SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN AZERBAÏDJAN

8 décembre 1999

1. INTRODUCTION

Le présent rapport présente les résultats d'une mission conjointe FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires. Un fonctionnaire de la FAO s'est rendu dans le pays du 8 au 12 novembre et des fonctionnaires du PAM en poste en Azerbaïdjan se sont joints à lui. Le but de cette mission était d'obtenir des estimations fiables et à jour de la production alimentaire en 1999, de déterminer les principales contraintes à l'accroissement de la production vivrière et d'évaluer les perspectives des récoltes et des disponibilités alimentaires en l'an 2000. Tout au long de son séjour, la mission a bénéficié du précieux concours du Gouvernement, de la Banque mondiale et de nombreuses ONG. Elle est particulièrement reconnaissante à OXFAM qui a organisé une visite de terrain à Barda, importante zone productrice de blé, ce qui a permis à la mission de constater par elle-même les difficultés et les problèmes que connaissent actuellement les producteurs de blé.

2. VUE D'ENSEMBLE

Malgré la stabilité financière et la reprise régulière du PIB depuis 1997 et malgré des réformes de fond axées sur le marché, la production du secteur agricole augmente lentement. Les superficies cultivées diminuent régulièrement et les rendements restent faibles. Cependant, on constate une évolution vers des cultures plus rentables et vers l'élevage depuis la privatisation des terres et les rendements des cultures en 1999 se sont accrus grâce à l'amélioration des conditions agro-climatiques en 1998-99. L'effectif des ruminants augmente mais la productivité reste faible.

Après avoir atteint un sommet en 1997, les emblavures de blé ont diminué par suite de la concurrence des importations après la libéralisation du commerce des céréales. L'absence d'accès au crédit pour l'achat de semences de qualité et d'engrais, et l'approvisionnement irrégulier en eau d'irrigation, empêchent les agriculteurs d'améliorer les rendements et la qualité du blé pour pouvoir être compétitifs avec les importations en zone urbaine, et de plus en plus aussi en milieu rural.

Les autres contraintes freinant l'accroissement de la production vivrière intérieure incluent l'infrastructure insuffisante pour la commercialisation et le mauvais état de l'industrie de transformation des produits agricoles ainsi que l'absence d'investissements importants dans de nouveaux moyens de transformation. Mais surtout, l'absence de cadre institutionnel favorable aux secteurs de la production, de la transformation et de la commercialisation limite beaucoup les investissements dans la transformation des produits agricoles et la croissance du secteur. De plus en plus, les ménages ruraux produisent de la nourriture pour la consommation familiale et vendent leurs excédents sur les marchés ruraux, n'ayant guère accès aux marchés urbains en expansion.

En 1999, on prévoit que la production de céréales atteindra 1 090 000 tonnes, soit 14 pour cent de plus que l'année précédente, mais près de 20 pour cent de moins qu'en 1991. L'amélioration des rendements attribuable aux meilleures conditions météorologiques et à la bonne gestion des exploitants privés a compensé la forte réduction des emblavures. La production de pommes de terre et de légumes a augmenté mais celle de coton, de thé, de tabac et de raisin a continué à baisser. La production de viande, de lait et d'_ufs a progressé.

Dépourvu de crédits et d'infrastructures, le secteur agricole stagne dans une situation caractérisée par un faible apport en intrants et une faible production. On ne peut guère s'attendre à une reprise importante tant que la capacité financière du secteur ne se sera pas améliorée, que des instituts de crédit ruraux n'auront pas été créés et que les systèmes de drainage et d'irrigation ne seront pas remis en état. Toutefois, la loi anticorruption de 1999 et le système de taxation des agriculteurs moins sévère et plus transparent sont des signes positifs. Les projets financés par des donateurs devraient aussi avoir une incidence positive dans certaines zones.

Il n'y a pas de pénurie vivrière sur les marchés ruraux ni urbains car le déficit de la production intérieure est compensé par les importations tandis que les marchés ruraux sont excédentaires. En zone urbaine, les importations de blé et de farine se substituent à la production locale et l'accroissement de la demande découlant de l'augmentation rapide des revenus est presque entièrement couvert par des importations, notamment de produits transformés et de volaille. Les importations de produits transformés et de farine gagnent la plupart des marchés ruraux, même dans les grandes zones productrices de blé.

3. ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION ALIMENTAIRE

3.1 Cadre macro-économique et politique générale

Les réformes macro-économiques entreprises en 1996 ont freiné le fort déclin enregistré depuis 1990 et le pays connaît une croissance régulière de son PIB depuis 1997. Cette croissance est alimentée essentiellement par les investissements dans l'industrie pétrolière et les secteurs connexes. Les dépenses dans le secteur pétrolier entraînent une augmentation de la production des secteurs de la construction et des services et stimulent les importations, mais elles ne sont pas parvenues à accélérer la croissance de l'agriculture et du secteur manufacturier. La forte chute de la production qui a caractérisé la période 1992-94 a pu être stoppée mais la production du secteur agricole et du secteur manufacturier s'est stabilisée à des niveaux correspondant respectivement à 50 pour cent et 30 pour cent de ceux de 1990. Le manat est resté stable et s'est apprécié en valeur réelle et par rapport au rouble. La Fédération de Russie voisine étant le principal partenaire commercial, le marché de la production agricole est directement influencé par la situation de ce pays. Le secteur agricole emploie environ un tiers de la population et assure la subsistance et la sécurité alimentaire de 45 pour cent des ménages. La part de l'agriculture dans le PIB est tombée de 30 pour cent au début des années 90 à 20 pour cent en 1998, mais sa contribution à l'emploi est restée relativement stable, avec environ un tiers des emplois totaux.

La production alimentaire est toujours faible malgré la stabilité financière et les réformes de fond introduites en 1997. L'abolition du système étatique, des contingents d'exportation et d'importation et des formalités de licence a libéralisé les prix à la production, le commerce et la commercialisation. Les sociétés commerciales d'État opérant dans les secteurs du blé et du coton ont été privatisées ou mises en liquidation et le marché du blé est très concurrentiel, sans pour autant être transparent. Par ailleurs, la privatisation et la distribution de 1,3 million d'hectares de terres cultivées à 790 000 ménages, touchent à leur fin. (en octobre 1999, 1,17 million d'hectares avaient été privatisés et distribués à 90 pour cent des ménages remplissant les conditions requises). Les agriculteurs sont à présent libres de choisir quoi planter et où vendre. Cependant, leur choix reste fortement limité par un ensemble de contraintes financières, infrastructurelles et institutionnelles. Nous examinerons tout d'abord ces contraintes car elles influent fortement sur le résultat des récoltes de 1999 et les perspectives de la production vivrière de la prochaine campagne.

3.2 Contraintes

Bien que le potentiel agricole national soit important, il semblerait qu'à court terme les possibilités d'accroissement de la production soient limitées. Cela s'explique par la nature des contraintes auxquelles sont confrontés les agriculteurs - et l'économie en général - qui nécessiteront des investissements considérables dans l'infrastructure et un délai pour permettre de changer les habitudes et de constituer une capacité institutionnelle et technique pour créer un environnement propice, plutôt que pénalisant, pour l'entreprise.

La privatisation des terres a permis d'améliorer les rendements en 1999, mais la taille moyenne des exploitations privées reste faible, moins de 5 hectares, avec une fourchette de 3 à 10 hectares. Il arrive que les terres privatisées n'ait pas bénéficié de techniques modernes, telles que pompes d'irrigation et courant électrique, et doivent se contenter de l'eau de pluie alors que la plupart des cultures doivent être irriguées, surtout les cultures de printemps et d'été. La fertilité du sol est épuisée par de nombreuses années d'emploi inapproprié des engrais, de mauvaise rotation des cultures, de salinisation due au mauvais état du système de drainage, d'érosion (de nombreux arbres ont été abattus pour avoir du combustible en raison des pénuries d'énergie) et de la pollution. Environ 1,4 million d'hectares de terres arables (31 pour cent) ont des sols peu fertiles. L'emploi d'engrais et de produits agrochimiques a chuté de 87 kg d'ingrédients actifs par hectare cultivé en 1990 à 5 kg en 1997 (dernières données disponibles).

Il y a peu de capitaux disponibles pour acheter des intrants permettant d'accroître les rendements après plusieurs années (1992-1995) d'inflation galopante et de termes de l'échange négatifs pour l'agriculture, trois années d'arriérés de paiement des salaires dans les fermes d'État et un manque chronique de crédit pour financer les opérations. La loi sur le marché foncier approuvée en 1999 réglemente la vente et l'achat de la terre et autorise la vente de terres hypothéquées comme garantie en cas d'impossibilité de rembourser le crédit. Mais, actuellement, aucune banque n'opère en zone rurale et les banques commerciales préfèrent prêter aux négociants. À l'heure actuelle, le crédit disponible pour financer des dépenses d'exploitation ou d'investissement dans les exploitations agricoles se limite aux faibles montants fournis dans le cadre des programmes financés par des donateurs, en particulier la Banque mondiale et le Programme d'assistance technique de la Communauté européenne à la Communauté des États indépendants (TACIS). Même si les agriculteurs avaient les moyens de se procurer des intrants, ceux-ci sont introuvables car la production intérieure a cessé (pour les engrais) ou est insuffisante (pour les semences) et rien ne garantit leur qualité.

L'agriculture est fortement tributaire de l'irrigation, mais les disponibilités d'eau d'irrigation sont insuffisantes ou aléatoires. Environ 1,6 million d'hectares sont dotés d'un système d'irrigation, mais les systèmes ne fonctionnent que sur 1,1 million d'hectares (soit les deux tiers des terres cultivées). Lorsque les systèmes sont opérationnels, l'alimentation en eau est incertaine, en raison du mauvais état des services d'entretien et de réparation (ainsi que des pompes); de la difficulté pour les groupements d'agriculteurs privés de s'entendre sur les modalités d'emploi, des coupures de courant fréquentes et de l'absence de transparence dans le contrôle du flux de l'eau.

Il est difficile de se procurer en temps opportun des machines agricoles. Le matériel en état de marche est limité et très souvent obsolète et inadapté à de petites parcelles. La terre et le bétail ont été privatisés assez rapidement, mais la privatisation du matériel agricole est rendue extrêmement compliquée par l'absence de directives claires et par des problèmes découlant de l'endettement des anciennes fermes d'État. De nombreux petits agriculteurs ou groupes d'agriculteurs ont eu beaucoup de difficultés à semer et récolter en temps voulu. Par conséquent, la campagne de semis du blé d'hiver de septembre/octobre pourrait se prolonger jusqu'en décembre, ce qui retarderait également la récolte et compromettrait les rendements. Les pertes au moment de la récolte sont anormalement élevées en raison du type de matériel agricole employé et des retards dans les récoltes.

La commercialisation de l'excédent de production par rapport aux besoins de consommation des ménages est à la fois difficile et onéreuse. Les marchés ruraux ont un excédent de produits périssables, mais l'accès aux marchés urbains et extérieurs est limité par les carences de l'infrastructure, la médiocrité du secteur de la transformation et de la commercialisation et les nombreuses taxes non officielles prélevées à intervalles réguliers dans la chaîne de commercialisation et aux frontières. La plupart des grandes usines de transformation ont fermé ou fonctionnent sur une toute petite échelle. Avant 1991, le secteur de la transformation agricole représentait jusqu'à 45 pour cent de la production industrielle et une grande part des aliments transformés était exportée. À l'heure actuelle, une très faible quantité de la production intérieure est transformée et exportée. La demande subit aussi les effets directs de la situation dans la Fédération de Russie voisine. La dévaluation du rouble en 1998/99 a entraîné l'importation de grandes quantités de blé et d'autres biens à très bas prix, tandis que les exportations ont chuté par suite du recul du pouvoir d'achat du rouble.

L'absence de banque agricole opérationnelle et d'un système d'irrigation en bon état de marche vient s'ajouter à la corruption omniprésente qui accroît sensiblement le coût de toutes les opérations, à tous les niveaux de la chaîne de production et de commercialisation et aux frontières. La corruption réduit l'avantage comparatif de la production intérieure sur les marchés urbains, mine la compétitivité des exportations et décourage les investissements dans le secteur agricole et les industries de transformation des produits agricoles. Cela a déterminé une augmentation rapide des importations de produits alimentaires transformés, qui ont pénétré la totalité du territoire national.

4. PRODUCTION DE CULTURES VIVRIÈRES EN 1999

Comme l'indique le tableau ci-dessous, l'étendue totale des cultures vivrières baisse constamment depuis le milieu des années 90 (où elle était de 1,2 million d'hectares), c'est-à-dire après l'occupation des terres à Nagorno Karabakh et aux alentours, quand le pays a perdu environ un cinquième de sa superficie. Le recul a touché surtout les cultures fourragères et commerciales nécessitant une transformation (coton et fruit/raisins). L'étendue des emblavures est restée relativement stable jusqu'en 1998, le blé remplaçant petit à petit les autres céréales, surtout les céréales secondaires. Depuis 1998, et après la privatisation des monopoles d'État pour le commerce du blé et du coton et la privatisation rapide des fermes d'État, l'étendue des cultures de toutes les céréales et des emblavures de blé a commencé à baisser en raison de la concurrence des importations et des bouleversements provoqués par la privatisation des terres. De plus, en 1999, il y a eu une réorientation marquée vers des cultures plus rentables, notamment les pommes de terre, les légumes et les cultures fourragères ainsi que vers l'élevage et la production de maïs.

Tableau 1. Azerbaïdjan: Tendances de la production agricole

  1991 1995 1996 1997 1998 1999
SUPERFICIE TOTALE ENSEMENCÉE 1 473 1 208 1 207 1 078 920 831
SUPERFICIE DES CULTURES FOURRAGÈRES 485 322 273 128 78 102
ENSEMBLE DES CÉRÉALES            
Superficie (en milliers d'ha) 652 607 640 661 593 515
Rendement (kg/ha) 2 064 1 516 1 583 1 722 1 609 2 117
Production (milliers de tonnes) 1 346 920 1 013 1 138 954 1 090
BLÉ            
Superficie (en milliers d'ha) 407 418 462 539 514 421
Rendement (kg/ha) 2 184 1 495 1 645 1 750 1 595 2 019
Production (milliers de tonnes) 889 625 760 943 820 850
MAÏS            
Superficie (en milliers d'ha) 16 10 12 9 11 28
Rendement (kg/ha) 1 375 1 200 1 167 2 111 3 000 3 571
Production (milliers de tonnes) 22 12 14 19 33 100
POMMES DE TERRE            
Superficie (en milliers d'ha) 22 16 21 27 32 38
Rendement (kg/ha) 8 182 9 750 10 238 8 259 9 781 10 526
Production (milliers de tonnes) 180 156 215 223 313 4001/
LÉGUMES            
Superficie (en milliers d'ha) 40 27 31 27 30 47
Rendement (kg/ha) 21 675 15 814 18 387 18 333 16 733 17 021
Production (milliers de tonnes) 867 427 570 495 502 8001/
COTON            
Superficie (en milliers d'ha) 245 210 213 212 155 96
Rendement (kg/ha) 2 204 1 305 1 286 590 729 937
Production (milliers de tonnes) 540 274 274 125 113 901/
PRODUCTION ANIMALE            
Viande (poids vif en milliers de tonnes) 259 145 152 161 179 1901/
Lait (en milliers de litres) 948 827 843 881 946 1 1001/
_ufs (en millions) 958 456 476 493 509 5501/

1/ Prévisions
Source: Comité d'État chargé des statistiques de l'Azerbaïdjan1

Le rendement moyen des cultures (à l'exclusion des pommes de terre, produites sur des parcelles familiales) en 1999 est supérieur au niveau de la période 1995-1998 mais inférieur aux chiffres de 1991. Avec la privatisation des terres et les conditions météorologiques nettement meilleures qu'en 1998, il semblerait que le rendement de la plupart des cultures ait quelque peu remonté en 1999 mais les estimations des cultures autres que les céréales restent provisoires car la récolte n'est pas terminée.

La production céréalière s'est améliorée en 1999, atteignant 1 090 000 tonnes, soit 14 pour cent de plus qu'en 1998 tout en restant inférieure de près de 20 pour cent au niveau de 1991. L'étendue des emblavures - 515 000 hectares - a chuté sensiblement (de 15 pour cent) par rapport à la précédente campagne sous l'effet de la forte réduction des superficies vouées au blé d'hiver, atteignant son niveau le plus bas depuis 1991 (652 000 hectares). L'amélioration des conditions météorologiques par rapport à l'année dernière et, sans doute, les soins plus attentifs apportés aux cultures par les ménages dont la subsistance dépend de leur parcelle, ont donné les rendements moyens de céréales élevés depuis l'indépendance et représentent une forte reprise par rapport à l'année passée. L'amélioration des rendements de blé a compensé la baisse des superficies et la production est officiellement estimée à 850 000 tonnes, contre 820 000 tonnes en 1998. La production de maïs s'est accrue sensiblement par suite de l'augmentation des effectifs de bétail et de la demande de produits de l'élevage.

Avec la privatisation rapide du bétail et la disponibilité de pâturages, l'effectif du cheptel ne nécessitant pas un apport intensif en céréales et la production animale ont progressé régulièrement depuis 1995. Au 1er janvier 1999, le nombre de b_ufs et de vaches dépassait les chiffres de 1991 tandis que le nombre d'ovins et de caprins était proche des niveaux de 1991. La production de lait a augmenté par rapport à 1991 par suite d'un accroissement de 20 pour cent du nombre de vaches.

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5. SITUATION DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES, IMPORTATIONS CÉRÉALIÈRES EN 1999-2000 ET PERSPECTIVES POUR L'AN 2000

Il n'y a aucun déficit vivrier sur les marchés ruraux et urbains. Toute pénurie de production intérieure est compensée par des importations. Les zones urbaines sont presque entièrement approvisionnées par des importations de blé et de farine, ainsi que de volaille et de produits transformés. Cependant, il faut trouver l'argent nécessaire pour financer ces importations et le pouvoir d'achat de la quasi-totalité des 8 millions d'habitants reste faible. Le PIB augmente régulièrement depuis 1997 mais reste inférieur à la moitié du niveau de 1990. Le coût de l'assortiment alimentaire minimum s'est stabilisé à 68 dollars E.-U. par mois pour une famille de cinq personnes. La nourriture représente toujours une part importante des dépenses des ménages, comptant pour 70 pour cent dans les dépenses totales des ménages les plus défavorisés.

Les importations annuelles de céréales, estimées à 500 000/650 000 tonnes en moyenne, ont probablement atteint un sommet en 1998/99. Le volume exact est difficile à estimer compte tenu de la sous-facturation aux frontières et du flux important de tous les articles alimentaires (en particulier les produits de l'élevage) non enregistrés en provenance du Daghestan voisin. Les importations de denrées alimentaires sont généralement effectuées à titre commercial; les livraisons d'aide alimentaire sont restées très limitées ces dernières années, environ 20 000 tonnes de céréales et de faibles quantités de légumineuses, d'huile végétale et de sucre destinées à être distribuées aux populations vulnérables.

En 1999/2000, les importations de céréales devraient une fois encore couvrir toute la demande effective; elles sont estimées provisoirement à 600 000 tonnes, soit 10 pour cent de moins que l'an dernier, lorsque le blé était particulièrement bon marché. Compte tenu de la marge d'erreur des données de production et d'importation, les estimations de la demande sont indicatives. L'élément le plus important est l'utilisation des céréales pour l'alimentation humaine. Avec une population de 8 millions d'habitants (chiffre d'un recensement récent) et une consommation céréalière estimative par habitant de près de 160 kg par an, l'utilisation alimentaire de l'ensemble des céréales est estimée à près de 1,3 million de tonnes. Les autres utilisations sont estimées à 200 000 tonnes incluant 125 000 tonnes utilisées comme semences (les taux d'ensemencement sont élevés: 220-300 kg à l'hectare) et 5 pour cent de déchets ou pertes ainsi qu'une partie utilisée pour la fabrication d'alcool et, pour d'autres usages. La production animale repose sur les pâturages, les cultures fourragères, la paille et le son; l'utilisation fourragère des céréales devrait s'élever à 176 000 tonnes, d'après des projections préliminaires, compte tenu de l'accroissement de la récolte de maïs et de l'effectif du cheptel. Toutes ces estimations sont tout à fait indicatives. Toutefois, étant donné que l'assortiment alimentaire minimum des populations vulnérables (qui ne comprend ni viande, ni poisson, ni lait) inclut 12 kg de farine par personne et par mois, équivalant à une consommation par habitant de 200 kg/an de céréales, une estimation de 160 kg par habitant pour l'ensemble de la population semble raisonnable.

Ces dernières années, le nombre de personnes vulnérables a baissé bien qu'il reste encore 860 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays et réfugiés, en raison du conflit encore non résolu de Nagorno Karabakh. Au total, près de 500 000 personnes vulnérables (dont la moitié sont des personnes déplacées) ont encore besoin d'une aide humanitaire. Le Programme alimentaire mondial vient en aide à l'Azerbaïdjan depuis 1993 par des opérations d'urgence. À l'heure actuelle, le PAM fournit une aide humanitaire à 485 000 personnes déplacées et personnes vulnérables depuis le 1er juillet 1999, pour une période de trois ans dans le cadre de l'Intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) - projet nº 6121.00. L'aide alimentaire totale engagée au titre de l'IPSR pour toute la période du projet est de 47 880 tonnes pour un coût global d'environ 23 millions de dollars E.-U.

La majorité des personnes qui restent vulnérables ont vendu ces dernières années tous leurs biens monnayables de quelque valeur, ce qui leur laisse une marge de sécurité très étroite. Une enquête par sondage effectuée en 1998 par un partenaire du PAM, World Vision International, avec un suivi régulier depuis, portant sur l'état nutritionnel de 660 familles de personnes déplacées indique que 30 pour cent de ces personnes présentent des signes de malnutrition, dont 2 pour cent de malnutrition grave, 7 pour cent de malnutrition modérée et le restant de malnutrition légère et que l'état nutritionnel des enfants s'est détérioré au cours de l'hiver 1998/99. Comme beaucoup de familles de réfugiés et de personnes déplacées ont des parents qui travaillent à l'étranger, les restrictions imposées récemment par le Gouvernement russe sur les mouvements de personnes en provenance des pays du Caucase pourraient avoir un effet négatif sur l'ensemble de l'économie et sur les ménages vulnérables en particulier.

Les perspectives de la production agricole en général et de la production céréalière en particulier en l'an 2000 restent incertaines. Les superficies ensemencées en blé à l'automne 1998 en vue des récoltes de 1999 ont beaucoup baissé, par suite des bouleversements provoqués par le processus de privatisation des terres et du très faible niveau des prix du marché, sous l'effet des grandes quantités de blé et de farine peu coûteuses qui sont arrivées de Russie après la dévaluation du rouble en août 1998. Cependant, en dépit des prix plus élevés du blé de production intérieure, les dernières données (incomplètes) à l'époque de la visite de la mission indiquaient que les semis de blé destinés à être récoltés en l'an 2000 étaient inférieurs de 26 pour cent environ à ceux de la période correspondante l'an dernier. Compte tenu de la difficulté à obtenir en temps voulu des informations de 700 000 petits agriculteurs, les prévisions officielles indiquent toujours que l'étendue des semis de blé augmentera. Cependant, l'arrivée précoce du froid, jointe aux pénuries de matériel agricole et de capitaux, pourraient maintenir l'étendue des emblavures à un niveau inférieur aux prévisions et faire baisser les rendements. L'étendue définitive des semis de céréales pourrait peut-être augmenter quelque peu par rapport au très faible niveau de l'an dernier, tout en se maintenant à la baisse. Les agriculteurs sont enfermés dans un cercle vicieux où l'absence d'intrants adéquats (ou d'accès à ces intrants) maintient les rendements à un faible niveau, tandis que la concurrence des importations, la désintégration d'une grande partie de l'industrie de transformation des produits agricoles et l'absence d'environnement propice à l'entreprise privée maintiennent le revenu agricole à un faible niveau. Bien que la production soit de plus en plus soumises aux lois du marché, la plupart des agriculteurs ne disposent pas d'information sur le marché et continuent à semer du blé pour couvrir les besoins familiaux et éviter les dépenses en espèces. Beaucoup d'agriculteurs ont travaillé dans des fermes d'État mais bien peu disposent des connaissances nécessaires sur le plan des techniques et de la gestion pour tirer le maximum de revenu de leur petite parcelle. La plupart d'entre eux refusent de prendre des risques. Par ailleurs, les revenus tirés de la production de blé dans le cadre du système actuel caractérisé par de faibles intrants et une faible production, ne suffisent pas à couvrir les besoins minimums des ménages. Les rendements ont toutes chances de rester faibles car les agriculteurs disposent de très peu de liquidités.

Il y a certains changements positifs. La loi fiscale a été modifiée récemment afin de motiver davantage les producteurs nationaux et de réduire le poids de la fiscalité. La taxe à la valeur ajoutée de 20 pour cent sur les produits primaires commercialisés a été abolie et les exploitations agricoles, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entités juridiques, ne sont plus soumises qu'à une seule taxe, la taxe foncière, répartie en quatre niveaux selon la qualité de la terre. Dans certaines zones, le crédit et les autres formes d'assistance dans le cadre de projets financés par des donateurs, devraient accroître la productivité.

 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant.

Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Courrier électronique: [email protected]

Cherif Zaher
Représentant PAM et Directeur pays, Azerbaïdjan
Télécopie: 0099-412-938-206
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1 La marge d'erreur dans les données est large compte tenu des difficultés de collecte dans un pays en transition vers une économie de marché, cependant la tendance enregistrée depuis 1995 est indicative des changements en cours.