SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL : MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN AFGHANISTAN

7 juillet 1999

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Principales conclusions de la mission

    • Les plus faibles précipitations enregistrées depuis 40 ans, l'augmentation des infestations de ravageurs et la diminution des semis due à la reconversion des terres à des cultures commerciales plus lucratives ont réduit considérablement la production céréalière de 1999.

    • Selon les prévisions, la production totale de céréales de 1999 sera de 3,24 millions de tonnes, soit quelque 16 pour cent en dessous de la récolte de 1998.

    • Les besoins d'importations céréalières pendant la campagne commerciale 1999/2000 (juillet/juin), devraient atteindre le niveau record de 1,1 million de tonnes, légèrement au-dessus du précédent record de 1995/96.

    • Les importations commerciales sont estimées à environ 800 000 tonnes, par rapport aux 600 000 tonnes de l'an dernier, soit un déficit de 323 000 tonnes.

    • Le PAM prévoit une aide alimentaire d'urgence pour 1999/2000 de 97 000 tonnes de céréales, ce qui laisse un déficit à couvrir de 226 000 tonnes.

    • Une assistance d'urgence est également nécessaire pour remettre en état les infrastructures agricoles, notamment les systèmes d'irrigation.

 

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1. - VUE D'ENSEMBLE

Suite aux missions similaires de 1997 et de 1998, une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, appuyée par le PNUD, s'est rendue en Afghanistan du 22 mai au 23 juin 1999 afin d'estimer la récolte céréalière et les besoins d'importations, y compris les besoins d'aide alimentaire, pour 1999/2000. La mission s'est rendue dans les régions de Kaboul et de Hérat, tandis que six équipes d'enquêteurs, financées par le PAM et composées d'agronomes nationaux, ont couvert la plupart des régions accessibles du pays, notamment celles de Faizabad, de Jalalabad, de Kaboul, de Kandahar, de Hérat et de Mazar-i-Sharif. La mission s'est appuyée sur les entretiens qu'elle a eus avec les institutions du système des Nations Unies, les donateurs multilatéraux et bilatéraux, les autorités afghanes, le CICR et de nombreuses ONG. Elle a étudié les rapports et les documents pertinents disponibles. Les estimations concernant les superficies et les rendements des diverses cultures dans les différentes régions reposent sur les visites de terrain, les données fournies par les équipes d'enquêteurs et les entretiens avec les agriculteurs et les agents de l'ONU et des ONG bien informés sur des régions et des zones particulières.

La paix relative qui a régné ces dernières années, dans la plus grande partie de l'Afghanistan, a stimulé les activités agricoles et le commerce local avec la participation accrue du secteur privé. Néanmoins, la production céréalière du pays a reculé en 1999, par rapport à la très forte reprise de 1998, en raison de l'insuffisance de l'eau d'irrigation due à l'hiver le plus doux enregistré depuis 40 ans, avec de très faibles chutes de neige, des pluies tardives et irrégulières au printemps et une forte incidence de la rouille jaune et du souné qui ont endommagé les cultures dans le nord et dans l'ouest du pays. Par ailleurs, on constate une tendance à la reconversion progressive des terres à blé irriguées à des cultures de rente comme les oignons, les pommes de terre, les pavots et les cultures arboricoles, notamment les amandes et les abricots.

Compte tenu de ces éléments, la mission a estimé la production totale de céréales pour 1999 à 3,24 millions de tonnes, soit environ 16 pour cent de moins que la production record de l'an dernier de 3,85 millions de tonnes. En conséquence, les besoins d'importations de céréales pour la campagne commerciale 1999/2000 (juillet/juin) devraient atteindre le niveau record de 1,1 million de tonnes, dont plus de 95 pour cent de blé. Les importations céréalières commerciales sont estimées à environ 800 000 tonnes, soit près de 30 pour cent de plus que les 600 000 estimées pour l'an dernier, du fait de l'augmentation des activités du secteur privé, de la production de cultures de rente et de la vivacité des échanges transfrontaliers. Il reste donc un déficit de 323 000 tonnes qui devra être couvert par l'aide alimentaire d'urgence et de programme. L'aide alimentaire d'urgence prévue (notamment les activités vivres-contre-travail et vivres-contre-semences) s'élève à 97 000 tonnes, soit encore un déficit de 226 000 tonnes à couvrir.

Malgré la stabilité des prix et l'approvisionnement satisfaisant des magasins d'alimentation, l'accès aux denrées alimentaires est très limité par la rareté des activités rémunératrices et l'absence de possibilités d'emploi en dehors de l'agriculture. Le redressement de l'agriculture est freiné par le mauvais état de l'infrastructure d'irrigation et par les mines anti personnel. Dans l'immédiat, la situation des rapatriés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) qui ont besoin d'une assistance d'urgence est un problème préoccupant.

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2. CADRE SOCIO-ÉCONOMIQUE

1. Les informations contenues dans ce paragraphe sont tirées de sources diverses, notamment "Afghan Outlook", Bureau du coordonnateur des Nations Unies pour l'Afghanistan, Islamabad, avril 1999; "Afghanistan-Pakistan Trade Relations", Projet, de Zareen F. Nagri; Banque mondiale, Islamabad; et "Situational Analysis of Afghanistan", Action Aid, Islamabad, août 1998.

L'Afghanistan est un pays sans littoral de 652 000 km2. Il occupe une position stratégique entre les plaines d'Asie centrale et les montagnes de la CEI (Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan) au nord, la Chine au nord-est, le Pakistan à l'est et au sud, et la République islamique d'Iran à l'ouest. Les terres arables ne couvrent que 12 pour cent de la superficie totale du pays, le couvert forestier représentant 3 pour cent, les pâturages permanents 46 pour cent, le reste (39 pour cent) étant constitué de montagnes.

Près de deux décennies de troubles civils ont pratiquement détruit les secteurs de l'industrie et de l'exportation et gravement endommagé les infrastructures agricoles. Malgré les difficultés créées par les conflits locaux et les blocus, le commerce interne est opérationnel dans l'ensemble du pays. Les échanges transfrontaliers avec les pays voisins, notamment le Turkménistan au nord, la République islamique d'Iran à l'ouest et le Pakistan à l'est et au sud sont très animés.

La paix relative qui règne dans la plus grande partie du pays a permis un redressement sensible de l'agriculture qui est la principale source d'activité, d'emplois et de revenus. Près de 85 pour cent de la population du pays qui est estimée à 21 millions d'habitants tirent leurs moyens d'existence de l'agriculture. Près de la moitié des superficies cultivables est irriguée, tandis que l'autre moitié est aride ou non irriguée. Le blé est la principale culture vivrière, et représente plus des trois quarts de la production de céréales vivrières. Les autres cultures vivrières importantes comprennent le riz, le maïs et l'orge. Les pommes de terre et diverses cultures fruitières sont également produites à la fois pour la consommation domestique et comme cultures de rente. Les fruits séchés (notamment les amandes et les abricots) d'Afghanistan qui représentaient 60 pour cent du marché mondial en 1982, ne comptaient plus que pour 16 pour cent en 1990; cette part de marché est bien inférieure aujourd'hui mais reste encore un poste d'exportation important.

Au début des années 90, au moment où les troubles civils étaient les plus intenses, on estimait que 30 pour cent de la population avait quitté le pays ou s'était déplacé à l'intérieur des frontières. Environ la moitié des réfugiés sont revenus. De nombreuses personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) sont également rentrées chez elles. Cependant, il reste encore près de trois millions d'expatriés et les PDI sont nombreuses. Avec la stabilité, l'amélioration de la sécurité et les progrès réalisés dans le domaine du déminage, un plus grand nombre de réfugiés devraient revenir dans le pays et de PDI rentrer chez elles. La Mission a été informée que, dans le cadre d'un accord, près de 3 000 réfugiés, en provenance de la République islamique d'Iran, devraient rentrer en Afghanistan chaque semaine dans les prochains mois.

La communauté internationale a été active en Afghanistan, non seulement pour essayer de rétablir la paix, mais aussi dans le domaine des secours, des activités de réhabilitation, du déminage et du développement, notamment dans le secteur agricole. Après la présentation d'un projet de développement de l'agriculture nationale, à l'occasion du Sommet mondial de l'alimentation, en novembre 1996, un forum international pour l'aide à l'Afghanistan s'est tenu à Ashgabat en janvier 1997, suivi d'un appel global d'assistance lancé par les Nations Unies. La FAO et le PAM ont réalisé plusieurs projets dans le secteur agricole. D'autres institutions du système des Nations Unies et plusieurs ONG internationales sont également actives dans les domaines économique et social.

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3. PRODUCTION ALIMENTAIRE EN 1998/1999

3.1 Précipitations


L'Afghanistan est largement tributaire de la fonte des neiges pour son eau d'irrigation. L'hiver 1998/99 a été l'un des plus doux jamais observé, les chutes de neige à Kaboul ayant été les plus faibles depuis 40 ans. Les pluies du printemps ont été irrégulières, avec 120 mm seulement enregistrés à Kaboul pour l'année jusqu'à mai 1999. Dans le district de Kuskh, au nord d'Hérat, les précipitations ont été de 447 mm entre janvier et mars compris, mais elles ont été inférieures à la normale en avril et mai avec 30 mm. En ce qui concerne Hérat, 253 mm de pluie sont tombés entre janvier et mai, mais 15 mm seulement en avril et mai; la croissance végétale a donc été retardée et le fourrage a séché un mois plus tôt que d'habitude. Des conditions similaires ont été observées dans l'ensemble du pays, ce qui fait que les rendements du blé pluvial ont fortement baissé, et dans de nombreux cas, notamment dans les régions du centre et du sud et dans certaines parties des plaines de la région du nord, il n'y a pas eu de récolte du tout.

3.2 Superficies cultivées

La superficie semée en blé irrigué a diminué d'environ 3 pour cent, du fait principalement de l'augmentation des semis d'oignons, de pommes de terre, de pavots et des cultures arboricoles, notamment les amandes et les abricots. Les progrès réalisés dans le domaine du déminage dans la région du centre libèrent progressivement des terres pour l'agriculture et autres usages normaux. Compte tenu des bons rendements obtenus en 1998, les semis du blé pluvial sont en forte hausse par rapport à 1998. Cependant, les cultures ayant beaucoup souffert dans les régions de Kaboul, Logar, Wardak, Ghazni, Paktia, et dans certaines parties du Kandahar, du Khost et dans quelques plaines de Balkh, les superficies moissonnées devraient reculer de 13 pour cent par rapport à 1998.

Du fait de la pénurie d'eau d'irrigation, les superficies et les rendements des cultures d'été de maïs, de haricot mongo et de riz sont également en recul. On estime que les rizières ont diminué de 22 pour cent et que les rendements seront en baisse de 20 pour cent par rapport à l'an dernier. En ce qui concerne le maïs, on prévoit une diminution des superficies de 20 pour cent par rapport à 1998, et des rendements d'environ 9 pour cent.

3.3 Intrants agricoles

Semences: Le projet de semences de la FAO a fourni 4 109 tonnes de semences de blé d'hiver et 1 500 tonnes supplémentaires de semences de cultures d'été, principalement du maïs et du riz. Les ONG ont également distribué des quantités considérables de semences, tandis que les agriculteurs dans l'est du pays ont importé des semences améliorées en provenance du Pakistan.

Toutefois, la quantité de semences améliorées produites chaque année est très inférieure aux besoins du pays. Un grand nombre de variétés améliorées introduites il y a quelques années ont perdu leur résistance à la rouille jaune, une importante maladie fongique. Il faut introduire à chaque campagne de nouvelles variétés à haut rendement, résistantes à cette maladie et à d'autres, ce qui nécessite des engagements et des investissements à long terme. Le programme FAO/PAM vivres-contre-semences est un moyen économique permettant d'éviter la consommation des semences améliorées, et donc de les conserver pour les semis des années suivantes.

Engrais et pesticides: On signale que la disponibilité des engrais est satisfaisante dans la plupart des régions et la mission a constaté que les approvisionnements étaient suffisants dans les points de vente le long de la route au sud de Kaboul et dans Hérat. Un négociant pakistanais de Peshawar a indiqué que l'Afghanistan avait importé 70 000 tonnes d'engrais en 1999. On a pu constater qu'il y avait de l'urée d'origine iranienne dans les magasins à Hérat, ainsi que des fournitures en provenance du Turkménistan. Cependant, les ventes d'engrais altéré et de mauvaise qualité se poursuivraient, notamment dans l'est du pays.

Très peu d'agriculteurs procèdent à l'enrobage chimique des semences recommandé, ce qui fait que les maladies transmises par les semences, comme par exemple le charbon, sont fréquentes. Les infestations de plantes adventices, notamment les mauvaises herbes comme la folle avoine, le seigle et les roseaux sauvages, sont très fréquentes dans les cultures de blé irrigué, causant des pertes de rendement considérables. La présence des adventices serait due au manque de main-d'_uvre.

Tracteurs et b_ufs: De nombreux agriculteurs utilisent maintenant des tracteurs pour les cultures car ils ne possèdent pas suffisamment de terres pour conserver une paire de b_ufs. Les tracteurs appartenant aux plus grands propriétaires peuvent être facilement loués, mais les agriculteurs ont du mal à payer les charges en l'absence de facilités de crédit. Toutefois, l'utilisation des b_ufs reste non négligeable.

Irrigation: Les plus faibles chutes de neige enregistrées depuis de nombreuses années, associées à des pluies de printemps très insuffisantes se sont soldées par une réduction considérable de l'eau destinée à l'irrigation par canaux. Les puits, qui prennent une importance grandissante pour l'irrigation, ont eu en général suffisamment d'eau pour les principales cultures de blé irrigué, mais on signale que les nappes phréatiques baissent dans l'ensemble du pays. Les infrastructures d'irrigation sont l'objet de réparations depuis quelque temps, mais elles restent généralement en mauvais état. Par ailleurs, des tremblements de terre dans les provinces de Wardack et de Paktia ont endommagé les réseaux d'irrigation locaux. Les agriculteurs de ces régions investissent dans le forage de puits et dans de petites pompes pour irriguer leurs champs, les puits n'étant pas autant affectés par l'insuffisance des précipitations. Cependant, si les conditions de sécheresse de l'hiver 1998/99 devaient se reproduire, les niveaux des nappes phréatiques baisseraient encore et les quantités d'eau disponibles dans les puits diminueraient considérablement.

Une grande partie de l'eau d'irrigation disponible est perdue du fait de mauvaises pratiques, comme par exemple un mauvais nivellement. Des améliorations ont été apportées dans les régions les plus accessibles du pays par le biais de projets locaux entrepris avec les conseils d'ingénieurs de l'irrigation. Il reste cependant beaucoup à faire, notamment dans les zones les plus isolées, à l'écart des grandes routes.

Les installations d'irrigation doivent être surveillées en permanence pour fonctionner correctement, ce qui demande des investissements constants dans la maintenance. La communauté internationale pourrait accroître l'autosuffisance locale en appuyant des projets locaux d'amélioration de l'irrigation. Ces projets pourraient également fournir des conseils et des démonstrations pratiques par des actions de vulgarisation sur l'utilisation économique et efficace de l'eau d'irrigation.

3.4 Rendements et production de céréales

Blé: Compte tenu des bonnes récoltes dans les régions de l'est, de l'ouest et du sud-ouest, les rendements du blé irrigué devraient être dans l'ensemble proches de ceux de l'année précédente, soit 1,66 tonne à l'hectare, ce qui donnerait une production de 1,99 million de tonnes contre 2,02 millions de tonnes en 1998. Les rendements ont été sensiblement meilleurs dans les régions de l'est et du sud-ouest du fait d'un approvisionnement en eau suffisant et d'une incidence de la rouille jaune moins forte que l'année dernière. Dans les régions du centre, du nord et du sud, on estime que les rendements et la production du blé irrigué ont diminué d'environ 9 pour cent par rapport à l'an dernier en raison du manque d'eau d'irrigation à la suite de l'hiver sec et doux.

Les faibles précipitations sont à l'origine des mauvaises récoltes de blé pluvial dans les régions de l'est et du sud, tandis que le manque de pluie, les dégâts causés par la rouille jaune et par le souné ont réduit les rendements potentiels dans la région du nord. La mission a pu constater que les nomades Kuchis dans la province de Wardak utilisaient les restes des mauvaises récoltes de blé pluvial. Pour l'ensemble du pays, la production de blé pluvial est estimée à 512 000 tonnes, contre 814 000 tonnes l'an dernier, soit une baisse de 37 pour cent. L'approvisionnement en eau a été suffisant pour la plupart des cultures irriguées, mais le manque d'eau devrait affecter les cultures d'été.

La rouille jaune est en problème majeur dans la région du nord, où la plupart du temps on utilise des semences non améliorées qui sont très sensibles à cette maladie. La forte incidence de la rouille jaune dans la région du nord a été favorisée par le froid et l'humidité qui ont régné en février et mars. La sécheresse dans la région de l'est a permis des cultures saines, qui avec un approvisionnement en eau d'irrigation adéquat, ont donné des rendements supérieurs à la moyenne. Toutefois, on a constaté que de nombreuses cultures de blé irrigué dans les provinces de Kaboul et de Wardak souffraient de stress hydrique au stade déterminant du remplissage des grains; les rendements devraient être inférieurs de 6 pour cent par rapport à l'an dernier.

Maïs: Compte tenu de la rareté de l'eau d'irrigation, on s'attend à une diminution de 22 pour cent des semis de maïs et de 10 pour cent des rendements par rapport à l'année dernière.

Riz: Le repiquage du riz était en cours dans la province d'Hérat et dans la région du centre lors du passage de la mission. Les autorités locales dans la province de Helmand ont conseillé aux agriculteurs d'éviter les cultures d'été, compte tenu du bas niveau de l'eau dans les réservoirs. On prévoit une diminution des semis de riz de 22 pour cent et de la production de 38 pour cent par rapport à 1988.

Orge: Selon les estimations de la mission, la production d'orge diminuera de 10 pour cent en raison du manque d'eau et de troubles locaux dans la province de Bamyan, qui ont ralenti les semis.

Les estimations de la mission concernant la production céréalière par région figurent au tableau 1.

Tableau 1. Afghanistan: Superficie, rendement et production des cultures céréalières par région 1998 et 1999

RÉGION
 
1999 1998
Superficie (milliers ha) Rendement (tonnes/ha) Production (milliers de tonnes) Superficie (milliers ha) Rendement (tonnes/ha) Production (milliers de tonnes)
Blé irrigué            
Centre 70 1.6 112 69 1.7 117
Nord-Est 200 1.6 320 200 1.6 320
Est 72 2.1 151 75 1.7 128
Sud 92 1.4 129 95 1.5 143
Sud-Ouest 260 1.9 494 270 1.7 459
Ouest 184 1.9 350 190 1.9 361
Nord 274 1.4 384 280 1.5 420
Centre-Est 44 1.1 48 55 1.3 72
TOTAL 1 196 1.66 1 988 1 234 1.62 2 020
Blé pluvial            
Centre 5 0.2 1 20 0.9 18
Nord-Est 260 0.5 130 260 0.7 182
Est 5 0.4 2 10 0.9 9
Sud 10 0.4 4 42 0.8 34
Sud-Ouest 66 0.5 33 90 0.9 81
Ouest 220 0.8 176 230 1 230
Nord 225 0.7 158 250 0.9 225
Centre-Est 40 0.2 8 50 0.7 35
TOTAL 831 0.62 512 952 0.86 814
TOTAL BLÉ 2 027 1.23 2 500 2 186   2 834
Céréales secondaires            
Riz 140 2.0 280 180 2.5 450
Maïs 160 1.5 240 200 1.65 330
Orge (exclusiv. céréale) 180 1.2 216 200 1.2 240
TOTAL 480   736 580   1 020
TOTAL CÉRÉALES 2 507   3 236 2 766   3 854

3.5 Autres cultures

Fruits et légumes: Les principales cultures fruitières sont, par ordre d'importance, les raisins, les amandes, les abricots, les pommes et les grenades. Les plantations d'amandiers et d'abricotiers augmentent progressivement chaque année et occupent de plus en plus de terres irriguées. On signale que de nombreux agriculteurs arrachent les vergers de pommiers compte tenu de la faiblesse du marché. Ils les remplacent par des abricotiers car le marché des abricots séchés est bon. La production de melons et de pastèques est également en hausse. Les principaux légumes cultivés sont les oignons, les pommes de terre et les tomates, dont l'importance comme cultures de rente augmente.

Pavot: La culture du pavot s'est considérablement étendue en 1999 par rapport aux 57 000 ha estimés en 1997. Des régions comme celles de Badghis et de Balkh, où le pavot n'était pas cultivé dans le passé, le produisent aujourd'hui à titre expérimental. La culture du pavot s'étend maintenant dans certaines parties du Farah, où les puits fournissent suffisamment d'eau pour l'irrigation. En conséquence, les superficies de blé ont diminué. Le pavot est l'une des cultures à plus forte intensité de main-d'_uvre. Le programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) estime les besoins de main-d'_uvre à 350 personnes jour par hectare, dont 200 pour la récolte du latex. Les taux de rémunération étant nettement supérieurs pour la récolte du pavot que pour celle du blé, il y a eu pénurie de main-d'_uvre pour la récolte du blé dans le sud et le sud-ouest du pays. Des pertes dues à l'égrenage sur pied, du fait de la récolte tardive, ont été signalées dans l'importante province productrice de blé d'Helmand. L'appui de la communauté internationale est nécessaire pour arrêter l'expansion de la culture du pavot au détriment de la production de blé, par de nouvelles mesures d'encouragement aux agriculteurs.

Pommes de terre: Les semis de pomme de terre, une culture importante dans la province de Bamyan, ont été perturbés par les troubles civils en avril 1999, ce qui aura des incidences graves sur les approvisionnements alimentaires de la population dans cette région très pauvre. Dans la région de Kaboul, la mission a constaté que certaines cultures de pommes de terre souffraient de stress hydrique à un stade de croissance peu avancé. Il est vraisemblable qu'il n'y aura pas suffisamment d'eau d'irrigation pour toutes les plantations de pommes de terre, les niveaux des rivières étant très bas. Il y aura donc une diminution des revenus agricoles et des disponibilités alimentaires.

Légumineuses: Les haricots mongos sont une culture d'été importante dans les régions de l'est et du centre. En raison de la sécheresse, l'humidité du sol est très souvent insuffisante pour les semis et la production devrait, de ce fait, nettement reculer par rapport à l'été dernier.

3.6 Pâturages et élevage

On estime qu'il y a 2,4 millions de bovins, 13,4 millions de moutons, 5,2 millions de chèvres, 73 000 chevaux, 607 000 ânes et 208 000 chameaux en Afghanistan. Compte tenu du climat rigoureux et aride et de la période de végétation relativement courte, la disponibilité adéquate de fourrage pour un cheptel aussi nombreux est un problème majeur. Cette année, avec des précipitations bien inférieures à la normale dans de nombreuses régions du pays, la disponibilité des pâturages et du fourrage est un problème plus grave que jamais. Du fait des mauvaises récoltes de blé pluvial, il y aura une baisse de l'approvisionnement en paille, une source importante de fourrage grossier pour le bétail. Les rendements du trèfle et de la luzerne irrigués devraient diminuer compte tenu de la pénurie d'eau d'irrigation au cours de l'été. La population animale a retrouvé ses niveaux d'avant la guerre dans la plupart des régions, et la pression sur les paturages devient très lourde, notamment dans une période de pâturages et de fourrages maigres, après les chutes de neige et les pluies insuffisantes du printemps.

L'élevage est la principale source de liquidités pour de nombreux agriculteurs en Afghanistan. La pénurie de fourrage aura une incidence défavorable sur la production de bétail et sur les revenus agricoles, en particulier dans les régions d'altitude comme les provinces de Bamyan et de Ghor. Étant donné la mauvaise situation en ce qui concerne le fourrage, le bétail manque souvent des aliments nécessaires, notamment de protéines. En conséquence, la fécondité est basse et la mortalité des jeunes animaux est élevée. Cette année, la production de fourrage s'est arrêtée un mois plus tôt que d'habitude dans la région de l'ouest, les précipitations ayant été anormalement faibles en avril et en mai. Les stocks de fourrage nécessaires pour l'hiver rigoureux seront très inférieurs à la normale dans ces régions. La pénurie de fourrage aura aussi pour effet de faire baisser les prix du bétail, ce qui fait que les agriculteurs, qui produisent en général moins que leur besoin total de céréales, auront des difficultés plus grandes pour acheter des céréales sur le marché.

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4. SITUATION PAR RÉGIONS

4.1 Nord-Est (Kunduz, Takhar, Badakhstan, Baghlan)

Des chutes de neige inférieures à la normale dans ces provinces ont réduit les débits des cours d'eau, ce qui fait que les agriculteurs, notamment ceux qui se trouvent dans les tronçons inférieurs des réseaux d'irrigation, ont souffert d'une grave pénurie d'eau. Cependant, dans les hautes terres, les agriculteurs ont pu faire des récoltes adéquates en établissant des barrages sur les cours d'eau. La rareté de l'eau aura une incidence considérable pour les riziculteurs dans la province de Baghlan, importante zone de production, où environ 37 pour cent des terres cultivables sont irriguées. Les rendements du blé irrigué ont été très variables dans le Baghlan, entre 0,8 tonne/ha et plus de 3,5 tonnes/ha.

La production totale de blé irrigué devrait atteindre le niveau de l'an dernier, soit 320 000 tonnes. On signale que la production au Badakhstan est environ 20 pour cent supérieure à l'an dernier, du fait de l'incidence moins élevée de rouille jaune, tandis que dans certaines parties du Kunduz et du Takhar l'insécurité locale a perturbé les activités agricoles. La culture du pavot a gagné du terrain dans le Bagdakhshan, et les superficies de blé irrigué ont diminué en conséquence.

Dans le Takhar, des problèmes de sécurité ont empêché la distribution de 90 tonnes de semences de blé améliorées. Un tremblement de terre a causé des dégâts dans certaines exploitations, et les agriculteurs ont dû semer dans le sous-sol là où la couche arable avait été emportée dans des glissements de terrain; les rendements seront vraisemblablement bas.

4.2 Nord (Balkh, Samangan, Jaozjan, Faryab)

Les rendements ont été très variables dans l'ensemble de ces quatre provinces, le blé pluvial dans les plaines a beaucoup souffert de stress hydrique, tandis que sur les pentes plus élevées et bien irriguées les rendements ont été bons. Le blé pluvial est une culture particulièrement importante dans les provinces de Balkh, de Faryab et de Samagan, couvrant respectivement 95 pour cent, 80 pour cent et 86 pour cent des terres cultivables. Près de la moitié des terres cultivables dans la province de Jaozjan est irriguée.

Les semis de blé pluvial ont été retardés par le manque de précipitations au début de la campagne d'hiver et par les pluies abondantes à la fin de cette campagne. Les fortes pluies d'avril ont favorisé la prolifération de la rouille jaune (Puccinia striformis), tant sur le blé pluvial que sur le blé irrigué. Il n'y a pas eu de pluies dans de nombreuses parties de la région nord en mai, et les cultures pluviales ont souffert de stress hydrique pendant le stade de remplissage des grains. On signale que, dans certaines parties du Balkh, du Saripul et du Farayab, des superficies considérables de blé pluvial ne valent pas la peine d'être récoltées. Dans le district de Shulgara, la production de blé pluvial serait en baisse de 70 pour cent par rapport à l'an dernier, du fait du manque de pluies et des infestations de rouille jaune. Dans la province de Farayab, les rendements du blé pluvial ont varié de zéro à 1,7 tonne/ha, tandis que les rendements à la fois du blé irrigué et du blé pluvial ont été extrêmement bas à Saripul, où peu d'agriculteurs ont produit des quantités supérieures aux besoins de consommation pour six mois.

La part du blé résistant à la rouille était très faible. Il est donc indispensable d'affecter des ressources plus importantes à la fourniture de variétés de blé à haut rendement et résistantes à la rouille. La production de blé irrigué a diminué d'environ 9 pour cent pour s'établir à 384 000 tonnes, alors que la production de blé pluvial devrait reculer d'environ 30 pour cent, avec 158 000 tonnes. On prévoit que les superficies récoltées de blé pluvial seront en baisse de 10 pour cent du fait de la sécheresse dans les plaines et de l'insécurité dans certaines zones de Saripul au début de la campagne qui ont empêché certains agriculteurs de semer le blé pluvial.

La culture du pavot a augmenté dans la province de Balkh, et les superficies du blé irrigué ont diminué en conséquence.

4.3 Ouest (Hérat, Farah, Badghis)

Les cultures de blé irrigué étaient en général bonnes dans la région ouest, du fait de l'approvisionnement en eau satisfaisant et de l'absence de rouille jaune qui avait causé des dégâts importants en 1998. Les cultures de blé pluvial ont été affectées par le souné, mais les dégâts étaient moins importants que prévus dans la province de Badghis.

Plusieurs milliers de PDI, en provenance de camps de réfugiés situés en dehors de Hérat, ont regagné leurs exploitations dans la province de Badghis. Grâce à des dons de semences et d'outils et à des activités vivres-contre-travail du CICR, elles ont pu reprendre leurs activités agricoles, ce qui fait que les superficies de blé ont augmenté dans cette province par rapport à l'an dernier. Les rendements de blé pluvial devraient diminuer dans la région, plus particulièrement dans la province d'Hérat, du fait de la sécheresse en avril et mai, de foyers isolés de rouille jaune et d'infestations de souné.

Les agriculteurs ont signalé que les cultures irriguées dans la région de Hérat étaient en général bonnes cette année, la disponibilité en eau ayant été suffisante pour les premières cultures. Toutefois, les secondes cultures, notamment le riz, manqueront d'eau car le niveau du fleuve Hérat est bien inférieur à l'an dernier à la même époque. Les superficies de blé pluvial ont diminué dans la province de Hérat en même temps qu'augmentait la production de cumin blanc.

Dans la province de Farah, où la plus grande partie de l'eau d'irrigation provient des puits, le niveau élevé des nappes phréatiques à la suite de pluies abondantes en 1998 a permis une irrigation suffisante pour assurer de bons rendements des cultures. Cependant, la culture du pavot a considérablement augmenté, au détriment des superficies ensemencées en blé. De plus, la main-d'_uvre a manqué pour le désherbage et le battage du blé, la récolte de pavot étant plus lucrative. Selon les estimations, la récolte de blé pluvial dans la province de Badghis est supérieure de 50 pour cent a celle de 1998, les dégâts causés par le souné étant moins importants que prévus et les pluies ayant été relativement abondantes.

La disponibilité en fourrage pour le bétail a été très réduite en 1999, la végétation naturelle ayant séché un mois plus tôt, du fait de la sécheresse en avril et en mai.

4.4 Centre-Est (Ghor/Bamyan)

Les provinces de Bamyan et de Ghor sont probablement les plus pauvres de l'Afghanistan. Du fait de la courte durée de la campagne agricole et du manque de bonnes terres irrigables, cette région a toujours été déficitaire en céréales. Le commerce de bétail, de pommes de terre et de piquets de construction avec les autres régions a permis de compenser dans le passé les déficits de la production céréalière. Cette année, les combats, le transfert de populations nombreuses aux environs de Bamyan et de Yakowlang, la perturbation des semis de pommes de terre, culture importante, en avril, et le manque de pluies ont aggravé la situation au Bamyan.

On signale que le niveau de l'eau dans les canaux d'irrigation n'atteint que la moitié et même le tiers du niveau habituel. Les précipitations ont été bien inférieures à la normale, et le sol manque d'humidité du fait des faibles chutes de neige pendant l'hiver 1998/99. La production de blé irrigué devrait être en baisse de 37 pour cent par rapport au total de 72 000 tonnes de l'an dernier, tandis que la production de blé pluvial est estimée à 8 000 tonnes seulement, soit moins du quart des 35 000 tonnes de l'an dernier.

Les troubles civils au mois d'avril ont perturbé les semis de la principale récolte de pommes de terre ce qui aura des répercussions graves pour de nombreux ménages tributaires de celle-ci pour son alimentation et ses revenus. Des déplacements massifs de population ont été signalés, et les superficies cultivées ont inévitablement diminué. Les zones situées au nord du Bamyan ont été les plus touchées par les combats et les déplacements, et l'on estime à 5 000 le nombre de familles d'agriculteurs qui auraient perdu toutes leurs récoltes aux environs de la ville de Bamyan. La situation s'est encore compliquée en 1999 avec le retour dans la province de nomades Kuchis, revendiquant des droits fonciers datant de vingt ans, ce qui a incité de nombreuses familles à partir pour se mettre en sécurité à Quetta.

On a signalé que les Kuchis faisaient paître leur bétail dans les cultures de blé pluvial. Les pénuries de fourrage et de paille exerceront une pression à la baisse sur les prix du bétail, ce qui réduira le pouvoir d'achat de céréales des populations.

4.5 Centre (Kaboul, Parwan, Kapisa, Wardak, Logar)

L'approvisionnement en eau insuffisant compte tenu des faibles chutes de neige pendant l'hiver a réduit les rendements du blé et d'autres cultures irriguées, notamment dans les tronçons les plus bas des réseaux d'irrigation mal entretenus. On a souvent constaté la présence de plantes adventices dans le blé irrigué, et le mauvais désherbage serait dû au manque de main-d'_uvre. La production de blé irrigué est estimée à 112 000 tonnes, soit environ 4 pour cent de moins que l'an dernier. Les cultures de blé pluvial ont fortement souffert de la sécheresse dans l'ensemble de la région du centre. Le blé pluvial est beaucoup moins important que le blé irrigué, avec moins de sept pour cent des superficies cultivables dans la région du centre, mais la perte des semences et de la paille ainsi que de l'investissement dans le travail du tracteur sera importante pour les agriculteurs concernés. On estime que la production du blé pluvial passera de 18 000 tonnes en 1998 à 1 000 tonnes cette année. La production locale de riz diminuera également dans le Wardak en raison du manque d'eau.

On signale que la situation alimentaire est grave dans la vallée du Shamali dans les provinces de Parwan et de Kapisa. Cette région était un fournisseur important de raisins et d'autres fruits pour le marché de Kaboul, mais elle est aujourd'hui isolée par la ligne du front. La pénurie de pesticides et de fongicides s'est soldée par de lourdes pertes pour la principale récolte de raisin, et les prix du raisin et d'autres fruits ont chuté en raison du manque d'accès aux marchés habituels de Kaboul et du Pakistan. La production de blé a toujours été insuffisante dans cette région et les approvisionnements doivent être importés des provinces du nord de Kunduz et de Takhar. Les coûts élevés du transport font que les prix de la farine de blé sont très élevés.

Les cours du bétail, dans la vallée du Shamali, sont très bas en l'absence d'une demande effective. Le CICR a effectué des travaux de remise en état sur les principaux ouvrages d'irrigation, ce qui a quelque peu amélioré la situation. On signale que les agriculteurs ont augmenté la production de maïs, car celui arrive à maturité avant le blé, mais que les cultures sont infestées de ravageurs, probablement des foreurs du maïs, pour lesquels aucun pesticide n'était disponible.

4.6 Est (Nangarhar, Laghman, Kunar)

Les cultures de blé irrigué ont été très bonnes dans la région de l'est, du fait des bonnes conditions hydriques pour cette récolte précoce. Toutefois, les agriculteurs dont les cultures ont souffert de la rouille jaune en 1998 n'ont pu se procurer des quantités suffisantes de semences de variétés résistantes et ont dû semer les vieilles variétés vulnérables. Par chance, les conditions n'ont pas été propices, en 1999, au développement et à la propagation de cette maladie.

Compte tenu de ce qui précède, la production de blé irrigué est estimée à 151 000 tonnes, soit 18 pour cent de plus que l'an dernier, en raison surtout de la hausse d'environ 23 pour cent des rendements. Les superficies de blé d'hiver sont estimées à 72 000 ha en 1999 contre 75 000 ha l'année précédente, diminution qui est due à l'augmentation de la production de pavot, en particulier dans les provinces de Nangarhar et de Kunar et à la production d'autres cultures de rente comme par exemple les légumes. Toutefois, notamment dans ces deux provinces, les cultures d'été de riz, de maïs et de haricots mongos devraient être très réduites du fait du mauvais approvisionnement en eau pendant la campagne.

4.7 Sud (Paktia, Paktika, Ghazni, Khost)

Compte tenu du peu d'eau disponible dans les réseaux d'irrigation, on estime que la production de blé d'irrigation sera de 129 000 tonnes en 1999 contre 143 000 tonnes en 1998, soit une baisse de près de 10 pour cent. La sécheresse a gravement compromis les cultures de blé pluvial, dont la production devrait chuter de 34 000 tonnes en 1998 à 4 000 tonnes cette année. Le blé pluvial ne représente qu'une très faible part de la superficie totale cultivable dans la région du Sud, entre zéro pour cent dans la province de Paktia à 5 pour cent dans celle de Ghazni. Compte tenu du manque de pluie, la plupart des agriculteurs ne devraient pas récupérer leurs semences.

On signale que les cultures fruitières sont satisfaisantes cette année, mais la pénurie d'eau risque de peser sur les rendements en fin de campagne.

4.8 Sud-Ouest (Kandahar, Helmand, Zabul, Nimroz, Uruzgan)

Les cultures de blé irrigué dans la région du Sud-Ouest ont en général eu suffisamment d'eau et l'incidence des maladies a été moindre que l'an dernier. Selon les estimations, la production de blé irrigué a augmenté d'environ 8 pour cent pour atteindre 494 000 tonnes, avec des rendements de 1,9 tonne/ha contre 1,7 tonne/ha l'an dernier. Cependant, les rendements du blé pluvial se situeraient à 55 pour cent du niveau de l'an dernier, et la production se chiffrerait à 33 000 tonnes, soit une baisse d'environ 59 pour cent.

Les cultures de blé pluvial ont été dévastées par la sécheresse. On signale, par exemple, qu'un agriculteur important du Kandahar, qui avait planté 38 tonnes de semences, a perdu la totalité de sa récolte. Du fait de l'augmentation de la production de pavot et d'autres cultures de rente sur les terres irriguées se trouvant dans les vastes réseaux d'irrigation de la province de Helmand et ailleurs, on estime que les emblavures de blé pluvial ont diminué d'environ 10 000 hectares, soit près de 3 pour cent. Cependant, les infrastructures d'irrigation, que de longues années de non-entretien avaient déjà rendues inefficaces, ont été très gravement endommagées par des inondations en 1998 et n'ont pas été réparées. La salinisation des terres due à un mauvais drainage est également une cause majeure de diminution de superficies potentielles cultivées et de rendements.

La forte intensité de main-d'_uvre que demande la récolte du pavot a fortement diminué la main-d'_uvre disponible pour la récolte du blé et, de ce fait, les pertes d'égrenage dues à la récolte tardive ont fait baisser les rendements dans certaines zones.

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5 SITUATION DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DE CÉRÉALES, 1999/2000

Compte tenu de la hausse de la production des cultures de rente et des échanges transfrontaliers soutenus, on prévoit que les importations de céréales continueront d'augmenter en 1999/2000.

Le pouvoir d'achat de la plus grande partie des afghans reste cependant extrêmement limité du fait du manque de possibilités de revenus hors de l'agriculture, qui est essentiellement une agriculture de subsistance. Il est vraisemblable que le déficit alimentaire non couvert aggravera encore l'état nutritionnel de la population.

Le bilan céréalier figurant au tableau 2 repose sur les hypothèses suivantes:

2./ Chiffre obtenu en appliquant un taux annuel de croissance démographique de 3,4 pour cent à une population en décembre 1998 de 20,5 millions, calculée à partir du chiffre de 19,5 millions d'habitants établi en juillet 1997 et validé par les Nations Unies.
3./ Le blé fournit l'essentiel des apports énergétiques en Afghanistan. Le pain et le yoghourt constituent souvent à eux seuls un repas complet dans les zones rurales.

Tableau 2. Afghanistan: Bilan céréalier, 1999/2000 (en milliers de tonnes)

  Blé Riz usiné Maïs Orge Total
Disponibilités nationales 2 500 280 240 216 3 236
Déstockage 0 0 0 0 0
Production nationale 2 500 280 240 216 3 236
Utilisation totale 3 578 329 240 216 4 363
Consommation alimentaire 3 053 290 40 10 3 393
Alimentation animale - - 169 168 337
Semences 275 19 7 16 317
Pertes 250 20 24 22 316
Besoins d'importation 1 078 49 - - 1 127
Capacités d'importations commerciales 755 49 - - 804
Aide alimentaire (prévue) 97 - - - 97
Déficit non couvert 226 - - - 226

 

Des exportations de 170 000 tonnes de blé et de riz en provenance des provinces du nord avaient été intégrées dans le bilan de 1998/99 mais, compte tenu de la fermeture presque totale des frontières avec le Tadjikistan et l'Ouzbékistan et de la baisse de la production, les exportations céréalières seront vraisemblablement très faibles ou même nulles en 1999/2000. Aucune exportation de céréales n'a donc été intégrée dans le bilan céréalier de 1999/2000.

Par rapport à la dernière décennie, les besoins d'importation pour 1999/2000 de 1,127 million de tonnes se situent à un niveau record, légèrement au-dessus du précédent record de 1995/96 (1,098 million de tonnes). La capacité d'effectuer des importations commerciales est estimée à environ 800 000 tonnes, tandis que l'aide alimentaire dans la filière s'élève à 97 000 tonnes, ce qui laisse un déficit de 226 000 tonnes qui devra être couvert par l'aide d'urgence et l'aide alimentaire programme. La capacité d'importation commerciale estimée à 800 000 tonnes pendant la campagne commerciale 1999/2000 dépasse d'environ un tiers les 600 000 tonnes estimées pour l'an dernier du fait de la hausse des activités du secteur privé et de la production de cultures de rente comme par exemple les oignons, les pommes de terre, les amandes et les abricots, ainsi que de la vivacité des échanges transfrontières, notamment avec la République islamique d'Iran, le Pakistan et le Turkménistan. Tout en étant consciente des difficultés rencontrées pour livrer l'aide alimentaire programme au pays, la mission tient à souligner que le déficit, s'il n'est pas couvert, aura de graves répercussions sur la sécurité alimentaire des segments les plus pauvres de la population. Il n'existe pas d'étude sur le niveau de malnutrition en Afghanistan, mais selon les derniers rapports, 60 pour cent de la population de Kaboul est tributaire de l'aide extérieure et les boulangeries subventionnées par le PAM nourrissent plus de 400 000 personnes à Kaboul et à Jalalabad uniquement. Compte tenu de ce qui précède, on peut envisager d'accroître l'aide alimentaire d'urgence dans le pays.

Graphique: Importations de céréales 1988/89 - 1998/199 - 1999/2000

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6. BESOINS D'AIDE ALIMENTAIRE

6.1 Les besoins d'aide alimentaire pour 1999/2000

Pendant le premier semestre de 1999, le blé était abondant sur les marchés locaux, les négociants pourvoyant aux déficits de la production locale de céréales. Toutefois, pour de nombreux afghans l'accès est limité par le manque de pouvoir d'achat dû au chômage et au sous-emploi endémiques. Il semble que ce problème s'aggrave car de nombreuses personnes déplacées augmentent la main-d'_uvre occasionnelle disponible tandis qu'il y a peu de création d'emplois. Le faible pouvoir d'achat est le principal obstacle à la sécurité alimentaire.

Dans les zones urbaines, le principal déterminant de la capacité d'un ménage à assurer le revenu minimum requis par personne et par mois est le plus souvent sa main-d'_uvre masculine. Si le travail des femmes et des enfants à la maison est la principale source de revenu des ménages, le revenu par habitant se situe alors vraisemblablement au-dessous du niveau requis pour les dépenses alimentaires minimales. Il en est de même pour la population masculine employée dans les administrations publiques, au titre de travailleur journalier, et dans le petit commerce. Dans les zones rurales, les personnes sans terre, notamment dans les hauts plateaux, sont parmi celles qui ont le plus de difficultés à couvrir leurs besoins alimentaires minimaux.

En 1998, le PAM Afghanistan a aidé 1,3 million de personnes parmi les plus vulnérables. En 1999 et 2000, le PAM prévoit de cibler 1,2 million et 1,1 million de bénéficiaires, respectivement par des opérations de secours et de réhabilitation. Les activités de secours ciblant les personnes vulnérables sont réalisées par le biais d'opérations d'urgence de boulangeries, de l'alimentation des collectivités, par le rapatriement et l'aide aux PDI. Les opérations de réhabilitation s'effectuent sous forme d'activités vivres-contre-travail, vivres-contre-semences, vivres pour l'éducation et vivres pour la formation.

En 1998, plus de 100 000 tonnes d'aide alimentaire ont été livrées en Afghanistan, dont plus de 90 pour cent fournies par le PAM. Les besoins d'aide alimentaire pour 1999/2000 ont été estimés à 323 000 tonnes au total. Pour 1999, le PAM a planifié 96 800 tonnes de livraisons d'aide alimentaire dont 81 600 tonnes ont été affectées aux activités de secours et 15 200 tonnes aux opérations de réhabilitation. Le PAM propose 109 350 tonnes d'aide alimentaire pour 2000, dont 85 850 tonnes d'aide d'urgence et 23 500 tonnes pour la réhabilitation.

Tableau 3. Aide alimentaire prévue par année (tonnes)

Activités 1999 2000
Boulangeries 46 500 37 000
Urgences 15 300 30 100
Collectivités 4 000 4 750
Alimentation des rapatriés 12 800 11 000
Personnes déplacées (PDI) 3 000 3 000
Vivres-contre-travail 9 800 15 000
Vivres-contre-semences 5 000 6 000
Vivres pour la formation 400 Nil
Vivres pour l'éducation Nil 2 500
Total 96 800 109 350

 

6.2 Besoins d'aide alimentaire d'urgence

Les régions qui ont actuellement besoin d'aide alimentaire d'urgence sont les régions du centre, les hauts-plateaux du centre et les régions du nord.

Région du Centre

Dans la région du Centre, l'accès aux provinces de Parwan et de Kapisa a été coupé par un blocus imposé par les Talibans depuis 1997. Le personnel international du PAM n'a pu se rendre dans la région depuis 1996. Compte tenu des informations fournies par les ONG travaillant dans ces provinces et des indicateurs agricoles des régions voisines, il semble que la production agricole ait considérablement diminué en 1998 du fait de la pénurie d'intrants agricoles, de la destruction des réseaux d'irrigation et des infestations de rouille dans le blé. Par ailleurs, on signale que les prix des céréales sur les marchés ont augmenté de 100 pour cent par rapport aux régions voisines depuis la mise en place du blocus. Étant donné la baisse de production prévue pour 1999/2000, il est probable que les familles qui doivent acheter leurs aliments auront du mal à couvrir leurs besoins alimentaires minimaux.

Hauts-plateaux du Centre

Les hauts-plateaux du centre sont une région où la pénurie alimentaire est chronique du fait principalement des combats permanents entre les Talibans et l'Alliance du nord qui en empêche l'accès à partir des régions de production céréalière du nord. Par ailleurs, le manque de pouvoir d'achat est une contrainte déterminante. Le PAM a lancé une opération de secours d'urgence sur les hauts-plateaux du centre à la fin 1998 qui s'est poursuivie pendant les mois de mai, juin et juillet 1999. Le PAM a fourni 5 000 tonnes de denrées alimentaires pour aider 192 000 personnes vulnérables dans les districts où règne l'insécurité alimentaire (Waras, Panjo, Behsud 1 et 2 et Shahristan).

Régions du Nord

Selon les données rassemblées par l'équipe de cartographie et d'analyse de la vulnérabilité du PAM, le marché du travail dans le principal centre urbain de Mazar-e-Sharif est saturé, ce qui fait que les salaires ont baissé et que les travailleurs potentiels sont exclus. Les familles ayant un travail salarié gagnent actuellement l'équivalent de 4,00 dollars E.-U. par mois ce qui ne couvre pas leurs dépenses alimentaires et non alimentaires minimales. On signale que ces ménages vendent leurs biens pour augmenter leurs revenus. Dans l'ensemble, les ménages de cette catégorie sont plus vulnérables que les ménages dont le chef est une femme ou en enfant. Compte tenu de ce qui précède et de la réduction considérable de la production agricole attendue pour la campagne 1999/2000 dans les zones pluviales du nord, une grave pénurie alimentaire pourrait s'établir.

Nord-Est

L'insécurité alimentaire dans la province du Badakshan, zone généralement à déficit alimentaire, contrôlée par l'Alliance du nord, devrait se poursuivre, les voies d'approvisionnement étant bloquées en hiver par l'état des routes et en été par l'insécurité. Du fait de la baisse des récoltes céréalières, les approvisionnements limités de blé et de riz qui arrivent dans la province devraient encore diminuer. Le PAM a mené une opération d'urgence dans cette région en janvier 1999. L'opération d'assistance a ciblé 51 000 personnes parmi les plus nécessiteuses avec une distribution unique de 1 730 tonnes de blé.

6.3 Logistique de l'aide alimentaire

Pour ses livraisons d'aide alimentaire en Afghanistan, qui est un pays enclavé, le PAM emprunte à la fois les couloirs du sud et du nord. L'usage de deux voies d'accès permet de contourner les difficultés d'accès dues à la fermeture fréquente des frontières ou aux problèmes internes de sécurité. Plus de 80 pour cent de l'aide alimentaire du PAM arrive par la voie méridionale. Les conteneurs arrivent par le port de Karachi et les cargaisons en vrac par Port Qasim. Les denrées sont alors acheminées par voie terrestre jusqu'aux bases de réexpédition du PAM au Pakistan à Quetta, 700 km, et à Peshawar, 1 400 km, pour être entreposées, usinées et renvoyées vers les provinces de l'est et du sud de l'Afghanistan (Jalalabad, Kaboul, Kandahar). Les cargaisons qui arrivent dans les ports de la Baltique (Riga, Tallin et Ventspils) et quelque fois de la mer Noire empruntent le corridor du nord. Elles sont acheminées par chemin de fer sur plus de 4 500 km vers les bases de réexpédition du PAM à Termez en Ouzbékistan, à Osh au Kirghizistan et à Kushka au Turkménistan, pour être entreposées et renvoyées vers toutes les provinces du nord et de l'ouest de l'Afghanistan (Mazar, Bamyan, Hérat et Badakshan).

Du fait de l'instabilité des conditions de sécurité et des difficultés d'accès à de nombreuses régions, dues aux mauvaises infrastructures, les réexpéditions sont souvent complexes à l'intérieur du pays et nécessitent parfois même l'utilisation d'animaux pour le transport. Par exemple, les régions éloignées et inaccessibles du Badakshan et du Bamyan ont été intégrées dans l'aide du PAM en 1999. L'acheminement des denrées alimentaires vers le Badakshan se fait par camions et par ânes et dure plusieurs jours. Les denrées alimentaires expédiées à partir du nord vers le Bamyan doivent emprunter des routes en très mauvais état et, en plusieurs endroits, il peut être nécessaire de les transférer sur des camions plus petits. Compte tenu des conditions météorologiques particulières, l'accès à certaines régions peut être restreint pendant l'hiver, comme par exemple les hauts-plateaux du Centre, du fait des chutes de neige abondantes et des glissements de terrain fréquents.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant.

Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Courrier électronique: [email protected]

Ms. J. Cheng-Hopkins
Directeur régional, OAC, PAM
Télécopie: 0039-06-6513-2863
Courrier électronique:[email protected]

Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l'adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

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