SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO

RAPPORT SPÉCIAL

SITUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES AU KENYA

10 juillet 2000

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1. VUE D'ENSEMBLE

Au Kenya, la situation actuelle ainsi que les perspectives concernant les disponibilités alimentaires suscitent de vives inquiétudes. Les récoltes de la saison des longues pluies (mars-mai), qui, en temps normal, représentent 80 pour cent de la production vivrière annuelle ont été mauvaises en raison d'une sévère sécheresse. A l'exception de certaines zones dans les provinces de l'ouest et du Nyanza qui ont bénéficié de pluies abondantes, dans le reste du pays, y compris dans la province de la Vallée du Rift, "grenier" du pays, et dans la province centrale, qui normalement atteint presque l'autosuffisance alimentaire, les précipitations ont été faibles ou nulles, entraînant un peu partout des pertes de récoltes, ainsi que de fortes pertes de bétail dans les zones pastorales du nord, du nord-est et du nord-ouest. La situation alimentaire est particulièrement grave pour les éleveurs qui subissent le manque de précipitations dans leur région pour la quatrième fois consécutive. La sécheresse qui sévit actuellement a donc encore aggravé la pénurie d'eau et le manque de pâturages. La crise alimentaire actuelle dans les zones pastorales découle de l'effet conjugué des pertes massives de bétail, de la chute des prix du bétail et de la hausse considérable des prix des céréales. On signale des décès par famine, surtout parmi les enfants. Le gouvernement a lancé un appel d'aide à la communauté internationale pour faire face à la situation d'urgence.

Le maïs, denrée alimentaire de base au Kenya, représente plus de 80 pour cent du total des céréales (riz, blé, mil et sorgho). Selon les estimations officielles actuelles, la récolte de maïs de la saison des longues pluies de 2000 ne serait que de 1,4 million de tonnes. Elle serait donc de 36 pour cent inférieure à la moyenne des récoltes de la saison des longues pluies qui est de 2,21 millions de tonnes et de 22 pour cent inférieure à celle de 1999, qui, malgré la sécheresse, se chiffrait à 1,8 million de tonnes. En admettant que la récolte de la saison des petites pluies (octobre-décembre) atteigne le même niveau que celle de 1999, estimée à 450 000 tonnes, la production nationale totale disponible pour la consommation en 2000/2001 s'éléverait à 1,85 millions de tonnes. On estime que les stocks de maïs seront épuisés à tous les niveaux, dans l'ensemble du pays. Compte tenu des besoins d'utilisation de maïs au niveau national (y compris la consommation alimentaire, le fourrage, les semences, les pertes) estimés à 3,21 millions de tonnes, le Kenya devra importer quelques 1,4 millions de tonnes jusqu'à la prochaine récolte principale de septembre 2001 (voir le tableau ci-dessous sur la situation de l'offre et de la demande de maïs).

Les cours du maïs sont très élevés et ne cessent de croître, réduisant progressivement l'accès à la nourriture aux couches les plus pauvres de la population. Cependant, avec la suppression à la mi-juin, des lourdes taxes d'importation du maïs, on s'attend à ce que le secteur privé comble une grande partie du déficit. Toutefois, les populations vulnérables, les éleveurs en particulier, ne pourront pas se procurer du maïs sur les marchés et auront donc besoin d'une aide alimentaire.

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2. PRODUCTION DE MAÏS EN 1999 ET 2000

2.1 Production en 1999

Les longues pluies de 1999 (mars-mai) ont été très variables, dans l'espace et dans le temps. Les provinces de l'ouest et du Nyanza, ainsi que les zones principales de production de maïs dans la province de la Vallée du Rift (les districts de Kericho, Nandi, Trans Nzoia et Uasin Gishu) ont bénéficié de précipitations normales et les récoltes ont été bonnes. Dans le reste du pays, toutefois, notamment dans les provinces du centre, de l'est, du nord-est ainsi que dans les zones septentrionales de la province de la Vallée du Rift et dans la province côtière, la pluviosité, inférieure à la moyenne, a eu pour conséquence de réduire considérablement les récoltes. La production totale de maïs et de haricots a été estimée respectivement à 1,8 millions de tonnes et 270 000 tonnes. Alors que la récolte des haricots a presque atteint le niveau normal, celle du maïs a été de 20 pour cent inférieure à la moyenne de la récolte de la saison des longues pluies.

La saison des petites pluies (octobre-décembre), qui fournit environ 20 pour cent de la production céréalière annuelle, représente la campagne principale dans les régions pastorales et agro-pastorales arides et semi-arides du nord, du nord-ouest et du nord-est, ainsi que dans les régions agricoles marginales dans l'est et le sud du pays. Les petites pluies de 1999 ont démarré tardivement dans de nombreuses zones et se sont révélées insuffisantes pour assurer la production céréalière, la régénération des pâturages et la reconstitution adéquate des ressources hydriques, en particulier pour le bétail. Les districts les plus touchés ont été ceux du Turkana, West Pokot, Baringo, Samburu, Marsabit, Isiolo, Garissa, Wajir, Moyale et Mandera (zones pastorales arides et semi-arides) et ceux de Tharaka, Mbeere, Mwingi, Machakos, Makueni et de Tana River (zones agricoles marginales).

La production totale de maïs de 1999 a été estimée à 2,25 millions de tonnes, contre 2,44 millions de tonnes en 1998 (-8 pour cent) et une moyenne de 2,7 millions de tonnes des cinq années précédentes (-17 pour cent).

2.2 Production de la saison des petites pluies en 2000

La saison principale de 2000 - les longues pluies (mars-mai) - a été très mauvaise. Il y a eu un faux démarrage à la mi-avril (avec un bon mois de retard), avec des averses sporadiques dans de nombreuses zones, qui ont ensuite cessé vers la fin du mois sauf dans l'ouest et le long des côtes de l'océan indien où les précipitations ont été abondantes encore qu'inégales. Les superficies ensemencées en maïs profitant des pluies du mois d'avril sont estimées à 79 pour cent de la moyenne de celles de la saison des longues pluies, mais les cultures se sont desséchées dans la plupart des régions, notamment dans la province de la Vallée du Rift, le "grenier" du pays, ainsi que dans la province centrale, à haute potentialité, qui normalement atteint presque l'autosuffisance alimentaire. Par conséquent, la production de maïs de la saison en cours est provisoirement estimée à 1,4 millions de tonnes, soit environ 64 pour cent du volume normal de la récolte de la campagne des longues pluies. Cependant, le résultat final pourrait être considérablement inférieur.

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3. BILAN DE LA SITUATION GLOBALE DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE ALIMENTAIRES

3.1 Prix des produits alimentaires et accès à la nourriture

Depuis janvier 1999, les prix du maïs dans l'ensemble du pays n'ont cessé de grimper, reflétant une pénurie croissante du produit. Entre janvier et juillet 1999, dans trois des principaux centres de consommation, Nairobi, Mombasa et Kisumu, le prix de vente au détail a enregistré une hausse respectivement de 91 pour cent, 98 pour cent et 75 pour cent avant de baisser légèrement en septembre /octobre, avec l'arrivée sur le marché de la nouvelle récolte. Toutefois, les prix ont de nouveau tendance à monter (Graphique 1). En mai 2000, ils avaient pratiquement atteint les niveaux élevés de juillet 1999 et continuent à grimper, affectant sérieusement les couches les plus pauvres de la population, pour qui l'accès à la nourriture est de plus en plus restreint.

Graphique 1: Kenya - Prix du maïs 1998-2000, Ksh par sac de 90 kg

Source: Office d'information en matière de commercialisation (MIB), Ministère de l'agriculture et du développement rural.

La situation est très grave dans les zones pastorales. L'effet conjugué des pertes de bétail, de la brusque chute des prix du bétail dû au mauvais état des animaux ainsi que des prix élevés et en hausse constante des céréales a précipité les familles pastorales dans une grave crise alimentaire. Les revenus des ménages se sont effondrés suite aux quatre sécheresses consécutives et les moyens de subsistance ont été épuisés, portant à l'indigence et causant des décès par famine, en particulier parmi les enfants. On signale également de plus en plus de conflits armés inter-éthniques provoqués par la pénurie d'eau et de pâturages.

3.2 Situation de l'offre et de la demande de maïs, 2000/2001 (octobre-septembre)

L'estimation de l'offre et de la demande de maïs au Kenya pour l'année de commercialisation 2000/2001 (octobre-septembre) est basée sur les paramètres et les hypothèses suivants:

Kenya: Situation de l'offre et de la demande de maïs en 2000/2001 (milliers de tonnes)

Population: 30,85 millions

Disponibilités nationales 1 850
Stocks d'ouverture 0
Production 1 850
Utilisation 3 214
Utilisation alimentaire 2 992
Utilisation comme fourrage 37
Autres utilisations et pertes 185
Besoins d'importations 1 364


Le tableau montre que les besoins d'importations s'élèvent à environ 1,4 millions de tonnes. En réponse à une pénurie croissante de maïs, les prix de cette denrée ont rapidement augmenté dans le pays. Les importations commerciales n'ont pas afflué comme prévu à cause, en grande partie, du niveau élevé des taxes appliquées: 75 pour cent sur le maïs importé. Toutefois, avec la suppression des taxes à la mi-juin, on s'attend à ce que le secteur privé importe la quantité de maïs nécessaire pour combler une bonne partie de l'écart entre l'offre et la demande.

 

Source: FAO

Le Kenya a un secteur privé sophistiqué doté de l'expérience et des outils nécessaires pour répondre à ces exigences. Comme le montre le graphique 2, le secteur privé avait importé plus de 1 million de tonnes les années précédentes (1996, 1997) profitant des mesures plus encourageantes prises par le gouvernement. Toutefois, les groupes vulnérables, notamment les éleveurs nomades, auront besoin d'une aide alimentaire car ils n'ont pas un pouvoir d'achat suffisant pour acheter du maïs sur le marché.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected]).

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1 La Mission FAO/PAM en 1996 avait pris pour hypothèse 16 pour cent mais on présume ici qu'avec une production considérablement réduite, les ménages feront l'effort de minimiser les pertes. Les mêmes considérations s'appliquent à la part réservée au fourrage, qui avait été estimée à 4 pour cent.