FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.2 - Avril 2000 - P. 11

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Manioc

La production de manioc a augmenté en 1999

La production mondiale de manioc a augmenté de 2,8 pour cent pour atteindre 167,7 millions de tonnes en équivalent racines fraîches en 1999 grâce aux augmentations réalisées en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui ont largement compensé la contraction observée en Afrique.

En Asie, la production de manioc a atteint 50 millions de tonnes, soit une hausse de 11 pour cent, suite à l'expansion des semis et à l'amélioration des rendements. En ce qui concerne les principaux pays producteurs, on estime qu'en Thaïlande, la production s'est accrue de 20 pour cent et a atteint 20,3 millions de tonnes. Outre les conditions météorologiques favorables, on signale que des variétés améliorées ont été utilisées sur près de la moitié des 1,2 million d'hectares cultivés en manioc, ce qui a contribué à l'accroissement de 20 pour cent de la productivité des terres. Des augmentations variant entre 2 et 5 pour cent ont été signalées en Chine, en Inde, en Indonésie et aux Philippines. En revanche, au Viet Nam, la production est restée proche du niveau de l'année précédente, la contraction des semis ayant été compensée par une augmentation des rendements due à l'utilisation croissante de variétés améliorées. En Amérique latine et dans les Caraïbes, on estime la production de manioc de 1999 à 29,4 millions de tonnes, soit 5,6 pour cent de plus qu'en 1998. Cette augmentation est principalement due au Brésil, le deuxième producteur mondial de manioc, où la production s'est partiellement redressée après sa chute brutale en 1998. La production a également augmenté fortement en Colombie et au Paraguay et, modestement, au Costa Rica, en République dominicaine, au Pérou et au Nicaragua. En Afrique, la principale région productrice du monde, la production de manioc est descendue à 88 millions de tonnes, une baisse de 2,5 pour cent, suite aux récoltes médiocres réalisées dans certains des principaux pays producteurs, dont la République démocratique du Congo, le Mozambique, la Sierra Leone et le Rwanda, où les déplacements de population et les troubles civils ont perturbé les travaux agricoles. Au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, une longue sécheresse a eu de graves répercussions sur la production. Au Nigéria, d'après les estimations officielles, la production aurait été de 30 millions de tonnes en 1999, soit 2,2 millions de tonnes de moins qu'en 1998. En revanche, elle a augmenté au Ghana et au Bénin de 8 et 3 pour cent respectivement, suite à la mise en _uvre dans ces pays des Programme d'amélioration des racines et des tubercules, qui encouragent l'introduction, la multiplication et la distribution aux agriculteurs de matériel végétal résistant aux ravageurs et aux maladies. Des augmentations modestes ont aussi été signalées au Cameroun, au Libéria, au Togo et en Zambie.

Production mondiale du manioc 1/

 
1997 1998 1999 prélim.
 
(. . . millions de tonnes . . .)
Total mondial
164,6 163,0 167,7
Afrique
84,9 90,2 88,1
Congo. Rép. dem.
17,0 17,1 16,0
Ghana
7,0 7,2 7,8
Madagascar
2,4 2,4 2,4
Mozambique
5,3 5,6 5,4
Nigéria
30,4 32,7 30,4
Ouganda
5,7 6,1 6,1
Tanzanie
2,3 3,2 2,0
Asie
47,6 45,0 49,9
Chine
3,7 3,4 3,6
Inde
5,9 6,1 6,2
Indonésie
15,1 14,7 15,4
Philippines
2,0 1,8 1,8
Thaïlande
18,1 16,4 20,3
Viet Nam
2,0 2,0 2,0
Amérique latine
et les Caraïbes
31,9 27,6 29,4
Brésil
24,3 19,7 20,7
Colombie
1,7 1,6 2,0
Paraguay
3,2 3,3 3,5

Expansion de l'utilisation du manioc en 1999

Parallèlement à l'augmentation de la production mondiale, l'utilisation alimentaire du manioc dans le monde s'est accrue de 2 pour cent, passant à 98 millions de tonnes en 1991, cette expansion étant principalement concentrée en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. En revanche, en Afrique, où le manioc est une importante denrée de base et contribue grandement à la sécurité alimentaire, son utilisation pour l'alimentation humaine est tombée à 58 millions de tonnes, un recul de 3 pour cent. L'utilisation pour l'alimentation animale a augmenté dans le monde entier, surtout en Amérique du Sud et dans la CE. Le volume de manioc transformé en produits non alimentaires s'est accru, sous l'impulsion des faibles prix internationaux de la fécule de manioc et du redressement économique des pays asiatiques.

En Afrique, la diminution de la production en 1999 a occasionné une baisse de la consommation alimentaire du manioc frais et des produits dérivés (gari, attiéké, foufou, kokonte, etc.). Cette contraction a principalement touché les populations rurales qui sont davantage tributaires de cette plante. Cette réduction de la consommation alimentaire a été particulièrement marquée en République démocratique du Congo, au Rwanda et en Ouganda, où la production a diminué fortement. En revanche, la consommation alimentaire par habitant a augmenté au Bénin, au Cameroun, au Mali, au Ghana, au Libéria, en Sierra Leone et au Togo. Dans certains de ces pays, les racines et les tubercules sont de plus en plus utilisées en remplacement des céréales importées. En Asie, les récoltes plus abondantes de 1999 ont donné lieu à une augmentation de 9 pour cent de la consommation intérieure de manioc. Son utilisation pour la production d'aliments pour animaux, d'alcool et de fécule s'est accrue en Thaïlande et au Viet Nam, et le redresse-ment de l'économie de la région y a contribué. Il n'y a toutefois eu presque aucun changement dans les Philippines, en République de Corée, en Malaisie et au Japon, qui font surtout appel aux importations. En Amérique latine et dans les Caraïbes, le manioc est une denrée de base importante dans plusieurs pays, mais il est aussi abondamment utilisé directement par les producteurs comme aliment pour les animaux qu'ils élèvent. L'utilisation industrielle s'est accrue dans la région au cours de la dernière décennie, le manioc, qui était seulement une denrée de subsistance, étant devenu une culture de rapport qui fournit une matière première pour la fabrication de produits alimentaires et d'aliments pour animaux et pour des applications industrielles. La reprise de la production en 1999 a donc vraisemblablement contribué à une augmentation générale de la consommation de manioc.

Dans les pays développés, l'utilisation du manioc pour la fabrication d'aliments pour animaux a augmenté en 1999 dans la CE en partie grâce à ses prix concurrentiels. La consommation de manioc a augmenté, en particulier, en Espagne et au Portugal pour compenser l'insuffisance de la production d'orge. L'Italie a aussi utilisé pour la première fois d'importantes quantités de copeaux et de granules de manioc. En revanche, son utilisation a diminué au Japon et dans les autres pays développés, notamment en Israël et en Pologne.

Reprise du commerce mondial du manioc en 1999

Le commerce mondial des produits secs de manioc (qu'on appelle aussi "tapioca") a augmenté de 22 pour cent en 1999 pour atteindre 6,0 millions de tonnes (15 millions de tonnes en équivalent racines fraîches), en particulier grâce aux importantes quantités disponibles pour l'exportation en Thaïlande. Sur ce total, 4,6 millions de tonnes ont été négociées sous forme de copeaux et de granulés et 900 000 tonnes sous forme de farine de manioc, contre 3,9 millions de tonnes et 700 000 tonnes respectivement en 1998. Les expéditions vers la CE se sont montées à 4,3 millions de tonnes, ou 48 pour cent de plus qu'en 1998. Comme par le passé, les Pays-Bas sont restés le principal port d'entrée pour les produits de manioc, la Belgique, l'Italie ainsi que l'Espagne et le Portugal, tous deux victimes d'une sécheresse, venant ensuite. En revanche, les achats de produits de manioc par les pays non membres de la CE ont chuté de 15 pour cent, principalement du fait de la réduction des achats effectués par la République de Corée et la Malaisie. On estime que les exportations de produits de manioc de la Thaïlande ont atteint 5,2 millions de tonnes, soit 30 pour cent de plus qu'en 1998 et presque autant qu'en 1997, alors que celles de la Chine et de l'Indonésie ont diminué, leurs besoins intérieurs étant élevés.

Commerce mondial du manioc 1/

 
1997 1998 1999 prélim.
 
( . . millions de tonnes . . )
Exportations
     
mondiales
6,4 4,9 6,0
Thaïlande
5,3 4,0 5,2
Indonésie
0,2 0,2 0,2
Chine 2/
0,4 0,3 0,1
Autres pays
0,5 0,4 0,5
Importations
     
mondiales
6,4 4,9 6,0
CE 3/
3,6 2,9 4,3
Chine 2/
0,6 0,6 0,7
Japon
0,3 0,3 0,3
Corée, Rép. de
0,5 0,5 0,2
Autres pays
1,4 0,6 0,5

Faiblesse ou baisse des prix du manioc

Les prix internationaux du manioc ont fortement diminué en 1997 et, depuis lors, sont restés nettement inférieurs à leurs niveaux du début des années 1990. L'abondance des disponibilités de la Thaïlande et le renforcement de la concurrence dans la CE ont exercé de nouvelles pressions à la baisse en 1999. De ce fait, le prix des copeaux et des granulés importés dans la CE est passé à 102 dollars E.-U. la tonne, soit 5 pour cent de moins qu'en 1998 et jusqu'à 36 pour cent de moins qu'en 1993, année au cours de laquelle a commencé la réforme de la PAC. Dans la CE, les prix des granulés de manioc sont influencés par les prix intérieurs des céréales, en particulier l'orge, et ceux des tourteaux à forte teneur en protéines qui complètent le manioc dans les rations élémentaires équilibrées.

En Espagne, un des principaux utilisateurs de manioc dans la communauté, les cours de l'orge sont restés pratiquement inchangés en 1999 à 42 dollars E.-U. la tonne, alors que le prix international de la farine de soja (c.i.f. Rotterdam) est tombé de 170 dollars E.-U. à 152 dollars E.-U. la tonne entre 1998 et 1999. Par conséquent, le mélange manioc/tourteaux de soja est devenu particulièrement intéressant pour les utilisateurs d'aliments pour animaux de la CE. De même, les prix internationaux de la fécule et de la farine de manioc, dont le commerce s'effectue principalement entre les pays asiatiques, ont connu une tendance à la baisse pendant la plus grande partie de l'année et sont tombés à une valeur moyenne de 172 dollars E.-U. la tonne en 1999, soit une chute de 30 pour cent par rapport à 1998.

Production, commerce et prix: perspectives pour l'an 2000

Les perspectives pour la production de manioc en 2000 restent encore très incertaines, en particulier en Afrique, où cette culture joue un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire. Dans cette région, les racines restent souvent enfouies dans le sol pendant plus d'un an et ne sont récoltées que lorsque survient une pénurie alimentaire, si bien qu'il est particulièrement difficile d'évaluer le volume de la production. On s'attend donc à une expansion de la production à Madagascar où on prévoit actuellement que la campagne de riz 2000/01 sera médiocre. Des augmentations devraient également avoir lieu au Ghana et au Bénin, principalement du fait d'un regain d'intérêt pour la production commerciale. On ne dispose toutefois pour le moment d'aucune indication concernant cette culture au Nigéria, le plus gros producteur mondial. En Amérique latine et dans les

Prix du manioc, de la farine de soja et de l'orge dans la CE

  Granulés de
manioc 1/
Farine de soja 2/ Mélange manioc farine de soja 3/ Orge 4/ Mélange orge/manioc
  ( . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . dollars E.-U./ tonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ) (. . rapport. . )
1991 178 197 186 222 1,19
1992 183 204 187 235 1,26
1993 137 208 151 197 1,30
1994 144 192 154 182 1,18
1995 177 197 181 209 1,15
1996 152 268 175 194 1,11
1997 108 276 142 161 1,13
1998 107 170 120 145 1,21
1999 102 152 112 143 1,28
2000 5/ 92 183 110 141 1.28
Graphique

Caraïbes, la production devrait augmenter cette année, surtout du fait que la reprise devrait continuer au Brésil, où les prix favorables ont incité les agriculteurs à augmenter les semis. Certaines initiatives ont été prises dans cette région pour encourager cette culture, par exemple la création en 1999 d'un consortium international, CLAYUCA, composé d'institutions publiques et privées, qui a pour objectif de soutenir la recherche et le développement du secteur du manioc dans la région. En Asie, la production pourrait augmenter quelque peu en 2000, étant donné qu'en Thaïlande, les agriculteurs adoptent de plus en plus des variétés offrant un rendement élevé. Ces derniers ont été confrontés à des prix extrêmement faibles en 1999, ce qui a incité le gouvernement à intervenir pour soutenir le marché par des mesures incitatives destinées à encourager les négociants à acheter et stocker les produits secs de manioc. Malgré ces mesures, les prix à la production ne se sont pas relevés, ce qui pourrait décourager les semis en vue de la récolte de 2000/01.

Prix du manioc et des produits dérivés en Thaïlande

   
Farine/
féculents de tapioca,
qualité super, fob Bangkok
Prix intérieurs
Racines Granu-lés
 
(. . dollars E.-U./tonne . .)
1988
166 47 136
1995
358 65 127
1996
289 49 113
1997
244 34 72
1998
276 44 75
1999
172 26 66
1999 - avril-juin
196 31 75
- juil.-sept
160 24 65
- oct.-déc.
162 24 65
2000 - janv.-févr.
163 24 57

Les quantités disponibles pour l'exportation devraient être abondantes en Thaïlande durant l'année, et on ne prévoit donc guère de changement dans le commerce international des produits de manioc. Les prix d'intervention des céréales devant être réduits de 7,5 pour cent en juillet 2000 dans la CE, ceux des céréales fourragères pourraient baisser, ce qui exercerait de nouvelles pressions à la baisse sur ceux du manioc. D'après les indications concernant le premier trimestre 2000, les prix internationaux des granulés sont nettement en baisse par rapport aux niveaux des deux dernières années, se chiffrant à 92 dollars E.-U. la tonne (c.i.f. Rotterdam), soit 5 pour cent de moins que durant la même période en 1998. Les prix à l'exportation de la farine et de l'amidon de manioc thaïlandais ont aussi continué à baisser, mais ils pourraient se redresser pendant l'année sous l'effet de la stimulation de la demande résultant de la reprise économique sur les marchés asiatiques.


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