SYSTEME
MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE
DE LA FAO
PROGRAMME
ALIMENTAIRE MONDIAL
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RAPPORT SPECIAL
Mission FAO/PAM d'évaluation des
récoltes et des disponibilités alimentaires en Zambie
4 juin 1998
Principales conclusions de la mission
-
En 1997-98, la production agricole de la Zambie a été fortement
réduite, tombant à des niveaux très inférieurs
à la moyenne en raison des anomalies atmosphériques provoquées
par El Niño.
-
La production globale de maïs de 1997-98 a reculé de 43 pour
cent par rapport à l'an dernier et de 41 pour cent par rapport à
la moyenne des cinq dernières années.
-
Les très graves pertes de bétail dues à la theilériose
(maladie du _corridor_) dans la province du sud ont compromis davantage
la sécurité alimentaire des ménages et considérablement
réduit le nombre de boeufs utilisés essentiellement pour
la traction animale.
-
Les besoins d'importations de céréales dans la campagne commerciale
1998/99 (mai-avril) sont estimés à 660 000 tonnes.
-
Les importations commerciales de céréales étant fixées,
d'après les prévisions, à 364 000 tonnes, le solde
non couvert, y compris l'aide alimentaire d'urgence évaluée
à 45 000 tonnes, s'élève à 296 000 tonnes.
-
La capacité actuelle d'importation du pays est extrêmement
faible et les réserves de devises suffisent à peine à
couvrir six semaines d'importations de biens et de services. Une aide internationale,
sous forme de dons, d'importations à des conditions de faveur et
d'aide alimentaire sélective, sera donc nécessaire.
|
1. VUE D'ENSEMBLE
De tous les pays d'Afrique australe, la Zambie est, semble-t-il, celui
qui a le plus souffert des anomalies atmosphériques provoquées
par El Niño. Le nord du pays a reçu des pluies anormalement
abondantes et incessantes accompagnées d'inondations généralisées
durant toute la campagne, tandis que le sud a connu une quasi-sécheresse.
Compte tenu de ces difficultés, une mission FAO/PAM d'évaluation
des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue
dans le pays du 27 avril au 14 mai 1998, au moment des récoltes,
pour déterminer l'incidence des anomalies météorologiques
sur la production vivrière et la situation des disponibilités
alimentaires en général, et évaluer les besoins d'importations
de céréales pour la campagne commerciale 1998/99 (mai-avril),
y compris l'aide alimentaire dont les populations démunies auront
besoin. Cette mission était accompagnée d'observateurs de
la communauté du développement de l'Afrique australe (SADC)
et du Système d'alerte precoce en cas de famine de l'USAID (FEWS).
Pour effectuer son évaluation, la mission s'est entretenue avec
les autorités nationales, centrales, provinciales et dans les districts,
avec des représentants des Nations Unies, des organisations bilatérales
et des donateurs, avec les ONG, avec les principaux responsables des sociétés
privées compétentes; elle a entrepris en outre des visites
complètes sur le terrain qui lui ont permis de s'entretenir avec
les agriculteurs en même temps qu'elle effectuait une évaluation
des cultures sur place. La mission s'est rendue dans huit des neuf provinces
de la Zambie, la province non visitée étant Copperbelt qui
est une zone essentiellement minière avec peu de production agricole.
Les observations sur cette province ont été obtenues de source
indirecte et par des renseignements provenant des provinces voisines dans
la zone nord très pluvieuse.
La mission a constaté qu'en 1997/98 la production agricole, surtout
celle de maïs, denrée de base du pays, a beaucoup baissé
par rapport à l'an dernier et en comparaison avec la production
des cinq dernières années. Il y a quatre causes principales
à ce déclin. La première est l'irrégularité
anormale des pluies. Les provinces du nord de la Zambie - Copperbelt, Luapula,
nord et nord-ouest - ont reçu des quantités excessives de
pluies pendant toute la campagne et connu des crues étendues, surtout
dans les zones de basse altitude. Cela explique que les pertes de récolte
aient été importantes et les rendements très faibles.
Le sud du pays - provinces de Lusaka, du sud et de l'ouest - a subi une
quasi-sécheresse qui a terriblement diminué les rendements
et la production totale. Seules deux provinces, du centre et de l'est,
ont relativement peu souffert des aléas climatiques. La deuxième
cause a été la perte massive de bétail dans la province
du sud, provoquée par la maladie du "corridor" (forme de theilériose)
qui a sévi l'an dernier. Pour cette province qui dépend traditionnellement
d'une agriculture utilisant des boeufs de trait, c'est un coup terrible
qui l'oblige à réduire considérablement les superficies
ensemencées. Troisièmement, l'accès aux intrants,
et surtout aux engrais, pour les petits producteurs a été
gravement compromis par le manque de crédit, le niveau élevé
des prix et les livraisons tardives. Quatrièmement, avec l'élimination
des subventions pour le maïs par suite de la politique de libéralisation
des marchés, il y a eu un recul important du maïs au profit
des cultures de rapport bénéficiant du soutien de sociétés
privées qui ont accordé des prêts saisonniers et offert
des services de vulgarisation et de commercialisation, ainsi que de cultures
vivrières nécessitant moins d'engrais.
La mission estime, pour 1997/98, la production totale de maïs à
548 000 tonnes environ, de sorgho à 24 000 tonnes, de mil à
60 000 tonnes, de riz à 4 000 tonnes, de blé à 71
000 tonnes, soit 707 000 tonnes de céréales. Les stocks céréaliers
détenus par l'Office des réserves alimentaires, les minotiers
et les négociants privés, et les ménages ruraux, sont
évalués à 107 000 tonnes. Les disponibilités
céréalières totales pour la campagne commerciale 1998/99
s'élèvent donc à 814 000 tonnes. Par rapport à
ce volume, celui de l'utilisation céréalière totale
qui tient compte de la consommation humaine (modifiée pour intégrer
la substitution croisée manioc-maïs), les semences, l'alimentation
du bétail, la fabrication de bière et les pertes alimentaires,
est estimé à 1 474 000 tonnes, ce qui laisse un déficit
de 660 000 tonnes.
Les importateurs privés qui disposent de sources extérieures
de devises ne souhaitent pas importer de maïs, évoquant l'instabilité
du taux de change du kwacha contre le dollar et le faible pouvoir d'achat
des consommateurs. Ces différentes considérations amènent
la mission à estimer les importations céréalières
commerciales, y compris la farine de maïs d'Afrique du Sud, à
364 000 tonnes (dont 23 000 tonnes de riz et 41 000 tonnes de blé).
Ceci laisse un déficit non couvert de 296 000 tonnes, dont un volume
d'aide alimentaire d'urgence estimé à 45 000 tonnes.
La capacité d'importation de la Zambie est actuellement très
faible. Au 28 février 1998, les réserves en devises détenues
par la Banque de Zambie se montaient à environ 166 millions de dollars;
d'après la banque, ce montant devrait permettre de couvrir les importations
de biens et de services pendant six mois à peine. Par conséquent,
pour faire face au déficit de 296 000 tonnes, la Zambie aura besoin
d'une aide internationale sous forme de dons, d'importations à des
conditions de faveur et d'aide alimentaire sélective.
2. CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE
2.1 Situation
de l'économie1
La Zambie, pays enclavé, s'étend sur une superficie d'environ
750 000 kilomètres carrés, sa population est estimée
à 10 millions d'habitants au 31 décembre 1997, son taux de
croissance démographique annuel étant de 3,2 pour cent. Par
rapport aux autres pays d'Afrique subsaharienne, la Zambie est très
urbanisée car la moitié de sa population vit en zone urbaine.
Elle recèle de vastes ressources terrestres encore inutilisées,
qui permettraient une expansion de l'agriculture. Elle possède aussi
de nombreux minéraux, principalement le cuivre et le cobalt, qui
lui ont assuré massivement dans le passé et lui assurent
encore aujourd'hui ses recettes en devises.
Cependant, depuis le milieu des années 70, les recettes tirées
des exportations de minéraux tendent à baisser en raison
de la situation défavorable du commerce extérieur et d'une
chute de la production. En outre, en 1980 la dette extérieure du
pays s'élevait à 3 261 millions de dollars E.-U.; en 1990,
à 7 265 millions de dollars E.-U. et en 1995, dernier chiffre obtenu,
elle s'élevait à 6 853 millions de dollars E.-U. Le niveau
de vie des Zambiens ne cesse de baisser: en 1980, le PNB par habitant était
de 630 dollars E.-U., en 1996 il était estimé à 430
dollars E.-U. Depuis 1992, le Gouvernement applique un programme de réforme
économique destiné à encourager le passage à
une économie de marché pleine et entière et la réduction
du rôle de l'État. Toutefois, les résultats économiques
ont été inférieurs aux prévisions et la dépendance
vis-à-vis des sources de financement extérieures des investissements
est grande.
La capacité d'importation de la Zambie est actuellement très
faible. Au 28 février 1998, les réserves du pays s'élevaient
à 166 millions de dollars E.-U., qui équivaudraient, d'après
les estimations de la Banque de Zambie, à 1,5 mois d'importations
de biens et de services seulement.
2.2
Le secteur agricole dans l'économie nationale
Par rapport aux autres secteurs de l'économie, la contribution
de l'agriculture au PIB de la Zambie est faible. En 1996, elle ne représentait
que 16 pour cent contre 40 pour cent pour l'industrie et 44 pour cent pour
les services.
Le secteur agricole est subdivisé en trois sous-secteurs selon
les catégories d'agriculteurs, à savoir: les grands exploitants
(>40 ha), les exploitants moyens _émergeants_ (10 à 40 ha)
et les petits exploitants (1 à 10 ha). Les petits exploitants sont
les plus nombreux, environ 92 pour cent, les 8 pour cent restants étant
de grands et moyens exploitants.
Le maïs est de loin la principale culture vivrière et l'aliment
de base du pays. En 1997, il occupait 60 pour cent des superficies vouées
aux cultures vivrières, et les autres céréales, (riz,
sorgho et mil) 15 pour cent. Les 25 pour cent restants étaient plantés
en tournesol, soja, arachides, haricots divers, racines et tubercules.
Trois provinces - centre, est et sud - assurent 75 pour cent de la production
totale de maïs. Les petits agriculteurs emploient de la main-d'oeuvre
familiale et des outils manuels rudimentaires ou des animaux de trait,
surtout dans les trois provinces susmentionnées. Il apparaît
clairement que les agriculteurs diversifient leurs cultures abandonnant
en partie le maïs au profit d'autres produits vivriers et de rapport,
car les subventions pour le maïs ont été supprimées
dans le cadre de la libéralisation de l'économie.
Les cultures de rapport soutenues par des sociétés privées
qui accordent des prêts saisonniers (coton, tournesol et tabac en
particulier) et des services de vulgarisation, ainsi que les cultures vivrières
nécessitant moins d'engrais, remplacent de plus en plus le maïs.
Les patates douces acquièrent rapidement de l'importance comme cultures
vivrières et de rapport. Dans les zones qui ne cultivaient pas de
manioc auparavant, les agriculteurs recherchent du matériel végétal
pour disposer d'une culture vivrière de remplacement face à
la diminution de la production de maïs.
2.3
Tendances de la production de maïs
Du début des années 80 à 1989, la production de
maïs a suivi une tendance ascendante. Mais, à partir de 1990,
cette tendance a commencé à baisser, enregistrant un net
recul en 1992/93, année de sécheresse dans la plupart des
pays d'Afrique australe. Il y a eu une légère reprise après
la sécheresse, mais la production n'a pas retrouvé ses niveaux
de 1988/89 (Figure 1).
3. PRODUCTION
VIVRIERE EN 1997/98
Durant la campagne agricole 1997/98, la production vivrière a
beaucoup baissé, en particulier celle de maïs, par rapport
aux niveaux récents. La production de maïs a perdu environ
43 pour cent par rapport à l'année précédente
et 41 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières
années. Cela est dû à la fois à la réduction
des superficies et à la baisse des rendements.
3.1.
Caractéristiques de la campagne
Précipitations
Le régime des pluies en Zambie durant la campagne agricole 1997/98
peut être attribué au phénomène atmosphérique
El Niño. Dans le nord, les pluies ont été excessives,
accompagnées de graves inondations un peu partout. La plupart des
zones ont reçu des volumes d'eau deux fois plus importants que la
normale saisonnière. Les rendements en ont souffert, surtout ceux
de maïs, manioc, haricots et sorgho. Les inondations ont été
particulièrement graves dans les dambos et les zones humides,
ainsi que le long des principaux bassins fluviaux. On estime que 15 pour
cent des terres cultivées ont été dévastées.
En revanche, les pertes de cultures et la réduction des rendements
ont été moins prononcées en altitude. Dans ces zones,
les rendements de sorgho et de manioc auraient même légèrement
augmenté. Dans l'ensemble, la production de la campagne a été
médiocre et très inférieure à la moyenne.
Par contre, dans le sud, les précipitations ont été
très irrégulières, inférieures à la
normale et mal réparties. Les rendements ont baissé considérablement
et une grande partie des agriculteurs n'ont rien récolté,
notamment en ce qui concerne le maïs. La Figure 2 compare les précipitations
dans le nord et dans le sud de la Zambie d'octobre 1997 à avril
1998. Ce qui est plus significatif encore et que la figure ne montre pas,
c'est le nombre de jours de pluie chaque mois. Les pluies sont tombées
de façon continue dans le nord, mais les données pluviométriques
de la station de recherche de Mochipapa, par exemple, indiquent que le
volume des pluies durant le mois de novembre (134,8 mm) est tombé
en huit jours, et la grande quantité de pluie de janvier (266,7
mm), en 17 jours. En février, il n'a pas plu du 1er au 11 mai, et
les 95,8 mm enregistrés sont tombés en neuf jours. La moyenne
des précipitations en février est de 280-300 mm.
Fourniture d'intrants
L'accès insuffisant aux intrants, surtout aux engrais, a été
le principal facteur négatif pour les petits producteurs. Les agriculteurs
et les vulgarisateurs de terrain à tous les niveaux (province, district,
bloc et camp) se sont inquiétés de l'incidence à long
terme de l'élimination des subventions aux engrais, de l'absence
de crédit et de la livraison tardive des engrais. De plus, l'accès
physique aux engrais a été difficile, car les routes sont
impraticables dans les zones inondées et de plus le faible pouvoir
d'achat est une grave contrainte pour la majorité des petits producteurs.
Par conséquent, le manque d'engrais, associé à l'excès
de pluie, a beaucoup réduit les rendements et la production totale
de maïs.
Par ailleurs, les semences de maïs distribuées aux agriculteurs
dans le nord étaient de qualité relativement médiocre
et la germination n'a pas été bonne. Cependant, la part relative
de l'excès de pluie et de la mauvaise qualité des semences
serait difficile à déterminer.
Energie agricole
Habituellement, les boeufs sont largement utilisés pour les labours
dans les provinces du centre, de l'est et du sud. Durant la campagne 1997/98,
l'emploi des boeufs pour les cultures dans la province du sud a été
fortement limité par suite des pertes massives et généralisées
de bétail, y compris des boeufs de labour, provoquées par
la maladie du «corridor», forme de theilériose. Pour
cette province qui dépend des boeufs pour les cultures, le coup
a été très dur. On estime donc que les emblavures
de maïs ont diminué de 25 à 30 pour cent par rapport
à la campagne précédente.
Ravageurs et maladies des cultures
et pertes de produits vivriers
Les ravageurs et les maladies n'ont pas été un problème
grave dans toutes les provinces. Toutefois, dans le nord, les charançons
ont diminué la production de haricots tandis que le maïs et
le sorgho ont souffert de flétrissure de la feuille par suite des
pluies excessives. On signale également dans ces provinces des infestations
de cochenilles et de virus de la mosaïque du manioc.
Les pertes de maïs après la récolte sont généralement
élevées en raison des médiocres installations de stockage
dans la plupart des exploitations, tandis qu'avant les récoltes,
les pertes de manioc dues aux inondations seront exceptionnellement importantes
cette année dans les provinces productrices de manioc du nord.
3.2
Rendements
Compte tenu de tous les facteurs examinés ci-dessus, il est
apparu clairement à la mission que les rendements de la plupart
des cultures avaient considérablement baissé. On estime que
le rendement global de maïs a reculé d'environ 18 pour cent
par rapport à l'an dernier et de 21 pour cent par rapport à
la moyenne des cinq dernières années.
3.3
Superficies ensemencées
Dans les provinces du nord (Copperbelt, Luapula, nord, nord-ouest),
l'étendue des semis de maïs a été réduite
par suite de l'association de pluies excessives, d'inondations et, dans
une moindre mesure, de la substitution du maïs par d'autres cultures.
Dans la province du sud, la forte baisse des superficies ensemencées,
estimée par la mission à 25 pour cent, est due aux pertes
importantes de boeufs de labour. Dans les provinces du centre et de l'est,
la réduction des superficies vouées au maïs est due
largement à la diversification qui privilégie d'autres cultures,
en particulier le coton, le tournesol et le tabac, qui bénéficient
du soutien des sociétés privées. Dans la province
de l'ouest, les semis de maïs ont souffert des inondations dans le
bassin fluvial du Zambèse (crues originaires de la province du nord-ouest
en amont), qui est la partie la plus productive de la province.
3.4
Superficies récoltées
Dans les provinces du nord, la superficie récoltée a
été nettement inférieure à la superficie ensemencée
à cause des inondations. Dans la province du sud, les superficies
récoltées sont estimées à 50 pour cent des
superficies ensemencées, déjà réduites, à
cause des conditions de quasi-sécheresse.
3.5
Production totale
Les fortes réductions des rendements, des superficies ensemencées
et des zones récoltées ont provoqué une baisse considérable
de la production alimentaire totale du pays. La mission estime la production
de maïs, aliment de base de la population, à 548 362 tonnes,
soit 43 pour cent de moins que l'an dernier et 58,6 pour cent de la moyenne
des cinq dernières années (Tableau 1).
Tableau 1. Tendances de la production
de maïs par province (tonnes)
Production
de maïs |
1997/98 |
1996/97 |
1995/96 |
1994/95 |
1993/94 |
1992/93 |
Moyenne
des 5 dernières années |
% de variation
(1997/98 par rapport à 1996/97) |
% de variation
(1997/98 par rapport à la moyenne des 5 dernières années) |
Luapula |
14 021 |
33 807 |
37 679 |
31 362 |
47 320 |
29 027 |
35 839 |
-58.52 |
-61 |
Nord |
40 128 |
97 251 |
113 010 |
117 828 |
180 862 |
71 984 |
116 187 |
-58.74 |
-66 |
Centre |
126 000 |
153 325 |
347 969 |
172 177 |
218 990 |
172 795 |
213 051 |
-17.82 |
-41 |
Ouest |
23 076 |
39 963 |
61 053 |
30 897 |
35 834 |
13 733 |
36 296 |
-42.26 |
-36 |
Sud |
74 693 |
251 936 |
286 532 |
84 455 |
193 605 |
25 215 |
168 349 |
-70.35 |
-56 |
Lusaka |
29 969 |
44 453 |
76 416 |
19 329 |
31 889 |
39 471 |
42 312 |
-32.58 |
-29 |
Nord/Ouest |
20 287 |
38 258 |
34 653 |
33 565 |
43 595 |
16 602 |
33 335 |
-46.98 |
-39 |
Est |
194 292 |
248 093 |
375 942 |
197 936 |
213 845 |
82 317 |
223 627 |
-21.69 |
-13 |
Copperbelt |
25 895 |
53 102 |
76 230 |
50 288 |
54 806 |
32 348 |
53 355 |
-51.24 |
-51 |
Total |
548 362 |
960 188 |
1 409 485 |
737 835 |
1 020 748 |
483 492 |
922 350 |
-42.89 |
-41 |
Sources: 1997/98: estimations
des missions; autres années - Office central des statistiques.
3.6
Elevage
Dans le sous-secteur de l'élevage, les petits éleveurs
possèdent 82 pour cent du cheptel national. Les efforts passés
pour introduire des races bovines à plus forts rendements afin d'accroître
le revenu des agriculteurs et le potentiel de traction animale ont donné
des résultats mitigés. Dans la province du sud, la maladie
du «corridor» a décimé les troupeaux de bovins
ces derniers mois et provoqué des pertes importantes de revenu et
de capacité de traction animale pour un grand nombre de petits éleveurs.
4. SITUATION
DES CULTURES PAR PROVINCE
4.1
Province du sud
En 1997/98, la production agricole de cette province a été
très faible et très inférieure à la moyenne
en raison de plusieurs facteurs. Tout d'abord, les précipitations
ont été insuffisantes et très irrégulières,
mal réparties et caractérisées par des vagues de sécheresse
prolongées. Par conséquent, les rendements agricoles ont
terriblement baissé, et la mission estime qu'ils sont inférieurs
de 50 pour cent à ceux de la précédente campagne.
Beaucoup d'agriculteurs ont perdu la totalité de leur récolte
de maïs qui est l'aliment de base de la population. Le deuxième
facteur est la perte grave et généralisée de bétail,
y compris des boeufs de labour, provoquée par la maladie du «corridor»
(forme de theilériose). Pour cette province qui dépend traditionnellement
des boeufs de labour, c'est un coup terrible, qui a entraîné
une réduction de plus de 25 pour cent des semis de maïs par
rapport à la précédente campagne. S'ajoutant à
cette réduction, il y a eu une baisse des superficies récoltées
à cause des mauvaises précipitations. La mission estime que
la superficie récoltée est à peine supérieure
à 50 pour cent de la superficie ensemencée. L'autre facteur
négatif a été l'accès insuffisant aux engrais
par manque de crédit après la fermeture du principal institut
de crédit financé par l'État, Lima Bank, la faiblesse
du pouvoir d'achat, l'utilisation de variétés de maïs
à maturation précoce mais à faible rendement, les
retards dans les semis dus à l'irrégularité des précipitations
et au manque d'animaux de trait, et la diversification qui fait abandonner
le maïs pour des cultures de rapport comme le coton et le tournesol.
Compte tenu des effets de tous ces facteurs négatifs, qui ont
été vérifiés sur place au cours d'évaluations
et d'entretiens approfondis avec les agriculteurs, la mission estime la
production totale de maïs de cette province en 1997/98, à 74
693 tonnes, soit 30 pour cent de la production de l'an dernier et 44 pour
cent de la moyenne des cinq dernières années. Le sorgho et
le mil, surtout cultivés dans des zones de faible altitude (vallées),
ont subi de fortes réductions de rendement et leur production totale
est aussi très inférieure à la moyenne.
4.2
Province de l'ouest
Dans cette province, la production agricole a été très
faible à cause des précipitations inférieures à
la normale et des inondations en plaine. Ainsi, à Sesheke, les pluies
ont été insuffisantes, avec un volume total de 424,6 mm (volume
normal 600 mm) mais la plupart des champs situés en plaine (qui
sont les régions les plus productives) ont été inondés,
anéantissant les rendements. La production de maïs du district
pour cette campagne est estimée à 23 076 tonnes, soit une
baisse de 40 pour cent par rapport à l'an dernier. Dans le district
de Senanga, les pluies très faibles ont achevé de détruire
les cultures en altitude, tandis que les plaines basses ont été
entièrement inondées par les fortes pluies tombées
dans la province du nord-ouest, où il n'y a eu aucune récolte.
La situation est quasiment identique dans le reste de la province, sauf
dans le district de Kaoma qui a eu de bien meilleures pluies et pas d'inondations
car il est situé plus en hauteur. Cependant, les semences de maïs
n'ont été disponibles que fin novembre après les premières
pluies. Des engrais étaient disponibles mais beaucoup d'agriculteurs
n'avaient pas les moyens d'en acheter et les épandages ont donc
été très insuffisants. On estime que les emblavures
de maïs ont baissé de 45 pour cent par rapport à la
campagne précédente. Toutefois, les semis de mil et de sorgho
ont augmenté de 100 pour cent et 5 pour cent respectivement par
rapport à la campagne précédente. La mission estime
le volume total de la production de maïs en 1997/98 dans cette province
à 22 534 tonnes, soit 42 pour cent de moins que pour la campagne
précédente. Les récoltes de manioc ont beaucoup souffert
aussi car les inondations ont fait pourrir les cultures. Beaucoup de ménages
n'ont même pas de bétail à vendre car, dans cette province,
la propriété du bétail est très mal répartie.
Les autres sources de revenu (pêche, fabrication de bière)
ne suffiront pas à satisfaire les besoins alimentaires minimums
de nombreux ménages.
4.3
Province de Lusaka
Dans cette province, comme dans celle du sud, les pluies ont été
insuffisantes, irrégulières et mal réparties. Le district
de Kafue, qui borde celui de Mazabuka dans la province du Sud, a reçu
de bonnes pluies de fin décembre jusqu'à fin janvier, mais
des vagues de sécheresse prolongées en février et
mars, époque critique pour le développement des cultures,
ont nettement réduit les rendements, surtout ceux de maïs.
De plus, les pertes de bétail, y compris les boeufs de labour, ont
entraîné de fortes réductions des superficies ensemencées.
Par conséquent, on estime que la production de maïs a baissé
de 70 pour cent par rapport à 1997. Le district de Luangwa, dont
une grande partie s'étend dans des zones de faible altitude du bassin
fluvial Luangwa, souffre de déficit alimentaire chronique et la
situation a été aggravée cette année par l'association
des crues dans les zones de faible altitude (causées par les fortes
pluies en amont dans le nord de la Zambie) et les précipitations
insuffisantes en altitude. Le district de Chongwe, qui borde la province
du centre, a eu des pluies légèrement meilleures que celles
de Kafue et Luangwa. Toutefois, les vagues de sécheresse, la perte
de boeufs de labour provoquée par la maladie du «corridor»,
l'accès limité aux engrais et le manque de crédit,
ont entraîné de fortes réductions de la production
vivrière.
Dans la province de Lusaka, la production de sorgho, de mil et de plantes
racines est très limitée et toutes ces productions ont été
aussi mauvaises que celles de maïs cette année. La production
totale de maïs en 1997/98 dans cette province aurait diminué
de 32 pour cent environ par rapport à celle de la campagne précédente.
4.4
Province de Luapula
Les résultats des récoltes varient selon les emplacements
et les types de culture. Les rendements et la production totale dans les
zones d'altitude (à l'exception des marécages, des zones
lacustres et des bassins fluviaux) ont moins souffert de l'excès
de pluies et des inondations. Par contre, dans les zones basses, les crues
ont été catastrophiques. Dans ces régions, les semis
ont été détruits. Dans le bassin du lac Bangweulu,
les inondations ont également endommagé de nombreux villages,
notamment Kasoma Lunga, Bwalya, Mponda, Matongo, Nsamba et Kasoma, ainsi
que Lunga qui fournit habituellement des boutures de manioc dans presque
toute la région. Il faudra donc distribuer des boutures de manioc
pour la prochaine campagne.
La production totale de maïs de la province en 1997/98 est estimée
à 14 021 tonnes, volume inférieur de 58 pour cent à
celui de la précédente campagne et de 39 pour cent à
la moyenne des cinq dernières années. On remarquera que la
plupart des terres agricoles de cette province sont situées dans
les vallées, ce qui a beaucoup contribué à réduire
la production totale de la province.
4.5
Province du nord
D'après les estimations, la production agricole de 1997/98 est
inférieure à la moyenne pour trois raisons principales:
Pluies excessives: les pluies ont commencé à temps et
se sont poursuivies pendant toute la campagne mais elles ont été
excessives. La croissance et le développement des cultures ont donc
beaucoup souffert du lessivage des engrais et des autres éléments
nutritifs du sol. Les semences ont été soit emportées
par les pluies, soit immergées par des crues prolongées et
la germination a été mauvaise.
Livraison tardive et coût élevé des engrais et
absence de système de crédit pour les petits producteurs;
Accès malaisé aux villages situés en dehors des
routes principales et par conséquent difficulté à
livrer les engrais et assurer les services de vulgarisation;
La plupart des districts, notamment Mbala, Nakonde, Isoka, Chilubi,
Luwingu, Mporokoso, Mpika, Kaputa, Chinsali et Mungwi ont reçu des
pluies nettement supérieures à la moyenne et produit des
récoltes nettement inférieures. A cela se sont ajoutés
des problèmes d'accès et de fourniture des semences. Par
conséquent, la production totale de maïs de la province en
1997/98 est estimée à 40 128 tonnes, soit 59 pour cent de
moins que l'an dernier et 66 pour cent de moins que la moyenne des cinq
dernières années.
4.6
Province du nord-ouest
Dans cette province, comme dans celles du nord, de Luapula et de Copperbelt,
les pluies ont été excessives et de graves inondations ont
ravagé les zones de basse altitude. C'est une des principales provinces
productrices de manioc mais cette année la production aurait baissé
de plus de 10 pour cent car les tubercules arrivés à maturité
ont pourri à cause des inondations prolongées. La contribution
de cette province à la production nationale de maïs est très
faible, estimée à 2,4 pour cent seulement en 1995/96, meilleure
campagne sur les cinq dernières années. Cette année,
les pluies excessives qui ont lessivé les éléments
nutritifs du sol ont considérablement réduit la production
de maïs. Les cultures de sorgho, mil et haricot ont été
très étendues mais faibles en quantité et surtout
destinées à la consommation familiale. La production de patates
douces a augmenté rapidement ces dernières années
tant pour la consommation familiale que pour l'exportation vers la province
de Copperbelt et même jusqu'à Livingstone où la demande
est forte.
La production de maïs de la province en 1997/98 est estimée
à 20 287 tonnes, soit 53 pour cent de moins que le volume de la
précédente campagne.
4.7
Province de Copperbelt
Cette province est essentiellement un complexe urbain composé
d'une suite de villes minières - Chingola, Luanshya, Kitwe et Ndola
- avec quelques activités agricoles dans les zones péri-urbaines.
En 1995/96, meilleure campagne sur les cinq dernières années,
cette province n'a fourni que 5,4 pour cent de la production nationale
de maïs. Comme elle est située dans le nord du pays qui a reçu
des pluies excessives et subi des inondations en 1997/98, les rendements
ont beaucoup souffert.
La production de maïs de la province en 1997/98 est estimée
à 25 895 tonnes, soit 51 pour cent de moins que l'année précédente.
4.8
Province centrale
Les résultats de la campagne ont été moyens pour
toutes les cultures. Le volume et la répartition des précipitations
ont été favorables, malgré une interruption en février.
Toutefois, les zones de basse altitude des bassins fluviaux de Chisomo,
Lukusashi, Luano et Luangwa ont subi des inondations qui ont endommagé
les cultures.
La production totale de maïs est estimée à 126 000
tonnes, soit 18 pour cent de moins que l'an dernier et 41 pour cent de
moins que la moyenne des cinq dernières années.
Le principal facteur responsable du recul de la production de maïs
a été la substitution de cette culture par des cultures vivrières
nécessitant moins d'intrants et par des cultures de rapport bénéficiant
du soutien de sociétés privées. Les facteurs responsables
de ce changement sont l'insuffisance des engrais, leur prix élevé,
leur livraison tardive et l'absence de système de crédit
pour les petits agriculteurs.
4.9
Province de l'est
Des entrevues avec des agriculteurs, des négociants en grain,
des fonctionnaires du gouvernement et des négociants sur les marchés
parallèles, ainsi que l'observation sur place des champs de maïs,
de manioc, de patates douces et d'arachides, ont permis de conclure que
la production de maïs de la province de l'Est en 1998 a reculé
de 22 pour cent par rapport à l'année précédente.
Trois principaux facteurs expliquent ce recul:
Moins d'épandage d'engrais chimiques en raison de l'absence de
crédit.
Pluies excessives durant la première partie de la période
de croissance (décembre et janvier), suivies par 4 à 5 semaines
de sécheresse au moment de l'émergence des cultures. Les
éléments nutritifs du sol ont été lessivés,
surtout dans les zones sableuses de Katete et Petauke. Les cultures étaient
rabougries et les rendements ont baissé.
Accès réduit au crédit pour les cultures de maïs.
Par conséquent, beaucoup d'agriculteurs sont passés à
d'autres cultures subventionnées par des sociétés
privées, comme le coton et le tabac. Etant donné que les
petits agriculteurs manquent généralement de main-d'oeuvre,
la culture du coton a entraîné de fortes diminutions des emblavures
de maïs.
Les cultures vivrières qui remplacent le maïs sont les patates
douces, le riz, le manioc, le sorgho et le mil. Cependant, les cultures
de sorgho et de mil sont limitées aux zones de basse altitude. Le
manioc est produit sur petite échelle et sa culture augmente. Les
patates douces sont cultivées par la plupart des ménages
mais elles sont consommées surtout durant les premiers mois de la
campagne de commercialisation du maïs et ne sont pas stockées
par les agriculteurs pour être consommées plus tard. Les mouvements
et l'utilisation du riz (provenant surtout du district de Chama et du Malawi)
ne sont pas bien documentés. Actuellement, c'est le riz du Malawi
que l'on trouve sur le marché. Le riz de Chama devrait venir vers
fin juin. Etant donné la réduction des emblavures et des
rendements de maïs, la production de 1997/98 est estimée à
194 292 tonnes pour la province de l'Est, soit 22 pour cent de moins que
la production de 1997.
5. DISPONIBILITES
ALIMENTAIRES
5.1
Prix des aliments et possibilités d'accès
Le prix du maïs a augmenté d'août 1997 à avril
1998 puis il a commencé à reculer avec l'arrivée de
la nouvelle récolte de maïs sur le marché (Figure 3).
Toutefois, les prix pourraient remonter bientôt car la récolte
a été mauvaise. L'accès à la nourriture pour
les pauvres en zones urbaine et rurale sera très difficile avec
cette nouvelle montée des prix. En zone rurale, la plupart des ménages
consomment déjà la nouvelle récolte de maïs,
à cause du manque de stocks de report de l'an dernier.
5.2
Situation de l'offre et de la demande de céréales
Les prévisions concernant la situation de l'offre et de la demande
de céréales et les besoins d'importation pour 1998/99 (mai/avril)
sont résumées au Tableau 2. Le bilan de l'offre et de la
demande repose sur les hypothèses suivantes:
-
Population de 10,24 millions d'habitants à la moitié de la
campagne commerciale 1998/99.
-
Estimation de la production pour 1997/98 basée sur l'évaluation
des principales cultures vivrières faite sur place.
-
Stocks d'ouverture calculés à partir des chiffres cumulatifs
de l'Office des réserves alimentaires (50 000 tonnes de maïs),
des minotiers et des négociants privés (30 000 tonnes de
maïs, 1 000 tonnes de riz, 25 000 tonnes de blé) et un total
estimatif de 1 000 tonnes de sorgho/mil détenues par les ménages
ruraux.
-
Consommation annuelle par habitant de 102 kg de maïs (reflétant
la substitution croisée manioc/patate douce, voir ci-dessous), 2,9
kg de sorgho, 3,6 kg de mil, 2,6 kg de riz et 11 kg de blé.
-
Autres usages:
-
rétention de semences (9 000 tonnes de maïs, semences 20 kg/ha
; 500 tonnes de sorgho; 500 tonnes de mil; 2 000 tonnes de blé);
-
fourrage, 30 000 tonnes de maïs;
-
brassage de bière, 60 000 tonnes de maïs et 10 000 tonnes de
sorgho/mil;
-
mouvement net de produits transfrontière jugé négligeable
compte tenu de la forte baisse de production en 1997/98;
-
pertes après récolte: 7,5 pour cent de maïs, 5 pour
cent de sorgho; 3 pour cent de mil; 3,5 pour cent de riz et 2,7 pour cent
de blé.
-
Stocks de clôture: Office des réserves alimentaires: 10 000
tonnes de maïs, négociants/minotiers privés: 30 000
tonnes de maïs, 1 000 tonnes de riz, 20 000 tonnes de blé;
ménages ruraux: 2 000 tonnes de sorgho/mil.
Manioc, aliment de base de la population dans les provinces du nord
et de l'ouest (Luapula, nord, nord-ouest, ouest); il est indirectement
incorporé dans le bilan céréalier sur la base des
hypothèses suivantes: cette culture est essentiellement produite
et consommée dans ces provinces avec peu de mouvements vers le reste
de la Zambie car elle est encombrante et de faible valeur. La production
de manioc de 1997/98 est estimée à 817 000 tonnes, au net
des pertes avant récolte causées par les inondations étendues
et prolongées dans ces provinces. La production totale de maïs
dans les mêmes provinces en 1997/98 aurait décliné
considérablement, d'après les estimations, par rapport aux
niveaux de l'an dernier (Tableau 1). On suppose que dans ces provinces,
la baisse de la production de maïs sera directement compensée
par la consommation accrue de manioc, ce qui réduira la demande
nationale de maïs. Tout excédent de manioc sera reporté
sur la campagne suivante, car cette culture résiste dans le sol
pendant assez longtemps. En effet, dans les provinces productrices de manioc,
la sécurité alimentaire sera meilleure qu'ailleurs. Les cultures
de patates douces sont plus développées dans le pays que
celles de manioc mais les parcelles des ménages qui les produisent
sont plus petites. Elles sont largement commercialisées dans le
pays et la demande s'accroît. On pense qu'elles se substitueront
directement au maïs à l'échelle nationale, ce qui contribuera
encore à réduire la demande de maïs.
La demande d'importations de céréales dérivée
de ce bilan s'élève à 660 000 tonnes. A la suite d'entretiens
avec des représentants de la Banque de Zambie et de plusieurs minotiers
privés à Lusaka, la mission estime que les importations commerciales
de maïs, y compris de farine de maïs d'Afrique du Sud, se monteront
à 300 000 tonnes environ. Ce chiffre est relativement bas car les
minotiers privés hésitent à s'engager dans l'importation
de maïs à cause: a) de l'instabilité du taux de change
kwacha/dollar qui rend hasardeuses ces importations; b) du faible pouvoir
d'achat de la majorité des consommateurs qui limite les ventes de
maïs importé; c) du manque de devises dans le secteur bancaire.
D'autre part, les déficits en riz (23 000 tonnes) et blé
(41 000 tonnes) devraient être entièrement couverts par les
importations du secteur privé.
Le déficit à couvrir s'élève donc à
296 000 tonnes, dont un volume estimatif de 45 000 tonnes d'aide alimentaire
d'urgence. A l'heure actuelle, la Zambie dispose de très peu de
réserves en devises, estimées par la Banque de Zambie à
166 millions de dollars environ, représentant six semaines d'importations
de biens et de services au total. Le déficit devra donc être
couvert en grande partie par l'aide internationale, sous forme de dons,
d'importations à des conditions de faveur et d'aide alimentaire
sélective.
Tableau 2. Zambie: Bilan de l'offre
et de la demande de céréales, 1998/99 (milliers de tonnes)
Projection de la population au 1/10/98: 10,24 millions de personnes
5.3 Besoins
d'aide alimentaire d'urgence
Trois facteurs importants doivent être pris en compte pour comprendre
l'ampleur du déficit de production de la Zambie et les besoins d'aide
alimentaire qui en découlent. Tout d'abord, les précipitations
ont été plus abondantes que la moyenne dans la majeure partie
des provinces du nord, du centre, du nord-ouest et de Luapula, endommageant
les biens et les récoltes. En revanche, les provinces du sud et
du sud-ouest ont eu des pluies inférieures à la moyenne qui
ont limité la production. Deuxièmement, les récents
changements de la politique de fourniture d'intrants agricoles, surtout
d'engrais et de semences améliorées, ont influencé
le choix des petits agriculteurs d'utiliser des intrants et de planter
telle ou telle culture. La mission a constaté que les agriculteurs
abandonnent les cultures nécessitant beaucoup d'intrants (comme
le maïs) au profit de cultures qui demandent moins d'intrants (comme
le manioc et dans une certaine mesure le sorgho et le mil) un peu partout
dans le pays. Ce nouveau choix de cultures tend à accentuer les
mauvais résultats du maïs dans toutes les provinces. Tout cela
a contribué à ce que la production et les disponibilités
de maïs soient nettement inférieures au niveau habituel. Troisièmement,
dans les régions visitées, les engrais ont été
livrés tardivement, ce qui a empêché de nombreux agriculteurs
de bien les utiliser. Cela a également empêché d'accroître
la production agricole. Au total, la production et la productivité
du maïs et des autres céréales et plantes racines ont
considérablement baissé compromettant la sécurité
alimentaire d'une grande partie de la population.
Dans ces circonstances, la mission a défini deux niveaux de problèmes
d'approvisionnement. Le premier est une situation d'urgence pour les populations
des bassins fluviaux, des zones humides et des régions frappées
par la sécheresse qui ont pratiquement perdu toutes leurs récoltes
et auront besoin d'aide alimentaire d'urgence. D'autres secours d'urgence
seront également nécessaires compte tenu des mouvements des
prix sur le marché, de la situation nutritionnelle et de la façon
dont les populations pourront faire face aux pénuries dans les zones
en difficulté. Les besoins d'urgence des populations affectées
sont estimées à 45 000 tonnes à partir de juillet/août
1998. La population qui devrait bénéficier d'une aide d'urgence
est estimée à 140 000 ménages (830 000 tonnes) comme
le montre le Tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3: Zambie - Besoins alimentaires
estimatifs de la population en difficulté
Province
|
Nombre
de ménages
|
Population
en difficulté
|
Besoins
en maïs
(tonnes)
|
Centre |
8 232 |
50 070 |
1 457 |
Est |
10 447 |
61 260 |
1 662 |
Nord |
16 680 |
100 650 |
3 622 |
Nord-Ouest |
10 225 |
60 950 |
2 038 |
Ouest |
45 190 |
271 177 |
18 801 |
Luapula |
32 257 |
193 180 |
12 291 |
Sud |
15 375 |
93 150 |
5 116 |
Total |
138 406 |
830 437 |
44 987 |
Le deuxième niveau du problème des approvisionnements
alimentaires est plus général et concerne le déficit
de la production alimentaire nationale qui compromettra les approvisionnements
vivriers et le bien-être nutritionnel des populations urbaines et
rurales si des mesures ne sont pas prises pour alimenter les marchés
en céréales. Pour améliorer la situation générale
des approvisionnements vivriers du pays, des mesures incitatives doivent
être prises pour encourager le secteur privé à jouer
un rôle plus important dans l'importation de céréales.
On estime que le secteur commercial importera 364 000 tonnes de céréales.
Comme la capacité d'importation du pays est gravement compromise
par le manque de devises, un soutien de la balance des paiements sera nécessaire
pour couvrir environ 296 000 tonnes.
Aide alimentaire sélective
Les zones qui ont subi des pertes de production durant la campagne actuelle
sont généralement situées dans les bassins fluviaux,
autour des lacs et dans les régions humides du nord de la Zambie,
ainsi que dans les zones de sécheresse du sud et de l'ouest.
Les populations des zones de sécheresse et d'inondations seront
les premières bénéficiaires de l'aide alimentaire.
Les opérations se dérouleront selon deux étapes importantes:
tout d'abord, le gouvernement, en collaboration avec un groupe multi-institutions
d'analyse de la vulnérabilité, entreprendra une évaluation
détaillée des besoins pour déterminer l'ampleur des
pertes et leurs conséquences. Deuxièmement, les bénéficiaires
seront enregistrés pour garantir l'inclusion des populations affectées
et de certains groupes socio-économiques spécifiques dans
les zones en difficulté. L'assistance ira en priorité aux
groupes vulnérables (identifiés par le groupe d'analyse de
la vulnérabilité), et plus particulièrement aux ménages
qui ont pratiquement perdu toutes leurs récoltes et qui ne disposent
ni de sources de revenu extérieures ni d'autres moyens de faire
face à la disette, aux ménages dirigés par des femmes,
aux femmes enceintes, aux mères allaitantes et aux enfants.
Pour identifier les populations vulnérables, il faudra également
tenir compte des autres moyens de survie existants dans les districts et
les zones affectées, par exemple la pêche, le bétail
(bovins, petits ruminants, volaille), le commerce et l'argent envoyé
par des parents émigrés. La mission a identifié les
zones suivantes qui ont souffert de pluies excessives ou de sécheresse:
Dans la région nord, la mission a recommandé de fournir
une aide d'urgence dans les zones ci-après:
-
Bassin du Chambeshi couvrant les districts de Mbala, Mungwi et Chilubi;
-
Bassin de Luangwa couvrant le district de Mpika;
-
Bassin du fleuve Luapula couvrant les districts de Mwense, Kawambwa et
Nchelenge;
-
Zone lacustre et zone humide des marais de Bangweulu couvrant les districts
de Samfya et Milenge; les marécages de Mweru Wantipa couvrant les
districts de Chienge et Kaputa; le lac Mweru couvrant les districts de
Nchelenge et Chienge, y compris les secours d'urgence aux populations insulaires;
-
Plateaux de Luena et vallées du fleuve Kalungwishi couvrant les
districts de Chienge et Kawambwa;
-
Vallée de Luano, Lusemfwa, vallée de Chisomo et marais de
Lukanga couvrant les districts de Mkushi, Kapiri Mposhi et Serenje.
En ce qui concerne les régions du sud et de l'ouest, les opérations
d'urgence devront englober les zones suivantes:
-
Les plaines inférieures des districts de Sesheke et Senanga dans
la province de l'ouest;
-
Les zones de sécheresse, y compris le village de Liangati dans le
district de Senanga et une partie des zones environnantes; et le village
de Sichili et une partie de la zone environnante dans le district de Sesheke;
-
Les districts de vallée dans la province du sud, en particulier
Sinazongwe et Siavonga, et quelques zones de plateaux dans lesquelles la
récolte a été entièrement détruite.
Il faudra également évaluer la situation dans d'autres
provinces à partir d'informations sur les conditions locales et
l'évolution de la situation nutritionnelle et des approvisionnements
sur les marchés.
Mesures de suivi pour identifier la
population en difficulté
La mission a approuvé le plan conjoint du gouvernement, du système
des Nations Unies, des donateurs et des ONG pour évaluer les besoins
alimentaires dans les zones frappées par la sécheresse et
les inondations afin que les secours soient regroupés et correctement
ciblés. Compte tenu du plan qui a été adopté,
le Gouvernement de la Zambie, en collaboration avec FEWS, VAM, FHANIS et
les ONG compétentes devrait entreprendre immédiatement l'évaluation
des besoins.
Logistique de l'aide alimentaire
Le PAM, en collaboration avec le Gouvernement et les autres organisations
compétentes et notamment les ONG, devra trouver les moyens nécessaires
pour se procurer l'aide d'urgence, pour couvrir les frais de livraison
jusque dans le port d'entrée et pour financer le transport terrestre
jusqu'aux entrepôts primaires et tertiaires. Le PAM fournira le soutien
technique nécessaire et mettra au point les détails concernant
les modalités de stockage et de distribution.
1 La
présente section repose sur la publication de la Banque mondiale
intitulée "Aménagement de la dette en Afrique subsaharienne"
et sur diverses sources.
Le présent rapport a été
établi sous la responsabilité des secrétariats de
la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles
et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière
de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information
le cas échéant. |
Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télex 610181 FAO 1
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Courrier électronique:mailto:[email protected]
|
Mohamed Zejjari
Directeur, OSA, PAM
Télex: 626675 WFP 1
Télécopie: 0039-06-6513-2839
Courrier électronique:[email protected]
|
Les alertes spéciales et les rapports
spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par
courrier électronique dès leur publication, en souscrivant
à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer
un courrier électronique à la liste électronique de
la FAO à l'adresse suivante: [email protected]
sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:
Pour être rayé de la liste, envoyer le message:
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