SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 
 

RAPPORT SPECIAL

MISSION FAO/PAM D'EVALUATION DES RECOLTES ET DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES EN ANGOLA

20 mai 1998


 
 

POINTS SAILLANTS DU RAPPORT DE MISSION

     
  • La production céréalière prévisionnelle pour 1998 est estimée à 594 000 tonnes, soit environ 38 pour cent de plus que la récolte de l'an dernier, grâce à des pluies abondantes et bien réparties 

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  • Une augmentation de la production est également attendue pour les autres cultures, notamment le manioc et la patate douce, comme conséquence de l'extension des surfaces ensemencées et des bonnes récipitations. 

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  • Des excédents céréaliers localisés sont prévus dans plusieurs régions, notamment sur les hautes terres du centre du pays. Cependant, la persistance de l'insécurité et des médiocres conditions de transport ainsi que les carences de l'infrastructure et des réseaux de commercialisation entraveront gravement le transport de ces excédents vers les régions déficitaires. 

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  • Les besoins d’importation de céréales pour la campagne de commercialisation 1998/99 (avril/mars) sont estimés à 470 000 tonnes, soit près de 12 pour cent de moins que l'an dernier. 

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  • En dépit du redressement de la production, le pays devra recourir en 1998/99 à l'aide internationale pour l'obtention d'environ 120 000 tonnes de céréales, dont 90 000 tonnes d'aide alimentaire. 

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  • On estime à environ 750 000 le nombre des déplacés internes et des autres personnes qui risquent de souffrir de pénuries alimentaires aiguës si une aide alimentaire n’est pas fournie au cours de cette campagne de commercialisation. 
 
 

1. VUE D'ENSEMBLE

Les dévastations causées par plus de vingt ans de troubles intérieurs restent la caractéristique principale de la situation en Angola. En dépit de l'amorce du processus de paix, fin 1994, la remise en état d'une infrastructure réduite en miettes, du réseau de commercialisation et des structures de soutien rural ainsi que des systèmes de production demeure à peine perceptible. La production alimentaire reste essentiellement basée sur le travail de la terre à la main et sur l'agriculture de subsistance, ce qui limite l'expansion des surfaces ensemencées et l'amélioration des rendements. Les récoltes céréalières ainsi obtenues sont loin de répondre aux besoins du pays, et le déficit est généralement couvert par des importations commerciales et par les secours internationaux.

Considérant la précarité de la sécurité alimentaire et les difficultés d'approvisionnement alimentaire que connaît le pays, une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue en Angola du 15 avril au 1er mai 1998, pour procéder à une estimation de la production des cultures vivrières en 1997/98 et établir des projections quant aux besoins d'importations céréalières pour la même période, besoins d'aide alimentaire compris. Cette année, la mission a pu se rendre dans 13 des 18 provinces au moment de la récolte. L'équipe a parcouru de longs segments de route, bénéficiant ainsi d'un large champ d'action pour ses observations, les entretiens avec les agriculteurs et l'inspection des récoltes. Quant aux cinq provinces restantes, elles ont fait l'objet de rapports sur la situation actuelle de la part de représentants des Ministères de l'agriculture et du développement rural (MINADER) et de l'aide sociale et de la réintégration (MINARS), ainsi que d'agents d'institutions des Nations Unies et d'ONG coopérant avec le bureau local du PAM. En outre, le programme de visites de la mission a dû être réduit, des informations reçues des Nations Unies et d'autres sources faisant état d’une détérioration de la sécurité dans plusieurs provinces du nord-est, du nord, du sud et du sud-ouest.

Des entretiens ont eu lieu à Luanda avec des représentants des ministères compétents, notamment de l'aide sociale et de la réintégration (MINARS) et du développement rural (MINADER), ainsi que du commerce et de l'industrie, avec des agents d'institutions des Nations Unies, et avec des représentants des donateurs et des ONG. Aux niveaux provincial et municipal, les problèmes concernant la campagne agricole en cours et les problèmes connexes de production et de sécurité alimentaire ont été traités conjointement avec les représentants des autorités provinciales, les agents des organismes spécialisés, les représentants des ONG, les négociants et les agriculteurs.

Cette année, des observateurs de la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC) et de certaines ONG se sont joints à la mission. Par ailleurs, des consultations fructueuses ont été tenues avec l'Union européenne (UE) ainsi qu'avec des représentants du Système d'alerte rapide de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID FEWS). Enfin, un expert de la CTPD (Coopération technique entre pays en développement) en provenance du Mozambique a également participé à la mission.

Les statistiques agricoles communiquées à la mission se sont avérées aussi peu fiables cette année que durant les missions précédentes. En conséquence, les chiffres relatifs à la superficie ensemencée ont été, une fois de plus, calculés par extrapolation à partir du nombre de familles agricoles fourni par les estimations de l'Organisation internationale la migration (OIM) concernant la population rurale de chaque province. Ces chiffres ont ensuite été confrontés aux données de planification du MINADER, pour en vérifier la crédibilité. Les rendements ont été évalués sur la base des observations provenant de tous les informateurs clés ainsi que des observations effectuées par la mission.

S'agissant des précipitations pour la campagne 1997/98, les pluies ont démarré normalement - exception faite des zones ouest et sud - avec une courte période sèche en milieu de campagne et des pluies très abondantes pendant le premier trimestre de 1998. De manière générale, ces pluies ont été considérées comme les meilleures depuis de nombreuses années, tant du point de vue de la quantité que de la répartition. Cependant, du fait des variations que l'on enregistre habituellement en Angola, les zones sud et sud-ouest ont connu un net déficit de pluviométrie, avec un démarrage tardif, des périodes sèches intermittentes en milieu de campagne et une conclusion précoce de la saison des pluies.

Comme l'an dernier, les ONG et les institutions des Nations Unies sont intervenues dans la plupart des provinces pour distribuer des semences et des outils, ce qui a permis d'augmenter les surfaces ensemencées dans les zones où les personnes déplacées ont bénéficié d'allocations de terres, ainsi que dans les villages où se sont réinstallés les rapatriés.

Cependant, la production reste limitée par plusieurs facteurs: la prédominance du travail manuel, la pénurie aiguë d'engrais et l'absence d´équipements et de produits chimiques phytosanitaires. Par chance, les cultures ont été cette année relativement épargnées par les ravageurs et par les maladies; cependant, les pertes à l'entreposage seront élevées et l'absence de mesures de protection place les agriculteurs du pays dans une position extrêmement vulnérable.

Les projections de la mission pour la campagne 1997/98 donnent une production céréalière de 594 000 tonnes, soit près de 38 pour cent de plus que la récolte de l'an dernier qui avait été affectée par la faible pluviométrie, dont 85 pour cent en maïs et le solde en sorgho et mil.

Pour ce qui est des autres cultures, notamment le manioc, la patate douce et les plantes vivaces, elles devraient également bénéficier d'une extension des surfaces cultivées comme d'une amélioration des rendements attribuable aux pluies abondantes. Compte tenu de la situation de l'an dernier, les stocks paysans ne devraient pas être importantes, puisqu'il a fallu y puiser durant l'année et la sécurité alimentaire au niveau des exploitations devrait s'appuyer, pour cette période, sur le manioc non extrait.

Sur la base d'une population estimée à 13,2 millions d'habitants au milieu de la campagne commerciale 1998/99 et d'une consommation par habitant projetée à 70 kilos, plus les pertes, et autres utilisations estimées à 23,6 pour cent, la consommation intérieure a été établie à 1 064 000 tonnes. Il reste donc un déficit de 470 000 tonnes à couvrir par des importations.

Les importations publiques et commerciales de céréales sont estimées à 350 000 tonnes, d'où un déficit de 120 000 tonnes qui devra être couvert par l'aide alimentaire. Une aide alimentaire est nécessaire pour les quelque 750 000 personnes qui constituent les groupes vulnérables, notamment pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les rapatriés et les soldats démobilisés. On estime qu'il faudra 90 000 tonnes d'aide alimentaire d'urgence pour couvrir leurs besoins.

Une aide alimentaire sera par ailleurs nécessaire à l'appui du processus de remise en état. La vulnérabilité alimentaire reste élevée, même chez les populations sédentaires, et ce en raison de l'absence de sources de revenus, d'un pouvoir d'achat faible, des carences au niveau des infrastructures et de l'absence de moyens de transport et de matériel pour la circulation des biens et des produits de base. En outre, l'accès à certaines zones contrôlées par l'UNITA fait encore l'objet de restrictions, ce qui rend les excédents inaccessibles et perpétue la dépendance des populations des autres régions à l'égard de sources extérieures.

Comme nous l'indiquons dans des rapports précédents, il conviendra de confronter ultérieurement cette année les estimations de la mission aux données chiffrées concernant la récolte obtenue. Un tel procédé, même entrepris comme exercice pilote, ne manquerait pas de renforcer considérablement le processus d'évaluation, qui ne bénéficie actuellement d'aucun mécanisme de vérification triangulaire des hypothèses de départ. A ce propos, la mission a souligné à nouveau cette année la nécessité du renforcement, par les autorités gouvernementales, des systèmes nationaux de suivi des cultures et de statistiques sur l'agriculture.
 



 

2. INFORMATIONS GENERALES ET CONDITIONS SOCIO-ECONOMIQUES 1/

1/ Les informations fournies dans cette section proviennent de sources diverses: Country Profile - Angola - 1997/98 et Country Report - Angola, Quatrième trimestre 1997 (The Economist Intelligence Unit); Rapport mondial sur le développement humain - Angola, 1997 (PNUD); Republic of Angola - Post Conflict Social Recovery Project, février 1997 (Banque mondiale); Appel commun interinstitutions des Nations Unies pour l'Angola, janvier/décembre 1998 (ONU); Agricultural Recovery and Development Options Review, décembre 1996 (MINADER/FAO).

Avec une superficie de 1 247 millions de km2, l'Angola, dont la population a été estimée à 12,6 millions d'habitants en 1997, est par sa superficie le cinquième pays d'Afrique sub-saharienne. Il dispose d'un vaste potentiel agricole constitué par des sols fertiles dans la région septentrionale et dans les hautes terres du centre du pays, où les précipitations dépassent ordinairement les 1 000 mm. C'est en revanche le bétail qui prédomine dans la région méridionale, où les pluies sont moins abondantes et qui est moins densément peuplée. En outre, le pays est pourvu de grandes ressources marines et fluviales, notamment en ce qui concerne les pêcheries, ainsi que d'abondantes richesses forestières.

Le patrimoine naturel du pays comprend beaucoup d’autres ressources, notamment d'importantes réserves de pétrole et de gaz, des minéraux précieux et en particulier du diamant, ainsi qu'un potentiel hydroélectrique important grâce à de nombreux cours d'eau. Le secteur pétrolier, qui produit plus de 700 000 barils par jour depuis les derniers mois de 1997, ne le cède qu'à celui du Nigéria en Afrique sub-saharienne. En outre, compte tenu de l'intérêt très marqué des principales compagnies pétrolières, qui prospectent actuellement de nouveaux gisements, ce chiffre pourrait augmenter de façon substantielle. Les recettes provenant du pétrole contribuent toujours à hauteur de plus de 40 pour cent au PIB du pays, et représentent 75 à 90 pour cent des recettes totales d'exportation - et 75 à 85 pour cent des recettes publiques. Toutefois, on appréciera mieux, à l'avenir, l'importance relative du secteur pétrolier au sein de l'économie en tenant compte du secteur du diamant, qui constitue une source importante et croissante de revenu. Depuis 1997, le gouvernement central étend graduellement son contrôle sur les régions riches en gisements diamantifères du nord-est, précédemment contrôlés par l'UNITA et qui étaient en grande partie exploitées par un secteur parallèle n'apparaissant pas dans les comptes nationaux.

Il faut toutefois rappeler que, d'une manière générale, la société angolaise n'a que peu bénéficié de l'exploitation du pétrole et des diamants. En effet, les recettes du pays ont été en grande partie consacrées au financement des activités liées à la défense et à la sécurité ainsi qu'au remboursement de l'énorme dette extérieure, qui dépassait 12 milliards de dollars E.-U. en 1996, soit trois fois la valeur des exportations annuelles de biens et services. On estime que les dépenses annuelles engagées au titre de la défense et de la sécurité sont passées de 960 millions de dollars E.-U. en 1992 à 1,6 milliard en 1995, en raison des besoins créés par les combats acharnés qui se sont déroulés entre 1992 et 1994. Le déficit budgétaire galopant, financé par la création monétaire et l'accumulation d'arriérés sur la dette extérieure, a entraîné une très forte inflation, estimée à 1 650 pour cent en 1996 et à 1 500 pour cent en 1997. Les salaires et les traitements ne progressent pas au rythme de l'inflation, et l'on estime que le revenu global versé sous forme de salaires est tombé de 16 pour cent du PIB en 1992 à 9 pour cent en 1996. De ce fait, une tranche importante de la population est vouée à une pauvreté extrême, tandis que le chômage augmente et que la main-d'oeuvre se tourne dans des proportions massives vers le secteur informel. Par ailleurs, la situation précaire au plan de la sécurité, qui ne manque pas d'affecter l'intégration des marchés, pèse également sur les prix des produits agricoles dans les régions rurales, réduisant de ce fait les revenus des agriculteurs et leur capacité à satisfaire leurs besoins essentiels tels que la scolarité des enfants, l'achat de vêtements, de savon et de denrées alimentaires.

Le taux de change réajusté du Kwanza, la devise angolaise, a été "accroché" au dollar E.-U. A la mi-1997, la devise a été dévaluée de 30 pour cent afin de tenter de limiter l'importance croissante du marché parallèle. Cependant, dès novembre 1997, le Kwanza était échangé sur le marché parallèle à environ 80 pour cent de son taux officiel, et à la fin du premier trimestre de 1998, la devise angolaise était cotée, sur le marché parallèle, entre 470 000 Kzr et 490 000 Kzr pour un dollar, alors que le taux de change officiel était de 280 000 Kzr.

Si l'on veut surmonter les graves pénuries de ressources qui marquent les autres secteurs économiques, et notamment celui de l'agriculture dont la grande majorité de la population tire ses moyens de subsistance, il faudra que soient mobilisées en faveur du développement les importantes recettes que le pays dégage du pétrole et des mines. Des milliers d'agriculteurs sont encore déplacés, les mines terrestres placées dans les endroits stratégiques ont rendu inaccessibles les terres cultivables, et les structures de production et de commercialisation sont détruites. Alors que, au moment de son indépendance en 1975, l'Angola se suffisait à elle-même pour la plupart des principales cultures vivrières et exportait des quantités importantes de maïs, riz, bananes, café, sisal, sucre et huile de palme, le pays est aujourd'hui dépendant des importations de produits alimentaires, dont une part importante doit être couverte par l'aide internationale.

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En dépit de la lenteur du processus de paix amorcé fin 1994 avec l'Accord de paix de Lusaka, l'Angola et ses partenaires au développement espèrent que le pays pourra à présent concentrer son attention sur le redressement et sur le développement socio-économique. On observera, à ce propos, qu'un nombre croissant de missions économiques et commerciales visitent l'Angola, en provenance de nombreux pays parmi lesquels le Brésil, la France, le Portugal, l'Espagne, l'Afrique du Sud, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les institutions des Nations Unies par le truchement de plusieurs appels interinstitutions annuels pour l'Angola, les donateurs bilatéraux et les ONG continuent de fournir une aide d'urgence sous diverses formes, dont la distribution de produits alimentaires et d'intrants agricoles. La FAO a lancé des interventions d'urgence, tout en fournissant des intrants agricoles essentiels (semences et outils) et en contribuant à renforcer le MINADER pour la coordination des activités d'urgence dans le secteur de l'agriculture; elle poursuit en outre un projet pilote dans la province de Huambo en vue de faciliter, à travers le redressement agricole, le passage d'une situation d'urgence à une phase de développement. Un projet d'assistance à la sécurité alimentaire, appuyé par la FAO et financé par l'UE, aide le MINADER à renforcer sa capacité institutionnelle de suivi de la sécurité alimentaire à l'échelle nationale comme à l'échelon provincial. Quant au PAM, outre les opérations en cours déterminées par la situation d'urgence, il met en oeuvre des programmes tournés vers la sécurité alimentaire, sous forme notamment de remise en état de l'infrastructure de base (routes, ponts, écoles, santé) agricole, sociale et de soutien à la réinstallation des populations.

Le succès des activités en cours et des initiatives prévues dépendra en grande partie de la restauration d'une paix et d'une sécurité durables dans tout le pays, des investissements dans des activités productives, notamment le déminage, et de la création, par voie d'infléchissement des politiques, d'un cadre propice au développement économique et agricole.



 

3. PRODUCTION VIVRIERE EN 1997/98

Le processus de paix engagé en 1994 s'est traduit par une plus grande stabilité relative et un meilleur accès aux zones situées à l'intérieur des régions contrôlées par le gouvernement ou par l'UNITA avec, en outre, un passage plus facile entre ces régions. De ce fait, au cours des trois dernières années, les missions d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires ont vu s'améliorer les possibilités de mener des entretiens et des observations sur le terrain. Toutefois, de nombreuses régions demeurent difficiles d’accès par la route, et la sécurité est devenu plus précaire dans plusieurs provinces, où l'on a fait état à plusieurs reprises d'attaques menées par des bandits.

Cette année, la mission a visité 13 des 18 provinces qui composent le pays, au moment de la récolte des principales cultures céréalières. Ces visites ont porté sur des tronçons de route analogues à ceux parcourus l'an dernier, offrant ainsi l'occasion de: i) vérifier, sur le terrain, les données transmises par télédétection; ii) faire appel, comme informateurs clés, à des agriculteurs éloignés des principales agglomérations; iii) effectuer des vérifications ponctuelles du rendement des principales céréales dans différentes zones agro-écologiques; iv) observer directement les progrès et les difficultés des petits négociants dans leurs efforts pour établir des liaisons entre l'arrière-pays et les grandes villes.

Les rapports établis à partir d'observations sur le terrain par les ONG et les institutions internationales ont été, cette année, communiqués par le biais de tables rondes organisées aux niveaux provincial et municipal, parallèlement aux rapports écrits. Ces informations sont venues appuyer celles transmises par le personnel provincial/municipal du MINADER ainsi que les résultats obtenus par l'Unité nationale d'alerte rapide (UNAR). Il faut toutefois préciser que la base de données demeure extrêmement fragile: en effet, les rapports des ONG sont limités aux localités bien définies où elles opèrent. Quant au MINADER, dans au moins 30 pour cent des provinces, il ne dispose pas de personnel préposé à la collecte des données. Dans les autres provinces, ces données portent uniquement sur les secteurs contrôlés par le gouvernement, et leur ampleur ainsi que leur précision sont affectées par l'absence de transports, de balances, de rubans à mesurer, de matériel d'enregistrement, de même que par les retards dans le paiement des salaires et par des années d'inertie.

En conséquence, les estimations de la mission en matière de production, qui découlent d'une multiplication de la surface par le rendement, ont été calculées à partir d'extrapolations des prévisions régionales de l'OIM concernant les familles agricoles qui cultivent des lots dont les dimensions et les modes d'exploitation sont conformes aux traditions provinciales. Quant aux estimations de rendement, elles s'appuyaient sur des inspections de terrain et sur les projections du MINADER et des ONG pour 1998.

3.1 Précipitations pendant la campagne agricole 1997/98

En Angola, les précipitations vont généralement de 100 mm par an dans les régions côtières du sud-ouest à 1 600 mm aux extrémités nord-orientales du pays. L'intensification des précipitations d'ouest en est, et du sud vers le nord, se traduit par un accroissement corrélatif du potentiel agricole, conditionné à la fois par l'altitude, la topographie et le type de sol. Dans ce contexte, une saison des pluies relativement stable et prolongée permet une vaste gamme de cultures, notamment dans les régions du nord et du centre.

Au cours de la période allant d'août 1997 à avril 1998, qui couvre la campagne principale dans la plupart des régions, le faisceau d'indications recueillies au moyen de relevés locaux, d'observations des agriculteurs, de rapports des institutions et de données transmises par télédétection, a permis de déterminer que le volume des précipitations a été supérieur à la moyenne, avec en outre une meilleure répartition que l'an dernier. Les premières pluies ont été nourries dans la plupart des zones septentrionales et centrales, permettant un bon démarrage des cultures; dans ces régions, les périodes de sécheresse de décembre et janvier ont été courtes, et n’ont pas eu d'incidence sur la production céréalière. Les seuls commentaires négatifs recueillis de façon régulière concernent le haricot, qui a souffert des périodes de sécheresse au moment du démarrage ou des pluies excessivement abondantes par la suite. Dans la région sud, en revanche, il a fallu réensemencer en raison de pluies tardives suivies de périodes intermittentes de sécheresse, d'où un retard dans le démarrage des cultures, un raccourcissement de la campagne et une réduction des rendements dans les secteurs où les pluies ont cessé de façon prématurée. Dans le sud-ouest en particulier, on fait état de rendements inférieurs à ceux de l'an dernier ainsi que d'une réduction des surfaces récoltées en céréales, par suite de la sécheresse prolongée.

3.2 Superficies cultivées

Actuellement, les principales céréales cultivées en Angola sont le maïs, le sorgho et le mil. Le blé et le riz ne sont produits qu'à titre expérimental dans un nombre limité de régions. La mission a pris note d'essais de culture du riz sur les hautes terres à Moxico et de blé à Huambo. Des trois céréales concernées, c'est le maïs qui l'emporte, avec près de 85 pour cent de la production céréalière estimée. La production mécanisée est limitée à quelques localités, dans les régions sûres où l'on voit apparaître quelques unités commerciales, ou aux abords des villes, là où les ONG et le MINADER offrent des services de tracteurs, à très petite échelle, à des groupes de personnes déplacées ou à des fonctionnaires. Quant à la traction animale, elle est limitée aux provinces du sud-ouest et aux régions avoisinantes. L'essentiel du travail agricole s'accomplit donc au moyen de houes, ce qui limite sérieusement la capacité d'expansion, même lorsque sont réunies des conditions encourageantes sous forme de disponibilité de terres, de sécurité des récoltes et de possibilités de commercialisation. La mission a malheureusement observé qu'une bonne partie des terres arables demeure indisponible et inutilisée entre les mains de propriétaires absents, qui ne souhaitent ou ne peuvent pas investir. De plus, alors que dans la plupart des villages, les personnes interrogées ont évoqué un accroissement des superficies cultivées, ce phénomène concernait plutôt des projets d'expansion d'exploitations nouvellement réoccupées à l'intérieur du périmètre villageois plutôt que des extensions sur grande échelle dans les régions de transition.

Les débouchés se sont légèrement améliorés par rapport à l'an dernier, comme en témoigne l'intensification du commerce le long des routes praticables; cependant, l'arrière-pays de la plupart des provinces reste inexploité et inaccessible, indiquant sans doute que, là où l'on pourrait produire davantage de céréales, la récolte est vouée à se détériorer au point de devenir impropre à la commercialisation. Une telle situation n'incite guère à redoubler d'efforts, même dans les secteurs où l'on peut produire en toute sécurité.

La plus grosse partie de la production s'appuie sur les stocks paysans de semences des variétés locales privilégiées: Katete (nord), SAM-3 et "white-round" (centre) et Kapalandanda (centre/sud). Les semences fournies par les donateurs ainsi que d'autres institutions et distribuées par le MINADER et les ONG, continuent de jouer un rôle important pour les agriculteurs déplacés et ceux qui sont nouvellement installés; la fourniture d'outils manuels devient alors un préalable absolu à la colonisation, en raison notamment du fait que les houes produites localement se sont révélées moins efficaces que les outils d'importation pour le défrichement des forêts et de la brousse.

En conséquence de ces observations, la mission estime qu'il y a une augmentation d'environ 10 pour cent des superficies cultivées en céréales et en haricots. Elle note que la superficie cultivée en manioc a augmenté de 9 pour cent, en raison de la popularité croissante de cette culture comme réserve de sécurité alimentaire dans des régions jusqu'ici classées comme céréalières. Il est probable qu'un phénomène analogue se soit produit pour la patate douce, mais les conditions régnantes ont empêché une quantification des surfaces ensemencées.

3.3 Rendements

Grâce aux meilleures précipitations obtenues cette année dans toute les provinces, à l'exception des provinces méridionales, on prévoit des rendements plus élevés à l'hectare. C'est ainsi que les régions où, l'an dernier, la culture du maïs sur les argiles limoneuses de la région occidentale de Kwanza Sul a été un échec total, connaissent aujourd'hui une production estimée à environ 3 tonnes de maïs par hectare; ce résultat, bien que n'étant pas représentatif, est une bonne indication du redressement obtenu ailleurs dans le nord et dans les régions du centre. De manière générale, les rendements de maïs à l'hectare signalés à la mission étaient nettement supérieurs à ceux de l'an dernier, puisqu'il a été question de 0,7 à 1,5 tonne à l'hectare, à l'exception des données communiquées par les agronomes de l'UNITA à Bailundo (province de Huambo), dont les estimations de rendements étaient d'une faiblesse inexplicable.

Les rendements de sorgho et de mil communiqués à la mission semblent refléter des lacunes dans les données de terrain et dans la connaissance du potentiel des cultures. Les observations menées par la mission concernant la densité de semis, la grenaison et le remplissage du grain ainsi que la pesée des épis (pour le mil seulement) semblent indiquer des rendements plusieurs fois supérieurs à ceux déclarés, qui étaient de l'ordre de 0,2 tonne par hectare et en décalage complet avec les prévisions de production de maïs pour les mêmes sites (sorgho exclusivement).

La fertilité du sol varie beaucoup d'une région à l'autre du pays. D'un côté, des régions laissées à l'abandon pendant des décennies offrent aujourd'hui de bonnes perspectives de récolte, conformément aux avantages traditionnels bien établis de la culture itinérante. En revanche, les terres surexploitées aux environs des villes et des villages sont aujourd'hui complètement épuisées.

D'après les rapports reçus, les engrais étaient disponibles dans les régions de Huambo, Bie, Bengo, Kwanza Norte et Luanda. Cependant, leur utilisation a été restreinte par de nombreux facteurs, parmi lesquels: i) les prix élevés; ii) l'accès limité au crédit; iii) la synchronisation des livraisons; iv) les mécanismes de distribution. Il semble, par conséquent, que l'on ait distribué moins de 2 000 tonnes seulement, et que l'utilisation ait été encore inférieure. Sur la base de taux d'application de 500 kg/ha (Huambo et Bie), on présume que moins de 4 000 hectares ont été traités.

Aucune invasion de ravageurs migrateurs n'a été enregistrée. Quant aux ravageurs non migrateurs, on a signalé la présence de foreuses des tiges (maïs), de chenilles (maïs, sorgho et légumes), de pucerons et d'acariens, mais les dégâts causés sont demeurés acceptables. En revanche, les incursions d'oiseaux dans les provinces méridionales et les problèmes posés par les rats pour les réserves entreposées ou de plein champ auraient été plus graves. En fait, en l'absence de mesures de lutte, tous les ravageurs risquent de créer des perturbations sérieuses. Aujourd'hui, seuls les maraîchers des périphéries urbaines ont accès aux équipements et aux produits chimiques de protection des végétaux, si bien que la majorité des exploitants demeurent extrêmement vulnérables.

Etant donné que les institutions souhaitent passer de la phase d'urgence à celle de la réhabilitation, la fourniture gratuite d'intrants est progressivement remplacée par un éventail de formes de crédit. Cependant, la situation est loin d'être claire. Selon les catégories où ils sont classés, les paysans reçoivent, à partir de diverses sources: i) des semences gratuites; ii) des semences prêtées iii) des semences fournies moyennant prêt à intérêts; iv) des semences provenant des fonds de roulement/banques de semences.

Dans certaines provinces, on a fait état de taux d'intérêts bancaires prohibitifs pratiqués pour l'achat d'engrais. On a introduit, à Huambo, de nouvelles pratiques faisant appel à des intermédiaires commerciaux; cependant, dans la province voisine de Bie, le MINADER continue de fournir et de distribuer des engrais. Il semble que les agriculteurs n'aient pas connaissance des conditions du crédit, ni même de leur obligation de rembourser. A l'heure actuelle, les quantités en cause sont minimes au point d'être négligeables; cependant, si la fourniture d'intrants devait soudainement augmenter, on se trouverait face à un vide administratif pour ce qui est de leur distribution, sans parler de la mise en place d'un service de crédit efficace.

3.4 Prévisions concernant la production

Bien qu'ayant effectué ses travaux deux semaines en avance par rapport à l'an dernier, la mission a pu évaluer en temps opportun les cultures parvenues à maturité et faire rapport sur les récoltes. Conformément à la pratique établie l'an dernier, et malgré les difficultés d'accès dans de nombreuses régions rurales, elle a pu visiter des exploitations le long d'au moins un tronçon de route prolongé dans les régions de Huambo, Bie, Kwanza Sul, Kwanza Norte, Malange, Bengo, Benguela, Huila, Moxico, Cunene et Kuando Kubango. En outre, des visites à proximité des terrains d'atterrissage ont été effectués à Benguela, Uige, Huila et Moxico.

La mission n'a pas, en revanche, visité Lunda Norte, Lunda Sul, Cabinda, Zaïre et Namibe; mais elle a pu s'appuyer, pour ces régions, sur des bilans présentés par le personnel du MINADER. Dans l'ensemble, les précipitations plus favorables et la confiance croissante des paysans se traduisent par une amélioration de la situation. Toutefois, les grands propriétaires absentéistes ne partagent pas cette confiance, si bien que les systèmes de production, à l'exception notable de la traction animale dans le sud, demeurent basés sur le travail à la main et l'on doit pratiquement se passer d'intrants, sauf distribution localisée de semences.

La mission prévoit en 1998 une production céréalière de 594 000 tonnes, dont environ 85 pour cent de maïs, et le restant en sorgho et en mil. Les estimations par province figurent au tableau 1.
 

Tableau 1: Angola: Superficie et production des principales cultures céréalières, 1998

Maïs  Mil  Sorgho  Toutes céréales 
Région/Province  Superf. (ha)  Rend. (kg/ha)  Prod. (tonnes)  Superf. (ha)  Rend. (kg/ha)  Prod. (tonnes)  Superf. (ha)  Rend. (kg/ha)  Prod. (tonnes)  Superf. (ha)  Prod. (tonnes)
Région Nord  98 338  736  72 370  98 338  72 370
Bengo  14 000  700  9 800  14 000  9 800
Cabinda  2 500  500  1 250  2 500  1 250
Kwanza Norte  16 738  800  13 390  16 738  13 390
Luanda  500  500  250  500  250
Lunda Norte  11 000  600  6 600  11 000  6 600
Lunda Sul  9 000  600  5 400  9 000  5 400
Malange  26 400  800  21 120  26 400  21 120
Uige  13 000  800  10 400  13 000  10 400
Zaïre  5 200  800  4 160  5 200  4 160
Région centrale  507 000  753  381 600  42 000  640  26 900  2 000  600  1 200  551 000  409 700
Benguela  99 000  700  69 300  25 000  600  15 000  124 000  84 300
Bie  126 000  750  94 500  3 000  700  2 100  2 000  600  1 200  131 000  97 800
Huambo  200 000  750  150 000  13 000  700  9 100  213 000  159 100
Kwanza Sul  52 000  900  46 800  1 000  700  700  53 000  47 500
Moxico  30 000  700  21 000  30 000  21 000
Région Sud  77 000  649  50 692  55 000  482  26 500  79 000  435  34 350  211 000  111 542
Huila  60 000  700  42 000  32 000  500  16 000  21 000  550  11 550  113 000  69 550
Kuando Kubango  6 000  500  3 000  12 000  600  7 200  18 000  600  10 800  36 000  21 000
Cunene  11 000  200  2 200  10 000  300  3 000  39 000  300  11 700  60 000  16 900
Namibe  1 164*  3000  3 492  1 000  300  300  1 000  300  300  2 000  4 092
TOTAL  682 338  738  504 662  97 000  551  53 400  81 000  439  35 550  860 338  593 612

* Superficie irriguée

Ces prévisions donnent une production supérieure de 38 pour cent à celle de l'an dernier, qui s'était ressentie des faibles précipitations. La production de légumineuses, en association avec les céréales et d'autres cultures, s'est également développée, en dépit des pertes signalées dans certaines régions par suite des pluies excessives; toutefois, ces pertes ont été largement compensées par l'extension des surfaces ensemencées et par l'amélioration des rendements dans les autres régions.

La production de manioc a également progressé grâce à l'augmentation des superficies et aux meilleures précipitations dans toutes les principales régions de culture. Le Tableau 2 indique la production de céréales, de haricots et de manioc par province. Même avec une teneur en matière sèche de 30 pour cent, il est probable que la disponibilité annuelle de manioc représente environ dix fois la production céréalière dans la région nord, 75 pour cent de la production céréalière dans la région centre et un dixième de cette même production dans la région sud. Le solde de la production de glucides est représenté par les patates douces, la canne à sucre, les bananes et les pommes de terre. Il semble que toutes les cultures aient bénéficié d’une pluviométrie favorable cette année.

Les diagrammes 2 et 3 fournissent les tendances de la production de céréales et de manioc pour la période 1990-1998.

Undisplayed Graphic
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Tableau 2: Angola: superficie et production des principales cultures, 1998

Toutes céréales  Haricots  Manioc  Superf. cultivée totale
Superf. (ha)  Prod. (tonnes)  Superf. (ha)  Rend. (kg/ha)  Prod. (tonnes)  Superf. (ha)  Rend. (kg/ha)  Prod. (tonnes) 1/  (ha)
Région Nord  98 338  72 370  50 767  393  19 954  393 113  5674  2 230 569  542 218
Bengo  14 000  9 800  2 000  400  800  22 750  6500  147 875  38 750
Cabinda  2 500  1 250  2 300  300  690  5 000  6000  30 000  9 800
Kwanza Norte  16 738  13 390  5 500  300  1 650  33 340  6500  216 710  55 578
Luanda  500  250  1 000  600  600  2 000  4000  8 000  3 500
Lunda Norte  11 000  6 600  7 300  300  2 190  37 000  4000  148 000  55 300
Lunda Sul  9 000  5 400  2 800  300  840  39 000  4000  156 000  50 800
Malange  26 400  21 120  9 867  500  4 934  84 623  8000  676 984  120 890
Uige  13 000  10 400  15 000  450  6 750  135 000  5000  675 000  163 000
Zaire  5 200  4 160  5 000  300  1 500  34 400  5000  172 000  44 600
Région centrale  551 000  409 700  146 754  420  61 642  169 000  5633  952 000  866 754
Benguela  124 000  84 300  15 000  300  4 500  10 000  4000  40 000  149 000
Bie  131 000  97 800  63 154  400  25 262  42 000  5000  210 000  236 154
Huambo  213 000  159 100  50 000  500  25 000  44 000  6000  264 000  307 000
Kwanza Sul  53 000  47 500  13 000  400  5 200  25 000  6000  150 000  91 000
Moxico  30 000  21 000  5 600  300  1 680  48 000  6000  288 000  83 600
Région Sud  212 164  111 542  15 500  265  4 100  14 000  2000  28 000  241 664
Huila  113 000  69 550  9 000  300  2 700  10 000  2000  20 000  132 000
Kuando Kubango  36 000  21 000  1 000  300  300  4 000  2000  8 000  41 000
Cunene  60 000  16 900  5 000  200  1 000  65 000
Namibe  3 164  4 092  500  200  100  3 664
TOTAL 1997/98  861 502  593 612  213 021  402  85 696  576 113  5573  3 210 569  1 650 636
TOTAL 1996/97  781 654  431 385  176 492  376  66 338  526 249  4 421  2 326 294  1 484 395
Evolution 1997/98 par rap. à 1996/97 (%)  +10  +38  +21  +7  +29  +9  +26  +38  +11

Le Tableau 3 fournit les séries chronologiques concernant les estimations de production céréalière des dernières années.
 
 

Tableau 3: Angola: production céréalière de 1993/94 à 1997/98 (en milliers de tonnes)

Province  1993/94  1994/95  1995/96  1996/97  1997/98
Benguela  60  20  82  65  84
Bie  19  32  58  84  98
Huambo  17  45  108  112  159
Huila  69  59  71  49  70
Kwanza Sul  33  30  44  21  48
Malange  11  25  11  21
Moxico  n/d  n/d  16  21  21
Autres provinces  45*  77*  96  68  93
Production totale  254  272  500  431  594
Superf. totale (milliers d’ha)  841  852  783  782  862

3.5 Autres cultures

On a remarqué une amélioration de l'entretien des cultures de café, d'huile de palme et de bananes dans les provinces de Bengo, Uige, Kwanza Norte et Kwanza Sul, où les plantations observées sur les tronçons de routes parcourus semblaient convenablement désherbées et élaguées. Cependant, on a également signalé la prolifération des barrages routiers, où les voyageurs sont rançonnés; par ailleurs, le manque de respect manifesté par les véhicules militaires à l'égard des autres usagers de la route dans les régions rurales tend à décourager les commerçants qui cherchent à rouvrir les secteurs rendus accessibles par les négociations entre l'UNITA et le gouvernement.

3.6 Situation de l'élevage

D'après les indices relatifs de végétation relevés au cours du premier trimestre de 1998, la production de fourrage serait supérieure à la moyenne dans les régions nord et centre, où le cheptel de ruminants est limité par suite des effets conjugués de la trypanosomiase dans les régions de forêts et de l'abandon des exploitations d'élevage dans les secteurs déboisés.

Dans la région du sud, où l'on élève actuellement le gros du cheptel ruminant selon les méthodes traditionnelles de transhumance, une situation préoccupante a été observée dans les provinces de Cunene et Namibe, et l'on a fait état de mauvaises conditions de pâturage dans le sud de Kuando Kubango. Afin de maintenir un cheptel dans des conditions appropriées de sécurité dans les régions à densité excessive, il faudrait que les pasteurs négocient l'accès aux grandes étendues de savane verte et de fermes d'élevage situées au nord, que l'on peut aujourd'hui qualifier de dépeuplées.

L'effondrement du secteur de l'élevage intensif est pratiquement complet. Pour ce qui est de la volaille, on est tombé à environ 500 000 pondeuses; quant aux porcins, on ne dénombre pas plus de 5 000 têtes dans les élevages industriels. Il existe toujours un petit élevage de volailles et de porcins, mais l'effondrement des structures de soutien les rendent vulnérables aux maladies.

La peste aviaire, la fièvre porcine, la péripneumonie contagieuse des bovins, les clostridioses et l'anthrax continuent de sévir, mais, à ce jour, il n'existe pas de services, d'équipements ou de matériel permettant d'en prévenir ou d'en limiter les effets, et on comprend l'absence apparente d'intérêt envers la reconstitution d'entreprises d'élevage. Les campagnes de reconstitution du cheptel lancées par les ONG au niveau du village demeurent extrêmement modestes et vulnérables, surtout lorsque sont introduites des espèces inappropriées.

A l'échelle nationale, la situation du bétail est plutôt sombre et il y a lieu de prévoir, pour le pays, une aide urgente dans les domaines technique et matériel afin d'éviter que se poursuive la détérioration de cette base de ressources, ce qui ne manquerait pas d'hypothéquer gravement les perspectives de redressement du secteur de l'élevage.
 


4. SITUATION PAR REGION/PROVINCE

L'Angola comprend trois grandes régions géographiques et 18 provinces. On trouvera, à l'Annexe 1, une carte indiquant les provinces, ainsi que les estimations concernant leur accessibilité et les conditions d'insécurité au moment du passage de la mission. L'insécurité qui règne dans ces régions entrave l'accès des populations rurales à la production accrue de denrées alimentaires.

4.1 Région du Nord

Cette région se compose de neuf provinces, à savoir: Luanda, Cabinda, Lunda Norte, Lunda Sul, Bengo, Zaire, Uige, Kwanza Norte et Malange. Par manque de temps et à cause des conditions de securité, la mission n'a pas pu visiter les provinces de Cabinda, Zaire, Lunda Norte et Lunda Sul.

Les neuf provinces se caractérisent par une production de racines, de tubercules et de cultures commerciales de plantes vivaces. La zone cultivée en manioc est dix fois plus étendue que celle soumise aux cultures céréalières, et les précipitations vont de 800 mm dans les zones côtières de l'ouest à 1 600 mm dans les régions orientales.

Du fait de la diversité du sol et des différentes altitudes, avec aussi bien des bassins argileux, côtiers et fluviaux que des hauts plateaux au sol ferralitique entrecoupés de plaines alluviales, la région présente une grande variété de zones agro-écologiques qui offrent toute une gamme de productions possibles. La principale culture de base est le manioc, qui fournit une sécurité alimentaire à long terme étant donné qu'il est récolté au jour le jour, en fonction des besoins. Au manioc s'ajoutent les bananes et les patates douces, en fonction des préférences et de la disponibilité. Dans les régions nord, le maïs est principalement consommé directement en épi, alors que sa consommation en grains progresse à mesure que l'on descend vers le sud. Le katete, variété originaire de Bengo, est préféré à la plupart des variétés locales en raison de son cycle plus court, convient parfaitement aux cultures tardives ou à celles de la campagne "secondaire" de janvier, février et mars.

Bengo: Avec une population estimée l'an dernier à 29 000 familles agricoles et augmentée de quelque 14 000 personnes qui sont rentrées chez elles début 1997, on estime que la superficie cultivée a augmenté parallèlement à l'augmentation de la production de maïs et de haricots. Les précipitations tardives et de volume médiocre enregistrées dans la région côtière ne semblent pas avoir affecté le maïs ensemencé précédemment, et, grâce aux bonnes pluies dont ont bénéficié les zones escarpées et l'arrière-pays, on ne prévoit pas de grosses difficultés. La taille des exploitations familiales est déterminée par le travail manuel dans des conditions de forte pluviométrie; elle devrait donc être d'environ 1 ha par exploitation, avec des surfaces supplémentaires consacrées à la culture du café, de la banane et d'autres arbres fruitiers pour les ménages établis. Le processus de paix a ouvert plusieurs zones au développement, et l'on observe en particulier une reprise des plantations de café et d'huile de palme à l'aide de subventions de l'UE; par ailleurs, la mission a visité une unité commerciale pilote destinée à produire du maïs et des melons sur grande échelle. Cependant, les barrages routiers et l'attitude des véhicules militaires sur les routes tendent, comme nous l'avons dit, à décourager les commerçants.

Selon les indications reçues, les rendements du maïs ont été supérieurs à ceux de l'an dernier et l'on n'a pas observé d'infestations de ravageurs non plus que de maladies sur une échelle notable. Les semences distribuées aux rapatriés sont arrivées avec retard; néanmoins, étant donné que la campagne est plus longue dans l'arrière-pays, ce retard n'a pas été perçu comme une entrave sérieuse. Les petits exploitants et les paysans pratiquant l’agriculture de subsistance ne disposent ni d'engrais ni d'intrants chimiques, alors que les exploitants commerciaux s'approvisionnent via Luanda.

Cabinda: La mission ne s'est pas rendue à Cabinda, et aucune information fiable n'a été obtenue concernant cette province, autrefois productive. Selon les données de télédétection, la végétation aurait été meilleure que l'an dernier, et on prévoit des rendements plus élevés, mais ce sont les données de l’an dernier qui ont été prises en considération dans la présente analyse.

Kwanza Norte: Avec une population estimée de 48 000 familles agricoles, pratiquant le travail manuel de la terre de façon plus active que l'an dernier en raison de l'amélioration de la sécurité et des précipitations, on s'attend à une augmentation des superficies ensemencées en manioc, haricots et maïs. Bien que les pluies aient été tardives dans les municipalités visitées par la mission, elles sont considérées comme largement meilleures que l'an dernier, avec une augmentation concomitante des rendements, à l'exception des haricots qui auraient été affectés par les pluies violentes du mois de décembre. Les ravageurs des cultures, dont l'incidence a été jugée minime, comprenaient les pyrales du caféier (Spodoptera spp) et les cochenilles sous forme d'infestations localisées. Les exploitants commerciaux ont bénéficié de quantités limitées d'engrais. Cependant, les difficultés d'accès au crédit ont été signalées comme entrave à l'expansion.

En raison de l'accroissement de l'offre, le prix du maïs est tombé de 500 000 Kzr à 150 000 Kzr le kg, voire moins, sur les principaux marchés.

Luanda: Selon les rapports reçus du MINADER-Luanda, 500 hectares de maïs seulement auraient été mis en culture, et l'on n'a pas pu identifier plus de 300 hectares de manioc. Les observations menées sur le terrain semblent indiquer que des superficies plus étendues de maïs ont été ensemencées le long de la ceinture verte, mais le succès de la récolte dépendra des précipitations et des brumes ultérieures.

Lunda Norte: Cette province n'a pas été visitée par la mission, mais les indices de végétation dérivés des données de télédétection font état d'une production moyenne ou supérieure à la moyenne, avec des rendements à l'hectare supérieurs à ceux, médiocres, de l'an dernier. La province consomme principalement du manioc, avec une modeste consommation de maïs en épi.

Lunda Sul: La mission ne s'est pas rendue dans la province de Lunda Sul cette année. Selon les informations en provenance des municipalités qui communiquent avec le gouvernement, l'entrave principale est constituée par la pénurie d'intrants et de services de soutien, conjuguée à l'insécurité qui empêche un retour rapide des familles rurales dans les régions traditionnelles d'exploitation. Aucun problème lié aux précipitations n'ayant été évoqué, on peut s'attendre cette année à une production moyenne ou supérieure à la moyenne.

Malange: Avec une population agricole active de 122 000 familles d'agriculteurs, la superficie totale cultivée a été estimée à environ 120 000 hectares pour la province, dont 75 pour cent de manioc. Les pluies ont commencé tôt dans la saison et sont tombées de façon régulière et très abondantes au cours des mois suivants, réduisant les rendements des haricots et entravant l'accès immédiat aux basses terres utilisées pour les cultures tardives. On signale un fléchissement généralisé des prix, les haricots atteignant même 50 000 Kzr le kg; les marchés se trouvent à l'évidence approvisionnés de façon plus abondante, notamment en manioc, à partir des secteurs tenus par l'UNITA.

Aucun cas notable de ravageurs ou de maladies n'a été observé, et l'on s'attend par conséquent à ce que tous les rendements soient supérieurs à ceux de l'an dernier. Aucun engrais n'a été distribué ni rendu accessible aux agriculteurs depuis 1992. Cependant, plusieurs ONG ont distribué des semences et ont, dans certains cas, partiellement réussi à créer des fonds de roulement et des banques de semences.

Uige: On a estimé à quelque 120 000 familles la population agricole active de la région. Cette dernière, bien que se dédiant traditionnellement aux cultures commerciales de plantes vivaces, est une province principalement consacrée au manioc, avec une dimension moyenne de 3 ha pour les exploitations agricoles. L'essentiel des superficies cultivées est occupé par le manioc, le café et les arbres fruitiers, avec des cultures associées de maïs et de haricots. Cette année, les précipitations ont été conformes au schéma prévu mais en quantités plus abondantes, et les rendements signalés sont supérieurs à ceux de l'an dernier. On n'a pas enregistré de perturbations notables dues aux ravageurs ou aux maladies. Du fait des retards dans la livraison, il n'y a pas eu de distribution d'engrais durant la saison du maïs, et les retards ont également affecté la distribution des semences de maïs et de haricots.

En dépit de l'augmentation de la production, on a signalé une augmentation des prix sur les marchés, en raison de l'intensification des échanges et des mouvements de produits en direction des autres provinces.

Zaire: La mission ne s'est pas rendue dans la province de Zaire. Selon les rapports émanant du MINADER sur les zones côtières, les principales cultures seraient en progression grâce à l'amélioration de la pluviométrie. La principale culture est le manioc, et le maïs est cultivé en association avec les haricots, sur une petite échelle.

4.2 Région du centre

La région du centre est composée de cinq provinces, à savoir: Benguela, Bie, Huambo, Kwanza Sul et Moxico, qui constituent les principales régions céréalières du pays. Grâce à des pluies abondantes et bien réparties, la région devrait donner cette année une récolte céréalière nettement supérieure à celle de l'an dernier, représentant environ 70 pour cent de la récolte nationale grâce à une augmentation de la superficie cultivée, alors que l'on dispose à présent d'informations provenant des secteurs contrôlés par l'UNITA dans la province de Huambo.

S'agissant de la plupart des autres facteurs, la situation demeure essentiellement la même que l'an dernier. Les pénuries d'intrants et de crédits resteraient le principal facteur dissuadant les paysans d'étendre les surfaces cultivées, tandis que l'insécurité constituerait l'entrave majeure aux investissements dans la plupart des régions de l'arrière-pays, où de vastes étendues de terres arables demeurent inexploitées. Les surfaces cultivées en manioc semblent en expansion et la production (teneur en matière sèche) est estimée cette année à 75 pour cent de la production de maïs. Cette expansion s'explique sans doute par la valeur de cette culture comme garantie de sécurité alimentaire, notamment dans les régions où les excédents de maïs s'écoulent difficilement.

Benguela: Avec une population agricole estimée à 200 000 familles, la superficie cultivée a été calculée en incorporant les exploitants périurbains, de même que ceux établis dans le villages agricoles, ce qui donne une surface, peut-être sous-estimée, de 149 000 hectares de céréales, de haricots et de manioc.

Grâce aux excellentes précipitations, les meilleures depuis 20 ans, la production de céréales devrait dépasser largement celle de l'an dernier, les haricots auraient en revanche souffert des pluies violentes. Selon les informateurs locaux, la période de sécheresse enregistrée fin novembre et début décembre ne semble pas avoir affecté le rendement. Les ONG ont distribué des semences de maïs, de sorgho et de haricots aux rapatriés, aux personnes déplacées et agriculteurs sédentarisés ne pouvant pas s'en procurer. Aucune perturbation grave due aux ravageurs ou aux maladies n'a été signalée. Malgré l'absence d'informations concernant les autres intrants, on considère que les produits chimiques de protection des végétaux et des engrais étaient accessibles à Lobito, bien qu'utilisés exclusivement par les horticulteurs commerciaux. En outre, le banditisme endémique aurait suscité une réticence de la part des opérateurs économiques. Enfin, la réinstallation aurait été retardée par l'insécurité chronique dans des régions présentant par ailleurs un potentiel agricole.

Bie: Avec une population agricole estimée à 134 000 familles, la province de Bie constitue une zone de transition entre le nord, plus humide, où pousse le manioc, et le sud, plus aride, où l'on cultive les céréales. Cette année, les précipitations ont été bonnes, et peut-être même ² les meilleures depuis neuf ans² , en dépit d'une quinzaine de jours de sécheresse nettement perceptible en novembre/décembre, mais qui n'aurait pas influencé les rendements. On a observé de bonnes récoltes dans les communautés sédentarisées avec notamment d'excellents résultats pour la patate douce. Grâce au processus de stabilisation, on a enregistré une augmentation des surfaces exploitées par les villageois réinstallés; cependant, l'expansion se limite alors aux surfaces cultivées manuellement, car rares sont les agriculteurs qui utilisent la traction animale et encore plus rares ceux qui ont accès aux tracteurs.

Les distributions d'engrais (12:24:12 et sulfate d'ammonium) ont fait un bond, passant de 150 tonnes l'an dernier à 600 tonnes, distribuées par le MINADER. En dépit de l'augmentation de la production, les prix du maïs sur les marchés ont montré de la fermeté; les commerçants/exploitants de Kuito expliquent ce phénomène par le fait qu'ils conservent le maïs pour leur propre consommation et commercialisent les patates douces. Le seul ravageur signalé est la foreuse des tiges du maïs, mais avec une incidence conforme au seuil habituel de tolérance. Dans un village bien établi visité par la mission, les stocks étaient déclarés exempts de ravageurs, grâce à l'utilisation de feuilles de tabac.

Huambo: La population agricole active de cette province a été estimée à 205 000 familles, pour une surface totale de mise en culture pouvant dépasser les 400 000 hectares, étant donné que des études récentes (FAO/MINADER) établissent la dimension moyenne des exploitations entre 2 ha et 2,5 ha. Cependant, les observations menées par la mission durant ses longs parcours routiers indiquent que seule une faible proportion des terres arables "accessibles" est en fait mise en culture. Il semble que les précipitations aient été, cette année, les meilleures depuis 25 ans, et les rendements céréaliers seraient nettement supérieurs à ceux de l'an dernier dans toutes les régions, à l'exception des municipalités de Bailundo et de Mungo, contrôlées par l'UNITA, où les rendements seraient très faibles. Tous les exploitants interrogés ont confirmé cette situation satisfaisante, y compris l'absence quasi totale de ravageurs et de maladies durant l'année.

Le MINADER a distribué 1 200 tonnes d'engrais par le biais des circuits commerciaux. Les fertilisants avaient été demandés pour la récolte de l'an dernier; mais, parvenus sur place avec un gros retard, ils n'ont pu être utilisés en temps opportun pour la campagne de cette année.

Le bureau du MINADER, très actif, s'efforce d'améliorer les méthodes de collecte des données au niveau provincial. Parallèlement, on a repris les essais de variétés céréalières et les parcelles de multiplication des semences pour les variétés qui obtiennent la préférence dans la région (SAM 3 et "white round"), sous l'égide du MINADER, à l'Institut de recherche agronomique de Changa. Par suite de la bonne récolte, le cours du maïs serait tombé à 50 000 Kzr le kilo et continuerait à baisser.

Kwanza Sul: Avec une population agricole active estimée à 135 000 familles établies dans des zones agro-écologiques très diverses, Kwanza Sul produit un large éventail de denrées.

Les bonnes pluies de cette année ont permis de cultiver le maïs sur de grandes superficies des sols argileux riches en terreau des régions côtières. Alors que, l'an dernier, des tentatives analogues avaient complètement échoué, cette année, la mission a trouvé un maïs bien développé, capable de donner un rendement de 3 à 4 tonnes à l'hectare, là même où, l'an dernier, on avait enregistré un échec. A noter qu'il s'agit-là du seul exemple, dans le pays, d'unités céréalières mécanisées et organisées sous forme d'entreprises. Parallèlement, grâce aux meilleures précipitations, les champs cultivés par les paysans, plus en retrait de la côte, ont été plus productifs que l'an dernier.

Les plantations de caféiers et de bananiers étaient bien désherbées et les observateurs font état d'une intensification des échanges pour toutes les denrées. A Gabela, les prix du marché étaient en augmentation grâce au fait que les négociants traitaient directement avec les agriculteurs avant d'emporter les marchandises vers Luanda.

En dépit de la présence annoncée d'engrais chez les fournisseurs privés, il semble que les agriculteurs ne s'en soient pas procurés, en raison des prix élevés et de l'absence de crédits.

On a signalé des incursions de foreuses des tiges et de "chenilles noires" (Spodoptera spp.), mais sans incidence marquée et, comme dans les autres provinces, il semble que les produits chimiques ou les équipements de protection des végétaux aient été absents. A ce propos, les variétés locales de maïs dont le katete, le Dente Kaval et le SAM 3 ont été préférées aux semences importées ou distribuées, précisément en raison de leur résistance.

Moxico: Avec une population agricole active estimée à 40 000 familles, Moxico, qui demeure une province principalement axée sur le manioc, produit également des quantités raisonnables de maïs. Les pluies ont commencé tardivement cette saison, mais elles ont ensuite été abondantes et régulières, si l'on excepte une vague de sécheresse entre fin novembre et début décembre. Une vaste portion de la province reste inaccessible à la mission et, en dépit de la bonne qualité des informations fournies par les agents agricoles de l'UNITA à partir de leur longue randonnée à pied dans la municipalité du Alto-Zambeze, on ne dispose d'aucune information pour au moins 65 pour cent de la province.

La mission a pris note de bons rendements pour le maïs et le manioc dans tous les villages visités, ainsi que d'une extension des zones cultivées, dans les limites permises par le travail manuel dans les environs de Luena et dans d'autres secteurs, à mesure que les agriculteurs reprennent confiance. Outre les ravageurs des denrées stockées pour le maïs, on s'inquiète des infestations de cochenilles. La présence d'autres ravageurs tels que les criquets et les foreuses des tiges ne dépassait pas le seuil de tolérance. Enfin, hormis les semences fournies par les ONG, aucune présence d'intrants agricoles n'a été observée.

4.3 Région du Sud

La région du Sud, qui comprend les provinces de Huila, Kuando Kubango, Cunene et Namibe, est la moins favorisée pour ce qui est des précipitations, qui vont de moins de 100 mm dans le sud-ouest à environ 800 mm dans le nord/nord-est. Les visites effectuées dans les deux zones par la mission indiquent une pluviométrie normale pour cette année, ce qui crée des inquiétudes dans la province sud-occidentale de Cunene ainsi que dans les portions méridionales de Kuando Kubango. La campagne en cours ne soutient donc pas la comparaison avec la récolte, bonne mais atypique, de l'an dernier. Les céréales constituent les principales cultures, avec une présence mineure de manioc dans le secteur nord de la région, et une production d'équivalent de matière sèche ne représentant que 10 pour cent de la récolte céréalière. En outre, le manioc est nettement moins productif que dans d'autres régions et il exige, selon les informateurs locaux, deux ou trois ans pour produire des tubercules. Cependant, il continue de garantir la sécurité alimentaire dans les régions où on peut le cultiver.

Huila: Avec une population agricole active estimée à 100 000 familles, la province de Huila est généralement la plus productive des zones méridionales. Les précipitations ont été normales, voire abondantes dans la plupart des secteurs; les pluies ont démarré à temps, au mois de septembre, et se sont poursuivies durant toute la campagne. D'après les observations des ONG, une fraction importante de la population a reçu des semences, car la récolte a été mauvaise l'an dernier.

Aucune incidence notable de maladies ou de ravageurs n'a été signalée et la production de mil et de sorgho a été qualifiée de "satisfaisante". Quant aux récoltes de maïs observées par la mission, elles promettaient un volume beaucoup plus important que celui obtenu l'an dernier.

Malgré la présence de vastes étendues de terres arables non exploitées dans la province, les paysans de deux municipalités se sont plaints du manque d'accès aux terres, sans doute détenues par des propriétaires absents.

Kuando Kubango: Avec une population agricole active estimée à 87 000 familles, cette grande province est la moins densément peuplée du pays. Les activités agricoles sont concentrées dans le nord et le nord-ouest, où la pluviométrie est moins régulière. Il a malheureusement été impossible d'obtenir des informations en provenance de Kushi, la municipalité la plus productive, bien que le MINADER y ait des agents. Les visites de la mission dans le nord/nord-est de la province ainsi que les entretiens avec les représentants du MINADER et des ONG à Menongue ont confirmé que, cette année, les pluies n'ont pas été aussi bonnes que l'an dernier. La saison a démarré tardivement et, dans certaines localités, la sécheresse intermittente a rendu nécessaire la répétition des semis pour le mil. Cependant, en dépit de ces difficultés, les cultures de mil semblent prometteuses et une inspection plus rapprochée a donné un rendement de 0,6 à 0,9 tonnes à l'hectare dans les champs sélectionnés. Le seul ravageur observé était le criquet, mais sans incidence grave et il n'y a pas eu de distribution d'engrais ni de produits chimiques de protection des végétaux, qui semblaient manquer par ailleurs.

Bien que l'on se soit attendu à ce que la traction animale soit utilisée dans cette province disposant traditionnellement d'un cheptel important, tous les agriculteurs interrogés travaillaient la terre à la main. On a observé une extension des zones mises en culture, avec des surfaces gagnées chaque année sur la brousse. A ce propos, si l'on veut permettre aux villages de retrouver leur autonomie, il est impératif d'accorder la priorité à la fourniture d'outils permettant de dégager des forêts établies depuis 20 ans.

Cunene: Située dans l'extrémité sèche de l'Angola, cette province est l'une des plus arides du pays, et s'appuie davantage sur l'élevage que sur l'agriculture. L'arrivée tardive des pluies, suivie de périodes de sécheresse prolongée durant la campagne agricole 1996/97, a entravé la bonne prise des cultures de même que la grenaison et le remplissage des grains pour le sorgho et le mil, et l'on s'attend à une production médiocre. Les ressources en fourrage suscitent également des préoccupations pour les régions contrôlées par le gouvernement, en raison de la forte densité d'occupation dans la région. Il y aurait lieu d'envisager de réduire ce taux de charge en vue de la prochaine saison sèche, en rétablissant par exemple la transhumance ou en créant des droits de pâturage temporaire dans d'autres secteurs de la région, où l'on trouve de l'herbe en abondance.

Namibe: La mission a rencontré à Cunene des représentants de la province de Namibe, mais sans se rendre dans cette dernière. Il semble que la production ait pâti des mêmes facteurs que dans la province de Cunene.
 



 

5. SITUATION DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES

5.1 Accessibilité et prix

Les perturbations causées par plus de vingt ans de troubles intérieurs et d'insécurité constante, les restrictions imposées aux mouvements des personnes et des marchandises, notamment l'accès aux champs infestés de mines, tous ces facteurs ont gravement altéré la sécurité alimentaire et le bien-être économique général en Angola. L'inflation galopante, la stagnation des niveaux de revenu et le chômage élevé ont gravement érodé le pouvoir d'achat de la population et un grand nombre de personnes, aujourd'hui vulnérables, ont encore besoin d’une assistance.

La lenteur du processus de paix ainsi que la récente détérioration de la sécurité, comme en témoignent les actes de banditisme fréquemment rapportés, auxquels s'ajoutent les mauvaises conditions du réseau routier et des autres infrastructures rurales, constituent autant d'obstacles majeurs aux activités de commercialisation et à l'accès des ménages aux aliments et autres produits de base. Dans les régions du nord et du centre, en dépit des excédents prévus cette année, on ne trouve que de petits volumes à acheter pour être expédiés vers les zones déficitaires. Cette situation ne manquera pas de peser sur les prix et de décourager la production l'an prochain. Fin avril, on avait déjà noté dans certains districts ruraux des prix du maïs ne dépassant pas 50 000 Kzr/kg, contre 150 000 à 250 000 Kzr/kg, voire plus, dans les marchés des villes voisines.

La disponibilité accrue de manioc dans les régions septentrionale et centrale devrait améliorer la sécurité alimentaire de nombreuses familles agricoles de ces régions, notamment pendant la période de soudure. Bien que consommé sous forme de produit frais, le manioc se vend en morceaux séchés ou en poudre. Toutefois, les restrictions aux mouvements des personnes et des marchandises liées à l'insécurité risquent d'entraver les activités de commercialisation, de même que l'effet de substitution prévu cette année en raison de la production élevée de manioc dans les régions du nord et du centre. En l'absence d'une aide à l'achat de la part des donateurs, les catégories vulnérables, pour lesquelles l'accès à la terre est impossible ou très difficile, risquent de ne pas bénéficier de cette augmentation des disponibilités alimentaires. Grâce à la présence d'autres sources, moins importantes, de glucides sous forme de bananes et de patates douces, on peut établir l'absorption de glucides par habitant à environ 2 000 kg/cal. par jour fournis à 70 pour cent par le maïs et le manioc. Etant donné que le manioc n'est généralement pas importé, le déficit alimentaire devra être comblé par des importations de céréales.

5.2 Offre et demande de céréales pour 1998/99

En dépit d'une reprise graduelle de la production alimentaire au cours des dernières années et de prévisions favorables pour la récolte 1997/98, les disponibilités alimentaires continuent d'être largement en-deçà des besoins minimums et il faudra prévoir d'importer de grosses quantités de denrées alimentaires, y compris sous forme d’aide, pour répondre aux besoins essentiels de la population.

On trouvera, au tableau 4 ci-dessous, le bilan de l'offre et de la demande de céréales pour la campagne de commercialisation 1998/99 (avril/mars).
 
 

Tableau 4: Angola: bilan céréalier 1998/99 (en milliers de tonnes)

Disponibilités totales  594
Production intérieure  594
Prélèvement sur les stocks  -
Utilisations totales  1 064
Alimentation humaine  924
Alimentation animale  40
Semences, pertes et autres utilisations  100
Besoins d’importation  470
Importations commerciales prévues  350
Aide alimentaire, dont: 

- Aide alimentaire d’urgence1/ 

120 

90

- Aide alimentaire liée à des programmes  30

Si l'on applique un taux de croissance de 2,8 pour cent aux estimations des populations provinciales effectuées par l'Organisation internationale pour la migration en 1996, on peut établir à 13,2 millions la population de l'Angola à la période correspondant au milieu de la campagne commerciale 1998/99. Sur la base d'une consommation céréalière annuelle de 70 kg par habitant, on obtient un besoin, pour la consommation humaine, de 924 000 tonnes de céréales.

Des entretiens tenus avec les représentants gouvernementaux indiquent que les stocks détenus par les autorités centrales ou locales sont négligeables, et les contacts avec les agriculteurs, les négociants privés et les minotiers n'ont pas démontré l'existence de stocks céréaliers substantiels.

Les pertes ont été estimées, en ce qui concerne les céréales, à 15 pour cent de la production, soit 89 000 tonnes. On a par ailleurs calculé l'utilisation des semences en se basant sur les densités moyennes de semis auxquelles on a ajouté une petite marge pour les réensemencements. Sur la base de semis prévus de 700 000 ha de maïs, 100 000 ha pour le sorgho et le mil respectivement, environ 10 000 tonnes de semences seront nécessaires pour la prochaine campagne de semis. On a également calculé la consommation d’aliments pour animaux en s'appuyant sur les nouveaux chiffres fournis par le MINADER. On estime à 500 000 la population de poules pondeuses et le cheptel porcin à 5 000 têtes, ces deux catégories absorbant le gros de l'alimentation animale, qui a été estimée à 40 000 tonnes de céréales, principalement du maïs.

Si l'on rapproche l'utilisation totale de céréales, estimée à 1 064 000 tonnes, et la disponibilité totale, soit 594 000 tonnes, on constate un déficit de 470 000 tonnes, qu'il faudra couvrir par des importations. Ce volume est d'environ 12 pour cent inférieur à celui estimé pour la campagne 1997/98. D'après les données communiquées par le Ministère du commerce et de l'industrie et sur la base des entrevues conduites avec un certain nombre de négociants, il semble que, comme pour les deux dernières années, les importations commerciales de céréales devraient être d'environ 350 000 tonnes. On a estimé le besoin d'aide alimentaire pour 1998/99 à 120 000 tonnes, dont 90 000 tonnes d'aide alimentaire d'urgence. On importera principalement du riz et du blé, dont la production locale est négligeable et il faudra prévoir une aide des donateurs pour les achats locaux de maïs destiné à être distribué aux populations vulnérables.

5.3 Besoins en aide alimentaire

Au cours de la mission, les besoins en aide alimentaire d’urgence et de réhabilitation ont été réévalués par le PAM, en consultation étroite avec les agences et organismes gouvernementaux participant à la livraison et à la coordination de l'aide humanitaire. Des consultations ont eu lieu avec les ONG, les donateurs, les organismes gouvernementaux et les autres institutions des Nations Unies, au niveau national comme au niveau provincial dans l'ensemble du pays.

En dépit des bonnes conditions météorologiques enregistrées cette année et de l'augmentation de production qui en est résultée, une proportion importante de la population souffre encore de l'insécurité alimentaire. Les facteurs qui influencent l'insécurité alimentaire varient selon les groupes de populations et leur situation géographique. Cependant, on peut généralement retenir les facteurs suivants: manque d'accès aux terres et aux intrants agricoles, ainsi qu'aux autres moyens de production; accès limité à tout excédent ou à toute production commercialisée, par suite de l'incidence conjuguée de la médiocrité de l'infrastructure et des systèmes de commercialisation totalement inadéquats; enfin, l'insuffisance généralisée du pouvoir d'achat.

Selon les estimations de la mission, le nombre total de personnes devant bénéficier d'une aide alimentaire à titre humanitaire représente une réduction d'environ 25 pour cent par rapport aux estimations de 1997. Le facteur le plus important influençant cette réduction a été la réinstallation réussie d'environ 60 à 80 000 personnes au cours de la période 1997/98, principalement à Bengo, Kwanza Sul et Kwanza Norte, ainsi que dans des régions accessibles et sûres de Kuando Kubango, Bie et Moxico. Les bonnes pluies de cette année ainsi que les conditions améliorées de la récolte, particulièrement dans les régions côtières, et dans les provinces de Huila, Namibe et le sud de Benguela ont également contribué à cette diminution. Cependant, les lenteurs de la normalisation de l'administration rurale, les retards du processus de réconciliation nationale et la détérioration de la sécurité continuent de restreindre les activités des institutions humanitaires et découragent la majorité des personnes déplacées et des réfugiés de retourner dans leurs régions d'origine. Au moment de la mission, c'est-à-dire juste avant la récolte principale, la détérioration des conditions de sécurité avait entraîné la fuite de villageois qui avaient ainsi abandonné leurs champs.

Cette détérioration de la sécurité n'a pas seulement entraîné des retards dans les projets de réinstallation de la majorité des personnes déplacées de l'intérieur et des réfugiés, elle a également provoqué de nouveaux déplacements de population. En outre, un certain nombre de personnes qui ne pouvaient pas rentrer dans leur région d'origine ont été temporairement réinstallées dans des sites intermédiaires: or, ces populations sont généralement incapables d'atteindre un degré satisfaisant de sécurité alimentaire, principalement en raison de facteurs conjugués tels que l'indisponibilité des terres et la faible fertilité des sols dans les secteurs de réinstallation provisoire.

Par ailleurs, les programmes de remise en état concernant tant les structures sociales que les infrastructures de base ont également été gravement sapés par les mauvaises conditions de sécurité, en particulier dans les régions où l'on prévoit la réinstallation d'une grande majorité de la population.

On trouvera, au tableau 5, une synthèse des estimations de la mission concernant le nombre des bénéficiaires, par catégorie. Le nombre total des bénéficiaires est estimé à 752 000 personnes, à l'exclusion des soldats gouvernementaux démobilisés. [ Si la démobilisation des troupes de Forças Armadas Angolanas devait se réaliser durant la période d'application du présent rapport spécial, c'est-à-dire avant la fin de mars 1999, il faudra peut-être prévoir d'augmenter l'aide alimentaire. Cependant, la mission n'a pu recueillir aucune indication précise concernant le nombre de personnes concernées et le calendrier visé.] On notera, néanmoins, que les besoins d'aide alimentaire pour la période 1998-99 pourraient être supérieurs à ceux décrits par la mission, dans le cas où la réinstallation et les activités connexes de remise en état devraient reprendre plus rapidement que prévu.
 

Tableau 5: Nombre moyen de bénéficiaires

Province  Personnes déplacées et réfugiés  Réinstallation  Réintégration  Remise en état  Groupes vulnérables  Total
Bengo  13 000  9 000  500  10 000  2 000  34 500
Benguela  78 500  29 000  1 000  17 500  20 000  146 000
Bie  9 000  4 000  5 500  17 500  7 500  43 500
Cabinda  0
Cunene  1 000  2 500  4 000  7 500
Huambo  6 000  4 000  15 000  15 000  40 000
Huila  17 500  10 000  1 500  15 000  18 500  62 500
Kuando K.  18 500  7 000  10 000  6 000  41 500
Kwanza N.  500  57 500  2 000  60 000
Kwanza S.  500  2 500  500  3 500
Luanda.  6 500  1 000  5 000  7 000  19 500
Lunda N.  9 500  5 000  1 000  2 000  17 500
Lunda S  25 000  2 500  6 500  34 000
Malange  500  25 500  20 000  4 000  50 000
Moxico  30 000  50 500  1 500  10 000  3 000  95 000
Namibe  1 500  1 000  2 500  2 500  7 500
Uige  12 500  12 000  2 500  27 500  14 500  69 000
Zaire  12 500  1 000  5 000  2 000  20 500
Total  178 500  209 000  27 500  220 000  117 000  752 000
 

Les catégories de bénéficiaires sont définies de la façon suivante:
 

Le tableau 6 décrit les besoins alimentaires correspondants, les quantités d'aide alimentaire étant calculées en multipliant le nombre mensuel moyen de bénéficiaires par une ration type, dont la composition tient compte des différentes mesures utilisées en Angola par le PAM et d'autres organisations.

 

Tableau 6: Besoins d'aide alimentaire d'urgence par cas considérés (en tonnes par an)

Bénéficiaires  Maïs  Légumi-neuses  Huile végétale  Préparat. céréales/ soja  Sucre  Sel  Total
Personnes dépla-cées et réfugiés  21 877  2 713  1 607  321  26 518
Réinstallation  25 055  3 010  1 881  376  30 322
Réintégration  3 297  396  248  50  3 990
Remise en état  31 680  3 168  1 980  396  37 224
Groupes vulnérables  9 087  1 639  1 053  5 040  587  205  17 611
TOTAL  90 996  10 926  6 768  5 040  587  1 348  115 665
 
 

Compte tenu des stocks de report de l'aide alimentaire et des engagements pris au 31 mars 1998 par le PAM et les ONG, soit 78 117 tonnes de maïs, 9 624 tonnes de légumineuses, 7 492 tonnes d'huile végétale et 3 333 tonnes d'aliments composés, on prévoit, pour 1998, un déficit à combler par l'aide d’urgence de 12 879 tonnes de maïs, 1 302 tonnes de légumineuses et 1 707 tonnes d'aliments composés.

Le potentiel de programmation et de réaction du PAM devrait être maintenu au niveau actuel. En outre, il faut prévoir que la part de l'aide d’urgence acheminée par le PAM ira en augmentant, étant donné les indications selon lesquelles plusieurs programmes bilatéraux d'aide alimentaire à l'Angola sont à la veille d'être interrompus, avec une nette réorientation vers l'aide alimentaire multilatérale.

5.4 Moyens logistiques

Les livraisons sont organisées le long de trois couloirs: le premier par le port du Luanda et le second du port de Lobito, ces deux couloirs assurant environ 90 pour cent du total des livraisons alimentaires; le reste est expédié le long du couloir sud, qui commence au port de Namibe. C'est le PAM qui transporte les denrées alimentaires ainsi que les produits non alimentaires en Angola, au nom de l'ensemble de la communauté humanitaire.

Les livraisons par route couvrent actuellement plus de 200 destinations au départ des trois ports mentionnés, et utilisent comme plaques tournantes les 11 bureaux auxiliaires du PAM situés dans l'ensemble du pays. Les transports routiers sont particulièrement difficiles à organiser étant donné que le secteur du transport angolais se compose d'un très grand nombre de petits opérateurs qui ne possèdent généralement pas plus de deux ou trois camions. Les conditions du réseau routier continuent de se détériorer, en l'absence quasi totale de réparation ou d'entretien depuis la fin des hostilités, à l'exception de la remise en état de quelques ponts. Les pluies très abondantes du début de l'année 1998 ont nui aux conditions routières dans la plupart des régions du pays.

La sécurité continue de poser un problème de taille, et il a fallu organiser les transports sous forme de convois du PAM pour plusieurs destinations. Les mines constituent encore une menace et la majeure partie du réseau ferroviaire, détruite au cours des hostilités, attend toujours d'être réparée.

Environ 20 pour cent des livraisons empruntent la voie aérienne vers une quinzaine de destinations, à savoir les régions difficiles d'accès du nord, de l'est et du sud-est du pays. La plupart des pistes d'atterrissage de ces destinations sont en mauvais état, ce qui limite l'accès aux avions Hercules, loués par voie de contrats à court terme. Lorsque les pistes d'atterrissage le permettent, le PAM utilise des Boeing 727, affrétés au cas par cas.

Le coût interne du transport, de l'entreposage et de la manutention pour les opérations de secours prolongées du PAM (WFP PRO) est actuellement calculé à un taux moyen de 219 dollars E.-U. par tonne.
 
 
 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant. 

Abdur Rashid  Mohamed Zejjari
Chef, SMIAR, FAO  Directeur, OSA, PAM
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Annexe 1: Angola - Zones peu sûres et/ou inaccessibles (en mars-avril 1998)

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Undisplayed Graphic Zones peu sûres ou inaccessibles

Source: UCAH


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