SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE

23 août 1999

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Faits saillants

  • Comme dans d'autres pays de la région, la sécheresse la plus grave enregistrée depuis 1959 dévaste les productions agricole et animale.

  • Les précipitations ont été de 25 à 67 pour cent inférieures à la normale dans les principales régions agricoles.

  • La production de blé de 1998/99 est estimée à 2,74 millions de tonnes, soit un recul de 33 pour cent par rapport à 1998; celle de l'orge est tombée à 380 000 tonnes, soit 39 pour cent de moins que l'an dernier.

  • Il n'est pas prévu d'importer de blé; en revanche, il faudra importer plus d'un million de tonnes d'orge pour couvrir l'essentiel des besoins d'alimentation du bétail.

  • Les éleveurs nomades sont les plus touchés, parce que leurs revenus ont considérablement diminué et qu'ils sont de plus en plus gravement menacés par les pénuries alimentaires.

  • Il faut fournir d'urgence une aide alimentaire à 329 000 personnes qui sont dans une situation critique, afin de couvrir l'essentiel de leurs besoins alimentaires pour une durée de six mois.

  • Une aide internationale est également nécessaire pour appuyer les efforts que fait le gouvernement pour réapprovisionner le Fonds National pour les fourrages.

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1. VUE D'ENSEMBLE

Dans le cadre d'un phénomène météorologique plus vaste qui a touché un certain nombre de pays du Proche-Orient, la sécheresse - la plus grave enregistrée depuis une quarantaine d'années - a porté gravement atteinte aux productions agricole et animale de la Syrie. Cette situation a eu de lourdes conséquences sur la sécurité alimentaire d'une grande partie de la population, dont les revenus ont considérablement diminué. Le gouvernement a déployé d'importants efforts pour en atténuer l'impact, notamment en fournissant aux éleveurs des ressources supplémentaires, des rations alimentaires, de l'eau, ainsi que des produits vétérinaires, mais le fléau est d'une telle ampleur et d'une telle gravité que ces mesures se sont avérées insuffisantes. Une assistance internationale est donc nécessaire pour résoudre tous les problèmes d'ordre humanitaire qu'a engendrés, et que continue d'engendrer, cette situation.

En réponse à une demande formulée par le gouvernement à la mi-juin, une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue en Syrie du 20 juillet au 2 août afin d'évaluer les incidences de la sécheresse et d'analyser les perspectives de la production agricole et des approvisionnements alimentaires pour l'an prochain. La mission a fondé ses conclusions sur les entretiens qu'elle a menés avec les responsables des ministères et services gouvernementaux, des organismes des Nations Unies et des organismes bilatéraux établis dans le pays, ainsi que sur de nombreux déplacements sur le terrain auprès des populations concernées, dans plusieurs des régions touchées. Il s'agit notamment des zones de parcours de la région de Badia et des provinces de Dair Ez Zor, Al Hassake, Al Raqqua, Alep, Hama et Homs.

La pluie fournit la plus grande partie de l'eau indispensable à la production alimentaire et au maintien des réserves nécessaires à l'irrigation. Or, la mission a constaté que les précipitations ont été de 25 à 67 pour cent inférieures à la normale dans diverses zones agroclimatiques au cours de la dernière campagne agricole (octobre - mars). Les cultures pluviales, notamment dans les zones III et IV, et les pâturages de la région de Badia en ont profondément souffert. Ainsi, la production d'orge, qui est une culture presque exclusivement pluviale, est estimée cette année à 380  tonnes, soit environ 72 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années, et 56 pour cent de moins que l'année dernière. Pour les cultures de blé, irriguées à 40 pour cent, les effets de la sécheresse ont été moins dramatiques, sans être négligeables. La production est tombée à 2,74 millions de tonnes, soit une baisse de 33 pour cent par rapport aux résultats exceptionnels de l'an dernier, et d'environ 28 pour cent par rapport à la moyenne.

La région de Badia a reçu 33 millimètres de précipitations pendant la campagne agricole, alors que la moyenne est normalement de 200 millimètres. Les effets ont été désastreux sur la végétation des parcours, qui joue un rôle primordial dans le cycle d'affouragement des ovins, leur assurant jusqu'à 140 jours de pâture par an, soit une biomasse équivalant à un million de tonnes d'orge. Le fléchissement de la production agricole, en particulier dans les zones de cultures pluviales, a également entraîné une forte diminution de la quantité disponible d'aliments pour bétail provenant des céréales et des déchets de récolte. De nombreux troupeaux d'ovins ont ainsi été affectés par une sous-alimentation qui a provoqué une hausse considérable de la mortalité, aussi bien des animaux adultes que des jeunes bêtes. Cette situation elle-même a entraîné une baisse importante des revenus des ménages. En conséquence, une grande partie de la population de la région de Badia est dangereusement exposée à des pénuries alimentaires.

Sur le plan national, il n'est pas envisagé d'importation supplémentaire de blé pour la campagne de commercialisation 1999/2, la production actuelle et les stocks existants permettant de répondre aux besoins intérieurs, que ce soit pour la consommation ou d'autres usages. Il faudra cependant importer de grandes quantités d'orge pour compenser les pénuries de fourrage et d'aliments pour le bétail. Compte tenu des stocks minimaux détenus par le gouvernement et les négociants, il sera nécessaire d'importer environ 1,18 million de tonnes d'orge pour garantir la survie des troupeaux d'ovins et de caprins au cours de l'année prochaine, à condition qu'il soit possible de se procurer par d'autres sources du son de blé, de la paille et des coques de coton, utilisés comme fourrage d'appoint.

Compte tenu de la récession économique, qui s'explique en grande partie par la baisse des cours du pétrole enregistrée ces dernières années, et de l'augmentation considérable des dépenses extrabudgétaires qui ont déjà dû être engagées cette année pour combattre les effets de la sécheresse, on estime que le gouvernement ne pourra importer que 200 000 tonnes1, ce qui laissera un déficit non couvert de 980 000 tonnes. Les importations d'orge par le secteur privé ont été autorisées cette année à titre de mesure d'urgence, mais les quantités importées sont encore peu importantes: en effet, les négociants ne sont guère motivés, compte tenu de la piètre situation du secteur de l'élevage des ovins et, donc, de la réduction de la demande imputable à la chute du pouvoir d'achat des éleveurs. C'est la raison pour laquelle on ne prévoit que de faibles importations commerciales.

La sécheresse de 1998/99 aura d'importantes répercussions sur la sécurité alimentaire dans le courant de l'année prochaine, notamment pour les éleveurs nomades de la région de Badia (zone V). Ces derniers, qui ont subi une perte brutale de leurs revenus, sont contraints de liquider rapidement leurs avoirs. Leurs stratégies d'adaptation - la possibilité par exemple de trouver un nouvel emploi - sont très limitées. La mission estime que 47 000 ménages nomades (soit 329 000 personnes) sont fortement menacés par des pénuries alimentaires et ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, et elle recommande à ce titre la fourniture de 23 700 tonnes de farine de blé pour subvenir à leurs besoins pour une durée de six mois. Il faut mettre en place les dispositifs d'assistance le plus rapidement possible afin de permettre aux ménages les plus touchés d'affronter les mois difficiles à venir et d'atténuer le risque d'une nouvelle détérioration de leur niveau de vie.

Il est également nécessaire de mobiliser l'aide internationale pour appuyer les efforts nationaux de reconstitution du Fonds National pour les fourrages, qui est presque épuisé. Cette aide pourra prendre la forme d'un soutien financier, de programmes bilatéraux ou d'importations à des conditions de faveur d'orge ou d'autres aliments du bétail.

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2. L'ÉCONOMIE1

1 Provenance: les rapports annuels et trimestriels de The Economist Intelligence Unit.

L'agriculture a toujours été le moteur de l'économie de la Syrie, mais depuis quelques années le pétrole, le gaz et les industries de transformation ont nettement gagné en importance. Le secteur agricole, qui assure la plus forte contribution au PIB (26 pour cent environ) et fournit la majorité des emplois, continue néanmoins de dominer l'activité économique. C'est également dans ce secteur que l'on trouve la proportion la plus élevée de main-d'_uvre féminine.

Le coton qui, avant le pétrole, occupait la première place parmi les produits d'exportation, ne fournit plus aujourd'hui que 6 pour cent des recettes d'exportation. Parmi les autres cultures de rapport figurent la betterave sucrière et le tabac. La plus grande partie des 5,5 millions d'hectares cultivés dans le pays sont consacrés au blé et à l'orge. Un quart de la superficie totale est irrigué, le reste étant occupé par des cultures pluviales. Cette prédominance des cultures pluviales, conjuguée à l'insuffisance des capacités d'irrigation en cas de sécheresse, explique que la production soit fortement vulnérable aux variations climatiques, comme on l'a vu en 1998/99. Tout en continuant à intervenir énergiquement sur les marchés du coton et des céréales, le gouvernement, pour faire face à la sécheresse, a adopté cette année un train de mesures visant à encourager les initiatives du secteur privé, et qui comprennent notamment une réduction des droits d'importation et l'autorisation d'importer de l'orge et du blé tendre.

L'accroissement démographique de la Syrie est l'un des plus élevés du monde (environ 3,3 pour cent par an). De ce fait, la précarité ne cesse de croître, étant donné l'insuffisance des ressources, notamment dans le secteur agricole qui est fortement tributaire des précipitations et des réserves limitées d'eau d'irrigation. De plus, la population étant composée essentiellement de jeunes, il existe une forte disproportion entre la population active et les personnes à charge. Selon les estimations officielles, la Syrie comptait en 1998 quelques 17 millions d'habitants, vivant pour la plupart dans les deux grands centres urbains, Damas, la capitale, et Alep, au nord, et dans les régions côtières. On estime cependant que la moitié environ de la population vit en milieu rural, même si l'on assiste à un exode rural important et à l'émigration d'un grand nombre de Syriens qui travaillent principalement dans les États du Golfe. Les envois de fonds de ces travailleurs, qui ont largement contribué à la croissance économique, ont diminué ces dernières années, depuis la guerre du Golfe, en raison de la diminution des emplois à l'étranger. Trente pour cent environ de la population active, soit 4,3 millions de personnes, travaillent dans le secteur agricole.

Au début des années 1990, une croissance rapide de 7 pour cent par an en moyenne (entre 1990 et 1996) a permis une amélioration continue des revenus par habitant. Ces bons résultats étaient dus dans une large mesure à l'accroissement rapide des recettes du pétrole, dont le prix mondial ne cessait alors d'augmenter. Pendant cette période, le pays a également bénéficié de l'aide financière des autres pays du Golfe. Depuis quelques années, les conditions ne sont plus aussi favorables et le taux de croissance a baissé. La croissance économique a ralenti depuis 1997 et les perspectives de redressement sont incertaines, en raison de l'endettement du pays et de la diminution de ses réserves de pétrole.

La Syrie, pays à faible revenu et à déficit vivrier, est touchée par une aggravation de la récession économique. On estime que la chute des cours mondiaux du pétrole survenue l'an dernier a provoqué une baisse d'environ 35 pour cent de la valeur des exportations, tandis que les recettes globales de 1998 ont été de 30 pour cent in1férieures à celles de 1997. De plus, les effets de la chute des prix du pétrole ont été considérablement amplifiés par le déclin progressif de la production globale. Cela aura des retombées négatives dans nombre de secteurs et pour certains services actuellement fournis gratuitement ou subventionnés: citons, parmi les plus importants, l'éducation et les services de santé, qui sont gratuits, et la fourniture subventionnée de médicaments et de denrées alimentaires de base, comme le pain et le sucre. La fourniture de ces services, déjà rendue difficile par la baisse des revenus, est encore fortement compliquée par la croissance rapide de la population: chaque année, la population totale s'accroît de 500 000 personnes et le marché de l'emploi doit accueillir 140 000 nouveaux demandeurs. Cette année, la sécheresse, et le recul de la production agricole qui en est la conséquence, vont considérablement aggraver les difficultés économiques du pays.

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3. LE SECTEUR AGRICOLE

3.1 L'utilisation des terres

Sur 6 millions d'hectares de terres arables, 5,5 millions d'hectares sont effectivement cultivés. En 1998, les cultures s'étendaient sur environ 4,9 millions d'hectares, dont 3,7 millions (76 pour cent) de cultures pluviales, et 1,2 million d'hectares (24 pour cent) de cultures irriguées. L'irrigation ne constitue normalement qu'un complément des précipitations, mais les réservoirs d'irrigation ont été, cette année, le principal moyen d'approvisionnement en eau.

Les 8,3 millions d'hectares de parcours et de pâturages de la région de Badia, où vivent la plupart des éleveurs nomades et des troupeaux d'ovins, sont également d'une grande valeur pour le pays. La sécheresse de cette année y a dévasté la végétation, qui joue un rôle clé dans le cycle d'affouragement des ovins.

Le pays est divisé en cinq zones agroclimatiques, délimitées en fonction du niveau des précipitations annuelles:

3.2 Précipitations et températures

On estime que les précipitations fournissent 70 pour cent de l'eau disponible dans le pays. Elles sont d'une importance cruciale dans la mesure où elles reconstituent les nappes phréatiques et alimentent les rivières et les sources qui fournissent l'essentiel des ressources pour l'irrigation des cultures. Les précipitations se produisent normalement pendant les mois d'hiver et atteignent leur maximum entre décembre et mars. La principale campagne agricole, consacrée à la plupart des cultures vivrières, s'étend d'octobre à mars. Les mois d'été, à partir de mai-juin jusqu'en septembre, sont secs et chauds, surtout dans l'est du pays.

Chaque année, les systèmes de culture et la production dépendent étroitement de l'intensité et de la répartition des précipitations. Les zones de cultures pluviales sont pour l'essentiel consacrées aux céréales et aux légumineuses. On cultive le blé et les légumineuses dans les zones qui bénéficient d'un taux de précipitations relativement élevé et le blé et l'orge dans les zones un peu moins arrosées. Dans les zones III et IV, à faible pluviosité, seul l'orge est cultivé.

La sécheresse, la plus grave des 40 dernières années, a été fortement préjudiciable à la campagne agricole de 1998/99. Outre que les pluies sont arrivées avec plus d'un mois de retard, la campagne a pris fin prématurément dans la plupart des régions. Les zones les plus touchées sont situées à l'est, au nord-est et au sud. Les zones côtières ont été plus favorisées, avec des précipitations supérieures à la normale. Par rapport à la moyenne pour 1989-1998, les précipitations ont diminué de 25 pour cent dans la zone I, de 50 pour cent dans la zone IV et de 67 pour cent dans la zone V (Graphique 1). Mais, même à l'intérieur de la zone I, qui semble avoir le moins souffert de l'insuffisance des pluies, il y a eu de grandes différences selon les sous-zones considérées. De ce fait, les incidences sur la production ont été plus prononcées que ne peuvent le laisser supposer les chiffres des précipitations.

Les températures, proches de la normale pendant la plus grande partie de la campagne, ont été de 1 à 2 degrés supérieures à la moyenne en mars. Dans le nord-est, elles ont dépassé à plusieurs reprises le niveau moyen d'environ 3 à 4 degrés pendant les mois de mai et de juin, ce qui a pesé sur les rendements de blé dans les zones irriguées. D'une manière générale cependant, bien que les températures anormales aient nui à la productivité dans certains endroits, les dégâts n'ont pas été trop importants.

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Source: Département de Météorologie

 

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4. PRODUCTION CÉRÉALIÈRE DE 1998/99

4.1 Les incidences de la sécheresse

La sécheresse de 1998/99 a dévasté les cultures pluviales, notamment dans les zones III et IV, ainsi que la végétation des parcours de la région de Badia. Sur une superficie totale d'environ 3,7 millions d'hectares de cultures pluviales, près de 3 millions étaient consacrés aux céréales et aux légumineuses (à savoir 933 000 hectares de blé, 1,4 million d'hectares d'orge, 147 000 hectares de lentilles et 48 000 hectares de pois chiches). La superficie restante était consacrée à un assortiment de cultures fourragères d'été et d'hiver.

4.2 Le blé

Le blé est essentiellement cultivé sous irrigation ou dans les endroits des zones I, II et III qui bénéficient d'un taux de précipitations relativement élevé. Bien que la sécheresse ait gravement nui à la productivité et provoqué une baisse importante de la production globale, le fait que 40 pour cent de la superficie ensemencée en blé soient irrigués explique que cette culture ait été relativement moins touchée que l'orge. Si les rendements ont quand même diminué, c'est que l'irrigation, utilisée en temps normal pour compléter les précipitations, n'a pas suffi à compenser la pénurie d'eau. Selon les estimations du gouvernement, les rendements de blé dans les zones de cultures pluviales se situent entre 15 et 46 pour cent de la moyenne calculée sur 5 ans (Tableau 1).

Tableau 1 - Rendements du blé pluvial 1999 par rapport à une moyenne à long terme

Rendements (kg/ha)
Zone I
Zone II
Zone III
Moyenne sur cinq ans
2 021
1 093
606
Moyenne de la campagne de 1998/99
938
398
92
Rendements de 1998/99, en pourcentage de la moyenne sur cinq ans
46
36
15

Source: Département des statistiques agricoles

Les effets de la sécheresse ont été très différents selon les régions, celles du sud et du nord-est ayant été les plus touchées. Dans la zone I, à Dera et à Hassake par exemple, régions les plus durement frappées, les rendements moyens ont été respectivement de 400 et de 199 kg/ha, contre 2 007 kg/ha enregistrés à Alep et 953 kg/ha dans le centre du pays. En ce qui concerne notamment le blé pluvial, le rendement moyen à Dera, dans la zone I, correspond à environ un quart de la moyenne à long terme de 1 500 kg/ha; la production a été quasiment nulle dans les zones II et III.

En raison de la sécheresse, la production de blé pluvial est estimée à environ 588 000 tonnes, soit un recul de 64 pour cent par rapport au résultat de l'an dernier et de 38 pour cent par rapport à la moyenne établie sur cinq ans (1,52 million de tonnes). On s'attend d'autre part à un recul d'environ 13 pour cent de la production de blé irrigué, qui devrait tomber cette année à 2,15 millions de tonnes, contre 2,48 millions de tonnes en 1998. La production totale de blé pour 1999 est ainsi estimée à 2,74 millions de tonnes, soit un recul de 33 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de l'an dernier, et de 28 pour cent par rapport au niveau moyen (Graphique 2).

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Source: Département des statistiques agricoles

4.3 L'orge

L'orge est presque exclusivement une culture pluviale, pratiquée surtout dans les parties faiblement arrosées des zones II, III et IV. Une superficie de 1,4 million d'hectares lui a été consacrée pour la campagne 1998/99. Les rendements, situés entre zéro et 600 kg/ha (Tableau 2), ont enregistré une baisse brutale.

Tableau 2 - Rendements de l'orge 1999 par rapport à une moyenne sur cinq ans

Rendements kg/ha
Zone II
Zone III
Zone IV
Moyenne sur cinq ans
788
373
329
Moyenne de la campagne 1998/99
585
117
-
Rendements de 1998/99 en pourcentage de la moyenne sur cinq ans
74
31
0

Source: Département des statistiques agricoles

Là encore, les conséquences de la sécheresse ont varié selon les régions, le sud et le nord-est étant beaucoup plus durement frappés que le nord et le centre du pays. À Dera par exemple, dans la zone I, il n'y a pas eu de production d'orge, tandis que, dans les zones II, III et IV, les récoltes ont été extrêmement mauvaises.

La production totale d'orge de 1999 est estimée à 380 000 tonnes, niveau inférieur de quelque 72 pour cent à la moyenne établie sur cinq ans et de 39 pour cent à celui de l'an dernier. Comme l'indique le graphique 3, la production d'orge en Syrie a augmenté entre 1990 et 1996, le gouvernement ayant en effet décidé de parvenir à l'autosuffisance et d'augmenter pour ce faire les objectifs de production. En 1997 toutefois, des précipitations inférieures à la normale ont entraîné un brusque recul de la production, suivi d'un léger redressement en 1998. Grâce à l'augmentation de sa production d'orge, le pays, importateur net jusqu'en 1993, est devenu exportateur net entre 1993 et 1999, pour revenir à son ancien statut en 1997 et 1998. Le recul considérable de la production de cette année a accentué la tendance, augmentant les besoins d'importation.

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Source: FAO
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5. L'ÉLEVAGE

L'élevage est un secteur important, qui emploie environ 20 pour cent de la population active et qui constitue la source de revenu et le mode de subsistance principaux des éleveurs bédouins. L'ensemble du cheptel compte environ 15 millions d'ovins, 1,2 million de caprins, 900 000 bovins, ainsi qu'une assez grande quantité de volailles, qui représentent également une importante source de revenu. Les bovins et la volaille sont essentiellement nourris de maïs et d'orge produits dans le pays, ainsi que de céréales et d'aliments concentrés importés. Pour la volaille, on utilise également du soja, du poisson et des farines de poisson et de viande, qui sont importées. Dans les années normales, le pays n'a pas besoin d'importer de viande.

5.1 Les parcours

Les zones de parcours s'étendent sur 8,3 millions d'hectares, dans la zone V, où les précipitations annuelles ne dépassent pas 200 millimètres. Pendant les années normales, la végétation de cette région procure de la pâture pour environ 140 jours, soit 1,7 million de tonnes de biomasse ou encore l'équivalent de 990 000 tonnes d'orge, quantité qui permet de couvrir 60 pour cent des besoins annuels en aliments du bétail dans cette région.

5.2 Le cycle d'affouragement

En général, à partir du mois d'octobre jusqu'en janvier ou février, les ovins se nourrissent de fourrages fournis à des prix subventionnés par le Fonds National (renouvelable) pour les fourrages. Il est également possible de se procurer du fourrage sur le marché libre. À la fin de la saison des pluies, de mars à mai, les troupeaux paissent la végétation des parcours, puis dès le mois de mai ou de juin, se déplacent vers les zones agricoles de cultures pluviales ou irriguées (les zones I à IV), où ils sont nourris avec des résidus d'orge, de blé, de betterave sucrière, de coton, de maïs et de légumes. On les mène paître également sur les terrains de parcours situés dans les montagnes côtières. Le rapport terre de parcours/ovin est estimé à moins d'un hectare, fournissant environ 165 kg de biomasse sèche.

5.3 Les incidences de la sécheresse

La sécheresse a eu plusieurs effets sur l'affouragement: i) les faibles précipitations dans la région de Badia, en freinant la reconstitution de la végétation des pâturages, ont fortement amputé les réserves de fourrage; ii) la production d'orge pluvial a enregistré une forte baisse; enfin, iii) les réserves de résidus de cultures ont également fortement diminué, en raison de la chute de la production agricole.

Selon les estimations de la mission, la végétation des pâturages n'a pratiquement pas fourni de fourrage en 1998-99, alors que la production de fourrage sec est, dans les années normales, de 165 kg/ha (soit l'équivalent de 94 kg d'orge). Qui plus est, on estime que, dans les zones de cultures pluviales, la sécheresse a entraîné une diminution d'environ 64 pour cent des pailles, qui sont passées d'environ 48 tonnes par hectare en moyenne pendant les années normales à 1,7 tonne par hectare cette année.

Cette pénurie de fourrage provenant des parcours ainsi que d'autres aliments du bétail s'étant produite à une période (décembre-janvier) où un grand nombre de brebis sont normalement à un stade avancé de la gestation ou de l'agnelage, on a enregistré une forte augmentation du taux de mortalité animale, frappant essentiellement les agneaux nouveau-nés, et une moindre résistance des animaux à diverses maladies. En 1998-99, le taux de mortalité des femelles adultes a été de 10 pour cent du troupeau, contre 3 pour cent pendant les années normales. Pour les agneaux, ce pourcentage a atteint 25 pour cent, contre 4 pour cent en temps normal. Les maladies et la pénurie de fourrage ont provoqué une baisse considérable du prix des moutons, qui est passé d'environ 4 000 livres syriennes l'an dernier à 600-800 livres syriennes au mois de juillet de cette année, lorsque la mission était en Syrie.

Cette chute des revenus provenant de la vente des ovins et de leurs produits a amené bon nombre d'éleveurs nomades au bord de la ruine. Les chiffres du tableau 3 montrent cette forte amputation du revenu des ménages. Selon la mission, les recettes nettes d'un ménage nomade possédant une centaine d'ovins sont passées cette année d'environ 157 000 livres syriennes (soit 3 400 dollars des États-Unis) dans les années normales à un revenu négatif qui s'établit à 112 000 livres syriennes (2 400 dollars des États-Unis).

Tableau 3 - Revenus provenant de l'élevage d'ovins 1998/99 comparés aux années normales (en livres syriennes SP)1

   
Ventes
Dépenses
Revenu net
Agneaux
Lait
Laine
Animaux de réforme4
Fourrages essentiellement
Revenu en SP
Année normale
110 4002
60 000
4 500
15 750
33 600
157 050
1998/99
28 6003
16 400
4 220
31 500
192 650
(-111 930)

1
100 têtes dont 65 femelles adultes et 35 animaux de remplacement
2 46 animaux @ 30 kg/tête x 80 SP/kg
3 22 agneaux @ 20 kg/tête x 65 SP/kg
4 En raison des pénuries de fourrage, le nombre d'animaux de réforme a augmenté en 1998/99

La situation financière précaire d'un grand nombre d'éleveurs suscite une vive inquiétude. La plupart d'entre eux sont en effet déjà accablés par les difficultés, avec d'une part des troupeaux décimés et dans un état de santé de plus en plus critique, d'autre part un endettement de plus en plus lourd à cause des dépenses supplémentaires pour l'alimentation du bétail. Beaucoup n'ont pour ainsi dire aucun revenu pour couvrir les dépenses en nourriture et en aliments du bétail, et doivent liquider leurs avoirs pour rembourser leurs dettes. De plus, malgré tous les efforts déployés par le gouvernement pour leur venir en aide, notamment en leur fournissant des rations supplémentaires d'aliments du bétail, en leur octroyant des crédits et un sursis pour le remboursement des dettes, en les approvisionnant en produits vétérinaires, en acaricides, en vaccins et en eau, la situation reste extrêmement critique et pourrait encore empirer au cours des mois à venir.

Même dans l'hypothèse optimiste d'un retour à la normale des précipitations cette année, les éleveurs auront besoin de beaucoup de temps pour surmonter les effets de cette sécheresse. De fait, il se peut que certains ne puissent plus reprendre leurs activités ni rembourser leurs dettes. Un retour de la sécheresse cette année serait une véritable catastrophe pour la population nomade.

5.4 Les mesures gouvernementales de lutte contre la sécheresse

Compte tenu de la gravité de la sécheresse, le gouvernement, par l'entremise du Conseil de l'agriculture, a mis en _uvre une série de mesures d'urgence, notamment:

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6. APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES ET FOURRAGERS

La sécheresse de 1998/99 a eu des effets catastrophiques sur le bétail et sur les couches vulnérables de la population, en particulier les éleveurs nomades et les agriculteurs vivant dans les zones agricoles peu productives consacrées aux cultures pluviales. Bien que toutes les régions n'aient pas également été touchées, (la côte, par exemple, a moins souffert que les régions du nord-est et du sud), les précipitations ont considérablement diminué. Qui plus est, elles étaient mal réparties: faibles au moment des semis et plus abondantes à des moments où elles ne contribuent guère au développement des cultures.

Le bilan de l'offre et de la demande de céréales (blé et orge) pour la campagne de commercialisation 1999-2000 (juillet-juin) repose sur les estimations et hypothèses suivantes:

Le tableau 4 présente un bilan ainsi qu'une estimation des besoins d'importation de blé et d'orge.

Tableau 4 - Syrie: bilan céréalier pour 1999-2000 (juillet-juin), en milliers de tonnes

 
Blé1
Orge
Quantité totale disponible
3 792
480
Production
2 740
380
Prélèvements sur les stocks
1 052
100
Quantité totale utilisée
3 792
1 655
Consommation des êtres humains
3 256
 
Aliments du bétail2
 
1 4783
Autres utilisations, notamment semences et déchets
536
177
Besoins d'importation
-
1 175
Prévisions concernant les importations du gouvernement4
-
200
Déficit non couvert5
-
975

1 Blé dur produit en Syrie, à l'exclusion de petites quantités de blé tendre importées.
2 Des petites quantités de blé et d'orge peuvent également être utilisées, les unes pour l'alimentation humaine, les autres pour l'alimentation du bétail, mais elles n'ont pas été prises en compte.
3 16,2 millions d'ovins et de caprins à raison de 250 grammes par jour pendant 365 jours.
4 Cependant il ressort d'entretiens avec le Ministère de l'agriculture que ce chiffre prévu pour les importations ne sera vraisemblablement pas atteint en raison des difficultés financières.
5 Les négociants privés ont été autorisés cette année à importer de l'orge; cependant, la quantité effective sera sans doute minime en raison de la demande effective très faible des éleveurs.
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7. AIDE D'URGENCE

7.1 Aide alimentaire

La steppe syrienne de la région de Badia couvre 55 pour cent environ des terres, et se déploie sur plus de 9 des 14 provinces que compte le pays. Cette région, couverte de pâturages, a profondément souffert de la sécheresse. La population nomade, qui comprend 900 000 personnes, est constituée pour l'essentiel d'éleveurs ou d'agriculteurs semi-sédentaires. L'élevage ovin constitue l'unique moyen de subsistance pour la moitié environ de la population nomade de cette région. D'une manière générale, étant donné que les investissements, tant publics que privés, ont toujours privilégié les régions plus peuplées et les zones plus prometteuses sur le plan agricole, le développement économique y a été lent. Le PNB par habitant, estimé à 400 dollars E.-U. par habitant, est inférieur de 60 pour cent à la moyenne nationale. Depuis le milieu des années 90, le gouvernement a déployé des efforts pour favoriser la mise en valeur de la région de Badia; malgré cela, les services d'éducation et de santé dispensés à la population laissent à désirer. Bien que la scolarité soit obligatoire pour les enfants, l'analphabétisme est très répandu tant chez les hommes que chez les femmes; de nombreux enfants abandonnent l'école et moins de la moitié des enfants d'âge scolaire vont en classe. On ne dispose pas d'indicateur de santé séparé pour la région de Badia, mais, compte tenu de la médiocrité des soins préventifs et médicaux, on peut penser que l'état de santé de la population nomade est inférieur à la moyenne nationale.

Une famille typique comprend en moyenne entre 7 et 12 membres, ce qui est considéré comme un chiffre moyen, voire faible, en comparaison avec les familles nomades d'autres pays arabes où existent des systèmes de familles élargies de type tribal. Les ménages dirigés par des femmes représentent entre 3 et 5 pour cent des familles et s'intègrent généralement dans un système de famille élargie. Dans la société nomade de la région de Badia, les femmes jouent un rôle essentiel dans la gestion des affaires familiales et des travaux du ménage et participent activement aux activités agricoles ainsi qu'à la garde des troupeaux. Elles jouent aussi un grand rôle dans l'élevage des animaux: ce sont elles qui sont chargées de traire les animaux, de les nourrir à la main et de conditionner les produits laitiers.

Dans l'ensemble, on estime que 95 000 ménages environ, y compris les nomades semi-sédentaires vivant dans des provinces reculées à la périphérie de la région de Badia, ont été directement touchés par la sécheresse, à des degrés différents. Parmi eux, on trouve notamment les éleveurs propriétaires d'environ 500 ovins et les agriculteurs semi-nomades qui possèdent moins de 5 hectares de terres, consacrées à des cultures pluviales. Dans les années normales, ces ménages produisent un revenu annuel situé entre 150 000 et 200 000 livres syriennes (3 300-4 300 dollars E.-U.), grâce auquel ils peuvent subvenir à leurs besoins alimentaires et investir. Pour les éleveurs, la viande et les produits laitiers constituent la principale source de revenu; pour les agriculteurs semi-nomades, la production d'orge est également importante. Une part relativement faible du revenu provient d'activités non agricoles, d'envois de fonds, de travaux occasionnels et d'activités commerciales.

Le taux élevé de mortalité chez les animaux, la forte réduction des revenus procurés par les ovins et leurs produits, le prix élevé du fourrage sont autant de conséquences de la sécheresse qui ont gravement amputé le revenu des ménages. L'impossibilité de se procurer le minimum de fourrage indispensable les a en outre entraînés à vendre en catastrophe leur bien le plus précieux, à savoir leurs bêtes, dont les prix par conséquent ont à nouveau baissé. La situation devenant critique, de plus en plus d'éleveurs perdent des troupeaux entiers et migrent vers les zones urbaines à la recherche d'un emploi, sans grande chance de succès cependant, en raison de la forte récession économique. Puisque cette situation semble devoir empirer au fil des jours et que la possibilité de se procurer des aliments pour le bétail s'amenuise de plus en plus, il est vraisemblable que le nombre de ménages menacés par l'insécurité alimentaire va croître fortement au cours des prochains mois.

Les problèmes des femmes sont particulièrement graves dans la région de Badia. Il ne leur est guère possible de mobiliser les ressources nécessaires pour nourrir leur famille. La précarité de la vie nomade, l'absence de protection sociale et l'insuffisance des services de santé sont autant de facteurs qui aggravent leur condition et accroissent leur vulnérabilité et celle de leurs enfants. Il est indéniable que la majorité des enfants victimes de malnutrition sont issus des familles nomades marginales de la région de Badia les plus durement touchées par la sécheresse. Le déclin de leur revenu contraint de nombreuses familles à modifier leur régime alimentaire et à restreindre leurs apports caloriques.

La situation est particulièrement critique pour les groupes les plus défavorisés de la population de la région de Badia, c'est-à-dire les petits éleveurs qui sont entièrement tributaires de l'élevage ovin et qui possèdent moins de 100 bêtes (dont 50 environ destinées à la reproduction). Ce sont des nomades qui vivent tout au long de l'année dans des steppes isolées et se déplacent de pâturage en pâturage. Pendant les années normales, leur revenu net est compris entre 75 000 et 100 000 livres syriennes (1 dollar E.-U. = 46 livres syriennes), ce qui leur permet de subvenir aux besoins des ménages, notamment sur le plan alimentaire. Avec la sécheresse qui sévit actuellement, les stratégies d'adaptation sont à peine suffisantes. La plupart d'entre eux ont vendu une grande partie de leurs troupeaux à des prix dérisoires imposés par le marché et ont dû recourir à des emprunts. On estime qu'au mois de juin de cette année, les éleveurs avaient vendu plus de 65 pour cent de leurs troupeaux et accumulé des dettes correspondant à trois fois leur revenu normal d'une année. Néanmoins, pendant cette période, ils ont ainsi pu se procurer les intrants indispensables au bétail restant (fourrage, aliments du bétail, services vétérinaires) et subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles.

Les mois à venir seront critiques pour ce groupe de petits éleveurs et, dès la prochaine période de pacage (mars-avril) ils risquent d'avoir écoulé tous leurs avoirs et de ne plus être en mesure de reconstituer leurs troupeaux, ni bien sûr de rembourser leurs dettes. Le pire sera atteint lorsque les éleveurs seront forcés de vendre toutes leurs bêtes afin de se procurer les denrées alimentaires de base pour leur famille. Il est vraisemblable qu'un grand nombre de ces ménages nomades en arriveront là dans les deux prochains mois.

Laminé par l'accroissement important des dépenses imposé par la sécheresse, le revenu des éleveurs provenant du bétail et des produits de l'élevage (le lait et la laine) devrait décroître considérablement. Il en résultera sans doute une profonde modification des habitudes alimentaires des ménages, qui devront réduire ou supprimer de leur consommation les principaux aliments riches en protéines comme la viande ou les produits laitiers. La situation continuant à s'aggraver, les éleveurs devront vendre les ovins en échange de denrées alimentaires à des conditions défavorables. Bien que la farine de blé et le pain soient vendus à des prix subventionnés et qu'on les trouve sur les marchés, les consommateurs, notamment les éleveurs, doivent les payer comptant. La mission estime que pour le prix d'un mouton, un éleveur n'obtiendra pas plus de 75 kg de farine de blé, alors qu'il en obtiendrait 400 kg pendant une année normale.

Pour déterminer quels sont les éleveurs nécessitant une aide alimentaire, il a été tenu compte des critères suivants: a) les noyaux familiaux composés en moyenne de 7 membres; b) les ménages situés dans des localités reculées de la région de Badia; c) base de production faible et limitée; et d) pas d'autres actifs que le bétail. L'aide alimentaire d'urgence aidera les ménages ciblés à maintenir une alimentation suffisante et, dans la mesure du possible, à empêcher un nouvel appauvrissement jusqu'à la prochaine récolte.

À la lumière de ce qui précède, la mission estime qu'environ 47 000 familles nomades, soit 329 000 personnes menacées par l'insécurité alimentaire sont dans une situation de vulnérabilité extrême et ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. En partant de l'hypothèse que la prochaine récolte de céréales, notamment d'orge, sera satisfaisante et que les ménages nomades n'auront pas entièrement épuisé leurs avoirs et disposeront de pâturages naturels, on estime que l'aide alimentaire d'urgence sera nécessaire pour une période de 6 mois.

Les 329 000 personnes touchées auront besoin de 23 700 tonnes de farine de blé au total, à raison d'une ration individuelle de 400 grammes par jour pendant 6 mois. La farine de blé, l'aliment de base, qui représente une part importante des dépenses alimentaires pour les bénéficiaires, doit être payée au comptant. En outre, étant donné qu'il s'agit d'une opération d'urgence, la fourniture d'une denrée unique permettra un acheminement rapide et économique, surtout dans les zones reculées.

L'aide alimentaire d'urgence doit être mobilisée dans les plus brefs délais, afin de venir en aide aux ménages affectés pendant les mois difficiles qui vont venir. L'assistance devrait être coordonnée par le Comité national d'aide alimentaire (NFAC) au sein de la Commission de planification d'État. Le Comité national d'aide alimentaire, chargé de coordonner toutes les activités concernant la distribution d'aide alimentaire dans le pays, aura pour tâche de faciliter à cet égard les activités de tous les services et institutions concernés (ports, douanes, entreposage, action des autres intervenants). La farine de blé étant la seule denrée qu'il est recommandé de distribuer, il est prévu que le gouvernement en prenne directement livraison dans le port et en achemine les quantités voulues dans les provinces. Le Ministère de l'agriculture et des réformes agraires se chargera, quant à lui, de la distribution proprement dite. Les services du ministère dans les provinces affectées établiront la liste des bénéficiaires en fonction de certains critères de sélection, prendront livraison de la farine de blé et veilleront à ce que la distribution soit effectuée dans les meilleurs délais. Il faudra prévoir également des dispositifs de communication et de surveillance afin de rendre compte de chacune des étapes de cette opération de distribution alimentaire. L'aide alimentaire sera acheminée dans les ports de Lattakia ou de Tartous et tous les frais de transport, de manutention et de stockage seront à la charge du gouvernement.

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8. PROGRAMME DE SOUTIEN EN FAVEUR DU FONDS NATIONAL POUR LES FOURRAGES

L'octroi d'une aide alimentaire aux éleveurs concernés sera bien entendu déterminant pour les mois à venir; néanmoins, il est certain qu'à défaut d'une aide semblable portant cette fois sur les aliments du bétail, un nombre beaucoup plus important de ménages nomades seront menacés par les pénuries alimentaires l'année prochaine.

Les ovins représentent la principale richesse des populations bédouines de la région de Badia, ainsi que leur principal moyen de subsistance. De plus, la sécheresse de 1998/99 étant la pire enregistrée depuis 40 ans, les éleveurs n'y étaient pas préparés et n'avaient pratiquement aucun moyen de faire face à ses effets dévastateurs. De ce fait, la plupart des familles perdent rapidement leur bétail, à cause des maladies, de la famine, ou des ventes rendues inévitables pour le remboursement des prêts ou la satisfaction des besoins fondamentaux.

Les ovins ont déjà durement souffert de pénuries alimentaires au cours des 8 à 10 derniers mois. Les pertes ont été nombreuses et la production réduite. De plus, en raison de la baisse de la production agricole globale, les quantités disponibles de plantes fourragères et de résidus de récoltes, qui représentent une part essentielle de l'alimentation des troupeaux, ont beaucoup diminué. Si les précipitations étaient normales lors de la prochaine saison des pluies, à partir d'octobre, il faudrait de grandes quantités supplémentaires de fourrage à seule fin de maintenir les troupeaux dans un état de santé acceptable.

L'orge est le produit le plus adéquat pour servir de fourrage complémentaire, car il est moins cher et peut être transporté plus facilement que la plupart des autres types de fourrage. Le bilan céréalier pour 1999/2000 (Tableau 4) montre qu'environ 1,18 million de tonnes d'orge devra être importé l'année prochaine pour permettre d'assurer des rations d'un kilo de fourrage par animal, y compris les résidus de récoltes, le fourrage et la pâture.

Bien que le gouvernement ait autorisé le secteur privé à importer de l'orge pour compenser la pénurie de fourrage, les commerçants ne sont guère incités à importer des quantités aussi importantes, puisque la plupart des éleveurs nomades n'ont pas le pouvoir d'achat qui leur permettrait de se procurer des céréales sur le marché libre. Il faudra donc leur consentir des prêts ou leur accorder des crédits. Compte tenu toutefois de la récession économique et de l'importance des dépenses extrabudgétaires que le gouvernement a déjà dû engager pour apporter de l'aide aux éleveurs d'ovins, les ressources financières nécessaires pour importer des quantités supplémentaires d'orge au cours de l'année prochaine et pour le fournir à crédit sont considérablement réduites. Afin de préserver les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des éleveurs, une aide internationale portant sur la fourniture d'aliments pour les animaux est indispensable. Cette aide pourra prendre la forme soit d'un soutien financier direct au Fonds national pour les fourrages3, soit de programmes d'aide bilatéraux ou d'importations à des conditions de faveur.

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9. MESURES À MOYEN TERME

S'il y a une leçon à tirer de cette grave sécheresse, c'est qu'il est nécessaire de développer des stratégies pour atténuer les conséquences des sécheresses à l'avenir. Il existe déjà un nombre impressionnant de recommandations à cet égard, émanant du Centre international pour la recherche agricole dans les zones arides, qui a son siège en Syrie, et de la Direction nationale de la recherche agricole. Le gouvernement, en collaboration avec la FAO, pourrait promouvoir l'adoption de ces recommandations. Les domaines prioritaires pourraient comprendre notamment:

Le gouvernement a également manifesté son intérêt pour la mise en place d'un système d'alerte rapide avec l'aide de la FAO.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant.

Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Courrier électronique:[email protected]

Khaled Adly
Directeur régional, OMN, PAM, Le Caire, Egypte
Télécopie: 00202-3500-716
Courrier électronique:[email protected]

Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l'adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

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2 L'analyse des besoins se fonde sur les fourrages nécessaires au bétail ovin et caprin. Il faudra aussi importer du maïs et des aliments concentrés pour la volaille et les bovins, mais le secteur privé pourra s'en charger, comme d'habitude.

3 Le Fonds national pour les fourrages est géré par l'Etablissement public des fourrages qui fournit des fourrages supplémentaires aux coopératives à crédit, par l'intermédiaire d'un fonds autorenouvelable.