SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D'EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES AU SOUDAN

22 décembre 1997

 
 
 
 

Faits saillants 

  •  La production céréalière pour la campagne 1997/98 devrait, selon les prévisions, accuser un déclin par rapport au niveau record atteint l'an dernier. Cependant, les disponibilités alimentaires générales devraient être suffisantes, grâce aux importants stocks de report.  
  • On prévoit de graves déficits alimentaires dans le sud, où la production a baissé de 45 pour cent par suite du temps sec et des troubles civils, de même que dans certaines parties des régions occidentales du Darfour Nord et du Kordofan Nord où, pour la troisième année consécutive, la récolte céréalière est réduite. 

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  • On estime à 57 000 tonnes de céréales le besoin en aide alimentaire de secours, qui sera destiné à 2,4 millions de personnes déplacées ou affectées par la sécheresse dans les Etats du sud et de l'ouest. 

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  • La majeure partie des besoins alimentaires devraient être couverts par des achats locaux, sauf pour des volumes limités qu'il faudra acheminer depuis le sud, par suite de problèmes logistiques internes. 

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  • Les importantes pertes de récolte enregistrées dans le sud et dans certains secteurs du Darfour Nord et du Kordofan Nord rendent nécessaire un apport urgent de semences pour la prochaine campagne de semis. 
 
 




 

1. VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Soudan du 15 novembre au 5 décembre 1997, afin d'évaluer la production des récoltes de sorgho et de mil en cours et d'établir une première série de prévisions pour la récolte de blé dont on a commencé l'ensemencement. La mission s'est appuyée sur ces estimations et prévisions de production de même que sur une estimation des stocks de report pour évaluer la situation céréalière en 1997/98, y compris les besoins en importations et en aide alimentaire au niveau national.

La mission a bénéficié de l'entière collaboration du Ministère de l'agriculture et des forêts (MAF), qui a détaché deux de ses hauts fonctionnaires pour l'accompagner et lui a communiqué, à Khartoum, un certain nombre de données statistiques. La mission s'est répartie en trois groupes, ce qui lui a permis de visiter 23 des 26 Etats, y compris le sud, où, malgré les difficultés d'accès, elle s'est efforcée de couvrir la totalité de la région que l'on disait touchée par la sécheresse et des pertes de récoltes. Les ministères des Etats et les bureaux provinciaux ont également fourni à la mission des informations à caractère local concernant l'état des récoltes céréalières. Elle a également bénéficié d'une coopération efficace de la part de la Commission d'aide humanitaire (CAH) pour le Soudan, dont deux représentants ont accompagné l'équipe sur le terrain.

Par ailleurs, les bureaux locaux de la FAO comme du PAM ont préparé à l'intention de la mission des ensembles détaillés d'informations concernant, entre autres, les précipitations, les prix et les données démographiques, tandis que les ONG oeuvrant dans des régions particulières lui ont communiqué leurs propres évaluations et prévisions concernant les récoltes et les disponibilités alimentaires. La mission a eu des entretiens nombreux et fructueux avec les agriculteurs et les négociants; ces informations recueillies à la source ont été essentielles pour le regroupement, la vérification et la modification des rapports sur la situation céréalière provenant de sources officielles, ainsi que pour l'interprétation des données de télédétection fournies par le Siège de la FAO à Rome.

La mission prévoit, pour 1997/98, une production céréalière totale de 4,64 millions de tonnes comprenant 3,39 millions de tonnes de sorgho, 0,57 million de tonnes de mil, 0,63 million de tonnes de blé (à moissonner en avril 1998) et une quantité relativement modeste de maïs, soit 0,05 million de tonnes, produit dans le sud principalement. On observe donc, par rapport à la récolte record de l'an dernier, une réduction de 14 pour cent de la production céréalière globale, avec un déclin de 20 pour cent pour le sorgho, une augmentation de 27 pour cent pour le mil et une baisse de 2 pour cent pour le blé; la production d'ensemble des trois céréales dépassant la moyenne de la période quinquennale 1988/89-1992/93 qui sert de référence. La production de sorgho se situe au troisième rang pour les cinq dernières années et celle de mil au deuxième rang après la récolte exceptionnelle de 1994/95.

La production céréalière totale, soit 4,64 millions de tonnes, demeurera en deçà des besoins globaux en céréales pour 1997/98, si l'on soustrait les pertes, les semences et les autres utilisations. Cependant, compte tenu de la récolte exceptionnelle de sorgho de l'an dernier et de l'embargo du gouvernement soudanais sur les exportations de sorgho durant l'année 1997, les stocks de report, fin octobre 1997, sont très élevés, puisque la mission les estime à 900 000 tonnes, sous forme principalement de sorgho. Il faudra, pour satisfaire les besoins à l'échelle nationale, prélever sur ces stocks.

Le tableau général des approvisionnements alimentaires pour 1997/98 se présente donc de manière favorable, en dépit des déficits qui s'annoncent dans le sud, dans le Darfour Nord et dans le Kordofan Nord. C'est dans le sud que la situation est la plus grave; en effet, selon les estimations, la production est inférieure de 45 pour cent à celle de l'an dernier (à l'exclusion du Renk). Les Etats les plus affectés sont, l'Equatoria Est, la Région des lacs, Bahr El Jebel et Bahr El Ghazal, la sécheresse prolongée de début de saison y ayant entraîné la perte de la récolte de première campagne. Certaines récoltes de sorgho de la campagne principale ont survécu, mais les rendements demeureront faibles. Par ailleurs, l'insécurité a de nouveau perturbé les activités agricoles dans le Bahr El Ghazal et dans certaines parties du Jonglei, et les problèmes de logistique, conjugués à l'insécurité, entraveront le transport de denrées alimentaires dans la région, même à partir du secteur aménagé du Renk dans le Haut Nil. Selon les estimations de la mission, entre 60 et 70 pour cent de la population de l'Equatoria Est, du Bahr El Ghazal, de l'Etat des lacs et de certaines parties du Jonglei, ainsi que les zones de transit nécessiteront une aide alimentaire d'urgence pendant une période de trois à six mois au cours de 1998. On estime que, du fait de la réduction des cultures, 915 500 personnes auront besoin de quelque 30 000 tonnes de denrées alimentaires à fournir par l’intermédiaire du Bureau du PAM de Nairobi. Par ailleurs, il faudra prévoir 34 000 tonnes d'aide alimentaire de soutien pour 1,3 million de personnes déplacées dans le sud, dans la zone de transit et dans les camps pour personnes déplacées de Khartoum.

Dans le Darfour Nord, la sécheresse qui a sévi dans les régions de Umm Keddada, Mellit et Kutum a beaucoup nui à la récolte et l'on y constate également des pénuries alimentaires. Le prix du mil y est élevé tandis que celui du bétail est en chute. En dépit d'une amélioration globale de la production de mil dans le Darfour Nord par rapport à l'an dernier, de nombreux habitants de ces deux provinces n'ont pas les moyens de couvrir leurs besoins alimentaires et des interventions seront nécessaires. La mission estime que 180 000 personnes auront besoin de 9 530 tonnes d'aide alimentaire d'urgence entre avril et septembre 1998 dans le Darfour Nord. De plus, 14 000 personnes affectées par les inondations et la guerre civile dans le Tokar Sud pourraient avoir besoin de 300 tonnes d'assistance alimentaire pour une période allant de trois à six mois.

La situation au Kordofan Nord est également préoccupante. La production y est meilleure que l'an dernier. Toutefois, l'Etat demeure déficitaire et la valeur des récoltes commerciales et du bétail y a fortement décliné. Les provinces de Sodari et de Bara notamment ont eu des récoltes particulièrement médiocres et la soudure en matière d'approvisionnement alimentaire y sera difficile tout au long du deuxième semestre. Le PAM, SCF-UK (Royaume-Uni) et CARE ont mis sur pied un programme permanent d'assistance alimentaire au Kordofan Nord.



2. LA PRODUCTION CEREALIERE EN 1997/98

La surface totale ensemencée et moissonnée est analogue à celle de l'an dernier; cependant, les rendements sont inférieurs, en raison principalement d'une période de sécheresse qui a affecté, en septembre, la plus grande partie du pays. Dans le sud, la sécheresse a frappé plus tôt et plus longtemps, entraînant un échec des récoltes de la première campagne et une production céréalière largement inférieure à celle de 1996.

Les semis de sorgho ont été influencés par la perception de la conjoncture économique que se faisaient les agriculteurs commerciaux en juillet 1997. La récolte record de l'année précédente conjuguée à une demande intérieure jugulée par la rigueur des politiques monétaires et l'interdiction d'exporter le sorgho, ont contribué à augmenter les niveaux de stock et à faire stagner les prix au moment des semis. En juillet 1997, les perspectives concernant les prix ont été généralement considérées comme médiocres en raison des excédents de stocks. Ces prévisions devaient d'ailleurs se vérifier, les cours manifestant une apathie tout à fait inhabituelle tout au long de la saison et jusqu'à la récolte de novembre 1997. On assiste parallèlement à une augmentation des coûts d'intrants, notamment le carburant et les engrais, avec une détérioration sur le front du crédit. Les producteurs de cultures pluviales de sorgho ont donc réduit les surfaces ensemencées par rapport au niveau élevé de l'an dernier, notamment dans les secteurs de Gedaref, Renk et Kordofan, et l'on a enregistré davantage de pertes de surfaces cultivées qu'en 1996 entre les semis et la récolte. Ainsi, pour ne prendre que la région de Gedaref, on estime à 500 000 hectares la réduction des surfaces ensemencées, ce phénomène touchant également le secteur traditionnel. Quant aux cultures irriguées de sorgho, elles ont occupé une superficie analogue à celle de l'an dernier.

Les pluies précoces ont, de manière générale, contribué au bon démarrage des cultures de sorgho. Cette année, l'incidence des ravageurs a été très limitée en dépit de dégâts plus graves causés par les oiseaux dans de nombreux secteurs à mesure qu'approchait la récolte. Le striga a durement touché les régions affectées par la sécheresse. Le climat sec qui a prévalu en septembre a nui a la plupart des récoltes pluviales, éprouvant le plus durement les secteurs allant du nord de Gedaref aux régions de Butana, Sennar, Kosti, Umm Ruwaba, Kordofan Nord et Darfour Nord, où les rendements de sorgho sont nettement inférieurs à la moyenne. D'autres régions ont également connu des périodes sèches en septembre, mais celles-ci ont été en partie compensées par des pluies tardives en octobre et même début novembre; ainsi, les rendements de sorgho dans les régions de Damazin, Renk, SamSam et Kordofan Sud ont toutes profité de ces précipitations tardives. Dans l'ensemble, la production de sorgho de culture pluviale est inférieure de 24 pour cent à celle de 1996. Le secteur irrigué est également en baisse (15 pour cent) par rapport à l'an dernier, mais cela est dû à des difficultés d'acheminement de l'eau dans les régions de Gezira, Nil Blanc et du Nil Bleu. L'utilisation accrue de variétés améliorées dans les périmètres irrigués a amélioré les rendements; cependant, les difficultés financières rencontrées dans les secteurs de pompage privatisés ont eu des conséquences négatives.

La production totale de sorgho est estimée à 3,39 millions de tonnes, soit une réduction de près de 20 pour cent par rapport à 1996; elle reste toutefois largement supérieure à la moyenne quinquennale 1988/89-1992/93 et proche de la moyenne des quatre dernières années. La récolte est légèrement en retard par rapport à celle de l'an dernier. Quant aux prix, ils sont demeurés stables tout au long du cycle végétatif et n'ont pas accusé de tassement notable durant la récolte. Le cours actuel du sorgho est de 17 000-20 000 livres soudanaises le sac, soit proche du cours mondial, mais les exportations demeurent interdites.

La production de mil, en revanche, a augmenté par rapport aux faibles niveaux de l'an dernier. La répartition des pluies dans les régions productrices de mil de l'ouest du pays a été nettement meilleure, cette année, et l'incidence des ravageurs beaucoup plus faible. Les superficies plantées en mil ont augmenté de 22 pour cent par rapport à 1996, en raison principalement de pluies plus abondantes en début de campagne mais aussi du fait que les cours du mil étaient plus élevés et les stocks détenus par les agriculteurs généralement assez bas, suite à deux récoltes médiocres. Les abandons de terres cultivées entre les semis et la moisson ont été moins marqués que l'an dernier et la superficie totale récoltée plus élevée d'environ 30 pour cent. Les rendements de mil ont été gravement affectés par la sécheresse de septembre dans certaines parties du Darfour Nord et du Kordofan Nord, et les moyennes nationales de rendement par hectare moissonné ont été inférieures de 10 pour cent à celles de 1996. La production totale de mil est donc nettement supérieure à celle de l'an dernier, à savoir une augmentation de 28 pour cent pour un total de 568 000 tonnes. Ce phénomène est entièrement attribuable à l'augmentation des superficies moissonnées. Il reste toutefois d'importantes poches, au niveau local, où la production reste négligeable et où l'on peut prévoir des déficits alimentaires. Dans les secteurs de Kutum, Umm Keddada et Mellit du Darfour Nord et de Sodari et Bara du Kordofan Nord, la récolte de mil se solde une fois de plus par un échec et l'on assistera à de graves pénuries de denrées alimentaires et de semences. Mais, facteur peut-être encore plus marquant pour les secteurs déficitaires de culture du mil, les cours des cultures commerciales et du bétail sont très inférieurs à ceux de l'an dernier. La faiblesse de la demande intérieure – corollaire de la récession générale – pour les arachides, le sésame, le karkadé et les graines de melon a pesé sur les cours, et l'exiguïté du marché d'exportation pour la gomme arabique et le bétail a entraîné une réduction du prix des denrées généralement vendues par les agriculteurs de l'ouest afin de reconstituer leurs stocks de céréales alimentaires. Bien que la production de mil soit sensiblement plus élevée que l'an dernier dans tous les secteurs, on voit persister des déficits très marqués et les termes de l'échange pour l'achat de mil sont devenus défavorables. Le cours actuel du mil est de 28 000 à 33 000 livres soudanaises le sac.

Le principal facteur ayant pesé cette année sur les rendements dans la plus grande partie du Soudan a été la sécheresse généralisée du mois de septembre. Dans les régions septentrionales du Darfour et du Kordofan, la sécheresse a commencé fin août; cependant, dans les régions situées plus au sud et à l'est, cette période sèche a commencé plus tard et a duré moins longtemps. Dans le centre-est, les secteurs de Kosti, Sennar, Butana et Gedaref Nord ont été les plus durement touchés, et le rendement du sorgho de culture pluviale est faible. Le striga a également affecté ces régions, qui ont aussi souffert des incursions des oiseaux au moment de la récolte. Cependant, dans d'autres régions, telles que le Renk, Damazin et le Kordofan Sud, les précipitations tardives d'octobre et de début novembre ont quelque peu redressé la situation et amélioré les rendements des cultures pluviales de sorgho touchées par la sécheresse.

Les perspectives concernant le blé dans les régions irriguées sont bonnes. La superficie ensemencée dans le nord est destinée à augmenter grâce aux prix attrayants, aux approvisionnements adéquats en carburant, mais aussi à un programme sur grande échelle de remise en état des installations de pompage, lancées par le gouvernement mais financées en partie par les agriculteurs. Dans les périmètres irrigués de Gezira, Rahad et New Halfa, les semis de blé seront inférieurs à ceux de l'an dernier en raison du transfert des zones marginales de culture du blé à celle du sorgho (13 000 hectares rien que pour le Rahad), avec une concentration de la culture du blé dans les meilleures zones. La campagne d'ensemencement du blé est légèrement en retard dans la plupart des régions, mais tout porte à croire que l'on aura ensemencé et irrigué 300 000 hectares d'ici le 31 décembre 1997, soit 6 pour cent de moins qu'en 1996/97. Les approvisionnements en semences, engrais et carburants sont en place et, à condition que les températures restent dans la fourchette moyenne, les perspectives de rendement du blé sont favorables. Compte tenu du retrait, déjà évoqué, de certaines surfaces marginales productrices de blé, les rendements devraient être supérieurs à ceux de l'an dernier et l'on peut prévoir une production de 626 000 tonnes, analogue à celle de 1996/97 et dépassent d'environ 21 pour cent la moyenne 1988/89-1992/93. Bien entendu, cette production ne saurait suffire à la satisfaction des besoins nationaux: il faudra donc continuer d'importer des volumes substantiels.

Au cours des dernières années, le gouvernement soudanais s'est fixé comme objectif d'augmenter la production de blé afin de réduire la dépendance à l'égard des importations; cette année également, des efforts exceptionnels ont été déployés pour assurer la mise à disposition de quantités suffisantes de carburant, de semences et d'engrais pour la campagne de semis de novembre/décembre. Sur le front des prix, les conditions ont également été suffisamment attrayantes et, dans le nord en particulier, les agriculteurs se sont montrés très disposés à accroître les superficies. Cependant, dans les périmètres irrigués de Rahad, de Gezira et, dans une moindre mesure, de New Halfa, les semis de blé connaîtront une régression. Dans le secteur de Gezira, les perspectives d'arrosage du blé d'hiver sont demeurées incertaines jusque fort tard dans la saison, c'est-à-dire jusqu'à la montée du Nil Bleu grâce aux pluies importantes mais tardives en Ethiopie. Ces circonstances ont entraîné une réduction de 27 000 hectares des superficies cultivées en blé dans le Gezira. Dans le Rahad, moins adapté pour le blé mais convenant mieux au sorgho, 13 000 hectares ont été détournés du blé, parallèlement à une concentration des cultures sur les zones mieux adaptées. Les périmètres de pompage des Etats du Nord et du Nil ont tous augmenté leurs emblavures de blé cette année, notamment en étendant la surface irriguée. Tous les intrants nécessaires sont prêts et la récolte de blé devrait bénéficier d'un projet de remise en état des installations d'irrigation donnant un meilleur pompage et un meilleur acheminement de l'eau. On observe par rapport à l'an dernier un léger retard pour ce qui est de la culture du blé, des semis et de la première irrigation; cependant, les travaux concernant la récolte de 300 000 hectares devraient être achevés d'ici fin décembre. Compte tenu des températures moyennes en hiver, les rendements devraient être légèrement supérieurs à ceux de l'an dernier, grâce à l'usage accru de variétés améliorées et d'engrais, conjugué à la concentration des cultures sur les terres plus appropriées du Rahad et du Gezira. Les estimations préliminaires de la mission donnent une récolte de 626 000 tonnes, soit un volume proche de celui de l'an dernier et nettement supérieur à la moyenne quinquennale de référence de 1988/89-1992/93. Avec de tels niveaux, et après soustraction des semences et des pertes, la récolte intérieure de blé devrait satisfaire près de 60 pour cent des besoins nationaux.

La production céréalière totale pour 1997/98 est établie, selon les prévisions, à 4,64 millions de tonnes, dont 52 000 tonnes de maïs provenant principalement du sud, soit 14 pour cent de moins que la récolte record de l'an dernier, mais 20 pour cent de plus que la moyenne quinquennale de la période de référence 1988/89-1992/93. Le tableau 1 présente les prévisions de production ventilées par Etat et par secteur et comparaison avec l'an dernier. Le tableau 2 donne les régions et les rendements sur une période plus longue.

En dépit d'approvisionnements adéquats dans l'ensemble, la situation est déjà grave dans le sud et elle est vouée à se détériorer rapidement. Si l'on exclut le Renk, qui ne fournit généralement que très peu à la région sud, la production dans le sud est inférieure de 45 pour cent à celle de l'an dernier et l'on observe de graves pénuries dans les régions d'Equatoria Est, des lacs, de Bahr El Jebel et de Bahr El Ghazal. Dans l'ouest du pays, des pénuries alimentaires se manifestent déjà au Darfour Nord, en particulier dans les provinces de Umm Keddada, Kutum et Mellit et dans des poches du Kordofan Nord.


Tableau 1 - Prévisions de la production céréalière de 1997/98 (en milliers de tonnes) et comparaison avec 1996/97
 
Sorgho  Mil  Blé  Total céréales 1/  variation par rapport à 1996/97
1996/97  1997/98  1996/97  1997/98  1996/97  1997/98  1996/97  1997/98 
Cultures irriguées 
Etats du Nord  22  11  190  228  212  238  12
Nil  117  66  86  120  203  186  -8
Nil Bleu  48  39  48  39  -19
Nil Blanc  38  33  27  17  65  50  -23
Gezira et Managil  465  415  270  221  735  635  -14
Rahad  106  143  19  10  125  153  22
Suki  21  36  22  37  72
New Halfa  41  46  35  27  76  73  -4
Gash  25  51  25  51  106
Tokar  -27
Kassala (autre)  -61
Total production irriguée  887  8412/  626  623  1 516  1 465  -3
Total superficies moissonnées  366  364  4  2  318  288  688  654  -5
Cultures pluviales mécanisées 
Kassala (autres)  22  22  100
Kassala  54  153  54  153  183
Gedaref  1 144  592  1 150  595  -48
Damazin  201  227  204  228  12
Sennar  483  161  488  163  -67
Nil Blanc  318  219  327  224  -32
Kordofan Sud  101  145  105  149  42
Haut Nil  86  152  86  155  81
Darfour Sud  -
Total production mécanisée  2 388  1 672  27  16  -  -  2 414  1 688  -30
Total superficies moissonnées (en milliers d’ ha)  4 345  3 589  71  46  -  -  4 416  3 635  -18
Production traditionnelle 
Gezira  225  77  225  77  -66
Nil Bleu  33  72  34  73  114
Sennar  45  53  11  -80
Nil Blanc  26  63  14  27  77  185
Kassala  56
Nil  6
Mer Rouge  12  100
Kordofan Nord  14  24  33  75  47  99  109
Kordofan Sud  77  84  19  23  95  107  13
Kordofan Ouest  95  73  60  82  155  155  -
Darfour Nord  24  48  26  54  109
Darfour Sud  84  148  180  178  13  277  327  18
Darfour Ouest  113  176  85  119  199  297  49
Etats du Sud  233  127  238  131  -45
Total production traditionnelle  960  881  415  551  14  3  1 389  1 435  3
Total superficies moissonnées  1 917  1 733  1 575  2 279  11  3  3 502  4 014  15
Production nationale  4 235  3 394  444  568  640  626  5 319  4 588  -14
Superficies moissonnées (en milliers d’ha)  6 627  5 686  1 649  2 327  329  291  8 606  8 303  -4
Note: Ce total est calculé à partir de données non arrondies.
1/ Ne comprend pas 89 000 tonnes d'autres céréales de la campagne 1996/97, principalement du maïs en provenance du Sud et 52 000 tonnes de la campagne 1997/98, ainsi que de petites quantités de riz.
2/ Comprend 3 700 tonnes de sorgho de culture irriguée produit dans le Haut Nil.
 



Tableau 2 - Superficies cultivées en céréales et production par secteur, séries chronologiques et prévisions de la mission pour 1997/98 1/
 
Superficie (en milliers d’ha)  Rendement (kg/ha)  Production (en milliers de tonnes) 
Moyen. 88/89-92/93  1994/95  1995/96  1996/97  1997/98  Moyen. 88/89-92/93  1994/95  1995/96  1996/97  1997/98  Moyen. 88/89-92/93  1994/ 95  1995/96  1996/97  1997/98
Sorgho 
 Irrigué  415  484  310  366  364  1 423  1 476  1 657  2 426  2 423  591  715  562  887  841
Mécanisé  3 249  3 955  2 874  3 969  3 594  604  490  480  602  465  1 964  1 936  1 330  2 388  1 672
Traditionnel  1 005  1 856  1 552  1 917  1 733  397  478  349  501  501  399  888  542  960  881
Total partiel  4 669  6 295  4 736  6 252  5 691  633  562  514  677  596  2 954  3 539  2 434  4 235  3 394
Mil 
Irrigué  681  429  595  476  500  1
Mécanisé  53  32  24  71  46  442  328  328  430  380  23  10  11  27  16
Traditionnel  1 399  3 201  2 391  1 705  2 280  195  299  157  243  242  273  961  372  415  551
Total partiel  1 455  3 237  2 418  1 780  2 328  205  301  159  249  244  298  973  385  444  568
Maïs  n/a  n/a  20  148  125  n/a  n/a  500  582  601  n/a  n/a  10  89  52
Blé  311  278  314  331  292  1 669  1 608  1 752  1 934  1 144  519  447  550  640  626
Total céréales  6 435  9 810  7 488  8 511  8 436  586  506  451  635  550  3 771  4 959  3 379  5 408  4 640
Note: Totaux calculés à partir de données non arrondies.
1/ A l'exclusion de petites quantités de riz.

2.1 Principaux facteurs affectant la production en 1997

2.1.1 Précipitations

La saison des pluies a démarré dans de bonnes conditions au mois d'avril dans la plus grande partie du pays; cependant, les précipitations ont ensuite varié selon les secteurs. Dans le sud, les récoltes qui avaient été bien lancées ont succombé à la sécheresse à partir du mois de mai dans les secteurs d'Equatoria Est, Bahr El Gazal, Bahr El Jebel et les lacs. Dans ces Etats, les récoltes de la première campagne ont été perdues ou ont tout au plus donné de mauvais rendements. Cependant, dans les secteurs du Haut Nil et de Malaka, la situation a été nettement meilleure, avec une bonne répartition des pluies permettant de bons rendements, notamment dans le Renk.

Au centre du pays, les précipitations ont été anormalement faibles, entraînant d'importantes réductions par rapport à la normale dans des secteurs comme Sennar, Kosti et Rashad. La partie nord et nord-ouest de l'Etat de Gedaref n'a pas été arrosée et les perspectives de moisson sont très inférieures à l'an dernier. Dans l'ouest, le volume des précipitations a été sensiblement meilleur que l'an dernier; cependant, la sécheresse du mois de septembre a affecté tant le mil que le sorgho.

Dans un certain nombre de régions productrices importantes, telles que Damazin et Rank, les pluies tardives du mois d'octobre ont en partie compensé les dommages causés à la récolte par la longue sécheresse de septembre, qui a sévi dans l'ensemble du pays.

Les images NDVI indiquent généralement une meilleure campagne qu'en 1996 au Kordofan et au Darfour, mais une situation plus hétérogène dans le centre et l'est. Au sud, la situation est nettement moins bonne que l'an dernier, en particulier en Equatoria Est.
 

2.1.2 Irrigation

La zone de Gash a bénéficié d'une productivité inusitée cette année, grâce aux précipitations abondantes en Erythrée Sud. D'importantes superficies ont profité des crues et elles ont été ensemencées en sorgho, notamment 34 000 hectares au Gash Die, dont la production avait été nulle l'an dernier. En revanche, la crue a été maigre à Tokar, où les pluies tardives profitent néanmoins à certaines cultures tardives de mil. On a enregistré quelques pénuries d'eau à New Halfa et, en dépit des bons rendements du sorgho, les superficies ensemencées étaient inférieures à celles de 1996 ainsi qu'à la moyenne.

Le Nil Bleu, anormalement bas durant l'été, a depuis recouvré des niveaux normaux qui suffiront à la récolte d'hiver à Gezira et Rahad. Dans les deux cas, cependant, les superficies cultivées en blé sont à la baisse, en partie à cause du bas niveau du fleuve enregistré précédemment à Sennar.

La distribution de l'eau destinée à la récolte de sorgho s'est heurtée cette année à des difficultés à Gezira où 10 000 hectares ont été perdus. L'envasement des canaux et la prolifération des adventices constituent un grave problème, auquel s'ajoutent les restrictions financières que subit Gezira du fait du retrait du soutien direct du gouvernement et d'un arriéré d'endettement de la part des fermiers.

Les pressions financières sont toutefois encore plus prononcées dans les zones de pompage récemment privatisées du Nil Bleu et du Nil Blanc. Les surfaces ensemencées en sorgho ont été réduites, bien que l'on semble avoir obtenu de bons rendements en dépit de la moindre utilisation d'engrais et de difficultés d'obtention de combustibles et de pièces détachées. La zone céréalière de la région du Nil Blanc devrait connaître une réduction au cours de la prochaine campagne.

Dans le nord, le faible niveau du Nil au cours de l'été a limité la superficie ensemencée en vue des récoltes de crue et « demira » de sorgho. S'agissant des récoltes d'hiver, y compris l'importante récolte de blé, il semble que les approvisionnements en carburant destinés au pompage soient suffisants pour une zone d'ensemencement élargie.
 

2.1.3 Etat des champs

Cette année, les infestations périodiques de plantes adventices ont été faibles dans la plupart des secteurs, à l'exception du Kordofan Nord où des précipitations précoces ont inopportunément entraîné une croissance rapide des plantes parasites que les agriculteurs n'ont pas pu maîtriser. Le striga est la plus nuisible des plantes adventices du Soudan et, cette année, ses effets ont été plus marqués qu'à l'ordinaire. Ils se sont particulièrement fait sentir dans les régions du sud, aux alentours de Juba et de Wau où les agriculteurs sont forcés de cultiver de façon ininterrompue à proximité des centres urbains, ainsi que dans les régions de culture pluviale du sorgho du centre et de l'est du pays. Le mesquite, quant à lui, est un problème chronique à Tokar et à Gash où, chaque année, d'importantes superficies sont perdues à cause de l'envahissement des zones cultivées.
 

2.1.4 Ravageurs et maladies

Cette année a été l'une des plus exemptes de foyers de ravageurs et de maladies. Les dégâts causés aux récoltes ont été limités au stade de la germination; même les térébrants semblent avoir été moins nuisibles qu'à l'accoutumée. Les récoltes de mil de l'ouest ont été attaquées par des sauteriaux et par le ver du mil en fin de campagne. On a signalé davantage de dégâts causés par les oiseaux avant la récolte que d’habitude. Le moucheron du sorgho a menacé certaines récoltes tardives, mais on peut dire qu'à présent, la quasi-totalité du sorgho sur pied a dépassé le stade de la vulnérabilité.
 

2.1.5 Approvisionnements en intrants

Cette année, on a encore intensifié l'utilisation des fertilisants et des variétés améliorées, en particulier dans les périmètres irrigués mais également dans les régions plus élevées de cultures pluviales mécanisées telles que Damazin. L'utilisation de fortes doses d'intrants ainsi qu'une meilleure gestion des récoltes commencent à se généraliser dans l'agriculture commerciale, avec une amélioration correspondante des rendements.

Les approvisionnements en combustibles et en pièces détachées ont été satisfaisants, sauf dans les cas où les restrictions financières ont limité les achats, comme dans le cas des installations privées de pompage sur grande échelle du Nil Bleu et du Nil Blanc.
 

2.1.6 Rendements

Les rendements moyens des récoltes sont inférieurs, dans la plupart des cas, à ceux de 1996; toutefois, les différences tiennent en grande partie à la modification des superficies cultivées. La moindre productivité des superficies irriguées découlent, dans la plupart des cas, de difficultés d'acheminement de l'eau plutôt que d'une utilisation moins intensive des engrais et des semences améliorées. Le rendement des cultures pluviales mécanisées de sorgho accusent une forte baisse par rapport à l'an dernier, notamment à Gedaref, Sennar et dans le Nil Blanc, qui ont connu de longues périodes de sécheresse. Les autres régions de cultures mécanisées, qui ont bénéficié de pluies tardives, ont bénéficié de meilleurs rendements, notamment Damazin, Renk et Dilling.

Les rendements du mil sont légèrement inférieurs à ceux de l'an dernier; l'augmentation de la production correspond, cette année, à l'expansion des surfaces récoltées.

On prévoit de bons rendements pour le blé, compte tenu de l'utilisation d'intrants et de la disponibilité d'eau d'irrigation. Cependant, le volume récolté dépendra étroitement de la température qui prévaudra d'ici le mois de mars 1998.

2.2 Prévisions concernant la production céréalière

Une récolte céréalière globale de 4,64 millions de tonnes est prévue pour 1997/98, composée de 3,39, 0,57 0,63 et 0,05 millions de tonnes de sorgho, mil, blé et maïs respectivement. Cette récolte doit être considérée comme moyenne dans son ensemble; cependant, ces chiffres masquent la grave chute de production enregistrée dans le sud, qui aura des conséquences sévères pour la population en raison des problèmes d'insécurité et des difficultés d'accès.

Tout comme pour les années précédentes, il sera nécessaire d'acheminer les céréales de l'est ou du centre vers l'ouest du pays, où l'on observe des déficits considérables. Le coût du transport des céréales est extrêmement élevé, surtout lorsqu'on y incorpore les taxes perçues sur les céréales en transit. Les prix seront donc plus élevés dans l'ouest et dans les autres régions déficitaires.

2.3 Autres récoltes et bétail

Le coton est la culture commerciale principale du Soudan; les résultats de 1997 ont été décevants, pour des raisons liées en particulier à la production, mais également aux faibles prix à l'exportation des fibres de coton. De plus, les cultivateurs de coton doivent faire face au paiement des sommes qui restent dues aux complexes d'irrigation pour les frais afférents à la production de coton, ce qui aggrave encore les difficultés financières que connaissent les cultivateurs commerciaux du secteur irrigué.

La situation du bétail est, dans l'ensemble, relativement bonne; les pâturages sont généralement satisfaisants, à l'exception des régions où la sécheresse a frappé le plus durement en septembre, comme Butana et Umm Rawaba. Aucun problème inhabituel n'a été signalé cette année à propos de la santé des animaux.

2.4 Situation des cultures par région

Le Soudan est subdivisé en 26 Etats; la mission s'est rendue dans 23 d'entre eux. Le tableau 3 regroupe ces Etats en six grandes régions et présente des données relatives à la production agricole pour les cinq dernières années, en les comparant à une moyenne de référence établie sur cinq ans. Le tableau 6 indique la production céréalière par région et présente un calcul de la consommation régionale ainsi qu'une estimation des excédents ou déficits (sans tenir compte du commerce interrégional ni des importations, non plus que de la situation des stocks).


Tableau 3 - Emblavures, rendements et production par culture céréalière et région 1/
 
Superficie (en milliers d’ha)  Rendement (kg/ha)  Production (en milliers de tonnes) 
Moyenne 88/89-92/93  1993/94  1994/95  1995/96  1996/97  1997/98  Moyenne 88/89-92/93  1993/94  1994/95  1995/96  1996/97  1997/98  Moyenne 88/89-92/93  1993/94  1994/95  1995/96  1996/97  1997/98
Sorgho 
Nord  17  21  107  95  81  35  1 471  1 667  953  979  1 802  2 429  25  35  102  93  146  85
Est  1 539  1 622  1 984  1 403  1 843  1 798  674  512  560  500  722  534  1 038  831  1 111  701  1 331  960
Centre  2 117  2 019  2 634  2 162  2 582  2 182  699  595  610  593  756  648  1 479  1 201  1 606  1 282  1 952  1 413
Kordofan  511  538  982  559  773  828  423  262  372  206  371  394  216  141  365  115  287  326
Darfour  263  278  312  245  267  304  418  432  804  629  749  1 089  110  120  251  154  200  331
Sud  222  205  276  272  706  544  387  278  377  327  452  513  86  57  104  89  319  279
Total partiel  4 669  4 683  6 295  4 736  6 252  5 691  633  509  562  514  677  596  2 954  2 385  3 539  2 434  4 235  3 394
Mil 
Est  11  13  15  14  19  30  545  462  400  357  421  300  9
Centre  52  60  46  53  70  64  346  383  304  358  386  375  18  23  14  19  27  24
Kordofan  757  453  1 697  1 033  906  1 250  129  79  245  40  128  146  98  36  415  41  116  183
Darfour  633  529  1 472  1 310  763  965  276  289  365  244  377  359  175  153  537  319  288  346
Sud  22  19  500  400  143  125  227  316  6
Total partiel  1 455  1 060  3 237  2 418  1 780  2 328  205  208  301  159  249  244  298  220  973  385  444  568
Blé 
Nord  39  55  65  76  97  116  2 513  2 000  2 400  2 553  2 835  2 991  98  110  156  194  275  347
Est  11  31  32  25  1 571  1 000  1 286  1 419  1 406  1 280  11  11  44  45  32
Centre  263  288  203  199  191  148  1 551  1 181  1 379  1 533  1 602  1 649  408  340  280  305  306  244
OP>Darfour  
11  1 000  667  875  1 273  1 000  14  3
Total partiel  311  354  278  314  331  292  1 669  1 302  1 608  1 752  1 934  2 144  519  461  447  550  640  626
Total céréales  6 435  6 097  9 810  7 468  8 363  8 311  586  503  506  451  636  552  3 771  3 066  4 959  3 369  5 319  4 588

Note: Ces totaux ont été calculés à partir de données non arrondies.
1/ A l'exclusion de 89 000 tonnes d'autres céréales pour la campagne 1996/97, principalement du maïs en provenance du sud, et de 52 000 tonnes pour la campagne 1997/98.
Source: Estimations du MAF jusqu'à 1996/97, à l'exception du sud. Estimations de la mission pour 1997/98 et pour le sud.
 

Equatoria Est

La faiblesse des précipitations en Equatoria Est a entraîné les pertes de récolte les plus graves enregistrées depuis des années. La production de sorgho et de maïs est estimée à 18 000 tonnes, contre 39 600 tonnes en 1996/97, soit une chute de 54 pour cent.

Les premières précipitations sont arrivées en avril et les agriculteurs en ont profité pour planter le sorgho et le maïs; cependant, les pluies se sont arrêtées dans la plupart des régions au début du mois de mai, entraînant la perte des cultures. S'agissant des récoltes de sorgho qui ont survécu, celle de sorgho de repousses a été satisfaisante dans certains secteurs, Lafon par exemple, tandis que les zones sablonneuses comme celles de Kimotong ont été les plus durement touchées par la sécheresse. Selon les informations reçues, les résidents de la région de Boma, au nord de l'Etat, ont subi la famine, et un certain nombre de décès dus à la faim ont été signalés en novembre 1997. Précisons toutefois que le mauvais état des routes et les précipitations hors-saison qui affectent aujourd'hui Boma ont empêché l'acheminement de secours et d'approvisionnements.

Les informations font également état d'une perte totale des récoltes plantées dans la région de Kapoeta, où les pasteurs nomades ont commencé à vendre leur bétail au Kenya pour pouvoir acheter des céréales. On prévoit, pour la période de fin novembre/début décembre, une grande opération de parachutage de denrées alimentaires dans la région de Kapoeta.

Dans les collines de Didinga, le long de la frontière avec l'Ouganda, les pluies ont également été insuffisantes et de nombreux Didingas sont allés chercher de quoi subsister dans le nouveau camp de Cush. C'est là un événement sans précédent, étant donné que les collines de Didinga constituent en général une excellente zone de culture. A Chukudum, autre région habituellement excédentaire, la sécheresse a anéanti les principales récoltes, et bon nombre de personnes n'ont pas de quoi se nourrir.

Plus à l'ouest, à Nimule et au sud de Torit, les précipitations ont été très irrégulières, certaines zones recevant suffisamment de pluies pour une mise en culture normale, tandis que d'autres n'avaient au mieux que des pluies insuffisantes, provoquant une perte totale des récoltes. On estime que dans la région de Nimule, généralement autosuffisante, la récolte obtenue représente 50 pour cent du volume normal.

A Torit, principale ville de la province d'Imatong, la saison des pluies a démarré normalement au mois de mars et s'est poursuivie jusqu'à la deuxième décade de mai, pour s'interrompre complètement à l'exception d'un seul jour au mois de juillet, jusqu'à la fin du mois de septembre. Des pluies abondantes sont tombées en octobre, mais trop tard pour être bénéfiques aux cultures. On estime donc que les récoltes rentrées représentent la moitié de celles de l'an dernier, qui constituaient déjà une mauvaise campagne. Du fait de l'insécurité qui règne pour les quelque 10 000 résidents de la ville, les surfaces ensemencées ont été réduites. Par ailleurs, en 1997, les oiseaux ont infligé d'importants dégâts aux récoltes de sorgho. Il faudra prévoir pour la région de Torit, à partir de janvier 1998, des rations complètes de denrées alimentaires et de semences afin de permettre aux exploitants de mettre leurs terres en culture.

A Lafon, la première récolte a également échoué; cependant, les récoltes de sorgho de repousses ont été meilleures que prévu. A Lopit, on signale la perte totale des récoltes et d'importants mouvements de populations vers le sud, à la recherche de nourriture.


Tableau 4 - Production céréalière des Etats du sud du Soudan, 1996/97 et 1997/98
 
Sorgho  Maïs  Mil  Total 
96/97 Superf.  97/98 Superf.  96/97 Prod.  97/98 Prod.  96/97 Superf.  97/98 Superf.  96/97 Prod.  97/98 Prod.  96/97 Superf.  97/98 Superf.  96/97 Prod.  97/98 Prod.  96/97 Superf.  97/98 Superf.  96/97 Prod.  97/98 Prod.
(en milliers d’ ha)  (en milliers de tonnes)  (en milliers d’ ha)  (en milliers de tonnes)  (en milliers d’ ha)  (en milliers de tonnes)  (en milliers d’ha)  (en milliers de tonnes) 
Etats du Haut Nil 
Renk  160.5  117.1  65.8  105.0  1.9  3.6  3.8  3.4  2.2  166.2  120.5  70.4  107.2
Malkal  2.0  4.2  1.7  3.6  2.0  4.2  1.7  3.6
Melut  12.5  14.7  2.4  15.8  12.5  14.7  2.4  15.8
Gelhak  7.6  8.1  7.6  8.1
Fashoda/Wadakona  44.4  37.8  15.6  16.2  44.4  37.8  15.6  16.2
Cultures irriguées  5.2  3.7  5.2  3.7
Total mécanisées  219.4  186.6  85.5  152.4  1.9  -  3.6  -  3.8  3.4  1.0  2.2  225.1  190.0  90.1  154.6
Equatoria Ouest  49.2  33.2  48.9  27.0  21.2  16.0  21.5  12.0  2.0  1.8  0.5  0.4  72.4  51.0  70.9  39.4
Bahr El Jebel  45.7  36.6  22.0  12.0  5.1  4.6  2.4  1.0  2.0  1.8  0.2  0.2  52.8  43.0  24.6  13.2
Equatoria Est  51.4  26.0  23.6  10.0  34.3  25.7  16.0  8.0  2.8  2.4  1.0  0.5  88.5  54.1  40.6  18.5
Jonglei  56.4  40.0  18.2  9.0  21.2  15.9  4.4  3.3  2.0  1.5  0.4  0.3  79.6  57.4  23.0  12.6
Haut Nil  56.1  42.0  25.5  15.0  10.1  9.0  6.9  5.0  2.5  2.0  1.8  1.5  68.7  53.0  34.2  21.5
Etat de Unity  32.0  30.0  10.3  8.0  13.7  10.3  2.4  2.0  1.0  1.0  0.2  0.2  46.7  41.3  12.9  10.2
El-Buheirat  68.4  51.3  36.7  17.0  24.0  18.0  14.0  5.2  1.0  0.8  0.3  0.3  93.4  70.1  51.0  22.5
Warrab  29.8  25.0  16.1  8.0  12.8  12.0  6.6  4.0  2.0  2.0  0.2  0.2  45.1  39.0  22.9  12.2
Bahr El Ghazal Ouest  48.7  36.5  19.6  12.0  4.5  3.8  1.1  1.0  1.0  1.0  0.2  0.2  54.2  41.3  20.9  13.2
Bahr El Ghazal Nord  49.2  37.0  12.4  9.0  5.1  3.8  1.1  1.0  1.0  1.0  0.2  0.2  55.3  41.8  13.7  10.2
Total traditionnel  486.9  357.6  233.3  127.0  152.0  119.1  76.4  42.5  17.8  15.3  5.0  4.0  656.7  492.0  314.7  173.5
Total général  706.3  544.2  318.8  279.4  153.9  119.1  80.0  42.5  21.6  18.7  6.0  6.2  881.8  682.0  404.8  328.1
Les chiffres relatifs aux superficies concernent les surfaces récoltées.
 
Jonglei

Dans la partie occidentale du Jonglei, le schéma des précipitations a été analogue à celui de l'Equatoria Est, entraînant la perte totale de bon nombre des premières récoltes de sorgho et de maïs. On estime que la production a chuté de 45 pour cent par rapport à l'année précédente.

Dans le secteur de Paluer, qui appartient au district de Bor Sud, la première récolte de sorgho à cycle court a été complètement perdue, et seule une fraction de la récolte de sorgho cycle long pourra être rentrée. Une partie du sorgho de repousses a survécu, mais les fortes pluies au moment de la floraison ont entravé la pousse des épis. Par ailleurs, les peuplements demeurant épars dans les champs et les fortes infestations de térébrants se sont conjugués pour réduire les rendements. Certaines cultures de maïs situées près du fleuve à proximité de Yomciir, au nord de Bor, ont néanmoins survécu à la sécheresse, mais elles ne donneront que de faibles rendements. Les récoltes de sorgho de cette région ont été durement touchées par la sécheresse et par les oiseaux ravageurs.

Dans la région de Panyagor appartenant au Bor Nord, la pêche constitue aujourd'hui une source très importante d'alimentation, de même que certains végétaux sauvages tels que la graine de nénuphar, la datte du désert et le riz sauvage. Les pluies ont été suffisantes pour permettre de planter les arachides au mois de septembre.

La récolte du maïs et du sorgho était en cours dans la région d'Akobo au mois de novembre, et plus de la moitié des ménages devaient rentrer entre 300 et 500 kilos de grains, c'est-à-dire beaucoup moins que l'an dernier. Les ménages pauvres seront peut-être contraints de recourir à la consommation de végétaux sauvages. Après quelques années de conflits, cette région connaît à présent la paix, et les possibilités de commerce avec le Nasir se sont également améliorées.

Au Pibor, après un démarrage prometteur en avril, les pluies se sont complètement arrêtée, entraînant d'importantes pertes de récolte. Malgré la présence d'un bétail nombreux, ces pertes de récolte représentent un rude coup pour la région qui avait déjà connu ce phénomène en 1996 du fait des inondations.

L'insécurité dans la région d'Ayod et de Yuai le long de la Zone de crête de Duk a réduit, voire empêché totalement les cultures dans cette région qui présente un potentiel productif.
 

Equatoria Ouest

L'Equatoria Ouest est, en temps normal, une région de très grande production, grâce à une pluviométrie généralement très élevée. Les récoltes locales entrent pour une plus grande part (80 pour cent) dans l'alimentation des populations de l'Equatoria Ouest que dans tout autre Etat du Soudan. En 1997, la sécheresse précoce a détruit une bonne partie des récoltes de sorgho de cycle court à Maridi, et les deuxièmes récoltes ont été affectées par les fortes pluies au moment de la floraison, ce qui devrait réduire les rendements. Cependant, les agriculteurs de Yambio et Maridi cultivent également le manioc et la patate douce, qui ont été moins affectés par la sécheresse de mai et juin.

Par suite des conditions climatiques défavorables, la production de maïs et de sorgho est tombée de 70 400 tonnes à 39 000 tonnes, soit une chute de 45 pour cent par rapport à l'an dernier.

A Mundri, les pluies ont commencé à temps et les agriculteurs ont planté comme d'habitude au mois d'avril. Cependant, la période de sécheresse qui a suivi, se prolongeant jusqu'au mois de d'août, a annihilé la quasi-totalité des récoltes de sorgho de cycle court et d'arachides. Le manioc, qui représente une culture auxiliaire importante dans certains secteurs de Mundri, n'a pas été replanté après avoir été récolté par des groupes d'insurgés, ce qui devrait affecter sensiblement la sécurité alimentaire dans la région.

A Yambo et Tambura, où l'on estime à 14 000 le nombre des réfugiés revenant de République centrafricaine et de la République démocratique du Congo, on signale une épidémie de trypanosomiase dont l'incidence est élevée et pouvant toucher jusqu'à 30 pour cent de la population de certains villages. Le traitement de cette maladie débilitante est long et difficile, et elle risquerait d'affecter la capacité de travail des populations rurales.
 

Bahr El Jebel

La campagne de 1997 a été catastrophique dans la région de Juba, là encore en raison de la longue période de sécheresse qui s'est prolongée dans certaines régions jusqu'à fin septembre et qui a fait suite aux pluies abondantes ayant encouragé les semis au mois d'avril. Les récoltes plantées en avril ont bien germé, pour disparaître ensuite sous l'effet de la sécheresse prolongée. Quelques parcelles de sorgho de cycle long ont survécu, mais elles ont été tellement éprouvées par le striga et par la médiocre fertilité des sols surexploités que l'on en attend des rendements inférieurs à 100 kg./ha.

La récolte de maïs et de sorgho pour 1997 est estimée à 13 000 tonnes, soit un déclin de 47 pour cent par rapport à l'année précédente. Ce déclin aurait toutefois été encore plus marqué si les régions de Yei et Kajo Keji n'avaient pas reçu des précipitations mieux réparties que la région de Juba.

Le maïs est cultivé comme deuxième récolte dans les îles du Nil et le long de la rive du fleuve au nord de Juba. En 1997, le niveau de l'eau a atteint, au mois d'août, son niveau le plus bas depuis bien des années et les agriculteurs ont planté du maïs. Les précipitations abondantes de septembre et d'octobre ont élevé le niveau de l'eau de façon brutale et les récoltes plantées sur les terres basses ont été inondées et détruites par cette crue tardive.

L'insécurité a lourdement pesé dans la région de Juba durant les semis. Une importante ONG, qui s'était fixé comme but de labourer plus de 1 000 ha, n'a pu atteindre que près de 10 pour cent de son objectif du fait qu'il fallait obtenir quotidiennement des autorisations de sécurité avant de pouvoir se rendre dans les champs. Une charrue a été détruite et le conducteur du tracteur blessé par l'explosion d'une mine terrestre. Les retards dans l'acheminement de carburant et de pièces détachées ont également affecté les labours. En fin de compte, la totalité des 120 ha mis en culture ont vu leurs récoltes complètement détruites par la sécheresse.

Les arachides ont été pour la plus grande part un échec, et même les plantes qui ont survécu n'ont que très rarement atteint leur plein développement. Certains agriculteurs ont planté les arachides plus tard qu'à l'accoutumée, en raison des livraisons tardives de semences; cependant, ils ont obtenu une récolte meilleure que prévu grâce aux pluies qui ont commencé juste à temps, au mois de septembre et se sont poursuivies jusqu'à la récolte.

Les autres cultures, comme le dolique et le pois velu ont été gravement infestées par les ravageurs, dont les méloïdés, les bruches, les pucerons et différentes variétés de champignons; de ce fait, leur rendement sera très faible.

Il ne sera guère facile aux résidents de Juba d'assurer leur sécurité alimentaire jusqu'à la prochaine récolte, en juillet 1998. Les principales entreprises génératrices d'argent frais vendent du bois de chauffage, du charbon de bois, des poteaux de construction et de l'herbe séchée pour la confection des toits. Cette dernière activité, qui se déroule normalement de janvier à mars, est menacée par les pluies tardives qui prolongent la vie de l'herbe et la rend impropre à la confection des toitures. En outre, les restrictions imposées à la liberté de mouvement en dehors de la ville empêchent les familles de mettre en pratique certaines de leurs méthodes habituelles de survie.

Selon les informations reçues, les agriculteurs de Terekeka disposant d'un cheptel important accepteraient de s'en défaire à un coût de troc extrêmement bas, à savoir un taureau contre un sac de sorgho de 90 kg. La production agricole à Yei et Kajo Keji ainsi que dans la zone d'économie alimentaire de la ceinture verte est nettement meilleure, en dépit de l'effet de la sécheresse sur les récoltes précoces. L'insécurité engendrée par les incursions intertribales et les rencontres sporadiques entre les unités du SPLA et du Gouvernement du Soudan ont également entravé la production alimentaire.

Les prix du sorgho dans le marché de Juba, fixé à 45 000 livres soudanaises le sac, sont inférieurs au cours prévu, compte tenu de la maigre récolte. La récente arrivée d'une péniche en provenance du nord avec, à son bord, des stocks de sorgho de 1996 que les négociants doivent écouler, même à des prix relativement faibles, avant de prendre en charge la récolte de 1997, explique les cours relativement bas par comparaison avec Wau. Fin novembre, le sorgho se vendait à 45 000 livres soudanaises, contre plus de 80 000 livres soudanaises le sac avant l'arrivée de la péniche. Fin novembre, on n'avait pratiquement pas encore vu sur les marchés de sorgho ou de maïs en provenance de la récolte locale de 1997. On prévoit une remontée rapide des cours une fois consommés les stocks livrés par la péniche.

Pour les six premiers mois de 1998, le principal souci concerne les approvisionnements alimentaires et la disponibilité de semences. En effet, rares sont les fermiers qui, au lendemain de cette récolte, disposent encore de semences; quant aux réserves alimentaires, elles sont réduites à néant. Il est donc urgent de garantir des approvisionnements pour mars/avril 1998, afin de permettre aux agriculteurs de cultiver leurs terres.
 

El Buheirat (Etat des lacs)

L'Etat des lacs est une région importante, tant pour la culture que pour l'élevage et pour les échanges commerciaux. Les précipitations, qui avaient commencé au mois d'avril à Tonj, se sont arrêtées après deux semaines. Les cultures, après germination, se sont étiolées du fait de la sécheresse. Cette dernière s'est poursuivie jusqu'au mois de juin, entraînant la perte de toutes les récoltes de semis précoce, et l'on ne disposait pas de semences pour une replantation lorsque les précipitations reprirent, à la fin du mois de juin.

Par suite de l'insuffisance des pluies de première campagne et de leur mauvaise répartition à mesure que celle-ci se poursuivait, on estime la production de sorgho à 17 000 tonnes seulement, contre les 36 700 de 1996. La production de maïs est également tombée, passant de 14 000 tonnes à un peu plus de 5 200 tonnes. La période sèche de mai et juin a également affecté les zones situées au sud de Tonj, dont Akot et Billing. La sécheresse s'est prolongée jusqu'à la toute fin de la campagne dans de nombreux secteurs, entraînant non seulement la destruction des récoltes mais également une moindre disponibilité de pâturages pour le nombreux cheptel de l'Etat. Ce dernier phénomène est lourd de conséquences, car le bétail couvre jusqu'à la moitié des besoins alimentaires des familles de l'Etat des lacs.

A Rumbek, le manioc et les aliments sauvages jouent un rôle important dans l’alimentation. A Tonj, l'insécurité causée par les trois mouvements armés qui opèrent dans la région pose également un grave problème. De nombreux agriculteurs ont été déplacés et l'on estime que la production alimentaire, dans plusieurs secteurs de l'Etat des lacs, n'atteindra que 40 pour cent du niveau normal. Un grand nombre de personnes déplacées provenant de Gogrial, Wau, Akop et Luanjang ne pourront qu'alourdir de façon substantielle la demande alimentaire ainsi que les mécanismes de solidarité familiale dans l'Etat des lacs. Des plans ont déjà été mis sur pied pour offrir une aide alimentaire d'urgence entre janvier et avril 1998, c'est-à-dire jusqu'à la prochaine campagne de semis.
 

Unity

L'Etat de Unity comprend les agglomérations de Bentiu, Mayom, Nhialdiu, Duar, Koch, Leer et Pariang. Le maïs et le sorgho – ce dernier ayant subi les attaques des oiseaux – sont les principales cultures. En temps normal, le niébé et l'arachide sont également des cultures importantes. La production par ménage a considérablement chuté en 1997 à cause de la sécheresse qui a sévi en mai et en juin. A Pariang, l'insécurité a gêné la collecte des végétaux sauvages, qui sont une importante source de nourriture. Les récoltes de Leer et Nialdhiu ont été durement affectées par l'irrégularité des précipitations, et la récolte devrait compter entre 1 et 3 sacs pour la période novembre/décembre, alors que le niveau d'autosuffisance est de 3 à 4 sacs par ménage. La récolte de 1996 avait déjà été mauvaise dans cette région; c'est pourquoi cette deuxième mauvaise récolte consécutive frappe très durement les couches les plus pauvres de la population.

La production de sorgho et de maïs a baissé d'environ 21 pour cent par rapport à l'année précédente, pour atteindre 10 000 tonnes.

Le bétail joue un rôle important dans la région, et le lait est une source d'alimentation de premier plan. On ne signale aucun foyer majeur de maladie du bétail.
 

Warrab

Par suite de pluies insuffisantes au moment des semis et d'une conclusion prématurée de la saison des pluies à Gogrial et dans d'autres régions, mais aussi de l'insécurité généralisée et des déplacements imposés aux agriculteurs, la production de sorgho et de maïs dans l'Etat de Warrab est tombée de 22 700 tonnes en 1996 à 12 000 tonnes cette année.

Gogrial, la principale ville du Warrab, est encerclée par les forces de l'opposition, si bien que les résidents ne disposent que de très peu de terres cultivables; en outre, les récoltes de 1997 ont été complètement détruites par la sécheresse. Pour survivre à la saison sèche qui s'annonce, les habitants ne disposent plus, à présent, que de potagers et de bétail. L'insécurité les empêche également de mettre en pratique leurs autres méthodes de survie telles que le ramassage du bois de chauffage, la confection de charbon de bois ou la collecte d'herbages pour les toitures.

Dans les régions plus éloignées de Gogrial, les agriculteurs n'ont pas pu ensemencer les surfaces habituelles en raison de l'insécurité persistante due aux quelque six milices indépendantes et groupes armés qui sévissent dans la région. Les précipitations ont cessé à Gogrial au mois d'août, c'est-à-dire beaucoup plus tôt que d’habitude, ce qui a affecté les cultures de sorgho de la campagne principale.
 

Bahr El Ghazal Ouest

La ville de Wau a également souffert de la sécheresse aux mois de mai et juin, et la plupart des récoltes de sorgho n'apporteront qu'une fraction de leur volume potentiel. On prévoit que cette récolte sera la plus mauvaise des cinq dernières années. La production de sorgho et de maïs, estimée à 13 000 tonnes, a chuté de 38 pour cent par rapport à l'an dernier.

Fort heureusement, on cultive à la périphérie de Wau et de Raga le manioc et la patate douce, qui ont été relativement épargnés par la sécheresse. Ils fourniront donc la principale source de nourriture pour la population de Wau entre juillet et janvier; après, il faudra s'attendre à de graves pénuries alimentaires. La province de Raga n'est pas vraiment touchée par l'insécurité et elle a bénéficié, dans l'ensemble, d'une bonne pluviométrie en 1997; ce district pourra donc commercialiser sa production excédentaire à Wau pendant la saison sèche, une fois la route devenue praticable.

L'insécurité qui a régné dans les régions orientales de la province a empêché le déroulement normal des activités agricoles, entraînant une réduction considérable des surfaces cultivées.

Cette année, les ravageurs et les maladies ont été moins nuisibles que la sécheresse, bien que le striga constitue un problème grave dans l'arrière-pays de Wau, où l'on cultive le sorgho de façon continue depuis de nombreuses années.

Fin novembre, le prix des céréales était très élevé sur le marché de Wau. Le sorgho se vendait à 72 000 livres soudanaises le sac, alors que le salaire mensuel d'un travailleur est de 15 000 livres soudanaises. Ces prix élevés reflètent le fait que Wau est coupé de son arrière-pays, lui-même à court de sorgho.
 

Bahr El Ghazal Nord

Le conflit qui se prolonge dans le Bahr El Ghazal Nord a eu de tels effets dévastateurs pour cet Etat que la population y compare l'année 1997 à 1988, la pire du point de vue de la famine et des autres épreuves, puisqu'elle a conduit au lancement de l'Opération survie au Soudan. Les pillages et les vols de bétail incessants ont entravé les activités agricoles et entraîné des déplacements de population sur grande échelle vers le sud, en direction de Tonj, dans l'Etat des lacs, région elle-même très affectée par la mauvaise récolte. Les mouvements de bétail sont considérablement entravés, tout comme l'accès aux points d'eau, et dans de nombreux secteurs l'accès aux plantes sauvages comme source d'alimentation reste interdit.

La campagne a été mauvaise dans le Bahr El Ghazal Nord en 1996; cependant, on estime que la production de sorgho et de maïs a encore chuté de 26 pour cent depuis la base déjà faible de 13 500 tonnes, pour atteindre 10 000 tonnes.

La saison des pluies commence normalement fin mars/début avril, pour atteindre son apogée au mois d'août et se terminer en octobre/novembre. Cette année, les précipitations ont été supérieures à la normale jusqu'au mois de juin, avec de longues périodes de sécheresse en juillet et en août, et enfin des pluies abondantes au mois d'octobre. La sécheresse qui a sévi au mois de juillet a empêché les semis normaux d'arachides à Aweil. La sécheresse est également responsable de la perte d'environ 80 pour cent des 700 ha de riz plantés dans le périmètre rizicole d'Aweil.

On a signalé, dans le secteur d'Ariath, une grave infestation de myriapodes qui aurait causé davantage de dégâts à la récolte que la sécheresse. Des sauterelles auraient également endommagé les récoltes dans le Bahr El Ghazal Nord, et l'on ne dispose pas de pesticide pour réduire les dommages causés par ces ravageurs. Dans la région d'Aweil, les singes auraient également causé de graves dégâts.
 

Haut Nil

L'Etat du Haut Nil comprend les zones mécanisées de Renk, Wadakona/Fashoda, Melut, Gelhak et Malakal, ainsi que les larges étendues le long du Nil et du Sobat. Dans les principaux secteurs mécanisés, les précipitations n'ont atteint que 30 pour cent du niveau enregistré en 1996, mais leur répartition quasiment parfaite a créé des conditions de croissance idéales pour le sorgho. De ce fait, les rendements ont plus que doublé dans la région de Renk, passant de 377 kg/ha en 1996 à 896 kg/ha en 1997. A Melut, certains agriculteurs auraient obtenu des rendements de plus de 3 tonnes/ha en culture pluviale de sorgho. Les superficies semées en culture mécanisée de sorgho ont augmenté de 83 pour cent par rapport à l'an dernier à Melut, Gelhak et Malakal, grâce à l'effort concerté entrepris par les autorités gouvernementales pour assurer en temps utile les approvisionnements en intrants.

La production de sorgho de culture mécanisée a connu une augmentation substantielle, passant de 85 500 tonnes à 152 500 tonnes, grâce surtout aux meilleurs rendements. Dans les secteurs mécanisés de Renk, les superficies récoltées en sorgho ont enregistré une chute d'environ 22 pour cent, passant de 239 400 ha en 1996 à 186 600 ha cette année. Ce phénomène est principalement attribuable aux faibles prix faisant suite à la récolte généralement bonne de l'an dernier, de même qu'au sentiment largement répandu qu'il reste d'importants stocks de sorgho risquant de peser sur le marché.

Le coût des intrants a augmenté en flèche depuis 1996. Ainsi, le carburant diesel a augmenté de 63 pour cent, passant de 65 000 à 106 000 livres soudanaises le baril. Parallèlement, le prix du sac de 90 kg a baissé de 6 pour cent par rapport à l'an dernier, atteignant 17 000 livres soudanaises, soit environ 107 dollars E.-U. la tonne. Cependant, les forts rendements obtenus pendant la campagne aideront les agriculteurs à réaliser cette année quelques bénéfices, à condition que les cours actuels se maintiennent.

La superficie cultivée en mil est analogue à celle de l'an dernier, soit 3 400 ha. Compte tenu des faibles prix proposés pour cette récolte, une augmentation des surfaces plantées en mil est peu probable.

Dans les secteurs de culture mécanisée, les ravageurs et les maladies n'ont pas fortement nui aux récoltes, même si la présence généralisée de striga a entraîné d'importantes baisses de rendements, auxquels on pourrait remédier par de meilleurs assolements. Le striga ne constitue pas un problème aussi grave dans les régions de cultures traditionnelles du sud et de l'ouest du Haut Nil.

Du fait des restrictions de crédit, les récoltes risquent d'être rentrées après la période optimale, avec comme corollaire une réduction des rendements potentiels dans le Renk. Au moment du passage de la mission, la récolte avait à peine commencé et certaines cultures de sorgho avaient déjà passé la période optimale de moisson.

Dans les zones de culture traditionnelle de Nagdiar, Maiwut, Chotbora, Nasi et le long du Sobat, les cultures ont été affectées par le manque de pluies en mai et en juin, et les agriculteurs qui n'avaient semé qu'une seule récolte en avril/mai ont perdu cette dernière. On estime que 25 pour cent des agriculteurs obtiendront une certaine quantité de grains à partir des récoltes de sorgho de repousses. Dans les zones de culture traditionnelle, la production de sorgho et de maïs est estimée à 20 000 tonnes, soit un déclin de 38 pour cent à l'année précédente. Les cultures tardives plantées dans les zones de récession le long des fleuves donneront peut-être cette année des résultats meilleurs qu'à l'accoutumée en raison des niveaux d'eau supérieurs attribuables aux pluies tardives.

La région occidentale du Haut Nil dispose d'un cheptel important et l'on n'y a pas signalé de graves problèmes de santé concernant le bétail. Il règne une paix relative dans la région et l'accès aux pâturages reste libre.
 

2.4.2 Région Est

La région inclut les Etats de la mer Rouge et de Kassala et celui de Gedaref (principal Etat excédentaire du Soudan, qui assure un quart de la production nationale de sorgho). Les zones d'irrigation de crue de Tokar et de Gash, et la zone de New Halfa sont incluses dans la région, de même que 55 pour cent du projet d'irrigation de Rahad. Les céréales excédentaires provenant de cette région sont pour la plupart expédiées à Khartoum et, lorsque la production le permet, exportées de Gedaref via Port Soudan.

Au total, la production céréalière est inférieure de 28 pour cent à celle de 1996/97, en raison principalement d'une forte chute du volume de sorgho rentré par rapport à la récolte record de l'an dernier. La superficie plantée en sorgho dans les grands secteurs mécanisés a été réduite, par suite notamment des faibles cours et des coûts élevés, et les cultures pluviales ont toutes été gravement affectées par la sécheresse au mois de septembre.

La saison a bien démarré dans presque toute la région Est, avec des précipitations normales atteignant 100 mm au mois de juin, 160 mm en juillet et 200 à 300 mm en août. Le mois d'août a été également favorable dans la plus grande partie des secteurs mécanisés, avec 191 mm à Gedaref, 364 mm à SamSam et 210 mm à Umm Seinat. Cependant, la période sèche a commencé au mois d'août à Hawata (65 mm en août) et à Gadam Bilia (109 mm). Les enregistrements font apparaître de longues périodes sèches en septembre: seulement 30 à 90 mm de précipitations dans le nord et l'ouest de Gedaref, suivies par de faibles pluies au mois d'octobre, alors que l'on a enregistré plus de 100 mm au mois de septembre dans le sud et dans le sud-est (110 mm à SamSam, 129 mm à Umm Seinat), et de petites quantités au mois d'octobre.

Même si la quantité globale des précipitations saisonnières semble favorable (Gedaref: 625 mm), le temps sec qui a prévalu en septembre a considérablement affecté les rendements du sorgho comme du sésame. Si l'on considère l'ensemble du secteur de Gedaref, la production a chuté de 48 pour cent par rapport à l'an dernier, soit une perte de 555 000 tonnes et cela en dépit des excellentes récoltes de SamSam. A Kassala, la production de sorgho mécanisée a augmenté de 175 000 tonnes, à partir de la très faible base enregistrée en 1996.

L'incidence des ravageurs et des maladies a été minime, mais le striga continue de porter atteinte aux rendements dans les secteurs mécanisés, et son incidence a été plus marquée cette année. Le moucheron du sorgho représente un risque pour les récoltes pluviales tardives; cependant, la mission considère que la plupart des récoltes ont à présent dépassé la phase de vulnérabilité et ne seront que peu éprouvées.

La récolte des cultures pluviales se poursuit dans de bonnes conditions, sans pénurie de combustible ni de main-d'oeuvre, et l'on dispose d'un parc suffisant de tracteurs et de moissonneuses-batteuses. La récolte du sésame était pratiquement achevée fin novembre – avec, cependant, un résultat décevant – et celle du sorgho était déjà bien engagée. Les résultats de l'enquête accomplie par le MAF sur les récoltes dans le périmètre de Gedaref permettront d'obtenir des résultats plus détaillés dans le courant de l'année, et il pourra alors être nécessaire de réviser certaines des prévisions de la mission.

La situation céréalière au Gedaref se caractérise par un autre facteur important: le niveau élevé de stockage de la récolte exceptionnelle de l'an dernier. En effet, jusqu'à un tiers de la récolte de sorgho réalisée l'an dernier dans la région est se trouve aujourd'hui entreposée au Gedaref et dans les environs, soit 100 000 tonnes dans les silos (remboursements dans le cadre du système salam, retenus en guise de réserve stratégique par les autorités gouvernementales), 250 000 tonnes d'entrepôts couverts dans la ville (propriété de grands négociants), 30 000 tonnes détenues par d'autres banques (prêts remboursés) ainsi que des quantités supplémentaires détenues par des négociants et des détaillants secondaires et tertiaires, auxquels s'ajoutent certains stocks fermiers. Une bonne partie de ces stocks ont été conservés dans l'attente de l'abrogation de l'interdiction d'exporter, et les prix reflètent les cours mondiaux ainsi que les coûts de transport. Les autorités gouvernementales ont maintenu l'interdiction; cependant, certaines quantités pourraient être autorisées à l'exportation une fois la récolte à l'abri et son volume établi. A partir d'avril 1998, l'espace d'entreposage deviendra précieux et il sera nécessaire d'écouler les stocks pour financer les semis de l'année prochaine.

La région Est comprend également les zones d'irrigation de la mer Rouge (Tokar), de Kassala (Gash et New Halfa) de même que 55 pour cent du projet de Rahad.

La région de Tokar, où la crue a été insuffisante cette année, n'a pas donné les résultats escomptés; en revanche, Gash a connu une excellente récolte grâce à la meilleure crue enregistrée depuis plusieurs campagnes, y compris Gash Die qui produisait pour la première fois depuis quelques années. La production total de sorgho de Gash doublera cette année, pour atteindre 51 000 tonnes. On prévoit que l'Etat de New Halfa produira, cette année, 46 000 tonnes de sorgho, soit une petite augmentation principalement attribuable à un ensemencement de 90 pour cent des surfaces au moyen de variétés améliorées, ce qui compensera la moindre utilisation d'engrais. La production de blé tombera à 27 000 tonnes, par suite de la réduction des surfaces ensemencées cette année. Le projet de New Halfa souffre, comme certains autres projets d'irrigation, d'une crise de liquidité due à l'instauration soudaine de l'autonomie financière. Cette situation pèse sur l'obtention de crédits aux intrants et d'argent frais pour les travaux d'entretien du projet. Signalons toutefois la présence de quelque 12 000 tonnes de céréales provenant de la production de New Halfa en 1996.

La récolte de sorgho de Rahad sera exceptionnelle, en raison surtout des 13 000 ha détournés cette année de la production de blé au profit du sorgho. Les rendements sont bons dans l'ensemble du Rahad, bien que le doute persiste sur le volume final de la récolte de sorgho à partir des semis tardifs, qui étaient encore verts à la mi-novembre. La production totale du Rahad devrait connaître une augmentation de 35 pour cent cette année, laquelle sera toutefois contrebalancée par une chute de la production de blé, du fait de la réduction des emblavures. Les rendements du blé seront élevés au Rahad, par suite de l'élimination des régions marginales, mais la production n'atteindra que la moitié du volume de l'an dernier, soit 10 000 tonnes seulement.
 

2.4.3 Région du Centre

Le Centre produit habituellement la moitié environ de la récolte nationale de sorgho et comprend les provinces de Nil Bleu, Nil Blanc, Gezira et Sennar, ainsi que le projet d'irrigation de Suki, une partie du projet d'irrigation de Rahad et d'importantes zones de cultures pluviales mécanisées à Damazin, dans la région de Singa et à Kosti.

Les prévisions établissent la production céréalière totale de la région à 26 pour cent de moins que l'an dernier, par suite de la réduction des emblavures et des rendements de sorgho et d'une réduction des surfaces plantées en blé.

Dans la plupart des stations, les précipitations enregistrées étaient inférieures à la normale: à Ed Duiem, 150 mm (niveau normal: 220 mm); à Wad Medani 292 mm (289); à Sennar, 212 mm (415); à Kosti, 267 mm (315); à Khartoum, enfin, les précipitations ont atteint un niveau moyen: 136 mm.

Après un début de saison satisfaisant, la sécheresse qui a sévi fin août et au mois de septembre a considérablement affecté les cultures pluviales de sorgho, tant mécanisées que traditionnelles. La sécheresse a particulièrement touché les cultures pluviales de Gezira, Sennar et du Nil Blanc et d'importantes superficies de culture traditionnelle du sorgho ont été abandonnées à Butana, à l'est du Nil Blanc et aux alentours de Sennar.

De meilleures récoltes ont été enregistrées dans le sud de la région, où la sécheresse a sévi moins longtemps en septembre et où quelques pluies tardives tombées au mois d'octobre ont permis une reprise de la récolte. A titre d'exemple, les précipitations ont atteint 548 mm à Abu Naama, 585 mm à Singha et 576 mm à Damazin, soit un niveau proche de la norme. Le secteur de culture mécanisée de Damazin a donné de bonnes récoltes de sorgho, avec des rendements et une production (227 000 tonnes) supérieurs au niveau de l'an dernier. Cependant, dans l'ensemble, les cultures pluviales de sorgho de la région centrale accusent une baisse de 450 000 tonnes, soit 45 pour cent de moins que la bonne récolte de l'an dernier.

En revanche, la récolte de sorgho de cultures irriguées de la région centrale est comparable à celle de l'an dernier, soit près de 700 000 tonnes. Les emblavures ont été réduites à Gezira, où 10 000 ha ont en outre été perdus duait des approvisionnements insuffisants en eau. L'envasement des canaux et les infestations d'adventices nuisent à l'efficacité du projet de Gezira et réduisent la superficie se prêtant à l'irrigation. Cependant, grâce à l'utilisation accrue de semences améliorées, à de meilleures méthodes de cultures et à l'application quasi uniforme de la norme de 100 kg d'urée à l'hectare, les rendements sont en augmentation, notamment à Managil. La récolte de sorgho est en retard dans l'ensemble de la région de Gezira par suite des semis tardifs provoqués par l'incertitude ayant pesé sur les approvisionnements en eau durant l'été. Dans l'avenir, le principal problème consistera, pour la province de Gezira, à assurer un financement suffisant dans le cadre de la nouvelle autonomie financière.

La production de sorgho de Rahad est supérieure de 35 pour cent à celle de l'an dernier grâce à l'augmentation des emblavures associée au remplacement du blé par le sorgho dans les zones marginales, notamment dans le secteur sud du projet.

Dans les projets du Nil Bleu et du Nil Blanc, la production de sorgho sera inférieure à celle de l'an dernier, en raison principalement des conséquences financières de la privatisation rapide sans mécanisme de transition. Les nouvelles dispositions ont eu pour effet de réduire les sources de liquidités ainsi que les investissements au titre des engrais, du combustible et des pièces détachées. Compte tenu des difficultés rencontrées (ainsi, la culture du sorgho des projets du Nil Blanc a dû se faire sans engrais), la production des superficies privées entourant les deux fleuves devrait être inférieure de 16 pour cent à celle de l'an dernier. Le projet d'irrigation de Suki donnera cette année un volume supérieur à celui de l'an dernier, mais ce résultat tient surtout au fait que l'on a supprimé la rotation pour les arachides et que les emblavures de sorgho ont augmenté de 33 pour cent.

Les perspectives de production du blé dans les périmètres irrigués de la région centrale donnent une production inférieure à celle de l'an dernier, du fait de la réduction des emblavures. A Gezira, la disponibilité d'eau pour la surface normalement semée en blé n'a été indiquée que tard dans la saison, si bien que la surface totale ensemencée en blé est en baisse de 17 pour cent. Cependant, les rendements de Gezira devraient être aussi bons que ceux de l'an dernier, compte tenu de la livraison satisfaisante d'intrants et du stade atteint par les semis et la première irrigation au début du mois de décembre. La campagne de semis est légèrement en retard par rapport à l'an dernier, mais les rendements ne devraient pas en être affectés.

A Rahad et dans les projets du Nil Blanc, les surfaces plantées en blé sont nettement inférieures cette année; cependant, le calendrier de la campagne est respecté et les rendements pourraient connaître une augmentation sensible, même si le volume de blé produit sera inférieur à celui de l'an dernier.

On prévoit, pour l'ensemble de la région centrale, une production de blé de 240 000 tonnes, soit environ 20 pour cent de moins que pour la campagne 1996/97.
 

2.4.4 Région de Kordofan

Cette grande région, qui compte 3,6 millions d'habitants, se compose de trois Etats: Kordofan Nord, Ouest et Sud.

Une bonne partie du Kordofan Nord ne participe que de façon marginale à la production, en raison des précipitations faibles et irrégulières. La principale culture céréalière est celle du mil, généralement sur des sols sablonneux (goz) et donc vulnérable aux longues périodes sèches. Le Kordofan Nord est souvent déficitaire du point de vue céréalier et doit compter sur la vente d'un certain nombre de cultures de rapport et de bétail pour pouvoir s'approvisionner en céréales. Dans le Kordofan Ouest, on cultive tant le millet que le sorgho, ce dernier sur les sols argileux des wadi, qui tolèrent mieux la sécheresse. Les cultures commerciales y jouent également un rôle important; toutefois, l'économie du Kordofan Ouest est plus diversifiée que celle du Kordofan Nord, et d'autres sources de revenu peuvent être utilisées en échange de denrées alimentaires. CARE International dispose de projets permanents dans le Kordofan Nord et dans deux provinces du Kordofan Ouest déficitaires au plan alimentaire, En Nahud et Gubeish, et le système d'information sur la situation alimentaire au nord Kordofan (NKFIS) mis sur pied par CARE sert à suivre la situation et à surveiller les cultures. En temps normal, le Kordofan Sud reçoit davantage de précipitations et produit des volumes plus importants de sorgho, à partir de l'agriculture traditionnelle comme de l'agriculture mécanisée (Dilling).

Il n'y a pratiquement pas de culture irriguée dans la région de Kordofan

Au Kordofan Nord, la campagne a été cette année meilleure que lors des deux années précédentes et la production de mil a augmenté de façon sensible; toutefois, l'Etat restera lourdement déficitaire. La pluviométrie a été particulièrement favorable pendant la première partie de la saison, notamment en juillet et en août; cependant, la sécheresse du mois de septembre a entraîné la perte de certaines cultures de mil, réduisant considérablement le rendement pour la plupart des autres. Cinquante-six pour cent seulement des superficies ensemencées ont été moissonnées, et le rendement du mil n'a été, en moyenne que de 120 kg par hectare moissonné – chiffre cependant supérieur à celui de 1996. A El Obeid, on a enregistré un total de 352 mm de pluie (contre 356 mm en 1996); à Semait: 433 mm (406); à Bara: 157 mm (180) et à Umm Saila: 279 mm (260). Bien que la pluviométrie totale ait été analogue à celle de 1996, la répartition des pluies a été meilleure, sauf pour la période sèche de septembre. Les provinces d'Umm Rawaba et de Sheikan ont obtenu de meilleurs résultats, tandis que les deux provinces septentrionales de Bara et Soradi ont eu des récoltes médiocres, avec un taux de pertes important. En outre, les sauteriaux et le ver du mil ont encore pesé sur les rendements des cultures touchées par la sécheresse. CARE International, lors de son évaluation de mi-saison (octobre) a identifié six conseils ruraux comme étant vulnérables à des déficits alimentaires – contre 13 l'an dernier – mais l'analyse post-récolte risque de donner des résultats plus pessimistes. La mission reconnaît que la production de céréales est extrêmement faible dans les secteurs septentrionaux et que les stocks de pré-moisson étaient négligeables. Cette année, les agriculteurs ont du mal à se procurer des liquidités pour acheter de la nourriture, car les principales cultures de rapport, à savoir le sésame, l'arachide, la graine de courge et le karkadé, n'obtiennent que des prix très faibles, de même que la gomme arabique et le bétail. La récession qui touche le pays ainsi que la réduction des recettes d'exportation ont en effet réduit la demande pour ces sources d'argent frais.

On a estimé que, pour l'ensemble du Kordofan Nord, la superficie moissonnée en céréales a été de moitié supérieure à celle de l'an dernier et que la production a doublé, pour atteindre 100 000 tonnes; ce volume ne représente toutefois que la moitié des besoins alimentaires de l'Etat.

Le Kordofan Ouest a également connu une meilleure année, avec un bon démarrage de la saison suivi, fin août et tout au long de septembre, de périodes sèches qui ont réduit les surfaces de culture ainsi que les rendements. Les précipitations ont été, dans l'ensemble, nettement supérieures à celles de l'an dernier; ainsi, la pluviométrie a été de 40 à 50 pour cent plus importante dans le nord et le centre (par exemple, En Nahud a reçu 487 mm de pluie contre 343 mm en 1996, et Foula 651 mm contre 440 mm l'an dernier), et un écart encore plus marqué dans le sud (ainsi, Lagowa a reçu 604 mm contre 345 mm en 1996).

Les sauteriaux ont causé d'importants dommages à Elkwai et Lagowa; cela est en partie dû au fait que les agriculteurs n'avaient que peu de liquidités à consacrer aux contre-mesures – les sauteriaux n'étant pas considérés comme un ravageur à l'échelle nationale, le MAF ne les combat plus gratuitement. Le striga a également été très répandu ainsi que le ver du mil pour les cultures touchées par la sécheresse. Les récoltes de mil ont été très maigres au nord de En Nahud, alors que, dans l'importante province de Gubeish, elles sont nettement supérieures à celles de l'an dernier. CARE International prévoit de légers excédents dans les deux provinces couvertes par le système NKFIS; cependant, pour l'ensemble de l'Etat, on doit prévoir un déficit, la mission estimant la production à 155 000 tonnes.

Le Kordofan Sud a connu un schéma de pluviométrie sensiblement analogue, même si la sécheresse de septembre a été moins marquée; dans l'ensemble, les surfaces ensemencées et les rendements ont été mieux préservés que dans les deux autres Etats septentrionaux de la région. A Kadugli, on a enregistré 511 mm de pluie (657 mm pour la moyenne à long terme), à Dilling 536 mm (557 en 1996) et à Habila 419 mm (649 en 1996). La récolte traditionnelle accuse un retard inhabituel en raison de semis en succession et tardifs, et elle ne devrait donner que 84 000 tonnes de sorgho et 23 000 tonnes de mil, c'est-à-dire une très légère augmentation par rapport à l'an dernier. Toutefois, les cultures mécanisées de sorgho sur les terres argileuses sont plus prometteuses, en dépit de leur retard très prononcé. La nécessité de réensemencer ainsi que les pénuries de carburant, qui avaient retardé les cultures, ont été en partie compensées par l'utilisation accrue de semences améliorées. Dans l'ouest de l'Etat, l'insécurité a gêné la prise de mesures contre le quéléa. On prévoit que la production mécanisée sera de 45 pour cent supérieure à celle de l'an dernier, soit 145 000 tonnes, ce qui la rapproche de la moyenne de référence quinquennale (1988/89-1992/93), avec un petit excédent pour l'ensemble du Kordofan Sud.
 

2.4.5 Région de Darfour

La région comprend les Etats de Darfour Nord, Sud et Ouest où la culture principale est le mil, bien que le sorgho joue un rôle important dans le Darfour Sud. La population totale de la région était, en 1998, de 5,4 millions d'habitants dont près de la moitié vivent dans le Darfour Sud.

Les zones productives de l'Etat de Darfour Nord se situent à la même latitude que le Kordofan Nord et tendent à souffrir des pluies également faibles et irrégulières, ce qui entraîne des déficits alimentaires fréquents et une forte dépendance à l'égard du bétail mais aussi, en partie, des cultures de rapport. L'Organisation SCF-UK suit la situation alimentaire à partir d'El Fasher. L'Etat de Darfour Ouest bénéficie généralement de meilleures précipitations dans ses régions occidentales et obtient des rendements de mil nettement supérieurs; cependant, il présente fréquemment un déficit marqué. L'Etat de Darfour Sud est le plus productif des trois Etats de la région, du fait de sa pluviométrie plus fiable et de ses superficies cultivables supérieures. Il n'y a pratiquement aucune irrigation dans la région, sauf sur de petites surfaces le long des fleuves au Darfour Sud.

La campagne a été meilleure cette année au Darfour Nord que lors des deux saisons précédentes, extrêmement sèches; cependant, les pluies sont restées limitées (155 mm à El Fasher contre 149 en 1996) et les récoltes ne suffisent toujours pas, loin de là, à couvrir les besoins. Les premières pluies ont été satisfaisantes, mais elles ont été suivies par de longues périodes de sécheresse en août et en septembre, notamment dans les zones occupées par certains conseils ruraux des provinces de Umm Keddada, Kutum et Mellit, où de nombreuses récoltes ont été perdues. Les pénuries alimentaires sont déjà aiguës dans ces trois zones étant donné l'absence de stocks de report, conséquence de la mauvaise récolte de l'an dernier. Les prix des denrées alimentaires sont très élevés, ceux du bétail déclinent et le nombre de personnes qui quittent la région en quête de travail est plus élevé qu'à l'accoutumée. Selon SCF-UK, l'incidence de la malnutrition est élevée. Il faut prévoir une aide extérieure afin d'assurer la soudure jusqu'à l'an prochain tant au plan alimentaire que du point de vue des semences. Pour l'ensemble de l'Etat du Darfour Nord, la production de mil, qui représente le double de l'an dernier, ne satisfera que 25 pour cent des besoins alimentaires.

La situation est nettement meilleure dans l'Etat de Darfour Ouest, où la sécheresse a sévi moins longtemps au mois de septembre et où le total des précipitations est satisfaisant (Genneina, 447 mm contre 286 en 1996; Zalinge 425 mm contre 456 en 1996). Les ravageurs ont causé beaucoup moins de dégâts que l'an dernier et les pluies de novembre, beaucoup plus tardives qu'en temps normal, n'ont causé que des problèmes locaux sans affecter gravement la récolte. La production sera nettement supérieure à celle de 1996, les récoltes les plus productives se trouvant dans les provinces de Wadi Saleh et de Genneina. Dans l'ensemble, l'Etat de Darfour Ouest connaîtra une situation excédentaire; cependant, les exportations vers les autres régions seront en partie mises en régie par le gouvernement de l'Etat afin d'éviter de brusques hausses des prix et de protéger des approvisionnements locaux. Dans les régions les plus excédentaires, les prix du sorgho sont extrêmement bas en ce lendemain de récolte.

Le Darfour Sud a bénéficié de pluies moyennes en général, c'est-à-dire légèrement meilleures que pour la saison de l'an dernier, par ailleurs adéquates. La sécheresse qui a sévi en septembre a réduit les superficies cultivables en sorgho comme en mil, en particulier dans la province de Nyala et au nord de De'ein, où les récoltes sont mauvaises. A Nyala, on a enregistré des précipitations normales, soit 390 mm. La totalité des surfaces ensemencées pour les deux céréales est en net progrès par rapport à l'an dernier; toutefois, la moitié des emblavures de mil ont été perdues du fait de la sécheresse de septembre. Dans les autres secteurs, le rendement du mil a été généralement satisfaisant, atteignant en moyenne 390 kg/ha; quant au sorgho, il a été particulièrement productif, avec environ 1 tonne/ha. Le secteur de cultures pluviales de blé du Darfour Sud a connu un recul très marqué avec moins de 1 000 ha cultivés en 1997. On prévoit, pour l'ensemble de l'Etat, une production céréalière de 330 000 tonnes, ce qui laissera persister un déficit alimentaire important dans cet Etat à la population nombreuse.
 

2.4.6 Région du Nord

La région du Nord comprend l'Etat du Nord et l'Etat du Nil, dont la population combinée est de 1,4 million d'habitants. Cette région pratiquement exempte de précipitations dépend presque totalement des cultures irriguées le long des fleuves Nil et Atbara, exception faite de quelques cultures pluviales traditionnelles de sorgho dans l'Etat du Nil, lorsque les précipitations le permettent. Les principales récoltes céréalières sont le sorgho et un peu de maïs durant l'été, ainsi que la récolte de blé, beaucoup plus importante, en hiver, c'est-à-dire de décembre à avril. Les haricots représentent également une culture hivernale majeure, parallèlement à des cultures diverses de légumes et d'épices. Les principaux facteurs qui conditionnent les cultures alimentaires sont le niveau du Nil, l'approvisionnement en carburant pour le pompage et les prévisions quant aux cours des denrées.

Au cours de l'été 1997, le niveau du Nil est resté bas, ce qui a entraîné une réduction importante de la production régionale de sorgho et de maïs. Dans l'Etat du Nord, on a planté 26 000 ha de sorgho et de maïs d'été, mais près de la moitié de cette superficie a été moissonnée pour en faire du fourrage à bétail en raison des faibles prix du sorgho et du médiocre débit du fleuve. Dans l'Etat du Nord, la production de maïs et de sorgho n'a été que de 20 000 tonnes, mais les fermiers, encouragés par les prix élevés, qui se situent aux environs de 45 000 livres soudanaises le sac de 100 kg, ont entrepris d'ensemencer des quantités record de blé d'hiver. Un programme de grande envergure pour la remise en état des installations d'irrigation a été lancé, et les cultures d'hiver s'en trouveront améliorées. L'approvisionnement en carburant est excellent et on dispose de suffisamment d'engrais pour la récolte de blé. Le prix des intrants est élevé, mais cela ne semble pas avoir affecté le niveau d'utilisation. L'objectif du MAF est de 84 000 ha de blé; cependant, la mission prévoit que 76 000 ha seront ensemencés et irrigués d'ici la fin de l'année, dont 97 pour cent seront moissonnés. Au moment de la visite de la mission, la mise en culture était légèrement retardataire par rapport à l'an dernier, mais la récolte prioritaire de haricots avait déjà été plantée et les agriculteurs concentraient tous leurs efforts sur la culture du blé. Le niveau du Nil, qui a beaucoup augmenté, est satisfaisant pour la superficie élargie des cultures d'hiver. Les prévisions concernant la culture du blé dans l'Etat du Nord ont été fixées, à titre préliminaire, à 228 000 tonnes, avec des rendements moyens analogues à ceux de l'an dernier, soit 3 tonnes/ha. Ces résultats seraient supérieurs à ceux du blé de Gezira et représenteraient 36 pour cent de la production nationale.

Dans l'Etat du Nil, les semis de sorgho d'été sur les terres de crue ont été très lents et n'ont débouché sur aucune production – à signaler que les crues ont été très maigres et que Latbara n'a reçu que 25 mm de pluie. Cependant, la récolte irriguée de sorgho d'été a donné de bons résultats, quoique sur de petites emblavures en raison des faibles prix. La récolte de sorgho « demira » planté en septembre, est extrêmement bonne et donne lieu à d'excellents rendements, mais là encore sur des superficies réduites. La production totale de sorgho de l'Etat sera de 65 000 tonnes, soit nettement moins qu'en 1996.

La récolte de blé de l'Etat du Nil se fera sur une surface accrue cette année, soit 50 000 ha, grâce aux bons approvisionnements en carburant et en intrants, et de nouvelles terres seront ouvertes à la culture d'hiver. La campagne se poursuit à un bon rythme, avec la moitié des surfaces ensemencées au 1er décembre 1997. Les installations d'irrigation sont à présent sous la responsabilité des agriculteurs et le financement a rencontré des difficultés; cependant, certains crédits ont été obtenus de l'ABS, la banque des agriculteurs, ainsi que du gouvernement central, en particulier pour l'approvisionnement en carburant diesel et en engrais. Si les températures hivernales restent dans la moyenne habituelle, les rendements pourraient être meilleurs que ceux de l'an dernier grâce à l'utilisation accrue des variétés améliorées « Wadi Nil » et « Condor ». Selon les premières prévisions, la production de blé pourrait être de 120 000 tonnes, représentant près de 20 pour cent de la production nationale.

La région du Nord, prise dans son ensemble, devrait produire environ 440 000 tonnes de céréales en 1997/98, soit largement de quoi couvrir les besoins au niveau régional. Cependant, les estimations concernant le blé devront être révisées à mesure que l'on se rapprochera de la moisson, en avril 1998.



3. SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

3.1 Bilan de l'offre et de la demande pour 1996/97 et 1997/98

Le tableau 5 présente les estimations de la mission concernant l'offre et la demande de céréales au niveau national pour l'année commerciale qui se termine au 31 octobre 1997, ainsi que le bilan prévisionnel pour 1997/98. Pour les deux années, l'approvisionnement total en céréales est élevé par rapport aux dernières années; ce phénomène s'explique en 1996/97 par la récolte record de sorgho, et pour 1997/98 par l'importance des stocks de report découlant en grande partie de l'embargo sur les exportations en 1997. Pour les deux années, les niveaux de consommation ont été relativement élevés, reflétant l'abondance des approvisionnements en sorgho.


Tableau 5 - Soudan: Bilan céréalier en milliers de tonnes
 
1996/97 (Population 27,94 millions)  1997/98 (Population 28,746 millions) 
Céréales  Sorgho  Mil  Blé  Autres  Céréales  Sorgho  Mil  Blé  Autres
Disponibilité  6 185  4 350  524  1 197  114  6 058  4 165  636  1 170  87
Stocks d’ouverture  266  100  80  85  966  748  68  144  6
Production  5 408  4 235  444  640  89  4 640  3 394  568  626  52
Utilisation  6 185  4 350  524  1 197  114  6 058  4 165  636  1 170  87
Aliment. humaine  4 219  2 752  391  978  98  4 341  2 831  489  949  72
Aliment. animale  300  300  250  250  -
Autres  600  450  65  75  10  500  350  65  75  10
Exportations  100  100  400  400  -
Stocks de clôture  966  748  68  144  567  334  82  146  5
Importations  511  15  -  472  24  452  23  -  400  29
- Commerciales  496  472  24  429  400  29
- Aides aliment.  15  15  23  23  -
 


3.1.2 La situation du marché

Contrairement à la période 1996/97, marquée par le doublement du prix des céréales durant la campagne, les prix ont été d'une stabilité remarquable cette année dans la plupart des régions du pays, à l'exception du Sud, bien entendu, où les prix ont été affectés par l'insuffisance des approvisionnements, l'insécurité et l'extrême faiblesse du pouvoir d'achat. Dans certains secteurs limités de l'ouest, les prix du mil sont également élevés par suite de pénuries locales. Cependant, pour la plus grande partie du pays, le sorgho d'ancienne récolte se vend entre 17 000 et 20 000 livres soudanaises le sac, en fonction de la qualité, et le mil de nouvelle récolte entre 28 000 et 33 000 livres soudanaises le sac.

Dans l'ensemble, le marché est extrêmement apathique, avec une demande effective limitée due à la faiblesse des revenus commerciaux, aux importants stocks de report et au peu d'indications fournies par le gouvernement quant à la politique qui prévaudra en matière d'exportation des céréales ou d'achats gouvernementaux supplémentaires. Tandis que, d'un côté, les agriculteurs commerciaux défendent vigoureusement les exportations de sorgho afin de se procurer des liquidités et de raffermir le marché tout en permettant le destockage, le gouvernement maintient l'interdiction d'exporter, peut-être jusqu'au moment où l'on connaîtra le volume de la récolte céréalière. Si l'embargo n'est pas levé, il ne faut guère s'attendre à une augmentation des prix au cours des trois prochains mois; en revanche, si les exportations sont autorisées, on peut envisager un raffermissement modeste des prix après le mois de mars. Le paramètre décisif sera le volume des exportations autorisées.

Les associations d'agriculteurs ont déjà indiqué, à titre d'avertissement, qu'en l'absence d'un certain raffermissement du marché, on pourrait assister à une réduction des emblavures l'année prochaine.
 

3.1.3 Stocks d'ouverture

En 1996, les stocks de pré-récolte avaient atteint l'un des niveaux les plus bas jamais enregistrés, par suite de la mauvaise récolte de 1995 et de la nécessité de prélever sur les stocks pour maintenir la consommation. Cependant, après la récolte record de l'an dernier, en particulier pour le sorgho, et l'absence d'exportations substantielles, les stocks ont été estimés en octobre 1997 à près d'un million de tonnes. L'arrêt des exportations résulte de deux facteurs: l'embargo, mais aussi l'étroit contrôle des frontières orientales du Soudan. La mission estime toutefois que certaines quantités de sorgho ont été exportées officieusement, principalement vers l'Erythrée qui a souffert de déficits au cours de l'année; on a donc retenu le chiffre de 100 000 tonnes de céréales exportées, soit bien en dessous des années précédentes, à l'exception de 1995/96.

Alors qu'elle était sur le terrain, la mission a également réexaminé le niveau de stocks de report établis à partir du bilan général à 966 000 tonnes. Bien qu'élevés, puisqu'ils représentent près de 20 pour cent de la consommation, ces niveaux de stocks ne sont pas exceptionnels. On avait en effet dépassé un million de tonnes en octobre 1994, et le niveau moyen des stocks de pré-récolte au cours des cinq dernières années a été de 640 000 tonnes. Fin novembre 1997, la plupart des échanges commerciaux sur céréales concernaient la récolte « ancienne » de sorgho, à l'exception de petites quantités résultant d'une production traditionnelle qui commençaient à faire leur apparition, et les commerçants prévoient que cette tendance se maintiendra pendant plusieurs mois pour permettre un lent écoulement des stocks. Bien que la majeure partie de l'espace de stockage soit occupée dans les principales localités commerçantes, telles que Gedaref et Sennar, les céréales provenant des nouvelles récoltes peuvent être entreposées temporairement à l'extérieur, jusqu'au mois d'avril, ainsi que dans des matmurahs souterraines. En l'absence d'exportations ou de nouveaux achats par le gouvernement, il faudra plusieurs mois pour écouler le report de l'année de production 1996/97. Dans l'intervalle, il est probable que les prix resteront déprimés, ce phénomène étant aggravé par la faiblesse de la demande intérieure, elle-même due à la pénurie générale de liquidités commerciales liée à la sévérité des politiques monétaires.
 

3.1.4 Production en 1997/98

Cette année, la récolte de sorgho a atteint un niveau acceptable – dans le cadre des dix dernières années – et la récolte de mil est meilleure que celle des deux dernières années. La production de blé devrait être conforme aux tendances récentes, en dépit de certaines réductions d'emblavures; il faudra de toute façon réestimer la production de blé en mars 1998. On prévoit une récolte céréalière globale de 4,64 millions de tonnes; ce qui, lorsqu'on y ajoute les stocks de report élevés, donne une disponibilité au niveau national meilleure que l'an dernier.
 

3.1.5 Consommation alimentaire

Le gouvernement a légèrement révisé à la hausse son estimation de la population, sur la base d'une croissance de 2,88 pour cent depuis le recensement de 1993 pour l'ensemble des régions à l'exception du sud. La population nationale est donc estimée, pour l'année 1998, à 28,75 millions d'habitants – ce chiffre, qui comprend une estimation du gouvernement central qui établit la population du sud à 4,18 millions, est repris dans le bilan global du tableau 5. Compte tenu de la situation généralement favorable en matière de disponibilités de céréales tant l'an dernier que cette année, la consommation par habitant a été portée à 151 kg pour toutes les céréales, ce qui correspond à une consommation de 161 kg par tête dans les Etats du nord et 90 kg par tête dans le sud. Le sorgho, qui est la seule céréale en excédent, compte pour 65 pour cent dans la consommation de 1997/98; cependant, la consommation de mil devrait augmenter dans le courant de l'année, passant de 14 à 17 kg par tête grâce à l'amélioration de l'offre dans les Etats de l'ouest. La consommation de blé, fixée à 33 kg par tête, devrait connaître une légère baisse par rapport à 1997/98 du fait de la baisse des rentrées de liquidités dans les zones urbaines.

Ces grandes tendances de la consommation ne tiennent pas compte des différences au niveau régional, voire local, dans les cas où l'accès aux approvisionnements alimentaires est entravé par l'échec des récoltes, l'insécurité et l'extrême faiblesse du pouvoir d'achat.

Dans l'ouest déficitaire, la sécurité alimentaire sera conditionnée par les recettes provenant de récoltes pluviales, comme les arachides, le sésame, le karkadé et la graine de melon. La production de ces cultures a connu des fluctuations en 1997, notamment en fonction des précipitations et des infestations de ravageurs – la pastèque est en bien meilleure santé cette année. Cependant, les prix sont plus faibles que l'an dernier, en raison de la faiblesse de la demande intérieure et, dans certains cas, de l'étroitesse des débouchés d'exportation. La gomme arabique, autre source d'argent comptant pour certaines zones déficitaires au plan alimentaire, reste assez bon marché en dépit d'une certaine restructuration du traitement et de la commercialisation. Enfin, les cours de bétail ont également chuté, à cause de la récession intérieure et de la faible demande à l'exportation. Ces différentes sources d'argent liquide, qui revêtent une importance particulière au Darfour et au Kordofan Nord, se trouveront à l'évidence réduites cette année par le jeu des forces du marché, avec des répercussions directes sur la capacité des populations souffrant de déficit alimentaire à obtenir de la nourriture en provenance d'autres régions.
 

3.1.6 Utilisation non alimentaire

En 1996/97, l'utilisation du sorgho pour l'alimentation animale a connu une augmentation parallèle à celle de la disponibilité et à l'établissement de prix relativement bas. L'estimation des déchets a également été augmentée, ce qui reflète l'abondance des approvisionnements en sorgho à la suite de la récolte de 1996. Cependant, la récolte réduite de 1997/98 et la perspective d'un éventuel raffermissement ultérieur des prix au cours de la campagne devraient entraîner une réduction du volume des déchets et d'une moindre utilisation pour l'alimentation animale. Ces deux paramètres se rapprocheront de niveaux plus conformes à la normale, à savoir 250 000 tonnes de sorgho allouées à l'alimentation animale et 500 000 tonnes au titre des semences et des déchets.
 

3.1.7 Exportations

Il n'y a pas eu d'exportations officielles durant la période 1996/97 et l'embargo est toujours en vigueur fin 1997, en dépit des pressions considérables exercées sur le gouvernement par les agriculteurs commerciaux et les négociants. Il est impossible de prédire si le gouvernement autorisera les exportations en 1998; cependant, le bilan qui figure au tableau 5 indique clairement qu'il serait possible aux exportations d'atteindre 400 000 tonnes sans pénaliser les stocks nationaux. En l'absence d'exportations, les stocks de report atteindront à nouveau la barre d’un million de tonnes d'ici la fin de la campagne de commercialisation.

Il est probable que l'on reportera les décisions concernant les exportations jusqu'au moment où l'on aura une idée plus précise du volume de la récolte céréalière, notamment en ce qui concerne le blé, c'est-à-dire en mars 1998. Abstraction faite des exportations officielles, on peut s'attendre à un commerce transfrontalier au volume limité au cours de 1998, notamment de la région est vers l'Erythrée.
 

3.1.8 Importations

La demande de blé reste forte au Soudan et l'on prévoit une consommation de 949 000 tonnes en 1997/98, soit beaucoup plus que la production intérieure projetée, à savoir 626 000 tonnes. Compte tenu de la mise en réserve de semences, élevée pour le blé, il faudra importer 400 000 tonnes de blé pour couvrir les besoins, à stocks constants.

On prévoit également que seront importées des quantités relativement mineures de sorgho au titre de l'aide alimentaire pour le secteur sud de l'OLS, de même que quelques cargaisons de riz. La plus grosse part des besoins en aide alimentaire devraient être couverts par les achats locaux de sorgho dans les régions excédentaires.
 

3.1.9 Stocks de clôture

Etant donné que tant le blé que le mil sont déficitaires en 1997/98, la mission prend pour hypothèse que les stocks demeureront inchangés pour ces deux céréales. Cependant, si les prévisions d'exportation de certaines quantités de sorgho se concrétisent, les stocks de cette céréale seront sollicités pendant l'année et passeront de 748 000 tonnes à 334 000 tonnes, le niveau des stocks de clôture étant directement fonction du volume des exportations. On s'attend à ce que la réserve stratégique établie par le gouvernement à 150 000 tonnes soit maintenue durant l'année, et peut-être même augmentée par des transferts supplémentaires grâce au remboursement de prêts bancaires par des agriculteurs dans le cadre du système salam.

Selon les prévisions initiales de la mission, les stocks de clôture en céréales devraient s'établir à 167 000 tonnes, ce qui correspond à un prélèvement de 42 pour cent aboutissant à un niveau plus conforme aux tendances des dernières années.

3.2 Déficit et excédents, par région

La différence entre la production et la consommation nette de céréales est indiquée dans le tableau 6, sur la base des taux mentionnés au 3.1.5 et des dernières données démographiques gouvernementales. Ces chiffres ne tiennent pas compte des fluctuations des stocks et des échanges interrégionaux, mais ils indiquent les secteurs où sont enregistrés les excédents et les déficits. A l'échelle nationale, le déficit de production de toutes les céréales est de 451 000 tonnes; en 1996/97, on avait enregistré un excédent de 550 000 tonnes. Cependant, compte tenu des gros volumes d'importation de blé et des importants stocks de report, le déficit de cette année ne pose pas de problème grave à l'échelle du pays.

Les excédents régionaux se rencontrent dans le nord, en raison surtout de la faible population et de l'importante production de blé, de même que dans l'est – beaucoup moins cependant que l'an dernier en raison de la réduction des cultures de sorgho dans les périmètres mécanisés. La région centrale connaît un lourd déficit découlant de la réduction substantielle des cultures de sorgho par rapport à l'an dernier. Le Darfour présente un important déficit, comparable à celui de l'an dernier, et il faudra prévoir de substantiels acheminements de grains prélevés dans les stocks du centre et de l'est du pays. Dans le Kordofan, le déficit, quoique moins marqué que l'an dernier, demeure important et rendra nécessaires de grosses expéditions de sorgho par El Obeid. Dans le sud, le déficit de 100 000 tonnes – soit 27 pour cent des besoins – est plus grave qu'il ne semble à première vue; il a pour principale raison l'insécurité, les difficultés d'accès et le très faible pouvoir d'achat des populations, mais aussi le fait que la production régionale comprend 150 000 tonnes en provenance de Renk, dans le Haut Nil, dont la plus grosse partie sera acheminée vers les marchés centraux situés au nord. De plus, les situations particulières que l'on observe dans le sud sont beaucoup plus aiguës que ne l'exprime le bilan alimentaire général au niveau d'une région (voir le commentaire concernant la région du Sud).


Tableau 6 - Production et consommation céréalières régionales, 1997/98 (en milliers de tonnes)
 
Sorgho  Mil  Maïs  Blé  Toutes céréales  Production nette*  Population  Besoins de consommation  Bilan  % d’excédents/de déficit par rapport à la consom.
Nord  85  10  347  442  371  1 427  230  +141  61
Est  960  32  1 001  839  3 474  561  +278  50
Centre  1 413  24  244  1 681  1 409  10 630  1 716  -307  18
Kordofan  326  183  509  427  3 603  581  -154  26
Darfour  331  346  680  570  5 428  876  -306  35
Sud  279  42  327  274  4 184  377  -103  27
Total  3 394  568  52  626  4 640  3 890  28 746  4 341  -451  10

* Après déduction des semences, de l'alimentation animale et des déchets.


3.3 Besoins en aide alimentaire

L’irrégularité des précipitations et les longues périodes de sécheresse dans le Kordofan Nord, le Darfour Nord et dans le sud, en particulier dans les Etats de Bahr El-Ghazal et Equatoria, ont entraîné dans certains secteurs une perte importante de récoltes. La poursuite des conflits dans le sud du Soudan a entraîné le déplacement de milliers de personnes, dont une bonne partie n’a pu se consacrer aux activités agricoles en raison de l’insécurité et de la difficulté d’accès aux terres arables.

Dans plusieurs villes et villages de ces Etats, le prix des denrées a atteint des niveaux extrêmement élevés, même en période de récolte. A titre d’exemple, le sac de sorgho coûtait 52 000 livres soudanaises le sac de 90 kg à Wau et à Juba, et 42 000 livres soudanaises à Kutum, alors que le salaire mensuel minimum est de 20 000 livres soudanaises. L’achat de denrées alimentaires reste hors de portée d’une bonne part de la population. Partant d’un taux normal d’échange d'un sac de mil contre deux chèvres, ce taux a atteint, fin novembre, un sac de mil pour sept chèvres dans certaines zones déficitaires au plan alimentaire. Dans les provinces de Kutum, Umm Keddada et Mellit de l’Etat de Darfour Nord, 1997 représente la troisième année consécutive de perte des récoltes. De nombreux ménages ont déjà épuisé leurs stocks de bétail et il ne leur reste qu’un très petit nombre de solutions pour survivre. Selon certaines indications, on observe dans ces endroits une situation comparable à celle de la pire des sécheresses, survenue en 1983/84.

Le taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans aurait atteint 55 pour cent à Gogrial, 42 pour cent à Aweil, et on observe une augmentation générale parmi les enfants déplacés de nombreuses localités de la région Sud, qui porte le taux de malnutrition de 18 pour cent en 1995 à 28 pour cent en 1997. Parallèlement, on signale que le nombre de cas de tuberculose est passé, à Wau, de 100 en 1995 à 232 en 1996 pour atteindre 803 au cours des neuf premiers mois de 1997: ce phénomène traduit la détérioration de la santé liée à l’insuffisance de la consommation alimentaire.

Il existe, pour 1998, des signes indubitables de situation de crise pouvant atteindre plusieurs milliers de personnes dans le sud ainsi que dans certaines provinces du Darfour Nord.
 

3.3.1 Examen du Programme d’urgence de 1997

La mission FAO/PAM de 1996 avait estimé que, pour 1997, 81 300 tonnes de denrées alimentaires seraient nécessaires pour apporter une aide alimentaire d’urgence à 2,6 millions de personnes dans les Etats du Nord, y compris dans les zones de cultures traditionnelles et dans les camps pour personnes déplacées de Khartoum et des Etats du Nil Blanc – 34 600 tonnes pour le secteur nord de l’Opération survie au Soudan et 46 700 pour le secteur sud. Il convenait par ailleurs, selon la mission, de couvrir les déficits alimentaires des Etats de Darfour, de Kordofan et de la mer Rouge au moyen d’interventions sur le marché. En outre, SCF-UK avait estimé à 46 000 tonnes le volume de céréales nécessaires pour éviter les graves perturbations et la famine dans le Darfour Nord.

Par comparaison avec ces quantités prévues pour le nord comme pour le sud, les livraisons du PAM ne représentaient, fin octobre, qu’un total de 26 300 tonnes correspondant à 32 pour cent des estimations de besoins globaux. Il faut attribuer au retard dans l’octroi des autorisations de déplacements des péniches et des transports aériens, de même qu’à l’insuffisance et à l’arrivée tardive des financements, les maigres livraisons d’approvisionnement d’urgence au cours de l’année 1997.

Le PAM a en outre distribué, au cours de l’année 1997, 45 000 tonnes de vivres par le biais des programmes d’alimentation scolaire, d’échange travail-nourriture et d’aide prolongée aux réfugiés. Le programme d’échange travail-nourriture ainsi que la distribution en milieu scolaire bénéficiant de l'appui du PAM ont vigoureusement contribué à renforcer l’alimentation de 375 000 personnes durant cette période de soudure critique.

De leur côté SCF-UK et CARE se sont appuyés sur différentes sources de financement (Royaume-Uni: 12 000 tonnes; Union européenne: 14 960 tonnes et PAM: 1 000 tonnes) pour distribuer un total de 27 960 tonnes dans d’autres régions, principalement dans les Etats de Darfour Nord, Kordofan Nord et de la mer Rouge.

La distribution réduite de vivres aux groupes visés dans le cadre de l’aide alimentaire d’urgence a eu de graves répercussions sur la situation nutritionnelle et sur la santé parmi les groupes déplacés et vulnérables au cours de l’année 1997. Les réserves de bétail parmi les couches les plus pauvres sont à présent épuisées, ce qui aggrave la vulnérabilité face aux pénuries alimentaires de la majorité des personnes déplacées ou souffrant de l’insécurité alimentaire. Du fait des approvisionnements très limités en denrées alimentaires, les prix n’ont cessé d’augmenter, mettant les produits hors de portée des rémunérations minimum, et acculant un nombre sans cesse croissant de personnes à la misère et à une dépendance étroite à l’égard de l’aide alimentaire d’urgence.
 

3.3.2 Logistique

Le Soudan dispose d’une infrastructure portuaire et logistique adéquate pour recevoir, transporter et entreposer les denrées alimentaires. Cependant, la principale difficulté est liée à l’insécurité et aux longs délais d’obtention des permis pour les livraisons dans les régions éloignées du pays, en particulier le sud du Soudan et les zones de transit.

S’agissant du Programme Opération survie au Soudan dans le secteur Nord, un total de 14 539 tonnes de denrées a été livré par le PAM en 1997 – jusqu’à la fin novembre. La plupart de ces livraisons ont été faites par camion (58 pour cent), mais aussi au moyen de péniches (37 pour cent) et par voie aérienne (7 pour cent). Le coût des opérations variait considérablement en fonction du mode transport. Le transport routier est demeuré extrêmement compétitif, soit entre 3,9 et 4,8 cents américains par kilomètre, contre 7 à 9 cents dans d’autres pays d’Afrique. Le coût du transport par péniche allait de 34 à 88 dollars E.-U. la tonne selon la saison; quant au transport aérien, son coût variait de 360 à 419 dollars E.-U. la tonne, en fonction du lieu de livraison. Dans le secteur Nord de l’Opération survie au Soudan, l’inaccessibilité par voie routière ou fluviale a rendu indispensables certaines livraisons exceptionnelles par voie aérienne, en dépit des coûts plus élevés.

Le programme d’urgence prévoit la présence de trois denrées dans le panier alimentaire: sorgho, légumineuses et huiles végétales. Cependant, du fait des différentes contraintes, de temps principalement, on se borne à la distribution de céréales et d’un seul autre article supplémentaire. Afin de simplifier l’entreprise logistique et de garantir une livraison des denrées en temps utile, il conviendrait peut-être de limiter la composition du panier au sorgho et aux légumineuses, étant donné que l’huile végétale est moins importante pour la population rurale du secteur Sud.
 

3.3.3 Besoins d’aide alimentaire d’urgence pour 1998

Dans le sud, la médiocrité de la récolte et l’inaccessibilité des terres arables du fait de la guerre rendent nécessaire une aide alimentaire pendant une période allant de trois à six mois pour 1998, pour environ 60 à 70 pour cent de la population des Etats d’Equatoria Est, Bahr El-Ghazal, des lacs, de certains secteurs du Jonglei et des zones traditionnelles, soit un total d’environ 1 645 000 personnes. Il en va de même pour la majorité des personnes, au nombre de 1 400 000, déplacées de l’intérieur et vivant dans des camps ruraux, qui ont également perdu leur récolte et auront besoin d’une aide alimentaire d’urgence pour une période allant de 3 à 9 mois au cours de l’année 1998. Les groupes vulnérables, en particulier les enfants, les femmes enceintes ou en période de lactation et les personnes âgées, dont on estime qu’ils représentent environ 10 pour cent de la population souffrant de déficit alimentaire dans les zones touchées par les déficits vivriers et la guerre au sud ainsi que les zones de transition, auront besoin d’un complément d’aide alimentaire sous forme d'alimentation liquide ou de rations supplémentaires pendant des périodes variables tout au long de 1998. Outre l’assistance de secours destinée à quelque 2,2 millions de personnes dans le sud, la mission a estimé qu’environ 180 000 personnes du Darfour Nord auront besoin d’aide alimentaire d’urgence pour pouvoir survivre entre juillet et septembre 1998. Sous réserve d’évaluations ultérieures de la situation alimentaire, environ 14 000 personnes touchées par les crues et la guerre civile dans la région du Tokar Sud de l’Etat de la Rouge pourraient également avoir besoin d’une aide alimentaire d’urgence pendant une période de trois à six mois. La mission estime que cette opération nécessitera un total de 6 530 tonnes composées de différentes denrées.

S’agissant de différentes interventions concernant le sud et certaines régions touchées des Etats du Nord, la mission estime qu’un total de 73 500 tonnes de denrées alimentaires, dont 56 605 tonnes de céréales, seront nécessaires au titre de l’aide alimentaire d’urgence en 1998. Même si l’on prévoit de couvrir la majeure partie de ces besoins au moyen d’achats locaux, les contraintes logistiques conduiront à importer et à distribuer à partir de Nairobi environ 30 000 tonnes de denrées alimentaires, dont 23 000 tonnes de céréales, destinées à la région Sud.

L’évaluation annuelle des besoins effectuée par l'Opération survie au Soudan dans les secteurs Sud en septembre 1997 a confirmé une perte importante de récoltes dans les Etats d’Equatoria, Bahr El-Ghazal et Jonglei, pour lesquels les besoins en secours alimentaires ont été estimés à 30 000 tonnes de différentes denrées pour l’année 1998. Au total, les besoins d’aide alimentaire à fournir par le PAM dans les secteurs Nord et Sud sont estimés à environ 73 500 tonnes.

Nous présentons, ci-dessous, un résumé de la ventilation du nombre de bénéficiaires, ainsi que de la quantité, exprimée en tonnes, de denrées alimentaires nécessaires pour permettre, en 1998, diverses interventions d’urgence, à l’exclusion du programme de développement permanent assisté par le PAM.


Tableau 7 - Besoins en aide alimentaire de secours pour 1998
 
Emplacements  Nombre des Bénéficiaires  Céréales  Légumi-neuses  Huiles végétales  DSM  UNIMIX  Sucre  Total
Secteur Nord - Opération survie au Soudan (OLS) ex-PAM Khartoum  1 205 448  23 730  3 560  890  28 180
Secteur Nord OLS ex-PAM Nairobi  80 140  1 750  262  66  2 078
Groupes Vulnérables ex-PAM Khartoum  500  640  900  1 680  520  3 740
Région Nord du Soudan ex-PAM Khartoum/non OLS  180 000  8 030  1 200  300  9 530
Sous-total secteurNord  1 466 088  33 510  5 022  1 896  900  1 680  520  43 528
Sous-total secteur Sud ex-PAM Nairobi  915 500  23 095  30 000
Total  2 381 588  73 528*
* Le total des besoins alimentaires ne sont pas calculés sur la base d’une pleine ration pendant 12 mois, mais en fonction de besoins supplémentaires déterminés à partir de déficits alimentaires spécifiques pouvant varier en quantités et en durée.
 

3.3.4 Nouvelle initiative dans le cadre de l’aide d’urgence

Afin de stabiliser les prix et de réduire la demande d’aide alimentaire au titre des secours d’urgence, on a proposé, pour mise en oeuvre en 1998, une initiative pilote visant à stabiliser le prix des denrées alimentaires. Aux termes de ce projet, environ 12 000 tonnes de sorgho seraient allouées, dans le cadre du programme d’urgence, à la vente sur les marchés à un prix raisonnable, dans des endroits comme Wau et Juba. L’objet de cette initiative est d’améliorer l’accès aux denrées alimentaires de base pour les populations pauvres disposant néanmoins d’un certain pouvoir d’achat, plutôt que de les acculer à dépendre de l’aide d’urgence. Il conviendra d’élaborer une analyse détaillée du tonnage nécessaire et du mécanisme de mise en marché, ainsi que de l’utilisation du produit de la vente, en s’appuyant sur des expériences analogues entreprises avec succès dans le Juba en 1989/90.
 

3.3.5 Soutien complémentaire: programme de développement du PAM

En outre, le programme permanent d’échange travail-argent assisté par le PAM ainsi que la distribution de nourriture en milieu scolaire devraient permettre de distribuer 27 600 tonnes de denrées alimentaires au cours de l’année 1998; une part importante de ces livraisons sera destinée aux régions déficitaires au plan alimentaire dans les Etats concernés.

Il est essentiel que la plus grosse part du volume distribué au titre du programme d’urgence dans les Etats du Sud le soit avant le début de la campagne de semis, en avril 1998. De la sorte, les agriculteurs pourront mettre en culture et planter leurs récoltes en temps utile, ce qui réduira leur dépendance à l’égard de l’aide alimentaire dans le courant de l’année. Etant donné que l’on dispose d’excédents locaux suffisants, les besoins en céréales pourraient être satisfaits grâce à des achats effectués sur place. Compte tenu de la complexité du programme d’aide humanitaire au Soudan, il faudra impérativement continuer à financer les activités de suivi de la situation alimentaire de même que le soutien logistique.




 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant. 
Abdur Rashid 
M. Latham
Chef, SMIAR, FAO 
Chef de Section, OSA, PAM
Télex 610181 FAO 1 
Télex: 626675 WFP 1
Télécopie: 0039-6-5705-4495 
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