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Conclusion

Cette dernière étude estime la couverture totale du pays en eucalyptus de reboisement à près de 147'000 hectares. Cette superficie correspond à 46.5% des peuplements forestiers constitués artificiellement (pins, eucalyptus, acacias arborescents et quelques espèces moins importantes). La carte jointe en fin de texte résume la répartition globale et par province des massifs actuels.

Suivant l’altitude et sur une coupe transversale, la majeure partie des plantations se trouvent sur l’échine centrale, entre 800 et 1800 mètres (84.3%). Viennent ensuite les peuplements des zones montagnardes (10.7%) et enfin ceux des zones côtières (5.0%).

Humbert (1955) a classé les formations végétales naturelles en 5 domaines phytogéographiques constitués de bandes longitudinales délimitées approximativement par des niveaux d’altitude et par des particularités écologiques (géologie, climat, pédologie). Les peuplements d’eucalyptus sont très inégalement répartis avec une concentration dans le domaine du Centre.

D01 :

Domaine de l’Est et du Sambirano

(0 – 800m)

:

7’000

Ha

D02 :

Domaine du Centre : Versants orientaux – Etage de moyenne altitude

(800 – 1800m)

:

122’000

Ha

D03 :

Domaine du Centre : Versants orientaux – Etage de montagne

(> 1800m)

:

13’000

Ha

D04 :

Domaine du Centre : Versants occidentaux – Etage de moyenne altitude

(800 – 1800m)

:

2’000

Ha

D05 :

Domaine de l’Ouest

(0 – 800m)

:

3’000

Ha

 

Couverture totale du pays en peuplements d’eucalyptus

 

147’000

Ha

Si l’on considère le type de végétation naturelle, la majeure partie des afforestations en eucalyptus sont implantées dans les domaines appartenant à des formations secondaires et dégradées telles que, les mosaïques de cultures, jachères, lambeaux forestiers, formations graminéennes (Veg03) ; les savanes et/ou pseudosteppes avec ou sans éléments ligneux (Veg 04 et Veg05).

L’importance des massifs est surtout liée aux facteurs anthropiques et à la position topographique (zones enclavées : desserte insignifiante) ainsi qu’aux facteurs climatiques (climat sec : importance faible).

Les besoins en bois sont partout importants mais sont très élevés dans la région centrale à cause de la forte pression démographique et de la forte croissance de la population urbaine des grandes agglomérations qui demande de plus en plus du bois énergie, d’œuvre et de services. Ces besoins et demandes perturbent les façons culturales et les rythmes d’exploitation, à l’origine très équilibrés. 21 zones d’exploitation effective ou potentielle, significativement différentes ont été individualisées dans cette étude :

Certaines zones restent très sous-exploitées, comme les Futaies 1 de 30 à 40 ans des premières introductions par les colons ou dans les zones difficiles à desservir et les Futaies 2 de 20 ans gérées par l’Administration ;

Les taillis 1, 2 et 3 sont des peuplements privés à vocation bois énergie pour l’approvisionnement des centres urbains et agglomérations importantes (Antananarivo). La gestion est devenue très dégradante (rythme d’exploitation de 2 à 10 ans).

Face à ces diverses intensités d’exploitation, l’étude n’est pas encore en mesure de faire le bilan général ou par région de la partie consommation de bois d’eucalyptus. Elle a néanmoins pu faire ressortir l’importance de la réserve existante.

Domaine

Superficie eucalyptus

ha

Volume de bois sur pied

V en m3

Réserve « Bois d’œuvre »

% V

Réserve « Bois service »

% V

Réserve « Bois énergie »

% V

D01

7’330

3'077’000

79

13

8

D02

122’000

17'614’000

35

29

36

D03

12’700

3'127’000

31

57

12

D04

2’200

947’000

90

0

10

D05

3’000

1'034’000

77

15

8

La dynamique d’exploitation de la réserve du bois a pu être catégorisée dans trois zones :

Exploitation extensive ou nulle (7% des peuplements sur pied) ;

Exploitation moyenne (30%) ;

Exploitation intensive (85%).

En d’autres termes, les problèmes des eucalyptus à Madagascar se résument en trois situations :

La réserve disponible est trop importante dans quelques îlots des régions mal boisées ou à besoin urgent de produits pour la consommation locale. Les massifs sont généralement à gestion extensive ou nulle. Ils sont ou trop éloignés des utilisateurs potentiels (centres urbains), ou rejetés par les locaux pour les utilisations quotidiennes. On préfère de loin le bois de forêt naturelle à celui des eucalyptus.

La gestion «négative » des massifs destinés à la production du bois pour la consommation urbaine s’intensifie au fur et à mesure de la croissance de cette consommation qui visiblement, ne sera jamais satisfaite par le seul approvisionnement en bois d’eucalyptus. En conséquence, le bois de forêt naturelle sera toujours demandé.

Les espèces principales vulgarisées à Madagascar laissent trop peu de choix aux producteur et à l’utilisateur potentiels. Il y a lieu de noter qu’il existe nombreuses espèces d’eucalyptus qui peuvent être introduites ou multipliées pour toutes les zones et pour toutes les conditions écologiques (Jacobs, 1982).

Quelques solutions d’ordre technique peuvent être avancées pour les grandes régions et qui peuvent contribuer à valoriser le bois d’eucalyptus. En outre, cette politique «bois d’eucalyptus » peut contribuer à la conservation de la ressource naturelle autochtone (forêt naturelle) qui, en dépit des efforts d’investissement incalculables, continue de se dégrader.

Livrer progressivement à l’exploitation les peuplements à gestion extensive comme les anciennes stations forestières.

Encourager les reboisements villageois, là où la zone est caractérisée comme une zone d’approvisionnement de centres importants en bois de toutes sortes : Antananarivo et Antsiranana pour le bois d’œuvre, le bois énergie ; Mahajanga et Toliara pour le bois énergie ; Toamasina et Fianarantsoa pour le bois d’œuvre. Les massifs seront installés, autant que possible sur les principaux axes routiers. Le propriétaire doit se professionnaliser et accepter d’appliquer le minimum de règles strictes de gestion des peuplements.

Diversifier les espèces afin d’éviter l’indifférence très caractéristique à E. camaldulensis, qui en dépit de sa croissance rapide, est partout rejeté pour ses caractéristiques impropres aux exigences locales comme bois de construction. A l’Est par exemple, E. maculata, E. cloeziana, E. torreliana, E. citriodora, qui combinent à la fois les qualités de bon bois d’œuvre et de construction et peuvent être vulgarisés en reboisements privés ou familiaux sont parfaitement adaptés aux conditions des savanes côtières et les basses collines orientales. A l’ouest où l’on préfère le bois dur, non vulnérable aux attaques d’insectes comme les termites, on peut envisager la vulgarisation de E. maculata et E. pilularis.

A part le genre Eucalyptus, les Acacia exotiques sont aussi des producteurs de biomasse ligneuse qui commencent à être utilisés à Madagascar. Des recherches intensives en génétique forestière ont abouti à d’importants vergers à graines producteurs de semences à partir de 1998. Au moins pour la catégorie bois énergie, le pays peut sans hésiter opter pour une utilisation intensive des espèces adaptées à chaque zone. Si le « tavy » (cultures itinérantes sur brûlis), demeure encore comme un mal nécessaire, on peut continuer à utiliser ces deux genres afin de permettre une recouverture rapide des espaces abandonnés à l’érosion.

Enfin, Il y a lieu de retenir que Madagascar n’est pas encore au stade de boucler la filière eucalyptus. Sutter (1990) a montré que plusieurs espèces sont adaptées à des conditions variées du pays. Des efforts intensifs devraient encore être déployés pour encourager les reboiseurs potentiels (groupements villageois, planteurs industriels) afin de pouvoir endiguer les exploitations abusives de la ressource de la forêt naturelle et d’enrayer le délaissement volontaire, par manque d’information, de la réserve bois d’eucalyptus. Actuellement, le seul bois exotique qui arrive à concurrencer celui de l’eucalyptus est le bois de pin. Mais il est difficile à produire de manière extensive (vulnérabilité aux feux annuels). Le peuplement est dégradant pour le sol et nécessite une replantation après exploitation, alors que la plupart des eucalyptus introduits résistent aux feux et rejettent bien de la souche.

 

 

 

 

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