FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.5 - Novembre 1999 - P. 8

Previous PageTable Of ContentsNext Page


UTILISATION

Atonie persistante de la demande de céréales fourragères en 1998/99

Plusieurs facteurs ont contribué à l'évolution récente de l'utilisation céréalière pour l'alimentation animale dans plusieurs pays d'Asie:

L'utilisation mondiale de céréales pourrait connaître une expansion en 1999/2000 mais la demande de céréales pour l'alimentation animale demeurera faible

 

Atonie persistante de la demande de céréales fourragères en 1998/99

En 1998/99, l'utilisation totale des céréales n'a été que légèrement supérieure à celle de la campagne précédente, pour se situer à 1 866 millions de tonnes. À ce niveau, l'utilisation céréalière totale serait légèrement inférieure à sa tendance à long terme, après avoir été supérieure à la tendance pendant les deux campagnes précédentes. Le volume des céréales utilisées pour l'alimentation humaine a augmenté d'environ 2 pour cent, tandis que les utilisations fourragères ont légèrement diminué par rapport à la campagne précédente.

Dans l'ensemble, la croissance de la consommation alimentaire dans le monde a légèrement dépassé celle de la population, ce qui a entraîné une légère augmentation de la consommation alimentaire de céréales par habitant en 1998/99. On estime que cette augmentation s'est produite essentiellement dans les pays en développement et dans les Républiques de la CEI, notamment dans la Fédération de Russie où des produits céréaliers moins coûteux, comme le pain, ont remplacé des denrées alimentaires plus coûteuses et bien souvent importées, dont les prix avaient augmenté en raison de la dévaluation du rouble. Des récoltes supérieures à la moyenne en 1998 dans de nombreuses régions d'Afrique et des récoltes exceptionnelles dans certains pays d'Asie, notamment en Chine, en Inde et au Pakistan, ont contribué à l'augmentation de la consommation alimentaire de céréales dans les pays en développement.

CONSOMMATION CÉRÉALIÈRE PAR HABITANT

  1997/98 1998/99 1998/2000 prévis.
  (. . . . . kg. par habitant . . . . .)
Pays en déve-
loppement

171.5

172.4

172.1
Pays déve-
loppés

129.5

129.9

130.0
TOTAL 162.1 163.1 163.0
Pays à faible
revenu et à dé- ficit alimentaire
(non compris la Chine et l'Inde)

177.7


(157.5)

178.9


(159.9)

178.6


(159.6)
Blé 70.6 70.7 70.9
Céréales sec. 32.4 33.0 32.5
Riz (usiné) 59.2 59.4 59.6

Malgré une baisse constante des cours des céréales durant cours de la campagne 1998/99, qui aurait normalement dû stimuler la demande, on estime que l'utilisation des céréales pour l'alimentation animale dans le monde a légèrement baissé. En 1998/99, cette utilisation se situait à 656 millions de tonnes, soit un pour cent environ de moins que l'année précédente. Cette faible croissance de l'utilisation fourragère des céréales est en partie imputable au ralentissement des économies de l'Asie, qui a freiné les dépenses des consommateurs pour les produits de l'élevage et, par conséquent, a fait baisser la demande de céréales fourragères (voir encadré page 21). De surcroît, l'utilisation globale de céréales pour l'alimentation animale a également diminué dans les pays développés, notamment en raison de la contraction du secteur de l'élevage dans les nouvelles économies d'Europe de l'Est et de la CEI. Dans la Fédération de Russie, l'utilisation des céréales pour l'alimentation animale a subi un recul marqué en raison de la forte baisse de la production céréalière en 1998. En revanche, l'abondance de l'offre céréalière et la faiblesse des prix intérieurs dans la Communauté européenne ont stimulé l'utilisation fourragère des céréales dans plusieurs pays, qui a atteint un niveau record pour l'ensemble de la Communauté en 1998/99. Aux États-Unis, l'utilisation totale des céréales pour l'alimentation animale est restée pratiquement inchangée par rapport à la campagne précédente, la hausse de l'utilisation du maïs et du blé compensant la diminution de l'utilisation d'autres céréales pour l'alimentation animale.

Dans les pays en développement, l'utilisation totale de céréales pour l'alimentation animale en 1998/99 est demeurée pratiquement constante par rapport à l'année précédente en raison d'un fléchissement de la demande dans les pays les plus durement touchés par la crise financière comme l'Indonésie, la République de Corée et la Malaisie. La Chine, qui avait enregistré récemment une forte poussée de l'utilisation des céréales pour l'alimentation animale, a connu une reprise en 1998/99, en partie en raison d'approvisionnements intérieurs supérieurs à la moyenne. Ailleurs, l'utilisation des céréales pour l'alimentation animale a fléchi au Brésil, essentiellement en raison d'une récolte de maïs moins abondante en 1998.

Les autres utilisations des céréales, y compris les pertes après-récolte, les semences et les emplois industriels ont accusé un recul par rapport au niveau record de 1997/98, malgré une croissance constante des utilisations industrielles des céréales dans certains grands pays producteurs.

UTILISATION CÉRÉALIÈRE MONDIALE

 
1997/98
1998/99
1999/2000 prévis.
 
( . . . millions de tonnes . . . )
Utilisation total
 
 
 
Monde
1 865
1 866
1 876
Pays en développement
1 110
1 128
1 142
Pays développés
755
739
734
Alimentation 1/
 
 
 
Monde
946
964
976
Pays en développement
778
795
806
Pays développés
168
169
170
Fourrages
 
 
 
Monde
664
656
648
Pays en développement
223
224
227
Pays développés
441
432
422
Autres utilis. 2/
 
 
 
Monde
255
246
252
Pays en développement
109
109
110
Pays développés
146
138
143

Plusieurs facteurs ont contribué à l'évolution récente de l'utilisation céréalière pour l'alimentation animale dans plusieurs pays d'Asie:

L'évolution du marché mondial des céréales au cours des deux dernières campagnes a été en partie conditionnée par la crise financière qu'ont connue de nombreux pays asiatiques depuis le milieu de l'année 97. Cette crise a eu pour principales conséquences la dévaluation des monnaies locales, la hausse de l'inflation, l'augmentation des taux d'intérêt et, finalement, un ralentissement de la croissance économique. Ces effets se sont faits particulièrement sentir en Indonésie, en République de Corée, en Malaisie, aux Philippines et en Thaïlande. Les marchés céréaliers de ces pays ont notamment ressenti les effets de ces événements sur la demande en céréales secondaires, qui a subi le contrecoup d'une diminution de la demande pour les produits de l'élevage, relativement sensible aux fluctuations des prix et des revenus. Les céréales secondaires représentent 80 à 85 pour cent de toutes les céréales fourragères dans ces cinq pays d'Asie.

Le ralentissement et, dans certains cas la diminution, de la croissance des revenus et la hausse des prix consécutifs à la dévaluation des monnaies ont contribué à la diminution de l'utilisation des céréales secondaires pour l'alimentation animale de ces cinq pays. Après plusieurs années d'augmentation jusqu'à la flambée des prix de 1995/96, l'utilisation globale des céréales secondaires pour l'alimentation animale a commencé à fléchir, passant d'un record de 20,6 millions de tonnes en 1995/96 à 17,6 millions de tonnes en 1998/99. Il existe certaines raisons de penser qu'un autre facteur, soit le changement constaté dans les prix relatifs du blé et des céréales secondaires, a pu également contribuer à faire baisser la demande de céréales secondaires fourragères au cours de cette période, en particulier en République de Corée qui est le plus important utilisateur et importateur de céréales de ces cinq pays. Sur la base des prix Golfe des États-Unis annuels moyens fob, le cours international du blé par rapport à celui du maïs a chuté de 7 pour cent entre 1996/97 et 1998/99.1/, ce qui a modifié l'assortiment de céréales utilisé pour l'alimentation animale en République de Corée. Par rapport à 1995/96, l'utilisation moyenne de blé fourrager a augmenté de quelque 900 000 tonnes au cours de la période 1996/97-1998/99, tandis que l'utilisation fourragère de céréales secondaires a diminué de 1,6 million de tonnes.

D'autres facteurs ont pu, toutefois, atténuer dans une certaine mesure les conséquences négatives de la crise financière pour l'utilisation des céréales secondaires dans ces pays. En Indonésie, par exemple, les autorités ont, début 1998, appliqué aux importations de maïs et autres ingrédients de l'alimentation animale un taux de change inférieur à celui du marché libre, afin d'alléger le fardeau financier pour le secteur de l'élevage. Ces mesures, ainsi que des prêts à des conditions spéciales pour le secteur de la volaille, ont contribué à maintenir les importations à des niveaux qui, n'eût été de l'intervention du gouvernement, auraient peut-être été plus bas. La Thaïlande a continué d'importer du maïs, en quantités nettement plus importantes en 1997/98, en raison de la demande soutenue pour les volailles d'exportation dont les prix, suite à la dévaluation du baht, étaient devenus avantageux. En République de Corée, les droits de douane sur les importations ont été éliminés pour le maïs et le blé destinés à l'alimentation animale à compter de juillet 1998. Aux Philippines, les droits de douane pour le blé fourrager ont été abaissés en 1998 dans le cadre d'un programme de réduction des tarifs douaniers amorcé en 1996. Enfin, certains pays développés gros exportateurs de céréales ont augmenté leurs offres de crédit à l'exportation au cours de la campagne 1997 jusqu'à 1998 pour encourager les achats de céréales tant alimentaires que fourragères.
________________________
1/ La relation entre les prix est mesurée sur la base du blé US No 2 qui est de qualité alimentaire. Le blé utilisé pour l'alimentation animale n'est pas normalisé et ne fait donc pas l'objet d'un cours international officiel, mais son prix est fixé en dessous du blé No 2 et on présume qu'il a également baissé par rapport au cours du maïs.

L'utilisation mondiale de céréales pourrait connaître une expansion en 1999/2000 mais la demande de céréales pour l'alimentation animale demeurera faible

On prévoit une augmentation de 1 pour cent de l'utilisation mondiale de céréales en 1999/2000, qui atteindra 1 876 millions de tonnes, dépassant ainsi pour la première fois en quatre ans la production mondiale. De façon générale, la consommation alimentaire de céréales devrait augmenter au même rythme que la population, mais on prévoit pour la troisième année consécutive une diminution de l'utilisation des céréales pour l'alimentation animale. La totalité de l'augmentation prévue dans l'utilisation des céréales se produira dans les pays en développement, et intéressera principalement les céréales pour la consommation humaine, alors que l'utilisation totale dans les pays développés continuera de reculer en raison de la faiblesse de la demande de céréales fourragères.

L'essentiel de la diminution de l'utilisation fourragère de céréales en 1999/2000 devrait se produire dans les pays développés, principalement en raison de la contraction de la demande de produits de l'élevage dans la Fédération de Russie. Pour la neuvième année consécutive, on prévoit une contraction du secteur de l'élevage, imputable en partie à l'inclusion de viande bovine dans l'enveloppe d'aide alimentaire fournie à la Fédération de Russie, ce qui entraînera une diminution de l'utilisation des céréales pour l'alimentation animale. Chez les autres grands producteurs de céréales, l'utilisation céréalière pour l'alimentation animale au Canada devrait rester inchangée par rapport à la campagne précédente en raison de la stabilité du cheptel. À la différence de la campagne précédente, l'utilisation céréalière pour l'alimentation animale dans la CE pourrait être en deça du niveau record révisé pour 1998/99, en partie en raison de la disponibilité de produits d'alimentation animale non céréaliers moins coûteux. Quant aux États-Unis, le plus gros utilisateur de céréales pour l'alimentation animale dans le monde, les prévisions officielles actuelles laissent entrevoir une légère augmentation de l'utilisation fourragère des céréales par rapport à l'année précédente car, si le cheptel devrait demeurer stable, on prévoit une augmentation de la ration de céréales par unité d'élevage par rapport à 1998/99.

La reprise de la croissance économique dans plusieurs pays asiatiques pourrait se traduire par une augmentation d'au moins un pour cent de l'utilisation globale pour l'alimentation animale dans les pays en développement, ce qui constituerait la première augmentation appréciable depuis le début de la crise financière dans certains pays d'Asie du Sud-Est, il y a plus de deux ans. Dans les cinq pays d'Asie mentionnés plus haut, le volume de céréales utilisé pour l'alimentation du bétail devrait augmenter légèrement cette année en raison d'un fléchissement des prix et d'une reprise modeste du secteur de l'élevage.


Previous PageTop Of PageTable Of ContentsNext Page