FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.5 - Novembre 1999 - P. 13

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SUCRE

La chute abrupte des cours mondiaux du sucre s'est poursuivie en 1999, atteignant le niveau le plus bas enregistré en 13 ans, soit 4,78 cents E.-U. la livre fin avril 1999. Une certaine reprise s'est produite depuis lors, soutenue essentiellement par les importations importantes de la Fédération de Russie, les commerçants essayant de s'approvisionner avant l'entrée en vigueur le 1er août des droits saisonniers à l'importation de 45 pour cent. Les droits saisonniers de la Fédération de Russie sont applicables du 1er août au 30 novembre. Toutefois, les prix demeureront probablement peu élevés pendant le restant de 1999 étant donné que les stocks mondiaux ont continué de s'accroître.

Selon les estimations préliminaires de la FAO, la production mondiale de sucre de 1999/2000 devrait encore augmenter de 2,5 pour cent, pour atteindre 134,3 millions de tonnes (en valeur brute). Cet accroissement serait essentiellement dû à l'expansion en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Extrême-Orient et dans la CE, la part du sucre de canne continuant de représenter près de 72 pour cent de la production mondiale de sucre, soit un peu plus de 97 millions de tonnes. La production de sucre de betterave augmenterait de façon générale de 400 000 tonnes, en raison essentiellement de la croissance dans la CE et aux États-Unis. La production de sucre de betterave aurait été plus élevée, mais elle a été partiellement atténuée par la baisse de la production dans d'autres pays producteurs, comme la Turquie et la Chine.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, la production en 1999/2000 est estimée à 40,1 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de 3 pour cent par rapport à la récolte de l'année précédente. Une superficie récoltée plus grande devrait accroître la production de sucre du Brésil d'environ 4 pour cent, laquelle s'établirait à 19,9 millions de tonnes. Les perspectives sont également meilleures à Cuba, où la production est estimée à environ 3,8 millions de tonnes, par suite de l'adoption de mesures visant à améliorer l'efficience du secteur; par ailleurs, la production du Mexique devrait demeurer sensiblement au même niveau que pendant la campagne précédente, soit environ 5,1 millions de tonnes.

Dans les pays en développement de l'Afrique, on prévoit un déclin d'environ 6 pour cent de la production, qui s'établirait à 4,3 millions de tonnes, essentiellement du fait des conditions météorologiques à Maurice, où la production devrait tomber à moins de 400 000 tonnes, soit une baisse par rapport aux 680 000 tonnes produites en 1998/99.

La production devrait également chuter au Proche-Orient et s'établir à 5,2 millions de tonnes, principalement en raison de l'introduction d'une nouvelle politique générale en Turquie visant à réduire les niveaux élevés des stocks. La nouvelle politique récompense les producteurs faisant état d'une meilleure productivité plutôt que d'une production plus élevée du fait d'une expansion des superficies. La production est actuellement estimée à 2,2 millions de tonnes, soit 600 000 tonnes de moins que lors de la récolte de l'année précédente.

Une augmentation de la production d'environ 900 000 tonnes, soit 2,3 pour cent, est prévue pour l'Extrême-Orient, reflétant une hausse de la production dans un certain nombre de pays. La production en Inde s'accroîtrait d'environ 5 pour cent, pour s'établir à 17,3 millions de tonnes, les prix rémunérateurs du sucre de canne ayant encouragé l'expansion des superficies cultivées. En Thaïlande et en Indonésie, les bonnes conditions météorologiques et la meilleure qualité du sucre de canne devraient entraîner une production de 6,1 millions de tonnes et de 1,9 million de tonnes, respectivement. Toutefois, on estime que la production en Chine baissera, passant de 9 millions de tonnes à 8,4 millions de tonnes, ce qui reflète les difficultés financières du secteur et l'appui réduit des pouvoirs publics, qui favorisent plutôt la production céréalière.

Parmi les pays développés, la production devrait s'accroître dans la CE et aux États-Unis en raison de l'amélioration des rendements de la betterave. On estime la production à 18,7 millions de tonnes et 8,1 millions de tonnes, respectivement, ce qui représente des augmentations de 5 pour cent et de 7 pour cent, respectivement. La production dans la Fédération de Russie devrait également augmenter de 100 000 tonnes pour atteindre 1,5 million de tonnes, en raison d'une plus grande superficie récoltée, tandis qu'en Ukraine, de plus faibles rendements sont prévus, qui devraient freiner la production et l'établir à 1,9 million de tonnes. En Australie, on prévoit une hausse de la production de 10 pour cent, pour atteindre 5,4 millions de tonnes après le fléchissement de l'année dernière du fait des conditions météorologiques.

PRODUCTION ET CONSOMMATION MONDIALES DE SUCRE CENTRIFUGÉ

     
Production
  Consommation
1998/ 99
1999/ 2000
1999
2000
    (. . millions de tonnes, équivalent sucre brut . .)
MONDE
131,1
134,3
125,9
128,2
Pays en développement
89,1
90,6
80,6
82,6
Amérique latine
38,9
40,1
23,1
23,5
Afrique
4,6
4,3
6,6
6,8
Proche Orient
5,6
5,2
9,6
9,9
Extrême Orient
39,7
40,6
41,1
42,3
Océanie
0,4
0,5
0,1
0,1
Pays développés
42,0
43,8
45,3
45,6
Europe
22,0
22,9
19,7
19,7
dont: CE
(17,8)
(18,7)
(14,4)
(14,4)
Amérique du Nord
7,6
8,2
10,4
10,5
CEI
3,9
3,9
9,7
9,8
Océanie
4,9
5,4
1,2
1,2
Autres pays
3,5
3,4
4,3
4,3

Selon les prévisions, la consommation mondiale de sucre devrait encore être inférieure à la production. La FAO estime la croissance de la consommation mondiale de sucre à environ 1,9 pour cent, donnant un total mondial de 128,2 millions de tonnes, ce qui s'ajouterait à un accroissement supplémentaire des stocks déjà conséquents. Les taux de croissance seraient plus élevés dans les pays en développement (2,5 pour cent) que dans les pays développés (0,7 pour cent), reflétant essentiellement la croissance démo-graphique dans les deux cas. La croissance économique est un facteur important dans les pays en développement, mais non dans les pays développés où l'on estime que la consommation par habitant est saturée.

Avec la reprise économique en Extrême-Orient, on s'attend à une accélération des taux de croissance de la consommation dans cette région. Des pays comme la République de Corée et la Malaisie qui ont connu une croissance négative de la consommation en 1998, devraient voir s'opérer un revirement complet en 1999/2000, soutenu par une plus forte demande en sucre de l'industrie. L'Inde devrait consolider sa position en tant que premier pays consommateur de sucre au monde avec 17,2 millions de tonnes, reflétant une abondante disponibilité et des prix réduits. En revanche, la consommation en Chine restera probablement stable, à 8,9 millions de tonnes, du fait d'une utilisation accrue d'autres types d'édulcorants.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, près de 60 pour cent de la consommation de sucre, estimée à 23,5 millions de tonnes, est concentrée au Brésil et au Mexique. La consommation au Brésil devrait légèrement augmenter pour s'établir à 9,4 millions de tonnes, tandis que les niveaux au Mexique devraient demeurer stables à 4,4 millions de tonnes environ.

Parmi les pays développés, la consommation en Europe devrait demeurer stable à 19,7 millions de tonnes, tandis qu'aux États-Unis, une augmentation de l'utilisation industrielle est probable, représentant une hausse de 1,7 pour cent pour s'établir à 9,2 millions de tonnes.

L'estimation du commerce mondial du sucre en 1999/2000 est largement tributaire de la politique d'exportation du Brésil. Le Brésil a la possibilité d'exporter jusqu'à 10 millions de tonnes de sucre à des prix compétitifs, contribuant à près d'un tiers des exportations mondiales. Toutefois, à la suite de la hausse récente des prix du pétrole, de plus grandes quantités de canne peuvent être déviées vers la production d'alcool, ce qui contribuerait à relâcher la pression exercée sur les prix. Des disponibilités plus grandes à l'exportation sont également estimées pour la CE, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Toutefois, la demande d'importation devrait demeurer sensiblement inchangée étant donné que la Fédération de Russie, la CE et le Japon devraient demeurer de gros importateurs. D'après l'évaluation actuelle de l'offre et de la demande sur le marché mondial du sucre, on s'attend à ce que les réserves mondiales continuent de s'accroître, ce qui entraînerait un ratio stocks/consommation supérieur à 40 pour cent.


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