FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique, Mars 1998:

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DEUXIEME PARTIE: SITUATION PAR SOUS-REGION

 

En Afrique australe et dans certains pays d’Afrique de l’Est, la moisson des céréales de 1998 commencera en avril tandis que dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est, les semis des céréales vont démarrer. Dans les pays situés dans le centre et sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest, les semis sont sur le point de commencer, mais dans les pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest, ils ne commenceront pas avant juin.
 

Calendrier des cultures céréalières
 
Sous-région  Cultures céréalières 
Semis  Récolte
Afrique de l'Est 1/  mars-juin  août-déc.
Afrique australe  oct.-déc.  avril-juin
Afrique de l'Ouest 
- Zones côtières (première campagne)  mars-avril  juillet-sept.
- Zone sahélienne  juin-juillet  oct.-nov.
Afrique centrale 1/  avril-juin  août-déc.

1/ Exception faite du Burundi, du Rwanda et du Zaïre qui ont deux campagnes principales et de la Tanzanie dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l'Afrique australe. Au Soudan, c'est en juin-juillet que sont semées les céréales secondaires de base et la récolte s'effectue en octobre-décembre.

En Afrique de l’Est, la récolte des cultures de la campagne secondaire de 1997/98 est achevée. L’excès de pluie depuis la fin octobre jusqu’en février, lié à El Niño, a provoqué des inondations dans la plupart des pays. En Somalie, les plus graves inondations depuis des décennies ont beaucoup réduit la récolte de la campagne secondaire "deyr" estimée à moins de la moitié du niveau normal. Les cultures de la campagne principale de 1997 ont également été réduites en raison des pluies irrégulières. Au Kenya, les pluies ont fait baisser les rendements de maïs de la campagne principale au moment de la moisson, et ont nui aux cultures de céréales de la campagne secondaire de 1997/98. En Ouganda, des pluies trop abondantes durant la campagne secondaire de 1997 ont réduit les rendements de céréales, notamment des légumineuses. La production serait inférieure au chiffre prévu. Au Rwanda, l’excès de pluie a réduit les rendements de céréales et de légumineuses, mais a augmenté ceux des racines, des tubercules et des bananes. Dans l’ensemble, la production vivrière a augmenté par rapport à celle de l’an dernier, grâce à l’expansion des semis, mais elle est restée inférieure aux niveaux d’avant la crise. Au Burundi, des pluies trop abondantes depuis la mi-octobre ont compromis les récoltes de la troisième campagne de 1997 au moment de la moisson. Les fortes précipitations, associées à la prolifération des ravageurs et des maladies, ont également fait fléchir les rendements de céréales et de légumineuses de la première campagne de 1998, mais ont favorisé d’autres cultures. Malgré l’expansion des semis, la production vivrière totale a légèrement baissé par rapport au niveau réduit de l’année précédente. En Tanzanie, malgré des pertes de récoltes localisées, les pluies abondantes ont en général été bénéfiques aux cultures vivrières "vuli" de la campagne secondaire de 1997/98. Après plusieurs récoltes réduites de suite, la production s’est reprise. Les perspectives pour les cultures de la campagne principale des "longues pluies" de 1998 sont également satisfaisantes. En Ethiopie et au Soudan, la production de 1997 a diminué par rapport à la récolte exceptionnelle de l’année précédente, mais reste moyenne. En Erythrée, la production céréalière de 1997 est restée au même niveau médiocre de 1996 à cause des périodes de sécheresse et des pluies inhabituelles pendant la moisson.

Compte tenu de la production céréalière totale réduite de 1997/98 dans la sous-région, les besoins d’importations de céréales sont estimés à 3,97 millions de tonnes. Les importations commerciales devraient s’établir à 2,95 millions de tonnes, soit un déficit de 1 million de tonnes. Toutefois, les activités commerciales normales et la distribution de l’aide alimentaire dans la sous-région se ressentent beaucoup de la désorganisation du réseau des transports due aux pluies anormalement abondantes de ces derniers mois.

En Afrique australe, alors que la période de végétation progresse et que El Niño devient moins menaçant, on fait maintenant preuve d’un optimisme prudent quant aux résultats probables de la campagne. Jusqu’au début de mars 1998, les conditions de végétation ont été généralement favorables, avec des pluies normales ou supérieures à la normale dans la plupart des régions. Malgré les dommages causés ici et là aux cultures par l’excès de pluie, les perspectives de récoltes sont favorables en Angola, au Malawi, au Mozambique, au Swaziland et en Zambie. Ailleurs, les précipitations ont été moins régulières et on craint des périodes de sécheresse prolongées dans certaines zones en Namibie, au Botswana et au Zimbabwe et dans la plus grande partie du nord et du centre de l’Afrique du Sud. Il faudrait qu’il pleuve encore dans ces régions au cours des prochaines semaines pour que les cultures arrivent à maturité. Par ailleurs, les premières gelées au cours des prochains mois d’hiver pourraient endommager les cultures semées tardivement. A Madagascar, les acridiens encore présents pourraient nuire aux cultures dans plusieurs zones du pays, en particulier dans les principales zones agricoles.

En supposant que des conditions météorologiques normales prévaudront jusqu’à la fin de la campagne, on estime la production céréalière totale de la sous-région à 19,8 millions de tonnes, soit quelque 8 pour cent de moins que la récolte relativement bonne de 1997, cette baisse étant due en partie à la réduction des semis dans certains pays à la suite des sécheresses annoncées et des pluies irrégulières. La détérioration des conditions météorologiques en mars/avril provoquerait une nouvelle chute de la production, dans des proportions limitées toutefois, étant donné les bonnes réserves d’humidité dans les sols en maints endroits et la disponibilité d’eau d’irrigation dans les fermes commerciales. Compte tenu de ces éléments, les besoins totaux d’importations céréalières de la sous-région pour la campagne commerciale 1998/99 sont estimés à environ 4,7 millions de tonnes, soit environ 30 pour cent de plus que le niveau de l’an dernier. Etant donné la capacité limitée de plusieurs pays de la sous-région de procéder à des importations commerciales, les besoins d’aide alimentaire pour la campagne commerciale 1998/99 augmenteront sans doute.

Du fait que la moisson n’aura lieu que dans deux mois, ces estimations sont très provisoires. Des missions FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, avec le concours de la SADC, se rendront dans les pays les plus vulnérables en avril/mai afin d’examiner les résultats de la campagne et d’y estimer les besoins d’importation pour 1998/99.

En Afrique de l’Ouest, la saison des pluies commence dans le sud des pays riverains du golfe de Guinée. La préparation des terres et les semis de maïs de la première campagne progressent vers le nord après l’arrivée des pluies. Dans les pays sahéliens, le temps est sec comme de saison et les semis commenceront en juin/juillet dès le début de la saison des pluies. Des températures particulièrement élevées pour la saison ont été signalées dans plusieurs pays début février.

La production céréalière totale de 1997 pour les huit pays riverains du golfe de Guinée (Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Libéria, Nigéria, Sierra Leone et Togo) est estimée à environ 26,5 millions de tonnes contre 25,6 millions de tonnes en 1996. Des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne ont été enregistrées dans tous les pays côtiers, à l’exception du Libéria et de la Sierra Leone. Selon de récentes estimations, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria engrangeront des récoltes records. La production prévue au Togo est proche du niveau normal. Après la publication des chiffres définitifs relatifs à la production dans plusieurs des neuf pays membres du CILSS, la production totale de céréales (paddy compris) a été révisée en baisse et s’établit à 8,9 millions de tonnes contre les 9,1 millions de tonnes prévues initialement par les missions FAO/CILSS d’évaluation des récoltes en octobre/novembre 1997. Ce chiffre est inférieur de 4 pour cent environ à la moyenne des cinq dernières années. On estime que la production dépassera la moyenne en Guinée-Bissau, au Mali, au Niger et au Tchad mais sera inférieure à la moyenne au Burkina Faso, au Cap-Vert, en Gambie, en Mauritanie et au Sénégal.

La situation des approvisionnements alimentaires devrait être plus difficile en 1998 qu’en 1997 dans plusieurs pays où les récoltes ont été inférieures à la moyenne. Au Burkina Faso, en Gambie, au Sénégal et en Mauritanie, le fléchissement de la production céréalière a fait croître les besoins d’importation, aide alimentaire comprise. Au Cap-Vert où la production est toujours inférieure aux besoins et où des importations céréalières commerciales et/ou une aide alimentaire substantielles sont nécessaires, on ne prévoit pas de gros problèmes alimentaires malgré la récolte très réduite de 1997. Dans certaines zones du Niger et du Tchad, les récoltes ayant été médiocres, certains groupes de population pourraient être confrontés à des pénuries alimentaires et avoir besoin d’un peu d’aide. Les déficits localisés pourraient être couverts par des transferts à partir des zones à excédent ou par des opérations triangulaires, notamment à partir du Mali ou de pays riverains du golfe de Guinée. Pour les programmes d’aide alimentaire en cours au Mali, au Niger et au Tchad, les donateurs sont instamment priés de procéder à des achats locaux de céréales secondaires dans toute la mesure du possible.

Les besoins totaux d’importations céréalières de la sous-région pour la campagne commerciale 1997/98 sont évalués à 5,45 millions de tonnes. Les importations commerciales devraient s’établir à 4,82 millions de tonnes et les besoins d’aide alimentaire à 0,6 million de tonnes, blé et riz principalement. Les annonces d’aide alimentaire parvenues au SMIAR jusqu’à fin février 1998 s’élèvent à quelque 300 000 tonnes, dont 101 000 tonnes ont déjà été livrées. Aucune aide alimentaire importée sous la forme de céréales secondaires n’est nécessaire au Sahel pour la Guinée-Bissau, le Mali et le Tchad. On recommande fortement de procéder à des achats locaux pour couvrir les programmes d’aide alimentaire en cours ou prévus, ou pour reconstituer les stocks nationaux de sécurité là où des céréales ont été prélevées sur ces stocks pour être distribuées ou vendues dans les zones à déficit vivrier.
 
 
 

SITUATION EN MATIERE DE CRIQUETS ET DE SAUTERIAUX

Des infestations importantes de criquets pèlerins ont été signalées sur les deux rives de la mer Rouge en février. Des traitements sont en cours au Soudan et en Erythrée. De nouvelles infestations de bandes larvaires ont été signalées dans le nord-ouest de la Somalie, faisant craindre une nouvelle ponte et donc une augmentation de la population acridienne. 

En Afrique de l’Est, les traitements contre les bandes larvaires et les essaims ont diminué dans les zones côtières du Soudan et, fin février, ils avaient cessé, sauf dans le delta du Tokar. Il n’a pas été possible d’effectuer des prospections ni des traitements dans une zone inaccessible au sud où de nouvelles infestations pourraient se manifester. En Erythrée, les traitements contre les bandes larvaires et les groupes d’ailés sont moins intenses. Dans ces deux pays, la ponte n’est pas entièrement exclue, mais le temps devient trop sec pour cela dans de nombreuses régions. Dans le nord de la Somalie, des bandes larvaires et quelques petits essaims étaient présents le long des plaines côtières près de Djibouti où l’on s’attend à ce que la reproduction continue, ce qui augmentera la population acridienne. 

Dans les pays sahéliens, aucune activité acridienne importante n’a été signalée. Dans le nord de la Mauritanie, seuls des ailés épars en phase solitaire ont été vus. Des ailés en phase solitaire resteront en petit nombre dans le nord de la Mauritanie, ainsi que dans quelques oueds importants de l’Adrar des Iforas et dans la vallée de Tilemsi au Mali et, au Niger, par endroits dans le Tamesna. En revanche, des infestations de criquets migrateurs africains ont été signalées fin 1997 au Tchad, au sud de N’Djamena et dans l’extrême nord du Cameroun. La situation est calme pour l’instant, mais de nouvelles infestations pourraient se manifester après le début de la saison des pluies en juin/juillet. 

A Madagascar, la persistance d’essaims de criquets migrateurs africains (Locusta migratoria capito) constitue encore la principale menace pour les récoltes de 1998 qui seront rentrées en mars/avril. On a signalé des déplacements d’acridiens dans le sud et le sud-ouest du pays, ainsi que dans les principales zones agricoles de l’ouest et du centre. Des traitements terrestres et aériens sont en cours. Toutefois, étant donné l’impact potentiel des acridiens sur les cultures, les perspectives de récoltes sont incertaines. 

 

En Afrique centrale, la plupart des pays ont engrangé en 1997 des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne. La production totale de céréales dépasse la moyenne en République centrafricaine et devrait s’établir à un niveau proche de la moyenne au Cameroun, malgré des infestations de criquets migrateurs africains qui ont ravagé par endroits les cultures de mil et de sorgho dans le nord à la fin de 1997. Dans la République démocratique du Congo, le maïs se développe de manière satisfaisante dans le centre et le sud. Les troubles intérieurs ont perturbé les activités agricoles dans l’est où la production de haricots de la première campagne a été très touchée par les récents déplacements de populations et l’insécurité. Les perspectives pour la deuxième campagne sont médiocres en raison du manque de semences. Dans la République du Congo, la population déplacée de Brazzaville est en grande partie rentrée, mais beaucoup ont du mal à se nourrir du fait qu’ils n’ont plus de travail, que les prix des denrées alimentaires sont élevés et que le système de commercialisation des produits alimentaires est très perturbé.

Pour la campagne commerciale 1997/98 ou 1998, les besoins d’importations céréalières des sept pays de la sous-région sont estimés à 751 000 tonnes. Les annonces d’aide alimentaire parvenues au SMIAR jusqu’à fin février s’élèvent à 19 000 tonnes, dont 3 000 tonnes ont été livrées.

Afrique subsaharienne: Importations céréalières et besoins d'aide alimentaire par sous-région (en milliers de tonnes)

1997/98 ou 1998 
Sous-région 
Production 
1997 
Besoins d'importations
de céréales 
Importations 
commerciales
prévues 
Aide alimentaire 
Besoins  dont: pas encore livrée
Afrique orientale  21 613  3 967  2 954  1 013  447
Afrique australe  21 501  3 643  3 019  624  247
Afrique occidentale  34 959  5 449  4 821  628  389
- Pays côtiers  26 521  3 398  3 119  279  139
- Pays du Sahel  8 438  2 051  1 702  349  250
Afrique centrale  2 913  751  691  60  41
TOTAL  80 986  13 810  11 485  2 325  1 125

Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis. 


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