SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES DANS LA PROVINCE DU KOSOVO SOUS TUTELLE DE L'ONU

24 juillet 2000

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FAITS SAILLANTS DE LA MISSION

  • Au cours de la campagne agricole 1999/2000 au Kosovo, il y a eu une nette reprise de la production, après les graves pertes dues à la guerre en 1999. Ceci témoigne de l'ingéniosité et de la ferme résolution des agriculteurs à remettre en état leurs activités, ainsi que de l'assistance fournie sans retard par la communauté internationale.
  • La mission estime la production de blé de 2000 à environ 231 000 tonnes, soit plus du double du résultat estimé de l'an dernier mais tout juste 60 pour cent du niveau de production qui aurait été enregistré en 1989 avant le déclin du secteur agricole.
  • Les besoins d'importations de blé pour la campagne de commercialisation 2000/2001 (juillet/juin) sont estimés à 129 000 tonnes, dont quelque 15 000 tonnes d'aide alimentaire qu'il reste à livrer au titre du programme d'aide alimentaire en cours, et environ 7 000 tonnes d'importations de semences de blé qui sont attendues pour les semis de blé de l'automne 2000; le déficit de blé à couvrir par les importations serait donc de 107 000 tonnes.
  • La production de maïs est estimée à 261 200 tonnes. Toutefois, vu que la floraison mâle venait tout juste de commencer dans certains sites localisés, les estimations sont provisoires et devraient être actualisées dans le courant de la campagne.
  • D'après l'évaluation de la situation agricole actuelle, la production vivrière cette année suffira à fournir à une grande partie de la population rurale, les denrées alimentaires nécessaires à leur propre consommation pour les douze prochains mois. Ainsi, la nouvelle réduction progressive de l'aide alimentaire pourra se poursuivre, comme prévu, durant la période juillet-septembre.

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1. VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue dans la province du Kosovo sous tutelle de l'ONU (Kosovo) du 14 au 28 juin dans le but de: i) évaluer les perspectives de la production agricole en 2000; ii) examiner la situation générale et les perspectives des approvisionnements alimentaires, et la nécessité d'une nouvelle intervention d'aide alimentaire durant la campagne de commercialisation 2000/2001 et iii) réexaminer le degré de vulnérabilité et les moyens de mieux cibler les interventions futures d'aide alimentaire. Les résultats de la mission se fondent sur des entretiens avec les organismes des Nations Unies et organes bilatéraux, les ONG, le personnel municipal et des sources fiables locales, à savoir agriculteurs, minotiers et négociants, durant des visites sur le terrain dans 27 des 30 municipalités du Kosovo.

Au cours des douze derniers mois - depuis la fin de la crise du printemps 1999- la mission a constaté les gros progrès accomplis dans la remise en état de l'agriculture au Kosovo et le net redressement de la production agricole, montrant la ferme résolution et l'ingéniosité des agriculteurs à remettre en état leurs activités, ainsi que l'assistance fournie sans retard par la communauté internationale.

La mission estime la production de blé de 2000 à environ 231 000 tonnes sur une superficie moissonnée de 86 600 hectares, soit plus du double de la récolte estimée l'an dernier, mais seulement 60 pour cent du niveau de production qui aurait été atteint en 1989 avant le déclin du secteur agricole.

Sur la base des prévisions ci-dessus, et compte tenu d'autres paramètres d'offre et d'utilisation du blé, la mission a préparé un bilan de l'offre et de la demande de blé pour la campagne de commercialisation 2000/2001 (juillet/juin) faisant état de besoins d'importations de 129 000 tonnes. Quelque 22 000 tonnes de blé alimentaire et de semences devraient être livrées dans le courant de l'année au titre des programmes d'aide déjà engagés; il restera donc un déficit d'importations de 107 000 tonnes.

La mission a constaté que le secteur de l'usinage au Kosovo et les négociants indépendants sont généralement bien préparés pour affronter le déficit intérieur en 2000/2001, hors aide alimentaire déjà prévue. Toutefois, après plusieurs mois de prix relativement stables pour la farine dus à l'effet stabilisateur des grandes quantités d'aide alimentaire, les prix pourraient augmenter quelque peu au cours des prochains mois avec les prévisions du retrait progressif de l'aide alimentaire. L'ampleur d'une éventuelle hausse des prix sera étroitement liée à la quantité et au coût des disponibilités exportables dans le reste des Balkans et de l'Europe centrale et orientale.

Pour ce qui est de l'aide alimentaire d'urgence, les équipes d'évaluation de l'économie vivrière du PAM ont suivi de près l'évolution de la situation au Kosovo au cours des douze derniers mois. L'approche initiale de distribution alimentaire générale adoptée juste après la crise du printemps 1999 a duré jusqu'à la fin août 1999 pour permettre une réadaptation et la reprise de l'activité commerciale. De septembre 1999 à mars 2000, une distribution ciblée a démarré en faveur d'environ la moitié des familles estimées au Kosovo. A partir d'avril 2000, les familles bénéficiaires ont été réduites à environ un tiers, après avoir constaté que la réduction des dépenses d'hiver des ménages leur permettait d'avoir des espèces pour acheter de la nourriture, tandis que la reprise de l'activité commerciale et l'amélioration des possibilités d'emploi produisaient un accroissement des revenus.

Confirmant les prévisions précédentes, l'évaluation actuelle des besoins, des disponibilités, de l'accès aux vivres et de l'agriculture montre que la récolte de blé et d'autres cultures à partir de juillet suffira à couvrir les besoins d'autoconsommation d'une grande partie de la population rurale au cours des douze prochains mois. Ainsi, le retrait de l'aide alimentaire pourra se poursuivre, comme prévu, durant la période de juillet à septembre.

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2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE

2.1 Historique

Un accord négocié à l'échelle internationale début juin 1999 entre les autorités de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) et les Kosovars albanais, a mis fin aux vives hostilités durant la première partie de l'année. Durant cette période, il y avait eu un exode massif de Kosovars qui ont fui leurs habitations et la destruction généralisée de la province. Début juin 1999, environ 750 000 réfugiés s'étaient enfuis vers les pays voisins, 150 000 personnes avaient été déplacées vers d'autres parties de la Serbie et du Monténégro, et 600 000 personnes étaient déplacées à l'intérieur de la province.

Le 10 juin 1999, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté la Résolution 1244, mettant fin officiellement aux hostilités et autorisant le déploiement d'une force internationale de sécurité (KFOR). Pour l'administration provisoire de la province, la Résolution prévoyait également une administration civile gérée par l'ONU, la mission des Nations Unies au Kosovo (UNMIK). Les réfugiés ont commencé à revenir en masse peu après l'arrivée des premières forces de sécurité début juin. Fin août, quelque 90 pour cent des Kosovars albanais qui avaient fui la province au début de l'année étaient rentrés chez eux. Toutefois, parallèlement au retour des réfugiés, la grande majorité des Kosovars serbes vivant au Kosovo avant le conflit ont quitté rapidement la province.

2.2 L'économie

En dépit de ses terres agricoles fertiles et de ses riches ressources minérales et naturelles, le Kosovo est considéré depuis de nombreuses années comme une des régions les plus pauvres d'Europe. Malgré l'essor et les investissements de grande envergure dans les années 80, en particulier dans les industries extractives, le PIB de la province est resté nettement inférieur à la moyenne d'autres régions d'Europe. La situation s'est aggravée en 1989, lorsque le Kosovo a perdu son statut de région autonome, ce qui a eu de lourdes répercussions sur tous les secteurs de l'économie, y compris le monde rural. Le PIB diminua alors de 50 pour cent, tombant à moins de 400 dollars E.-U. par habitant entre 1989 et 1995.

Le chômage croissant dans les années 90 a déclenché une vague de migrations, et 400 000 Kosovars albanais (environ 20 pour cent de la population d'avant le conflit) auraient quitté la province dans la première partie de la décennie. Durant cette période, l'économie du Kosovo a subi des transformations radicales, devenant fortement dépendante des secteurs du commerce et des services, alimentés par les envois de fonds des travailleurs à l'étranger. Ainsi, en dépit des conditions souvent très difficiles, le secteur privé de l'économie était en plein essor au début des années 90, poussé par la nécessité de satisfaire les besoins de base de la population.

2.3 Le secteur agricole

La province est presqu'entièrement ceinte de montagnes allant d'une altitude de 900 m au sud-est, le long de la frontière avec l'ex-République yougoslave de Macédoine, à plus de 2 400 m au nord-ouest, le long de la frontière avec le Monténégro. Les principales régions agricoles du Kosovo sont situées dans la plaine centrale et dans les deux grandes vallées s'étendant jusqu'aux chaînes de montagne serbes vers le nord et l'est. La plaine est divisée en deux par une chaîne fragmentée qui atteint quelque 1 200 m. Les systèmes agricoles sont définis par la topographie de la région et son régime pluvial, et comprennent actuellement des cultures intensives en plaine, des cultures mixtes de céréales et de vignes dans les zones centrales et périphériques de piémont, et de la sylviculture et des pâturages extensifs en montagne.

La moyenne des précipitations des 15 dernières années au Kosovo est de 780 mm; elles vont en augmentant de l'est (500 mm) vers l'ouest (plus de 1 000 mm). Les pluies commencent généralement en septembre/octobre, se poursuivent pendant tout l'hiver (comme la neige, selon l'altitude) jusqu'en mai, puis se présentent sous la forme d'orages intermittents pendant l'été. Les pluies favorisent les cultures de blé semées en automne et certaines cultures limitées d'orge et d'avoine, qui sont récoltées à partir de fin juin/juillet, ainsi que le maïs, le tournesol et les légumes semés au printemps, qui sont récoltés en été. Le calendrier des cultures est présenté à la figure 1.

Figure 1. Calendrier agricole du Kosovo

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Durant les années 70 et 80, des investissements massifs ont été réalisés dans l'agriculture, aussi bien par le secteur privé que public. Des périmètres d'irrigation ont été créés pour améliorer la production des cultures semées au printemps, la mécanisation a été pratiquement généralisée, et les systèmes de production ont été caractérisés par une forte utilisation d'intrants. De nombreux agriculteurs faisaient partie de coopératives, créées pour aider à commercialiser les produits de l'agriculture, fournir aux agriculteurs un pouvoir d'achat collectif pour les intrants nécessaires et des services de crédit.

À partir de 1989, toutefois, le secteur agricole du Kosovo a commencé à souffrir, à l'instar d'autres secteurs de l'économie, avec le déclin de nombreuses entreprises publiques et le démantèlement des coopératives. La plupart des périmètres d'irrigation ont été mis hors d'usage faute de réparations et d'entretien, tandis que d'autres structures d'appui ont disparu. Dans la plupart des cas, les zones cultivées allouées aux organes d'État ont cessé d'être exploitées. En conséquence, dans la deuxième moitié des années 90, le secteur était caractérisé par une majorité de petites fermes produisant des denrées vivrières de base et des cultures fourragères de subsistance et des revenus en espèces pour se procurer les produits de première nécessité. Les superficies réservées aux cultures de plein champ autres que les céréales (betterave sucrière, tabac et oléagineux) ont diminué sensiblement à cause de la baisse des prix et des fermetures d'usines, hormis quelques exceptions, comme les entreprises de transformation d'oléagineux et de légumes de Djakovica-Gjakove et les vignobles de Glogovac-Gllogoc et Prizren. Le sous-secteur public de la production animale, qui comprenait jadis de grands troupeaux laitiers et élevages de volaille, s'est effondré à la même période.

Cependant, en dépit de l'utilisation fortement réduite d'intrants, due à l'absence de crédit, dans les années 90 par rapport aux niveaux d'avant 1989, les agriculteurs ont continué d'acheter quelques engrais pour les fumures de fond et de couverture du blé, du maïs, des pommes de terre et des légumes. En outre, en dépit des faibles dimensions des exploitations (1 à 5 hectares), la mécanisation est demeurée pratiquement totale durant les années 90. Toute une série de tracteurs allant des deux roues (un seul essieu, combinés tracteurs-remorques) aux engins à 4 roues motrices ont assuré de bons niveaux de mécanisation adaptés à toutes les exigences des fermes. Les plus courants sont encore les tracteurs légers à 4 roues motrices de fabrication yougoslave, qui servent à des usages multiples (travaux culturaux, transport et remorquage dans toutes les zones rurales. L'utilisation de traction animale est essentiellement limitée aux carrioles tirées par des chevaux dans les villes rurales et au désherbage occasionnel des champs de maïs.

Pendant l'été 1999, après la fin des conflits de printemps, et lorsque la majorité des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays sont rentrés chez eux, une mission conjointe FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires (CFSAM) a visité le Kosovo (août 1999). Cette mission a constaté que l'économie rurale du Kosovo, déjà bien affaiblie par les événements des dix années précédentes, avait été gravement touchée par la situation de sécurité instable en 1998 et des violentes hostilités qui ont suivi au début de l'année 99. La population rurale a perdu une part importante de la production agricole de 1999, les pertes variant d'une municipalité à l'autre. Durant les années précédentes, la production de blé n'avait représenté qu'environ 40 pour cent de la récolte moyenne, celle de maïs seulement 20 pour cent de la moyenne, tandis que la production maraîchère de printemps/été avait été pratiquement nulle. Le pillage généralisé et l'abattage du bétail s'est traduit en outre par la perte de 50 pour cent des bovins, 65 pour cent des ovins et 70 à 80 pour cent des volailles et des porcins.

2.4 Remise en état de l'agriculture au cours des douze derniers mois

Des progrès considérables ont été accomplis au cours des douze derniers mois pour la remise en état de l'agriculture au Kosovo, montrant l'ingéniosité et la grande détermination des agriculteurs à rétablir leurs activités, ainsi que l'assistance sans retard de la communauté internationale. Sous l'égide d'UNMIK-Pillar II (Administration civile), un Département de l'agriculture, des forêts et du développement rural a été créé et, petit à petit, des bureaux agricoles municipaux sont en train d'être mis en place.

La FAO, en tant que chef de file des Nations Unies pour l'agriculture, coordonne les efforts de la communauté internationale pour répondre aux besoins les plus immédiats du secteur agricole après la crise du printemps 1999. Elle appuie également les initiatives de relèvement et de développement soutenu du secteur, qui opérait déjà dans des conditions difficiles durant la décennie précédente.

Depuis juillet 1999, lorsque les activités de la FAO ont démarré au Kosovo, quatre projets à court terme ont été achevés. Quinze sont en cours au moment de la rédaction de ce rapport. On peut citer, entre autres, la distribution de semences et d'engrais, la multiplication de semences, la vaccination du bétail, la réparation des tracteurs et des moissonneuses-batteuses ainsi que le reboisement. L'aide d'urgence totale de la FAO s'élève jusqu'à présent à quelque 13,5 millions de dollars E.-U., financés par les pays suivants: Finlande, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Suède, Royaume-Uni et États-Unis. En outre, la FAO a également collaboré avec plusieurs ONG finançant leurs propres programmes de remise en état de l'agriculture.

En dehors de l'assistance directe au secteur agricole susmentionnée, la FAO a également créé, avec le PAM, une Unité de surveillance de la sécurité alimentaire (FSSU FAO/PAM) financée par le gouvernement des États-Unis pour suivre la situation de la population rurale et urbaine et identifier les besoins d'assistance futurs.

Compte tenu des résultats positifs obtenus jusqu'ici, la FAO envisage de réduire progressivement son aide d'urgence au cours des prochains mois, et le nombre de familles rurales bénéficiaires d'intrants agricoles devrait passer de 70 000 à environ 40 000 d'ici la fin de l'année.

En même temps, la FAO prépare la transition de l'aide d'urgence à la remise en état en fournissant des avis de politique, en rassemblant et en diffusant l'information et en renforçant les capacités. Cette phase de transition fait l'objet, en particulier, d'un projet formulé par la Banque mondiale et la FAO visant à relancer l'économie rurale sur une période de deux ans en investissant dans le bétail, la mécanisation des fermes, les services vétérinaires et le renforcement des moyens.

2.5 Population

Le dernier recensement complet au Kosovo date de 1981. La population d'ethnie albanaise a largement boycotté le dernier recensement de 1991. Au cours des douze derniers mois, les autorités locales et plusieurs organismes/organisations internationaux se sont appliqués à améliorer les estimations de la population actuelle et les connaissances sur la démographie du Kosovo en général. La mission a eu accès aux dernières statistiques disponibles, mais pour l'instant, aucune estimation autorisée de la population n'a été diffusée.

Aux fins du bilan de l'offre et de la demande de blé, la mission s'est fondée sur une population en milieu d'année de 1,9 million d'habitants pour la campagne de commercialisation 2000/2001 en cours, soit 200 000 personnes de plus que l'estimation utilisée par la mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes d'août 1999. Cet accroissement démographique a des répercussions considérables sur les besoins intérieurs. La différence s'explique en partie par la disponibilité de meilleures informations. L'ajustement a également été effectué pour les retours effectifs et prévus des réfugiés, des populations évacuées pour raisons humanitaires et des demandeurs d'asile entre la mi-1999/2000 et la mi-2000/2001.

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3. PERSPECTIVES DE PRODUCTION VIVRIÈRE ET DE DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN 2000/2001

En dépit du rétablissement de l'ordre au niveau des municipalités, les nouvelles administrations sont encore à l'état embryonnaire. Si, par endroits, des responsables agricoles ont été officiellement nommés par UNMIK et chargés de responsabilités sectorielles et sous-sectorielles, dans la plupart des municipalités, le principal point de liaison pour les informations agricoles est encore une structure non officielle. Ce système est la prolongation de l'organisation volontaire parallèle mise en place au cours de la dernière décennie. À ce titre, elle emploie le même personnel ex officio qui travaille dans les réseaux communautaires. Du fait de l'absence d'archives, d'enquêtes cadastrales ou de retours d'information annuels des agriculteurs dans l'ensemble des municipalités, aussi bien dans les contextes officiels qu'officieux, les statistiques de la production agricole sont tirées de données recueillies régulièrement par des "militants" agricoles bénévoles situés dans des groupes de 3 à 5 villages dans leur zone d'origine. Ces informations sur l'ensemble des villages Kosovars albanais ont été fournies à la mission par les bureaux agricoles. Les informations agricoles concernant les communautés minoritaires ont été obtenues soit directement, soit de sources secondaires travaillant avec ces communautés.

Les équipes de la mission (2) ont tenu des entretiens détaillés semi-directifs avec les sources d'information susmentionnées dans 27 des 30 municipalités. Les réunions ont servi à vérifier et à actualiser les données issues d'une enquête sur la production agricole de cette année, réalisée à l'échelle de toute la province par la FSSU (FAO/PAM) en mars-avril. À la suite de quoi, des retours d'information des ONG fournissant des détails sur la distribution des intrants ont été précieux pour vérifier la disponibilité de semences et d'engrais et, par déduction, les superficies probables ensemencées à l'aide de ces intrants.

Les observations des récoltes dans les 27 municipalités visitées, les entretiens sur le terrain avec le personnel des ONG, les négociants et les agriculteurs, et les examens des indices de végétation par télédétection complètent les séries de données sur lesquelles se fondent les résultats de la mission.

Comme les rapports précédents, les estimations de cette année sont comparées aux moyennes historiques et aux estimations de la mission de l'an dernier pour les principales céréales touchées par la guerre: le blé et le maïs. Les données concernant les superficies des autres cultures sont incluses à des fins de comparaison; toutefois, les estimations de rendement pour les cultures semées au printemps autres que le maïs - qui reposent encore fortement sur des suppositions, étant donné que la récolte ne sera rentrée que dans deux ou trois mois - sortent du cadre de la mission.

3.1 Production céréalière

Les estimations de la mission des superficies récoltées et de la production de blé et de maïs sont présentées respectivement aux tableaux 1 et 2, avec les données de 1989 de l'Annuaire statistique de la République fédérale de Yougoslavie, et les estimations de la mission d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de 1999.

La mission estime la production totale de blé à 230 600 tonnes sur des superficies moissonnées de 86 600 hectares, ce qui représente plus du double de l'estimation1 du résultat de l'an dernier ajustée par la mission de 1999, mais seulement 60 pour cent du niveau qui aurait été atteint en 1989 avant le déclin du secteur agricole. La production de maïs est estimée à 261 200 tonnes (sur 82 400 hectares); toutefois, cette estimation est provisoire et devrait être actualisée au fur et à mesure de la campagne car la floraison venait tout juste de commencer dans certains sites localisés.

Facteurs influant sur les superficies ensemencées en blé

La seule céréale semée en automne, d'une certaine importance cette année, a été le blé. Comme l'a noté la mission d'évaluation des récoltes de la FAO de janvier 2000, les conditions météorologiques lors des semis étaient optimales dans la plupart des municipalités, avec des températures assez chaudes et des précipitations adéquates qui se sont poursuivies jusqu'à fin novembre. Ces conditions ont favorisé l'ensemencement d'une superficie estimée à 86 600 hectares. La prolongation de la campagne de semis a permis de a) partager les tracteurs grâce à des systèmes d'aide mutuelle; b) bénéficier de services de labours appuyés par les ONG et c) passer des contrats de labours entre agriculteurs. Le coût de la préparation des terres allait des "coûts du carburant uniquement" aux tarifs maximum de 480 DM l'hectare des entreprises de travaux agricoles, ventilés comme suit: labours 200 DM, travail du sol au moyen d'une charrue à disques et hersage 100 DM l'hectare chacun, et enfouissement des semences 80 DM l'hectare. Dans la plupart des municipalités, les tarifs relevés allaient de 230 à 250 DM l'hectare pour l'ensemble des opérations de préparation des terres2.

La campagne mixte d'ensemencement en blé FAO/ONG a fourni 15 626 tonnes de semences, suffisamment pour 60 pour cent des superficies ensemencées à raison de 300 kg l'hectare. Le reste des semences nécessaires a été acheté aux fournisseurs agricoles ou a été reporté de la récolte de l'an dernier. On a remarqué que la contribution de ces semences d'origine locale a été particulièrement importante (environ 50 pour cent ou plus) à Decani-Decan, Kacanik-Kacaniku, Kosovska Kamenica-Kamenica, Gjilane-Gjilani, Lipljan-Lipjan, Novo Brdo-Novo Berde, Urosevac-Ferizaj, Vitina-Viti, Pristina-Prishtine, Podujevo-Podujeve et Malisheva-Malisheve.

Les estimations actuelles des superficies de 86 600 hectares sont supérieures à l'estimation de janvier, car on a inclus les superficies ensemencées tardivement et amélioré l'accès aux informations des municipalités minoritaires du nord où un accroissement des semis a été noté. Ces chiffres globaux masquent des estimations réduites pour Orahovac-Rahovec et Pec-Peje, où on a semé plus de maïs et de légumes que prévu.

Étant donné la situation actuelle des moissonneuses-batteuses en état de marche et réparables, et la mise en commun prévue des ressources tant au sein des municipalités qu'entre les villages, la mission prévoit que les superficies estimées seront moissonnées dans les 45 jours à venir.

Tableau 1: Blé: superficie (en hectares), rendement (en tonnes/ha) et production (en tonnes)

        1989   1999   2000 2000
Annuaire statistiques RFY Mission FAO - Janvier 2000 1/ Mission FAO - Janv. 2000 mission - juin 2000
Serbe Albanais Superficie Rendement Prod. Superficie Rendement Prod. Superficie Prod.2/ Superficie Rendement Prod.
Decani Decan 747 4.4 3 316 n/a n/a n/a 700 1 925 833 2.2 1 833
Djakovica Gjakove 5 148 4.1 20 850 680 2.2 1 500 4 600 12 650 4 600 2.4 11 040
Glogovac Gllogoc 4 391 3.4 14 887 300 2.0 600 4 000 11 000 4 100 2.1 8 610
Gnjilane Gjilan 5 715 3.1 18 002 5 400 3.0 16 200 5 000 13 750 5 200 2.6 13 520
Gora Dragash 354 1.2 432 n/a n/a n/a 400 1 100 400 2.8 1 100
Istok Istog 3 223 3.8 12 344 300 3.0 900 1 080 2 970 900 2.5 2 250
Kacanik Kacaniku 1 465 3.1 4 483 600 2.4 1 440 1 100 3 025 1 500 2.9 4 350
Klina Kline 4 209 3.8 16 035 1 000 2.1 2 100 2 900 7 975 3 100 2.9 8 990
Kosovo Polje Fushe Kosove (inclus dans Pristina)     (inclus dans Pristina) 2 200 6 050 1 800 3.2 5 760
Kosovska Kamenica Kamenica 5 716 2.9 16 518 2 880 3.0 8 640 4 000 11 000 4 170 2.8 11 676
Kosovska Mitrovica Mitrovice 1 905 3.1 5 964 400 2.0 800 1 200 3 300 1 170 2.5 2 925
Leposavic Leposaviq 1 054 2.4 2 519 240 1.8 432 800 2 200 2 100 2.2 4 620
Lipljan Lipjan 7 286 4.3 31 549 5 800 2.5 14 540 4 905 13 489 6 615 2.9 19 184
Novo Brdo Novo Berde (inclus dans Gjilane)   600 1.4 840 800 2 200 400 2.0 800
Obilic Obiliq (inclus dans Pristina)     (incl. dans Pristina) 1 100 3 025 950 3.0 2 850
Orahovac Rahovec 3 383 3,8 12 822 540 2,5 1 350 4 000 11 000 2 940 3,0 8 820
Pec Peje 2 151 3,9 8 326 875 1,4 1 225 2 000 5 500 1 470 3,0 4 410
Podujevo Podujevo 7 207 3,5 25 297 4 000 2,6 10 400 4 200 11 550 6 000 2,3 13 800
Pristina Prishtine 10 693 4,3 45 766 2 500 2,0 5 000 3 000 8 250 2 898 2,8 8 114
Prizren Prizren 4 611 3,9 18 166 3 900 2,0 7 800 5 100 14 025 5 100 2,9 14 790
Srbica Skenderaj 6 242 3,4 21 162 540 2,0 1 080 3 500 9 625 4 128 2,8 11 558
Stimilje Shtime (incl. dans Urosevac)   580 2,1 1 218 1 000 2 750 1 200 3,0 3 600
Strpce Shtrepce (incl. dans Urosevac)   80 2,0 160 100 275 200 2,0 400
Suva Reka Suhareke 3 923 3,7 14 399 450 1,9 860 4 000 11 000 3 708 2,7 10 012
Urosevac Ferijaz 7 767 3,7 28 817 4 000 2.6 10 400 4 000 11 000 4 500 3,0 13 500
Vitina Viti 5 333 3,6 19 359 3 600 2,5 9 000 4 000 11 000 5 400 2,5 13 500
Vucitrn Vushtrri 5 870 3,3 19 607 3 000 1,7 5 100 4 266 11 732 4 280 3,0 12 840
Zubin Potok Zubin Potok 605 2,2 1 307 400 1,8 720 500 1 375 1 000 2,1 2 100
Zvecane Zvecan n/a n/a n/a 175 2,0 350 350 963 600 2,3 1 380
Malisheva 3/ Malisheve 3/ 4 379 3,8 16 727 - - - 4 000 11 000 5 324 2,3 12 245
TOTAL   103 377 3,7 378 654 42 840 2,4 102 655 78 801 216 703 86 586 2,7 230 577

1/ Les estimations de la mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires de 1999 ont été révisées par une mission FAO d'évaluation des récoltes en janvier 2000.
2/ La mission FAO d'évaluation des récoltes de janvier 2000 a pris pour hypothèse un rendement moyen de 2,75 sur la base des premières indications à cette époque.
3/ De 1990 à 1999, Malisheva a été prise en compte dans les municipalités environnantes de Klina, Glogovac et Suva Reka

Tableau 2: Maïs: superficie (en hectares), rendement (en tonnes/ha) et production (en tonnes)

        1989 1999 2000
Annuaire statistiques RFY FAO/PAM CFSAM - août 1999 mission - juin 2000
Serbe Albanais Superficie Rendement Prod. Superficie Rendement Prod. Superficie Rendement Prod.
Decani Decan 2 767 2,8 7 721 360 3,0 1 080 2800 3,0 8 400
Djakovica Gjakove 3 942 2,1 8 317 700 2,0 1 400 4250 3,0 12 750
Glogovac Gllogoc 3 895 2,0 7 906 500 2,0 1 000 2440 2,2 5 368
Gnjilane Gjilan 5 769 1,8 10 500 1 200 3,5 4 200 3800 2,8 10 640
Gora Dragash 99 0,7 72 n/a n/a n/a 80 4,5 360
Istok Istog 3 022 2,1 6 286 150 3,0 450 2100 3,4 7 140
Kacanik Kacaniku 1 453 0,7 988 n/a n/a n/a 1400 2,7 3 780
Klina Kline 4 888 1,9 9 238 2 000 3,0 6 000 3481 3,5 12 184
Kosovo Polje Fushe Kosove (incl. dans Pristina)     (incl. dans Pristina) 1900  3,5 6 650
Kosovska Kamenica Kamenica 5 316 1,4 7 655 400 3,5 1 400 2430 3,0 7 290
Kosovska Mitrovica Mitrovice 2 077 1,5 3 219 200 3,0 600 540 3,0 1 620
Leposavic Leposaviq 1 153 1,2 1 337 n/a n/a n/a 1800 3,5 6 300
Lipljan Lipjan 6 313 1,2 7 576 2 000 3,0 6 000 7655 2,8 21 434
Novo Brdo Novo Berde (incl. dans Gjilane) n/a n/a n/a 350 2,7 945
Obilic Obiliq (incl. dans Pristina)   (incl. dans Pristina) 1100 3,8 4 180
Orahovac Rahovec 3 027 2,1 6 326 600 3,0 1 800 4200 4,0 16 800
Pec Peje 4 815 2,7 13 049 800 3,0 2 400 3215 3,8 12 217
Podujevo Podujevo 6 730 1,1 7 134 2 500 3,0 7 500 4600 3,3 15 180
Pristina Prishtine 7 829 1,6 12 839 2 000 3,0 6 000 3536 3,5 12 376
Prizren Prizren 3 748 1,9 7 233 1 500 1,9 2 850 3270 3,5 11 445
Srbica Skenderaj 4 853 1,8 8 735 400 3,0 1 200 5056 3,0 15 168
Stimilje Shtime (incl. dans Urosevac)   n/a n/a 610 2,8 1 708
Strpce Shtrepce (incl. dans Urosevac) n/a n/a n/a 300 2,7 810
Suva Reka Suhareke 3 771 1,1 3 960 1 500 2,5 3 750 3500 3,3 11 550
Urosevac Ferijaz 7 043 1,3 8 874 1 500 2,5 3 750 3800 3,3 12 540
Vitina Viti 5 138 2,2 11 253 500 2,5 1 250 7100 2,8 19 880
Vucitrn Vushtrri 5 156 1,9 9 539 2 000 2,3 4 600 3200 3,8 12 160
Zubin Potok Zubin Potok 534 1,1 614 n/a n/a n/a 700 3,3 2 310
Zvecane Zvecan n/a n/a n/a n/a n/a n/a 300 3,3 990
Malisheva 1/ Malisheve 1/ 3 667 1,0 3 667 - - - 2 934 2,4 7 042
TOTAL   97 005 1,7 164 038 20 810 2,8 57 230 82 447 3,2 261 216
1/ De 1990 à 1999 Malisheve a été prise en compte dans les municipalités environnantes de Klina, Glogovac et Suva Reka

Facteurs influant sur les rendements en blé

Les rendements en blé dépendent essentiellement de l'époque des semis et du temps qui a régné depuis les semis jusqu'à la récolte. Cette année, les variétés sélectionnées de toutes les sources ont été jugées appropriées et semées dans des conditions météorologiques quasiment optimales aux taux normaux d'ensemencement. Là où les dons étaient inférieurs à la moyenne habituelle d'environ 300 kg par hectare, les agriculteurs ont complété les stocks de semences par des achats locaux. Dans tous les cas, on signale que les semences achetées commercialement par la FAO et les ONG ont été nettoyées des graines d'adventices et traités aux fongicides, réduisant la prolifération des mauvaises herbes et renforçant la résistance aux maladies transmises par les semences.

Dans 20 municipalités, les engrais composés (NPK 15:15:15) ont été disponibles à temps pour les besoins des semis; toutefois, dans la plupart des cas, les quantités fournies ont été inférieures aux minimums jugés normalement souhaitables. Les agriculteurs ayant des liquidités ont pu compléter les dons par des achats locaux pour combler le déficit. Les agriculteurs ne bénéficiant pas de l'aide ont utilisé le NPK acheté sur place mais l'absence totale de crédit ou les paiements différés ont limité l'accès des agriculteurs sans liquidités. Il est probable que plutôt que de semer du blé sans engrais, ces agriculteurs aient préféré semer de l'avoine au printemps.

Les applications d'engrais azotés (KAN ou urée) au début du printemps ont été limitées par le manque de fournitures commerciales. Toutefois, les déficits ont été rattrapés plus tard dans la saison lorsque les disponibilités commerciales ont été améliorées par l'aide tardive. En conséquence, il se peut que les applications d'engrais ce printemps aient été plus importantes que dans un passé récent.

Un hiver très rigoureux, un printemps plus sec et un été précoce ont réduit les problèmes de ravageurs et de maladies. Seuls les oiseaux, les plantes adventices et les sangliers auraient causé quelque inquiétude aux agriculteurs. Les oiseaux ont été un problème à proximité des zones de forêts de feuillus, les sangliers dans les zones de colline de Suva Reka-Suhareke, tandis que la concurrence des mauvaises herbes n'a épargné aucune zone. Cependant, grâce aux labours suffisants, à des semences propres et au recours aux herbicides, obtenus principalement par les achats commerciaux et quelques dons limités, les infestations d'adventices n'ont pas été aussi graves qu'on l'imaginait au début de la campagne.

Le principal facteur déterminant du rendement cette année a été le niveau exceptionnellement faible de précipitations en avril-mai, les municipalités orientales ayant accusé proportionnellement les plus fortes baisses. Les rendements varient, par conséquent, suivant la durée de la période de sécheresse ayant régné en avril-mai, la capacité de rétention d'eau des sols et les températures ambiantes locales. Les estimations varient de 2,0 à 3,2 tonnes l'hectare, avec une moyenne de 2,7 tonnes l'hectare, ce qui donnerait une récolte de blé de 230 500 tonnes. La qualité du blé devrait être fortement variable selon le lieu et la période de séchage dans les champs avant la récolte.

Facteurs influant sur les superficies ensemencées en maïs

Le maïs est de loin la céréale de printemps la plus importante semée au Kosovo et occupe généralement des superficies plus étendues que le blé. Les superficies ensemencées en maïs cette année sont estimées à 82 400 hectares, soit 16 pour cent de moins qu'avant la guerre. Ceci s'explique, d'une part, par la réduction des cheptels de bovins, ovins et porcins due aux pertes causées par la guerre et, d'autre part, par le sentiment que les cultures commerciales de maïs ne sont pas rentables. En effet, les prix de détail standard s'établissent à 0,3-0,35 DM le kg, alors que les coûts de production, aux tarifs en vigueur pour la location des machines et la main-d'_uvre, et en présumant un rendement de 3,5 tonnes à l'hectare, avoisinent 0,32 DM le kg3.

Pour les semis de maïs, le temps a été plus sec que la normale, ce qui a permis une bonne préparation des terres. Les semences étaient disponibles aussi bien par les dons que par la filière commerciale, et étant donné un taux d'ensemencement moyen de 25 kg/hectare, même les agriculteurs ne pouvant bénéficier de l'aide pouvaient se les procurer. On a procédé à de nouveaux semis avec des variétés locales compte tenu de l'échec ou de la mauvaise germination des semis de l'aide à Djakovica-Gjakove, Urosevac-Ferizaj et Prizren.

Facteurs influant sur le rendement en maïs

Comme le blé, la campagne de maïs n'a pas été touchée par les ravageurs et les maladies, à l'exception des oiseaux dans les zones boisées et des sangliers dans les zones de piémont. Le désherbage manuel, au moins deux fois par parcelle au cours des trois premiers mois, est une pratique établie qui a été largement utilisée cette année, en recourant essentiellement à la main-d'_uvre familiale ou aux échanges de main-d'_uvre entre agriculteurs.

Les engrais pour application et épandage en couverture ont été disponibles par la filière de l'aide et les livraisons commerciales, ces dernières n'étant accessibles qu'aux agriculteurs ayant des liquidités suffisantes du fait de l'absence totale de crédit et de mécanismes de paiement différé. Néanmoins, l'état des cultures en pleine croissance et les entretiens avec les fournisseurs d'engrais laissent supposer que des quantités substantielles ont été utilisées. En ce qui concerne les besoins d'eau, en dépit du temps sec qui a régné au printemps, peu de champs souffrent d'un manque d'humidité chronique, car les sols des basses terres ont maintenu une teneur en eau suffisante, et des pluies généralisées sont tombées à partir de mi-juin. La remise en état de certains canaux de drainage dans la plaine de Prizren et le nettoyage d'une partie des canaux d'alimentation à Istok-Istog, Pec-Peje, Decani-Decan, Djakovica-Gjakove, Orahovec-Rahovec, plus l'utilisation accrue des pompes à moteur pour l'irrigation dans les municipalités éloignées des périmètres indiquent que 20 pour cent environ du maïs pourrait être irrigué.

Sur la base d'une densité de semis standard d'environ 50 000 plants par hectare, d'une faible application d'engrais de 200 kg (100 kg NPK; 100 kg KAN) par hectare et d'un ratio approximatif entre les cultures irriguées et non irriguées, le rendement moyen est estimé à 3,2 tonnes à l'hectare, soit une récolte de 261 200 tonnes sur 82 400 hectares. Ces chiffres masquent les inégalités locales englobant la mauvaise germination de certains champs qui n'ont pas été réensemencés, les champs à flancs de coteau ayant des rendements aux alentours d'une tonne à l'hectare et une kyrielle de jardins familiaux produisant quelque 7 à 8 tonnes l'hectare.

Vu que la floraison mâle venait tout juste de commencer dans les champs les plus avancés lors de la visite de la mission, ces estimations sont provisoires et doivent être révisées au cours des deux prochains mois.

La mission estime à 53 pour cent les terres à maïs devant être intercalées avec des haricots blancs de Lima à rames, à des densités de semis observées de 1 à 5 plants par m2. Les rendements varieront considérablement selon la densité de peuplement. À une moyenne de 350 kg l'hectare, la production totale s'établira aux alentours de 15 300 tonnes.

Autres céréales de printemps

Les autres céréales de printemps, l'avoine et l'orge, sont destinées respectivement à l'alimentation animale et à la brasserie. L'avoine se trouve principalement dans les zones de piémont et à Podujevo-Podujevo, et est coupée et donnée en bottillons (gerbes). Pour ce qui concerne l'orge, 95 pour cent est cultivé sur des terres de l'État, par des coopératives sous contrat avec la brasserie de Pec-Peje. Les plus grandes superficies se trouvent à Klina-Kline, Kosovo Polje-Fushe Kosove et Pristina-Prishtine. Cette année, les terres ensemencées en orge sont estimées à 1 800 hectares, et celles d'avoine à 2 800 hectares. Les rendements devraient être inférieurs à la moyenne.

3.2 Production de fruits et légumes

Contrairement à la sombre évaluation de la production maraîchère de l'an dernier, les perspectives de cette année expriment parfaitement la diligence de la population agricole et la ponctualité du soutien international fourni par la communauté des donateurs. Les serres abandonnées l'an dernier, à Orahovec-Rahovec et Prizren, sont désormais opérationnelles et aident les grossistes, et quelque 16 300 hectares de poivrons, choux, tomates et pastèques non protégés (de plein champ) sont cultivés par les petits maraîchers traditionnels. En outre, la distribution de lots de semences de légumes a encouragé le rétablissement de la production des jardins familiaux dans quelque 100 000 ménages.

La reprise des cultures de pommes de terre a été favorisée par la disponibilité de semences et d'engrais de qualité supérieure, bénéficiant d'une aide partielle des donateurs. Dans toutes les municipalités, la mission a noté des cultures pluviales et irriguées sur des superficies s'étendant de 40 hectares (Kosovska Kamenica-Kamenica) à 1 500 hectares (Podujevo-Podujeve). Les cultivateurs spécialisés dans la pomme de terre s'attendent à des récoltes de 50 à 60 tonnes par hectare, vu le maintien des conditions en vigueur et la réduction observée des infestations de doryphore due à l'interruption totale des cultures de pommes de terre l'année dernière et à un hiver exceptionnellement rigoureux. Le rendement moyen est, toutefois, estimé à 25 tonnes à l'hectare sur des superficies prévues de 9 300 hectares, ce qui donnerait une production totale estimée à 233 000 tonnes.

En ce qui concerne la viticulture, la mission a observé que les vignobles familiaux ont globalement été remis en état dans les principales régions viticoles. Les entreprises du secteur public recevant une assistance du PNUD (Orahovac-Rahovec) et de la Croix-Rouge autrichienne (Istok-Istog) montrent des signes de reprise avec le désherbage, la taille et quelques traitements qui préparent les vignes pour la production de l'an prochain. Les entreprises ne recevant aucune assistance ont été abandonnées (Djakovica-Gjakove) et les terres sont louées pour le pâturage des ovins et des bovins.

Étant donné la nature non commerciale du sous-secteur des fruits, la mission n'a pas été en mesure d'estimer les superficies ou les rendements de petits fruits ou de fruits à noyau. Il est néanmoins clair qu'aucune grande entreprise industrielle de production/transformation n'est opérationnelle, en dehors des exploitations viticoles.

Les estimations des superficies d'autres cultures, y compris des fruits et légumes, sont présentées au tableau 3.

Tableau 3. Utilisation des terres au Kosovo (milliers d'hectares)

  19961/ 20002/
Terres cultivables 398,8 398,8
Superficie arable 291,2 297,5
Superficie ensemencée 263,4 235,6
Céréales 192,9 173,6
Cult.industrielles 6,1 0,0
Légumes 28,0 16,33/
Cult. fourragères 36,4 36,4
Pommes de terre n/a 9,3
Terres en jachère 27,8 61,34/
Vergers 11,4 11,4
Vignobles 8,7 3,0
Prairies 87,5 87,5
Pâturages 178,3 71,35/

1
/ Annuaire statistique RFY.
2/ Estimations de la mission.
3/ Ne comprend pas les lots destinés aux jardins familiaux distribués à 110 000 ménages.
4/ Comprend les cultures céréalières et les cultures industrielles non semées et les vignobles non exploités.
5/ Utilisation restreinte (la mission estime que 40 pour cent des pâturages de montagne sont normalement exploités)

3.3 Production animale

En 1996, les statistiques annuelles pour la RFY indiquent que quelque 178 000 hectares de pâturages, 87 000 hectares de prairies et 36 000 hectares de cultures fourragères ont reçu 411 000 bovins et 375 000 ovins des secteurs public et privé. En présumant un pourcentage de vêlage de 90 pour cent et un pourcentage d'agnelage de 100 pour cent, les fourrages de pâturage et de conservation ont nourri, avec l'alimentation d'appoint, environ 1,2 équivalent-vache4 par hectare.

Les effectifs du cheptel actuel de printemps, tirés par la mission des données de l'enquête de la FSSU (FAO/PAM) et des retours de d'information de la campagne de vaccination conduite par la FAO au printemps, s'établissent à 224 000 bovins et 134 000 ovins. Ceci donnerait un taux de charge actuel de l'ordre de 0,78 équivalent-vache par hectare si toutes les superficies de pacage sont encore accessibles. D'après les informations de sources fiables, les pâturages montagneux du nord-ouest près du Monténégro (RFY) ne sont pas exploités cette année, car il règne un sentiment général d'insécurité parmi la population. Les pâturages proches de la frontière albanaise seraient également sous-exploités à cause de la présence de mines. Les pâturages des collines divisant en deux la plaine centrale, généralement utilisés pour le pacage d'été, ont été abandonnés par les Kosovars albanais à cause de la destruction des fermes d'été, des mines et de la crainte de la violence.

L'accès aux pâturages du nord-est et de l'est contigus à la Serbie (RFY) est vraisemblablement limité également, ce qui ne laisse que les parcours proches de l'ex-République yougoslave de Macédoine disponibles pour les gardiens de troupeaux kosovars albanais. Par conséquent, si quelque 60 pour cent des pâturages d'altitude sont de facto non disponibles pour les pâturages d'été, le taux de charge total s'établit à nouveau à 1,2 équivalent-vache par hectare. Ceci veut dire que les besoins d'alimentation d'appoint par tête resteront semblables aux niveaux d'avant la guerre même si les effectifs ont considérablement diminué. Il est à noter toutefois que les possibilités de pâturage supplémentaire sur les terres arables abandonnées du secteur public n'ont pas été prises en compte dans les calculs.

Les programmes de reconstitution des troupeaux identifiés par la mission se préparent à importer quelque 3 500 vaches et 2 000 brebis dans l'année à venir, ce qui ne devrait pas affecter le taux de charge global, mais pourrait avoir des incidences locales pour les municipalités/villages. Il est, par conséquent, nécessaire d'étudier l'accès effectif aux pâturages et le taux de charge au niveau local pour définir les atouts et les points faibles de chaque municipalité.

Cette année, même si l'on prévoyait une baisse de production due aux interruptions causées par la guerre des programmes de reproduction et de nutrition, aucune réduction des taux de vêlage ou d'agnelage n'a été notée; pourtant, on a signalé des retards de dates d'agnelage de 2 à 3 semaines par rapport à la normale à Istog-Istoq.

Aucun cas significatif de maladies infectieuses n'a été observé, à l'exception de quelques signalements d'orf (dermatite pustulaire contagieuse) à Kosovska Mitrovica-Mitrovice. La campagne de vaccination contre la maladie clostridiale menée avec succès par la FAO a empêché les flambées de charbon symptomatique ou de maladies similaires auxquelles les bovins, ovins et caprins ont pu être davantage exposés par les perturbations dues à la guerre. Des cas de dystrophie musculaire liés à des carences de vitamine E et de sélénium ont été signalés dans des sites aussi éloignés que Gora-Dragashi et Kovoska Mitrovica-Mitrovice.

Compte tenu des effectifs réduits, la production totale du sous-secteur des ruminants devrait reculer de 50 à 60 pour cent. Les effectifs avicoles sont tombés à 27 pour cent des niveaux d'avant la guerre, s'établissant à quelque 740 000 unités. Grâce aux importations, il n'y a eu aucune hausse apparente des prix des _ufs et la viande de volaille est beaucoup moins chère qu'auparavant.

Compte tenu de ce qui précède, et en prenant une ration de 6 kg de matière sèche par jour et par équivalent-vache pendant 180 jours par an, la population de ruminants devrait requérir, au bas mot, 255 000 tonnes d'aliments de complémentation, dont 50 pour cent seraient normalement tirés du son. Étant donné une récolte de blé de 231 000 tonnes, la disponibilité de son pour animaux ne devrait pas dépasser 80 000 tonnes, soit un besoin de maïs de 175 000 tonnes, sans tenir compte des rations pour les vaches laitières fortes productrices, qui devrait être couvert par les importations de concentrés.

Les besoins d'aliments pour le secteur de la volaille seront probablement de 30 000 tonnes, chiffre qui pourrait augmenter si de nouvelles unités sont ouvertes durant l'année à venir. Toutefois, les faibles prix des produits avicoles importés n'encourageront vraisemblablement pas les investissements. Les effectifs porcins sont estimés à 25 000 truies et porcs à l'engrais, ce qui se traduit par des besoins de maïs d'environ 18 000 tonnes.

Ainsi, les besoins totaux de maïs pour l'alimentation animale en 2000/2001 sont estimés à 223 000 tonnes (ruminants: 175 000 tonnes; volaille: 30 000 tonnes; et porcins: 18 000 tonnes). Compte tenu de 3 000 autres tonnes nécessaires pour les semences, et des pertes de stockage estimées à 12 pour cent, les besoins intérieurs de maïs devraient s'établir à quelque 260 000 tonnes. La production, estimée par la mission, de 261 000 tonnes comprend également une petite récolte - mais importante à l'échelle locale - de maïs blanc pour la consommation humaine, qui laisse entendre qu'il y aura un léger déficit de maïs et que quelques importations seront nécessaires.

3.4 Recommandations pour le secteur agricole

La méthode d'évaluation rapide adoptée par la mission permet de tirer des conclusions générales sur le secteur agricole. Les interventions doivent prendre en compte tous les résultats qui varieront fortement d'une localité à l'autre et d'un agriculteur à l'autre au sein de la même localité. A cette fin, il faudrait introduire les autodéclarations des agriculteurs liées à des services analytiques et consultatifs à l'échelon local comme élément principal d'amélioration du secteur agricole et d'identification des interventions.

Comme il a été mentionné plus haut, certains projets d'intervention d'urgence sont déjà achevés et beaucoup sont en cours ou seront lancés sous peu par divers donateurs. La coordination doit être continue au sein de la communauté internationale associée à la remise en état du secteur agricole dans tout le Kosovo, ainsi qu'au niveau des municipalités, afin d'éviter tout double-emploi. Les bureaux agricoles émergents doivent être pleinement mis à contribution, et ont besoin, pour la gestion des activités et pour rassembler des informations générales, de matériel et de formation aux techniques de vulgarisation agricole, d'analyse de la gestion des exploitations et de technologies de l'information.

Des demandes de crédit, plutôt que de cadeaux et de dons, sont parvenues des agriculteurs, en particulier ceux travaillant en groupes familiaux, et des administrateurs agricoles ayant une vision éclairée du développement durable. Ce crédit semblerait une condition indispensable pour permettre aux agriculteurs d'acquérir une certaine viabilité économique.

Des installations temporaires de stockage de la production locale, par exemple les bacs réfrigérés, seront vraisemblablement nécessaires dans les principales zones maraîchères. Le rétablissement des coopératives agricoles cette année visant à soutenir la commercialisation des produits agricoles et octroyer aux agriculteurs un pouvoir d'achat collectif pour se procurer les intrants nécessaires, pourrait également aider à améliorer la situation financière des petits fermiers, qui sont la majorité au Kosovo.

À cet égard, un examen des lois fiscales provisoires de l'administration UNMIK semblerait opportun. En vertu de ses règlements 1999/3 et 2000/3, UNMIK applique des droits d'entrée aux frontières internationales du Kosovo. À l'exception de certains aliments, des fournitures médicales et de tous les articles destinés aux dons humanitaires, un droit de douane de 10 pour cent et une taxe sur les ventes de 15 pour cent sont appliqués sur toutes les marchandises importées pour la vente au Kosovo. L'application cumulée des deux impôts (la taxe sur les ventes de 15 pour cent est appliquée sur la valeur d'importation d'origine plus un droit de douane de 10 pour cent) se traduit par un prélèvement effectif de 26,5 pour cent qui, s'il est appliqué aux intrants agricoles, nuit au relèvement économique du secteur agricole. Étant donné les réductions de l'aide aux intrants agricoles déjà prévues en 2000/2001, et l'absence à l'heure actuelle de fournitures intérieures, l'élimination ou la réduction de ces impôts sur les intrants agricoles améliorerait nettement la possibilité des agriculteurs d'y accéder pour la prochaine campagne agricole.

3.5 Marchés et prix

Depuis juillet 1999, le PAM au Kosovo a créé un système de collecte des données de prix afin de suivre les grandes tendances des denrées alimentaires de base. Les prix ont été relevés à Pristina et dans quelques autres grands centres de la province. À partir de juin 2000, c'est la FSSU (FAO/PAM) qui s'en charge et qui envisage d'étendre la couverture géographique. Le graphique 1 montre la tendance des prix des deux principales denrées de base de juillet 1999 à juin 2000.

Graphique 1: Kosovo - Prix des denrées de base 1999/2000

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Le prix de la farine de blé serait resté relativement stable fin 1999 et début 2000, compte tenu probablement du rôle stabilisateur des distributions d'aide alimentaire sur le marché au cours des derniers mois. La hausse des prix en juillet et en août s'explique par la réduction des disponibilités sur le marché liée à la période d'après la crise, lorsque les livraisons d'aide alimentaire de farine n'étaient pas encore complètement opérationnelles et avant le rétablissement du réseau d'approvisionnement commercial.

Toutefois, depuis mai, on a noté une légère hausse du prix de la farine, probablement liée à la réduction progressive de l'aide alimentaire à partir d'avril. En outre, les prix du blé et de la farine de blé sont encore étroitement liés aux approvisionnements de Serbie (RFY) et sont, par conséquent, sensibles aux restrictions/blocus politiques. On a signalé l'entrée régulière au Kosovo de farine serbe par des filières parallèles au cours des derniers mois, mais ces sources se seraient taries en juin.

Ainsi, le résultat de la récolte de blé de 2000 dans toute la région des Balkans et le reste de l'Europe centrale et orientale, où les négociants peuvent s'adresser pour acheter du blé, devrait également avoir une certaine influence sur le prix final du blé/farine sur le marché du Kosovo au cours des mois prochains. Si la sécheresse a frappé plusieurs pays de la région, les résultats escomptés devraient tout de même couvrir les besoins intérieurs des pays en laissant quelques excédents exportables dans la région, même s'il s'agira de quantités inférieures à une année normale.

En ce qui concerne l'huile de tournesol, on observe clairement une tendance à la baisse au cours des douze derniers mois. Ceci s'explique très probablement par la demande réduite du marché due aux vastes approvisionnements d'huile dans le cadre des distributions d'aide alimentaire durant cette période. Le prix de cette denrée devrait augmenter légèrement à mesure que l'aide alimentaire est réduite progressivement.

Dans le cadre des réductions prévues d'aide alimentaire et de disponibilités exportables dans la région en général, il faudra continuer à suivre de près les prix des denrées de base au Kosovo afin de signaler à temps toute hausse de prix inacceptable qui pourrait compromettre le pouvoir d'achat des groupes vulnérables.

3.6 Situation de l'offre et de la demande de blé

Le pain est une denrée de base traditionnelle au Kosovo, ce qui veut dire que la situation de l'offre et de la demande de blé/farine de blé est particulièrement importante dans toute évaluation de la situation alimentaire. Le bilan estimé de l'offre et de la demande de blé pour le Kosovo pour 2000/2001 (juillet/juin) est présenté au tableau 4 et se fonde sur les paramètres suivants:

Tableau 4. Bilan de l'offre et de la demande de blé au Kosovo pour 2000/2001 (en tonnes)

Disponibilités intérieures 264 000
Stocks d'ouverture 33 000
dont aide alimentaire 28 000
Production 231 000
Utilisation totale 393 000
Consommation alimentaire 342 000
Semences 27 000
Pertes 9 000
Stocks de clôture 15 000
Besoins d'importations 129 000
Importations estimées d'aide alimentaire restant à livrer au titre du programme d'aide alimentaire jusqu'à fin mars 2001 15 000
Estimation des importations prévues de semences au titre de l `aide 7 000
Déficit à couvrir 107 000

Comme on l'a vu au tableau 4, les disponibilités intérieures totales de blé pour 2000/2001 sont estimées à 264 000 tonnes, tandis que les besoins d'utilisation totale s'élèvent à 393 000 tonnes. Les besoins d'importations s'établissent donc à 129 000 tonnes. Toutefois, environ 15 000 tonnes de blé au titre de l'aide alimentaire seraient encore à livrer au Kosovo pour clore le plan d'aide alimentaire en cours jusqu'à la fin mars 2001 (voir section 4.4) et environ 7 000 tonnes de semences de blé devraient être importées au titre de l'aide pour les semis de blé de l'automne 2000. Le déficit d'importations de blé est par conséquent de 107 000 tonnes, qui devra être couvert par les importations commerciales et/ou de nouveaux dons d'aide alimentaire après mars 2001.

Comme on l'a vu plus haut, dans les années 90 (avant la crise de 1999), les échanges privés ont contribué considérablement aux besoins alimentaires totaux du Kosovo, y compris les besoins de blé, même si les volumes absolus sont difficiles à évaluer. Les minoteries et les négociants privés étaient en plein essor au début des années 90 pour combler le vide laissé par le déclin de la meunerie du secteur social et ils s'approvisionnaient principalement à Vojvodina en Serbie (RFY). Cependant, si lors de la mission de l'an dernier (août 1999), le commerce privé de denrées alimentaires avait repris très vite, le commerce de blé et/ou de farine est resté légèrement inférieur aux niveaux d'avant la guerre pendant les douze derniers mois, car une grande part des besoins alimentaires estimés en 1999/2000 a été couverte par l'aide alimentaire.

En réalité, le commerce du blé en particulier aurait été pratiquement inexistant. Ceci s'explique par le fait qu'en vertu des lois fiscales UNMIK, les droits de douane et taxes sur les ventes sont applicables au blé mais non à la farine de blé, l'importation du blé de qualité meunière au Kosovo devenant peu rentable par rapport au coût de la farine importée, en particulier celle qui aurait été disponible par les filières parallèles en provenance de Serbie (RFY).

Toutefois, la mission a constaté qu'en prévision de la récolte du blé de 2000, le secteur de la transformation des céréales du Kosovo (privé et social) et les négociants indépendants sont généralement bien préparés pour affronter le déficit intérieur en 2000/2001, indépendamment de l'aide alimentaire déjà prévue, pour autant qu'il y ait une demande. On a constaté de grands investissements privés en vue de la campagne en cours, dans certaines minoteries qui avaient été sérieusement endommagées durant le conflit. En outre, selon des indications reçues par la mission, des négociations sont déjà en cours (et des contrats peut-être même signés) pour importer du blé d'autres parties d'Europe centrale et orientale, comme la Bulgarie notamment. Ainsi, la capacité des minotiers/négociants du Kosovo de couvrir les besoins intérieurs durant l'année à venir ne devrait pas limiter les importations commerciales de blé. Ils semblent bien placés pour répondre à l'éventuelle demande du marché.

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4. AIDE ALIMENTAIRE D'URGENCE

4.1 Résultats du programme de juillet 1999 à juin 2000

Aperçu général

En juillet et août 1999, 1,36 million de personnes au total ont reçu une aide alimentaire au Kosovo. Le PAM a assuré une ration complète à 900 000 personnes dans le cadre du dispositif de distribution générale du programme régional EMOP 6136.00. Les Services de secours catholique (CRS) et Mercy Corps International (MCI) ont financé une filière séparée "US Food For Peace", et ont distribué de la nourriture aux 460 000 personnes restantes.

Après la distribution générale initiale visant à fournir une aide à la majorité des personnes victimes des conflits, un programme de distribution ciblée a été élaboré sur la base d'un effort conjoint (voir section 4.2 ci-dessous) d'évaluation et de ciblage des catégories les plus vulnérables de population au Kosovo. La distribution ciblée a démarré en septembre 1999 en faveur d'un total de 900 000 bénéficiaires. Le PAM a fourni une aide à 600 000 personnes, tandis que les 300 000 autres ont reçu une aide alimentaire de CRS/MCI.

Dans le cadre du programme EMOP 6136.01, le PAM a continué à fournir une assistance à 600 000 bénéficiaires jusqu'en mars 2000. Toutefois, dans le cadre de cette opération, il a été prévu de réduire progressivement le nombre total de bénéficiaires, sur la base d'une réévaluation régulière de la situation de la sécurité alimentaire et du suivi permanent de la distribution (voir ci-dessous).

Atteinte des objectifs

L'opération d'aide alimentaire au Kosovo après la crise de 1999 avait pour objectifs de:

Compte tenu de ces objectifs, l'intervention d'aide alimentaire au Kosovo a fourni une assistance à une grande partie de la population - à son point culminant, à près de 70 pour cent de la population - pendant les douze derniers mois. L'opération humanitaire a veillé à ce que la population touchée puisse surmonter l'hiver et se préparer à la première campagne agricole "post-crise" sans devoir, en outre, partir à la recherche des produits alimentaires minimum leur permettant d'assurer leur subsistance journalière.

Au fil du temps, les objectifs de l'aide alimentaire se sont réorientés petit à petit de la réduction de la malnutrition et du risque de faim au subventionnement des revenus pour empêcher l'appauvrissement des actifs.

Si les problèmes dus à la destruction et aux pertes durant le conflit ont constitué une grave entrave au redressement durant la deuxième moitié de 1999, l'assistance internationale a néanmoins permis de réduire progressivement le nombre de personnes sans accès aux denrées alimentaires de base et aux produits non alimentaires durant tout le printemps 2000. En outre, il y a eu une relance considérable des activités économiques du secteur commercial et du secteur privé.

4.2 Évaluations, ciblage et suivi

À partir de la deuxième phase de l'intervention d'urgence au Kosovo qui a démarré à la mi-septembre, le PAM, en coordination avec les autres agents d'exécution, a créé un mécanisme de ciblage sélectif. Ce dernier repose sur des critères admis de vulnérabilité. Les résultats des évaluations d'économie vivrière qui ont eu lieu à la fin de l'été et à l'automne 1999 ont fourni les principes de base du ciblage, et les justifications principales du grand nombre de bénéficiaires étaient les suivantes:

Ces critères ont été appliqués pour fournir un cadre/raison d'être à l'aide alimentaire. Ils ont également contribué à déterminer les différences géographiques et les nombres totaux de personnes vulnérables. Le nombre final de bénéficiaires de l'aide alimentaire a été établi en rapprochant ces informations des informations rassemblées lors de l'enregistrement des groupes vulnérables effectué par le partenaire s'occupant de la distribution au niveau local. Les groupes vulnérables étaient classés comme suit:

Au printemps 2000, la situation globale au Kosovo s'est progressivement améliorée dans les secteurs non agricoles, ce qui a donné lieu à un nouveau ciblage des bénéficiaires de l'aide alimentaire. Sur la base de l'analyse des possibilités de revenus et des conditions de vie, le nombre de personnes ayant un besoin crucial d'aide alimentaire d'urgence a diminué, en particulier dans les zones urbaines.

Pour ce qui est de la reprise dans les zones rurales, la plupart des agriculteurs qui ont reçu une aide sous forme d'intrants agricoles (ou ceux qui ont utilisé leurs propres ressources), ont réussi à rétablir (presque entièrement) les superficies ensemencées d'avant la crise, hormis quelques exceptions dans les zones truffées de mines et les régions qui sont encore le théâtre de tensions ethniques. Durant la campagne 1999/2000, les possibilités de travail occasionnel se sont accrues. Le salaire journalier moyen des travailleurs ruraux occasionnels a également augmenté par rapport aux niveaux d'avant la crise (25 à 30 DM observés durant la mission).

Néanmoins, dans l'attente du résultat final de la campagne agricole de 1999/2000, le nombre total de personnes des zones rurales ayant bénéficié d'une aide pendant tout le printemps est demeuré élevé.

Suivi des opérations d'aide alimentaire

Durant les deux premières phases de distribution de l'aide alimentaire de l'année passée, tous les organismes d'exécution et le PAM ont pratiqué un suivi intensif. Ces efforts ont permis à tous les organismes de réduire les inefficacités liées à la grande envergure de l'intervention au Kosovo.

À partir des informations recueillies durant les exercices de suivi, on a pu ajuster les procédures de distribution et mettre en place des groupes de discussion ciblée fondés sur la communauté, qui ont permis aux agents d'exécution et aux partenaires de distribution d'entamer un dialogue sur le ciblage et la vulnérabilité. Grâce à un calendrier intensif de discussions5, le PAM et les organismes d'exécution ont réussi à réviser et à préparer la nouvelle phase de l'intervention d'aide alimentaire. Cette préparation a été effectuée avec les communautés, ce qui a permis de parvenir à une concordance de vues et à un accord bilatéral sur la réduction nécessaire des catégories ayant un besoin réel d'aide alimentaire.

4.3 Phases des interventions d'aide alimentaire

L'intervention actuelle d'aide alimentaire au Kosovo a été articulée en quatre phases, qui sont présentées dans le tableau suivant. Ceci est le résultat d'un suivi régulier et d'évaluations mises à jour menées par les organismes d'exécution et les équipes d'évaluation du PAM. Ces sources ont permis de dégager les facteurs influant sur la réduction des besoins d'aide alimentaire et les différentes périodes durant lesquelles les changements devraient avoir lieu.

1. juillet-août 1999 alimentation générale - reprise des disponibilités commerciales
2. septembre 1999- mars 2000 ~900 000 bénéficiaires 1/ distribution ciblée à ~1/2 des familles - tout revenu familial nécessaire à l'achat de bois, de vêtements, de lait, etc.
3. avril-juin 2000
~600 000 bénéficiaires 1/
distribution ciblée à ~1/3 des familles - accroissement saisonnier de la production laitière (zones rurales uniquement) - réduction des dépenses des ménages pour l'hiver - Accroissement de l'activité commerciale - Possibilités d'emplois accrues
4. juillet 2000-mars 2001 300 000 bénéficiaires 1/ jusqu'en septembre 2000 et après 240 000 1/ jusqu'à fin mars 2001 Réduction progressive de la distribution générale - récolte transition de l'aide alimentaire à un système d'aide sociale octroyant des espèces et garantissant une assistance aux groupes les plus vulnérables révision du nombre de minorités bénéficiaires compte tenu de l'évolution de l'accès/ commercialisation de leur production

1
/ Nombre total de bénéficiaires au Kosovo comprenant les bénéficiaires du PAM et les bénéficiaires CRS/MCI.

Lors de la visite de la mission, la réduction progressive de la distribution générale (phase 4) commençait tout juste. Elle correspondait au démarrage de la récolte de blé, ce qui veut dire que la nouvelle production intérieure sera bientôt disponible et pourrait causer quelques excédents sur le marché. Dans l'ensemble, l'aide alimentaire au Kosovo durant la période juillet 1999-mai 2000 a fourni plus de 190 000 tonnes de denrées alimentaires à 1 000 000 bénéficiaires en moyenne. Le graphique 2 présente le nombre de bénéficiaires par mois.

Graphique 2: Programme d'aide alimentaire au Kosovo -Bénéficiaires de l'aide (en milliers) août 1999-mai 2000

Undisplayed Graphic

Les filières de distribution de l'aide alimentaire ont été garanties grâce à la collaboration du PAM avec les principales ONG internationales présentes au Kosovo en tant qu'organismes d'exécution et la principale organisation locale, la Société de Mère Teresa (organe de distribution). Les organismes d'exécution étaient chargés de divers secteurs de responsabilité. Le partenaire chargé de la distribution locale a fourni des effectifs à toutes les succursales du Kosovo pour la distribution finale aux bénéficiaires.

Comme on l'a vu dans la section 4.2 ci-dessus, les communautés ont participé aux réunions régulières organisées au printemps 2000 afin de sensibiliser la population locale à l'importance d'une assistance sélective après la phase d'urgence initiale.

4.4 Calendrier de l'aide alimentaire - juin 2000-juin 2001

Période de transition juillet-septembre 2000

Confirmant les prévisions précédentes, l'évaluation actuelle montre que la récolte de blé et d'autres cultures à partir de juillet suffira à fournir à une grande partie de la population rurale les denrées alimentaires nécessaires à leur propre consommation au cours des douze prochains mois. Le retrait progressif de l'aide alimentaire peut donc se poursuivre comme prévu. De juillet à septembre, le nombre de bénéficiaires sera réduit graduellement. Ceci permettra aux organismes participant à la distribution finale de sensibiliser les communautés à la transition de l'aide alimentaire au plan de prestations sociales. Cette démarche participative est essentielle pour veiller à l'identification des ménages les plus vulnérables par les communautés afin qu'ils puissent être insérés par la suite dans les programmes d'assistance future.

Période d'octobre 2000 à juin 2001

Différences entre les groupes régionaux et socio-économiques

Les résultats de la mission en ce qui concerne la production agricole totale et les disponibilités alimentaires intérieures pour la campagne 2000/2001 indiquent qu'il ne faudra aucune aide alimentaire supplémentaire durant les douze prochains mois. Ceci étant dit, il est essentiel de tenir compte des différences régionales au sein du Kosovo pour le suivi sur le terrain au cours des mois à venir afin d'identifier les secteurs (villages, communautés et/ou ménages) qui pourraient avoir besoin d'une couverture supplémentaire d'aide alimentaire. La collaboration avec les partenaires chargés de la mise en _uvre est capitale pour la mise à jour des informations durant toute la période de la récolte et le début de l'automne afin de pouvoir planifier d'éventuelles interventions ad hoc pour aider les zones/communautés particulièrement touchées.

Les zones identifiées par la mission (où l'impact de la période de sécheresse d'avril-mai est le plus marqué) sont situées dans les collines centrales -municipalités de Glogovac-Gllogoc, Srbica-Skenderaj et Malisheva-Malisheve. La plupart de ces régions sont déjà les zones les plus arides et les plus démunies du Kosovo. En conséquence, la contribution de l'agriculture à l'économie doit être rapportée aux sources économiques totales disponibles. Il est important que les agents d'exécution participant aux programmes agricoles identifient les éventuels foyers de vulnérabilité majeure, également pour déterminer dans quelle mesure les groupes vulnérables sont directement touchés en termes d'accès aux produits alimentaires de base. Là encore, étant donné que les personnes concernées font partie des groupes marginaux, il serait préférable que l'aide alimentaire dans ces zones soit livrée par le biais des programmes d'assistance sociale à long terme plutôt que par les mécanismes d'aide alimentaire d'urgence.

Planification de l'aide alimentaire actuelle

Parmi les groupes qui auront besoin d'une aide alimentaire dans la dernière partie de l'année et au printemps 2001, figurent les catégories suivantes à inclure et/ou à suivre de près:

Le tableau suivant résume le programme d'intervention d'aide alimentaire au Kosovo pour la période actuelle de transition et la phase de mise en _uvre du programme d'aide sociale.

Personnes visées (résumé) Nombre de bénéficiaires
Centres d'aide sociale (Cat. I) 100 000 - 140 000
Minorités 65 000 - 65 000
Éventualités diverses (fermes touchées par le conflit, à faible production et vulnérables, exclues du programme «Centres d'aide sociale» 40 000 - 80 000
TOTAL de septembre 2000 à mars 2001 205 000 - 285 000

4.5 Programme d'aide sociale

La création d'un plan d'assistance sociale permanent et géré par l'État est coordonnée avec le retrait progressif de l'aide humanitaire. Le Département de santé et d'aide sociale de l'UNMIK, le PAM, le HCR et les partenaires internationaux et locaux collaborent afin d'en garantir le bon fonctionnement. L'aide alimentaire en faveur des familles les plus vulnérables ne sera pas réduite tant qu'elles ne commenceront pas à recevoir une assistance en espèces au titre du programme d'aide sociale.

En juin-juillet 2000, la Section de santé et d'aide sociale- UNMIK a commencé à enregistrer les personnes vulnérables dans les centres du programme d'aide sociale. Les critères adoptés par le programme ont pour but d'assurer que toutes les personnes qui ne sont pas en mesure de maintenir un seuil minimum de subsistance reçoivent une assistance par le biais du système public d'assistance sociale rétabli.

La phase de mise en oeuvre démarrera en septembre 2000 et durera jusqu'en mars 2001. Le plan d'assistance sociale (PAS) couvrira deux catégories de familles:

Cat I: Familles sans ressources, où aucun membre ne travaille ou ne devrait être disponible pour travailler.
Cat II: Familles sans ressources où personne ne travaille mais où certains membres sont physiquement et mentalement en état de le faire et devraient être disponibles pour travailler.

Le PAM suivra de près les besoins spéciaux des communautés minoritaires. Il est également prêt à étendre son assistance aux minorités pour faciliter leur intégration dans le programme d'assistance sociale ou les systèmes socio-économiques.

À partir de juin, des demandes ont été acceptées de familles appartenant à la Catégorie I6. À compter d'août 2000, elles recevront des dons d'espèces au titre du PAS. Ces familles recevront également des rations alimentaires dans le cadre de leurs allocations jusqu'en mars 2001, lorsqu'il est prévu que l'intervention d'aide alimentaire au Kosovo s'achève. La composante d'aide alimentaire mensuelle du programme de septembre 2000 à mars 2001 fournira un soutien à la totalité des personnes qui en ont fait la demande et ont été acceptées dans le PAS. La composante d'aide alimentaire consistera en une ration complète sur le modèle de celle qui a été utilisée durant la phase d'urgence, composée de 12 kg de farine de blé, 1 kg d'huile végétale et 1 kg de haricots.

Les critères des familles de la Catégorie II seront appliqués au début de l'automne 2000. D'ici là, les familles rurales auront rentré la récolte qui sera prise en ligne de compte pour décider de leur droit à bénéficier de l'assistance. Les familles répondant aux conditions requises par la Catégorie II ne recevraient que le paiement en espèces.

Des mécanismes sont en train d'être mis au point pour garantir l'accès des familles de tous les groupes minoritaires au programme d'assistance sociale. L'aide alimentaire fournie par le PAM est harmonisée avec ces initiatives, pour veiller à ne laisser à l'écart aucune famille vulnérable lors de l'établissement du programme.

4.6 Principes de base de l'aide alimentaire dans le contexte socio-économique actuel

Sur la base de l'évaluation de la production agricole actuelle et des récentes évaluations socio-économiques, les principaux aspects suivants situent l'intervention d'aide alimentaire pour les douze mois à venir.

Relèvement du secteur agricole

Comme il a été décrit plus haut, le secteur agricole a vu un relèvement significatif de sa situation après la dévastation de la guerre en 1999. Un fort accroissement de la production agricole et la reconstitution des cheptels influeront directement sur la capacité des ménages ruraux de satisfaire leurs besoins d'autoconsommation. L'aide alimentaire fournie au cours des douze derniers mois a permis aux populations rurales touchées de faire face aux pertes de leurs stocks et de leurs biens, au manque de ressources durant l'hiver et le printemps, et au volume de travail nécessaire pour faire redémarrer les activités agricoles dans les zones touchées par le conflit.

Compte tenu du meilleur accès à la production vivrière de la province et de la nécessité de fournir des mesures d'incitation au rétablissement de mécanismes de marché "normaux" dans le secteur privé, l'aide alimentaire aux populations rurales devrait être réduite au minimum au cours des prochains mois. Le marché du blé devrait se stabiliser durant les mois à venir, même si les prix de la farine devraient être sensiblement supérieurs à ceux des douze derniers mois, car les excédents intérieurs sont échangés et les minoteries privées /négociants augmentent leur activité pour couvrir le déficit intérieur. Ce n'est que dans le cas de distorsions manifestes après la phase de réajustement - sous forme d'une envolée des prix du blé et/ou de pénuries observées sur les marchés - qu'il serait nécessaire de réviser l'intervention.

Avantages comparatifs de la fourniture d'espèces aux groupes vulnérables par rapport aux contributions alimentaires

L'avantage comparatif de l'aide alimentaire par rapport à la distribution d'espèces est une question complexe - et souvent sujette à controverse. Dans bien des cas, elle est liée notamment à deux grands aspects: la nature de l'intervention d'aide et le contexte socio-économique du secteur d'intervention.

Comme il a été mentionné plus haut, la nature de l'intervention au Kosovo en 2000 est vite devenue une aide au maintien de niveaux acceptables de subsistance plutôt qu'une intervention destinée à conjurer la faim.

Compte tenu de cette réorientation des objectifs de l'assistance, le seuil a aidé à fixer la limite de l'intervention. Là où l'aide alimentaire est comparativement une meilleure solution que l'assistance en espèces, elle est manifestement flexible et sujette à la présence d'indicateurs clairs de mesure par rapport au seuil. Il est toutefois essentiel que l'aide alimentaire ne devienne pas une aide générale aux revenus au-delà des niveaux minimums de subsistance, en raison des phénomènes de dépendance et d'interférence liés à la composante alimentaire de l'aide.

Compte tenu des perspectives actuelles de récolte intérieure et d'approvisionnements alimentaires pour 2000/2001, l'offre interne permettra de satisfaire une bonne partie des besoins d'autoconsommation. En conséquence, elle déterminera un accroissement de la demande d'autres denrées alimentaires de base et de produits de première nécessité qui devra être couverte par la filière commerciale. Dans ce contexte, l'injection d'autres produits alimentaires de base sous forme d'aide gratuite n'est pas nécessairement la meilleure solution pour relancer les mécanismes économiques normaux et encourager le secteur privé.

Relèvement des secteurs non agricoles/Redressement urbain/Emplois dans le secteur de la reconstruction et administration UNMIK

Le commerce a joué un rôle crucial dans la remise en état des zones urbaines et rurales au Kosovo. Les denrées sont disponibles dans tout le Kosovo, dans les magasins et sur les marchés dans les centres albanais, et dans une moindre mesure, dans les enclaves.

Comme il est expliqué dans le rapport "Urban Food Economy Assessment"7, l'économie déjà en phase de relèvement devrait tirer parti d'autres changements qui sont intervenus à partir du printemps 2000. L'essor des activités commerciales, les possibilités d'emplois occasionnels créées par les programmes de reconstruction, le rétablissement du paiement des salaires de l'Administration UNMIK - estimée à 70 000 personnes - sont autant de facteurs qui contribueront à l'accroissement des niveaux globaux d'activité et des flux d'espèces/revenus qui en découlent dans l'économie du Kosovo.

Situation des minorités un an après la guerre

Les groupes minoritaires sont encore en proie à une grande incertitude et une forte vulnérabilité en raison des difficultés d'accès aux marchés externes et à l'emploi. La situation d'insécurité régnant autour des zones d'enclave et la difficulté de pronostic de l'évolution socio-économique de ces groupes indiquent qu'il faudra maintenir les chiffres de planification actuelle pendant toute la prochaine campagne.

Afflux des régions voisines du sud-est

Un dispositif d'intervention a été élaboré par le HCR/PAM en cas de rapatriement massif des Kosovars albanais résidant dans les régions de Presevo au sud de la Serbie. En cas de soudaine détérioration de la situation, les 70 000 personnes vivant hors de la partie sud-orientale du Kosovo pourraient rentrer au Kosovo. Leurs besoins d'aide alimentaire sont difficiles à prévoir car la plupart des membres des deux communautés frontalières entretenaient ou avaient eu des échanges commerciaux réguliers tout au long de l'année.

4.7 Logistique

La structure logistique générale dans les Balkans a été mise en place en juillet 1999 pour répondre de façon adéquate aux besoins de l'opération Kosovo.

Durant tout le premier trimestre 2000, le PAM a acheminé les vivres par les ports de Thessalonique, Durres et Bar ainsi que par voie routière en provenance d'Europe du Nord. Les vivres ont été transportés des ports aux entrepôts de la région par camions, et dans le cas du Kosovo, par camion et par train (respectivement 40 et 60 pour cent). Les véhicules du PAM en RFY de Macédoine ont servi à acheminer l'aide alimentaire de Thessalonique au Kosovo. Les 40 camions «cinq tonnes» du PAM ont permis de renforcer les transferts de vivres sur courte distance entre les entrepôts du PAM, garantissant le respect des délais de livraison au niveau des entrepôts.

Parallèlement au retrait progressif de l'aide alimentaire au Kosovo, l'entreposage pour les secteurs de responsabilité Ferizaj et Gnjilan a été concentré à Ferizaj, tandis que le point de livraison de Gnjilan (EDP) a été fermé.

Au deuxième trimestre 2000, l'accent a continué à être mis sur la planification et la mise en _uvre du retrait progressif des opérations logistiques pour s'aligner sur la réduction du nombre de bénéficiaires. Toutefois, le PAM restera prêt à répondre promptement aux urgences en maintenant des stocks d'intervention de vivres et de produits non alimentaires.

This report is prepared on the responsibility of the FAO and WFP Secretariats with information from official and unofficial sources. Since conditions may change rapidly, please contact the undersigned for further information if required.

M. Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél:[email protected]

Mme J. Cheng-Hopkins
Directeur régional, OAC, PAM
Télécopie: 0039-06-6513-2863
Mél: [email protected]

Il est également possible de recevoir automatiquement, par messagerie électronique, les Alertes spéciales et les Rapports spéciaux, dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. À cette fin, veuillez envoyer un message électronique à l'adresse suivante: [email protected], sans indiquer la case "objet" en indiquant le message suivant:

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1 Les estimations de la mission d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de 1999 ont été révisées par la mission de la FAO envoyée en janvier 2000.

2 Avec des frais de location des moissonneuses-batteuses de l'ordre de 150 DM/hectare; des coûts réels des semences de 0,5 DM/kg (300 kg/hectare, soit 150 DM); des coûts des engrais s'établissant à 250 DM/hectare; et les frais de transformation/commercialisation du blé à 0,25 DM/kg, l'agriculture devait obtenir un rendement de 3,2 tonnes/hectare, juste pour couvrir ses coûts.

3 Labours 150 DM; hersage 100 DM; semis 80 DM; désherbage 500 DM (2 fois avec 10 personnes à 25 DM par jour); travail de récolte 200 DM; semences 12 DM; engrais 100 DM.

4 Équivalent-vache: 350 kg-vache = 1; génisse d'un an = 0,5; brebis= 0.2; agneau= 0.1.

5 Voir "Équipe spéciale de surveillance III : Rapport des réunions des groupes thématiques/communautaires, février 2000, PAM.

6 La Catégorie I du programme d'aide sociale correspond aux Catégories III (handicaps) et IV.1 (ménages monoparentaux) de programme d'aide alimentaire.

7 Kosovo Food Economy Assessment : The Urban Case - Février/mars 2000, PAM - Food Economy Group.