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4. LES FORMATIONS SAVANICOLES ET LES FORETS-GALERIES DE L'EST ET SUD-EST DU RWANDA

4.1. Les formations savanicoles.

4.1.1. Les formations savanicoles relictuelles du Bugesera.

La région du Bugesera se trouve dans le Sud-Est du Rwanda, dans la préfecture de Kigali-Rural ; elle est délimitée par les rivières Nyabarongo au nord-est et Akanyaru à l’Ouest et elle fait la frontière avec le Burundi au Sud.

Les savanes boisées qui couvraient la région naturelle du Bugesera il y a peu d’années, ont disparu sous le coup de la hache, de la houe et surtout du feu. En effet, d’une part, des activités de défrichements à grande échelle dans cette région pratiquées par une vague d’immigrants en provenance de toutes les régions du pays en quête de nouvelles terres de culture dans les années 1970-1990 ont fini par mettre à nu une grande partie de cette région. D’autre part, les activités de fabrication de charbon qui était pratiquée alimentaient à la ville de Kigali ont presque entièrement détruit toutes les formations ligneuses de cette région. Sur les 50.000 ha (selon l’estimation de 1983) de savane boisée du Bugesera, il ne restait en effet, selon une enquête réalisée par le MINAGRI en 1988, que moins de 10.000 ha qui n’étaient plus d’ailleurs à l’état naturel car ayant été aménagés en pâturages et en réserve militaire. Il s’agit des pâturages appartenant à la prison de Ririma, à la station de l’ISAR Karama, et une réserve militaire du Camp militaire de Gako.

4.1.1.1. Description des communautés biologiques des savanes du Rwanda.

Concernant l’aspect floristique, la végétation naturelle antérieure de cette région était de type : savane boisée de tendance forêt mésoxérophique dont les composantes, mis à part la strate graminée, étaient des arbres et arbustes des Zones sériques telles que : Haplocoelum gallense, Canthium schimperianum, C. lactescens, Drypetes gerardii, Olea europea var africana, Apodytes dimidiata, trycalysia congesta, Teclea nobilis, Boscia angustifolia, Fagarachalybeum, Lannea fulva, grewia mollis, G. trichocarpa, Pappea capensis, Markhamia obstusifolia, Ozoroa reticulata, Acokathera schimperi, Strychmos lucens, S. usamabaresis, Acacia gerardii, Capparis erythrocarpos, Maytenus undata, Euphorbia candelabrum, Kigelia africana...

La strate graminée est composée essentiellement de :

Themeda triandra, Sporobolus pyramidalis, Hyparrhenia filipendula, Laudetia simplex, Heteropogon contortus, Brachyaria eminii.

Quant à l’aspect faunistique sauvage, on peut encore rencontrer dans ces formations relictuelles des individus : Lemuroidae, Cephalophus sp., Papio anubis, Cercopithecus sp., Canidae, Lutra sp. et quelques espèces de serpents dont les pythons y sont signalés.

La faune aviaire est représentée par des espèces d’oiseaux de campagne dont : les Francolinus sp.

4.1.1.2. Exploitation et aménagement des savanes relictuelles du Bugesera.

Comme précédemment indiqué, les reliques savanicoles du Bugesera ont été aménagées pour des fins pastorales ou agroforestières (pâturages de Ririma et de Karama) et en réserve militaire de Gako. Nous nous intéressons à ces pâturages dont les modèles d’aménagement en font les différences.

a) Les pâturages de Ririma.

Les pâturages de la prison de Ririma répartis sur une aire de 430 ha sont localisés au Sud du système lacustre du Bugesera, le long de la rivière Nyabarongo. Ces pâturages avaient été aménagés selon le modèle conservation/exploitation rationnelle par enlèvement des buissons épineux qui entravaient la bonne circulation du bétail tout en laissant intacts les arbres et arbustes. Ainsi, les arbres qui s’y trouvent sont les mêmes que ceux des formations primaires telles que : Haplocoelum gallaense, Euphorbia candelabrum, Grewia trichocarpa, Thus vulgaris, Olea europea var africana, Markhamia luttea, Ficus div.sp. Ainsi que le spectaculaire Kigelia africana qui est une espèce en voie de disparition suite à l’extinction de l’éléphant qui favorisait sa dispersion et sa régénération naturelle.

Par ailleurs, il y a lieu de signaler la présence des orchidées épyphtes suspendues sur des branches des arbres. On y trouve bon nombre de plantes de valeur médicinale telles que les orchidées terrestres (Eulophia) et d’autres.

 

 

b) Les pâturages de l’ISAR Karama.

D’environ 3.000 ha, ce pâturage a été aménagé en procédant à une coupe rase de tous les arbres et arbustes pour ne laisser que des herbes. Ce type d’aménagement n’a pas suivi le modèle conservation/exploitation et a été sérieusement critiqué d’une part, pour le fait que le sylvo-pastoralisme prévoit la présence des arbres dans les pâturages, et d’autres part, pour les dangers environnementaux qu’un tel modèle d’aménagement peu occasionner (érosion des sols, apparition d’une carapace latéritique, etc.). Dans la suite, ce pâturage a évolué de lui-même en une formation sclérophylle, tandis qu’une reconstitution de la savane arbustive était en cours.

4.1.1.3. Les menaces pesant sur les relictes savanicoles du Bugesera.

Les formations savanicoles relictuelles du Bugesera ont toujours suscité la convoitise de la population riveraine et des immigrants éventuels à la recherche de nouvelles terres agricoles et pastorales. Le phénomène de la démographie galopante était donc à la base de cet état de choses. Actuellement, cette menace est toujours pesante et même plus mise en évidence par la présence d’un large cheptel bovin accueilli dans cette région. Ainsi, le trop grand nombre de têtes sur cet espace de surcroît fragile, menace dangereusement le maintien et l’exploitation rationnelle de ces écosystèmes dont le niveau de connaissance des fonctions qu’ils jouent n’est d’ailleurs que très partiel.

4.1.1.4. L’importance spécifique des savanes relictuelles du Bugesera.

A part l’importance pastorale que les savanes relictuelles du Bugesera jouent, il y a aussi l’importance médicinale pour la population riveraine. En effet, plusieurs espèces végétales qu’elles abritent servent pour la fabrication de médicaments par des guérisseurs traditionnels pour guérir certaines affections particulières dont les morsures des serpents qui sont relativement assez fréquents dans cette région.

Il y a également le rôle culturel dans ce sens que «la forêt du Bugesera » intervient dans plusieurs récits et contes traditionnels rwandais.

Par ailleurs, les savanes relictuelles du Bugesera jouent un rôle primordial dans le maintien de l’équilibre écologique de cette région. En effet, avec la régression progressive de la savane du Bugesera, on a observé un déséquilibre écologique dont les effets se sont manifestés par :

-les précipitations qui sont devenues de moins en moins abondantes en raison probablement des parcours effrénés des alizés provenant de l’océan indien qui traversent des régions déboisées et qui ne rencontrent au Bugesera aucun obstacle pour provoquer un mécanisme de précipitations ;

-à cela s’ajoute la baisse de l’évapotranspiration de la nappe phréatique ;

-le fait de mettre à nu les sols qui a provoqué la formation d’une cuirasse impropre à l’agriculture.

Il est donc clair que la disparition complète de ces reliques ne ferait qu’accentuer ces méfaits.

Conclusion sur les aires relictuelles

-Les espaces relictuels sont des écosystèmes naturels et qui faisaient jadis partie des grands systèmes écologiques naturels transformés par processus de fragmentation essentiellement sous l’effet d’une action anthropique.

-L’importance spécifique de ces reliquats a été ci-haut soulignée. Cependant, un constat : ils sont toujours menacés de disparition sous l’effet de la pression humaine. Aussi, il est clair que du fait de leur régression progressive, la plupart des espèces inféodées à ces écosystèmes deviennent de plus en plus menacées (en danger d’extinction) par le fait même de la destruction de leur habitat.

-La sauvegarde de ces espaces naturels devrait être envisagée dans une approche intégrée tendant à résoudre la problématique démographique dans sa globalité.

-Entre-temps, des mesures particulières devraient être promulguées dans l’immédiat pour arrêter la régression à laquelle ils sont soumis à l’heure actuelle, tout en procédant à leur reconstitution de la façon naturelle ou artificielle.

-Des recherches écologiques plus fouillées et relatives devraient être entamées pour pouvoir mieux les connaître afin de mieux les préserver et les conserver. Il faudrait privilégier particulièrement des recherches sur les populations biologiques qu’ils abritent afin de déterminer des chances de maintien de ces populations sur des aires si limitées. Aussi de telles études devraient amener à préconiser des modes d’utilisation rationnelle avec partage raisonnable des bénéfices économiques qui en découlent en faveur de la population riveraine qui est appelée à jouer le tout premier rôle dans leur conservation.

4.1.2. Le Parc National de l’Akagera (P.N.A.)

4.1.2.1.1 Situation géographique.

Le Parc National de l’Akagera est localisé dans l’extrême Nord-Ouest du Rwanda, aux confins des frontières de la Tanzanie et de l'Ouganda. Avant la guerre de 1994, ensemble avec le Domaine de chasse du Mutara (D.C.M.), ils s’étendaient entre 1° et 2° de latitude Sud ainsi qu’entre 30°20’ et 30°50’ de longitude Est. L’altitude varie entre 1280 m et 1825 m au mont Mutumba (Vande Weghe, 1990).

Le Parc National de l’Akagera fait partie de la région des savanes de l’Est du Rwanda et s’étend sur les régions naturelles du Mutara, du Mubari, des Crêtes Bugarama, de la Dépression lacustre, de la Dépression de Kinteko, des plaines centrales, du Buganza, et de la Vallée Centrale.

4.1.2.1.2 Etendue

Créé en 1934, le PNA se composait à l’origine d’une réserve intégrale de 179.000 ha et d’un territoire annexe de 71.000 ha où étaient installées quelques populations.

Vande Weghe et al. (1990) rapportent que depuis 1969-1970, ces populations ont été relogées ailleurs, notamment dans la région de Kiburara, qui fut ainsi détachée du parc. Depuis lors, réserve intégrale et territoire annexe ne constituent plus une entité écologique unique, ayant le même statut. En compensation de la perte du Kiburara, la limite sud fut étendue jusqu’au lac Nasho.

Créé en 1957, le DCM couvrait à l’origine 85.000 ha, mais il a été ramené à 34.000 ha entre 1985-1992, perdant plus de la moitié de sa superficie occidentale (MINETO, 1996 ; Vande Weghe et al.,1990).

(DCM : Domaine de chasse du Mutara).

Au cours des dernières années, les superficies du PNA et du DCM ont diminué considérablement suite à la pression démographique pour les besoins de terres arables (MINETO, 1996). Le tableau suivant montre l’évolution de la superficie du PNA et du DCM entre 1958 et 1996.

Tableau n°6 : Régression du PNA et du DCM entre 1958 et 1996.

(PNA : Parc National de l’Akagera)

(DCM : Domaine de chasse du Mutara).

Réserve

Année

Régression

entre 1958

et 1996

Régression

en %

1996/1958

 

1958

1970

1975

1980

1985

1992

1996

   

PNA

267.000

267.000

267.000

267.000

267.000

250.000

250.000

17.000

6

DCM

64.000

64.000

45.000

45.000

45.000

34.000

-

64.000

100

Superficie

disponible

en (ha)

331.000

331.000

312.000

312.000

312.000

284.000

250.000

   

Source : MINETO, Agenda 21 National, novembre 1996.

Comme on peut l’observer, la superficie disponible en 1958 était de 331.000 ha. Cette superficie est passée à 284.000 ha en 1992 soit une régression de 47.000 ha pendant une période de -22 ans. Il ne restait rien du DCM en 1996 tandis que le PNA était estimé à 250.000 ha.

En 1998, pour résoudre les problèmes d’installation de la population composée majoritairement de rapatriés install& eacute;s anarchiquement à l’intérieur du parc, le Gouvernement a décidé que le PNA soit réduit à environ 1/3 de sa superficie, les 2/3 du parc ayant été dévolu à l’installation de la population et aux activités humaines dont la plus importante est l’élevage. Cette portion du parc est celle qui doit être protégée et conservée en réduisant au strict minimum les pressions sur la faune et la flore qu’elle renferme.

4.1.2.1.3 Milieu biotique

Le PNA comporte des écosystèmes variés dont les plus importants sont :

-Les écosystèmes des savanes subhumides dans la partie occidentale et qui sont actuellement exploitées à grande échelle par la population pour des activités agricoles et pastorales ;

-les forêts-galeries à Acacia kirkii le long de la rivière Akagera dans sa partie nord ;

-les plaines inondées des vallées centrales ;

-les marécages du bassin de l’Akagera ;

-les hauts plateaux de Mutumba, Mukerenke et Kandalo.

Du fait de la variabilité de ces écosystèmes, les ressources biologiques connaissent également une grande variété pour la flore comme pour la faune. Le PNA abrite des quantités d’animaux et de végétaux qui n’apparaissent au Rwanda que dans cette aire protégée.

La flore ligneuse est constituée de forêts-galeries et savanes boisées qui sont des réserves de bois appréciés, de grande valeur commerciale. D’autres plantes utiles y sont présente, notamment les plantes médicinales et mellifères.

La faune sauvage renferme des espèces animales les plus remarquables et uniques en Afrique. Parmi celles-ci, on peut citer le Sitatunga, le Bec en sabot du Nil, le Rhinocéros noir, la girafe importée, le lion et l’éléphant.

Végétation.

Les travaux de Lebrun et al (1948), Lebrun (1955), Bouxin (1973), Vande Weghe (1990), Monfort (1990), et surtout ceux de Troupin (1966), Gillardin et Troupin (1977) fournissent des indications sur les associations végétales rencontrées dans le PNA et le DCM.

Les gradients climatologiques à l’intérieur du PNA et du DCM influent sur la distribution des essences ligneuses et de la végétation herbacée. Sur le plan bio-géographique, la distribution de certaines essences indicatrices est fonction de la diversité des sols et les gradients climatiques.

Au cours des dernières dizaines d’années, beaucoup de changements se sont opérés dans la végétation du PNA/DCM et les feux ont exercé des effets sur la composition floristique.

A l’intérieur du PNA/DCM, beaucoup de végétaux ont une distribution limitée et, indépendamment des facteurs de sol et de climat, la végétation de diverses régions du PNA/DCM montre aussi des influences phytogéographiques ou historiques différentes. Troupin (1966) avait déjà montré que l’influence guinéo-congolaise était prépondérante dans les galeries mésophiles du Nord. Selon les influences de climat de sols, les divers types de distribution sont tels que montrés dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°7 : Distribution spécifique de quelques végétaux.

Distribution

Végétation

Extrême Nord du Parc National de l’Akagera

Végétaux confinés aux galeries forestières à Acacia kirkii de la Kagitumba, de la Muvumba, de l’Akagera.

Partie aride du Parc National de l’Akagera

Maerua angolensis

Acacia senegal

Boscia angustifolia

Pleurostylia africana

Sud du parc

Végétaux liés aux savanes boisées :

Hymenocardia acida

Crossopteryx febrifugum

Piliostigma thonningii

Sommets : altitudes supérieures à 1500 ou 1600 m.

Faurea rochetiana

Hebenstreitia angolensis

Sopubia lanata

Echyinops eryingiifolius

E. amplexicaulis

Vernonia gerberiformis

V.chtonocephala

 

Flore herbacée

Pour les grands mammifères herbivores, la nature et la composition de la strate herbacée sont d’une grande importance. Dans les limites actuelles des aires protégées, trois groupes d’associations recouvrent 95 % de la surface :

-les herbages des sols noirs dans les laines alluviales dominés par l’association à Botriochloa insculpta, Themeda triandra et Sporobolus pyramidalis ;

-les herbages des piémonts et des plateaux, dominés par diverses associations à Themeda triandra, Hyparrhenia sp., Cymbopogon afronardus, Setaria sphacelata, Panicum maximum, Chloris gayana, Brachyaria eminii, Digitaria vestila, Eustachs paspaloides, Cynodon dactylon et Beckeropsis uniseta ;

-les herbages des sols rocailleux ou peu profonds des crêtes et pentes abruptes, dominés par l’association à Loudetia simplex, Androopogon duemmeri, Hyparrhenia lecomtei et Eragrostis racemosa.

L’association à Botriochloa, dans les plaines alluviales, est la plus recherchée par les ongulés (Monfort, 1972), étant donné qu’elle peut nourrir des troupeaux durant la majeure partie de l’année, surtout si les herbes sont tenues courtes par broutage.

Les herbages à Botriochloa se rencontrent dans toutes les régions du PNA-DCM, bien que les axes principaux des plaines soient souvent occupés par des marais permanents ou semi-permanents. Les étendues les plus importantes sont situées dans les plaines Kamakaba, Kirara et Uruhita.

Les associations de piémonts ne sont valables pour les ongulés que durant la période de croissance des herbes qui ne dure normalement que de 1 à 2 mois. Cette période peut toutefois être prolongée considérablement lorsque les herbes sont tenues courtes par broutages. Les herbages les plus recherchés sont ceux des savanes boisées où domine Panicum maximum. Par contre, de vaste étendues de piémont sont rendues quasi inutilisables par les ongulés à cause de l’abondance de Cypbopogon afronardus. Les herbages à Themeda des piémonts couvrent plus de 60% de la superficie totale du PNA/DCM. Ils se rencontraient également dans toutes les régions mais étaient largement prédominants dans le Mutara et la dépression lacustre.

L’association à Loudetia ne peut être utilisée que tout au début de la régénération herbacée, durants quelques semaines au maximum (Monfort, 1972). Les herbages à Loudetia couvraient environ 30% de la superficie totale du PNA/DCM et étaient absolument prédominants sur les crêtes du nord (Nyaruhari-Bugarama) et dans le Buganza.

Flore ligneuse.

Pour les ongulés et pour les oiseaux, la densité de la végétation est surtout plus importante que sa composition. La végétation sert également d’habitat à d’autres animaux sauvages tels que les reptiles et les insectes.

Pratt et Gwynne (1977) distinguent trois types de végétation de savanes orientales selon le degré de recouvrement ligneux comme suit :

-les savanes herbeuses avec moins de 2% de couvert ligneux ;

-les savanes arbustives ou arborescentes, avec 2 à 20% de couvert ligneux ;

-les savanes boisées avec plus de 20% de couvert ligneux.

Les savanes arbustives et arborescentes couvrent la majeure partie de la zone des collines (plus de 60%) et une grande partie du Mutara-Sud et du Mutara-Nord.

Les étendues significatives de savanes herbeuses se limitent au Mutara, surtout au Mutara Central, aux plateaux du Mubari et à quelques plaines alluviales (Kirara, Kamakaba, Uruhita et Nyamwashama).

Les savanes herbeuses ouvertes sont composées de Themeda, Hyparrhenia et Cymbopogon qui sont absolument dominantes et résultant des pratiques anciennes des feux de brousse et de surpâturage de grands troupeaux de bovins.

Par endroits, on trouve une recolonisation d’essences ligneuses composées de Acacia sieberana var.kagerensis, A.senegal et des essences xérophiles telles que Boscia angustifolia, Aloe macrosuphon et Sanseviera cylindica (MINAGRI, 1990).

La moitié orientale qui, actuellement, fait la presque totalité du nouveau PNA, est caractérisée par les essences xérophiles suivantes : Boscia angustifolia, Aloe macrosuphon, Sanseviera cylindrica, Commiphora madagascariensis, Fagara chalybaea, Ziziphus mucronata, Lannea humilis, L.fulva, Markhamia obtusifolia et Aloe volkensii (MNAGRI, 1990).

L’autre moitié du PNA comporte les essences xérophiles déjà citées auxquelles s’ajoutent Croton dichogamus, Maerua angolensis et Pleurostylis africana. Commiphora madagascariensis et Aloe volkensii deviennent plus abondantes que dans les autres Zones.

Les savanes boisées sont prédominantes dans l’extrême nord du PNA, autour des plaines centrales, dans la vallée centrale, en quelques points de la dépression lacustre (Rwanyakizinga, Gishanju et Hago) et, surtout, dans le sud du PNA, aussi bien du côté des lacs que dans le bassin des plaines Nyamwashama et Nyaruhuru.

Dans les plaines alluviales, les galeries forestières sont à dominance de Acacia kirkii. La vallée inondée de l’Akagera abrite une succession de galeries forestières à Acacia polyacantha, à Albizia petersiana, à Sapium ellepticum et à Phoenix reclinata. A tous ces types de galeries sont toujours associés des pieds de Ficus thonningii, F.cyathistigrula et F.calllis choudae.

Les exploitations de bois dans les différentes galeries forestières ont entraîné leur conversion rapide et l’épuisement ou la rareté des espèces telles que Acacia kirkii, A ; sieberana var.vermoesenii, Albizia adiantifolia, A. petersiana, Croton macrostachyus, Dombeya sp., Markhamia obtusifolia, M.lutea, Poenix reclinata, Pterygota mildibraedi, Sapium ellipticum, Teclea nobilis, etc.

Végétation des marais

L’étude par Dejace et Vande Weghe (1990) répertorie la flore des marais comme suit :

Dans la dépression fluvio-lacustre, on trouve essentiellement des papyraies pures, des formations à Miscanthus violaceus, à Cladium mariiscum et à Typha australis ainsi que des prairies flottantes à fougères et moyennes Cypéracées (Vande Weghe et Dejace, 1989).

Par endroits se forment également des herbes à Vossia cuspidata et dans les trouées d’eau libre ou en bordure des chenaux s’installent des prairies à Nymphaea nouchallii ou Pistia stratoites.

Les formations arbustives ou arborescentes se limitent à des massifs plus ou moins ancrés de Syzigium cordatum et Ficus sp., ou à des franges à aeschynomene elaphroxylon ou à Phoenix reclinata, le long des rives.

Les marais des plaines sont essentiellement couverts de Cyperus denudatus ou d’Echinochloa pyramidalis.

Faune.

Le Rapport National sur la Convention de la Diversité Biologique établi par le MINAGRI (1998) suggère que les savanes du PNA comprennent 47 espèces de grands mammifères, 9 espèces d’amphibiens, 23 espèces de reptiles et environ 530 espèces d’oiseaux. Les lacs du PNA abritent 9 espèces de poissons.

A cette faune naturelle ont été ajoutés par introduction le rhinocéros noir (Diceros bicornis) en 1956, et la girafe commune (Giraffa camelopardalis masaica) en 1985. L’éléphant, Loxodonta africana, a été réintroduit en 1975.

Mammifères.

Distribution des mammifères (NDAYAMBAJE J.D., janvier, 1999).

Du point de vue de leur distribution, Dejace et Vande Weghe (1989) font mention de quelques espèces de mammifères omniprésentes et d’autres à distribution limitée.

Les espèces omniprésentes sont celles qui existent sur toute la superficie du parc bien que les densités puissent être localement très variables. A titre d’exemples le ratel, Mellivora apensis, existe en faible quantité sur tout l’étendue du PNA. Cependant, certaines espèces omniprésentes ont un choix d’habitat différent selon qu’elles vivent dans les Zones climatologiquement aride ou au contraire dans les zones humides.

Ainsi, la mangouste des marais. Attilax paludinosus, peut être rencontrée partout dans les zones les plus humides du PNA, tandis que dans les régions arides, elle est strictement inféodée aux marais et rives lacustres.

Les espèces à distribution limitée sont celles qui n’existent pas sur toute la superficie du PNA.

La distribution de quelques espèces est présentée ci-dessous :

-le chat doré, Felis aurata (imbaka), n’a été retrouvé que dans les galeries forestières de l’Akagera à l’extrême nord du PNA ;

-la mangouste naine, Helogale parvula n’existe que dans la zone sud aride du PNA ;

-Herpestes ichneumon (umutereri) existe dans la zone subhumide du PNA ;

-Petrodamus tetradactylus n’existe que dans la partie sud de la zone sub-aride, plus particulièrement dans la vallée centrale et dans la zone en bordière des lacs Elle ne dépasse pas 1450 m d’altitude ;

-Giraffa camelopardalis massaica se cantonne dans le sud du PNA, principalement dans le bassin de la plaine Nyamwashama et sur le massif de Rwisirabo.

-Loxodoma africana apparaît dans la région lacustre entre le lac Ihema et la presqu’île du Mubari ;

- Les Impala, les topis et les zèbres utilisent tout l’écosystème du parc bien que certaines régions supportent des densités plus élevées que d’autres ou puissent être exploitées pendant plus de mois par an que d’autres. Ils connaissent ainsi les deux sortes de distribution comme définies ci-dessus ;

- Les régions des plaines centrales et la partie nord de la région bordière des lacs supportant la plus grande population des ongulés. Ceux-ci effectuent des migrations à l’intérieur du PNA, ce qui fait que certaines régions possèdent une valeur toute particulière dans le fonctionnement de l’écosystème de savanes.

Effectifs et évolution des populations d’ongulés.

Depuis la création du PNA et du DCM, les estimations des populations animales ont été imprécises. Les estimations les plus récentes sont celles de Spinage (1972), Troupin (1988), Vande Weghe (1991) et Williams (1999). Le tableau ci-dessous montre les estimations des populations animales au cours du temps depuis 1947 jusqu’en 1999.

Tableau °8 : Estimations et évolution des populations animales de 1947 à 1999 au PNA/DCM

Espèces

Verhult

(1947)

Spinage

(1969)

Vande Weghe &

Dejace (1991)

Williams & Ntayombya (1999)

Régression

en % (1991- 1999)

Buffle

1000

6900

10000

2261

77

Impala

4000

6250

30000

5665

81

Topi

2000

1570

7500

2024

73

Phacochère

-

670

1500

378

75

Eland

700

670

325

-

-

Cobe defassa

500

410

1600

351

78

Cobe redunca

-

1030

1890

-

-

Rouanne

150

110

145

-

-

Oribi

-

2575

2655

618

77

Zèbre

2000

1700

3800

3048

20

Lion

-

150

300

-

-

De ce tableau, on remarque que les espèces d’ongulés les plus abondantes ont subi des réductions en nombres très importants variant de 75% à 80%. La réduction est uniquement très faible pour les zèbres.

D’après le même tableau les populations animales ont été en constante augmentation si on compare les effectifs de 1947 et de 1969 à ceux 1991. L’augmentation est surtout notoire chez le buffle, l’impala, le Topi, et le Cobe defassa. Elle est nette chez les zèbres. L’Oribi et la rouanne semblent stables. Par contre chez l’éland, la réduction est nette.

Faune ornithologique.

Composition de l’avifaune.

L’avifaune terrestre du PNA est assez typique pour les savanes à Acacia combretum de l’Afrique Orientale sub-humide et sub-aride (Vande Weghe et Dejace, 1991). En plus, elle possède une dizaine d’espèces spécifiques aux savanes à Brachystegia de l’Afrique Zambésienne. D’après Vande Weghe et Dejace (1991), les espèces les plus remarquables sont Lanius souzae, Thamnolea arnoti, Anthus lineiventris, et Trachyphonus vaillantii. L’avifaune comprend également les espèces indigènes à savoir Francolinus streptophorus et Lybius rubrifacies.

Habitats des oiseaux.

On distingue les habitats végétaux et les habitats liés à des facteurs physiques. A chaque type d’habitat correspond une niche particulière pour laquelle l’espèce est restreinte. Le tableau ci-après fait correspondre certaines espèces d’oiseaux à des niches spécifiques.

Tableau n°9 : Habitats spécifiques à l’avifaune.

Types d’habitats

Niches

Avifaune caractéristique

Savanes herbeuses

Savanes herbeuses à Themeda, Hyparrhenia, Cymbopogon

Savanes herbeuses à Laudetia

Savanes herbeuses des plaines

Otis denhanii

 

Francolinus streptophorus

Cisticola juncidis

Savanes arbustives et arborées

Savanes à Acacia

 

Savanes à dominance d’essences à feuilles larges sur crêtes, pentes abruptes et piémonts.

Eremomela icteropygialis

Phyllolais pulchella

Lybius rubrifacies

Eremomela scotops

Forêts sèches

 

Smithornis capensis,

Phyllastrephus placidus,

Apalis cinerea,

Apaloderma narina,

Francolinus squamatus

Forêts humides

Le long de la rivière Akagera au nord

Cossypha cyanocampter ;

Camaroptera chloronota,

Alcedo quadribrachys

Trochocerus cyanomelas,

Andropadus virens,

Phyllastrephus scandens

Savanes boisées

Savanes à Brachystegia et à Combretum

Lanius souzae,

Thamnoled arnoti,

Anthus lineivetrist

Trachyphonus vaillantii,

Francolinus streptophorus,

Lybius rubrifacies

Habitats physiques

Escarpements rocheux

 

Affleurements rocheux et dalles latéritiques

Falco tinnunculus,

Thamnolea innamomeiventris

Emberiza tahapizi

Cercomela familiaris

 

Problèmes ou Contraintes de Conservation de la Biodiversité dans le PNA.

Résultats du diagnostic (NDAYAMBAJE J.D., janvier 1999).

Les problèmes et contraintes de conservation de la biodiversité dans le PNA ont été identifiés à travers un diagnostic mené auprès des communautés riveraines du PNA. Une approche participative a été utilisée dans le processus d’identification des problèmes et dans la recherche des solutions. Les informations complémentaires ont été fournies par une revue bibliographique des documents traitant les causes des menacés sur la biodiversité du PNA.

Les systèmes d’utilisation de sol/ressources, les problèmes et les stratégies préconisées par les communautés visitées ont été groupés selon les domaines pastoraux, agricole, de la pêche, de la chasse et de l’artisanat.

Elevage

Situation de l’élevage (NDAYAMBAJE J.D., janvier 1999)

Le nombre de tête de bovins varie considérablement entre les éleveurs. En moyenne, on dénombre 50 à 100 vaches par ménage.

Le mode d’élevage est de type extensif. L’Etat a distribué des pâturages de 50 ha pour 100 bovins mais tous les éleveurs ne sont pas couverts. Pour les éleveurs de moins de 100 vaches, ils se sont associés pour faire un nombre de 100 bovins en vue d’obtenir un pâturage de 50 ha. Dès obtention d’un pâturage, chaque éleveur se met à anéantir Cymbopogon afronardus par déracinement et d’autres mauvaises herbes, non appâtées par les bovins.

Toutefois, la taille des pâturages est jugée insuffisante par tous les éleveurs. L’élevage est surtout pratiqué près des rivières Muvumba et Akagera ainsi qu’aux environs des lacs.

D’après les agri-éleveurs, les pressions pastorales sur le PNA sont dues :

-surtout à la recherche de l’eau pour abreuver le bétail ;

-à l’insuffisance du fourrage ;

-à la grande capacité de charge des troupeaux ;

-au pâturage communal des troupeaux ;

-à la méconnaissance des limites exactes du parc.

Les éleveurs sont conscients du danger des feux de brousse. Parmi les conséquences reconnues par ceux-ci, on note :

-la destruction des micro-organismes qui restaurent la fertilité du sol ;

-un déficit fourrager, résultant en une grande mortalité des bovins, de juillet à septembre, lorsque la saison sèche se prolonge ;

-la disparition progressive des herbes d’où l’érosion et l’apparition des plages dénudées ;

-le développement des herbes et arbustes non appâtés par les bovins ;

-la végétation brûlée n’est pas reconstituée.

Par contre, les éleveurs pensent que la pratique des feux de brousse permet de favoriser le développement d’une végétation tendre, de brûler les serpents et leurs œufs, de prévenir contre les tiques et d’éradiquer la mouche tsé-tsé.

Selon la population visitée au cours du diagnostic, les feux sont pratiqués par les enfants qui trouvent du loisir dans la flambée. Ils peuvent également être produits accidentellement. Les feux de brousse ont eu lieu pendant la petite saison sèche de février à mars et pendant la grande saison sèche de juin à août.

4.2. Les forêts-galeries relictuelles

4.2.1. Forêt-galerie de Mushikiri-Kigina.

Située à cheval sur les Communes de Rusumo et Kigarama, au niveau des secteurs Mushikiri et Kigina, cette forêt-galerie est drainée par la rivière Rujabari.

Cette forêt en grande partie marécageuse présente une flore dominée par l’essence Syzygium guinense dans la strate arborescente et par Bridelia dans la strate arbustive.

Les espèces codominantes sont :

Newtonia buchananii, Albizia gummifera, Pterygota mildbraedii, Mytragyna rubrostipulata, Antocleista grandiflora, Phoenix reclinata.

De plus dans les Zones moins fangeuses, autour de la galerie, se rencontrent Blighia unijugata, Sapium ellipticum, Cordia africana, Cassipourea ruwenzoriensis, etc.

Les lianes telles que Basella alba, Cardiosporum halicacabum, Strychmos usambarensis entourent les arbustes du sous-bois.

En amont et en aval se trouve une grande papyraie de Cyperus papyrus qui fait office de zone tampon pour la rivière Rujabari et qui héberge des individus de Potamogeton thumbergii.

Concernant la strate herbacée, elle est également très riche en espèces et qui restent néanmoins à découvrir et décrire.

Pour ce qui est de la faune, on peut dire que des primates forestiers tels que : Papio anubis, Cercopithecus aethiops, C. ascanius sont largement représentés.

L’avifaune y est aussi très fortement représentée avec l’espèce Stephanoetus coronatus dont la présence est très remarquable.

La faune herpétologique y est également très développée (cobra, vipères) et rend l’accès à ces Zones très pénible.

Les papillons sont aussi nombreux et variés.

La localisation de la forêt de Mushikiri-Kigina dans une région très sèche contribue à l’hypothéquer son maintien car la population riveraine y aménage régulièrement des parcelles de cultures dans ses parties humides pendant la saison sèche. Par ailleurs, la même population y fait régulièrement recours pour le bois de construction, d'œuvre et de chauffage.

Enfin, les différents primates provoquent beaucoup de dégâts dans les cultures des environs, ceci cause évidemment une grande hostilité de la population riveraine à l’égard de ces espèces en particulier, et de cette forêt en général.

 

4.2.2. Forêt-galerie d’Ibanda-Makera.

Cette relicte forestière est située dans la dépression de la rivière Akagera aux environs du système lacustre Nasho-Mpanga-Rwehikama et elle constitue un élément de la zone écologique de Nasho-Est, en Commune Rusumo au lieu dit Ibanda-Makera.

Elle a été partiellement défrichée par le projet Bugesera-Gisaka-Migongo et la population d’immigrants de façon qu’en 1988, il ne reste plus qu’une superficie de 74 ha dont la moitié était marécageuse et inondée par les eaux de l’Akagera.

En bordure de la forêt se font voir les arbres géants :

Techlea nobilis, Euclea schimperi, Bridelia micrantha, Rhus vulgaris, Lannae stuhlmanii (qui est une espèce en voie d’extinction).

Plus à l’intérieur, les arbres forment une haute futaie de forêt dense dominée par les espèces : Sapium ellipticum, Blighia unijugata, Chaetacne aristida, Ficus toningii, Albizia, Erythrina abyssinica, Cordia africana, Eckebergia capensis, Dracaena afromontana, Cassipourea sp., Haplocoelum gallaense.

Par ailleurs la strate moyenne est formée de lianes entrelacées dominées par les espèces : Uvaria schweinfurthii, U. welwitchii, Grewia forbesii, qui sont des espèces actuellement rares au Rwanda.

La strate herbacée n’est pas très riche en espèces du fait qu’elle est périodiquement inondée. Elle est toutefois représentée notamment par : Achyrantes aspera, Asplenium, Hypoestes verticularis, ainsi que des lianes asclepidiaceae (dont l’espèce Taccazea apiculata).

La partie plus centrale est un marécage, papyraie à Cyperus papyrus, dans lequel émergent aussi des arbres de Phoenix reticulata et Ficus vallis choudae dans les endroits moins fangeux.

Enfin, à la lisière de cette forêt, la zone pâturée est rocailleuse et abrite une association à Crossopteryx febrifuga et Securinaga longipedonculata, tandis qu’une ascelepidiacae du genre Carraluna se trouve sur des roches.

Concernant l’aspect faunistique, cette forêt étant située le long de l’Akagera, la faune des marais y est bien représentée, Hypopotamus amphibius, Hylochoerus meinertzhageni, Potamochoerus porcus, Felis aurata. Les primates y sont également visibles : Papio anubis, Cercopithecus mitis, ainsi que des ongulés : Tagelaphus sciptus, ainsi qu’une faune herpétologique très développée.

L’avifaune y est également variée (Francolinidae, Musophagidae) de même que des reptiles et des amphibiens qui n’ont pas encore été fait l’objet de recherche.

Des espèces de papillons ont été identifiées comme probablement endémiques à cette forêt (Monfort, N.) : Charaxes tiridates, Euphraedra medon, E. Zaddachi, Graphium anthens, Mylothris, Psedacrea.

Ainsi la présence de telles espèces rares témoignent également de la présence des plantes également rares.

L’importance de la forêt d’Ibanda-Makera tient au fait que cette forêt contient des espèces endémiques et des espèces rares qui n’existent pratiquement plus que là.

A cela s’ajoute le fait que certaines de ces espèces sont utilisées en médecine traditionnelle et en pharmacopée moderne dont les chercheurs y font recours pour mettre en évidence des extraits d’importance biochimique. C’est le cas de :

Blighia unijugata : arbre géant contenant deux principes hypoglycémiants ;

Grewia forbest : arbuste contenant une substance à activité ocytocique ;

Rhus vulgaris : dont les composés biochimiques ont des effets très puissants et testés au Laboratoire ;

Ficus acuta, F. thoningii : soignent différents maux de tête et de dents.

Certaines des plantes de cette forêt portent des fruits sauvages comestibles : Doryalis sp., Ficus sp., Piper, tandis que d’autres sont utilisées en horticulture.

La forêt-galerie d’Ibanda-Makera avait été identifiée par la DGF comme devant être protégée et préservée pour des besoins surtout de recherche à cause de sa dimension relativement importante et des espèces rares et menacées qu’elle contient.

Des mesures de protection avaient été mises sur pied, notamment par la délimitation grâce à une ceinture aménagée autour de cette forêt et des recherches DGF-ISAR étaient en cours pour utiliser à cette fin des essences menacées. Par ailleurs un système de gardiennage avait été instauré et semblait être efficace.

4.2.3. Forêt-galerie de RUGOMERO

C’est une forêt marécageuse du fait qu’elle est traversée par une rivière, localisée dans la Commune Birenga, entre les secteurs Gahara et Gashongore. Elle a été très fortement endommagée par la hache et le feu depuis 1992 où un groupe de 300 habitants s’y étaient introduits en recherchant du terrain de culture.

Du fait qu’elle est très fortement sécondarisée, les éléments floristiques dominants sont : Trema orientalis, Macaranga neomildbraediana, Cyperus latifolius, espèce colonisatrice des marais. Toutefois, les espèces Mitragyna rubrostipulata, Phoenix rubrostipulata, Phoenix reclinata, Syzygium cordatum, Bridelia micrantha, Monathotaxis orophila, Croton macrostachys rappelle l’élément original appartenant à l’ensemble soudano-zambézien.

Par ailleurs, au fond de la vallée se trouvant à l’ouest de la galerie est développée une végétation de Cyperus papyrus.

Concernant la faune de la forêt-galerie de Rugomero, elle est très semblable à celle des forêts-galeries de la région :

Primates : Cercopithecus mitis, C. Aethiops

Oiseaux : sont également très nombreux et variés.

Serpents : plusieurs sortes y existent.

Plusieurs autres espèces qui y existent ne sont pas encore connues.

 

4.2.4. Forêt-galerie de RWAKIVUNJI.

Cette forêt est localisée entre les secteurs Muzingira et Gahurira de la Commune Birenga. Elle est traversée par la rivière Rwakivunji qui la rend marécageuse.

L’intérieur de la forêt est occupé par un marécage avec une papyraie à Cyperus papyrus. Ce marécage est entouré par des arbres Mitragyna rubrostipulata. Vers la terre ferme, dominent les essences à Blighia unijugata, Anthocleista grandiflora, Trimeria grandiflora, Xanthoxylum chalbeum, Clausena anisata, Toddalia asiatica et Bridelia micrantha.

Au niveau des piedmonts, Pittosporum spatycalyx, Cordia africana, Albizia et Acacia forment une forêt touffue.

Le sous-bois est dominé par des fourrés d’Acanthus pubescens, Musa ventricosum enlacés par des lianes tels que Paulinia pinnata, Tacazea floribunda, Ficus asperifolia, Roicissus tridentata et Neorautanenia mitis.

Concernant l’aspect faunistique, on y rencontre quelques primates et oiseaux, de même que des serpents tels que des pythons.

Cette forêt avait été longtemps préservée grâce aux efforts de Mgr Télesphore KAYINAMURA, fondateur du centre de Pharmacopée Traditionnel de Bare (centre situé dans la vicinité de cette forêt), pour des fins de protection et conservation des plantes d’importance médicinale qu’elle abrite.

Cependant, cette protection a été, à un moment donné, abandonnée car elle a été systématiquement défrichée de façon incontrôlée, ce qui fait que plusieurs parties de cette forêt montrent un aspect très secondaire.

4.2.5. La forêt-galerie de CYUNUZI.

La forêt-galerie de Cyunuzi était à cheval sur les Communes Birenga, Rukira et Rusumo et elle est traversée par la route asphaltée Kayonza-Rusumo.

Il y a peu d’années, la puissante galerie forestière autour du marais de Cyunuzi était composée de grands arbres : Croton macrostachys, Albizia gummifera, Cordia africana, Syzigium parvifolium, Markhamia lutea, Ficus thonningii, Sapium ellipticum, Blighia unijugata étaient puissamment développés, tandis que la strate arbustive était représentée par Bridelia brideliifolia, Teclea nobilis, Allophylus, etc. (RUNYINYA B.,1977).

Dans le contrebas de Curazo, il y avait une puissante galerie au fameux vieux Pterygota mildbraedii, avec comme cortège : Newtonia buchananii, Albizia gummifera, Agodytes dimidiata, Turrae floribunda, Alangium chinense, Cordia africana etc.

A l’heure actuelle, ce paysage a complètement changé à cause des déprédations de toutes sortes dont cette forêt a été l’objet à travers le temps. Toutefois, au niveau de la localité dite KIBAYA, une formation adulte de Pterygota s’y dresse.

Les Pterygota sont des arbres géants qui peuplaient jadis toute la région du Gisaka. Ces arbres séculiers caractérisent la longue évolution historique de cette région si bien qu’ils sont considérés comme des fossiles vivants, comparables au Sequoia d’Amérique. Néanmoins, ces témoins séculiers de l’histoire sont menacés d’extinction car la forêt-galerie de Cyunuzi, dernier refuge de ces essences est elle-même menacée. Celle-ci a été d’une part, détruite par la construction de la route Kayonza-Rusumo qui la traverse, et d’autre part, par la population d’immigrants qui l’ont défrichée de façon désordonnée dans le but d’avoir des terres et de la fabrication des briques.

Cependant, des spécimens de ces vestiges séculiers existent encore épars dans des bananeraies de cette région. De plus leur régénération est relativement facile, mais la population en est hostile et les arrache vite des champs car elle considère qu’ils peuvent endommager les cultures une fois grandis. En outre, ils ne présentent pas un grand intérêt économique car ils ne donnent pas de bonnes planches, sont vite attaqués par les insectes et ne sont pas de bons combustibles.

Considérant tous ces aspects, des mesures de conservation et de protection avaient été arrêtées : des essais de germination des graines de ces arbres séculiers avaient été conduits dans la galerie de Cyunuzi, notamment dans la localité de Libaya ci-haut citée.

4.2.6. Intérêt particulier pour la protection des forêts-galeries

-Les forêts-galeries jouent un rôle tampon et de châteaux d’eau des rivières qui les drainent et les irriguent.

-Elles règlent le débit des sources d’eau dans cette région xérique où toute possibilité d’en obtenir est mise en rude épreuve par des conditions climatiques.

-Elles hébergent une flore et une faune non encore connues, car il n’y a pas encore eu des recherches fouillées.

-Elles comportent un intérêt socio-économique important (gibier, bois de feu, plantes médicinales, comestibles,...).

-Elles ont un intérêt scientifique et éducationnel dans ce sens qu’elles ont en quelque sorte des «fossiles vivants », abritant une végétation particulière (comme ces arbres géants séculiers, témoins d’une longue évolution à travers des siècles). Elles peuvent notamment servir dans les études des processus évolutifs de la végétation et des habitats par comparaison avec d’autres écosystèmes avoisinant tels que savanes boisées ; d’autre part, elles permettent d’étudier l’écologie des espèces rares, mais d’intérêt capital comme les plantes médicinales en vue de leur multiplication, conservation et préservation.

-Enfin, étant les derniers représentants des écosystèmes particuliers, avec des espèces vivantes rares, elles constituent un patrimoine digne de protection, des sites où des ressources génétiques uniques pourraient encore être préservées. D’autre part, beaucoup d’espèces sont des ressources potentielles intéressantes pour des fins très variées : agronomiques, pharmacologiques,...

 

 

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