielles en crise et des zones rurales non fertiles sont en difficulté. Tous ceux dont le revenu est inférieur à 120 000 manats, soit 24 dollars E.-U. par mois, sont considérés comme vulnérables et, selon les sources officielles, il s’agirait de 3,4 millions de personnes au total. Ces populations continuent de recevoir de la farine, de la viande, du lait, du beurre et du thé sur cartes de rationnement, mais la part subventionnée est en constante diminution. Le nombre des personnes vulnérables demeure important, tout comme les subventions sur la farine (dont le prix subventionné est de 25 manats le kilo, contre un prix du marché de 1 700 manats le kilo). Une enquête sur le budget des ménages a été réalisée mais ses résultats n’ont pas encore été communiqués.

L’utilisation intérieure de céréales est tombée à environ 1,2 million de tonnes par an, dont 626 000 tonnes pour la consommation humaine directe, un peu moins de 170 000 tonnes pour d’autres usages (semences, notamment) et environ 386 000 tonnes pour l’alimentation des animaux. Les stocks céréaliers ont subi des prélèvements importants en 1996/97 et doivent être reconstitués cette année. Face à des besoins totaux s’élevant à 1,42 million de tonnes, les disponibilités intérieures (stocks et production de céréales) sont estimées à 863 000 tonnes. Compte tenu d’une certaine reconstitution des stocks, les besoins d’importations s’élèvent à près de 560 000 tonnes pour 1997/98. Ce déficit devrait être couvert par des importations commerciales, notamment en provenance du Kazakhstan et d’Ukraine, mais environ 100 000 tonnes pourraient toutefois provenir de l’extérieur de la CEI.


5.11 Ukraine

La mission estime la récolte de céréales et de légumineuses de 1997 à 35 millions de tonnes, volume sensiblement supérieur au résultat affaibli par la sécheresse enregistré en 1996 et attribuable à une forte expansion des superficies ensemencées, à de meilleures conditions météorologiques et à un recours accru aux intrants. Les prévisions de la mission concernant la récolte sont supérieures d’environ 2 millions de tonnes aux indications actuelles, car elles tiennent compte de la sous-estimation de la production. Selon les estimations, la superficie consacrée aux céréales aurait progressé de près de 2 millions d’hectares, atteignant 15,3 millions d’hectares, mais au moins 1,5 million d’hectares de cultures ont été perdus à cause du froid pendant l’hiver et des pluies persistantes enregistrées en été et en automne, qui ont fait germer et pourrir la récolte céréalière encore sur pied, et causé une détérioration générale de la qualité de la moisson. De plus, on ignore encore quelle sera la proportion de maïs-grain et de maïs d’ensilage dans la prochaine récolte. La production de blé de 1997 est provisoirement estimée à 19 millions de tonnes, volume sensiblement supérieur à la récolte de l’an dernier (estimée par la FAO à 15 millions de tonnes), principalement grâce à de meilleurs rendements pour les céréales d’hiver. On prévoit une récolte de céréales secondaires de 14,9 millions de tonnes, soit 50 pour cent de plus que les estimations FAO pour 1996, du fait d’une augmentation de 24 pour cent de la superficie cultivée et d’une amélioration des rendements. La production de paddy devrait progresser, atteignant 90 000 tonnes, mais les conditions de sécheresse enregistrées au printemps ont gravement endommagé les cultures de légumineuses dont la récolte tomberait à environ 1 million de tonnes.

Les rendements moyens sont restés bien inférieurs au potentiel pour toutes les céréales, en raison d’une mauvaise gestion des exploitations, de graves difficultés de trésorerie et de l’absence de garanties pour l’achat des intrants en temps utile. La quasi-totalité des intrants sont fournis par l’Etat ou par des négociants privés dans le cadre d’accords commerciaux (en échange de céréales). Comme les exploitants donnent la priorité aux approvisionnements en carburant et en engrais, au détriment des herbicides et des pesticides, la prolifération des mauvaises herbes et les infestations de ravageurs explique en grande partie les mauvais rendements obtenus.

Pour ce qui est des autres cultures, l’humidité excessive de l’été a eu des effets négatifs sur la production de pommes de terre et de légumes et limité le temps de conservation de ces produits. Les cultures de betterave à sucre ont bénéficié de meilleures précipitations, mais les pénuries de fonds de roulement et de carburant ainsi que les mauvaises conditions météorologiques ont retardé la récolte et affaibli les rendements. La production de tournesols ne devrait progresser que marginalement par rapport à la récolte réduite par la sécheresse de l’an dernier.

Les effectifs du cheptel continuent de diminuer en raison des compressions continues et importantes effectuées dans le secteur public. Sur les parcelles familiales, le nombre des bovins et des vaches a reculé de 7 pour cent après la mauvaise récolte de l’année passée (contre un fléchissement de 20 pour cent dans le secteur public). La production de volailles semble en voie de stabilisation, voire même en augmentation dans le secteur privé, sans pour autant compenser le déclin enregistré dans le secteur public. Les effectifs porcins se sont stabilisés dans le secteur privé, mais continuent de diminuer rapidement dans le secteur public. En 1997, la production totale de viande devrait chuter d’environ 10 pour cent, celle de lait de 6 à 7 pour cent, et celle d’oeufs de près de 2 pour cent.

La plupart des exploitations ont été officiellement réorganisées, mais plus de 80 pour cent des terres continuent d’être exploitées selon les anciennes méthodes de gestion collective. L’Etat prend toujours une part importante aux échanges et à la commercialisation, et sa position dominante est renforcée par la faculté pour les autorités régionales d’interdire toute circulation des céréales tant que les commandes de l’Etat fédéral et régional n’ont pas été remplies, par le contrôle qu’il exerce sur les silos à grains, par son accès prioritaire à des installations ferroviaires et portuaires insuffisantes et par l’existence d’une quantité croissante de certificats et de services coûteux qui font perdre du temps et relèvent exclusivement de l’Etat. Malgré l’existence en 1997/98 d’un volume important d’excédents céréaliers exportables, estimés à 5-6 millions de tonnes, tous ces obstacles, auxquels s’ajoute la vive concurrence exercée par la Hongrie et la Fédération de Russie, pourraient toutefois limiter cette année les exportations du pays à environ 1,6 million de tonnes. Pour favoriser l’utilisation des excédents en céréales fourragères, le gouvernement a abaissé les normes de qualité: le blé de qualité IV a ainsi été déclaré de qualité alimentaire. Les déchets, les stocks et les utilisations industrielles des céréales devraient augmenter. Cette année, après l’imposition par la Fédération de Russie de droits d’entrée sur l’alcool, il est probable que l’Ukraine renforcera sa production de fourrage concentré destiné à l’exportation.

D’après les informations douanières pour 1996/97, les exportations céréalières ont atteint un total de 1,6 million de tonnes, dont près de 1,3 million de tonnes de blé. Les exportations effectives seraient toutefois légèrement supérieures selon les estimations, du fait notamment que les envois vers le Bélarus et certaines transactions officielles n’ont pas été inclus.


5.12 Ouzbékistan

La récolte céréalière de 1997 s’établirait selon les prévisions à près de 4 millions de tonnes. Ce volume représente une progression de 10 pour cent par rapport à la production de 1996. La superficie ensemencée est restée stable à 1,7 million d’hectares, dont près de 1 million d’hectares de terres irriguées. Le rendement moyen a augmenté sur ces terres grâce aux pluies abondantes du printemps et à une certaine amélioration des approvisionnements en engrais, mais il a en revanche été mauvais sur les terres non irriguées en raison des effets néfastes d’un automne sec sur la germination des cultures. Du fait des pénuries enregistrées pour certains types d’engrais et de machines agricoles, ainsi que des retards et des omissions dans les travaux des champs (le blé est planté après la récolte du coton, ce qui ne laisse que peu, voire pas de temps du tout pour le lessivage des sols), la production de petites céréales (blé et orge principalement) - près de 3,4 millions de tonnes - se situe bien en dessous de l’objectif de 4,3 millions de tonnes. Si les exploitations d’Etat ont eu des difficultés à remplir leur objectif de production (4 millions de tonnes), en revanche sur les parcelles familiales la production céréalière a été supérieure d’un tiers à l’objectif. La production de légumes et de pommes de terre devrait augmenter. La récolte de coton est en cours; d’après les indications, l’objectif de production fixé pour le coton à 4 millions de tonnes pourrait être atteint.

Malgré les efforts déployés par le gouvernement pour parvenir à l’autosuffisance en produits de l’élevage à travers la fourniture d’aliments fourragers subventionnés et l’application de restrictions administratives à l’abattage des bêtes, la production animale a chuté depuis 1996. Ce fléchissement est dû principalement à l’absence d’aides à la production et à des pénuries persistantes d’aliments fourragers, depuis que la superficie consacrée aux céréales fourragères est constamment réduite au profit du blé. Bien que le nombre des bovins reste au niveau de 1991, et que celui des vaches ait même augmenté depuis lors, la productivité animale est extrêmement faible, surtout dans les exploitations d’Etat, tandis que les animaux sont élevés dans des conditions désastreuses. La productivité est meilleure dans le secteur privé (principalement dans les parcelles familiales) d’où provient l’essentiel de la production de boeuf et de lait du pays. Une forte contraction a été enregistrée dans le secteur porcin et avicole, en raison de préférences culturelles, mais aussi et surtout de graves pénuries d’aliments fourragers, que le pays n’a plus les moyens d’importer. La production de viande et de lait devrait fléchir à nouveau, par suite d’une contraction de la production dans le secteur public, et devenir presque exclusivement limitée aux parcelles familiales, où elle devrait connaître une légère progression, qui ne compensera pas toutefois le fléchissement enregistré dans le secteur public. Quoi qu’il en soit, ces exploitations privées (dont la superficie moyenne est de 0,2 hectare) atteindront bientôt leur plafond en termes de capacité de charge et de croissance de productivité. Les débouchés commerciaux des exploitants sont limités par de multiples contrôles régionaux, qui entravent leur accès aux marchés urbains. Les perspectives concernant la production de volailles et d’oeufs sont confuses; le gouvernement a l’intention d’affecter quelques maigres ressources fourragères à la production avicole.

La consommation humaine directe de céréales et d’autres produits vivriers est limitée par un faible pouvoir d’achat. La politique agricole continue d’être axée sur l’autosuffisance en céréales et autres aliments de base, sans tenir compte du potentiel naturel et des avantages comparatifs. Le taux de change, les prix et les disponibilités demeurent réglementés, donnant ainsi lieu à des pénuries artificielles et à une économie parallèle. Plus de 90 pour cent des terres ont été privatisées, mais les exploitants ne sont pas libres de fixer leur association de cultures, ni leurs débouchés commerciaux.

Dans les zones rurales, les approvisionnements en céréales demeurent très précaires car les quotas de livraison en céréales doivent être remplis, que l’objectif de production ait été atteint ou non. De plus, les revenus sont faibles car seules les exploitations qui ont rempli leurs quotas sont autorisées à vendre les éventuels excédents de production sur le marché ouvert, où les prix sont plus élevés dans la chaîne de l’Etat et payés au comptant. Toutes les ventes aux organismes d’achat et aux industries de tranbsformation sont payées, avec des retards considérables, par virements bancaires sur des comptes inaccessibles dans la plupart des cas. En 1997, 40 pour cent du coton et 50 pour cent des céréales ont fait l’objet d’achats obligatoires à des prix imposés peu avantageux. La production de céréales, en excédent de l’objectif d’achat, est achetée à des prix convenus plus élevés (50-60 pour cent).

Selon les estimations, l’utilisation intérieure de céréales devrait s’établir à 4,7 millions de tonnes en 1997/98, dont 3,5 millions de tonnes pour la consommation humaine et 0,7 million de tonnes pour d’autres usages. Malgré les pénuries de fourrage concentré et de superficies à consacrer aux cultures fourragères, on estime que l’utilisation fourragère des céréales est tombée de 2 millions de tonnes en 1992/93 à 0,5 million de tonnes en 1997/98. Avec une récolte céréalière de 3,75 millions de tonnes en 1997 (en équivalent riz usiné) et des stocks inchangés (réconstitués à hauteur de 1 million de tonnes entre le 1er janvier 1996 et le 1er janvier 1997), les importations de céréales sont estimées pour 1997/98 à 0,96 million de tonnes, principalement de blé destiné à la consommation humaine. Quelque 0,6 million de tonnes devraient arriver du Kazakhstan et de la Fédération de Russie (dernière étape d’un contrat de troc blé contre coton conclu en 1996/97), tandis que le reste proviendra de l’extérieur de la CEI. Même lorsque l’objectif d’autosuffisance sera atteint, le pays devra encore importer du blé de haute qualité à mélanger aux variétés locales pour la production de pain.

Pour 1997/98, il est prévu de consacrer 1,65 million d’hectares aux céréales, dont 1,4 million d’hectares de blé et d’orge, et le reste en riz et maïs. Les terres irriguées sous blé et orge devraient rester stables à 1 million d’hectares, mais les superficies non irriguées devraient continuer de fléchir, passant à 310 000 hectares. L’objectif de production est fixé à 5,1 millions de tonnes au total, dont 4,2 millions de tonnes de blé et d’orge. La réalisation de cet objectif dépendra essentiellement de l’existence au bon moment de disponibilités en engrais plus abondantes et équilibrées, et du renforcement du réseau d’irrigation et du parc de machines agricoles. A moyen terme, l’objectif est une amélioration des rendements afin de pouvoir ramener la superficie sous blé et orge à 1 million d’hectares et étendre les cultures fourragères.



Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser, pour tout complément d’information, à: 
M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR , FAO (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-6-5705-4495, Courrier électronique: [email protected]).

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