SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL 

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

25 juin 1998

 


1. VUE D’ENSEMBLE


Les inondations catastrophiques de 1995 et 1996, puis, en 1997, la sécheresse la plus grave depuis des décennies ont porté un rude coup à l'agriculture de la République populaire démocratique de Corée et à sa capacité de nourrir la population. Cette série de catastrophes naturelles est venue s'ajouter à plusieurs années de ralentissement et de stagnation économiques, qui avaient déjà déterminé une baisse de la productivité et de la production du secteur agricole, et réduit de manière spectaculaire les disponibilités alimentaires. Il était en effet devenu impossible au secteur de s'approvisionner en intrants essentiels (importés ou manufacturés localement) dans les quantités requises pour répondre aux besoins d'une agriculture intensive, tandis que la pénurie de devises interdisait d'importer des produits alimentaires pour combler le déficit. Le pays a donc dû recourir massivement à l'aide alimentaire internationale.

Dans la perspective d'approvisionnements alimentaires fragilisés, et pour tenir la communauté internationale au courant de l'évolution de la situation, une mission FAO/PAM d'évaluation des perspectives de récolte et des disponibilités alimentaires, composée de quatre personnes, s'est rendue en RPD de Corée du 2 au 12 juin. Elle avait pour mandat d'évaluer la situation alimentaire au début de la période de soudure, et d'examiner les perspectives initiales de récolte de céréales vivrières, dont la moisson commence en septembre ou octobre. Une mission antérieure, effectuée en octobre 1997, avait annoncé de mauvaises perspectives alimentaires pour 1998, et prévoyait que la production vivrière nationale ne pourrait satisfaire les besoins minima que pour sept mois, à savoir jusqu'à mai seulement.

L'évaluation s'est fondée sur des entretiens dans les ministères et les services administratifs de l'Etat, avec les représentants des organismes du système des Nations Unies, des organismes bilatéraux et des ONG présents dans le pays, et sur des visites de terrain dans des régions témoins. La mission s'est ainsi rendue dans huit des 12 provinces et municipalités que compte le pays, à savoir: Hamgyong Sud et Kangwon Nord dans l'est, Hwanghae Sud et Nord et Pyongan Nord dans l'ouest, Chagang dans le nord, et la ville de Pyongyang. Ensemble, ces régions fournissent quelque 90 pour cent du riz et 82 pour cent du maïs que produit le pays. Les membres de la mission ont inspecté les cultures dans les principales zones de production, examiné le niveau de l'eau dans les principaux réservoirs d'irrigation et observé la situation dans les centres de distribution publique, et dans les hôpitaux, les crèches et les écoles, établissements vers lesquels l'aide alimentaire a été expressément dirigée. Ils ont en outre effectué des visites inopinées dans des familles, en milieu rural et en ville, pour évaluer la situation alimentaire des ménages. Ils ont aussi pu se rendre les 2 et 3 juin dans les zones frappées par le récent raz de marée dans l'est, au voisinage du canton de Tongchon, ainsi que dans les zones touchées par le raz de marée de l'an dernier sur la côte ouest. Pour s'assurer des superficies et des statistiques de récolte, l'équipe disposait d'images satellitaires Landsat traitées pour mettre en évidence l'utilisation des terres et l'intensité de culture.

La mission confirme que la crise alimentaire en RPD de Corée est loin d'être dépassée. Les approvisionnements alimentaires restent précaires, et l'on s'attend à ce que la situation s'aggrave au cours des deux mois d'été, souvent difficiles, encore à venir. Les réserves s'épuisent, le Système Public de Distribution (SPD) a cessé son activité dans de nombreuses régions, et les mécanismes disponibles pour faire face à la situation sont de plus en plus fragilisés. Au niveau des ménages, la mission a observé que les familles, qui devaient jusque-là compter sur le SPD pour s'approvisionner, puisent dans les réserves faites sur les rations distribuées les mois précédents, ou consomment les légumes du jardin familial, des aliments de remplacement, comme des plantes sauvages et des baies, ou encore des denrées fournies par les membres de la famille vivant à la campagne. La mission a aussi noté que les hôpitaux de certaines régions ont cessé d'admettre des patients, faute de pouvoir les nourrir. A l'échelon provincial, le troc à l'exportation, de bois notamment, dans les zones frontalières de la Chine, continue d'être l'un des principaux artifices permettant de s'approvisionner en vivres, même si d'aucuns commencent à se préoccuper gravement des conséquences environnementales de ces échanges transfrontaliers. A l'échelon national, une autre stratégie de survie consiste depuis deux ans à consommer le maïs encore vert. Cette solution, si elle permet de survivre, réduit néanmoins d'autant les disponibilités pour la campagne commerciale à venir et ne fait que retarder les problèmes.

Au cours des trois dernières années, passées dans une adversité extrême, la volonté nationale et collective manifestée par le peuple de la RPD de Corée de résoudre ses problèmes alimentaires et agricoles a été impressionnante. Cette année encore un très fort effectif, y compris des enfants d'âge scolaire, s'est massivement investi dans les travaux agricoles pour parer à la pénurie de machines et d'intrants, et pour donner à l'agriculture les meilleures chances de reprise. La gravité potentielle des problèmes liés à l'alimentation a, dans une certaine mesure, été atténuée par le partage des disponibilités et l'assurance d'une répartition équitable.

Malgré l'étroitesse des liens familiaux et la détermination collective du peuple de la RPD de Corée à surmonter les problèmes alimentaires, l'aide alimentaire sans précédent apportée depuis 1995 a permis de façon déterminante de répondre aux besoins nutritionnels de base des groupes vulnérables, en particulier des enfants, et de stabiliser, dans une certaine mesure, la situation alimentaire. De fait, une amélioration perceptible de l'état de santé de ces groupes vulnérables est observable en regard de la situation d'il y a un an. Il est essentiel que cette forme d'aide alimentaire soit maintenue jusqu'à ce que la reprise programmée de la production vivrière intérieure se réalise, et que le pays recouvre la capacité d'effectuer des importations commerciales. La mission renouvelle la recommandation qu'une enquête nutritionnelle soit faite dès que possible, selon des principes scientifiques et sur un échantillon représentatif, pour que l'on dispose d'une connaissance plus juste des problèmes liés à l'alimentation dans le pays.

Pour renforcer la sécurité alimentaire nationale, il importe d'appuyer les mesures de relèvement agricole à court et à moyen terme. A ce propos la Table ronde sur le relèvement agricole et la protection de l'environnement, récemment organisée avec le concours du PNUD, offre des perspectives précieuses d'intervention dans ce secteur.

La reprise agricole et la récolte de cette année seront déterminantes pour l'année prochaine. Même si, au moment où a été effectuée la mission, les cultures semblaient être dans un état satisfaisant, ces toutes premières indications doivent être prises avec prudence, car les résultats dépendront en grande partie des conditions météorologiques des mois à venir, et en particulier de pluies de juillet et d'août. Ce sont plus de 50 pour cent des précipitations annuelles qui se produisent au cours de ces deux mois critiques, et les catastrophes connues depuis trois ans se sont produites dans cette même période. En outre, la production sera assujettie à d'autres contraintes que la variabilité inquiétante du climat, manque d'eau dans les réservoirs, grave pénurie d'engrais, mécanisation limitée et disponibilités énergétiques insuffisantes, et sans-doute incidence accrue des ravageurs et des maladies à la suite d'un hiver anormalement doux. On estime que le secteur agricole ne pourra disposer cette année que d'un tiers des quantités d'engrais nécessaires pour obtenir des rendements optimaux. Même dans l'hypothèse de conditions météorologiques favorables et de l'absence de nouvelles intempéries, la productivité céréalière sera dans le meilleur des cas considérablement inférieure au potentiel, et la production restera très en deçà des besoins.

Bien que, début juin, un raz de marée se soit produit dans l'est du pays, avec des conséquences sur l'agriculture, les dommages observés ne sont pas majeurs, parce que les zones touchées étaient marginales et qu'il a été possible de ressemer.

Les évaluations faites sur le terrain indiquent que la production d'orge, introduite depuis peu en cultures successives, progressera sensiblement par rapport à l'an dernier, avec estime-t-on 70 000 hectares contre 38 000 hectares en 1997. Le programme de double campagne constitue un élément important de la stratégie gouvernementale de relèvement agricole, et l'assistance internationale qu'il reçoit doit être maintenue.


2. premières perspectives de production végétale en 1998


Les années normales, l'hiver (de décembre à février) est extrêmement rude et froid en RPD de Corée, et le printemps se caractérise par une faible pluviosité. Le courant cyclonique d'ouest provoque une période de pluies intenses, qui dure approximativement de la fin juillet à la fin août. Normalement cette période très pluvieuse est suivie d'un automne peu arrosé. Depuis 1995, toutefois, ce schéma a été gravement perturbé, avec des inondations massives en 1995 et 1996, suivies en 1997 par la sécheresse la plus sévère depuis plusieurs décennies. Quoique les relations causales ne soient pas vraiment élucidées, la sécheresse de l'an dernier pourrait être imputable en partie au phénomène "El Niño", qui a gravement perturbé les conditions climatiques dans un grand nombre de pays.

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Au moment de la mission, le maïs avait entièrement été semé, et le repiquage du riz était fait à 85 pour cent. Les cultures présentaient généralement une apparence satisfaisante à ce stade. Cependant, le temps qu'il fera dans les mois à venir sera déterminant, et notamment la pluviosité de juillet-août, qui rappelons-le, compte pour la moitié des précipitations annuelles, cette période étant celle qui a vu les catastrophes climatiques des trois années passées.

Depuis le début de l'année, les précipitations ont en général été supérieures à la moyenne, et ont utilement contribué à relever le degré d'humidité du sol pour les semis, tout en reconstituant dans une certaine mesure les réserves d'eau d'irrigation, qui avaient fortement baissé sous l'effet de la sécheresse de l'an dernier. La Graphique 1 indique les hauteurs d'eau reçues dans la première moitié de 1998 par rapport à la moyenne à long terme.

La mission a observé que dans l'ensemble les dégâts causés par le récent raz de marée sur la côte est (aux abords de Tongchon, Kosong et Anbyon) n'étaient pas de grande ampleur, car la mer n'avait guère envahi que des zones marginales du point de vue agricole, et il a le plus souvent été possible de ressemer.

Les faibles possibilités d'extension des superficies cultivées et les impératifs climatiques ont, dans le passé, favorisé l'intensification de la production par l'irrigation, la mécanisation, l'utilisation d'intrants chimiques et d'électricité. Or, depuis les inondations de 1995 et 1996, nombre d'ouvrages d'irrigation n'ont pas été remis en état, tandis que les autres prestations de services agricoles ont marqué un recul en raison des difficultés économiques. Outre les aléas climatiques, la production souffrira cette année des contraintes associées au manque d'eau dans les réservoirs, à la grave pénurie d'engrais, au manque de moyens mécaniques et d'énergie, et sans-doute à une recrudescence des ravageurs et des maladies après un hiver doux. La mission a passé en revue les problèmes et a fait les observations ci-après:

2.1 Réserves d'eau d'irrigation

En RPD de Corée, l'irrigation se pratique quasi exclusivement au moyen des eaux de surface; mais bien que les terres cultivables soient, dans une proportion importante, aménagées pour l'irrigation, la moitié seulement de la superficie irrigable est effectivement irriguée en raison de problèmes opérationnels. Le plus souvent l'eau doit être puisée par pompage dans les cours d'eau. Les réservoirs inspectés ont fourni de l'eau en suffisance pour la préparation des sols et le repiquage, mais leur niveau est actuellement très bas, parfois à un tiers à peine de leur capacité totale. Bien que l'on puisse pomper de l'eau dans les cours d'eau pour compléter les réserves, les pénuries d'électricité, et d'énergie en général, renforceront cette année la dépendance vis-à-vis des précipitations sur les zones de captage. Si la saison des pluies est normale il est probable que les réserves d'eau seront reconstituées dans une très large mesure, ce qui assurerait des disponibilités suffisantes pour la dernière partie de la campagne. En revanche si la pluviosité est, comme en 1997, inférieure à la normale, l'insuffisance des réserves réduira sensiblement les rendements potentiels.

2.2 Mécanisation et énergie

Il y a quelques années encore, les opérations agricoles étaient fortement mécanisées, avec environ 75 000 tracteurs en service. Les coopératives étaient dotées d'une vaste gamme de matériel mécanique, y compris repiqueuses, batteuses, camions et matériel de pompage. Mais dans sa majeure partie, le parc de matériel est en très mauvais état. Pour 1998, si l'on se fonde sur les observations de la mission et sur les entretiens avec les agriculteurs et les administrateurs provinciaux, on peut estimer que 20 pour cent seulement des tracteurs seront utilisables, en raison des pénuries de carburant et de pièces détachées. L'agriculture a donc besoin d'un apport de main-d'œuvre beaucoup plus grand, et il a été observé que de forts effectifs de population non agricole, y compris des écoliers, ont été mobilisés pour apporter leurs bras à la préparation des terres, aux semailles et au sarclage. Quoique cette mobilisation soit louable et traduise la détermination du peuple de la RPD de Corée à relancer son agriculture cette année même, le manque de moyens mécaniques aura immanquablement pour effet des retards appréciables dans la mise en place des cultures.

Les graves pénuries d'énergie, notamment pour pratiquer l'irrigation par pompage, ont aussi été notées comme constituant un obstacle supplémentaire à la bonne fin des semis dans les délais souhaitables. D'ordinaire, l'objectif est d'avoir achevé les semis à la fin mai ou dans la première semaine de juin, mais le plus souvent cette opération ne sera pas achevée avant la troisième semaine, voire la fin de juin. Par ailleurs les opérations de récolte et le battage seront elles aussi touchées par le manque de moyens mécaniques et d'énergie, qui réduiront la productivité.

2.3 Engrais

En raison des difficultés économiques, la production, l'importation et l'utilisation d'engrais chimiques ont accusé ces dernières années des reculs très marqués (graphique 2). Le pays dispose actuellement de trois unités de production, à Namhung dans le sud-ouest et à Hungnam et Aoji dans l'est/nord-est. Si ces installations fonctionnaient à pleine capacité, elles pourraient produire 400 000 tonnes d'azote actif, ce qui assurerait l'autosuffisance du pays. Cependant, le secteur est handicapé par l'obsolescence des équipements et par leur mauvais entretien et il faudrait impérativement consentir des investissements importants pour rénover l'outil de production et remettre les usines en état de produire à pleine capacité. Par ailleurs, la production souffre du manque de matières premières et au premier chef de la pénurie de pétrole. Pour la campagne agricole 1998, la quantité totale d'engrais disponible jusqu'à la fin de juin est officiellement estimée à environ 240 000 tonnes. Ce volume se ventile entre les quelque 78 000 tonnes de la production intérieure (57 000 tonnes d'urée et 21 000 tonnes de superphosphate) et 162 000 tonnes de produits importés, commercialement et au titre de l'aide extérieure (93 100 tonnes d'urée et 69 000 tonnes de superphosphate).

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Source: Fertilizer Plants and Agriculture Commission

On estime que les quantités d'engrais disponibles en 1998 ne permettront qu'une seule application (fumure de fond à la première façon) d'environ 200 kg/ha, soit en gros un tiers de la quantité recommandée pour obtenir des rendements optimaux. Même dans l'hypothèse de conditions météorologiques favorables et de l'absence d'autres accidents climatiques, la productivité céréalière sera dans le meilleur des cas nettement inférieure au potentiel, et même si la production se redresse, elle sera loin de permettre de satisfaire les besoins. Dans le cadre de l'initiative de Table ronde sur le relèvement agricole et la protection de l'environnement, appuyée par le PNUD, l'aide des donateurs a été sollicitée à hauteur de 93 millions de dollars E.-U. pour moderniser et remettre en exploitation deux usines d'engrais et renforcer la production intérieure.

2.4 Ravageurs et maladies

L'hiver 1997/98 s'est caractérisé par des températures supérieures à la normale (graphique. 3), qui pourraient être cause d'une plus forte incidence des ravageurs et des maladies, car les larves, œufs et spores n'ont pas été détruits par le froid des hivers normaux. Par conséquent la végétation pourrait cette année subir des infestations plus fortes que les années normales, accentuées par la pénurie de pesticides dans le pays.

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2.5 Le programme de double campagne

Compte tenu des possibilités limitées d'accroissement des superficies agricoles, un programme mené en commun par les organismes compétents des Nations Unies et par le gouvernement a été lancé en 1996 pour développer la production d'orge en cultures successives afin d'en accroître la production intérieure. Ce programme a pour objectif de faire l'usage optimal de la période allant de début mars, moment de la fonte des neiges, à mai-juin, époque où les semis de riz et de maïs d'été doivent être achevés. Outre la succession d'orge d'hiver/printemps et de riz ou de maïs, il est aussi possible d'accroître la production en associant aux céréales, en cultures intercalées, des légumes, du soja, des tubercules et des cultures fourragères, perspective qui demande à être étudiée plus avant.

Les évaluations de terrain indiquent que dans le cadre du programme 1998, la production en double campagne progressera notablement par rapport à l'année précédente, avec 70 000 hectares exploitées ainsi contre 38 000 hectares en 1997. Mais vu les contraintes climatiques et énergétiques, la difficulté principale sera d'avoir semé et récolté l'orge en temps voulu, car tout retard dans ces opérations pourrait compromettre gravement le repiquage du riz. Cette année, en raison de la livraison tardive d'une partie des semences d'orge dans le cadre des programmes d'aide, les semis ont été faits tardivement et l'orge a dû être récolté avant sa maturité pour servir à l’alimentation du bétail, afin de ne pas compromettre la mise en place du riz. Chaque fois que l'orge sera récoltée avec retard, le repiquage du riz sera impossible, par manque de temps, et les agriculteurs devront se rabattre sur la culture de légumes.

Quoi qu'il en soit, le programme de double campagne est une composante importante de la stratégie gouvernementale de redressement agricole et son application dépendra du maintien de l'aide internationale. Les entretiens avec des agriculteurs ont révélé que l'orge et le blé d'hiver sont préférés aux variétés de printemps, tandis que les variétés locales mûrissent mieux que les variétés importées. Il convient de tenir compte de cette caractéristique, car même si le rendement des variétés locales n'est pas aussi élevé, elles constituent tout de même un excellent matériel génétique, sont peu exigeantes en intrants et viennent rapidement à maturité. Un programme de sélection visant à améliorer le rendement de ces variétés locales devrait être entrepris dès que possible. Parmi les variétés d'orge non indigènes, l'on observe que c'est la variété "Robusta" (américaine) qui donne les meilleurs résultats, alors que la variété "Red Sun - 3" (chinoise) manifeste une sensibilité au mildiou, à la rouille et au charbon. Dans le cadre de l'initiative de Table ronde sur le relèvement agricole et la protection de l'environnement, l'aide des donateurs a été sollicitée pour réunir un montant supplémentaire de 99 millions de dollars E.-U., afin d'étendre le programme de double campagne à 200 000 hectares d'ici à 2000. La mission approuve pleinement cette initiative qui s'inscrit dans une stratégie globale de relèvement et de développement durable de l'agriculture.


3. SITUATION DES APPROVISONNEMENTS ALIMENTAIRES


La mission FAO/PAM d'octobre 1997 avait identifié un déficit vivrier important et averti la communauté internationale que la RPD de Corée connaîtrait une situation alimentaire difficile en 1998. Elle avait aussi souligné que des importations massives, y compris un élément appréciable d'aide alimentaire internationale, seraient nécessaires pour satisfaire les besoins alimentaires vitaux. Jusqu'à présent cette année, par les voies nationales et provinciales, le pays a été en mesure de procéder à quelques importations commerciales de céréales en faisant appel au troc. Néanmoins le volume de ces importations n'a pas suffi à assurer des approvisionnements suffisants pour la majorité de la population, même avec des rations fortement réduites.

Après la récolte de l'an dernier, quand les disponibilités alimentaires étaient relativement abondantes, les rations alimentaires distribuées par le SPD ont été maintenues à environ 400g par personne et par jour pendant des périodes de durée variable, en novembre et décembre. Le gouvernement signale que les rations alimentaires ont ensuite été ramenées à 300 g par personne et par jour en janvier, puis à 200 g en février, et à 100 g en mars. Ces valeurs sont à comparer aux rations réduites, de 150 g par personne et par jour, distribuées en mars 1997. Les distributions du SPD ont dans de nombreux secteurs été interrompues à la mi-mars. L'on estime actuellement que les centres du SPD ne disposent que de stocks d'urgence très réduits et ne procèdent à aucune distribution, en dehors d'une aide alimentaire limitée en quantité et servie à des groupes cibles spécifiques. Le volume total des distributions gouvernementales aux SPD, par province, est indiqué à la figure 4 et au tableau 1.

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Note: Moyenne mensuelle pour novembre et décembre

Tableau 1 : Distributions mensuelles totales du gouvernement aux centres du SPD, par province et par ville (en tonnes)

Province/ville Novembre/
Décembre 19 97
Janvier 1998 Février 1998 Mars 1998
Pyongyang 55 500 20 800 13 800 2 700
S. Pyongan 30 000 11 200 7 500 1 500
N. Pyongan 20 300 7 600 5 100 1 000
Chagang 18 700 7 000 4 600 900
S. Hwanghae 20 600 7 700 5 100 1 000
N. Hwanghae 18 300 5 500 3 700 700
Kangwon 11 300 4 200 2 800 500
S. Hamgyon 27 200 10 200 6 800 1 300
N. Hamgyon 26 200 10 000 6 700 1 300
Ryanggang 10 500 3 900 2 600 500
Kaesong 4 100 1 500 1 000 200
Nampo 9 100 3 400 2 300 400
Total 251 300 93 000 62 000 12 000

 

La situation semble moins désespérée pour quelque six millions de travailleurs agricoles et leurs familles, qui ont reçu leur quota annuel de céréales en une livraison unique immédiatement après la récolte. On peut estimer qu'ils ont reçu en 1997 entre 130 et 160 kg de céréales par personne, soit de 350 à 440 grammes par jour et par personne sur l'année entière. Cette ration reste inférieure aux besoins minimaux de consommation, à savoir 457 g/jour pour assurer 75 pour cent de l'apport énergétique journalier de 2130 kcal/jour, et elle suffit encore moins à des personnes qui effectuent des travaux agricoles pénibles. En outre, comme les citadins comptent en bonne partie sur des approvisionnements venus des campagnes, on peut imaginer qu'une partie de la ration annuelle des ménages ruraux a servi à des membres de la famille vivant en ville.

Les familles rurales des régions montagneuses ont aussi la possibilité de cultiver de quoi se nourrir sur leur parcelle individuelle et de cueillir des plantes sauvages, des champignons, etc. pour compléter leur alimentation. La taille maximale des parcelles individuelles, par famille, est de 100 m2 dans les zones rurales et de 30 m2 dans les zones urbaines, là où cela est possible. Mais même au sein de la population rurale il existe des différences d'accès à la terre à usage privatif, les populations des régions agricoles de l'ouest et du sud-ouest n'ayant qu'un accès limité à des terres libres et à la végétation sauvage. Les travailleurs agricoles de ces zones n'ont donc pas beaucoup de possibilités de compléter leur allocation annuelle de céréales, et moins encore de chances d'importer des produits alimentaires par le troc, vu l'éloignement de la frontière chinoise et le manque de marchandises négociables, comme le bois.

Les informations disponibles montrent que la situation des approvisionnements alimentaires du pays reste précaire. Le fait est aussi confirmé par les entretiens avec les ménages, et les agents des organismes internationaux d'aide qu'ont interrogés les membres de la mission. Les deux mois à venir sont particulièrement préoccupants, avant que le maïs puisse être cueilli, même prématurément (encore vert), comme aliment de secours. Bien que cette pratique soit devenue une nécessité ces dernières années, elle réduit dans des proportions considérables la production potentielle, et inévitablement elle réduit les disponibilités pour la période qui suit. Néanmoins, cette consommation prématurée permet de retarder la crise, car elle intervient dans les mois les plus critiques de la période de soudure. Au nombre des moyens auxquels il est fait appel pour parer à la pénurie alimentaire, les plus importants sont les suivants:

Au cours des douze mois écoulés se sont produits des changements positifs, qui ont été observés sur le terrain, notamment lors des visites dans les crèches et les écoles maternelles. La santé des enfants âgés de six mois à six ans s'est considérablement améliorée par rapport à ce qu'elle était en 1997. Les taux d'assiduité scolaire se sont améliorés, et une plus forte proportion d'enfants paraissent en bonne santé et moins léthargiques. Les responsables ne signalent pas de cas de malnutrition, et la mission n'a pas vu d'enfants manifestement sous-alimentés dans les établissements où elle s'est rendue. Vu que la situation alimentaire d'ensemble reste précaire, la mission a conclu que l'état de santé relativement bon des enfants ne peut être attribué qu'au ciblage réussi de l'aide alimentaire (internationale). Toutefois pour évaluer de façon plus précise l'amélioration de la situation nutritionnelle, il serait de la plus haute importance de disposer des résultats d'une enquête nutritionnelle menée selon des méthodes scientifiques. Un plan prévoyant la réalisation d'une enquête de cet ordre avec la participation des autorités nationales, des organismes compétents des Nations Unies et de la CE a été établi, et l'enquête se fera prochainement. Les groupes de population actuellement considérés comme particulièrement vulnérables sont les enfants d'âge scolaire, les personnes âgées et les femmes enceintes ou allaitantes.

La mission FAO/PAM effectuée en octobre 1997 avait estimé le volume total des besoins d'importation pour 1997/98 à 1,95 million de tonnes de céréales. Le gouvernement signale qu'au total 180 000 tonnes de céréales (en équivalent grain) avaient été importées commercialement à la fin mai, dont environ 100 000 tonnes correspondaient à des importations nationales, et 80 000 tonnes à des opérations de troc effectuées à l'échelon des provinces ou des cantons. Vu le rythme des importations faites jusqu'ici, et les difficultés persistantes de l'économie et du crédit, les importations commerciales globales projetées pour 1997/98 ont été révisées à la baisse, de 700 000 tonnes comme le prévoyait la dernière mission à 500 000 tonnes comme on le prévoit maintenant. Le gouvernement essaie par ailleurs de maîtriser le troc vivres contre bois, qui est l'un des principaux produits commerciaux, en raison des problèmes environnementaux et des risques d'aggravation de l'érosion, d'envasement et d'inondations dans l'avenir.

Les engagements d'aide bilatérale reçus jusqu'ici incluent notamment une contribution de 100 000 tonnes de la Chine, dont 40 000 tonnes ont déjà été livrées, et une contribution de 86 000 tonnes de l'UE. D'autres livraisons d'aide alimentaire acheminées principalement par le PAM et d'un volume total de 352 000 tonnes ont aussi été faites. Par ailleurs des expéditions confirmées, d'un volume total de 276 000 tonnes devraient être livrées pour l'essentiel entre juin et début septembre. Au total, les livraisons effectives et les engagements d'aide alimentaire enregistrés depuis novembre 1997 s'élèvent à 814 000 tonnes.

3.1 Bilan mis à jour de l'offre et de la demande de céréales pour 1997/98

Sur la base des informations actuellement disponibles, le bilan céréalier national pour 1997/98 a été mis à jour, comme suit:

Le bilan céréalier pour 1997/98, tel que mis à jour, est récapitulé au Tableau 2.

 

Tableau 2 : RPD de Corée: Bilan céréalier pour 1997/98 (novembre à octobre) (en milliers de tonnes)

(sur la base d'une population, en milieu de campagne commerciale 1997/1998, de 23,2 millions de personnes)

 

Disponibilités totales 2 838
Production 2 838
Prélèvement sur les stocks 0
Utilisation totale 4 674
Alimentation humaine 3 874
Alimentation animale 300
Autres usages, semences et pertes 500
Besoins d'importation 1 836
Importations commerciales 500
Aide alimentaire, engagée et livrée 814
Besoins d'importation non couverts 1/. 522


1/ Le volume des besoins d'importation non couverts est étroitement fonction des importations commerciales qui seront encore effectuées et des engagements d'aide alimentaire (400 000 tonnes) qui seront livrés au cours des deux prochains mois. Si ces importations ne se font pas, comme dans notre hypothèse, ou si elles se font avec retard, le déficit serait plus grand encore et les pénuries qui en résulteraient seraient encore plus graves.


4. mesures à court, moyen et long terme


Outre une aide alimentaire aux groupes vulnérables, qui, comme il a été dit plus haut, est essentielle dans le court terme, des programmes complémentaires de rémunération alimentaire du travail devraient aussi être envisagés pour appuyer le relèvement agricole. De telles initiatives pourraient être envisagées dans le cadre du Programme de relèvement agricole et de protection de l'environnement, en particulier pour ce qui est du reboisement.

Les autres domaines dans lesquels une action pourrait contribuer à un renforcement de la sécurité alimentaire en RPD de Corée sont notamment les suivants:

Outre ces mesures, compte tenu des contraintes agricoles, la sécurité alimentaire de la RPD de Corée sera étroitement fonction des résultats économiques d'ensemble et des efforts fournis pour accroître durablement la production agricole. Pour y parvenir, il est capital que le gouvernement trouve les moyens de revitaliser le secteur industriel et les autres secteurs économiques importants afin de générer les recettes en devises indispensables pour appuyer la production vivrière intérieure. Faute d'interventions de cette nature, les perspectives, en ce qui concerne les disponibilités alimentaires de la RPD de Corée, resteront extrêmement précaires, même en dehors de situations d'urgence.

 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour un complément d'information à:.

Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télex 610181 FAO 1
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél:[email protected]

J. Cheng-Hopkins
Directeur régional, PAM
Télex: 626675 WFP 1
Télécopie: 0039-06-6513-2863
Mél: [email protected]

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